AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alexandre Jardin (828)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Bille en tête



N°95

Février 1992







BILLE EN TETE – Alexandre Jardin – Éditions Gallimard.





J’ai déjà écrit qu’Alexandre Jardin est un des écrivains qui ont l’extraordinaire pouvoir de m’étonner (et ils ne sont pas si nombreux !). Raison de plus pour poursuivre l’étude de son œuvre. Après la lecture passionnée du Zèbre (La Feuille Volante n°25)et de Fanfan (La Feuille Volante n°61), quoi de plus naturel que de se pencher sur son premier roman écrit à 21 ans et qui ne m’a pas déçu.

Comme toujours, cet auteur précoce accroche son lecteur dès la première ligne : « Chaque famille a son vilain petit canard. A la maison ce rôle me revenait de droit. Je fus expédié à Evreux en pension… Evreux, ville où l’on est sûr de n’avoir aucun destin. ».

Dès lors, le ton est donné, le décor planté, celui de l’adolescence. Virgile, brisé par la mort prématurée de sa mère veut se battre contre cette absence mais on l’envoie sur la touche dans un pensionnat de province. Tracassé par son avenir, il s’y étiole. Nous sommes nombreux à être passés par ces affres et à avoir regardé pensivement les hauts murs d’un collège en se demandant comment on pourrait bien faire pour en sortir. Alors, un jour, il part à l’aventure, sans plan, avec le seul projet de s’échapper de cet univers malsain, des rêves d’adolescent de seize ans pleins la tête, des fantasmes aussi, l’envie de devenir grand et la certitude d’avoir rendez-vous avec le destin. C’est que, dans le langage des adultes, cela s’appelle une fugue que n’excusent ni le fait d’être à l’étroit dans sa peau d’enfant, ni l’intuition d’être appelé à des fonctions supérieures.

Et puis, tout va très vite, coincé entre la volonté de conserver son enfance et celle de s’en débarrasser, il choisit Clara pour maîtresse. La chance le servira au début, à grands renforts de caresses. L’amour fou, il le connaîtra à seize ans, avec une femme qui aurait pu être sa mère (au moins la tradition est-elle respectée !) Alors, que voudrait-on qu’il fît en de telles circonstances ? Qu’il jouât ! Il joua donc son rôle, dans un costume manifestement trop grand pour lui. Il joua avec Clara au jeu de l’amour, avec son père à celui de l’adolescent gourmand de la vie, à l’affranchi aussi quand il déclara tout de go à une interlocutrice interloquée : «  Les femmes, c’est comme les voyages, ça forme la jeunesse ! ». Il joua aussi avec Jean, le mari de Clara, en mesurant à chaque geste le gouffre qui les sépare, comme il le fit avec l’un de ses professeurs, célibataire endurci à qui il expliqua, gigolo convaincu, les bienfaits d’avoir une maîtresse.

Jouant de plus en plus mal son rôle, il voulait entrer dans la vie par la grande porte, celle des femmes…et vite, mais en ayant soin de garder une fenêtre ouverte sur son enfance.

Tôt privé d’amour par la mort de sa mère, c’est vers deux femmes qu’il se tournera pour combler ce manque. Vers l’Arquebuse, sa grand-mère, chaud symbole de sa jeunesse insouciante et vers Clara sa maîtresse… Mais tout n’est pas si simple et les faits se chargent de vous infliger des désillusions comme on prend une claque. Le monde des adultes que Virgile veut si bien connaître est fait de compromissions comme celui des adolescents de rêves et d’élans spontanés. Parfois ils se rencontrent, mais rarement pour longtemps. Tout passe, les foucades comme les amours…

Longtemps coincé entre deux mondes, il finira quand même par choisir celui des adultes qui s’offrira enfin à lui pour de bon, mais pas comme il l’avait prévu. La mort de sa grand-mère, l’abandon de Clara, deux symboles opposés et pourtant si semblables sonnent pour lui l’entrée dans la cour des grands.

Il ne lui reste plus qu’à vivre et à travailler à Paris ou « l’air contient en suspension un grand nombre de particules d’ambitions. », qu’à vivre bille en tête.





© Hervé GAUTIER.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          110
Fanfan

N°61

Mai 1991







FANFAN – Alexandre Jardin – Éditons Flamarion.





« On ne choisit pas ses parents… » chante quelque part Maxime le Forestier… Alexandre Crusoé, fier de son lignage, fait partie de ces gens pour qui cet anti-choix fut funeste. Quoi d’étonnant qu’il réagisse contre cette famille qui ne lui ressemble pas et se prenne d’amitié pour un couple de retraités à la personnalité truculente comme l’étaient les personnages d’un autre roman, Le Zèbre qui ne passa pas inaperçu (La Feuille Volante n° 25) ? Il y a d’ailleurs quelque cousinage entre ces deux livres, mais c’est une autre histoire…

Les ouvrages d’Alexandre Jardin sont pleins de ces acteurs pittoresques dont on aimerait que la vie nous réserve plus souvent la rencontre, tant notre société est standardisée, insipide ou pestilentielle, tout entière vouée à la sacro-sainte réussite sociale.



Enfant, il prenait sa famille pour un microcosme idéal, adolescent, il la découvrit malodorante et s’y sentit mal. L’image de la mère, et par conséquent de la femme en prit un coup de sorte qu’il choisit de ré explorer la passion à contre-courant, avec pour boussole les repères de « la Carte du Tendre » et pour étapes les délices de « l’Amour Courtois », mettant volontairement un frein à ses sens, préférant courtiser que courir la femme de sa vie, Fanfan. C’est qu’il la trouva, cette femme, grâce, bien sûr, au hasard, le même qui l’avait mis en présence d’autres femmes différentes avec qui il avait choisi de jeter sa gourme et de donner libre cours à ces mêmes sens qu’il voulait museler avec Fanfan.

Le hasard mis donc en présence Alexandre et Fanfan et l’attirance mutuelle fit le reste, mais c’était sans compter avec le parti pris du premier et le véritable itinéraire romantico-rocambolesque qu’il voulait imprimer à leurs relations… Au moment de faillir et de succomber aux charmes de cette femme, il finit toujours par s’échapper… C’est que, à cette Fanfan qu’il entend garder pour lui, il veut donner l’amour sous les apparences de l’amitié, la passion avec les chaînes de la retenue. Tout cela tient du vertige autant que du fantasme, du merveilleux autant que de la concupiscence. Les femmes l’attirent. Il baise les unes, mais désire follement cette Fanfan sans la toucher, moins par réaction contre sa famille dissolue que par appétit des situations sentimentales hors du commun, ambiguës pourrait-on dire, puisqu’il est légitimement permis de douter de la virilité d’Alexandre, voire de son hétérosexualité.

C’est qu’en présence de Fanfan, qu’il décrit comme un être sensuel, il veut retarder le plus longtemps possible le moment de l’étreinte où la passion la plus violente commence à se transformer immanquablement en routine potentielle. « Faire durer » est pour lui plus important que le reste et sa véritable jouissance est dans l’attente. L’espérance des caresses est à ses yeux supérieure au plaisir que procurent les câlineries. Tout cela le met en joie (le « Joy » des troubadours !) et comme chacun sait « Post coïtum omne animale triste ». Cette tristesse commencera, selon lui, dès le premier acte charnel et la passion qu’il éprouve pour Fanfan sera obligatoirement marquée par l’usure du couple. De cela aussi, il veut se prémunir.

Il sait que Laure n’est pas la femme de sa vie et qu’avec elle il court à l’échec… C’est précisément pour cela qu’il veut l’épouser, pour mieux penser à cette Fanfan qu’il ne possédera jamais et qu’il pourra continuer à aimer platoniquement.

Mais tout bascule et le marivaudage a ses limites comme le cœur ses secrets et après atermoiements et temporisations tout se termine… Mais je laisse le lecteur découvrir la fin qui est à la mesure du suspens entretenu tout au long du roman par un style à l’humour délicat et alerte de cet auteur qui redonne le goût de la lecture.



Le sens de la formule, voire l’aphorisme distillé tout en nuances comble d’aise le lecteur le plus distrait et imprime imperceptiblement un sourire sur ses lèvres. Le style d’Alexandre Jardin a ses secrets que beaucoup d’autres ne connaissent pas et je ne crains pas de dire qu’il fait partie des écrivains contemporains qui ont le pouvoir de m’étonner… Et ils ne sont pas si nombreux !



© Hervé GAUTIER.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          110
Mademoiselle Liberté

Alexandre Jardin nous offre ici une histoire d'amour absolument grandiose.

Liberté est jeune, elle a été élevée par son père qui lui a tout appris.

Cette jeune fille est une épicurienne, une vraie de vraie. Une qui débarque chez toi pieds nus juste parce que ça lui fait plaisir. Une qui ne vit que passionnément, pour tout, tout le temps, le bon comme le mauvais doit être plus que parfait. L'amour doit être parfait, aucune fausse note.

Elle prend la vie comme elle vient, sans s'inquiéter de quoi que ce soit (au pire elle meurt, mais c'est sans importance, du moment qu'elle aura vécu à fond)

Horace, son proviseur et prof de philo, est marié depuis 9 ans mais on se demande encore pourquoi. Sa femme est quelconque, leur vie conjugale aussi, leur maison idem, et leur routine est pire encore.



L'histoire commence avec la femme d'Horace qui reçoit une lettre anonyme de Liberté. Elle y décrit son amour pour Horace, sa tristesse de le voir vivre si moyennement. Elle ordonne presque à madame d'assurer un peu plus correctement sinon va y avoir colère rouge.

En plus, elle lui joint toutes les lettres qu'elle envoie à Horace, par "souci de transparence".



L'ironie du sort fait que Liberté est la baby sitter des enfants du couple. Régulièrement elle vient à leur domicile pour s'occuper de ces deux gamins, parfois quelques heures, parfois un week-end.



Et c'est pendant un de ces week-end que Liberté va ouvrir les yeux d'Horace, lui montrant comment vivre et comment aimer.

Horace est un peu maladroit, question d'habitude. Il galère un peu au début à être complètement à fond, il se laisse porter par Liberté.

Elle, elle n'est jamais entièrement satisfaite et cherche toujours à corriger ce qui ne la comble pas.

C'est comme ça qu'ils en arrivent à recommencer et recommencer encore chaque chose qu'ils vivent. leur rencontre, leur premier repas, leur première nuit, chacun de leurs dialogues, même le plus anodin.



C'était une aventure réellement extraordinaire, intense. Limite pure. Un amour entier, vrai, et réciproque.

Alexandre Jardin a une plume totalement divine. Les mots sont magiques et les pages se tournent toutes seules, nous emportant dans un tourbillon d'amour et de passion.

Divin.
Commenter  J’apprécie          110
Autobiographie d'un amour

La remise en question dans un couple quand celui-ci bat de l’aile, lorsqu’aucun des deux partenaires ne trouve plus ce qu’il espérait pour le combler dans une relation, qui s’incruste dans la monotonie, les rancœurs non ou trop exprimées, suivant les cas. L’idée de base de ce livre, le subterfuge utilisé par l’époux, ne manque pas d’originalité. Mais au-delà de l’histoire proprement dite, ce livre soulève une vraie réflexion sur la communication nécessaire à une vie sentimentale épanouie. Un livre que j’ai apprécié, une fois que je me suis faite au style de l’auteur, qui pourrait rebuter aux premières pages.
Commenter  J’apprécie          110
Le petit sauvage

J'ai lu ce roman avec le sourire aux lèvres et je l'ai beaucoup aimé. Mais si je l'ai tant apprécié c'est peut-être que, comme Alexandre, il m'est arrivé dans ma vie de m'arrêter et de me demander "Toutes ces contraintes, toute cette routine, toutes ces responsabilités sont-elles vraiment nécessaires à l'accomplissement de mon bonheur ?".

Mais, bon, contrairement à lui, je n'ai pas été d'un égoïsme forcené et j'ai réussi à garder mon âme d'enfant sans faire d'éclaboussures.

Alexandre, lui, ne s'est pas contenu et s'est laissé emporté dans son délire. Délicieux !
Commenter  J’apprécie          110
L'île des gauchers

MERVEILLEUX ! c'est le mot !

J'ai découvert une œuvre qui m'a fait rêvé plus que jamais ! C'est le premier livre de cet auteur que je lis, et quel talent je découvre ! Alexandre Jardin nous emmène sans difficulté sur une île utopique, les détails réalistes disséminés habilement tout long de l'histoire nous berce d'espérance et on se plaît à [vouloir] y croire.

Les idées transmises dans ce livre m'ont ouvert les yeux sur notre société, nos valeurs, nos façons d'aimer si peu satisfaisantes... Une vraie remise en question de soi...
Commenter  J’apprécie          110
Chaque femme est un roman

Ce livre propose une succession de portraits de femmes, dont sa mère, qui ont fait grandir l’auteur. Alexandre Jardin m’a un peu déçu, si le fond m’a beaucoup plu, la forme n’arrive pas à égaler ces autres romans quoi que j’avais été très déçu aussi par L’île des gauchers. Il ne me convainc pas une seule fois que chaque femme est un roman et c’est bien dommage car c’est le propos du bouquin.

Avec elles c’est un peu du je te prends et je te consume, blonde ou brune, elles semblent toutes un peu bargeots sur les bords et c’est bien dommage même si ça donne du piquant à leurs rencontres. J’ai aimé l’humour présent dans ce livre mais je ne suis pas fan de l’écriture, elle m’a laissé de marbre.

Commenter  J’apprécie          100
Le zèbre

À l'instar de Camille à la fin du roman ("Elle était éreintée par cette comédie de faux-semblants où l'amour véritable se perd"), je me suis sentie de plus en plus fatiguée et déconnectée du récit au fil de ma lecture. J'ai aimé l'humour des débuts, qui donne au roman des accents burlesques, accréditant les folles idées (on pourrait parfois dire "énormités") de Gaspard pour reconquérir son épouse.



Lorsque le récit tourne vers le tragi-comique, en revanche, j'ai trouvé que le récit perdait cet élan initial et devenait moins crédible. Quand le burlesque s'efface, ne reste alors qu'un homme plutôt égocentrique, imposant ses envies à son épouse - personnage dont on sait finalement peu de choses et qui n'est caractérisée que selon son rapport avec la quête amoureuse de Gaspard -, qui finit par céder face à la peur de le perdre... le message a plutôt mal vieillit entre 1988 et 2020!
Commenter  J’apprécie          102
L'île des gauchers

Pour ma première lecture d'Alexandre Jardin, je dois dire que j'ai été charmée par ce voyage, dans une île dédiée à l'amour.



Fondée en 1885 par des utopistes français au large de l'Australie, l'île des gauchers regroupe des personnes qui tentent de percer le secret de l'amour, dans une époque où paraître est bien plus important que vivre.



J'ai aimé cette écriture légère, fluide, et cette bonne humeur communicative. Ceci m'a donné envie de lire d'autres roman de l'auteur.



CHALLENGE DES 50 OBJETS

CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018

CHALLENGE ABC 2017 - 2018
Commenter  J’apprécie          100
Mademoiselle Liberté

Une histoire d'amour racontée comme une envolée lyrique, avec un style parfois ampoulé, parfois vulgaire, parfois sublime, et qui raconte somme toute une liaison entre une jeune fille de 18 ans et son professeur de philosophie, qui est également le proviseur de son lycée. Une lecture sympathique et légère, parfait pour les midinettes qui veulent rêver car on y cherche, et trouve, l'expression la plus absolue de l'amour, sans toutefois que l'ancrage dans la réalité soit crédible.

Néanmoins, on vit, on transpire à travers ces personnages, ce que nous-mêmes n'oserions peut-être pas faire...
Commenter  J’apprécie          100
Autobiographie d'un amour

Alexandre Rivière et Jeanne sont mariés depuis quelques années. Leur couple s'effrite, Alexandre fantasme sur une femme qu'il pense être sa voisine et Jeanne est pleine de frustrations. A la lecture du journal intime de sa femme, Alexandre se rend compte qu'il est passé à côté de celle qu'il avait aimée autrefois et décide la quitter. Quelque temps plus tard, Alexandre réapparaît mais il se prétend être son frère jumeau, Octave. Jeanne est troublée, d'autant plus qu'Octave est très différent de son mari et a des qualités que ce dernier n'avait pas. Mais Octave interdit à Jeanne de s'attacher à elle. Il va la pousser à explorer sa féminité et à être enfin elle-même. Séduite, Jeanne ne sait plus qui elle a en face d'elle, de son mari ou de son beau-frère.

J'avais lu plusieurs livres d'Alexandre Jardin avant celui-ci et je m'attendais à autre chose avec la lecture d'Autobiographie d'un amour. La 4ème de couverture m'avait paru intéressante, or j'avoue que je n'ai pas apprécié ce roman qui m'a semblé très long à lire. J'ai d'ailleurs été tentée plusieurs fois d'abandonner cette lecture. La syntaxe et le vocabulaire ici sont très recherchés et même alambiqués à de nombreuses reprises, ce qui donne un caractère pédant au livre. L'histoire en elle-même est difficilement crédible, j'ai relevé plusieurs incohérences dans le texte. Les personnages ne sont pas attachants, j'ai même trouvé celui d'Alexandre/Octave cynique et froid, ce qui m'a dérangée. Ce roman a donc été décevant pour moi, ennuyeux et sans grand intérêt. Je n'en retiendrai pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          100
Juste une fois

Comme les critiques precedents, j´abonde dans le meme sens...j´ai été très déçue par ce livre et aussi humiliée en tant que québécoise...mais pour qui il se prend Alexandre Jardin...!!

Commenter  J’apprécie          100
Les Coloriés

J'ai été charmé par cette histoire. Les personnages sont attachants. Une bonne façon de faire une critique de notre société et de ses mœurs. Certains passages sonnent tellement vrais et nous confronte à nos propres comportements. Ça fait réfléchir!
Commenter  J’apprécie          100
Mademoiselle Liberté

Liberté Byron a dix-huit ans et a été élevée "dans des songes à peine croyables". Nourrie à la littérature et à la soif de plaisir, elle possède une vision bien à elle de l’amour : toute liaison doit être un chef d’oeuvre, sinon rien.



Parce qu’elle a à coeur de vivre cet étourdissement, elle se met en tête de conquérir Horace. Professeur et proviseur de son lycée, il est englué depuis de nombreuses années dans un mariage sans rebondissements, qui ne tient qu’à un fil, le fil ténu de l’habitude. Par le biais de lettres anonymes adressées à Juliette, la femme d’Horace, Liberté exige de cette dernière un dévouement absolu à son mari et la prévient qu’à défaut de rendre heureux son homme, elle le lui prendra. Y arrivera t-elle ?



J’avais assez aimé Chaque femme est un roman, je voulais donc tenter un autre livre d’Alexandre Jardin. On retrouve dans Mademoiselle Liberté cette même écriture légère et soutenue à la fois, ces envolées comiques et loufoques qui me font aussi penser à Beigbeder, que j’apprécie particulièrement. L’auteur parvient à nous faire rentrer dans une histoire qui ne tiendrait pas la route dans la réalité, ajoutant un brin de folie au quotidien. Les personnages sont hauts en couleurs, un brin déjantés (ce qui n’est pas pour me déplaire). Surtout Liberté, qui est extrémiste voire tyrannique en amour, ainsi que Juliette, qui est son exact opposé. Elle est touchante dans sa volonté de ne rien changer à ses habitudes et de vivre un mariage « pépère ». Horace, qui est écartelé entre son confort familial et son envie de nouveauté (le second point ayant beaucoup plus d’attraits) ne laisse pas indifférent.



J’ai trouvé certains passages très beaux, les métaphores employées le sont souvent à bon escient et l’ensemble du texte est cohérent. C’est aussi un roman qui, si on lui cherche un sens, donne l’envie de se dépasser. L’envie de vivre quelque chose d’exaltant. « la vie n’a pas le droit de vous décevoir » dit Liberté à Horace. Bien sûr c’est un peu naïf, mais cette idée me parle. Je pense qu’il faut être exigeant si l’on veut vivre des choses exceptionnelles. Alors évidemment, tout n’est pas à prendre au premier degré. Un lecteur un peu trop sérieux sera probablement agacé par la frivolité de cette histoire, où les actes n’ont que peu de conséquences. L’auteur zappe assez vite les aspects « pratiques » ; les répercussions d’une liaison entre un proviseur et une élève, le ressenti d’un divorce sur les enfants (d’Horace), la durée d’une liaison entre deux personnes ayant un écart d’âge important, etc. Pour ma part j’ai eu le sentiment que l’enjeu n’était pas là ; si vous en faites de même, je pense que vous savourerez autant que moi ce roman.



Un très agréable moment de lecture donc, qui vous (re)donnera le sourire, mais à évitez de lire si vous pensez que votre relation bat de l’aile… car vous aurez en l’ayant terminé, à coup sûr, envie de Liberté.



http://manouselivre.com/mademoiselle-liberte/
Lien : http://manouselivre.com/
Commenter  J’apprécie          100
Le Roman des Jardin

Bienvenue chez les fous ! Quand vous entrez dans la famille Jardin, vous avez intérêt à avoir un sacré grain de folie, à l’assumer et à l’exploiter sous peine d’être présenté au dîner des gens normaux, une version jardinesque du célèbre dîner de cons !



Le roman des Jardin c’est une galerie de portraits hors du commun, qui décrit des personnages plus farfelus les uns que les autres, on se croirait dans une espèce de compétition : qui détiendra la prestigieuse palme du personnage le plus loufoque de la maison Jardin ? Suspens garanti vous verrez car vous allez croiser des histoires et des personnalités avec un niveau de folie défiant toute concurrence.



Alors comme ça sur le papier, tout cela parait plutôt sympathique. Pourtant, j’ai eu un mal fou à rentrer dans ce livre. Pour être tout à fait honnête je n’ai pas accroché, j’ai eu beaucoup de mal à aller au bout. Cela m’a paru un petit peu fouilli, décousu. Finalement on se retrouve à lire une espèce catalogue de personnages qui oscille entre roman et récits autobiographiques. Je n’ai pas su trouver le fil conducteur de toute cette histoire. Il y a même des moments où je me suis demandé si j’étais en train de lire un livre autobiographique tellement j’avais l’impression de nager aux frontières du réel. Je pense notamment à Zoé ou encore à Zaza, des personnages très très hauts en couleur ! Ce n’est donc pas pour rien que le livre s’intitule “Le roman des Jardin”! Pas bête n’est ce pas ?!



Personnellement cela m’a gênée, d’autant plus que je suis pas fan des récits autobiographiques en général. D’ailleurs je ne sais même plus si je dois employer le mot récit ou roman autobiographique (pour info il y a écrit roman tout court sous le titre du livre, de quoi s’embrouiller vous en conviendrez !). Toujours est-il que les états d’âmes des auteurs m’agacent, allez savoir pourquoi ?! Du coup dans ce contexte là, où je ne savais que prendre et que laisser je me suis sentie perdue, à la limite de l’arnaque : comment un récit/roman autobiographique arrive à dépasser la fiction ? C’est complètement incroyable non ?!! Il y a en plus tout un étalage de personnes célèbres, certains sont nommés, d’autres non, est ce que cela est censé donné plus de véracité à son récit ? Alexandre Jardin revient sur des faits historiques graves auxquels sa famille aurait participé, on sent qu’il y a de la sincérité, voire même de la culpabilité, c’est touchant, mais je trouve que tout cela perd sa pertinence de par cet aspect trop romanesque qu’il a donné à son bouquin, avait-il peur de blesser les siens, de laver un peu trop fort son linge sale en public ?



Je suis un peu triste de vous dire ça car c’est une copine, fan inconditionnelle d’Alexandre Jardin, qui me l’a prêté en me disant qu’Alexandre Jardin, c’était génial ! Du coup je vais me lancer dans l’île des gauchers pour essayer de conjurer le sort.. Ce roman ne devait pas être fait pour moi voilà tout. L’avantage c’est que le meilleur reste à venir ! “L’île des gauchers” à nous deux maintenant !!


Lien : http://www.nola-tagada.fr/ca..
Commenter  J’apprécie          100
Bille en tête

Un bon petit roman sur les amours d'adolescents, mais pas entre des ado, plutôt entre un ado et une adulte. Comme souvent, on se retrouve dans la tête de l'enfant, qui semble (ou veut paraître) très évolué pour son âge. Ca se lit facilement, c'est sympathique et ça a permis à Alexadre Jardin de se faire une bonne réputation et un public attaché.
Commenter  J’apprécie          100
Des gens très bien

Cette histoire m’a beaucoup intéressée. On essaie de comprendre comment des personnes ayant eu de grosses responsabilités dans la haute sphère française sous Vichy en 1942 a réussi à rester une personne "bien" pour ceux qui les entourent. Etaient-ils vraiment conscients des suites de la rafle du Vel d’Hiv? C’est ce que va chercher l’auteur du livre, chercher à savoir jusqu’où a été leur responsabilité, leur intention. Et on comprend tout ensuite. Le raisonnement, la démarche est longue pour l’auteur et on comprend quel a été le cheminement logique et outrancier d’après sa famille. Et pour finir nous comprenons mieux comment des dirigeants français on pu rendre le terrain propice à cette horreur qu’a été le Vel d’Hiv.

Commenter  J’apprécie          100
L'île des gauchers

L'Île des Gauchers – Alexandre Jardin



Lord Jeremy Cigogne à 38 ans, réalise que l'amour qu'il dévoue à sa femme Emily n'est en réalité que la tentative de maintenir une passion qui s'essouffle. Car si les sentiments existent, Jeremy se rend bien compte qu'il ne sait tout simplement pas « aimer » sa femme, l'aimer sincèrement et sans artifices. Il découvre alors l'existence d'une île improbable, habitée par une colonie d'utopiste, une île où la « première urgence » est celle d'aimer.



Embarquant femme et enfants, Lord Cigogne débarque sur cette île des Gauchers à bord d'une montgolfière, découvre un univers d'intransigeance amoureuse, un univers où les hommes doivent être architectes de leur amour. A travers les coutumes, originales et parfois pénibles qui rythment la vie des Gauchers, Emily et Jeremy apprennent l'amour, le véritable amour.



Une histoire belle, qui ne cède, selon moi, jamais au mielleux, mais toujours sincère dans sa recherche, si utopique soit-elle de l'amour...

Commenter  J’apprécie          100
Joyeux Noël

Norma est une fille qui a le goût du risque: figurez-vous qu'elle veut être... vraie. Elle fait suffisamment confiance aux êtres qu'elle aime pour clamer haut et fort les vérités de sa famille, même les plus dérangeantes. Elle désire se débarrasser de son personnage social et ôter tout filtre à ses conversations.



Le roman commence sur une île de Bretagne. Félicien Diskredapl est enterré et sa famille, toute à son chagrin, loue cet homme si bon et respectable. Si ce n'est que Félicien n'est pas mort. Il est allongé dans son cercueil et écoute.

Au cours de son éloge, sa petite fille, Norma, va alors prendre la parole: son grand-père idolâtrait Hitler et a même vendu des juifs pendant la guerre.

Après cette révélation (qui n'en est pas une, car au fond, chacun préférait ignorer ce qui était sous ses yeux), les proches de Félicien vont faire le pire des choix: faire comme si Norma n'avait rien dit. Félicien, qui attendait la fin de la cérémonie pour sortir de sa boîte et faire rire l'assemblée, va finalement se suicider dans sa tombe.



Un début de roman pour le moins surprenant mais vous ne serez pas en reste si vous poursuivez votre lecture tant cette famille est haute en couleur: fou, ivrogne, violeur, sado-masochiste, obsédé sexuel, dépressive suicidaire... Tous les vices semblent s'être emparés des membres de ce clan. De quoi faire froid dans le dos: que se passerait-il dans notre propre famille si nous organisions un "Je suis mon voisin" comme les Diskredapl? Un rituel du 25 décembre (ben oui, "Joyeux Noël"!) au cours duquel il faut essayer de dire la vérité de son voisin de table (ambiance garantie!). J'espère pour ma part que ma famille est moins corrompue, violente et libertine (mais ça ne me semble pas difficile, les Diskredapl virant à la caricature).



Norma est inspirée d'un personnage réel, une femme libre, spontanée, joyeuse et authentique. C'est elle qui a confié son journal intime à l'auteur, lui expliquant qu'elle y notait les événements de la journée sur la page de droite et la vérité sur la page de gauche.

A la fin du roman, une vingtaine de pages en doublon, à l'image de celui de Norma. L'auteur y glisse des documents et des réflexions le concernant, afin d'apparaître sans fard et nous hurlant que "les pages de droite c'est fini!"



J'ai eu beaucoup de mal avec la lecture de ce roman. Il faut dire que la plume d'Alexandre Jardin est très particulière et son sens du burlesque m'a souvent désarçonnée. Je n'ai pas cru à cette histoire qui pourtant est une ode à la vérité. Trop de métaphores et un propos qui se veut sérieux mais traité de manière absurde. Je n'ai pas accroché et ça c'est la vérité!
Commenter  J’apprécie          95
Bille en tête

J'ai lu il y a bien longtemps la saga des Malaucène. Et je garde une tendresse pour ces livres doux et drôles à la fois.



Aussi lorsque je croisais ce roman sur un coin de table, abandonné. Je le pris avec plaisir.



Malheureusement j'ai été exaspérée par le personnage principal, par l'histoire et par l'écriture.



Je comprends l'intérêt de la caricature. Je conçois le besoin de braver le défendu. Ecrit, après Emmanuel et Brigitte, il y a un certain réalisme...



Je sais que c'est un premier roman mais il est certaines comparaisons qui manquent de distance.



Enfin, au moins un livre que je n'aurais pas besoin de relire.
Commenter  J’apprécie          90




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alexandre Jardin Voir plus

Quiz Voir plus

Alexandre Jardin

Né à Neuilly-sur-Seine en ...

1955
1965
1975
1985

12 questions
52 lecteurs ont répondu
Thème : Alexandre JardinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}