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3.55/5 (sur 1175 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , le 24/04/1963
Biographie :

Alexis Jenni est un écrivain français.

Titulaire d'une agrégation, il exerçait en tant que professeur de sciences de la vie et de la Terre au lycée Saint-Marc de Lyon.

"L'Art français de la guerre", un roman d'aventures, l'histoire d'un soldat, est son premier roman publié. Pour ce roman, Alexis Jenni reçoit le prix Goncourt le 2 novembre 2011.

Son intérêt pour l'histoire et le devenir de l'humanité l'a conduit à diriger un volume collectif sur "Le Monde au XXIIe siècle" (PUF, 2013) et à s'entretenir avec Benjamin Stora sur "Les Mémoires dangereuses" (Albin Michel, 2016).

En 2015, il a publié "La Nuit de Walenhammes" (Gallimard), un polar fantomatique qui se déroule dans le nord industriel de la France et s'interroge sur les causes de sa déliquescence.


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Entretien avec Alexis Jenni à propos de la conquête des îles de la terre ferme


Le 21/11/2017

Dans La Conquête des îles de la terre ferme, le lecteur embarque aux côtés de Hernán Cortés qui renverse dans le sang un empire entier : celui des Mexicas. « Jamais il n`y eut plus grande aventure que celle-ci, et jamais il n`y en aura d`autres car désormais le monde est clos » est-il écrit sur la quatrième de couverture. C`est ce caractère qui vous intéressait dans l`écriture de votre roman ? Cette idée qu`il s`agit de la dernière aventure d`un monde encore ouvert ?

Il y a sûrement d`autres aventures possibles mais il me semble que c`est la seule et la dernière qui permit la rencontre avec un autre monde totalement insoupçonné. Inde et Chine étaient connus depuis longtemps, mais des Mexicas on ne savait rien, pas même leur existence. C`est comme un roman de science fiction, genre space opera, où l`on débarque sur une autre planète.


La conquête espagnole est-elle bien documentée ? Sait-on aujourd`hui tout des motivations et des actions de Hernán Cortés et de sa troupe ?

Il y a des documents d`époque…mais tous mentent, tous ont quelque chose à vendre, à cacher, à défendre…. Il faut lire entre les lignes. Leur motivation est simple : partis d`une Espagne féodale et rigidifiée par la fin de la Reconquista, ils partent à l`aventure, en quête de terres et de richesses…


A propos de Cortés, si les portraits que l`on connaît de lui montrent un personnage au visage assez dur, vous décrivez un personnage séduisant qui sait parler aux hommes et aux femmes de son entourage. Quelles ont été vos sources pour construire ce personnage complexe ?

Les sources d`époque insistent sur son côté brillant et séduisant, ses capacités diplomatiques, sa capacité à persuader les hommes et à les entraîner derrière lui…et sa capacité à séduire les femmes. Tout son comportement montre une intelligence, un goût du jeu. Il est implacable, mais il n`a rien d`une brute (au contraire de Pizzaro…).




Pourquoi avoir choisi comme témoin de ces "conquêtes de la terre ferme" un personnage de fiction et non pas le conquistador Bernal Diaz del Castillo, témoin historique, voire Hernán Cortés lui-même ?

Je voulais dire « je » pour qu`on soit dedans… Cortés ? Cela aurait été faire des hypothèses sur sa personnalité. Je préférais le voir du dehors, qu`on le devine… Bernal Diaz ? Il dit déjà « je » dans ses chroniques et puis on ne sait pas trop qui c`est… Je ne crois pas qu`il s`agisse de Cortés, comme le prétendait Christian Duverger, mais il s`agit peut-être d`un texte composite rédigé plus tard. Du coup, inventer un personnage me donnait une grande liberté à la fois dans le ton et dans les épisodes.


Vous vous êtes semble-t-il rendu sur les lieux décrits dans le roman. En quoi était-ce important pour vous et pour l`écriture de ce livre ?

Je m’y suis rendu, dans tous les lieux où a été Cortés. J’aurais pu faire autrement, Google maps marche très bien, mais je voulais tout sentir, y être…et puis j’ai découvert le Mexique contemporain, étonnant pays…


Vous racontez la destruction d`un empire entier et d`un peuple. Que reste-t-il aujourd`hui de celui-ci ?

Il en reste comme un fantôme… au sens d`une présence qui hante encore le Mexique contemporain, une présence permanente qui alimente cette culture complexe. Et puis il reste des vestiges mystérieux, que l`on comprend mal. Le monde aztèque est une fabuleuse surface de projection.


Le monde contemporain tel qu`on le connaît aujourd`hui est-il directement issu de cet épisode sanglant ?

Il y a une présence de la mort et du sang, de la violence dans la culture mexicaine, qui se réactive aujourd`hui pour des raisons sociales et criminelles. Le copain mexicain qui m`avait accompagné, en voyant une statue d`un prêtre de Xipe Totec vêtu d`une peau humaine, a soupiré : « Les narcos n`ont rien inventé »….


Alexis Jenni et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

L`odyssée… Immortel.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Ha ha….personne…. Je n`arrête jamais…. En fait, plein, mais ça dure pas plus de 24h.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Gatsby le Magnifique. A 20 ans… du coup j’ai arrêté la science-fiction et j’ai commencé à lire de la littérature.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Jorge Luis Borges. Tellement relu dans le désordre que je ne sais plus dans quel recueil sont les différentes nouvelles….


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Il y en a plein. Mais je n`ai même pas honte….Ulysse de James Joyce, Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, Les frères Karamazov de Dostoïevski…. Ça me laisse de la lecture pour mes vieux jours.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Charles-Albert Cingria….Florides hélvètes, Bois sec, bois vert,tout... Le plus grand écrivain suisse du monde.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

René Char….mais je suis un très mauvais lecteur de poésie, alors j`ai peut-être tort. Pour les contemporains….et ben….ce sont de bons camarades alors je ne vais pas dénoncer.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Au début était le Verbe… »….ce n`est pas vraiment issu de la littérature, mais ça la résume toute…


Découvrez La conquête des îles de la terre ferme d`Alexis Jenni aux éditions Gallimard :


Entretien réalisé par Pierre Krause


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Dans cette vidéo exclusive, plongez dans les secrets bien gardés des écrivains ! Explorez comment Caryl Férey fusionne voyages et écriture, comment DOA aborde la recherche de manière empirique, et comment Valentine Goby navigue l'exploration vertigineuse. Un voyage fascinant dans les coulisses de la création littéraire vous attend ! 00:10 Caryl Férey 00:30 DOA 01:45 Alexis Jenni 02:37 Valentine Goby 04:10 DOA 05:33 Valentine Goby Cette interview a été réalisée durant plusieurs éditions de Quais du Polar, ainsi qu'aux Artisans de la Fiction. Chez les Artisans de la Fiction, situés à Lyon, nous valorisons l'apprentissage artisanal des techniques d'écriture pour rendre nos élèves autonomes dans la concrétisation de leurs histoires. Nous nous concentrons sur les bases de la narration inspirées du creative writing anglophone. Nos ateliers d'écriture vous permettent de maîtriser la structure de l'intrigue, les principes de la fiction et la construction de personnages. Pour plus d'informations sur nos stages d'écriture, visitez notre site web : http://www.artisansdelafiction.com/ #écrire #écriture #ecrire #ecriture #écrireunroman

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L'armée en France est un sujet qui fâche. On ne sait pas quoi penser de ces types, et surtout pas quoi en faire. Ils nous encombrent avec leurs bérets, avec leurs traditions régimentaires dont on ne voudrait rien savoir, et leurs coûteuses machines qui écornent les impôts. L'armée en France est muette, elle obéit au chef des armées, ce civil élu qui n'y connaît rien, qui s'occupe de tout et la laisse faire ce qu'elle veut. En France on ne sait pas quoi penser des militaires, on n'ose même pas employer un possessif qui laisserait penser que ce sont les nôtres : on les ignore, on les craint, on les moque. On se demande pourquoi ils font ça, ce métier impur si proche du sang et de la mort ; on soupçonne des complots, des sentiments malsains, de grosses limites intellectuelles. Ces militaires on les préfère à l'écart, entre eux dans leurs bases fermées de la France du Sud, ou alors à parcourir le monde pour surveiller les miettes de l'Empire, à se promener outre-mer comme ils le faisaient avant, en costume blanc à dorures sur de gros bateaux très propres qui brillent au soleil. On préfère qu'ils soient loin, qu'ils soient invisibles ; qu'ils ne nous concernent pas. On préfère qu'ils laissent aller leur violence ailleurs, dans ces territoires très éloignés peuplés de gens si peu semblables à nous que ce sont à peine des gens.
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La peinture rend l’invisible évident.
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La perfection n’a pas d’effet érotique.
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Dans la maison isolée que mes parents avaient fait construire en pleine campagne, je lisais furieusement, et par les interstices d'une vie réglée, je voyais la littérature me faire signe. C'est toujours ainsi que la littérature vient aux jeunes gens: comme une terre promise.
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Fragonard toujours souriant est le peintre de l'instant intense; il est le peintre du bonheur d'être; il n'est rien de plus, mais il n'y a pas grand-chose d'autre qui mérite d'être peint. (p. 166)
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Quand on a les pieds posés sur les épaules de ceux qui vous soutiennent, la différence entre être porté et piétiner tient à une tournure d’esprit.
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Voir et toucher

je veux parler des mains qui voient car nous allons dans ce monde les mains en avant. Nos mains sont nos vibrisses, nos tentacules, notre langue bifide: elles sont l'organe spontané du toucher de l'espèce humaine, au point que l'éducation des petits enfants consiste surtout à crier : " Touche pas" ! quand ils vont heureux dans la rue, heureux d'un monde surprenant qu'ils veulent absolument connaître, touchant à tout en ignorant les catégories du propre et du sale (...) (p. 53)
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J'avais travail, maison et femme, qui sont trois visages d'un réel unique, trois aspects d'une même victoire: le butin de la guerre sociale. Nous sommes encore des cavaliers scythes. Le travail c'est la guerre, le métier d'un exercice de la violence, la maison un fortin, et la femme une prise, jetée en travers du cheval et emportée.

Cela n'étonnera que ceux qui croient vivre selon leur choix. Notre vie est statistique, les statistiques décrivent mieux la vie que tous les récits que l'on peut faire. Nous sommes cavaliers scythes, la vie est une conquête: je ne décris pas une vision du monde, j'énonce une vérité chiffrée. Regardez quand tout s'effondre, regardez dans quel ordre cela s'effondre. Quand l'homme perd son travail et n'en retrouve pas, on lui prend sa maison, et sa femme le quitte. Regardez comment cela s'effondre. L'épouse est une conquête, elle se vit ainsi; l'épouse du cadre au chômage abandonnera le vaincu qui n'a plus la force de s'emparer d'elle. Elle ne peut plus vivre avec lui, il la dégoûte, à trainer pendant les heures de bureau à la maison, elle ne supporte plus cette larve qui se rase moins, s'habille mal, regarde la télévision pendant le jour et fait des gestes de plus en plus lents; il lui répugne ce vaincu qui tente de s'en sortir mais échoue, fait mille tentatives, s'agite, s'enfonce, et sombre sans recours dans un ridicule qui amollit son regard, ses muscles, son sexe. Les femmes s'éloignent des cavaliers scythes tombés au sol, de ces cavaliers démontés maculés de boue: c'est une réalité statistique, qu'aucun récit ne peut changer. Les récits sont tous vrais mais ils ne pèsent rien devant les chiffres.
(P111)
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J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails.
Il m'apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue.
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Car ainsi va la terreur : elle n'a ni vérité ni justice, elle est un théâtre qui s'exhibe, elle n'est efficace qu'à se montrer, il lui faut seulement une scène et des figurants, n'importe lesquels.
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