Citations de Andrea Camilleri (1015)
Près de deux mètres de taille, superbe et cassant avec un port de tête de curé tenant le Saint-Sacrement en procession.
En fait de femmes, Mimi avait le palais facile et appartenait au courant de pensée masculin selon lequel toute femme négligée était une aventure manquée.
Je me fie exclusivement aux gens d'Eglise qui, en matière de femmes, ont du flair.
Quand on est né carré, on ne peut mourir pointu.
- Qu'est-ce que ça veut dire?
Ça veut dire que, comme tu est né con, tu ne peux pas mourir intelligent
Et alors, qu'est-ce qu'ils font les gens qui ont le téléphone à portée de la main? Ils téléphonent. Et pendent ce temps les experts s'enthousiasment: en Sicile, l'omerta est en recul, la complicité aussi , et la peur aussi!
Des langues aujourd'hui mortes avaient inventé des mots merveilleux et nous les avaient laissés en héritage éternel.
Et le 'talien, en revanche, quand il serait mort, comme il était inévitable, étant donné que c'était 'ne colonie de la langue 'nglaise, qu'est-c qu'il léguerait à la postérité ? Déchetterie ?
Contextualité ? Précariat ? Dation ?
_Je suis Maître Guttadauro.
La première fois qu'il avait eu affaire à lui, Montalbano avait pinsé qu'un ver possédait plus de sens de l'honnêteté que l'avocat Orazio Guttadauro, l'homme de confiance de Balduccio Sinagra. En le pratiquant davantage, il était arrivé à la conclusion que même une merde de chien avait plus de sens de l'honnêteté.
Cet homme avait à voir avec la banque. Ça se comprend tout de suite : celui qui manie l'argent des autres dans ces cathédrales que sont les grandes banques, prend, dans son attitude, quelque chose d'austère, de clérical, comme il se doit pour qui célèbre certains rites secrets tels que le recyclage d'argent sale, l'usure légale, les comptes à numéro, l'exportation clandestine de capitaux.
En général, la poésie l'aidait à passer les mauvais moments. Mais cette fois, elle retournait le fer dans la plaie. Le poète se comparait à un chien qui suit l'ombre d'un papillon, comme lui il devrait se contenter de l'ombre d'une petite dont il était tombé amoureux.
Et le commissaire comprit que la tragédie, quand elle est jouée devant des gens, prend des poses et parle haut, mais quand elle est profondément vraie, elle parle à voix basse et a des gestes humbles. Eh oui, l'humilité de la tragédie.
Tu peux me dire quelque chose, par curiosité ?
-Certainement.
-Tu lèches le cul aux gens par ambition ou par nature ?
La sincérité de la réponse le stupéfia.
-Par nature ,je crois.
-Sainte Mère ,dottori!gémit Catarella.
-Qu'est-ce qui t'arrive?
-Il m'arrive que , quand je dois dire des menteries à Monsizur et Monieur le Questeur, il me semble que j'acommets un péché mortel de la mort!
-Alors, va te confesser!
Il comprend qu'il est né avant l'heure, deux mois trop tôt, parce que son père a causé une grande frayeur à sa mère.
Il comprend que celle-ci n'a pas pu le nourrir de son lait, parce que son père lui a causé une seconde grande frayeur.
Dans le mécanisme encore élémentaire de ses raisonnements de tout petit enfant, il est plus que probable qu'un principe de cause à effet s'est formé de lui-même : chaque fois que son père fait peur à sa mère , c'est sur lui que retombe une infortune.
Les couleurs n'existaient plus, on ne voyait plus rien qui n'ait la couleur grisâtre de la fange.Le"fang" ,comme disait Catarella et peut-être n'avait-il pas tort, parce que la fange avait pénétré dans notre sang , elle en était devenue partie intégrante. La fange de la corruption, des dessous-de-table, des fausses factures , de l'évasion fiscale, des arnaques ,des bilans truqués, des caisses noires, des paradis fiscaux , du Bunga bunga...
Peut être, songea Montalbano,cet endroit était -il le symbole de la situation dans laquelle se trouvait le pays tout entier.
- Vous savez, il arrive qu'une longue fréquentation brouille un peu la vision des qualités de la personne qu'on a près de soi depuis longtemps.
Et ça, c'était vrai.
— Gegè, tu sais ce que c’est, une perversion ?
— Tu viens me le raconter à moi ? Je pourrais t’en raconter, des trucs, que tu me vomirais sur mes pompes. Je sais ce que tu veux me dire, qu’ils sont venus au Bercail parce que l’endroit les excitait. C’est déjà arrivé. Tu sais qu’une nuit, s’est pointé un juge avec ses gardes du corps ?
— C’est vrai ? C’était qui ?
— Le juge Cosentino, je peux te dire le nom. Le soir d’avant le jour où ils l’ont renvoyé chez lui à coups de pied au cul, il est venu au Bercail avec une voiture de protection, il s’est pris un travesti et se l’est baisé.
- Ah, dottori, dottori ! Y'a Mme Picarella !
- Au téléphone ?
- Mais qué téléphone ! Ici, elle est dottori ! Elle attend à vosseigneurie !
[...]
- J'y lui dis, dottori, j'y pensai tout d'y lui dire !
Sa discipline de policier lui permettait de faire ce qu'il devait faire, mais son âme d'homme ne pouvait pas contenir toute cette tragédie.
Ça commençait bien.
– Qu’est-ce qui fut, à hier, vous avez perdu au poker ?
Pasquano était un joueur acharné, mais trop souvent la chance n’était pas de son côté.
– Non, à hier, ça a bien marché, mais ça me les brise menu d’attendre que le dottor Tommaseo daigne se présenter.
– Mais Tommasseo serait ponctuel s’il ne se trompait pas de route et s’il ne s’emplafonnait pas. Il faut le plaindre.
– Et pourquoi ? Moi, je peux avoir de la compassion pour vous qui êtes au bord de la démence sénile, pas pour un type encore jeunot.
– Et pourquoi est-ce que je serais au bord de la démence sénile ?
– Passque vous en avez les symptômes. Vous n’avez pas remarqué comment vous venez d’appeler Tommaseo ?
– Non.
– Tommasseo. Se tromper dans les noms, c’est justement un des premiers symptômes.
Montalbano s’inquiéta. Vous voulez voir que Pasquano a raison ? N’avait-il pas appelé Marian « Livia » ?
– Mais ne vous inquiétez pas. Le processus de dégénérescence est long. Vous avez encore le temps de faire une grosse quantité de conneries.
A Son Excellence
Vittorio Parascianno
Préfet de Montelusa
Vigàta, ce 12 juin 1891
Votre Excellence,
Je soussigné GENUARDI Filippo, fils de feu Giacomo Paolo et de Posacane Edelmira, né à Vigàta (province de Montelusa), le 3 septembre 1860 et domicilié 75 via dell'Unità d'Italia, de profession négociant en bois, désirerait prendre connaissance des démarches nécessaires pour obtenir la concession d'une ligne de téléphone à usage privé.
L'assurant de sa profonde reconnaissance pour l'attention qu'Elle aura la bonté d'accorder à sa demande, il prie Votre Excellence de bien vouloir agréer l'expression sincère de ses sentiments dévoués.
Genuardi Filippo