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Critiques de Andreï Makine (964)
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L'ami arménien

Mon second livre d’ Andrei Makine

Toujours partagé entre sa patrie d’origine , la Russie et sa patrie d’adoption, la France qui en a fait un académicien, Andrei Makine nous emmène en Sibérie, à la fin de l’époque soviétique

La jeune pensionnaire d’ un orphelinat rencontre Vardan , arménien à la santé fragile .il souffre de la « maladie arménienne » ,maladie génétique rare qui se traduit par des poussées de fièvre et de douleurs invalidantes

Il vit dans la petite Arménie, une communauté qui vit à 5000 kilomètres de sa terre natale

Ceux qui connaissent Makine se retrouvent en terrain connu, géographique mais aussi littéraire

L’écriture reste toujours aussi soignée avec un style unique qui vient certainement de sa double culture

Je fais partie de ceux qui aiment la prose de Makine que certains trouvent trop parfaite ou trop froide

Ici, elle convient particulièrement à ce récit d’amitié, avec de très beaux personnages

Makine n’écrit pas un roman historique sur le triste sort des Arméniens en Union Soviétique

Il parle de la chaleur des relations humaines et de la force d’une amitié même éphémère

Un bien beau livre même si j’avais préféré L’archipel d’une autre vie, dont la trame était plus dynamique
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L'archipel d'une autre vie

Ce livre est tellement essentiel, émouvant qu'en parler va nécessairement l'appauvrir.



Dans l'Extrême-Orient russe des années 50 sous l'époque stalinienne, un homme Pavel Gartsev raconte son passé militaire et le bouleversement de sa vie d'après à un jeune apprenti en géodésie intrigué par Pavel à son arrivée à Tougour et qu'il a suivi dans la taïga.



À travers la poursuite d'un prisonnier dans une nature sauvage et difficile, sont dépeints dans une première partie du roman, sans tendresse, la dureté du traitement des militaires du temps de la guerre froide mais aussi leur cynisme, leur conformisme et leur lâcheté par peur des dénonciations et représailles et aussi parfois les moyens détournés pour échapper à la cruauté des ordres donnés.

Le lecteur est tenu en haleine par la chasse de cet évadé du goulag, particulièrement malin et résistant qui sème d'embûches le parcours du commando dont Pavel fait partie. Des interactions se nouent non seulement entre les membres du commando mais plus discrètement entre Pavel et le fuyard.

La nature forte et sauvage décrite par l'auteur fait partie intégrante de l'intérêt du récit.



Dans une deuxième partie Pavel racontera le bouleversement dans sa vie consécutif à cet épisode. Ce changement radical est porteur d'une telle beauté, d'une telle émotion qu'il faut le découvrir sans mots préalables.



Au delà de l'histoire, Andreï Makine me semble faire passer un message essentiel : la violence de notre Société, sa vacuité fréquente masquent le coeur de ce qui nous rend heureux : la simplicité de nos besoins que sont l'aspiration à la beauté et à la confiance d'une relation, à la beauté de la nature, à la vie même qui se passe d'artifices.



Le style de l'auteur est indissociable de la qualité de cette oeuvre existentielle.
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L'archipel d'une autre vie

Une autre vie est-elle possible ? Pouvons nous nous arracher des contingences matérielles et des passions dérisoires ? Ces questions vont troubler la morne conscience de Pavel Gartsev. Jusqu’alors, il n’avait pour ambition que d’épouser la douce Svéta et de meubler leur appartement communautaire de Leningrad. Oui, mais voilà, il découvre que sa fiancée le trompe et il est mobilisé par l’armée. L’Armée rouge envoie ses hommes aux confins de l’Extrême-Orient pour les préparer aux conditions d’une guerre nucléaire. Sur place, Pavel doit se joindre à un groupe de soldats qui a pour mission de mettre la main sur un prisonnier évadé d’un goulag. Il est accompagné par un général débonnaire, un sous-lieutenant ambitieux, un commissaire politique intransigeant et un sergent qui a passé quatre années dans un camp. Cette chasse à l’homme au cœur d’une nature sauvage va révéler la véritable nature de ces cinq personnages. Les officiers présents sont autant d’avatars du régime soviétique. Pour notre héros, ce périple va déclencher une remise en question existentielle.Mais pour changer, encore faut-il pouvoir se débarrasser de ses peurs et de son goût pour le confort et la facilité.



Un village perdu au bout du monde, coincé entre l’océan et la taïga, au cœur d'une nature sauvage. Qui s'en éloigne pour traverser les forêts profondes doit faire face à l'immensité d’un continent et à la rudesse de son climat. Les conditions sont rudes mais elles peuvent permettre de retrouver le goût de la Liberté, de jouir de la beauté du monde et de retrouver le sens de la vie. Cette expérience est d’autant plus vitale pour le protagoniste de cette histoire qui vit sous la terreur du régime soviétique et sous la menace d’une guerre nucléaire.



Si le roman manque parfois de « muscle », il nous offre une belle leçon de vie.
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La vie d'un homme inconnu

Achat à la Librairie " Les Mots et les choses - Nord"- Boulogne - Billancourt- 1er septembre 2023



Une pépite d'émotions et de style...Un gros , gros coup de coeur.



Déjà plus d'un mois que j'ai achevé ce roman magnifique qui nous conte l'histoire d'un écrivain russe dissident , Choutov, vivant et écrivant en France.On fait sa connaissance dans un moment houleux où sa jeune compagne le quitte assez brutalement pour un amoureux plus jeune.

Tourneboulé, perdu et abattu, il décide de retrouver un moment son pays, pour y voir plus clair et en rêvant d'une femme qui a été son grand amour, 30 années plus tôt...

Il retrouvera sa Russie, mais combien transformée et méconnaissable comme cette femme tant aimée, jadis, et elle-même devenue une " bourgeoise" insipide, capitaliste sans vergogne, à qui il n'a plus grand chose à dire...



"Dans l'avion, pour la première fois de sa vie, il a l'impression d'aller de nulle part vers nulle part, ou plutôt de voyager sans destination véritable. Et pourtant, jamais encore il n'a aussi intensément ressenti son appartenance à une terre natale. Sauf que cette patrie coïncide non pas avec un territoire mais avec une époque.Celle de Volski.Cette monstrueuse époque soviétique qui fut le seul temps que Choutov a vécu en Russie.Oui, monstrueuse, honnie, meurtrière et durant laquelle, chaque jour, un homme levait son regard vers le ciel."



Choutov retrouve donc cette femme tant aimée ; cette dernière est devenue une femme d'affaires, très pragmatique et gérant au mieux son confort et celle de son fils avec qui elle vit. Lorsque Choutov la retrouve, elle a finalement peu de temps à lui consacrer, elle le reçoit dans son grand appartement en travaux, logement anciennement " communautaire " qu'elle est en train de transformer "luxueusement " ...



Reste encore un " détail désagréable et dérangeant " pour elle: dans une des pièces , un vieux monsieur mutique , Volski, le dernier locataire du lieu, doit être transféré incessamment dans une maison de retraite et enfin " débarrasser le plancher"...



Il est là, le pauvre, comme un colis embarassant...pour la nouvelle propriétaire !!



On n'a plus entendu le son de sa voix depuis bien longtemps...un peu de compassion et de présence de Choutov auprès du vieil homme, à qui on a demandé de " jeter un oeil" sur ce locataire indésirable, et d'un seul coup, ce vieux monsieur, seul au monde va se remettre à parler pour raconter en un temps très bref toute sa vie, effroyable et fracassée par le régime stalinien, la mort de la femme qu'il adorait par dessus tout, Mila...le siège effroyable de Leningrad pendant la seconde guerre mondiale....



Cependant cet homme reste , dans son récit tragique, vaillant, droit, debout et digne...La force incommensurable donné par son Amour...pour Mila, illumine, transfigure toute la noirceur de ce qu'il a, de ce qu'ils ont vécu !



On ne peut peut être qu'emporté par l'émotion de ces deux vies exemplaires, résistantes, de cet homme qui n'oubliera jamais la femme qu'il aimait; "son Soleil" violemment disparue...alors le reste, cette Russie nouvelle, affairisre, consumériste, abandonnant certaines valeurs essentielles , l'ancien grand amour de Choutov, devenue mercantile à souhait, pèsent peu dans la balance, tant, tout cela est médiocre " petit" comparé à ce vieux Monsieur riche de son amour tragique et de ses combats " titanesques" pour rester debout...., fidèle à ses convictions.



Hommages nombreux à l'Art, au théâtre, à la Littérature rendant " grandeur" , lumière aux Hommes, dans leurs " ténèbres " et leurs errements...!



"Maintenant, Choutov s'en souvient. Dans sa jeunesse, il a entendu ce nom de " Volski". Il y a trente ans.Des articles qui parlaient d'un enseignant capable de faire revivre, grâce au théâtre, les enfants handicapés et jeunes à la dérive. Pour les journalistes, au temps de la censure, ce genre de sujets était l'unique terrain de liberté : un original qui refuse les honneurs et une belle carrière, c'est déjà une discrète révolte contre le béton massif du régime..."



Un très, très beau livre, qui prend aux tripes !



"Ce bonheur rendait dérisoire le désir des hommes de dominer, de tuer, de posséder, pensa Volski.Car ni Mila ni lui-même ne possédaient rien.Leur joie était faite de choses qu'on ne possède pas, de ce que les autres avaient abandonné ou dédaigné .

Mais surtout, ce couchant, cette odeur d'écorce tiède, ces nuages au- dessus des jeunes arbres du cimetière, cela appartenait à tout le monde".



Je ne peux résister à un dernier extrait louant le réconfort de la Poésie, de l'Art dans l'adversité :



"Tu sais, Vlad, autrefois, enfin quand j'étais jeune, on éditait pas mal de Poètes. Les tirages n'étaient pas énormes mais il y avait...comment dire ?...Oui, une vraie ferveur chez nous qui lisions ces livres imprimés sur un papier souvent très médiocre. La poésie c'était notre Bible à nous...

- Ouais, je vois de quel genre de bouquins vous parlez, les vieux appellent cela, avec un soupir, " la grande littérature ". "























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La Musique d'une vie

Un vrai coup de coeur pour ce bref roman, extrêmement maîtrisé dans sa composition et ses motifs entêtants, qui prennent des sens différents et plus riches à chaque fois qu'ils se présentent, pour le style épuré et d'une grande élégance, j'ai envie de dire perfection, parce que même les descriptions sont remarquables de profondeur et d'intérêt, de sens pour l'intrigue et l'atmosphère. Rien n'est perdu. En outre, le destin du personnage qui confie au narrateur le récit de sa vie, est poignant et absolument vrai, il est nôtre.



Le narrateur, intellectuel moscovite, revient de l'Oural par un temps de tempête de neige, et se trouve bloqué dans une petite gare, la nuit, au milieu d'hommes et de femmes modestes, qui se contentent de peu, dorment sur des journaux, restent en tout points résignés. Le narrateur s'en vient à s'interroger amèrement sur la notion d'"homo sovieticus" que l'écrivain Alexandre Zinoviev a fait connaître. Des soldats, une prostituée, et encore l'attente... Il essaie de rester bienveillant, mais finit par voir ces êtres avilis comme un troupeau, gagné lui-même par la fatigue.



Toutefois, il est amené par hasard, dans cette même gare, à faire une curieuse rencontre, celle d'un pianiste secret, un homme assez âgé, qui pleure sur les touches du piano - est-ce à cause de ses mains maladroites, barrées de cicatrices ?

Le narrateur, gêné, doit feindre de n'avoir pas surpris les larmes de l'homme, qui le prend en sympathie et le guide lorsque le train entre enfin en gare, pour réussir à monter dans un vieux wagon, rajouté tout au bout du convoi.

Dans la cabine du train qui file dans la nuit enneigée, allongés sur des couchettes au bois dur, mais enfin partis pour Moscou, l'un écoute et l'autre raconte, d'une voix sourde, son étrange destin...



Il est important de découvrir par soi-même les étapes et aléas de cette vie, qui passe par la guerre et par un changement d'identité ; je dirai simplement que l'histoire personnelle d'un jeune homme est prise, engluée dans l'histoire de son pays, comme en une toile d'araignée, et que la tournure des événements ne facilitera pas sa recherche presqu'inconsciente d'un sens, d'une clé musicale, pour assembler tous ces motifs épars, leur rendre une unité. L'amour aura sa place, à travers plusieurs figures, et ce n'est pas la moindre qualité que le respect ému des femmes dont il témoigne, et la douceur des évocations de l'amour, qu'il soit timide, emprunté, ou concubin, physique.



C'est bel et bien "la musique d'une vie", musique qui atteindra un point culminant tragique, bien qu'il s'agisse d'un moment absolument, purement beau, et remplira son existence au détriment de tout, dans une solitude poignante, par-delà les immensités froides du nord du pays...



L'enchantement est durable, il m'est aussi difficile de sortir de la magie des mots qui m'ont transportée que de choisir un (seul) passage pour témoigner de ce sentiment. En fait, c'est tout le livre que je devrais recopier !
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Au temps du fleuve Amour

Sibérie profonde. Bois, or et l'ombre du camp voisin. Trois jeunes ados s'initient à l'amour. Vieille prostituée de la gare, un amour qui serait resté un peu bestial si Belmondo n'avait pas débarqué, à huit heures de marche, sur l'écran de l'Octobre rouge!



Moments incroyables que la découverte de cet 'Occident' et le mimétisme amusant qu'il inspire.



L'écriture de Makine est superbe, mais j'ai trouvé un peu lourd et redondant ces longues descriptions des étendues neigeuses scintillantes...

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La femme qui attendait

L'écriture est belle, c'est incontestable. Ce roman ne se dévore pas mais se savoure, chaque phrase est ciselée. Je n'ai pour autant pas réussi à entrer en osmose avec Vera, cette "femme qui attendait". Je suis restée étrangère à son histoire et n'ai pas eu cette fascination pour elle comme le narrateur, jeune journaliste qui, venu enquêter sur les coutumes de cette contrée va être jubjugué par cette femme. Il va alors chercher à en savoir plus et découvre qu'elle n'est pas cette pauvre paysanne qui attend follement son amour qui est parti à la guerre depuis 30 ans. Vera est autre et va devenir l'obsession de ce journaliste qui veut en savoir plus et, un brin machiste veut la séduire.

Certains lecteurs parlent d' un envoûtement, la 4ème de couverture quant à elle, dit " De la rencontre avec cette héroïne de" l'extrême frontière ", nous sortirons transfigurés, illuminés par l'intensité de son amour, de sa foi." Je suis loin d'avoir ressenti ces émotions, j'en ressors tout simplement admirative devant la belle plume mais n'ai pas été transportée par l'histoire.
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Le testament français

Que j'aime cet écrivain ! Peut-être est-ce parce que j'ai vécu un peu en Russie et qu'il y a chez lui cette francité et cette russité qui m'ont toujours envoûté ?

- le testament français -, Prix Goncourt ( +lycéens ), Prix Médicis, est un roman autobiographique, auto-fictif où l'on retrouve à peu près tout ce que nous connaissons de la vie de ce jeune académicien.

Son enfance en Sibérie, au coeur de "l'empire" ( URSS ), sa "grand-mère" Charlotte Lemonnier qui va lui donner le goût de la langue française, une double culture... sorte d'hémiplégie identitaire, et ce en traversant à la fois en France et en Russie presqu'un siècle d'histoire.

C'est un très beau livre, écrit avec un esprit slave imprégné de cette francité à laquelle j'ai déjà fait référence, et une des plus belles plumes françaises imbibée de cette russité déjà évoquée.

Une des forces de Makine, dans ce livre comme dans d'autres, c'est de savoir qu'on ne peut vraiment aimer que ce que l'on est capable de bien châtier.

En l'occurrence, c'est, dans ce roman, parfaitement réussi.

PS : j'ai mis 4 étoiles et pas 5... je n'arrive pas à rectifier !
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L'archipel d'une autre vie

Chasse à l’homme au Far East, plus exactement dans la taïga sibérienne, aux confins de l’Extreme Orient russe.

L'histoire débute en 1952, en pleine guerre froide alors que les autorités soviétiques pensent que la 3e guerre mondiale est imminente. Cinq hommes, "chacun représentant un fragment de la Russie", comme le dit Andrei Makine, sont chargés de traquer un fugitif évadé du Goulag.

La traque va prendre un tour inattendu.Le fugitif est très astucieux, vit en symbiose avec la nature.Les poursuivants , tous militaires mais très différents s’en approchent mais, au dernier moment,il disparaît un peu plus loin.Commence un jeu du chat et de la souris en environnement très hostile qui les emmènera jusqu'à l'archipel des Chantars dans la mer d'Okhots.

Le récit de cette traque est en lui-même passionnant mais comme le dit Makine il faut y voir aussi une trame existentielle

Pavel Gartsev , le héros principal, va profondément se remettre en question Plus il s’enfonce en milieu hostile, plus il remet en cause son existence antérieure.Comme si cette poursuite ,qui semble sans fin ,lui révélait le sens de la vie .Il n’était rien .Petit à petit ces certitudes vont disparaître.Qui est il vraiment?Qui est ce fugitif qui apparaît comme le meneur du groupe?Pourquoi le poursuivre?

Gartsev deviendra un homme nouveau qui naît réellement à la vie

C’est vraiment un grand roman russe dans la tradition des chefs-d’œuvre que nous connaissons tous

Cette histoire est vraie.Andrei Makine ,né en Sibérie, francophone dès l’enfance,réfugié politique en France au 30 ans, naturalisé français bien tard après son prix Goncourt pour le Testament Français ,académicien, a réellement rencontré Pavel Gartsev

Il nous nous fait vivre dans sa Sibérie natale une incroyable aventure qui dépasse, de loin , le simple récit d’une traque sur fond de Goulag

Un beau livre magnifiquement écrit, un grand livre
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L'archipel d'une autre vie

J'ai lu il y a bien longtemps Le testament français et je me rappelle encore combien j'avais aimé. C'est donc avec beaucoup d'attentes que j'ai ouvert ce livre de Makine, et je ne regrette aucunement ma lecture. Autant le sujet est rude, difficile, hostile, comme cette taïga qui donne le décor à l'histoire, autant la plume de Makine vient donner de la poésie à ce récit poignant. J'ai aimé, non, j'ai ADORÉ ! Ce livre est dur, mais fantastique, horrible, mais beau. J'ai tout aimé. Vraiment ! Je me demande encore pourquoi je n'ai jamais lu d'autres livres de cet auteur, parce que son écriture est juste magnifique, confortable et enveloppante.
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La femme qui attendait

« Entre ces deux temps de sa vie, entre sa promesse juvénile et l'avenir que ce vœu avait anéanti, je tentais de retrouver le jour où tout avait basculé... »



« En fait, toutes les femmes attendent, comme elle, durant toute leur vie, formulai-je avec maladresse. » Eh bien Monsieur le Lettré, ce n'est certainement pas la seule fois où vous avez été maladroit ! Bien la peine de croire tout savoir pour finalement être tant à côté de la plaque. Je ris de vous voir faire autant de pirouettes en si peu de jours. Mais cela vous allait bien, à vouloir tout comprendre... rien, vous passiez à côté de tout. Tout comme vous étiez bien triste à regarder ces grains de beauté qui vous filaient sous les doigts, entouré d'intellectuels dissidents qui étaient plus en rupture avec eux-mêmes qu'avec un régime ou une ligne artistique.



Le respect, il vient de Véra et de ces vielles femmes regroupées à Mirnoïé, sans attente particulière mais dans la chaleur des cœurs. Il vient de ces petites gens agglutinées dans un bus à six heures du matin, regardant des phalanges qui manquent et qui malgré tout arrivent à tenir un journal avec les doigts restants, et quand bien même ce journal n'élève pas la pensée mais l'engourdit, ces gens ne vous jugent pas, eux. Le respect, il vient aussi de l'attitude de Otar, fort en bouche mais honnête et respectueux, « il refusait de comprendre cette femme et qu'en même temps, en vrai montagnard, il éprouvait pour cette attente le respect presque sacré qu'on doit à un vœu, à un serment... »



Véra l'attend depuis trente ans son amour. Que pourriez-vous y comprendre ? Voilà le personnage qui m'est apparu particulièrement énervant. Un défaut de la jeunesse ? Peut-être... Il est plus jeune que Véra quand ils se rencontrent au milieu des années 70 près de la mer Blanche et veut comprendre son attente, la mettre dans des cases. Mais il manque de maturité selon moi.



J'ai adoré ce roman pour l'ambiance qui transpire des brumes grises et des neiges blanches, de la buée qui s'échappe des isbas près du lac, de la retenue dans l'écriture et de la sensualité fine et belle que l'auteur décrit sous les bleus de la lune par une nuit froide. Ce n'est pas une écriture facile, les premières pages demandent une résistance. Mais passé ce cap, c'est un pur régal dès qu'on a pris le rythme de la prose d'Andreï Makine. Le temps est suspendu, l'attente commence.



« L'idée que cette femme vivait ce qui ne nous est donné à vivre qu'après la mort dota soudain sa vie que j'avais jugée si absurde d'un sens obscur. »
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Au temps du fleuve Amour

Le plus russe des auteurs français, prix Goncourt et prix Médicis 1995 pour Le testament français, fait entendre dans notre langue magnifiée l'imaginaire d'une enfance russe. Evidemment pour ces trois copains, Juan, Samouraï et Outkine, l’amour et les femmes fantasmées arrivent en premier dans leurs préoccupations. En toile de fond, surgit l’image de ce grand balancier de l’histoire qui broie l’homme et la femme russes (celles-ci sont très présentes dans les romans de Makine et il y a toujours une femme qui attend un homme qui ne reviendra jamais, disparu sans laisser de trace).



Juan raconte. Il est présenté comme le beau garçon qui aura du succès auprès des femmes. Le livre commence par un récit qu’il envoie à la demande d’Outkine, devenu écrivain à New-York, afin de fournir la matière qui lui fait défaut. Suite à un accident dans le fleuve glacé Outkine a une jambe mutilée et une épaule déformée. Le troisième est Samouraï, « Malgré ses allures de caïd villageois, il était un être assez sensible. »



Ces trois garçons ne parlent pas de leurs parents. La mère d'Outkine est évoquée mais il n’est pas question du père. Samouraï vit avec la vieille Olga qui leur lit des romans en français et leur parle de littérature, son surnom lui va bien car, après une agression, il n’a de cesse de cultiver son corps, sa force afin de se défendre. Pas d’autres parents... Est-ce que Andreï Makine évoque ses parents et l’orphelin qu’il a été à travers la narration de Juan ?



Je relis ce livre d’initiation et il me fait encore rêver. Avec les années, d’autres aspects jaillissent que je n’avais pas vus ou qui prennent une nouvelle signification au vu des évènements actuels. Je trouve le titre sublime avec le fleuve Amour, dans ces contrées proches de l’Extrême-Orient. Au temps du fleuve Amour, aux couleurs d’un passé fantasmé, jeunesse irrémédiablement perdue, avec ses baignades dans le fleuve gelé, son soleil qui réchauffe les corps juvéniles « ... dans un étrange univers sans femmes. », avec l’écriture magnifique de cet auteur qui lui a valu une reconnaissance rapide en France.



J’adore les passages de bains et de sauna dans l’isba près du fleuve. L’écriture de Makine déploie toute sa beauté, sa poésie, ses images. Cela commence ainsi : « Nous avons pris l’habitude, cet hiver-là, d’aller aux bains ensemble, Samouraï et moi... » Juan, 14 ans à l’époque, raconte les bains dans l’isba abandonnée, le poêle chauffant la pièce de rondins, l’eau sur les pierres, la vapeur : « Samouraï puisait une louche et aspergeait les cailloux. Un sifflement coléreux était un bon signe. »



Dans une deuxième partie, les trois amis découvrent l’Occident à travers les films de Belmondo. On sent dans ce livre l’isolement de ces contrées, le rêve transporté par le transsibérien, image de la fascination pour l’Occident, un eldorado perdu. J’ai choisi ce roman, écrit en 1994, juste avant Le testament français, pour ce qu’il révèle de l’auteur et pour les thèmes qui hanteront toute l’œuvre de Makine.



La fascination apparaît démesurée, dit quelque chose du grand balancier, de son lot de tragédies, de morts innocents. Des femmes attendront encore sur les quais de gares des retours impossibles.



Andreï Makine est membre de l’Académie française depuis 2016. Il est né en 1957 à Krasnoïarsk en Sibérie. Il a passé son enfance et son adolescence dans un orphelinat (parents disparus ?). Selon wikipedia, dès l'âge de quatre ans, il devient bilingue grâce à une vieille dame française qui s'occupe de lui ; elle est nommée Charlotte Lemonnier et présentée comme la grand-mère du narrateur dans le roman d’autofiction Le Testament français. Selon de nombreuses autres sources on peut lire que c’est sa grand-mère d’origine française qui l’initie à la littérature. C’est un élève brillant qui a étudié le français depuis l’école primaire. Boursier, il rédige une thèse de doctorat sur la littérature française à l’Université de Moscou. En 1987, un poste d’assistant de russe dans un lycée parisien l’amène en France, où il restera clandestinement. Son œuvre est polyphonique. S’il se dévoile dans ses romans, c’est par petites touches, bien caché derrière des personnages composites. Il reste à l’écart du monde littéraire et passe peu dans les médias. Il faut revoir son passage à La grande librairie pour son livre Au-delà des frontières. Il prend les commandes du show médiatique devant un François Busnel décontenancé. Il est sorti dernièrement de sa réserve pour parler de la guerre d’Ukraine, avec une certaine confusion et beaucoup de déchirement, lui qui exprime à travers ses livres un désir cosmopolite d'une Europe des lettres, de la culture et de la paix.



Quand il daigne répondre aux questions, il renvoie à ses livres censés tout dire mais les masques entourent le lecteur qui ne sait lequel est le plus fidèle à l’écrivain. On est dans le mentir vrai d’Aragon. Il donne ainsi de nombreuses pistes de réflexion à la place de certitudes que le grand balancier de l’histoire a balayées. Le roman c’est cela, ouvrir les possibles, permettre au lecteur de se faire sa propre opinion, loin d’une argumentation conduisant à une conclusion unique, définitive. Oh, il s’y est bien essayé au moins une fois avec un essai étonnant Cette France qu’on oublie d’aimer, essai désolant pour moi tellement il est loin de la qualité de son œuvre romanesque. Un masque de plus ajouté ou bien retiré. Je ne sais toujours pas alors que les livres de cet auteur singulier peuplent une petite étagère de ma bibliothèque, fasciné que je suis par ces contrées lointaines, par ce balancier de l’histoire, par ces femmes attendant des hommes qui ne reviendront jamais... Je conseille de lire ce roman, pour les images et réflexions qu'il suscite, à hauteur de ces jeunes épris de rêves et pour la belle écriture d'Andreï Makine.



Avez-vous lu des romans de cet auteur ? Ressentez-vous comme moi son côté énigmatique ?




Lien : https://clesbibliofeel.blog
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L'ami arménien

Ce dernier roman de Makine, très certainement inspiré d'une expérience autobiographique, a su me toucher. Il ne présente pas le côté un peu intellectuel et moralisateur qui m'a agacé parfois chez cet auteur et qui me retient de me précipiter sur ses dernières parutions.

Le roman, très intimiste est en même temps empreint de retenue, de pudeur qui nous tient à distance d'une mièvrerie et d'un sentimentalisme facile. J'y ai retrouvé la simplicité de l'auteur à ses débuts, celui du Testament français et de la Confession d'un porte-drapeau déchu, de ces livres qui ont valeur de témoignage de la vie en Union Soviétique, d'une société qui, en dépit de contraintes et de souffrances difficiles à imaginer, semble inspirer à l'auteur une certaine nostalgie. Il s'agit sans doute de la nostalgie de l'enfance qui, même si elle n'a pas été particulièrement protégée, abrite la possibilité de l'amitié désintéressée; mais j'y vois aussi la nostalgie d'une solidarité humaine qui, avec la souffrance collective, semble avoir disparu. En lisant ce roman j'avais l'impression que l'auteur s'adressait à moi, personnellement, qu'il me contait un épisode de sa vie qu'il avait jusque là gardé secret peut-être parce qu'il lui en restait une espèce de malaise voire de culpabilité de n'avoir su cultiver cette amitié...

En guise de conclusion, Je dirais qu'il s'agit d'un roman d'un écriture soignée, facile à lire et tout à fait recommandable pour des lecteurs de tout âge et d'intérêts variés.
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L'ami arménien

AndreÏ Makine puise dans ses souvenirs d’orphelin russe pour évoquer son amitié d’adolescent avec un étrange garçon à la personnalité lumineuse, et à la santé fragile.

Comme souvent, l'auteur met en lumière les maltraités de la société soviétique, pour leur origine et/ou leur pauvreté.

La communauté arménienne, exilée en Sibérie pour dissidence, offre des pages d’apprentissage au jeune garçon, lui apportant compréhension à la notion de famille, en opposition à la dureté de l’orphelinat, l’instruisant sur le déracinement et le fatalisme.



L’Histoire d’un peuple martyrisé se raconte à demi-mots, avec ce ton narratif apaisé et simple, ce détachement presque poétique que l’auteur sait mettre dans le parcours de ses personnages.

Ce dernier roman est une œuvre de mémoire face à la cruauté de l’Histoire, interrogeant l’oubli et le poids du quotidien qui enterrent les souvenirs. L’auteur semble avoir atteint l’âge de la nostalgie et de l’humanisme.



Plus que le propos littéraire, c’est bien la musicalité de l’écriture qui continue à me charmer de livre en livre. Ainsi que cette capacité à réinventer son vécu lointain à travers les romans, avec une manifeste tendresse pour les petits gens du pays d’origine.



Un joli coup de cœur.

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L'archipel d'une autre vie

Ce roman, est une suite de longues traques à travers la taïga, dans l’immensité de l’Extrême Orient soviétique, partie asiatique de la Russie.

Le narrateur, c'est sans nul doute, Andreï Sergueïevitch Makine, un adolescent de quatorze ans, orphelin, né de parents bannis par le régime, est envoyé en stage d’initiation de géodésie (étude de la forme et la mesure des dimensions de la terre). Intrigué par un homme singulier, la quarantaine, il va l’épier, le suivre, mais le jeune chasseur est rapidement démasqué et l’homme, Pavel Gartsev, va lui dévoiler son histoire . Elle débute vingt ans plus tôt, au début de la décennie cinquante, sous Staline. C’est le début de la Guerre froide. Les Soviets, redoutant la Troisième Guerre mondiale, se préparent comme ils peuvent, avec de pauvres moyens, à une nouvelle catastrophe nucléaire dans la partie asiatique de la Russie . Pavel qui a fait des études de philosophie, fait partie de ces jeunes recrus pour expérimenter ce programme fou, inhumain. Pavel est la tête de turc de ses supérieurs le sous-lieutenant Ratinsky et le capitaine Louskass.

Pourtant (et à cause de cela), Pavel va faire partie de la patrouille composée de Ratinsky, Louskass, Boutov, Vassine et son molosse Almaz. Leur mission : mettre la main sur un criminel armé qui vient de s’évader du goulag, un certain Lindhom ou Lundholm, espion ? nazi ? Une longue marche commence, dans un paysage hostile, semé d’embûches… Le traqué est intelligent, déjoue avec finesse les traquenards. Les poursuivants vont finir par découvrir, stupéfaits, qui il est.

Un magnifique roman, puissant, tour à tour, thriller, fable philosophique , politique, existentielle, documentaire écologique, qui met en exergue la nature humaine , ici, barbare, désespérée , fragile mais où la part d’humanité reprend place dans une autre vie, par une renaissance, avec peu, bien peu, mais dans la vérité et l’amour, au milieu d’une nature complice et donc amie .

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L'archipel d'une autre vie

« À cet instant de ma jeunesse, le verbe « vivre » a changé de sens. Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des Chantars. Pour toutes les autres manières d’apparaître ici-bas, « exister » allait me suffire. »

Si vous aussi voulez connaître le sens du verbe "vivre" n'hésitez pas , partez vite pour Tougour petit village à l'extrême Est de la Sibérie. Pavel Gartsev vous y attend il vous racontera comment un soir de juin 1952 il est rentré chez lui au mauvais moment , comment quelques jours plus tard , réserviste il s'est retrouvé à des milliers de kilomètres de Léningrad en cantonnement dans la Taïga extrême -orientale Le but de ces manœuvres voir comment l'armée russe pourrait résister à une troisième guerre mondiale.

Comment il a du participer à une chasse à l'homme , un prisonnier a réussi à s'échapper du camp . Sous les ordres d'officiers imbus de leur pouvoir, pétrifiés à l'idée de décevoir il va devoir "assumer". Staline est toujours vivant...

Un roman sur l'homme, sur les choix qui peuvent s'offrir à lui . Quand des individus se retrouvent dans un huis -clos en pleine forêt à traquer un fugitif, les personnalités se dévoilent, les caractères s'affirment. Un roman aussi sur une région chère à l'auteur.La nature omniprésente,la taïga, ses forêts , ses cours d'eau sont au cœur du récit.

Vous l'aurez compris un roman fort , puissant, qui ne peut laisser indifférent porté par la superbe plume d'Andreï Makine .A découvrir toutes affaires cessantes ...
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L'ancien calendrier d'un amour

La rencontre fortuite dans un cimetière de Nice du narrateur avec un vieil homme fatigué ouvre grand la porte à un récit concis de la vie de cet homme, Valdas né à la fin du XIX eme siècle en Russie sous le règne de son dernier tsar.



Si les premières années de Valdas se déroulent dans la nonchalance d'une famille aisée avec chaque année des séjours en Crimée qui l'auront marqué par leur opulence , la liberté feinte ou pas des adultes et par le rayonnement de sa jeune belle-mère , c'est aussi pour l'adolescent la découverte d'un monde clandestin et la rencontre avec Taïa, une jeune femme contrebandière qui va graver son nom dans le cœur du garçon.



Bien sûr, Valdas va être transporté dans le tourbillon de l'Histoire mouvementée de la Russie qui ne l'épargnera pas et comme beaucoup de ses compatriotes après avoir été soldat dans l'Armée Blanche, il émigre en France .

Andreï Makine a l'art de conter une vie riche en événements en si peu de pages sans que le lecteur ait une impression de survol.



Le choix du titre avec ce que représente cet ancien calendrier julien abandonné au profit du calendrier grégorien en 1918 par les bolchéviques représente aussi en même temps que la perte de 13 jours , la perte de l'enfance, de l'insouciance et de l'amour , un deuil qui va poursuivre Valdas toute son existence .



Beau roman servi par l'écriture admirable comme d'habitude d'Andreï Makine
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L'ami arménien

Un détour à ne pas manquer.

Difficile d'échapper à la magie de ce roman, l'Ami Arménien, ce trésor de la littérature nous trace l'amitié de deux adolescents. Le narrateur pensionnaire dans un orphelinat de Sibérie, s'attache à Vardan cet élève étrange et maladif devenu au fil des mois le souffre douleur de sa classe.



Andréï Makine révèle peu à peu une réalité bien plus sombre, celle d'une petite communauté arménienne cruellement atteinte par les soupçons avancés par l'état soviétique. Par petites touches on comprend qu'une autre réalité a fracassé l' histoire de Vardan. On se doute alors que le génocide est encore omniprésent.



La communauté arméniennes est venue accompagner leurs proches emprisonnés en ce lieu, à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal. Ce lieu appelé du « Bout du diable », où vivent Chamiram la mère de Vardan, Gulizar la sœur de Vardan, belle comme une princesse, et Sarven le vieux sage de la communauté…

Ce lieu c'est aussi le quartier des marginaux.



Deux photos de familles arméniennes posées à l'entrée de leur maison, ravivent de pages en pages des souvenir douloureux.



Pourtant dans ces espaces si hostiles, la ferveur, la solidarité et l'amitié vont l'emporter, Vardan protégé par son garde du corps, va savoir exprimer et nous faire partager une émotion intense et même imaginer un fol espoir.

Porteur de la maladie arménienne, entre l'immense mélancolie et un corps devenu trop fragile, Vardan nous porte comme dans un conte. Il nous accompagne vers un monde qu'il sait imaginer, où par exemple capter les oiseaux migrateurs et où il trans figure ses rêves les plus fous. Ronine le professeur de Vardan, lui même est touché par l'énergie de ces jeunes arméniens.



La légèreté de la voix de ces deux compagnons est clairement une réponse à la barbarie. Le récit de Makine est un ode à l'amour, et à la fraternité.



Ce magnifique roman et ces personnages hauts en couleurs vous bouleverseront par leur humanité et leur simplicité.



"C'est à cet âge que je compris à quel point la souriante platitude de l'adage »La vie continue »,pouvait être insolemment impitoyable", écrit Makine page195.







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L'ami arménien

Identité.

Amitié.



Programme vaste et sentiments universels traités ici en 200 pages seulement en amenant une superbe morale de fin.

Sauf qu'entre temps je n'ai pas réussi à être entièrement passionnée par la plume d'Andreï Makine. Il me donne l'impression d'user d'un rétrécissement du champ de vision pour se concentrer sur un seul sujet durant une courte période de sa vie. Ça me laisse une impression de flou, d'imprécision, de manquement.



Fait assez surpenant étant donné qu'il y a des gens aux goûts très sûrs à mes yeux sur Babelio qui apprécient profondement cet auteur. C'est pourtant le deuxième livre que je lis de lui et c'est la deuxième fois que je ne suis pas repue du sujet traité en tournant la dernière page. Problème de longueur d'onde ou manque d'appétence pour ce genre de plume, que voulez-vous, tout ne se passe pas toujours comme prévu.
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L'ami arménien

Entre deux Zola, un détour par un ouvrage qui doit retourner en médiathèque avant de prendre le chemin d'un autre foyer ...

Une découverte d'un auteur connu de nom, mais dont je n'avais pas encore lu d'ouvrage. Et le moins qu'on puisse dire est que je ne regrette pas.

Une très belle langue où Andreï Makine, en peu de mots, parvient à peindre une atmosphère, à dépeindre un lieu, à faire sentir les liens qui se tissent entre les personnages.

Quelque part en Sibérie, en Russie soviétique. Deux adolescents, l'un orphelin, l'autre arménien, exilé volontaire avec quelques autres pour accompagner ceux des leurs qui attendent leur procès et leur condamnation à venir pour une tentative supposée de sédition.

Dans le "royaume d'Arménie" ainsi créé, Makine dresse tout à la fois le portrait de l'absence, dessine la quête d'identité des deux adolescents, propose en creux et avec délicatesse un récit du génocide arménien de 1915, s'interroge sur le sens de la vie, son absurdité comme ses possibles ... une réflexion aussi sur le temps ...

Une belle lecture, au coin du feu avec un thé bien chaud ... une lecture d'hiver qui m'aura transporté loin, là-bas, dans le "Royaume d'Arménie".
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