AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Andreï Makine (964)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La femme qui attendait

La femme qui attendait, c'est moi, ou plutôt, c'était moi. Parce que j'ai pas attendu bien longtemps au final avant de craquer sur ce livre. J'ai été tellement emportée par son Archipel d'une autre vie (où un petit bout de moi est resté prisonnier dans la glace) et que j'avais envie de retrouver Andreï Makine sans plus tarder. Normalement j'attends un peu entre deux livres du même auteur mais parfois c'est bien de changer ses habitudes.



Makine, Makine, mais qu'est ce que j'aime donc tant chez lui ? Je l'aime parce que c'est un prêtre du silence. Je l'aime parce que c'est un peintre de l'éphémère. Je l'aime parce que c'est un magicien de la lumière. Voilà, pourquoi je l'aime. Ça peut sembler excessif tout ça, j'admets que c'est pas trop mon style habituel ce genre de déclarations mais puisque je sais pourquoi je l'aime, autant le dire, non ? Parfois on ne sait pas pourquoi on aime, là c'est plus compliqué, donc pour une fois que c'est simple, j'en profite. En fait, Makine a su parler à mon “âme slave”, cette chose mystérieuse qui peut rester tapie dans l'ombre pendant des années et resurgir d'un coup pour se répandre dans toutes les fibres de l'être (voire du néant si jamais on a un trou dans son être). Et l'âme slave, c'est quoi ? C'est ce qui peut te faire pleurer juste en entendant un violon, ce qui fait que tu sais sans l'ombre d'un doute que les plus désespérés sont les chants les plus beaux (et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots comme le dit si bien Musset qui n'est pas slave mais vraiment romantique ce qui parfois revient au même), dans un autre registre c'est aussi ce qui fait que tu sais quand tu veux boire beaucoup de vodka que c'est bien de manger quelques śledzie entre deux verres, ce qui fait qu'un de tes rêves ultimes c'est de te retirer dans ta petite isba à moitié ensevelie sous la neige avec un samovar plein de thé et une cargaison de livres. Bref, y'a des détails qui ne trompent pas ;)



Moi je dis slave parce que je suis demi-polonaise, y'en a d'autres qui parlent d'âme russe mais je ne suis pas d'accord : c'est pas parce que la Russie est si grande qu'elle a le monopole de l'âme. Alors pour ce livre, ok on va dire russe car La femme qui attendait attendait en Russie. A Mirnoïé, sur les bords de la mer Blanche plus précisément. Rien que ce nom, Mirnoïé, ça me fait triper, pas vous ? C'est tellement beau, je n'ai pas réussi à savoir si ça existait vraiment ou non, dommage, tant pis, un jour j'irai me perdre (ou attendre moi aussi ? va savoir...) auprès des mers du Grand Nord Russe, pourquoi pas du côté des îles Solovski…



Donc voilà, maintenant que les choses sont posées, parlons peu, mais parlons bien. Moi aussi j'ai envie de me plonger dans la lente transfusion des froissements et des silences, moi aussi je veux entendre la glace se rompre avec une sonorité de clavecin et son écho se fondre dans la luminosité de l'air en se mêlant à la plainte répétée d'un loriot, à la senteur d'un feu de bois, une odeur d'écorce brûlée dans la fraîcheur amère des joncs et de l'argile humide de la berge ; moi aussi - dans le silence décanté de minuit - j'ai envie d'entendre se détacher un bruit mat, le claquement d'une porte au loin (une porte, sa porte, ta porte…), je veux voir comment la lune embusquée sous un bleu laiteux fige les maisons et les arbres dans un guet soupçonneux, phosphorescent…(rhâââ oui je veux je veux je veux !!)



ChuUuut maintenant il faut parler tout bas… Ça y est ? Vous y êtes ? Moi j'y suis tellement que je n'en reviens pas… “La beauté de cet instant allait tout simplement devenir notre vie” … putain mais c'est à quel moment que je me mets à chialer ? Mais là, maintenant, tout de suite, pourquoi attendre, Makine m'a tué. Ce mec est celui sur terre qui sait le mieux me faire comprendre le sens du mot “décantation” (et ça fait deux fois qu'il me fait le coup, comment on se remet de ça ? Ben c'est simple, on ne s'en remet pas.)



Donc dans ce livre, il y a tout ça, cette immersion profonde et totale dans ces paysage, dans cette nuit tiède, ce répit avant le déferlement de l'hiver. Il y a tout ça (et c'est déjà beaucoup) et il y a aussi Véra. Alors là, comment dire ? J'ai adoré le personnage de cette femme qui attend, elle a percuté un truc quelque part, Véra c'est moi. Je connais déjà le sens du mot attendre, je peux même dire que je sais apprécier le charme douloureux de l'attente, j'aime quand ce n'est pas facile à aimer, c'est mystique, irrationnel, ça respire la fatalité et la nostalgie, la démesure et l'abattement. On n'a pas le choix parfois, il faut être jusqu'au-boutiste dans son entêtement … et advienne que pourra !

Attendre ça vient d'un mot latin qui veut dire “prêter attention” et je trouve que c'est très juste, quand on attend finalement on a le temps de prêter attention à tout un tas de petites choses qui passeraient inaperçues autrement et qui finalement sont peut-être les plus essentielles (les frôlements, les craquements, les petites lueurs, les odeurs diffuses, toutes ces petites émanations de la vie…)



...Nan mais quelle poète je suis hein !?! Sérieux, je m'épate, mais c'est parce que dans le fond, je reste persuadée d'un truc : c'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. C'est pas Makine qui le dit mais Edmond Rostand et ça ne change rien, ce que j'aime c'est ce concept d'espoir dans le désespoir, l'espoir que l'attente ne sera pas vaine. D'ailleurs il vaut mieux se dire ça, parce que sinon, bah sinon... c'est vraiment les grosses boules.



Je resterai donc encore la femme qui attend.
Lien : https://tracesdelire.blogspo..
Commenter  J’apprécie          428
L'archipel d'une autre vie

Quel roman, mon premier de cet auteur et ce fut une entrée fracassante ! Je suis conquise par son style de toute beauté, il a le don de nous émerveiller et nous emporter loin vers des contrées si peu contées, mais aussi vers des pensées où tout est à refaire. Beaucoup d'impressions à la lecture de ce livre, tant le plaisir de lire, mais la découverte d'un pays avec ses absurdités, et tout un panel de réflexion sur cette espèce humaine, la vie, la planète etc... ce fut réellement une très belle découverte que cet archipel d'une autre vie. On s'y plonge totalement avec beaucoup de mal d'en ressortir, tant on est subjugué par cette plume formidable, teintée de poésie, fluide et limpide.

Et puis toute cette histoire de chasse à l'homme, qui remet en compte toute une conscience, une remise en cause de sa liberté etc...vraiment c'est à découvrir, et il me tarde de lire d'autres livres de M. Makine.

Un grand merci au club de lecture de Babelio d'avoir mis en avant ce livre et cet auteur.
Commenter  J’apprécie          423
L'archipel d'une autre vie

La suite de ma redécouverte d’Andreï Makine, dont je me prends à tant regretter de l’avoir oublié, de ne pas l’avoir suivi depuis ma lecture marquante du Testament français en 1995.

Mais mieux vaut tard que jamais, merci infiniment aux babeliotes qui m’ont remis sur son chemin.



Ce roman, je l’ai lu d’une traite, emporté par son histoire, la fluidité du récit, et la beauté des images, même si certaines sont cruelles.



Makine utilise, comme dans La musique d’une vie le procédé du récit enchâssé, mais cette fois c’est plus complexe, le récit enchâssé aura une influence sur la vie du narrateur, sera suivie d’une quête, et se terminera par une merveilleuse fin sous forme du mythe de l’éternel retour.



Le narrateur, un orphelin dont les parents sont morts au Goulag, rencontre, dans les années 1970, au sein l'Extrême Orient russe, un homme bien plus âgé que lui, une sorte de nomade, Pavel, qui va lui raconter son histoire.



Une existence d’abord de militaire, dans laquelle il mène une vie d’une extrême dureté, en butte aux vexations, brimades, châtiments.

Et puis, il est embarqué dans la traque d’un prisonnier échappé des camps.

Le récit de cette traque dans la taïga sibérienne est haletant, absolument magnifique. Le lecteur est plongé, comme s’il y était, dans cette poursuite au sein d’un monde rude, plein de bêtes menaçantes, ours, loups, une nature belle et hostile, qu’il faut accepter telle qu’elle est, avec laquelle on ne triche pas

La suite du récit de Pavel, je ne vous la raconte pas, elle prend la forme d’une rencontre initiatique si belle et si profonde qu’elle nous émeut, et nous fait voir la possibilité de « l’archipel d’une autre vie ».

Et ce récit va changer la vie du narrateur.



Oui, par delà la brutalité d’un système totalitaire, ses mensonges, sa fabrication du réel, par delà la méchanceté et la malfaisance des humains, une autre vie est possible, autre que dans la haine, la violence, la destruction de la nature.

Dans l’amour des autres, la sobriété des besoins, le respect de l’environnement.

Ce récit a quelque chose d’initiatique absolument bouleversant, et, en écrivant ces lignes, je sens qu’il m’habite encore.



Et puis, bien que je n’aime pas le terme, il délivre un message qui va bien au-delà d’un message écologique, celui que le véritable sens de la vie, c’est l’amour du monde dans toutes ses composantes.

















Commenter  J’apprécie          419
L'archipel d'une autre vie

Andréï Makine nous ouvre l'espace sibérien à l'image d'un Sylvain Tesson, avec l'Archipel d'une autre Vie, nous voilà plongés dans les forêts de Sibérie, hostiles et fascinantes ou les conditions de vie dépassent souvent la ligne de l'impossible.



Les paysages sont d'une grande splendeur et la vie de trappeur de ces hommes, une exploration en profondeur de ces espaces où prospère une faune sauvage.





Ces pages m'ont ramené à certains épisodes de mes années de scoutisme, quand notre chef nous faisait marcher à travers les forêts de la chartreuse, pendant deux à quatre jours, à gravir les cols, puis redescendre à toute allure. Certaines marches se faisaient de nuit à la boussole !



Le résultat fut connu, et affiché dans le Dauphiné Libéré, "Un chef scout inconscient", puis "un jeune scout restait introuvable, au troisième jour d'une marche alpestre", la gendarmerie était appelée à notre secours.



La suite c'est un peu le scénario qui va suivre, sauf que notre fugitif ne l'avait pas cherché, et qu'il était un pur novice de la survie.



Une équipe de l'armée russe part à la recherche de Lundholm, l'homme aux multiples visages, un homme insaisissable, un détenu qui s'est fait la belle d'un goulag à l'écart de toute zone habitable.



Sa traque déclenchée, l'équipe sous la conduite du commandant Boutov, est désignée,

Pavel Gartsev, en sera la pièce centrale.





Sont-ils tous sur la même longueur, la même compréhension de la mission, prêts à jouer la carte du groupe, ou bien à la recherche d'un acte qui ouvrira une prochaine promotion.



Cette traque, est admirablement conduite, tous les incidents que l'on pouvait imaginer se produisent, mais bien plus encore, certains réveillant les plus mauvaises habitudes, les plus ignobles actes du passé.



Quel équipée vraiment ! On perçoit très vite que le fuyard est un être aguerri, vigilant, observateur, intelligent, discret, toutes ces qualités ne sont-elles pas indispensables, pour survivre à un contre cinq.





Des événements viendront déboussoler cette équipe trempée aux meilleurs breuvages de l'armée russe, Vodka, Kalachnikov, dotée d'une inconscience innée du danger, et de caractères aussi mouvants que les marées d'équinoxes.





Bravo cher académicien, vous pouvez revenir avec un nouveau plat de cette texture, nous le goûterons d'autant mieux, que les méandres de la rivière Amgoun nous a livré quelques uns de ses secrets.



la fin est digne des romans "Nature" américains, qui sont des hymnes à la nature sauvage, à tous ceux qui résistent aux progrès, qui savent s'intégrer à la beauté des paysages, malgré les tempêtes, les glissements de terrain ou les naufrages..

Un magnifique moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          416
Une femme aimée

Un roman dont les facettes sont multiples servi par une écriture magnifique.



C'est, en première approche, le destin de Catherine la Grande qui semble être le prétexte du livre. Erdmann, un cinéaste Russe qui vit d'expédients à la fin de l'ère Brejnévienne, cherche à révéler la fêlure intime qui sous-endait l'appétit sexuel démesuré qui marquait le comportement scabreux de l'Impératrice. Un comportement qui finit utilement par masquer aux yeux de nombre de ses compatriotes son bilan politique considérable et sa philosophie éclairée, voire républicaine. C'est une belle plongée dans l'Europe du XVIIIième siècle, le Siècle des Lumières. Un siècle raffiné fait de contrastes violents et de personnages épiques. C'est aussi l'histoire d'une Russie dont la grandeur se révèle.



Makine se sert du scénario d'Erdmann et des évolutions multiples qu'il doit subir, au risque de trahir l'intention pure de son auteur, pour décrire les vicissitudes de la vie quotidienne des Russes en Union Soviétique (la censure, les appartement collectifs, la gérontocratie, les combines...) puis celle des folles années 90 où toutes les digues furent rompues conduisant aux excès les plus fous.



C'est enfin une réflexion sur l'identité, la condition de la femme et la vacuité de l'Histoire qui confine au vaudeville dont l'homme ne peut s'extraire, ne peut trouver sa vraie liberté qu'à travers l'amour...Ce que la Grande Catherine ne connut que très brièvement et qui aurait pu changer du tout au tout son destin. Un secret après lequel Erdmann court et qui le conduira à sa propre liberté.
Commenter  J’apprécie          401
La fille d'un héros de l'Union soviétique

Sombres naïvetés ou admiration idéologique ? Cette fille, Olia, croit à la toute puissance de son système politique et à sa mansuétude. Son père - « ce héros de l'Union soviétique » - lui lentement ne semble plus croire à rien. Ni comment faire pour croire. Lui dont les traces d’héroïsme s'effacent avec le temps qui passe et s’estompent dans la tête des jeunes soviétiques. Il a combattu vaillamment ; il s'est conduit en homme honorable et fier pour sa patrie, pour sa famille, pour la mémoire. Maintenant il bat le pavé assourdi par l'alcool ; elle le réchauffe, le fait oublier et l'enfouit dans un manteau de honte. Mais qu'importe puisque ses médailles n'ont plus l'éclat des jours glorieux. L’Union soviétique acclame d'autres soldats : la guerre d’Afghanistan fait rage. Lui, vieillit, est proche de la misère et de la révolte. Il est dépassé par l'époque. Il se sent surtout bafoué, humilié comme le plus misérable moujik. Sa fille accueille vaillamment des hommes d'affaires occidentaux dans un lit d'une chambre d'hôtel pour leur voler des secrets industriels et économiques. C'est une espionne en nuisette qui rêve d'un mariage avec un diplomate pour aller vivre ailleurs : à Paris, Londres... Elle se dégoûte un peu, mais pas trop. Le Parti a besoin d'elle et saura la récompenser. Elle aussi est un brave petit soldat qui parfois vacille sur ses jambes. En fait, c'est une vie banale, morne et hiérarchisée. Cette jeune fille est une poupée de chiffon qui aimerait se vêtir de soie, mais le temps passe, le temps presse et alors ?

Cette histoire simple et assez courte prend des allures d'épopée majestueuse, de conte amer et glacé. Je n'emploierai que l'adjectif « beau » pour ne pas inonder ces lignes de tous les synonymes qui me viennent à l'esprit quand je pense à l'écriture d'Andreï Makine. Et ce mot est à la fois juste et insuffisant. Se détache du récit une prose désespérée, réaliste où couve des gemmes poétiques ; un lyrisme contenu et poignant. Une flamme littéraire.
Commenter  J’apprécie          402
L'archipel d'une autre vie

Premier Makine. le personnage m'intriguait. L'auteur m'a emportée. J'aime Les icebergs de le Clézio, j'aime la voix d'olivier Rollin posée sur les îles Solovki, j'aime la folie et l'ivresse de Tesson, et la poésie brûlante de Vyssotski, les visions de Boulgakov, la passion de Rilke, j'aime l'idée d'un bout du monde lointain, extrêmement lointain , assez lointain pour en repousser la fin.

J'aime les légendes, les îles, j'aime Brel et beaucoup les arbres bleus de Gauguin. J'aime ceux qui partent, ce qui offrent leur partir, ceux qui vous ouvrent des chapitres lorsque l'on referme leur livre. J'aime les archipels et j'aime Glissant. Ce n'est pas une question de climat, mais plutôt de lumière.

Pas une question de degré non plus. L'espace ne connaît ni latitude ni longitude, il ne reconnaît que l'attitude. J'aime qu'on dise la poésie des hommes parce qu'on l'a entendue, regardée, touchée, devinée. J'aime qu'on la fasse vivre. Et j'aime croire que l'acte du Vivre est la seule raison qui puisse porter très loin la barque des hommes. J'aime voir une possibilité briser la nuque du désespoir. C'est la seule sauvagerie que je veux admettre.

J'aime à présent l'archipel des Chantars et la légende d'Elkan et de Gartsev. J'aime l'idée de leur échappée, de leur survie. J'aime l'impossibilité d'écrire le mot fin, j'aime ce qui est inachevé. A la fois abouti et inachevé.

Comment ne pas penser que l'archipel d'une autre vie de Makine fait face à l'archipel du goulag de Soljenitsyne ? Comment ne pas penser que pour survivre à l'enfer il n'y pas d'autre choix que d'atteindre l'autre rive ? Traverser.

«  Il y a une belle chambre secrète

Dans notre maison de repos ;

Là, les ombres vertes entrent par la fenêtre ouverte

Sur un jardin de charme, de solitude et d'eau. »

Cantique du Printemps, extrait, Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz



Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          400
L'archipel d'une autre vie

Depuis combien de temps n'avais-je lu un roman d'Andreï Makine, sans doute pas depuis le Testament Français en 1995 ,et je me demande bien pourquoi il a subi , malgré lui, malgré moi, ce long purgatoire ...



Je me suis laissée captiver par ce roman qui débute de manière plutôt ordinaire dans la période du "communisme vieillissant " par la curiosité d'un jeune garçon envoyé pour un stage imposé de géodésie dans la taïga sibérienne et qui suit un homme dont le comportement lui semble inhabituel . Une traque que le jeune homme vit comme une aventure hors du commun, il culpabilise presque de voler des moments d'intimité au fuyard .



Mais c'est bien l'innocence ou la naïveté du débutant , car il se fait piéger comme un bleu par l'homme , alors au coin du feu du bivouac après avoir écouté l'histoire du jeune homme, le plus âgé débute son récit et là, commence petit à petit l'éveil du lecteur .



Pavel Gartsev a vingt ans dans les années 1950, période stalinienne tardive et s'étant engagé dans l'armée , il effectue avec ses camarades des manoeuvres de préparation à une troisième guerre mondiale nucléaire , lorsqu'il est désigné pour accompagner une équipe à la poursuite d'un prisonnier fugitif .



Un commissaire politique, le commandant, un jeune officier blanc-bec voulant prouver sa bravoure, et un vieux sergent et son chien partent donc avec Pavel sur les traces du fugitif à travers la taïga , l'affaire devant se régler rapidement ...



Une chasse débute, mais le gibier est finalement plus rusé que ses poursuivants et la traque se prolonge , pas question de revenir bredouille au camp.



Peu à peu, une évolution se fait dans le mental des soldats mais également dans l'esprit du lecteur, nous quittons un roman d'aventure et une critique politique évidente pour une réflexion plus profonde.



Devant la difficulté, les masques tombent, les aspirations intimes s'expriment , les ressentiments surgissent , la bestialité éclate ouvertement entrainée par celle des autres mais il se passe aussi autre chose de bien plus secret , le plaisir de la chasse fait place au bonheur, certes fugace , de la vie dans la taïga, loin des contraintes et des regards, et ils entrevoient sans la nommer une forme de liberté, celle qu'ils n'ont jamais connue, interdite par le régime et leurs fonctions et surtout celle du soi-disant gibier qui se joue d'eux, beaucoup plus habitué à la taïga et à ses pièges que les militaires .



Pavel, qui n'a pas l'expérience des autres subit cette prise de conscience de plein fouet, on sent que le retour en arrière va être difficile ...



Chacun fuit la sombre réalité : il a deux choix : celui de rentrer dans le rang et de se fondre dans la masse comme un "pantin" sans espoir de bonheur ou de courir vers la liberté quelque soit les obstacles et peut-être y rencontrer l'amour, le vrai .



Vous choisissez quoi , vous ? moi c'était déjà plutôt évident et cela devient lumineux grâce au talent d'Andreï Makine .





Commenter  J’apprécie          401
La Musique d'une vie

J'ai été gênée au début de ma lecture par l'écriture de Andreï Makine que j'ai trouvé un peu froide. Et puis le charme a agi et je dois avouer que j'aime beaucoup ce livre pudique, racontant sans pathos une existence brisée à cause du régime politique de Staline. Un auteur que je découvrais à cette occasion. Un livre mince, bien construit. Une lecture que je recommande.
Commenter  J’apprécie          401
Au temps du fleuve Amour

Je continue mon voyage dans les romans d’Andrei Makine, un auteur que j’avais quasiment oublié, après avoir lu avec émerveillement son Un testament français, au point que je me demandais s’il avait écrit d’autres romans…, jusqu’à ce je découvre les nombreuses belles critiques élogieuses de mes amies et amis babeliotes, et que j’apprenne même, ô ignare Arimbo, qu’il fait partie de l’Académie Française depuis 2016, qu’il a la nationalité française depuis 1996….



Je retrouve avec plaisir son mode de narration si poétique avec ce roman paru un an avant Un testament français.



Le narrateur, Dimitri, au surnom de Juan, dans lequel l’auteur a sans doute mis de ses propres souvenirs, est un adolescent de 14 ans, dont les parents sont morts et qui a été élevé par sa tante. Ses deux camarades, l’un, un peu plus âgé, au surnom de Samouraï en raison de sa capacité à se servir du tranchant de ses mains pour se battre, l’autre, Outkine, de l’âge du narrateur, boiteux depuis un accident survenu dans l’enfance.

Nous sommes, au début des années 1970, dans une petite bourgade de la très froide Sibérie, dans la beauté rude et cristalline de la neige et de la taīga, près d’une ville où passe le Transsibérien, et pas loin du mythique fleuve Amour.



La narration, c’est le récit de la vie de ces adolescents faite à la fois de jeux insouciants, de bains dans la rivière, de séjours dans un sauna sommaire, mais aussi du fantasme des femmes, de l’éveil de la sensualité et de la découverte de la sexualité.

Et aussi du rêve d’aventures qui se concrétisera par un voyage inattendu en train jusqu’au Pacifique.

Mais surtout un rêve d’Occident synonyme de liberté et de beauté, dont le Transsibérien est l’un des médiateurs, et l’autre, plus inattendu, les films de Belmondo (racontés avec beaucoup de détails) projetés dans le cinéma de la ville, l’Octobre rouge, après des « actualités » consacrées à la glorification du Parti, des réussites du collectivisme, toutes choses auxquelles ces jeunes ne croient plus. Et dans cet Occident, la découverte, grâce à la vieille Olga, tutrice de Samouraï, de la France, de sa langue, de son raffinement …et de la beauté de ses femmes.



C’est un récit plein d’émotion et de tendresse, où le narrateur nous fait passer avec beaucoup de justesse les sentiments, les aspirations, les rêves, les incertitudes, les errements, de cette phase si délicate de la vie qu’est l’adolescence, qui se déroule ici au sein d’un milieu hostile mais d’une grande beauté, et dans une époque où l’on sent « l’hiver » soviétique encore bien présent, mais aussi que les glaces commencent à craquer, car tous ces jeunes, et d’autres, je pense à cette directrice d’école, veulent une autre vie, et entrevoient ce que peut être la liberté.



Le souffle de ce roman est moins puissant que celui de Un testament français, ou encore de L’archipel d’une autre vie, et il y a, j’ai trouvé, quelques longueurs.

Mais le récit de Au temps du fleuve Amour, un titre si évocateur, a la magie poétique d’une sorte de quête initiatique de la beauté et de la liberté.

En conclusion, cette nouvelle étape de mon voyage au sein du monde makinien m’a enchanté, une fois de plus.

Que lire ensuite de lui? Un de ses derniers, L’ami arménien ? Ou son premier, La fille d’un héros de l’Union Soviétique? Plus sûrement, les deux.

Commenter  J’apprécie          395
L'archipel d'une autre vie

Un très beau roman, mais pas vraiment romantique : un univers de soldats et de survie dans la taïga soviétique.



On y trouve des émotions et des comportements trop humains, les petites mesquineries, les dénonciations ou les lâchetés qui font plier devant l’autorité…



Des gars qui aiment enjoliver les moments de guerre qu’ils racontent alors que ces tueries ne sont que des cauchemars qui viennent les hanter chaque nuit…



Des hommes paisibles, qui suivent le courant, mais qui sont prêts à violer et à tuer pour peu qu’on attise leur haine…



Et ces travers ne sont malheureusement pas propres aux Russes de l’ère stalinienne, il y a en nous tous des « pantins de chiffons » qui réagissent lorsqu’on en manipule les cordes.



Mais dans ce roman, on trouve aussi finalement l’espoir, un peu de force de résistance et de bonté sur une île au bord du Pacifique.



Commenter  J’apprécie          390
L'archipel d'une autre vie

La terre est ronde. Mais les cartes géographiques sont plates. Et le bout du monde, ça existe...



Membre de l’Académie Française, né en Sibérie, Andreï Makine a situé l’action de L'archipel d’une autre vie à l’extrémité nord-orientale du continent européen, dans la taïga sibérienne, aux confins de l’Océan Pacifique… Le bout du monde.



Une nature inhospitalière, je dirais même une nature hors de l’échelle humaine. Une forêt interminable, dense, opaque, traversée de cours d’eau empierrés tortueux et tumultueux ; difficile de se repérer et périlleux de se déplacer. Au-delà, l’océan, une immensité d’eaux indomptables, irritables, redoutables. Au dessus, des vents en bourrasques, hurlants, glacials dix mois sur douze.



Un homme, Pavel, a survécu dans cet environnement hostile. Il raconte. Une aventure humaine fascinante. Son enrôlement dans un groupe de pieds-nickelés pour une traque aux péripéties haletantes, aux rebondissements surprenants, parfois cocasses, souvent savoureux. Une issue imprévisible. Ne serait-ce que parce qu'un individu au crâne tondu peut en cacher un autre.



En fond de plan, une comédie psychologique grinçante. En 1952, le régime stalinien est encore debout. La guerre froide le conforte dans sa paranoïa et dans sa dialectique complotiste. Tout commence par une vaste campagne militaire d’absurdes exercices de survie lors d’une simulation d’attaque nucléaire. Les hommes sont médiocres, veules, serviles ; un simple grade de sous-officier suffit à les transformer en tortionnaires cruels. C’est le système qui veut cela. Chacun agit selon les recommandations d’un « petit pantin intérieur », une sorte d’ange gardien qui le maintient dans un état de crainte, de résignation et de soumission. Car attention à ne pas basculer du côté des « ennemis du peuple ». Le système se doit de toujours renouveler sa liste de boucs émissaires, afin de leur infliger des peines exemplaires. Ne pas les laisser s’enfuir. C’est ainsi que commencent les traques.



Pavel aura l’occasion de secouer son joug, de dominer son « pantin intérieur ». Son aventure se transformera en parcours initiatique. Se repérer par un triangle de trois feux, apprendre à trouver seul son chemin, traverser la taïga jusqu’au rivage, naviguer sur la mer des Chantars, découvrir ses îles, en apprivoiser une pour s’y installer… Vivre une autre vie, vivre de peu, vivre d’amour et d'eau fraîche – très très fraîche ! – en renonçant définitivement aux jeux que la tribu des hommes voudrait imposer… Sympathique ! Mais rien de nouveau sous le soleil… je veux dire sous la neige.



La lecture est facile et agréable. Des phrases à la syntaxe parfaite. Un vocabulaire riche et toujours juste. J’ai été frappé toutefois par une absence de relief dans le phrasé, une tonalité uniforme qui pourrait exprimer un humour désenchanté et un fond de tristesse.



Le récit de Pavel s’inscrit dans un ensemble plus vaste, comme si l’auteur avait voulu construire son livre sur le modèle des poupées russes. Au final, L'archipel d’une autre vie est un conte philosophique dont le narrateur dégage une morale déployée sur plusieurs décennies. Une morale pas forcément optimiste : tu crois respirer en échappant à l’enfer soviétique ; tu finis par étouffer dans un autre enfer, celui du business et du chacun pour soi, dès lors que tu es confronté à plus puissant que toi.



Pas vraiment original comme conclusion. Juste nécessaire pour comprendre le désenchantement et le fond de tristesse.



Reste une conviction qui s’affiche avec force à la lecture de l’ouvrage : la femme est bien l’avenir de l’homme.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          392
L'ancien calendrier d'un amour

Ma critique sera aussi courte que ce roman. J’aurais voulu en lire 300 ou 400 pages de plus tellement la plume d’Andreï Makine est belle et élégante de concision. L’histoire est touchante, le héros on ne peut plus attachant. L’auteur nous invite à traverser le XXe siècle en compagnie de Valdas, de sa jeunesse de nanti Russe passant de longs étés dans la villa de son père en bord de mer en Crimée, jusqu’à ses dernières années à Nice où il a pu retrouver une vie plus calme avec vue sur mer. Entre les deux, la Révolution en Russie, la Première et la Deuxième Guerres mondiales, les combats contre les Bolchéviques, la fuite et l’émigration en France, la Résistance. Mais, mais, mais aussi, l’Amour avec un À majuscule, d’autres amours, de l’amitié; un héros au caractère solide, bienveillant, gardant la foi en l’Humanité malgré tout.



Courte mais intense lecture, poétique malgré les chaos, j’en redemande. C’est à regret que je laisse derrière moi cette belle image du « champ des derniers épis ».
Commenter  J’apprécie          3819
L'ami arménien

Dans un orphelinat de Sibérie, le narrateur d’une douzaine d’années fait la connaissance de Vardan, d’une année plus âgé, un garçon à la santé fragile, cible des autres pensionnaires de l’orphelinat. La famille de Vardan est venue s’installer dans le quartier du Bout du diable pour soutenir Gulizar, une jeune femme, dans l’attente du jugement qui doit être rendu à l’encontre de son fiancé. Le jeune narrateur prend Vardan sous son aile et ensemble, ils partagent des moments de réflexion, toujours initiés par le jeune malade, qui du fait de sa complétion fragile, a intégré la notion de mort, qu’il sait anticipée pour lui.



Une histoire d’amitié simple et profonde entre deux adolescents, dans le milieu difficile de l’orphelinat en Sibérie. En dépit de ce cadre de vie hostile, c’est une relation lumineuse qu’établissent les deux garçons, entourés des exilés ou anciens condamnés, un professeur manchot et d’apparence fermé mais qui apprivoisent ses élèves en leur ouvrant l’esprit sur les mathématiques, ou Sarven, un voisin armenien, âgé et philosophe.

André Makine offre avec poésie, un récit tendre et tragique, abordant les épisodes tragiques des Arméniens et leur génocide et des Russes, pourchassés et exilés sans raison objective et c’est par le regard de l’enfance et de l’amitié qu’Andreï Makine livre, avec l’ami arménien, un récit humain et empathique.
Commenter  J’apprécie          380
La Musique d'une vie

Une gare au fin fond de la Russie orientale, la neige omniprésente, et des passagers qui espèrent un train ... Ils sont là entassés, impassibles, stoÎques, résignés, fatalistes en somme. dignes représentants de l'Homo sovieticus comme les désigne Alexandre Zinoviev...

Le narrateur attend lui aussi. La nuit sera longue mais aussi l'occasion d'une rencontre improbable et inoubliable avec Berg ,pianiste de formation et de coeur, qui lui raconte la musique de sa vie ..

Devant nos yeux défilent quarante ans de régime soviétique, de la dictature stalinienne à cette rencontre inopinée dans un train direction Moscou en passant par la seconde guerre mondiale.

L'écriture de Makine est d'une élégance rare, aucune phrase superflue. Impressionnant ...

Publié en 2001, ce roman a reçu le Grand prix RTL.Lire .
Commenter  J’apprécie          381
L'archipel d'une autre vie

****

Alors qu'il poursuit un fugitif, privé de sa liberté et enfermé dans un camp, Pavel Gartzev va trouver un nouveau sens à sa vie. En avait-elle d'ailleurs, avant cette chasse, avant ses ordres absurdes, avant cette peur paralysante ?

Avec une écriture parfaitement maîtrisée, où chaque mot est à sa place, Andreï Makine nous raconte une histoire dure et une quête d'une liberté bien méritée. Au milieu de la taïga, au centre de soldats meurtris ou blessés, qui ne savent plus où et vers qui se tourner, qui ne choisissent pas forcément les bons chemins, on avance avec difficulté à leurs côtés... Un très beau roman.
Commenter  J’apprécie          380
Le livre des brèves amours éternelles

L'histoire de Dmitri Ress , chapitre après chapitre, est contée comme des «nouvelles» que l'on pourrait lire indépendamment si ce n'est qu'elles respectent l'ordre chronologique de la vie de Ress avec la politique de la Russie en toile de fond.

Je compare l'écriture de Andreï Makine à un poème symphonique et, comme un poème ou une musique aimés, je veux le lire et l'écouter encore et encore.

Commenter  J’apprécie          380
L'archipel d'une autre vie

Je découvre Andreï Makine, membre de l’Académie Française depuis 2016 avec son 17ème ouvrage L’archipel d’une autre vie.



L’histoire prend place dans l’immensité de la taïga à l’extrême Nord-Est de la Russie. A la faveur d’une rencontre avec un jeune étudiant, un homme livre ses souvenirs, du temps où il était soldat après la seconde guerre mondiale.



C’est un roman fait de contrastes, d’un côté, la rudesse de la vie militaire, les souvenirs de guerre qu’on préfèrerait oublier, la peur de la police politique et la bêtise universelle de certains hommes, de l’autre une nature majestueuse qui semble infinie, au cœur de la forêt ou devant l’océan à perte de vue.



C’est roman qu’il ne faut pas trop dévoiler mais découvrir par la lecture, une très belle parenthèse emplie de la poésie des grands espaces malgré le contexte historique.
Commenter  J’apprécie          3711
Confession d'un porte-drapeau déchu

Kim vit désormais à Paris et aujourd’hui, lui reviennent en mémoire les sons qu’il lançait de son clairon, la résonance des baguettes que son ami Arkadi faisait crépiter sur son tambour. Il se souvient de leurs marches d’été vers un « horizon radieux », ce qu’on leur promettait en tant que pionniers dans leur pays, la Russie. Il s’adresse alors à son ami, par delà le temps et la distance qui les ont séparés depuis l’âge de quatorze ans.

À la périphérie de Leningrad, ils vivaient en communauté dans trois bâtisses formant un triangle et abritant en son centre une cour où, lors des soirées chaudes d’été, les travailleurs jouaient aux dominos. Les babouchkas jacassaient sur le banc tandis que des odeurs de cuisine, des chocs de vaisselle, filtraient des fenêtres grandes ouvertes.

Il revient souvent sur les marches exaltées qui les occupaient chaque été, les chansons patriotiques aux pas cadencés proclamant le triomphe de leur nation. L’enfance filtrait les réalités et l’endoctrinement clarifiait l’horizon. Dans les souvenirs de Kim, l’auteur mêlent admirablement nostalgie heureuse d’instants partagés dans cette vie communautaire, moments d’amitié et de complicité et, le recul aidant, la vérité qui se cachait derrière cette « folie heureuse ».

À cette époque, les deux enfants ne savaient pas.

« Dans le bruissement du cuivre et le grognement doux du tambour nous crûmes discerner quelques vérités neuves qui n’avaient jamais visité nos jeunes têtes bien remplies de chansons sonores et de films héroïques. »



Du passé des parents, il ne savait pas grand-chose, ses questions étaient gentiment esquivées. Pourtant il aurait aimé que son père parle de son passé, de ses moments au front pour le confronter aux récits et chansons pleines d’héroïsmes. Mais la réalité était tout autre, en témoigne son père ayant perdu ses jambes à la frontière germano-polonaise. Iacha, le père d’Arkadi, est un rescapé d’un camp de Pologne. Dans cette habitation communautaire, il se charge de transporter sur son dos le père de Kim, tous deux ne formant plus qu’un seul homme. Une fois, alors que Kim joue à la guerre avec ses camarades, il surprend un récit des deux rescapés de la guerre, glaçant d’horreur.

Il voulait aussi connaître l’enfance de sa mère mais elle en disait si peu, des petites anecdotes étaient lâchées les soirs d’hiver alors que ses mains s’activaient à repasser un tas de linge glacé par l’air de la cour. Lorsque finalement, tardivement, les mères se livrent en évoquant un village sibérien et le siège de Leningrad, l’horreur glace de nouveau.



Une très belle écriture, aux doux accents poétiques, donne à ce petit texte d’Andreï Makine toute l’émotion que l’on peut ressentir en songeant à son enfance, un temps que l’on pourrait qualifier d’insouciant. Puis viennent des évènements de la vie qui signent la fin de cette enfance et le regard adulte montre alors des vérités plus cruelles sur son pays. C’est une lecture douce et amère, laissant une empreinte mélancolique intense avec le regret d’avoir perdu cette joie enfantine. En grandissant, les deux jeunes garçons ne sont plus dupes de la ferveur idéologique et l’interrogation de Kim « Pourquoi ces marches et ces chants ?» obtient ici des réponses vibrantes. Le lien les unissant, ainsi que celui reliant leurs pères, m’ont également profondément émue.

Commenter  J’apprécie          374
L'ami arménien

Tout est dit dans le titre. Pas grand chose de plus à la lecture. Amitiés de deux enfants dont l’un a la maladie arménienne. Aussi vide que le trou qu’ils creusent. Comment ce même écrivain a pu écrire l’excellent L’archipel d’une autre vie et celui-ci ?
Commenter  J’apprécie          377




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Andreï Makine Voir plus

Quiz Voir plus

Chaos ou Karma ?

Rouge XXX Jean-Christophe Grangé

chaos
karma

12 questions
21 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , chaos , karmaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}