Citations de Anne Tyler (274)
le dieu de la circulation…
- Eh bien, vous devriez, lui dit le représentant. La sauce de soja, c'est l'avenir. Autant en profiter tout de suite. C'est l'antidote aux radiations.
- A quoi ?
- Aux accidents nucléaires ! A la bombe atomique ! Regardez les faits : à Hiroshima les séquelles ont été bien moindres que ce qu'on craignait. Vous voulez savoir pourquoi ? Eh bien, c'est parce que les Japonais se nourrissent de sauce de soja. Des quantités fantastiques de bonne vieille sauce de soja. Gardez-en une caisse ici et vous n'aurez plus aucun souci à vous faire à propos des centrales nucléaires.
- Mais je n'aime pas ça, moi, la sauce de soja.
- Qui vous demande de l'aimer ?
- Bon, peut-être quelques bouteilles..."
Ezra se demandait s'il y avait quelque signe secret, cabalistique sur sa porte pour informer tous les cinglés de la création qu'il lui était terriblement difficile de dire non.
N'était-ce pas précisément cela que tout mariage devrait être ? Semblable à ces films d'aventures - naufrages, tremblements de terre, séjours dans des prisons ennemies - dans lesquels des étrangers, acculés ensemble par les circonstances, découvrent leurs forces et leurs faiblesses.
(Ce qui est pénible quand vous faites preuve de retenue, c'est que personne ne s'en rend compte.)
« Ça va aller, dit Nora. Ce sera de moins en moins dur, crois-moi. Dieu ne nous inflige jamais plus que ce que nous pouvons endurer. »
Les pleurs de Jeannie ne firent que redoubler.
« En fait, c’est faux », asséna Denny d’un ton doctoral. (…)
« Il ne se passe pas un jour sans qu’Il inflige aux gens plus que ce qu’ils peuvent endurer, poursuivit Denny. La moitié de la planète se trimballe tout bonnement… broyée, la plupart du temps. »
À lui seul, il était tout à fait révélateur de sa vision des choses. C’est bien simple, Mère ne provoquait jamais de changement. Elle n’en avait pas le courage. Si elle voyait une fissure s’insinuer dans le mortier ou la grille s’incliner vers le sol, elle se contentait de dire : « Mais qui suis-je pour y changer quoi que ce soit ? » Ces gens-là m’exaspèrent.
Pourtant, la famille semblait ignorer les déceptions. C'était une autre de leurs singularités : ils avaient le don de faire comme si tout allait bien. Ou peut-être cela n'avait-il rien de singulier, justement. C'était peut-être la preuve supplémentaire que les Whitshank étaient une famille comme les autres.
Le problème avec les ex-petites amies, songea Micah, c'est que chacune d'elle vous dépouille de quelque chose. Vous dites adieu à votre première grande histoire d'amour et passez à la suivante, pour vous rendre compte que vous avez moins à donner à celle-ci. Vous avez perdu un petit fragment de vous...
Abby s’apercevait que Nora commençait à franchement lui taper sur les nerfs. Par exemple, pourquoi s’évertuait-elle à l’appeler « maman Whitshank » ? Abby avait l’impression d’être une vieille paysanne avec des sabots aux pieds et un fichu sur la tête. Lorsqu’ils intégrèrent la famille, Abby avait donné à tous les conjoints de ses enfants le choix entre « maman » et « Abby ». Elle n’avait certainement jamais prononcé « maman Whitshank ». p 169 a – 8
Vous vous réveillez le matin, vous vous sentez bien, mais subitement vous vous dites : « Quelque chose ne tourne pas rond. Il y a un hic quelque part ; qu’est-ce que ça peut-être ? » Puis vous vous rappelez que c’est votre enfant – celui qui n’est pas heureux. » p 180 a 4
Nous sommes jeunes pendant une infime partie de notre vie, et pourtant, à ce moment-là, nous avons l’impression que nous ne vieillirons jamais. Puis nous n’en finissons plus d’être âgés, mais c’est là que le temps passe le plus vite. Donc au bout du compte, ça s’équilibre, vous voyez ? » p 181 a – 3
Oh, Seigneur, c’est curieux comme la vie… se referme comme une plaie en quelque sorte, sur la mort de quelqu’un. » p 241 a 6
Contempler plutôt la fenêtre éclaboussée de pluie. Se concentrer sur le paysage qui avait laissé place à la rase campagne, le train abandonnant derrière lui les rangées de maisons délabrées, la gare sous sa chape de gros nuages noirs et les avenues alentour désertes, les petites rues plus au nord bordées d’arbres penchés dans le vent, et la maison de Bouton Road où les fantômes aux jupes vaporeuses s’ébattaient et dansaient sous la véranda, sans plus personne pour les regarder. » p 389 a 2
D'ordinaire, Kate aurait répondu : "Vous voulez des lunettes ?" Mais cette fois-ci elle s'en abstint. (Ce qui est pénible quand vous faites preuve de retenue, c'est que personne ne s'en rend compte.)
Le problème avec les ex-petites amies, songea Micah, c'est que chacune d'elle vous dépouille de quelque chose. Vous dites adieu à votre première grande histoire d'amour et passez à la suivante, pour vous rendre compte que vous avez moins à donner à celle-ci. Vous avez perdu un petit fragment de vous...
Elle se demandait si ses fils resteraient en contact avec elle une fois partis. Garderaient-ils de bons souvenirs de leur enfance, où accumuleraient-ils des rancunes à son égard ? Elle avait fait son possible pour être une bonne mère_ce qui, à ses yeux, signifiait être une mère "prévisible". Elle s'était juré de ne jamais faire subir ses humeurs à ses enfants...
Elle (Willa) resta allongée sur le dos, les yeux grands ouverts. Elle n'avait pas du tout sommeil.
Et si leur mère ne revenait jamais ?
Elle (leur mère) n'était pas tout le temps en colère. Il lui arrivait souvent d'être dans un bon jour. Les bons jours, elle inventait de fabuleuses activités pour elles trois_des ateliers de peinture; des décorations à fabriquer pour la maison, des sketches à jouer pendant les vacances...
Elle (Willa) avait éprouvé la même chose durant son enfance ; elle avait l'impression d'être un adulte responsable dans le corps d'une petite-fille.
Et pourtant, paradoxalement, elle avait désormais souvent le sentiment qu'une enfant de onze ans se cachait dans son corps d'adulte et observait le monde.
Amanda ! s'exclama-t-il. Je vous verrais mieux dans le rôle de Lady Macbeth. Qui d'autre servirait du lapin un dimanche de Pâques ?
Cela lui fit le même effet que lorsqu'elle avait revu "Autant en emporte le vent" une fois adulte et qu'elle s'était soudain aperçue que Mélanie était la véritable héroïne.