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Critiques de Antoine Volodine (236)
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Terminus Radieux

Je n’ai absolument pas aimé « Terminus radieux » d’Antoine Volodine. J’ai d’ailleurs arrêté après avoir dépassé la moitié de ce pavé pour sauter directement au dernier chapitre et m’apercevoir que même comme cela l’histoire n’avait pas avancé et ne représentait aucun intérêt…



C’est bien simple, la quatrième de couverture raconte l’intégralité de l’histoire, c’est pour dire à quel point ce livre regorge d’action et d’intrigue. Le style d’écriture ne remonte pas non plus le niveau avec des listes interminables de plus de cinquante éléments, la plupart d’elles étant des noms de fleurs, et des pages et des pages de mots sans aucun sens ou intérêt. Ce livre m’a tout simplement paru être une divagation écrite, un mauvais rêve sans histoire dont on a qu’une seule hâte, c’est qu’il s’arrête.



Je n’aime pas l’idée d’être aussi sévère envers un livre car je reconnais que la critique est toujours facile mais si vous avez lu ce livre, que vous l’avez compris et apprécié, je serai très heureuse que vous m’expliquiez ce que j’ai loupé.
Lien : http://www.lesoccupationsdel..
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Alto solo

D’un abord plus simple que «Lisbonne dernière marge», ce roman d’Antoine Volodine (le deuxième publié aux Editions de Minuit en 1991) met en musique de façon limpide cette phrase de l’auteur : "Le pessimisme le plus lugubre et le désastre absolu sont une pâte inerte avec quoi on peut façonner des objets extrêmement lumineux", car «Alto Solo» est sans doute l'un des romans d’Antoine Volodine où le désastre et la barbarie sont montrés de la manière la plus frontale.



Alors que les révolutionnaires faiblissent mais se battent encore dans un sud toujours libre, ils ont été défaits dans la ville de Chamrouche. La ville est passée sous la coupe d’un parti fasciste qui, pour maintenir sa popularité au zénith, contrôle le pouvoir depuis les coulisses et attise la haine de masses dévoyées vers le pire, envers les étrangers, les gueux, les oiseaux et tous ceux qui ne rejoignent pas leurs rangs. Ce parti populiste, barbare et xénophobe, le frondisme, qui nous rappelle des ombres répugnantes et terriblement familières, est tragiquement et si justement décrit par l’un des personnages : «Le frondisme, lui avait-il confié, c’est quand tu es battu devant une foule et que tu tombes, et que la foule rit aux larmes.»



L’histoire est raconté ici en une seule journée, le 27 mai, une histoire où l’on croise trois individus libérés d’une prison surpeuplée, Aram, Matko et Will MacGrodno, sous-hommes dans ce monde, insultés et exclus, l’altiste virtuose Tchaki Esterkhan habitée lorsqu’elle joue par le rêve magnifique d’un amour passé, Bieno un ancien voleur de chevaux qui fait maintenant le coup de force pour le frondisme, et enfin l’écrivain Iakoub Khadjbakiro, une mise en abîme de la fiction volodinienne à l’intérieur du récit.



«L’histoire se complique, parce qu’il s’y mêle un écrivain, Iakoub Khadjbakiro, et que, lorsque le monde lui déplaît sous tous ses angles, l’écrivain sur le papier, métamorphose le tissu de la vérité. Il ne se contente pas d’énoncer, sur un ton d’amertume dépitée, ce qui l’entoure. Il ne reproduit pas trait pour trait l’élémentaire brutalité, l’animale tragédie à quoi se réduit le destin des hommes. S’il procédait ainsi, il se dégoûterait vite, il se lasserait. Il composerait seulement de petits tableaux anecdotiques, il étofferait médiocrement la médiocre réalité. Il n’éprouverait aucun plaisir à son art et vite cesserait d’écrire. Au lieu de cela, il choisit, de la vie réelle, les brins les plus ténus, ombres et harmoniques, et à ses souvenirs il les entremêle, à des visions qu’il a eues pendant son sommeil et qu’il chérit, à son passé il les entrelace, aux impatiences, aux erreurs, aux croyances déçues de son enfance. Selon son humeur il reconstitue et remodèle, dans sa tête, ce qu’il a vu.»



Les fils entremêlés de l’histoire vont se nouer le soir du 27 mai sur la place de Chamrouche, là ou doit se dérouler un concert du quatuor, alors que le dirigeant frondiste Balynt Zagoebel a décidé d’imposer une culture populaire unique, et de mettre au pas ou bien de détruire les intellectuels et les quelques sous-hommes qui lui résistent encore.



La seule échappatoire à cet univers totalitaire et tragique est l’envol vers le rêve, qui fait d’Alto Solo un livre d’une beauté déchirante.



«Quand ils étaient allongés l’un contre l’autre, mollement chauds, ou qu’ils ouvraient les yeux avant l’aube, glissant enlacés du songe à la nuit, il lui décrivait le pays où il avait vécu son enfance, une lande compliquée par des montagnes et des falaises à pic. Au milieu des rochers abrupts s’étaient installées des colonies troglodytes. Le basalte était truffé de galeries. Certains couloirs aboutissaient sur le versant sud. Depuis les grottes on dominait alors un extraordinaire ensemble de volcans, des cratères que moirait un azur intense. Lorsque l’altiste, lisérant de mélancolie la netteté de son timbre, ressemblait à une dormeuse sans regard, elle revoyait sans peine Kirghyl Karakassian.»



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Des Anges Mineurs

Ce qui est génial, dans ce livre, c'est ce côté onirique, dépaysant, exotique. Il ne ressemble pas à la production littéraire contemporaine actuelle. La langue, magistrale aussi, nous déroute.

On est tantôt déboussolé, tantôt fasciné, tantôt contemplatif, et parfois tout ça à la fois... face à cet alliage d'horreur et de poésie, cette vision désenchantée mais humoristique de l'humanité.

Peu à peu, ce livre absorbe son lecteur, qui a l’impression d’être saisi par une puissance évocatoire qui n’est pas loin de ressembler aux opérations d’envoûtement dont semblent capables les vieilles femmes, les « grands-mères » de Will Scheidmann.
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Terminus Radieux



Steppe sans limites. Blanc clair en hiver. Et en été les graminées, mutantes, se balançant caressées par le vent. Un monde contaminé, rendu invivable par les explosions de réacteurs nucléaires en fuite, fierté d'une Seconde Union soviétique au bord du gouffre. La seule exception à ce vide dominé par la nature est Terminus Radieux, un kolkhoze où la vie continue de s'écouler autour d'un empilement atomique enfoncé dans le sol.

La guerre est perdue, bien que les généraux aient tenté de reconquérir « Orbisa » (capitale de la Seconde Union soviétique) avec des forces « démoniaques, extraterrestres et kamikazes ». Vétérans de la grande bataille finale, les trois soldats Eli Kronauer, Iliuchenko et Vassilissa Marachvili, mourants après le dernier combat et en quête d'un abri, rentrent en contact avec cette nouvelle réalité. Parti en éclaireur, Eli trouve « Terminus Radieux » et nous découvrons ainsi que tout n'est pas perdu et que certaines communautés de personnes survivent aux radiations.

« Terminux Radieux » semble être un petit village dans une clairière dans les bois où une petite communauté alimente (au sens propre du terme) sa propre source d'énergie, c'est-à-dire une pile atomique qui un beau jour a décidé de s'enfoncer à des kilomètres dans le sol.

Dans le village, en plus de la culture et de l'entretien de la pile atomique, il y a une importante bibliothèque d'où l'on ne verra que des textes féministes, des brochures de propagande et des romans post-exotiques !

Et y vivent de sacrés personnages :

« Nonna Udgul », à qui les radiations ont donné une sorte d'immortalité récupéré par le régime puis devenu héroïne immortelle rejetée par celui-ci, elle a atterri à Terminus Radieux où elle s'est taillé le rôle important de vestale de la divinité ktonienne radioactive (alias la pile), en gérant les opérations de stockage des déchets radioactifs…

Mais le véritable « monstrum » (en latin, prodige) du kholchoz est « Soloviei », un terrible magicien, sorcier et homme de lettres, qui gouverne la petite communauté sur la base de sa propre interprétation anarchiste des règles de l'Orbisa ou comme président autoproclamé il guide les quelques survivants avec ses pouvoirs surnaturels dans une atmosphère de rêve aux contours du cauchemar. Car il a la capacité de ramener les morts à la vie avec une manipulation non spécifiée et qui fait de lui le principal représentant de cette partie du réalisme magique qui est un ingrédient du post-exotismeclairement la référence est au Bardo Todol, le livre tibétain

Dans ce roman, les morts marchent et font partie d'un autre ensemble de créatures humaines : D'un côté les morts qui connaissent le secret de cet état, de l'autre les vivants qu’à moitié qui grâce aux radiations sont souvent d'étranges êtres mutants et à l’intersection les morts-vivants qui sont un peu l'un et un peu l'autre. Volodine décrit les morts comme faisant partie du Bardo référence au livre des morts tibétains des morts que même Philip K. Dick appréciait et pillait pour des idées (tant pour la relation entre post exotique et post post-moderne). Soloviei n'est pas seulement un véritable être magique et malfaisant, mais c'est le père qui, par son pouvoir de contrôler les rêves, ne laisse aucun répit à ses filles/amantes : Myriam Umarik, Samiya Schmidt et Hannko Vogulian.

Et puis les siècles passent, les survivants se dispersent, le voyage du train qui sillonnait les voies à la recherche d'un camp de travail s'est terminé il y a, on ne sait combien d'années. Jusqu'au jour où des milliers de corbeaux s'envolent. Et puis tout continue, encore une fois, dans la réalité parallèle et piégé du Barde « Soloviei », dans une fin infinie, mais qu'importe.

Dans cet univers – singulier, visionnaire, violent – le temps et l'espace sont des dimensions liquides où les vivants, les morts et autres errent dans un futur immense et éternel. Un univers hallucinant, traversé par l'humour du désastre. Ici, le temps et l'espace sont des dimensions liquides où les vivants, les morts et autres errent dans un futur immense et éternel. Un univers hallucinant, traversé par l'humour du désastre.

Tout cela vous renvoie à la culture malaise d'un franco-russe qui décrit une réalité magique dans la steppe après la fin de la Seconde Union soviétique.

Le dernier chapitre où la post-apocalypse prend des tonalités d'éternité, devenant une post-post apocalypse (je sais ça paraît confus mais moins que le roman), est la cerise sur le gâteau. La délicatesse avec laquelle sont abordées des questions telles que la mort, l'éternité, l'écriture, la vengeance, la connaissance, l'humanité en général est typique de la grande littérature.

Mais ici c’est encore quelque chose de vraiment nouveau. Ce roman est une est une sorte de boîte de Pandore qui contient des joies qu'une fois rencontrés ne peuvent plus être oubliées



Livre puissant, hypnotisant difficile et à mon avis trop long. Je pense qu'il est impossible et improbable de décrire l’impression que l'on a en lisant ce roman. Il est puissant parce qu'il contient tout : la vie, la mort, les limbes, le sommeil, la veille, les cauchemars, les désirs, les histoires, le pouvoir et l'impuissance, le temps et l'éternité. Tout cela est soutenue par une belle écriture souvent très poétique. Difficile parce que c'est un de ces livres qui font réfléchir à chaque phrase ce qui détourne de lecture proprement dite. Difficile parce qu’il fait bien admettre qu’on n’y comprend pas tout ce qui est je suppose une volonté de l'auteur.

On nage entre rêve et réalité et parfois on coule. Toujours à un pas du cauchemar (un tas atomique qui ne demande qu'à se remplir en permanence entre fantômes et morts vivants entre humains et post humains

On s’y perd parfois (ou c'est juste que l'on voyage) et là selon le type de lecteur que vous êtes vous choisirez de continuer ou d’arrêter les frais.

Antoine Volodine a été très clair là-dessus : c'est un roman post-exotique et tous les critiques doivent le considérer comme tel. Un divertissement qu'il faut prendre très, très au sérieux : cette littérature est en fait quelque chose de nouveau. Alors qu'il s'agisse de dérision ou de narcissisme, le « post-exotisme » est une avant-garde intéressante.

Le roman enfin se transforme en manifeste programmatique : la référence au raisonnement sur l'écriture, les livres et la littérature est constante. Le style et l'imagerie de Terminus Radieux pourraient facilement remonter à une veine littéraire sauf qu’en réalité elle en invente une : Dans le monde de Volodine même les vagabonds se transforment en rhapsodes, la "princesse" est bibliothécaire et le grand "monstre" de toute l'histoire déclenche ses nécromancies avec des artifices littéraires rassemblés dans un corpus, dont des extraits entiers sont cités plusieurs fois.

Enfin, impossible de ne pas remarquer que le post-exotisme est un leitmotiv du livre lui-même ! Le succès de ce courant est l'une des prophéties auto-réalisatrices les plus brillantes que la littérature ait produites ces derniers temps, après tout Volodine invente le terme « post exotisme » en 1990 et Terminus Radieux (2014) en est le point culminant.

Un indice du sens de ce « post-exotisme » : Il est extrêmement luxuriant. Mention spéciale aux graminées de la steppe et de la taïga radioactives qui entourent et composent Terminus Radieux. Volodine étant un admirable inventeur de noms : La « belle dame », la regrinella, la mortaccina à la grosse touffe, la godifoglia, la spingistorta, la sterpafina, la majdahara, la soffisplendida, la barbe de pèlerin, la mère des lépreux, la rinceuse, la biattola des vagabonds et la puante campanule Aldenga » composent ainsi un herbier très original. Je ne suis jamais allé en Sibérie pour étudier la botanique mais je sais que ces herbes n'existent pas, du moins pas dans notre univers.

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Les filles de Monroe

Dans un monde réduit à l’environnement immédiat d’un hôpital psychiatrique géant, comment aider les filles du dissident Monroe, revenues en commandos de l’au-delà ? Le post-exotisme toujours au sommet de son art étrange.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/30/note-de-lecture-les-filles-de-monroe-antoine-volodine/



Depuis 1985 et la fabuleuse « Biographie comparée de Jorian Murgrave », fondatrice, l’édifice post-exotique se déploie patiemment pour notre plus grande joie savamment mâtinée de songe et de sombre. À la 45ème occurrence (alors que la fin annoncée de ce voyage-là, avec la 49ème pierre, qui sera intitulée, dit-on, « Retour au goudron », approche doucement), « Les filles de Monroe », publié en août 2021 au Seuil, renouvelle une fois de plus le premier miracle : s’inscrire dans une profonde cohérence, dans une implacable continuité, aux côtés des bylines russes modernisées d’Elli Kronauer (dont la voix s’est tue depuis 2001, avec « Mikhaïlo Potyk et Mariya la très-blanche mouette »), aux côtés des expérimentations parfois radicales de Lutz Bassmann (qui avait su s’échapper du « Post-exotisme en dix leçons, leçon onze » pour devenir auteur publié à part entière avec ses « Haïkus de prison » de 2008), aux côtés des tendresses étranges d’un absurde pourtant habité de sens et de poésie produites par Manuela Draeger lorsqu’elle prétend écrire « pour les enfants » (à partir de son « Pendant la boule bleue » de 2002) et de ses ajustements de haute volée dans des environnements beaucoup plus durs, lorsqu’elle se résout à interpeller plus directement les réputés adultes (tout récemment, par exemple, avec « Kree », dont la guerrière éponyme apparaîtra naturellement comme la plus directe cousine des « Filles de Monroe »), et aux côtés enfin des 21 textes précédents attribués à Antoine Volodine lui-même, et simultanément, toujours proposer un ajout, une surprise, une nécessité nouvelle. De la connivence éventuelle avec la lectrice ou le lecteur qui cheminerait depuis un certain temps dans l’œuvre, certes, mais jamais, au grand jamais, de redite, d’affèterie ou d’ornementation gratuite. Quant au deuxième miracle, il ne peut apparaître que dans une tentation de littérature comparée intérieure à l’édifice lui-même : pour qui cherche un point d’entrée en post-exotisme, chacun des 45 textes actuels peut endosser ce rôle vital, au prix parfois de menues contorsions revigorantes, et « Les filles de Monroe », crépusculaire en diable, ne fait pas exception à ce principe, bien au contraire.



Dans un hôpital entièrement (ou partiellement) désaffecté, où les pavillons abandonnés (ou encore en service) hébergent divers types de malades, physiques, mentaux (ou prétendus tels), sous l’œil sévère mais pas toujours clairvoyant de ce qui reste du Parti, de ses hiérarques, de ses fractions officielles, officieuses ou secrètes (les noms de ces 343 fractions « au temps de la gloire du Parti » seront fournis en annexe de l’ouvrage) et de ses sbires, efficaces ou non, disciplinés ou plus brouillons, Breton, l’un des pensionnaires – et on ne saura pas véritablement à quel titre il l’est -, avec son double inséparable, est forcé d’observer et éventuellement de rapporter, sous la pression policière, l’infiltration qu’il est seul à pouvoir détecter, par don ou par savoir-opérer d’équipement spécialisé, de combattantes venues de l’au-delà, envoyées par le dissident Monroe, ex-ponte du Parti jadis exécuté, combattantes infiltrées ici, donc, pour on ne sait exactement quelles missions inquiétantes. Un somptueux et délicat jeu du chat et de la souris s’engage ainsi entre l’observateur privilégié qu’est Breton, quelques comparses équivalents-guébistes méticuleusement malodorants que l’on croit pouvoir appeler Bronks ou Strummheim, un « limier morose qui fouinait parfois dans les dortoirs, seul ou accompagné par des blouses blanches ou des militaires du Parti » nommé Kaytel, une haut gradée du Parti répondant au nom ou au surnom de Dame Patmos, un informateur ambigu de la rue Tolgosane, également connu comme Borgmeister le chamane, quelques morts presque vivants inconfortablement installés dans l’escalier d’un immeuble décrépit, et, bien entendu, plusieurs filles de Monroe en cours d’infiltration.



Exploitant pour les transfigurer encore certains motifs privilégiés du post-exotisme, notamment celui de l’interrogatoire, goûté si l’on ose dire, avec d’autres types de saveurs, dans « Biographie comparée de Jorian Murgrave » bien sûr, mais aussi dans « Rituel du mépris », dans « Le nom des singes » ou dans « Le port intérieur », par exemple », « Les filles de Monroe » déploie une théâtralité particulière. Dans son vaste et captivant essai de 2007 (« Volodine post-exotique »), Lionel Ruffel insistait sur l’importance des dispositifs scénographiques utilisés par le post-exotisme, qu’ils soient dissimulés ou au contraire jetés en pleine lumière (blafarde ou non) : ici, sous la pluie ruisselante et parmi les odeurs peu engageantes de « brasserie pour petits budgets, de sous-sols et de tégénaires en périodes de ponte, de vieux coffres de voiture, de locaux industriels reconvertis en morgue, de mygales et cambouis, de tarentules et beignets huileux », Antoine Volodine nous offre, tout particulièrement dans certain escalier d’immeuble semi-abandonné, certaines des scènes les plus subtilement beckettiennes de son œuvre. Déjouant comme toujours les attentes (ce qui est à nouveau une performance en soi après environ 7 000 pages de post-exotisme, tous hétéronymes confondus) de la lectrice ou du lecteur, il crée sous nos yeux, parmi les pratiques chamaniques réelles et métaphoriques, parmi les reptations des combattantes et parmi les itinérances troubles de ce qui reste du Parti et de sa structure, une forme à nouveau mutante d’humour du désastre, dont la précieuse annexe en forme de liste de fractions partisanes (j’y compte personnellement parmi mes préférées les « Barrages contre les Pacifiques », la Fraction « Feu nourri », le Bloc « Train blindé » ou les « Ni Diable Ni Détails ») fournit une quintessence proprement hilarante.



Comme le sloganisait la plus formidable compagne de route du post-exotisme, Maria Soudaïeva : « Si tu ne peux plus chuchoter avec les yeux, harangue au tambour ! »
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Bardo or not Bardo

Bardo or not Bardo est un recueil de sept nouvelles dont le fil conducteur est le Bardo Thodol, le livre des morts tibétains, selon lequel le mort erre 49 jours dans le Bardo avant de réussir à atteindre la Claire Lumière ou, au contraire, de se réincarner et de vivre une nouvelle vie en tant qu’homme ou animal.



Antoine Volodine, que je découvre avec cet ouvrage, mêle le bouddhisme tibétain au communisme soviétique, dans un univers futuriste « post-exotique » dans lequel la révolution communiste a échoué. C’est donc un monde assez original, qui m’a un peu déstabilisée au début mais auquel j’ai vite accroché, en particulier grâce à l’humour permanent de Volodine. En effet, c’est ce côté burlesque et décalé, malgré le sujet a priori sérieux qu’est la mort, qui constitue le charme de ce livre : on ne s’ennuie jamais et on sourit souvent au cours de notre lecture ! Mais cet humour ne signifie pas que Bardo or not Bardo soit un simple livre comique : il livre une réflexion originale et intéressante sur la mort, mais également sur la politique et l’écriture, la narration étant constamment questionnée et mise en abyme.



Comme dans tout recueil, certaines nouvelles m’ont intéressée plus que d’autres, mais dans l’ensemble ce livre était une belle découverte !
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Bardo or not Bardo

Ce roman de Volodine paru en 2004 aux éditions du Seuil est sans doute un de ceux où l’humour du désastre est le plus omniprésent, depuis le premier chapitre complètement burlesque où le malheureux Kominform, égalitariste radical en bout de course, est abattu par des tueurs au milieu des volatiles d’un poulailler attenant à un monastère lamaïque. Une femme au corps d’ange assiste à la scène et commente les événements comme si elle était en direct à l’antenne d’une radio, Drumbog, un des moines est partagé entre ses problèmes intestinaux du moment et sa volonté de lire le Bardo Thödol à l’oreille de Kominform pour l’accompagner dans son avancée dans le Bardo, et enfin Strohbuch le tueur, qui est chargé par le moine d’aller chercher le livre des morts tibétains, revient, par ignorance de la langue, avec deux livres inattendus : un manuel de cuisine «L’art d’accommoder les animaux morts» et une anthologie surréaliste «Cadavres exquis».



Le Bardo est cet espace noir où selon les bouddhistes le mort erre pendant 49 jours après son décès en allant soit vers sa réincarnation, ce qui pour les bouddhistes est la voie de l’échec, soit vers la claire lumière rompant ainsi le cycle des réincarnations et entraînant la destruction de l’individualité. Pendant cette période, un lama dit au défunt le Bardo Thödol, le livre des morts tibétains, pour le guider, si possible, vers la lumière ou du moins vers une meilleure réincarnation.

Mais les morts de Volodine sont mécontents d’être prisonniers de cet espace noir, ils sont stupides, rarement clairvoyants, têtus et dans tous les cas désobéissants, absolument pas prêts à renoncer à leur individualité, à leur capacité de résister, de penser et de dire, même s’ils ne sont que des Untermensch ou des écrivains sans public.



« -Cet homme est comme sourd à ce qu’on lui serine avec patience et compassion, commente Mario Schmunck. Cet homme mort, au lieu de se préparer à rencontrer la Claire Lumière, il est en quête d’un compteur d’électricité !... Il promène ses mains sur le mur, il ne rêve que de descendre à la cave. Il s’appelle Glouchenko, il a trente-cinq ans, il a mené une vie normale… »



Il est difficile de ne pas s’égarer dans les chemins de ce «Bardo or not Bardo», car, à chaque chapitre, la narration prend un nouveau départ et que les voix des personnages, narrateurs, qui ont aussi souvent le statut d’écrivains, semblent se démultiplier et se superposer au cours du récit.



Mais pour peu qu’on accepte de cheminer dans cet espace fictionnel noir, dans ces histoires tragiques où le burlesque et le détournement de la parole sont constamment présents (il suffit de lire les titres du roman et les titres des chapitres 1, 4 et 7 pour s’en convaincre : Baroud d’honneur avant le Bardo, Le Bardo de la méduse, Au bar du Bardo), on ressort (toujours plus) amoureux de la littérature post-exotique et ébahi de voir ainsi cohabiter dans un unique livre la puissance et les limites de ce que peuvent la parole et l’écriture.



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Dondog

Dondog, c’est le nom de la blatte humaine Ybür, survivant dans les camps où il attend le jour de sa vengeance.

Dondog c’est le nom du livre de Volodine qui traite de la 1ère et 2nde extermination des Ybürs à travers la mémoire fabulatrice de divers narrateurs s’échangeant les vues sur les événements (perspective « chamanique »).

Dondog est un livre puissant qui parcourt les territoires du post-exotisme si étranges par leurs images, si proches par les échos qu’il fait résonner dans la mémoire collective.



Car ce livre travaille cette matrice de proximité et de décalage sur le sujet (l’objet ? le débris ?) de l’extermination ethnique.

Bien sûr, on n’est nulle part. Bien sûr tout lien avec des personnes ou des événements connus sont fortuits… Mais en même temps : les camps, la purification ethnique, les exécutions sommaires, le glissement onomastique possible des Ybürs aux Ouïghours, on reconnait avec horreur cette fange historique s'étendant sur tous les continents. Et cette hésitation créé un malaise bien plus puissant que si le référent était précisé. Ce ne sont pas les chinois, les khmers, radio Mille Collines, les nazis, les pogroms, les exactions soldatesques de telle ou telle guerre, c’est un peu de tout cela, de toutes ces catastrophes, de toutes ces situations passées, présentes, et peut-être à venir.



C’est pourquoi à mon sens, en cela Volodine réussit par la fiction à mettre en question une triple question historique (qu’on lui a souvent adressée) : peut-on parler de ce dont on a pas été le témoin ; que peut l’histoire ou la littérature pour éviter le pire de se reproduire ; peut-on écrire après Auschwitz.



Dondog est un livre qui répond à ces questions avec toutes les réponses brutales que cela suppose. Avec aussi ses vertiges et son courage.



« Schlumm et moi, nous sommes restés très unis, très indissociables depuis cette nuit-là [seconde extermination Ybürs], depuis la nuit des péniches qui n’est pas terminée encore, qui n’est pas terminée encore, qui ne sera jamais terminée, depuis cette nuit que, certes, même des Ybürs parviendront à éclaircir grâce à l’oubli, mais que nul ne saura clore véritablement, car, quoi qu’il arrive, de nombreux Schlumm de tout âge et de tout acabit y ont élu, comme moi, domicile, sachant qu’il fallait y rester pour que nul ne la pût clore. »


Lien : http://lucienraphmaj.wordpre..
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Vivre dans le feu

Même si le thème ne m'attirait pas, les bonnes critiques m'ont incitée à lire ce roman. Il me semblait qu'un bon livre pouvait être écrit à partir de n'importe quel sujet. J'avoue ne pas avoir été embarquée, à aucun moment, et de m'être ennuyée. J'ai même été agacée par ce qui m'est apparu être des "ficelles d'écriture". Impression toute personnelle, bien sûr.
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De la filouterie considérée comme science exa..

Ce petit recueil m'a attirée par son titre et sa couverture, qui annonçaient de l'humour, et un thème éloigné des Histoires extraordinaires. Edgar Allan Poe a écrit, à côté de ses nouvelles fantastiques ou policières qui ont fait sa renommée, des textes satiriques et drôles, voire grotesques, qui sont le point commun des 8 textes regroupés ici.



J'ai beaucoup aimé la lecture des deux premiers, autour de la filouterie, tout comme les deux où il discourt de la manière d'écrire un article et de se le faire payer (par un éditeur réticent, et filou aussi), et celui autour des risques d'être enterré vivant :

- de la filouterie considérée comme science exacte

- L'Homme d'affaires

- Comment s'écrit un article à la Blackwood

- Quelques secrets de la prison du magazine

- L'ensevelissement prématuré



Je me suis vraiment amusée.

En revanche, le texte sur les contes des Mille et une nuit m'a paru répétitif et un peu ennuyeux :

- le Mille et Deuxième conte de Schéhérazade



Dans deux nouvelles, le fantastique pointe de nouveau son nez, mais toujours avec une tonalité ironique marquée :

- Bon-Bon : conversation d'un cuisinier philosophe avec le diable

- Mellonta tanta (Ce qui doit arriver) : sur le compte-rendu d'un vol en dirigeable en date d'avril 2848.

Son humour m'a vraiment fait passer un bon moment.





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Terminus Radieux

TERMINUS RADIEUX d'ANTOINE VOLODINE

Prix Médicis 2014 je ne m'attendais pas à un tel livre. On est en pleine SF dans une uchronie post apocalyptique . La deuxième Union Soviétique a disparu suite à des accidents nucléaires et ne reste bien peu de choses en Sibérie dont Terminus Radieux kolkhoze improbable habité par des presque vivants des pas tout à fait morts et des intermédiaires ! Un univers improbable où le temps n'existe plus le présent s'entremêle au passé et aux rêves . C'est une écriture puissante pleine d'humour et on ne ressort pas intact de cette lecture .
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Macau

Depuis que j'ai découvert Antoine Volodine, il y a disons une dizaine d'années, j'ai consommé sans modération ses écrits principaux: Terminus radieux, Des anges mineurs, Dondog et récemment Les filles de Monroe.

Macau, bref roman, à peine une nouvelle en fait, détonne un peu par son univers et ses acteurs. Ici, pas d'endroit post-communiste sans plus de précisions, mais une ville existante, avec noms des rues et endroits précis, comme certains édifices par exemple. Et dans cette ville l'histoire joue moins sur la confusion mort/vivant, mais plus sur les changements de perspectives. On ne sait jamais à qui se réfèrent les 'je' ou 'tu' dans les dialogues, par exemple.

Au début un homme, Breughel, ligoté dans un bateau, attend le moment d'être exécuté. À la fin, on retrouve ce même homme, toujours ligoté. Entre temps on en apprend un peu plus sur la vie qu'il a mené à Macau, où une certaine Gloria a joué un rôle important. Une succession de souvenirs, d'émotions et des remarques pertinentes sur le 'succès' du 'capitalisme socialiste' dans la région.

Peut-être pas le meilleur texte de Volodine, mais assez fort pour être lu d'une seule traite.
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Les filles de Monroe

J'ai découvert l'univers de Volodine en 2014 en achetant Dondog, originalement paru en 2002. Je l'ai dévoré dans le Thalys, en route pour mon pays d'origine. Pour Les filles de Monroe, paru en août 2021, j'ai laissé passer moins de temps. Tant mieux, car j'ai beaucoup aimé .

Il est particulier et pas très joyeux, ce monde décrit par Volodine. De connotation post-communiste, les morts y communiquent avec les vivants, les environs sont gris et puants, rêve et réalité s'interchangent, et à vrai dire il ne se passe en général pas grand-chose. Deux hommes regardent des filles habillées en noir qui déboulent dans un complexe psychiatrique où ils campent, et ces filles-là sont recherchée par la police du parti. Et puis il pleut aussi, presque tout le temps. Le narrateur a peut-être un double, il est à la fois proie et de prédateur.

De tous les livres de Volodine que j'ai lus, Les filles de Monroe est peut-être le plus accessible. Il y a des moments d'humour et des clins d’œil à notre monde à nous,lecteurs (en particulier dans les '343 fractions du Parti au temps de sa gloire' à la fin). C'est intensément surréaliste, ce n'est pas pour rien que dans les personnages principaux il y a au moins un 'Breton'.

La fin fait beaucoup penser à 'En attendant Godot'. Et surtout, il y a la nostalgie ressentie d'un monde qui aurait pu être tellement meilleur que celui dans lequel nous vivons, finalement.
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Terminus Radieux

Certains écrivains insinuent subrepticement leurs fantasmes dans votre monde personnel .Volodine lui est adepte du rapt :il vous transporte brutalement dans son univers post-soviétique tchernobylisé ,d’une absolu cohérence , dans un désert irradié où les personnages errent dans les ruines de leurs illusions . »Walking Dead » chez les Soviets ! On pense aussi à « La route » de Mc Carthy . Peu d’espoir certes mais une langue magnifique , des images fulgurantes et à travers ces récits emboîtés comme des poupées russes ( of course) une méditation sur les pouvoirs du langage . Au milieu de la prolifération des succés autoproclamés dopés aux médias et à la « com »de la rentrée littéraire , une voix talentueuse et originale .
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Macau

Mourir à Macau.



Dans la chaleur humide et asphyxiante de Macau, ligoté sur une jonque et bâillonné avec du ruban adhésif, sous la surveillance d’une femme, Laura Kim, et d’un vieux pêcheur chinois, un homme, qui se faisait appeler Breughel dans «Le port intérieur», attend sa dernière heure.



«Je savais bien ce qui m’attendait. Un homme viendrait, il tendrait au vieux une liasse de dollars, il s’accroupirait au milieu des cartons pourris et, à la limite de l’ombre et de la lumière, il passerait plusieurs minutes à ne rien faire de spécial. Il échangerait deux ou trois phrases anodines avec Laura Kim, il m’adresserait deux ou trois regards détendus et même subtilement complices, car il aurait la grandeur d’âme de vouloir endormir ma vigilance. Puis il me fracasserait le crâne et ressortirait rapidement du bateau, en compagnie de Laura Kim et en laissant le vieux se débrouiller avec mon cadavre.»



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Terminus Radieux

J'avais lu, il y a longtemps, "Des anges mineurs" d'Antoine Volodine et j'avais beaucoup aimé cette poésie post-apocalyptique que développaient ces courts récits. "Terminus radieux" est mon second voyage aux côtés de cet auteur et j'ai été très heureux de retrouver cette même ambiance, cette fois développée au long cours sous la forme d'un roman.

"Terminus Radieux" se passe dans une Russie post soviétique où toutes les centrales nucléaires ont joué à Tchernobyl, où les humains ont muté, où les morts ne meurent plus et où les vivants ne valent guère mieux. Il ne faut pas chercher dans ce livre la logique froide qui habite les livres d'anticipation. Ce serait un combat perdu d'avance. Il faut se laisser porter par l'écriture de Volodine, accepter ses abérations, sans quoi vous détesterez ce livre.

Au-delà de l'instant de lecture et du plaisir qui l'accompagne, "Terminus Radieux" laisse à son lecteur quelque chose de durable, une impression qui perdure bien après que l'on ait oublié les détails de l'histoire.
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Terminus Radieux

Entre steppe et taïga, le nucléaire a fait des dégâts. Mémé Oudgoul est la liquidatrice qui contrairement à ses congénères n'a pas été tuée à petit feu par les radiations mais au contraire rendue immortelle. C'est elle qui gère ce no man's land et surtout le puits profond de deux kilomètres au bout duquel se trouve la pile. Alors Mémé Oudgoul balance aux entrailles de la terre la moissonneuse-batteuse, les animaux morts, des hommes, le canapé irradié.....Elle est en charge du kolkhoze Terminus Radieux et du sovkhoze Etoile rouge pour lequel elle avait initialement postulé.

Puis il y a Vassilissa, Ilouchenko et Kronauer anciens soldats de l'Orbise, en errance après avoir liquidé leur chef. Arrivés eux aussi au milieu de nulle part mais avant la taïga, ils cherchent à boire à manger au milieu de ce qui a été irradié et fuit. Il y a bien un train qui s'est arrêté mais il ne semble pas vouloir en repartir et puis les quelques soldats qui sont dans ce train n'inspirent pas assez confiance pour aller les aborder. Kronauer décide donc de partir seul à la recherche d'eau et d'un peu de nourriture après avoir vu un feu s'élever dans le ciel. Il s'est dit qu'à hauteur du feu il trouvera bien un village. Après avoir traversé la taïga, le voilà arrivé bien péniblement à Terminus radieux où règne en maître local, Solovieï.



Kronauer découvrira les filles de Solovieï, Mémé Oudgoul, le fameux puits et tout le reste.....Tout ce qui fait l'étrangeté de ce roman perçue de façon minimaliste au début du récit prend là toute sa place, son ampleur. Ne cherchez pas la mortalité, la temporalité et la logique ; elles ne font pas partie de ce que vit Kronauer et les autres. L'étrangeté, la saleté, la dureté du paysage, le silence ambiant, la rigueur du temps sont eux bien présents. Quant à savoir s'ils sont bel et bien vivants ou bel et bien morts, je répondrai ni l'un ni l'autre.







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Mon avis : je ne m'attendais pas à un tel sujet qui m'a rappelé dès le début, le roman de Iouri Bouïda que j'ai lu il y a peu de temps : "le train zéro". Avec une histoire de train qui s'arrête, qui ne semble pas savoir où il va, qui ne redémarre pas et dont on ne sait pas trop qui il transporte. J'ai donc eu une impression de redite même si cette histoire de train n'est pas l'essentiel du récit d'Antoine Volodine.

Je ne peux pas dire que j'ai été enthousiasmée par "Terminus radieux" que j'ai trouvé trop long pour un tel sujet (615 pages) peut-être parce qu'un tel sujet de fiction n'a pas ma préférence.
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Terminus Radieux

Roman post-apocalyptique intense et rusé, roman sans doute le plus puissant jamais écrit par Volodine, et ce n’est pas peu dire.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/01/note-de-lecture-terminus-radieux-antoine-volodine/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Terminus Radieux

"Terminus radieux", un titre qui déjà annonce toute l'ironie contenue dans cette histoire ! Car Terminus radieux, un kolkoze délabré de l'ère post soviétique est tout sauf radieux. Terminus radieux ne subsiste que par la volonté de Soloviev, magicien néfaste aux chants ensorcelants et avilissants pour ceux qui l'écoutent.



Antoine Volodine nous plonge dans l'épopée "post exotique" de personnages, morts ou vifs (?), qui gravitent autour de Soloviev, et notamment Kronauer, l'ancien soldat qui entre par mégarde dans son kolkolze et ne tombera peut-être pas sous son joug.



Terminus radieux raconte une lutte de personnages, oui de personnages, aux mains d'un créateur sans limites et terriblement malsain. Le roman, en quatre parties passe de l'humour au désespoir. La fin ne sera pas optimiste, mais néanmoins majestueuse.
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Nos animaux préférés : Entrevoûtes

Les fictions d’Antoine Volodine sont des objets d’ailleurs, et ce livre publié en 2006 aux Éditions du Seuil en est une illustration éclatante, sans doute car il se situe encore plus que d’autres de ses romans au-delà de l’Histoire.

L’extinction de l’humanité est quasiment achevée et on ne croisera ici - dans le premier et le dernier récit du livre - qu’une ou deux femmes qui voudraient s’accoupler pour assurer leur descendance, faute de mâle humain survivant, avec l’éléphant Wong. Les difficultés concrètes de la chose et l’attitude de l’éléphant, qui ressent de la compassion face une situation dont il est seul à saisir l’absurdité, rendent le récit humoristique malgré la disparition tragique et misérable de l'espèce humaine.



Avec une construction en miroir découpée en sept parties qui se font écho, «Nos animaux préférés» est à la fois extrêmement noir et drôle, comme si l’humour était une arme d’une puissance proportionnelle au désespoir, affûtée pour pouvoir dire l’inadmissible. Trois récits mettant en scène Balbutiar, souverain de type crustacé ou crabe, qui dénoncent et ridiculisent ici l’absurdité et la cruauté d’un pouvoir dérisoire, évoquent Éric Chevillard par la fantaisie animalière, le maniement de l’absurdité et la virtuosité d’une écriture classique, mises par Antoine Volodine au service du politique.



«Minesse avait un jour été remarquée par le roi, alors qu’incognito celui-ci flânait dans le quartier des boutiques obscures. Ses parents tenaient une échoppe d’herbes et de confiserie, et ils y végétaient, accablés par la dégradation de leurs marges commerciales. Ils ne fondaient aucun espoir sur leur fille. Celle-ci en effet traversait avec insouciance la conjoncture économique défavorable, ne vendait son corps à personne pour aider à boucler les fins de mois ; elle n’avait pas l’absence de scrupules qu’il faut pour réussir dans le capitalisme primitif, et elle se piquait d’être étudiante.»



L’avancée dans la lecture est une progression vers la noirceur, même si les histoires, comme des contes obscurs aux références bouleversées, résistent à toute lecture univoque, à toute certitude. La «Shaggå du ciel péniblement infini», récit crypté de l’épuisement et de l’abandon de tout espoir, projette ainsi le lecteur dans une atmosphère crépusculaire, dans un monde devenu factice jusqu'au ciel et aux nuages.



«Il y eut un temps où sur les surfaces de brique la peinture blanche servait à construire une histoire et à appeler à l’aide ou à la révolte, il y eut un temps où des hommes et des femmes niaient l’idée de la défaite, il y eut un temps où même les animaux savaient établir la différence entre l’envers et l’endroit du décor.»



Les images d’Antoine Volodine resteront ancrées dans nos vies et dans nos rêves.
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