AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Charles Dantzig (204)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Pourquoi lire ?

Ce livre s'adresse essentiellement aux lecteurs compulsifs de littérature; ceux-ci sont plus à même de se retrouver dans les situations de lecture proposées par Dantzig.

Enfant, nous partageons le même incompréhension des parents face à ce temps jugé inutile. Adulte, nous ne sommes souvent pas mieux compris.

Dantzig cloisonne la littérature et n'autorise pas tout roman à en faire partie parfois avec justesse, parfois avec mauvaise foi mais jamais méchamment.

C'est frai, récréatif, et amusant.
Commenter  J’apprécie          80
Proust Océan

« Dans très longtemps, quand cet Océan se sera retiré faute de lecteurs, ou à cause de je ne sais quelle catastrophe intellectuelle causée par les Financiers, il restera d’À la recherche du temps perdu ou bien rien, pas même le nom, ou bien une sorte de tête en pierre très usée tombée d’une statue dont le corps aura disparu, grumeleuse, le nez rogné, les traits effacés, ressemblant plus à un pamplemousse qu’à une tête, et on ne saura pas si l’on a affaire à un homme ou à un lion. Dans le vent de la durée, l’œuvre s’emploie à redevenir caillou. »

D’ici à ce que cette sombre prédiction advienne, on peut toujours et encore s’abreuver à la source, mais aussi plonger avec délices dans cet ouvrage complexe et détaillé, concocté par un véritable amoureux et exégète de la littérature proustienne.

Je fais partie de ceux et celles qui ont commencé, abandonné et ultimement lu Du côté de chez Swann, sans parvenir à continuer l’aventure. Et donc, en me plongeant dans Proust Océan, je m’assurais en quelque sorte d’apprivoiser la « bête », cette écriture et ce style qui me donnent tant de mal.

Charles Dantzig réussit, avec esprit et finesse, à décortiquer cette somme littéraire hors du commun. Il m’a entraînée à sa suite dans un voyage autour de Proust, empreint de la beauté de ses mots et de ses longues phrases descriptives, lesquelles dans ce contexte didactique, me sont devenues aisées à appréhender. Aux extraits des romans, l’auteur y ajoute ses analyses, ses émotions ressenties à la lecture, de la première à la dernière, et offre un portrait émouvant de Marcel Proust, l’homme derrière l’écrivain.

Charles Dantzig bouscule les lieux communs et houspille avec insolence les mauvais lecteurs et les insensibles à la prose de Proust, dans une formidable sommation à lire sans relâche.

« À la recherche du temps perdu est la plongée sous-marine entre deux phrases qui seraient : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » et « Je suis devenu écrivain. »

Commenter  J’apprécie          160
Proust Océan

Charles Dantzig signe avec Proust Océan une déclaration d’amour littéraire à Marcel Proust. Au moment où bientôt sera fêté (le 18 novembre 2022) le centenaire de sa disparition, l’écrivain nous replonge dans son œuvre, admiratif de cet homme qui a consacré sa vie à l’acte d’écrire.



Proust Océan est implacablement documenté avec son ton exalté qui relie La recherche du temps perdu aux grands noms de la littérature. C’est singulier !



Le lecteur est assailli de citations avec lesquelles il surnage mais se noie aussi quelque fois ! Alors, il faut reprendre sa respiration, puis survoler les phrases précédentes pour mieux s’y replonger. Ainsi, l’idée poursuivie par le paragraphe découvert peut s’apprécier.



N’empêche qu’il faut poursuivre car de tous les éléments découverts ce sont les arguments de l’écrivain qui nous importent et ses saillies deviennent limpides, d’une intelligence fine, d’une culture phénoménale.



Reste que cette explication de texte de plus de 300 pages m’a laissée un sentiment d’immense admiration concernant la connaissance de l’œuvre et de l’écrivain. Même si trop foisonnant, le texte de Charles Dantzig pourrait y perdre son lecteur.



Ce blog l’atteste, je suis férue de cet écrivain hors pair et de son œuvre étonnante, plurielle et encore très moderne.



Seulement le format, ebook, m’a gênée. Avec cette impossibilité de feuilleter en arrière lorsque l’esprit s’évade. Avec la difficulté d’avancer pour mieux y revenir. J’apprécie Charles Dantzig dans ses émissions, elles aussi si singulières.



De tous les essais précédemment lus sur Marcel Proust, Proust Océan de Charles Dantzig est celui qui restera, pour moi, un océan qu’il faut prendre le temps de traverser sereinement !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          100
Proust Océan

Ce récit aurait pu être intitulé Miscellanées proustiennes, tant le propos est varié. Bien sûr il est question de l’oeuvre, mais aussi de l’écrivain, et bien entendu de la relation entre le narrateur et l’auteur de la Recherche.



Les thèmes abordés sont multiples.



Les portraits de personnages, qui sont souvent composites et que l’amateur d’histoire peut rattacher à telle ou telle personnalité ou même à plusieurs.

l’antisémitisme, et l’affaire Dreyfus, replacé dans le conte politique de l’époque

L’opinion de têtes d’affiche littéraires sur l’oeuvre de Proust, comme Céline, Cocteau, Gide …

Le style si unique, avec une analyse précise, comme la triple adjectivation, qui rapproche Proust de Racine, ou l’utilisation de conjonctions, :

« Les conjonctions dans Proust sont l’ajout de maïzena dont la cuisinière précautionneuse fait un ajout ultime pour maintenir la sauce »

De cette liste non exhaustive , on retient la preuve de l’admiration sans borne de Charles Dantzig pour l’oeuvre, et une connaissance solide à la fois de la biographie et du roman.



Ecrit avec une certaine familiarité, parfois matérialisée par des traits humoristiques, le récit se lit avec plaisir, et sans doute encore plus si l’on a lu la Recherche. Mais il pourrait aussi susciter une envie de découvrir ce classique indémodable.



Merci à Netgalley et aux éditions Grasset



336 pages grasset 21 septembre 2022

#ProustOcéan #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          480
Proust Océan

Charles Dantzig est un vrai amoureux de Proust.

Il aime jusqu’aux travers de la personne et aux défauts de son œuvre.



Je le dis en toute simplicité : j’aime Proust pour les mêmes raisons que CD, et en toute modestie aussi, car si j’excuse quelques travers que j’ai repérés, je n’ai ni la culture de CD, ni sa connaissance de l’œuvre, pour en reconnaître autant que lui.



CD porte sur Marcel Proust et sur son œuvre un regard souvent décalé par rapport à tout ce qu’on peut lire par ailleurs. C’est réjouissant quand on reconnaît son propre regard, et cela ouvre de nouvelles perspectives quand son point de vue à soi était différent.

Les remarques sur Albertine notamment, dont beaucoup font la couverture féminine de Alfred Agostinelli, mais dont CD avance, arguments à l’appui, que ses comportements et réactions ne peuvent être celles d’un jeune homosexuel, ont particulièrement retenu mon attention.

Au-delà de leur originalité elles rajoutent de la profondeur et de la densité à un auteur et à une œuvre qui n’en manquaient déjà pas.



J’ai aimé les coups de pattes à Gide et, en passant, à Breton, donnés pour des raisons inhabituelles là encore, et ô combien mérités.



J’ai aimé les coups de griffes aux antisémites autoproclamés et anti proustiens invétérés de l’entre-deux-guerre (sans vraisemblablement qu’aucun ne l’ait jamais lu) : Léon Daudet, Céline, Abel Bonnard, Abel Hermant…(hum hum comme c’est bizarre…)

Quant aux anti proustiens contemporains je souscris une fois encore à l’idée de CD selon laquelle leur arrogance est le symptôme de quelque chose d’inquiétant.



Avec son immense culture et son ironie pas toujours tendre Charles Dantzig nous donne à voir un Marcel Proust tout en contradictions et en cela très humain.



Il nous rappelle qu’un génie peut se cacher sous les traits d’un petit bonhomme bien ordinaire, comme Bergotte, comme Elstir, comme Vinteuil… ou comme Marcel Proust.



Et cela a quelque chose de réconfortant.
Commenter  J’apprécie          120
Proust Océan

Ce voyage au cœur d’un univers qu’il connaît à merveille pourrait laisser à la porte le lecteur: trop de connaissances, de brio, de formules, de provocations. C’est au contraire une aventure étonnante à vivre. Dantzig est un portraitiste de haut vol.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          10
Proust Océan

Le Proust est ductile et englobant comme la mer. Lire A la recherche du temps perdu, c’est traverser l’Océan. Et c’est très facile, il suffit d’adapter sa respiration.



J’ai lu La Recherche il y a quelques années en j’en avais aimé ses leitmotivs floraux. Mais je n’avais pas perçu le thème de l’océan.



Charles DANTZIG propose une grille de lecture sur le thème de l’océan, ma foi fort riche : 336 pages.



Bien sûr, il y a de longues citations de la Recherche, mais aussi des extraits plus courts.



J’ai aimé les intitulés de certains chapitres : quelques grands poissons et du fretin – Un pays moustachu.



J’ai aimé les révélations sur de nouveaux sujets (je ne vous dirai pas lesquels) et les absences également.



Une lecture exigeante mais qui m’a fait voir ce Chef d’Oeuvre de la Littérature Française avec un oeil différent.



Quelques citations :



… ce qu’il (le narrateur) avait imaginé était, en partie, exact, et que ce qu’il a découvert ne lui avait été caché que parce qu’il n’avait considérés ces inconnus que sur un plan, celui de la Perfection. L’autrui est plat.



A la recherche du temps perdu est en grande partie le roman des déchéances.



L’unicité du moi est une idée qui nous vient de la prison du corps.



A la recherche du temps perdu est le meilleur des romans de vampire.



Le Narrateur est une bouche ouverte, qui du fond de son Océan tente d’aspirer toute l’affection humaine.



Et tout cela vient de ce que cet être du sexe masculin cherche une chose que ses semblables n’osent pas demander, qu’on ne leur apporte pas, supposément honteuse pour eux, la tendresse.
Lien : https://alexmotamots.fr/prou..
Commenter  J’apprécie          140
Pourquoi lire ?

En un grand nombre de petits chapitres "thématiques" ("Apprendre à lire", "Le moment où on lit", "Le lieu où on lit", "Lire les classiques", "Lire de mauvais livres (portrait de tout le monde en vampire"), Charles Dantzig revient sur le rôle et l'intérêt de la lecture, en partant bien entendu de sa propre expérience de lecteur et d'écrivain pour mieux argumenter ses propos.



On retrouve ici l'idée de l'acte de lecture comme un tout, indépendant de la littérature, en ce qu'elle apporte à chacun quelque chose de différent puisque subjective : on ne va en effet pas tous aimer les mêmes écrivains, ou alors pas toujours pour les mêmes raisons. On ne va pas non plus se comporter de la même façon face à nos lectures : on peut annoter ce qu'on lit, au contraire laisser le livre tel quel et laisser la mémoire faire le reste... Mais on peut en tout cas toujours aimer la lecture en soi, même si l'on n'aime pas ce que l'on lit. On retrouve également l'idée que la lecture est avant tout un acte inutile selon les critères actuels de la société du prêt-à-penser et l'inutilité de la culture, mais tellement agréable, autant pour s'amuser, pour s'instruire, que pour se découvrir. Une phrase d'ailleurs que je trouve très révélatrice : "Voilà l'horreur de l'ignorance : elle ne se rend pas compte de la gravité de son état"



Un essai ma foi très intéressant et littérairement riche que je conseille fortement, car il se lit vraiment bien (c'est mieux d'avoir une lecture aisée quand on écrit sur la lecture me direz-vous) et parce qu'il m'a fait souvent sourire car je me suis parfois reconnue quant à ma manière de lire ou quant à ma façon de concevoir la littérature dans les propos de Charles Dantzig, ou encore parce qu'il a une manière assez drôle de présenter les choses.
Commenter  J’apprécie          50
Je m'appelle François

Dans les débuts du roman perplexe , plus que perplexe (…. dubitative, voire agacée?) par ce qui me paraissait être une enfance retracée de façon un peu trop glauque, j’ai finalement été happée par ce portrait d’un enfant de notre siècle.

J’y ai reconnu, ou cru reconnaître, bien sûr, les traits d’un certain Christophe R.

Lequel pendant quelque temps défraya la chronique people , et d’ailleurs l’alimente encore, à ce qu’il paraît, par des succès plus récents, et par les millions et toujours davantage de dizaines de millions d’euros engrangés…





Mais il ne s’agit pas que de cela, puisque le roman de Dantzig est surtout une sorte de variation libre sur le thème de l’Imposture.

À savoir : Quel est vraiment cet être qui avance sous des masques multiples, toujours prêt à broder l’histoire que son interlocuteur du moment a envie d’entendre - et de toute façon, depuis son plus jeune âge, biberonné au mensonge, à la duplicité, à la filouterie?

Dans la partie américaine, celle qui se passe à Los Angeles, j’ai aimé l’écriture syncopée, qui m’a fait penser aux balades…américaines, justement . Une juxtaposition d’impressions décousues, de notations plus ou moins poétiques, de phrases à première vue sibyllines , ou cyniques, mais qui finissent par faire sens.

Dans la partie Dubai ( « Doux bail » … mais pas tant que ça), j’ai aimé le sentiment de décrochage devant la démesure des ambitions humaines, et puis la noirceur absolue, le consentement à la mort, à l’anéantissement.

Et néanmoins dandy, jusque dans les détails, cela va sans dire.

Cela m’a paru en quelque sorte métaphorique pour notre monde, notre civilisation. Puisque le narrateur s’appelle François, et c’est même la seule chose dont il soit sûr, sur laquelle il n’ait jamais menti.

François, c’est-à-dire Français, un enfant de cet Occident dont veux/veux pas il est le produit …..mais frelaté.



Moi qui suis une auditrice fervente des émissions de Charles Dantzig sur France Culture, je n’ai pu m’empêcher de m’interroger sur la part d’autobiographie qu’il y pourrait y avoir dans cette biographie d’un Éphémère « Célèbre » , mais révisée, revisitée. Mais ceci est un autre histoire…





Pour faire bref, et pour résumer mon propos:

Un roman à la fois dérangeant et subtil. Je ne peux pas dire que je l’ai adoré, mais je ne suis pas loin de penser qu’on le relira avec avidité, dans quelques décennies, pour comprendre notre époque.

Commenter  J’apprécie          30
Dictionnaire égoïste de la littérature française

Cet ouvrage n'a de dictionnaire que le titre. Dantzig choisit dans une collection des mots et des auteurs. Il tente une définition d'un concept, d'un genre, d'une oeuvre, d'un écrivain n'hésitant pas au passage quelques coups bas quand il s'agit de décrire des auteurs qu'il n'apprécie guère. L'un est trop bien né, l'autre zozotte, Dantzig n'a visiblement pas de filtre, et écrit comme il discourt un samedi soir avec ses bons amis, vautré dans son canapé, les pieds sur la table: son dictionnaire n'a pas de tenue, encore moins de retenue. Presque 1000 pages sur ce ton, écrites serrées, autant dire que je préfère le dictionnaire, le vrai, au prisme de ce monsieur, qui n'apporte rien si ce n'est un goût âpre à la littérature dont on peut largement se passer. Au moins celui là n'aura pas moisi dans la PAL, mieux, il finira ses jours dans une recyclerie, j'ai besoin de place pour d'autres ouvrages. L'intégral de Yourcenar par exemple.



Encore un commentateur qui brasse du vent.
Commenter  J’apprécie          70
Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale

Moins dictionnaire que kaléidoscope d'anecdotes, ce livre est parfois agréable à parcourir à petites doses, mais je doute que beaucoup de lecteurs arrivent au bout de ses 1244 pages. Il y a de tout, en vrac, des entrées hététoclites sur des écrivains, sur des oeuvres, mais aussi sur des mots (gaspillage, morale, décevoir, zorro,...) et des anecdotes comme "Malencontreuses histoires de publication", "Le mal paye" ou "Liste des choses pénibles et des choses charmantes en littérature". Il ne faut pas s'attendre à des analyses sur des écrivains, qui soient centrées sur l'essentiel (oeuvre ou biographie), mais plutôt sur des détails chers à l'auteur, autour et à l'entour de certains écrivains, avec beaucoup d'absents célèbres malgré ces 1244 pages. Pour moi, c'est difficile à digérer.
Commenter  J’apprécie          74
Pourquoi lire ?

Et vous, pourquoi lisez - vous? 🔍



✏ J'ai bien aimé ce livre philosophique sur la lecture, je le trouve très intéressant. Il est à la fois sérieux, érudit, amusant, bienveillant, empathique, séduisant, bref, original.



☕ On peut revenir, le temps d'un café, sur les mini-chapitres croquants, pétillants ou fondants que nous avons aimés.

De quoi se faire un café gourmand!🍫 📖
Commenter  J’apprécie          10
Dictionnaire égoïste de la littérature française

Voici un dictionnaire littéraire inutilisable qui laisse rêveur. Quels plaisirs de lecture pourtant ! Charles Dantzig possède une érudition digeste et un amour profond de la littérature qu'un style fluide, presque primesautier, rend immédiatement accessible. le lecteur a envie de s'enthousiasmer et de partir à la découverte d'écrivains connus ou confidentiels. L'ivresse est dans le ton. Bien sûr, l'essayiste ne peut pas rendre la force poétique contenue dans l'oeuvre d'auteurs tels Rimbaud ou Baudelaire mais ses remarques biographiques sont pertinentes, tranchantes, sans concession au bon goût ambiant. Certaines phrases peuvent faire éclater de rire. Ainsi, Marguerite Yourcenar est décrite comme un « vieux labrador enroulé dans un torchon », Marcel Aymé comme un « paysan aux yeux de varan ». de nombreuses citations bien choisies et parfois franchement désopilantes : « On est plus près du coeur quand la poitrine est plate » de Louis Bouilhet, égayent les notices qui s'étendent parfois sur plusieurs pages. La longueur des notices n'est pas toutefois proportionnelle à l'intérêt de Charles Dantzig pour l'auteur en question. Ainsi, l'entrée faite à Fernando Pessoa tient sur une page et demie mais l'auteur portugais trouve pleinement sa place dans ce dictionnaire amoureux consacré à la littérature française. Une ou deux notices du Dantzig avant de s'endormir est une excellente médication de l'âme.
Commenter  J’apprécie          40
Les vingt premières années du XXIe siècle racontées..

Depuis 2016, Charles Dantzig publie un recueil annuel de textes écrits par divers auteur autour d"un thème spécifique, cette année; les vingt premières années du XXIè siècle.

Le résultat est très décevant. Sur les vingt auteurs, seuls

Oriane Jeancourt Galignani et son texte distancié sur le FN au second tourr de la présidentielle de 2002,

Adrien Goetz et sa magnifique description de la construction du Viaduc de Millau,

Arthur Chevallier et son conte autour d'une amitié de lycéens en 2005,

Sandrine Treiner et son ode à la nature, aux arbres, à la puissance de l'océan et

Claudie Hunzinger et sa méditation sur le solstice et la disparation des espèces

m'ont touché. Par compassionn, je ne commenterai pas les autres...
Commenter  J’apprécie          00
Dictionnaire égoïste de la littérature française

Aurais-je succombé pour des mauvaises raisons ? L'insolence, l'aplomb.

Au sujet De Stendhal, qu'il affectionne d'ailleurs :

« Stendhal est partial, de mauvaise foi et veut souvent faire le malin. »

« Il expose des généralités avec un aplomb qui fatigue ». P831

Eh ben, cella colle parfaitement à Dantzig :



Dantzig est partial, de mauvaise foi et veut souvent faire le malin.



.

Ses dieux sont Racine et Proust.

Sa grande affaire est le style. « Sujet : ce n'est pas le sujet d'un livre qui prime, mais la façon de le raconter ». Page 844.

Parfois il consacre des pages à des stylistes confidentiels comme Morand et Larbaud.

.

Extraits :

Au sujet de la Vie de Rancé de Chateaubriand : « Une phrase comme : ‘Le bourreau, en tranchant la tête à la reine d'Ecosse, lui enfonça d'un coup de hache sa coiffure dans la tête, comme un effroyable reproche à sa frivolité' a dû faire chavirer Cocteau, s'il l'a lue.' » p928

.

Voltaire : « ‘Ils ôtent de l'histoire de Socrate qu'il ait dansé', dit La Bruyère des esprits bornés. Ils l'ôtent aussi de celle De Voltaire. Voltaire dansant, cela a pourtant existé, et c'est aussi vrai que l'édenté courbé dans un fauteuil à oreillettes. [ ] Voltaire paie sa gloire de vieillard de ce que nous ne le voyons plus qu'ainsi. Montrez-le nous jeune, cambré, rieur ! » p 947

.

Paul Claudel : "Le huitième jour, Dieu créa Paul Claudel. Il avait envie de se foutre du monde. [ ] Chez Claudel le sublime est trop ostensiblement sublime. Je pourrais aussi dire Wagner, même si Wagner est pour le Néant et Claudel pour le Crée : le genre mythe-feuilleton, avec fumées, pythies et confusion. » P181

.

« Les personnages De Balzac sont des épouvantails. Les personnages de Dickens sont des tics. Les personnages De Beaumarchais sont des gifles. Les personnages de Proust sont les pattes ultrasensibles prolongeant le cerveau en poulpe du narrateur. Les personnages de Marivaux sont des papillons. Les personnages de Cocteau sont des ombres chinoises. Les personnages De Beauvoir sont les poupées d'un ventriloque. Les personnages de Tchekhov sont une vapeur de thé. Les personnages de Pétrone sont des éclats de rire. Les personnages de Nabokov sont des vices. » P651

Oh combien réducteur. Mais en même temps une touche ludique.

Jouez ! (interdit d'utiliser des adjectifs)

Les personnages de Dostoïevski sont des….

Les personnages de Victor Hugo sont des …

Commenter  J’apprécie          60
À propos des chefs-d'oeuvre

Un excellent livre pour donner envie de lire d'excellents livres
Commenter  J’apprécie          10
Pourquoi lire ?

Le titre est alléchant et c'est bien pour ca que j'ai acheté ce livre. On ne peut nier l'érudition de Charles Dantzig. On ne peut nier sa force d'écriture. Mais je suis restée pantoise devant quelques propos péremptoires et élitistes, un regard parfois cynique et un discours qui frôle le sexisme. Dans cet essai, l'auteur assène sa vérité sur la lecture et la littérature - celle de Dantzig, la grande avec un L majuscule - égratignant au passage certains types de lecteurs, d'écrivains et de genres littéraires. Bizarrement, je me surprends à y retourner, à relire, à sourire parce que - même si je ne suis pas entièrement d'accord avec lui - son vagabondage pour répondre à cette question me plait. De courts chapitres, une écriture incisive, beaucoup de phrases qui restent et comme il l'écrit si justement : " ne peut-on pas dire qu'une lecture est réussie lorsqu'il nous en reste des phrases ? Elles sont comme des foulards dans un tiroir, aux couleurs toujours fraîches, conservant à jamais dans leurs plis l'odeur délicieuse d'une pensée, d'une émotion." Pourquoi lire ? Pourquoi pas.
Commenter  J’apprécie          40
Pourquoi lire ?

Il y a de cela un demi-siècle (Il n'est pas rafraîchissant de se rappeler des souvenirs aussi lointains !), tous les jours de la semaine je me rendais de la caserne de la pépiniére au ministère de la Marine. Un parcours d'environ 15 minutes que je faisais à pied, avec sur la tête le célèbre bachi à pompon rouge de la Marine Nationale, et tenant à la main un livre dans la lecture duquel j'étais plongé. Cette déambulation iconoclaste ne devait pas passer inaperçue. Ces deux institutions n'existent plus en tant que telles aujourd'hui, la première est devenue un cabinet d'avocats et la seconde une vitrine du Centre des monuments nationaux. Sur le trajet, dans le prolongement de la rue royale, l'église de la Madeleine expose toujours sa majestueuse façade visible depuis la place de la concorde. Ces lieux sont pour moi, associés à l'activité de lire en marchant. L'église de la Madeleine semble avoir été posée là comme un clin d'oeil à Proust. Elle évoque pour moi les mêmes sensations nostalgiques que la célèbre pâtisserie dont parle l'auteur d'à la recherche du temps perdu…



  Ce souvenir m'est revenu instantanément à l'esprit en commençant la lecture du premier chapitre du livre de Charles Dantzig « Pourquoi lire ? ». Belle entrée en matière que de partager dès les premières lignes un moment de vie avec un auteur. C'est un peu pour cela que nous lisons, du moins pour la part égoïste de nos motivations ; retrouver dans une histoire où chez un personnage, notre vécue personnel à travers des sentiments, des idées ou des évènements décrits par l'auteur comme nous aurions pu le faire si nous disposions de son talent. Charles Dantzig commence donc avec beaucoup d'humour à nous parler de ses lectures en marchant :



« Plus d'un horodateur de Paris a été ému de m'entendre lui dire “Pardon monsieur !” Après que je m'étais cogné à lui en lisant un livre. » Ceci est le point de départ de son questionnement, lire est-il un acte aussi naturel que la marche où répond-il à des motivations spéciales ? Pourquoi lire ?



  Cet essai, écrit avec talent, érudition et humour est l'occasion pour l'auteur de nous livrer ses réflexions autour de la lecture, de ses bienfaits, de ses dangers, de ses limites. Il nous livre aussi quelques anecdotes, en tant que lecteur ou écrivain et nous fait part de ses préférences littéraires. Cela donne un patchwork de textes assez courts et plaisants à lire où se mêlent des conseils de lectures, des pensées philosophiques, des critiques assez virulentes à l'égard de certains auteurs et des mises en garde :



« Attention, les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses. » (page 18)



« Pour moi, je voulais de l'imprimé qu'on pût souligner et dans les marges duquel on put suspendre des annotations… Un bon lecteur écrit en même temps qu'il lit. » (page 22). « Victor Cousin, le philosophe, disait : “Je monte à l'échafaud, quand je me couche.” Enfant, adolescent, jeune homme, j'étais comme lui. Je le suis encore. Arrêter d'écrire, de lire, de s'amuser, pour ça ! Il faudra me pousser vers la tombe, mon squelette freinant des talons dans le gravier pendant que mes métatarses tourneront les pages d'un livre et que, claquant des mâchoires, je protesterai : “Je n'ai pas fini ! Je n'ai pas fini !”. (page 128).



  Charles Dantzig décline ainsi toutes les raisons qui nous poussent à lire où à ne pas lire : lire pour se contredire, lire pour se consoler, lire pour s'isoler, pour le vice, pour rajeunir, pour changer le temps.



“Pourquoi lire ? Pour devenir moins borné, perdre des préjugés, comprendre. Pourquoi lire ? Pour comprendre ceux qui sont bornés, ont des préjugés et aiment ne pas comprendre.” (page 81).



  En tout près de quatre-vingts questions auxquelles l'auteur tente une réponse et nous invite aussi à réfléchir à nos propres motivations. Mais la grande question est de savoir si la lecture est civilisatrice, contribue-t-elle à pacifier le monde, à rendre les hommes meilleurs ? L'auteur n'en est pas convaincu :



“Plus je lis, moins j'ai l'impression d'être civilisé. La lecture des grands auteurs me montre que je n'ai jamais cessé d'être un barbare, un ignare, un imparfait… Je manque de paix intérieure, la lecture ne me l'a pas apportée.” Un pessimisme que je ne partage pas même si j'admets que l'histoire ne manque pas d'exemples de criminels cultivés et grands lecteurs. L'éducation et la culture restent à mon sens les meilleurs alliés de la civilisation.



  Se demander pourquoi lire revient à se poser la question de savoir à quoi sert la lecture. Au terme de ce livre j'ai envie de répondre ceci : la lecture ne nous transforme pas, mais elle nous aide sans doute à devenir ce que nous sommes vraiment. Atteindre les limites que la nature nous a assignées, voilà une belle et raisonnable ambition, peut-être la seule qui vaille.



  Charles Dantzig né en 1961 à Tarbes est un écrivain et éditeur français. Son livre “Pourquoi lire ? Lui a valu l'obtention du prix Jean Giono pour l'ensemble de son oeuvre. Il est aussi l'auteur du remarquable ‘Dictionnaire égoïste de la littérature française'.





Bibliographie :





— ‘Pourquoi lire ?', Charles Dantzig, Grasset (2010), 249 pages.



— ‘Dictionnaire égoïste de la littérature française', Charles Dantzig,, Grasset (2005), 962 pages.
Commenter  J’apprécie          155
Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Trouvé au hasard des visites dans les boîtes à livres, ce recueil de textes édité par le livre de poche un mois après l’attentat survenu le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo m’est tombé dans les mains fort à propos. En effet, je terminais la lecture du Lambeau de Philippe Lançon, il me paraissait intéressant de confronter à ce texte très personnel, cette vision plus large des tragiques événements. J’ai eu beaucoup plus de mal à venir à bout de ce recueil que du témoignage de Lançon mais certains textes m’ont particulièrement interpelée : le texte de Claude Halmos sur le rôle de l’école dans la nécessité d’apprendre à penser par soi-même ou celui de Caroline Fourest qui s’adresse avec émotion à « ses camarades » dans un bel hommage à leur esprit frondeur ou enfin celui de Romain Puértolas qui met l’humour et la dérision au cœur de son récit, très beau clin d’œil là aussi à l’esprit Charlie Hebdo. On y retrouve également de quoi nourrir sa réflexion sur cette absolue et nécessaire liberté d’expression à travers la prose de Voltaire, de Victor Hugo ou Beaumarchais et sous la plume de notre contemporain, Jacques Attali. Malgré les cigales qui chantent à tue-tête, un ouvrage grave mais nécessaire pour nous aider à choisir les chemins que l’on souhaite tracer demain pour notre pays. Sans contexte, une lecture citoyenne et républicaine qui garde tout son sens et son actualité cinq ans plus tard.
Commenter  J’apprécie          80
Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale

Ce dictionnaire de la littérature mondiale nous rappelle qu'il n'y a pas d'écrivains « étrangers ». Si Virginia Woolf et Pier Paolo Pasolini écrivent dans une autre langue, ils peuvent être plus proches de nous que bien des écrivains français. À chacun sa mappemonde littéraire.



Un livre allègre, partial, drôle, sérieux, brillant, inattendu, qui donne envie de lire et de converser avec l'auteur à propos de cette littérature avec laquelle nous vivons, et qui nous fait vivre.



Une érudition remarquable qui m'a ouvert bien des horizons entre autres "le cavalier rouge" de Isaac Babel.

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Charles Dantzig (1000)Voir plus

Quiz Voir plus

Seconde Guerre Mondiale

Quel événement marque le Début de la Seconde Guerre Mondiale

L’annexion de l’Autriche par l’Allemagne Nazie
L’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir
L’invasion de la Pologne par l’Allemagne Nazie

12 questions
23 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre mondialeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}