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Citations de Charles Dobzynski (228)


Charles Dobzynski
La tomate

Trop timide, la tomate
Devient écarlate
Quand on lui dit qu'elle est belle
Un rien l'épate.

Elle se dresse sur ses pattes
Pour imiter les hirondelles
Elle rêve d'avoir des ailes,
S'arrondit, se gratte,
Se gonfle d'eau, se dilate,
Mais a chaque fois ça rate :
Aucune plume ne pousse
A son épaule tendre et douce.

La tomate échec et mat
Se résigne, s'acclimate,
Mais sous son air ombrageux,
Puisque le ciel est paradis perdu
Elle mijote son jus d'aromates,
Un songe rouge et nuageux.

(Extrait de Qu’est-ce qui mijote dans ma marmite à mots)
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Charles Dobzynski
La poésie, c'est toujours l'inattendu.
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Comme sur une charrette on dérobe une pastèque
Je voudrais chiper la lune avant qu’il ne fasse jour,
L’emporter sous ma chemise et la sentir sur ma peau
Et vagabonder ainsi la main au fond de ma poche
Chantonnant et sifflotant - moi le luron lumineux.

Les ruelles, les marchés, les tavernes, les asiles
Écoutent comment mon corps joue et chante tout à coup.
Et jouant ma sérénade et chantant je le conduis
Par les rues comme le dit le Cantique des Cantiques,
Mais je suis tombé soudain parmi les veilleurs de nuits,
Ils m’ont cogné tour à tour, coups en pluie et coups en grêle,
M’ont fait saigner, m’ont blessé, battu à mort parce que

Comme sur une charrette on dérobe une pastèque
J’ai chipé la lune avant que le jour ne soit levé
L’emportant sous ma chemise à la chaleur de ma peau
Et vagabondant ainsi la main au fond de ma poche,
Chantonnant et sifflotant – moi le luron lumineux.

(Jacob Sternberg)
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Dans une larme du temps
Comme il est dur
De sertir
Un sourire,
Une mélodie
Se couvre
De nuages
Le chemin
Du berceau.
Seul le bleu, ce bleu-là,
Galope
Sur un faon
Et veut percer de part en part
Le brouillard
Et le
Temps.
     
     
Rivka Basman Ben-Haim
née en 1925 à Ukmergué, Lituanie.
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(Marc Chagall)

Je m’éveille dans la douleur
D’un nouveau jour, avec des espérances
Qui ne sont pas encore peintes,
Qui ne sont pas empreintes de couleurs.
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ULTIME BILAN

Au moment où j'établis
L'ultime bilan,
Comptant et mesurant
Comme sur un échiquier le mouvement
De mon parcours sur les sentiers
Depuis le berceau jusqu'à l'instant présent,
Il me semble
Qu'à moi même
Je fus et suis restée aveugle,
J'ai cherché chez les autres les failles.
Je n'ai jamais assez
Aimé. Loué. Accordé ma confiance.
Entre le oui et le non
Je n'ai su construire aucun pont.
J'ai trop haï plutôt que de comprendre,
Et trop souvent je me suis tue
Lorsqu'il fallait jeter la pierre.
J'ai cru que chaque jour était un fruit
Succulent et mûr
La nuit une forteresse
Et le rêve un toit.
Je n'ai pas su
Que la vie - dur métier,
Il te faut en faire l'épreuve
Et l'exercer.

Dora Teitelboïm
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Cherche l’amour

Cherche l’amour, mais n’en demande point mesure,
de lui n’exige point exactitude et loi.
La vague vient portant une averse d’écume
Elle te lave avec les astres et l’azur.

Cherche l’amour, mais ne rappelle point son nom
Au port dans le tumulte des navires,
Se gonflent les courants, flammes et tourbillons,
Mais dans les profondeurs les perles se retirent.

Cherche l’amour à la margelle des étoiles,
Au loin, là-bas où se nouent tant de voiles,
Où la mer sur le ciel déverse tout son sable
Et le tamise avec le tamis de la lune.

Cherche l'amour, mais ne l’attache point à l'ancre,
Prends à la mer un seul instant de bleu lustral
Et quand s'enfuit la vague — alors remercie-la
Et que la suive ton regard : deux calmes voiles.

Arie Shamri (1907-1978)
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La vie a noué sa cravate…


La vie a noué sa cravate,
s’est aspergée d’eau de Cologne
et s’en est allée au théâtre.

Elle a chaussé ses lunettes
– la vie est un peu myope –
et s’est mise à observer la scène.

Au premier acte, sur le plateau,
c’était une fête exceptionnelle,
une fête comme elle n’en avait jamais vu.
Des amoureux apparaissaient
qui parlaient un langage tel que la vie, depuis qu’elle vit,
n’en avait jamais entendu.

Dieu, la vie ouït-elle jamais de pareils propos !
Au deuxième et au troisième acte survinrent des malheurs
si originaux que la vie dut ôter ses lunettes pour les essuyer.

Jamais, en nul lieu, en nul temps,
la vie n’avait vu des gens se comporter de cette façon.
Le rideau est tombé sur le dernier acte
et la vie a applaudi, crié bravo.

Quand la vie a quitté la représentation, il était déjà tard.
Elle a comparé ce qu’elle avait vu au théâtre
et en a conclu que la vie ne sait pas du tout vivre.
Qu’il lui faudrait, de temps à autre, faire un saut au théâtre
pour apprendre comment les gens se comportent,
afin de savoir quoi faire en des circonstances analogues.

Et, depuis lors, la vie va régulièrement au théâtre,
et la vie devient chaque jour plus intéressante,
meilleure, plus raffinée, plus dramatique.


//Moshe Nadir
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Laisse-moi me taire (Hirsh Glik)

Laisse-moi, laisse-moi me taire,
Que cessent les mots.
Laisse-moi dire une prière
Tout bas, les yeux clos.
Nul ne peut, ni gardes en armes
Grille ou barbelés,
Nul ne peut interdire aux larmes
Tout bas de couler.

Pareils aux arbres de silence,
Vent, ne nous évite,
Mais qu’avec toi nos vœux s’élancent
Vers d’autres zéniths.
Va ton chemin, brise légère,
Va sans trop flâner
Pour porter à ma vieille mère
Mes tendres pensées.

Parmi les yeux de millions d’êtres,
Ceux de ma maman,
Tu sauras bien les reconnaître :
Ils sont différents.
Nul vent ne sèche la rosée
À ses yeux brûlants,
Elle pleure, martyrisée,
Son fils, dans un camp.

Va vite, vent, je lui envoie
Un signe d’amour,
Que ses yeux malades revoient
Son fils, de retour.
Et le vent murmure : est-ce un rire
Ou, secret, un pleur ?
De ma fin déjà, veut-il dire
Qu’ici sonne l’heure ?

Écoute encore, vent, écoute,
Au cœur un sanglot.
Mais le vent a fui sur la route
Et plus un écho.
Maintenant laisse-moi me taire,
Que cessent les mots.
Laisse-moi dire une prière,
Tout bas, les yeux clos.

(p. 563-564)
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TOUS LES DEUX


Moi et la mouche – tous les deux
Notre tête cogne aux fenêtres
Moi et – la mouche.

Moi et le lion – tous les deux
Nous hurlons à travers les grilles
Moi et – le lion.

Moi et le monde – tous les deux
Nous nous étreignons par les yeux
Moi et – le monde.


//Moshe Nadir
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Je t’ai cherché

Je t’ai cherché, mon bien-aimé, dans tous les espaces secrets,
Dans la forêt de laine blanche des nuages
Suspendus au matin tels les fruits bleus du gel.
Là le vent est un Dieu sur la fin de notre âge,
Il joue avec des astres morts et des naines de neige.
Là le vent boréal accroche ses cloches d’argent
Parmi d’aveugles ouragans, et son souffle secoue
Les bivouacs de la nuit, disperse à l’aube les étoiles.
Là, sur tous les chemins du temps, les convois infinis et bleus
Où dansent des spectres de feu transpercés d’éclats du soleil,
Là où scintillent les photons nouveau-nés, là
Où rougeoient les cœurs mystérieux des Céphéides,
J’ai cherché ta trace, partout, et j’avais les yeux de la foudre,
Du tonnerre j’avais la voix, t’appelant durant tant d’années,
Je chantais ton nom dans la nuit comme jadis les troubadours,
J’étais folle de nostalgie et j’étais malade d’amour.

Dora Teitelboïm (1914-1992)
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Ton appel

Je ne sais pas si j’ai vécu. Je ne sais pas
Si je vis. Je regarde le ciel
Et ne reconnais pas le monde.

Mon corps s’en va vers la nuit,
L’amour, les fleurs des images
D’un sens à l’autre sens m’appellent.

Ne laisse pas ma main privée de bougie
Quand ma chambre s’obscurcira.
Comment dans la blancheur verrai-je ton éclat?

Ton appel comment l’entendrai-je
Quand je resterai seul sur min lit
Quand mon corps connaîtra le silence et le froid?

Marc Chagall (1887-1985)
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La nuit est obscure (H. Leivick)

La nuit est obscure
Aveugle je suis
Et le vent m’arrache
Mon bâton de buis

Vide est ma besace
Et mon cœur béant
Tous deux — en surcharge
Tous deux — trop pesants.

J’entends que m’effleure
La main de quelqu’un
Donne, et ton fardeau
Portons en commun

Le monde est opaque
Nous marchons à deux
Moi portant le sac
Lui — portant mon cœur.

(p. 166)
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Chemins de mort (H. Leivick)

Si du moins à notre rencontre
Quelqu’un venait
Pour nous dire, fût-ce au passage,
« Soyez en paix ».

Simplement de quelqu’un ne voir
Même que l’ombre,
Dire « la paix soit avec toi »
Et avoir honte

Qu’au moins pour nous, saisi de crainte,
Tremble quelqu’un,
Même s’il nous jette au visage
Notre gourdin.

Mais nul, nul à notre rencontre
Ne vient encore.
Plaines et broussailles sauvages,
Chemins de mort.

(p. 161)
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        (fragment)
                  À Hélène.


Trottoirs mouillés ma déchirure
Vous reflétez tout un passé
Les pas les jours que j'ai semés
Dans cette ville de voilures
Dans Paris voguant sous la pluie
À la dérive des vitrines
Une femme appelle un taxi
L'air est bleu comme du futur

Me voici dans la capitale
De la pluie et de la beauté
Cité comme un cœur éclaté
Bateau prisonnier des bouteilles
Dans chaque goutte tombe un cœur
Et dans chaque cœur un soleil
Équateur d'ombre et de douceur
Rends-moi celle que j'ai aimée

Il n'est pas de nuit plus secrète
Que ton visage né de l'eau
Corne de brume ou cinéraire
Dorade d'incendie et d'or
Il n'est pas de ciel aussi beau
Que celui qui chante tout bas
Dans les veines émerveillées
De ta vie et de ta jeunesse…
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Morris Rosenfeld (1862 Bokcha – Pologne / 1923 – New York)

YIDDISH

Maint tresseur de rime aujourd'hui se plaint
De notre parler qu'il trouve vilain :
Le yiddish est sec et rudimentaire,
Sans fleurs ni couleurs sa pauvre chanson
Nous écorche l'âme ainsi qu'un tesson,
C'est un langage acide et délétère...

Il est privé, disent-ils, de beauté,
De nobles mots, douceur et pureté,
Cela restreint, dirait-on, leurs romances ;
Il n'a que chardons pour égratigner,
Fouets jusqu'au sang pour nous fouailler,
Jamais en lui d'humaines résonances.

Oh ces cris trompeurs de polichinelles,
Pour insulter la langue maternelle,
Pour se défendre ils mentent sans remords !
Mon cher viatique, ô ma langue yiddish
Ne puis-je avec toi, si sainte, si riche,
Triompher de tout, même de la mort ?

Pour peindre les fleurs ornant les prairies
Mes mots sont couleurs, mes mots sont féerie,
Oh regardez, vous, les esprits exsangues,
De mon cœur l'amour s'est-il emparé
Qu'il trouve des mots pour le murmurer,
Le ciel immense est devenu ma langue.

La vie ne peut rien vraiment m'apporter
Qu'il ne me soit possible de chanter,
Vaste est mon langage ainsi que la mer
Et beau comme en mai les fleurs qui se trament
Ah, de mes chants voyez sourdre les flammes,
Les arcs-en-ciel que mes mots allumèrent !
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POEME AU MONDE

C'est bonheur que pouvoir bouger
C'est enchantement que toucher
C'est une merveille vibrer
Dans le floral éclat des prés,
Exaltant se laisser aller
Au flux d'événements ailés,
Joyeux en élans s'exhaler,
S'élancer en joie s'égarer.

C'est jeu se laisser entraîner
Vers les dangers illuminés,
Léger et lesté se leurrer
De tant de leurres éventés,
Par la nostalgie tourmenté,
Au vent des épreuves porté
Dans les tourbillons déchaînés
Et les cauchemars effrénés.

Aron Lutski

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TOUT DANS LE MONDE


Tout dans le monde
Est en attente du Messie.
Tout attend un libérateur. Galilée
Libère les planètes,
Copernic la terre,
Popov et Marconi les ondes,
Prométhée, Edison et Steinmetz libèrent la lumière.
Einstein libère toutes les particules du ciel en des millions de directions,
Moïse libère son peuple;
Lincoln les esclaves, et Marx, des illusions séculaires,
Lénine libère son pays et tout ses peuples, Maïakovski et
Whitman libèrent le poème, le peuple soviétique libère le monde
De l'arrogance des nazis,
Pasteur, Mechnikov et Ehrlich
Libèrent des fléaux l'humanité, Chagall libère
L'homme avec les couleurs qui l'entourent,
De l'inertie du nulle part, la forêt,
De la peur de l'homme
Et l'homme de la peur de la forêt.

Tout dans le monde
Est en attente du Messie, tout attend
Un libérateur.
Seuls ceux-là qui ne peuvent voler veulent vous apprendre
L'art de ramper.

Aron Kurtz
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Les étoiles me sont chères

Toute étoile est chère à mes yeux
Pour la pureté de son feu
Pour son vol parmi des milliers,
Pour son éclat particulier,
Parce que sa clarté profonde
Dans chaque goutte peut se fondre.

Toute étoile est chère à mes yeux
Car jamais n’est double son feu
Quand elle offre à l’eau sa lumière,
Rien n’est plus sombre ni plus clair
sur la route longue et dorée
Qui monte jusqu’à l’empyrée.

Toute étoile est chère à mes yeux
Tant son ordre est vertigineux,
Je trouve mesure pour elle,
Mais sa lumière en moi se perd
Car elle appartient à la terre
Tout comme elle appartient au ciel.

Shmule Halkin (1897-1960)
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Nous, de la vieille tribu
  
  
  
  
Comme ce perroquet
Qui resta solitaire
Quand sa vielle tribu
Fut anéantie toute entière.
Dans les liens de l’anté-forêt,
Sur la montagne des squelettes
Et qui chantait, et qui chantait,
De sa tribu le dernier dit.
Pour le préserver de l’oubli.
Ainsi nous, les poètes juifs.

Dans les liens de l’anté-forêt,
Avec nos becs calcinés,
Avec nos ailes sciées –
Portant notre deuil, notre deuil,
Nous chantons notre litanie
Sur les montagnes d’ossements
Sous les sarcasmes déferlant,
De la tribu, nous, survivants,
Poètes juifs.


// Arie Shamri (1907-1978)

/ Traduit du yiddish par Charles Dobzynski,
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