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Citations de Charles Dobzynski (228)


UN INSTANT

Un instant tomba comme une météore
Alors entre mes dents je l'ai happé.
Quand elles ont fracassé son noyau
La larme d'un royaume m'a trempé.

Il naissait du miroir de chaque goutte
Un autre songe, un être différent.
Là mille mains vêtant d'ailes la route,
Ici- vers le rêve un pont se courbant.

Là mon aïeul que le serpent menace,
Ici mon fils qu'une pierre a broyé,
J'ai trouvé, libre, une goutte fugace
Me suis moi-même en elle verrouillé.

Avrom Sutzkever, 1943
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Comme sur une charrette on dérobe une pastèque
Je voudrais chiper la lune avant qu'il ne fasse jour
Jacob Sternberg, p. 212
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Filles de New York

Les filles dans les rues
Ondulent et se plient.
Chacune est un violon
Leurs gestes — mélodie.

Dans la beauté du soir,
Où que ton pas se risque,
Tu vois les violons
Tu n’entends que musique.

Ô violons aimés
Dans la ville si vaste,
Dès lors où que tu sois
Tu es dans un orchestre.

Avrom Raisen (1876-1953)
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L'esprit raisonne, l'âme, elle, résonne. [François Cheng]
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FORGE

Forge avec ton marteau
Forge des chaînes, forge,
Sur la route du bagne
Mes pas sont frais encore.

Dans un de mes placards
Mes hardes sont en ordre
Et toujours je les garde
Pour un nouvel exode.

(H. Leivik)
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Quand viendras-tu ?

Dans l'océan des nuits
Tes paroles deviennent
Huîtres perlières
Et tes yeux, des pêcheurs
Portant filets de mélodies.

Le jour
Leur soif décoche
Des flèches de feu vers le soleil.
Qui de ton coeur pourtant
Fait le cri déchiré
Des mouettes
Effrayant même
La solitude ancienne
Du vent ?

Intouché par les temps
Tu mets la voile
Dans la pluie des regards
A travers le ruissellement
Des tristesses
Là-bas
Où sur mon pays d'attente
Croît,
Noire, l'herbe.

Quand viendras-tu ?
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IV
L’inconnu n’est plus un soldat
Je l’ai déterré
  
  
  
  
J’ai déterré le soldat inconnu
je l’ai sorti de sa réclusion
de son exclusion de la pensée
et du cadastre des cadavres
les yeux enchevêtrés à ses racines
mis en mottes
mué en marmotte éternelle
chloroformé par les hommages
les homélies et les noixcreuseries
gueule de bois de commémorations
méphisto-phalliques
rôtissant à petit feu sous la flamme
du barbecue sacral et sacrificiel
qui attisa ses brûlures
et retourna dans ses plaies le tison.

Je l’ai délivré de son sarcophage
de songes meurtriers
changés en bandelettes
de la pétrissure et de la flétrissure
d’une utopie de gloire
asphyxié par les glaires de la mémoire
empêtré dans les vomissures officielles
des oraisons dissolvantes
qui petit à petit
le dépouillèrent de lui-même.


p.49/50
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Je me réveille à l'aube et ma prière
Est un poison amer.
J'appelle le déluge une nouvelle fois
A projeter plus haut que les tours et les toits
Tous les flots de la mer,
Que ne puisse voguer nulle arche secourable.

Oh! comme il sera bon le frôlement glacé
De la mort.
Peut-être éteindra-t-il la souffrance amassée
Dans nos corps,
Les décombres du cœur, la honte de mâcher
Le pain, au bord
Des cendres par monceaux de nos frères et sœurs.

Oh! comme il sera bon de toucher les nuages
Dans cette nage d'agonie,
Sentir peut-être en moi cette douceur descendre :
Entendre de ces corps dont volèrent les cendres
Une voix pure.
J'apaiserai - fermant le cercle de la vie -
Le cri de leur blessure.

Une prière, Kadia Molodowski
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Nuit, sois douce pour moi
Comme tu l'es
Pour le moineau, pour la colombe,
Quand ils sont las tu leur donnes repos
Je te demande aussi le repos de l'oiseau.

Nuit, sois douce pour moi
Comme tu l'es
Pour l'arbre et l'herbe.

À l'heure de la nostalgie
Tu leur donnes silence
Et moi aussi je te demande
Le silence de l'herbe.

L'herbe et l'arbre
Qu'aujourd'hui le vent a bercés
Dorment calmement
Et moi j'attends
Avec ma nostalgie d'enfant
Qu'il me berce en silence.

Nuit, sois douce pour moi.

Sois douce pour moi, Moshe Waldman
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Charles Dobzynski
L’angle mort



Est-ce dans l’angle mort
que la mort n’a pas d’angle ?
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Éteignez les feux (H. Leivick)

Éteignez les feux, que tout s’obscurcisse,
En silence, assis.
Quelqu’un, je le sens — nul convoi funèbre —
Est mort par ici.

Par une fenêtre, à la dérobée,
L’ombre se faufile,
Et si nul n’est mort — bientôt, je le sais,
Quelqu’un va mourir.

Éteignez les feux, tous assis par terre,
De deuil habillés.
L’ombre qui revient n’est plus solitaire,
Mais va, dédoublée.

(p. 159)
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Viens ici (H. Leivick)

Viens ici, penche-toi,
Du bras touche ma chair.
Ô toi — je te tutoie
Toi, le Dieu. Moi, le ver.

Ô toi, genoux à terre
Docilement avant
Que sur ma peau je serre
Mon sacré vêtement.

Fais vite. Aux vitres claires
Je vois en feu voler,
Radieuse poussière
Ma carriole ailée.

Vite, dis la parole
Que tu viens m’apporter
Car sur ma carriole
Déjà je suis monté.

Viens ici, penche-toi,
Du bras touche ma chair
Tant que tu es encore
Un Dieu, et moi un ver.

(p. 158-159)
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Une prière



Je me réveille à l’aube et ma prière
Est un poison amer.
J’appelle le déluge une nouvelle fois
À projeter plus haut que les tours et les toits
Tous les flots de la mer,
Que ne puise voguer nulle arche secourable.

O ! comme il sera bon le frôlement glacé
De la mort.
Peut-être éteindra -t-il la souffrance amassée
Dans nos corps,
Les décombres du cœur, la honte de mâcher
Le pain, au bord
Des cendres par monceaux de nos frères et sœurs.

O ! comme il sera bon de toucher les nuages
Dans cette nage d’agonie,
Sentir peut-être en moi cette douceur descendre :
Entendre de ces corps dont volèrent les cendres
Une voix pure.
J’apaiserai – fermant le cercle de la vie –
Le cri de leur blessure.


// Kadia Molodowski (1894 – 1975)
/Traduit du yiddish par Charles Dobzynski
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MYSTÈRE DU MONDE


Découvert – c’est couvert au-delà de soi,
Il n’est point de nudité,
La nudité est masquée,
Chaque nudité sous une peau se dissimule,
Sur chaque peau, la protégeant, naît une pellicule
Pour interdire au sauvage dehors
D’assaillir l’intérieur.
Pas un frôlement
Pas même un léger souffle,
Rien
Le rien lui-même est un danger.


//Aron Lutski
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J’IGNORE


Des langues j’ai horreur, j’ignore l’anglais, le français,
Mais Dieu que je voudrais comprendre le langage des objets.

Je supplie un mot d’exprimer la souffrance d’autrui
Des filles et des garçons à l’âge où mûrissent les fruits.

Et d’un moribond quand ses joues prennent des briques la couleur,
Laisse-moi, d’un humilié, comprendre ne serait-ce qu’un demi-pleur.


//Aba Stoltzenberg (1/10/1905-1941)
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AVRIL


Avril
La jeune verdure
Ne sait pas encore
Ce qu’elle désire
Comment fleurir
Rouge
Blanche
S’envoler peut-être ?
Elle s’éprend, la nuit,
De chaque étoile
Et le matin
La trouve roide,
Gelée.
Avril.


//Reid Zychlinski
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MA MÈRE CUIT DU PAIN…


Ma mère cuit du pain aujourd’hui – la maison est en joie,
Quel feu d’enfer dans le fourneau – rouge de joie,
Qui s’ouvre comme bouche et rit – et rit de joie,
flamme danse avec ardeur – comble de joie,
Le four s’embrase et le bois craque – éclats de joie,
Les copeaux tels des apprentis – l’aident avec joie,
La mère cajole les pains – les caresse de joie,
Les fait basculer dans ses mains – balancement de joie,
On dirait qu’elle joue au ballon – tout en joie,
Ou les berce tels des enfants – assoupis dans la joie,
Que son visage est lumineux – il rayonne de joie,
Sur le mur son ombre s’étend, de plus en plus vaste – de joie,
L’ombre elle-même est en liesse et danse aussi – de joie,
Lorsque ma mère cuit du pain – la maison est en joie.


//Moshe Szulstein
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LE TABLEAU


Si mon soleil rayonnait dans la nuit,
Je dors – baigné dans des couleurs,
Dans un lit d’images,
Et ton pied sur ma bouche
M’étouffe et me torture.

Je m’éveille dans la douleur
D’un nouveau jour, avec des espérances
Qui ne sont pas encore peintes,
Qui ne sont pas empreintes de couleurs.

Je cours là-haut
Vers les pinceaux desséchés.
Comme le Christ je suis cloué,
Crucifié sur ma palette.

Suis-je fini,
Achevé dans ma toile ?
Tout rayonne, ruisselle, court.

Lève-toi, encore une touche
Là-bas, du noir,
Ici, le bleu le rouge se sont étendus
Et m’ont apaisé…

Écoute-moi – mon lit de mort
Mon herbe desséchée,
Les amours disparues,
Revenues de nouveau,
Écoute-moi.

Je passe par-dessus ton âme,
Je franchis ton ventre,
Je bois le reste de tes jours.

J’ai englouti ton clair de lune,
Le songe de ton innocence
Afin de devenir ton ange
Et te veiller comme autrefois.


//Marc Chagall (1887-1985)
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NOTRE VILLE FLAMBE


Ça flambe, mes frères, ça flambe,
C’est notre ville, hélas, qui flambe,
Des vents cruels, des vents de haine
Soufflent, déchirent, se déchaînent
Les flammes sauvages s’étendent
Aux environs déjà tout flambe.

Et vous, vous êtes là, vous regardez
Les mains immobiles,
Et vous, vous êtes là, vous regardez
Brûler notre ville…

Ça flambe, mes frères, ça flambe
C’est notre ville, hélas, qui flambe
Et les flammes carnassières
Dévorent notre ville entière
Et les vents de colère hurlent
Notre ville brûle.

Et vous, vous êtes là, vous regardez,
Les mains immobiles,
Et vous, vous êtes là, vous regardez,
Brûler notre ville…

Ça flambe, mes frères, ça flambe,
Oh l’heure peut venir, hélas
Où notre ville et nous ensemble
Ne serons plus rien que des cendres,
Seuls resteront, comme après une guerre,
Des murs noircis, des murs déserts.

Et vous, vous êtes là, vous regardez,
Les mains immobiles,
Et vous, vous êtes là, vous regardez
Brûler notre ville…

Ça flambe, mes frères, ça flambe,
Il n’est de salut qu’en vous-mêmes,
Prenez les outils, éteignez le feu,
Éteignez-le de votre propre sang.
Vous le pouvez, alors prouvez-le !

Ne restez pas ainsi, frères, à regarder,
Les mains immobiles,
Frères, n’attendez pas, éteignez l’incendie
Qui brûle notre ville.


//Mordehaï Gebirtig (4 mai 1877 – 4 juin 1942)
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            Aimer    Mourir


Extrait 7

Dans ma faiblesse
à pic la plaie
            où fondent
les plombs de mes nuits
                  en creux
pour le soleil et pour le nacre
                       de l’instant
                      que tu combles
Je brûle à vue d’œil
                dans tes combes
                      dans tes douves
Dévalant l’air
           de ta douceur
              comme un corbeau mort
Mais la mémoire
             du moi qui tombe
                           du moi qui naît
de la marée
        corail
             de toi
                 n’est rien qu’un corps
qui se délivre
         muant la chair     dénouant
         l’anneau du néant
dans son brisement d’une rive
                      à l’autre de nous
         une durée lourde.
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