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Citations de Claudio Magris (225)


Claudio Magris
Notre identité, c'est notre façon de voir et de rencontrer le monde : notre capacité ou notre incapacité de le comprendre, de l'aimer, de l'affronter et de le changer.
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Il devient sans cesse plus difficile de concilier la défense de la personne contre la vague montante d'interceptions abusives et de mises sur la place publique - forme moderne du pilori - de toute intimité avec la lutte qu'il faut mener pour démasquer les secrets, autrement dit les "Affaires" et les crimes qui empoisonnent toujours davantage la société, l'Etat, la vie de la communauté.
Il y a une intimité qui devrait être inviolable, plus que jamais en ses temps de nudisme psychologique et d'enregistrement de masse universel.
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Même si son univers est français, [Eugène] Ionesco plonge ses racines dans cet humus dadaïste roumain et en tire justement ce goût de la parodie totale qui anime ses répliques et marque aussi son visage de clown métaphysique, à la Buster Keaton, un visage qui est son chef-d'œuvre.
(p. 516)
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Dans les récits de Sadoveanu et de Bănulescu apparaissent souvent les Tziganes, comme si ce peuple errant, cette tribu vivant en marge de la société était particulièrement bien adaptée au monde archaïque et oublié du delta. Il y a un siècle ce dernier était vraiment une contrée de gens en situation irrégulière, de fugitifs, un no man's land où venaient se réfugier les hors-la-loi de partout. (p. 547)
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Peut-être ne serons-nous vraiment sauvés que lorsque nous aurons appris à sentir, concrètement et presque physiquement, que chaque nation est destinée à avoir son heure et qu'il n'y a pas, à l'absolu, de civilisations majeures ou mineures, mais bien plutôt une succession de saisons et de floraisons.
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Le Sneznik était l'un des théâtres de cette résistance yougoslave qui devait faire preuve d'extraordinaires capacités d'organisation politique, d'efficacité militaire et de courage, qualités qui allaient vite s'évanouir quand les valeureux et impitoyables rebelles des bois deviendraient une classe dirigeante globalement décadente et parasite, qui se survivrait longtemps artificiellement sous le couvert du génie et de la géniale mystification du maréchal Tito.
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Claudio Magris
Raconter, c’est entrer en guerre contre l’oubli et être de connivence avec lui ; si la mort n’existait pas, peut-être que personne ne raconterait.
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Toute la vieillesse, du reste, se résume à cela : avancer pour reculer, s’engager en territoire inconnu pour se soustraire à la réalité qui presse de toutes parts, anguleuse et envahissante.
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Déchirée entre Italie et Autriche, partagée entre l'âme et l'intérêt, la ville semble soumise à une tension permanente, d'autant plus forte et dramatique que les consciences les plus éveillées, les plus averties sentent que l'identité de la ville, son rôle historique et son bien-être sont indissolublement liés à cette double réalité d'une italianité culturelle et spirituelle dominante et d'un "autriachianisme" économique, dont le conflit constitue le drame de Trieste, mais aussi le signe de sa vitalité, on pourrait aller jusqu'à dire la condition même de son existence.
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Toute frontière est fille de la guerre
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Le chat ne fait rien, il « est », comme un roi. Il reste assis, pelotonné, allongé. Il a la persuasion, il n’attend rien et ne dépend de personne, il se suffit. Son temps est parfait, il se dilate et se rétrécit comme une pupille concentrique et centripète, sans se précipiter dans un angoissant écoulement goutte-à-goutte. Sa position horizontale a une dignité métaphysique que l’on a en général désapprise. On se couche pour se reposer, dormir, faire l’amour, toujours pour faire quelque chose et se relever dès qu’on l’a fait ; le chat se couche pour être couché, comme on s’étend devant la mer rien que pour être là, étiré et abandonné. C’est un dieu de l’instant présent, indifférent, inaccessible
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Tout récit est déjà en soi un paradoxe, un jeu de miroirs sans fin. Celui qui raconte une histoire raconte le monde, qui le contient lui aussi ; le narrateur qui se hasarde à faire le portrait de deux yeux sombres, au regard profond et légèrement étonné, rencontre dans ces eaux brunes tout ce qui se reflète dans leur miroir, y compris son visage anxieux en train de les scruter.
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Pour être libre, pour ne pas se laisser séduire par des maîtres désireux de former des âmes et de modeler des disciples, il est nécessaire d'être intellectuellement polygame et polythéiste.
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...la force, l'intelligence, la stupidité, la beauté, la lâcheté, la faiblesse sont des situations et des rôles qui, tôt ou tard, incombent à tous. Celui qui fait tort à autrui en invoquant la fatalité de la vie ou de son caractère se retrouve une heure ou une année plus tard victime au nom des mêmes raisons indicibles.
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[Ion Luca] Caragiale n'a nul besoin de déformer la réalité, ni de s'en moquer explicitement pour montrer ce qu'elle a de vide ou de faux ; il lui suffit de la faire voir telle qu'elle est, de citer les paroles que l'on dit vraiment tous les jours pour en dévoiler le néant, d'autant plus inquiétant qu'il est normal. Ses personnages ne profèrent pas d'absurdités flagrantes, mais des phrases tout à fait raisonnables, et d'autant plus absurdes, portrait fidèle et non pas caricature de la bulle de savon dont nous sommes faits.
(p. 516-517)
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Les héritiers de Freud, ce ne sont pas ces idéologues fumeux qui arborent la psychanalyse comme on mâche un chewing-gum, mais ces thérapeutes qui, avec patience, aident quelqu'un à vivre un peu mieux.
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A moins d'être Balzac ou Dostoïevski, celui qui écrit ne peut pas inventer chaque semaine quelque chose d'original et de créatif, ni encore moins étudier à fond un nouveau sujet ; pour écrire vraiment, il faut de longues périodes de temps, du silence, des pauses, il faut laisser flâner sa pensée et passer des heures devant la feuille blanche. Une certaine dose d'aridité aussi est nécessaire ; ce n'est pas par hasard que tant d'écrivains parmi les plus grands ont éprouvé de la difficulté à écrire, parfois même du dégoût pour le papier, et que tant de spécialistes parmi les plus grands sont capables d'étudier un sujet pendant des années pour ensuite se taire, insatisfaits des résultats obtenus, ou rédiger tout au plus une brève communication.
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Derrière ces présupposés absurdes, il y a peut-être une once de vérité, du fait qu’aucun peuple, qu’aucune culture – non plus qu’aucun individu – n’est totalement innocent sur le plan historique ; le fait de se rendre compte impitoyablement des défauts et des obscurités de tous et de soi-même peut être une fructueuse promesse de convivialité et de tolérance civile, d’avantage que les trop optimistes certificats de louange délivrés par chaque déclaration politique officielle.
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Le voyageur fuit les contraintes de la réalité ,qui l'enferme dans la prison de la répétition ,il cherche la liberté et le futur ,ou, mieux, la possibilité d'un futur encore ouvert et encore à choisir -autrement dit l'enfance, la maison natale, où il avait encore la vie devant lui .
Peut-être espère-t-il que là bas ,vers où s'écoule le Danube s'effacera de son visage la fatigue qui l'a marqué et que ses yeux, au lieu de regarder avec la défiance et l'avidité de quelqu'un qui a perdu ses dieux en route, s'écarquilleront, émerveillés, comme ceux d'un enfant qu'une photo représente en train de regarder un chat dans une cour, en toute félicité
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« Nous vivons comme contemporains certains événements survenus il y a plusieurs années, voire plusieurs dizaines d'années, tandis que nous paraissent très éloignés, voire définitivement effacés des faits et des sentiments datant d'un mois. Le temps s'amenuise, s'allonge, se contracte, se regroupe en grumeaux qu'on a l'impression de toucher du doigt, ou se dissout comme des nappes de brouillard qui s'éclaircissent et s'évanouissent dans le néant ; c'est comme si on se trouvait en présence de plusieurs voies ferrées qui s'entrecroisent, bifurquent, et sur lesquelles le temps file dans des directions différentes, voire opposées.
[…]
Il n'y a pas un train unique du temps, roulant à vitesse constante dans une direction unique ; parfois on croise un autre train, qui vient d'en face, du passé, et pendant un moment nous avons ce passé près de nous, à côté de nous, dans notre présent. »
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