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Critiques de Curzio Malaparte (157)
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Le compagnon de voyage

fan de Malaparte depuis des années. Il a toujours eu une place parmi les rares écrivains dont je pensais..."je vais le relire"....mais bon, il y en tant d'autres....et puis, je tombe par hasard sur " le compagnon de voyage" court mais complet, plus qu'une nouvelle, moins qu'un roman...la parabole d' un peuple détruit par la guerre voulue par les gens au pouvoir, ....je vais relire "la peau", "kaputt" et "le soleil est aveugle" et en découvrir d'autres. Un auteur déchiré entre sa patrie et ses idées. Respect.
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Journal d'un étranger à Paris

Tout est sublime chez ce Goya désespéré qui peignit le pathétique et le grotesque, la misère et la grandeur dans un même élan furieux.
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Le compagnon de voyage

Les hasards sont étranges,je lis ce livre et en même temps, j'entends une émission consacrée à Malaparte.



Personnalité étrange , cela m'a donné envie de relire ses œuvres plus connues.



Je ne peux pas dire que j'ai été conquise par ce court roman. Et je me demande bien pourquoi il a été choisi pour participer au club de lecture sous le thème «voyage».



Il s'agit surtout de la guerre et de la désorganisation des troupes confrontées à la défaite.



Voici l'histoire : un soldat ramène le cercueil de son capitaine à sa famille à travers une Italie en déroute.



La quatrième de couverture parle «d'un portrait tout en finesse du peuple italien, capable des pires bassesses mais aussi plein de courage et de générosité.».



Le roman ne fait qu'une centaine de pages donc très courts et sans grand intérêt et il faut tout la bienveillance d'un éditeur pour dire que c'est «un de ces inédits dignes de figurer aux côtés des plus grandes œuvres de leur auteur.» .

Le soldat a promis à son capitaine de ramener son corps à Naples , il va le faire , on se demande bien pourquoi.

Au lieu de se rendre , puisque le combat était perdu d'avance, ce capitaine a fait tuer dans des combats pour l'honneur la moitié de ses hommes.



On a du mal à comprendre que ce brave soldat soit si attaché à son officier.

Mais, avec ce que j'ai entendu de Malaparte , j'ai pensé cela correspondait à son idéologie: un brave paysan rustre mais honnête , qui se charge du corps de son capitaine appartenant à la vieille noblesse italienne.



Sur son chemin, il rencontre d'abord une jeune orpheline éprise de liberté, mais qu'il sera incapable d'aider, puis une femme dont il va tomber amoureux.



On retrouve dans les descriptions des personnages , l'ambiance des films néoréalistes de l'après guerre en Italie.



Ce sont souvent des femmes courageuses qui s'opposent aux truands mais elles doivent avant tout trouver du travail pour nourrir leur famille.



Il y a un passage très cinématographique , où Mariagiulia administre une claque superbe à une mère maquerelle , et où les macs ne peuvent pas s'opposer à la fuite des jeunes femmes qu'ils avaient déjà recrutées pour leur sale trafic.
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Muss suivi de le Grand Imbécile

Ce petit ouvrage de Malaparte comprend deux essais, tous deux centrés sur Mussolini. Un personnage historique sur lequel, finalement, j'ai appris peu de choses durant ma scolarité, hormis quelques grandes dates. contrairement à Hitler.



Dans Muss, tout d'abord, Malaparte entreprend de tracer le portrait du dictateur. Non pas un portrait politique, mais dans un cadre plus large, le portrait de l'Italie mussolinienne et de l'époque qui a permis l'émergence de la dictature. Et il faut reconnaître que l'auteur n'y va pas de main morte avec ses compatriotes. Car pour lui, Mussolini est avant tout un italien, avec les défauts qu'ils considère inhérents aux italiens en général. Et en particulier le mysticisme catholique, qui était pour lui la condition majeure pour l'établissement du culte de la personnalité.

Car dans le fond, le Mussolini qu'il nous montre est un homme ambigu: un orgueilleux narcissique , mais timide et influençable. Un type qui se veut à la fois homme du peuple et César. Un pauvre type, sans envergure. Un petit chef qui s'est retrouvé presque par hasard propulsé à la tête de l'état, et qui, comme tout petit chef parvenu, a vite pris le chemin de l'abus de pouvoir.

La position de Malaparte aussi est ambigüe. Ayant rencontré Mussolini à plusieurs reprises, il oscille entre compassion pour l'homme tout court derrière l'homme politique, et haine franche pour le dictateur qui l'a fait emprisonner.

Le problème de ce texte, inachevé, est qu'il a été rédigé sur une vingtaine d'années, avant et après l'exil de l'auteur, remanié. D'où cette hétérogénéité, pas franchement gênante, mais qui donne l'impression de se contredire par moments.

Muss est complété par un court texte issu de " il y a quelque chose de pourri", où Malaparte parle de sa mère, fervente admiratrice de Mussolini. C'est elle d'ailleurs qui le surnommait Muss. Il y est également question de la mort de Mussolini. Ou plutôt de ce qui a suivi: le dictateur mort, trainé dans les rues,le cadavre livré a la vindicte populaire, conspué par ceux qui le soutenait encore quelques jours plus tôt, puis à la morgue. Ce passage est incroyable, le ressentiment de Malaparte envers le comportement indigne et ridicule de ses compatriotes est presque palpable. Pas tant la question du manque de respect au mort que celle de l'hypocrisie des italiens, de leur facilité à se rebeller contre un mort après s'être comporté avec complaisance envers la dictature pendant des années ( il y a quand même sur ce point là pas mal de mauvaise foi de la part de l'auteur, et justement , d'après lui quelques pages plus tôt, la mauvaise foi est un des principaux défauts collectifs des italiens). Toujours est-il que cet extrait prend une dimension extrêmement contemporaine, car l'histoire est un éternel recommencement. En lisant les description de la mort et de l'autopsie de Mussolini ( et malgré sa photo sur le bandeau), ce n'est pas sa tête à lui que j'ai vue, mais celle de Khadafi. Quelque 65 ans plus tard, mes circonstance, même réactions du peuple. Presque au détail près. Ca rend par contre coup le récit de Malaparte encore plus visuel.



Quand au "grand imbécile ", c'est encore Mussolini, qui perd son appellation affective de Muss pour n'être plus que le Grand Imbécile. Cette fois, Malaparte aborde le problème sous un angle plus bouffon, imagine le Grand Imbécile ridiculisé par une chatte. Partant d'une tradition ( qui a tout l'air d'une légende) qui veut que lors d'un siège, les assiégés envoient une chatte se promener sur les remparts de la ville. A charge aux assiégeants de convaincre le félin du bien fondé de l'attaque. La chatte de Malaparte devient en quelque sorte l'allégorie de la résistance, qui doit se faire non par la violence en tuant le tyran, mais par la rigolade, en le ridiculisant. En effet, on retrouve en germe l'idée de "quelque chose de pourri": Tuer un tyran au moment ou il est affaibli n'a rien de glorieux, tout au contraire, c'est ridicule et facile, c'est s'abaisser au même niveau que celui dont on veut se débarrasser. Seules la dérision et l'humiliation publiques sont une vraie victoire. Les passages où le Grand Imbécile, pérorant sur en costume militaire, tente de faire entendre au greffier des concepts comme " gloire", "grandeur', "patrie", "aigles de Rome", et se voit opposer des "Miaouuuu" pour toute réponse, sont savoureux.



Autant Muss a été écrit sur plusieurs années, autant Le Grand imbécile est concis et homogène, écrit en 1943, au moment de la destitution du tyran. C'est assez intéressant d'avoir d'une part le témoignage d'un témoin direct des événements, et d'autre part, de voir son opinion évoluer au fil du temps: de la sympathie et de la compassion ( relatives) dans Muss, du mépris ouvert dans le Grand imbécile, du désenchantement total dans "quelque chose de pourri". Les trois textes se complètent et s'explicitent l'un l'autre, c'est une très bonne initiative de les avoir rassemblé. Tout ça se lit facilement, je craignais qu'une biographie d'homme politique soit un peu plus rébarbative, mais l'écriture de Malaparte est très vivante. Un document fort intéressant.



Merci à Babelio et aux éditions de La table Ronde.
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La peau

Moins prenant que "Kaputt", "la Peau" n'en reste pas moins intéressant pour suivre la fin de la guerre en Italie sous le regard de Malaparte. Qu'on adhère ou pas, sa connaissance des tenants et aboutissants de ce conflit et de tous les hommes et femmes qui font cette guerre du haut au bas de l'echelle sociale et de toutes les parties concernées (Allemands, Fascistes, partisans, Américains et Alliés), rend la lecture agréable. Les anecdotes rendent le conflit plus réel et proche de nous et on reste parfois sans voix devant la cruauté des hommes.L'eau cependant continue de couler sous les ponts.
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Le compagnon de voyage

Septembre 1943, les alliés débarquent dans le sud de l'Italie. Un détachement de soldats italiens regroupés autour du lieutenant Cafiero attend calme et résigné le début de l'affrontement. Les ordres supérieurs du commandement n'arrivent pas jusqu'à cet endroit isolé. Malgré le manque de provisions et de munitions, le lieutenant enjoint ses hommes de se préparer pour l'assaut final.



« - Que les hommes se préparent, reprend l'officier ; s'ils débarquent, ils doivent nous trouver à nos postes.



Il s'éloigne et les hommes s'exécutent : ils graissent les armes, nettoient leurs godillots, sortent les grenades des caisses et les disposent dans les niches creusées dans le talus, contrôlent les chargeurs des mitraillettes, raccommodent leurs uniformes.



Certains se rasent. D'autres écrivent à leurs familles. L'officier passe parmi eux sans un mot : les soldats lèvent la tête et le regardent. C'est le crépuscule. le rocher rougeoie dans les derniers feux du soleil d'automne, le miroir de la mer entre Scylla et Charybde est pur, d'un gris bleuté déjà nocturne. »



La nuit ne s'est pas encore dissipée lorsque l'armée anglaise prend possession des terres italiennes en débarquant par la pointe sud où sont postés les hommes de Cafiero. Avant de tomber sous les balles le lieutenant demande à son ordonnance, le chasseur alpin Calusia, une ultime requête : celle de ramener son corps à Naples auprès de sa famille.

Commence alors pour Calusia et son âne Roméo un périple à travers l’Italie dévastée et hagarde. Les rencontres avec Concetta, la jeune orpheline, ou plus tard avec Mariagiulia, la solide veuve ne vont à aucun moment, ni contrarier sa promesse ni le détourner de ses engagements.



Curzio Malaparte est né en Toscane en 1898, il meurt à Rome en 1957. Il a commencé l’écriture de ce livre en 1946 et l’a repris en 1956. Tous les livres de Malaparte transcrivent « les aventures tourmentées d’un Italien dans le siècle et les sentiments mêlés voire contradictoires, que lui inspire la mère patrie. »

Le compagnon de voyage revient sur un épisode historique : la guerre civile entre l’Italie du Sud qui soutient les alliés et celle du Nord fasciste. C’est cette situation chaotique qui sert de décor à ce court roman. Calusia transporte le corps de son lieutenant sur les chemins d’un pays dévasté, il croise des réfugiés errants et affamés.

L’écriture est poétique, d’une grande simplicité et d’une grande justesse à l’image de Calusia, cet homme sobre, généreux, courageux et dévoué. Le personnage un peu fruste du début laisse place à un esprit fin et sensible. Calusia incarne l’espoir du peuple italien, l’espoir de réconciliation et de paix.
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Le compagnon de voyage

Il s'agit du texte inédit d'un scénario retrouvé dans les archives d'une société cinématographique italienne, publié en 2007 en Italie, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l'écrivain.

Curzio Malaparte, de son vrai nom Kurt Erich Suckert est né en Toscane en 1898, d'un père allemand. Journaliste, correspondant de guerre et diplomate italien, il avait adhéré au parti fasciste en 1922, avant de renier cet engagement et de devenir un fervent adversaire de Mussolini. Condamné à l'exil puis mobilisé sur le front de l'est au début de la seconde guerre mondiale, il fut un communiste convaincu, converti au catholicisme.



Ce texte a été écrit à partir de 1946 et retravaillé à plusieurs reprises jusqu'en 1957, année de sa mort. Il est écrit dans un style très simple, possède un véritable intérêt historique. L'Italie, alliée des Allemands, se sépare en effet de Mussolini et se rapproche des Alliés. On assiste alors à une véritable débâcle italienne. C'est un récit dramatique très visuel.
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Le compagnon de voyage

Quelle belle découverte que ce livre !

Le style est simple, léger et humble comme le héros.

Impossible de lâcher le livre avant d'en avoir terminé la lecture. Je l'ai lu en quelques heures avec énormément de plaisir et j'en garde un souvenir agréable.

Je connaissais l'auteur de nom mais n'avais jamais lu aucun de ses livres.



En découvrant la façon d'être de Calusia, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander combien d'hommes lui ressemblent actuellement ? Est-ce juste une impression ou le sens de l'honneur, du sacrifice et la droiture font effectivement de plus en plus défaut à nos semblables ?

Il a tenu sa promesse de ramener la dépouille de son supérieur à sa mère et s'est refusé de profiter de l'innocence et du jeune âge de la demoiselle rencontrée au début du livre malgré que celle-ci semblait avoir des sentiments pour lui et malgré la tentation de la chair dans la maison abandonnée.

Sans oublier la pudeur dont il fait preuve face à celle qui répond à son « idéal de femme ».



Le principal sujet de « Le compagnon de voyage » reste à mon sens la guerre et ses conséquences sur le peuple italien. En filigrane, quelques réflexions sur la politique notamment quand ils s'agit de savoir qui sont les « vrais voleurs ».

Le parcours de l'auteur me semble très utile à lire pour mieux le comprendre lui et ses écrits.

L'ambiance dans la demeure de la mère du supérieur de Calusia est à méditer et la façon dont il leur a présenté la dépouille est limite sadique, ne correspondant a priori pas de l'idée que l'on se fait de lui tout au long du livre. J'ai longtemps réfléchi là-dessus. Qu'en pensez-vous ?





Contrairement à d'autres lecteurs, je trouve que ces quelques pages sont suffisantes. C'est comme un album photo avec quelques éléments sur cette époque là . A nous de continuer à réfléchir...



PS: Très belle couverture qui donne envie de lire !




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Le compagnon de voyage

Un petit livre court mais fort. Parfois à la limite de l'absurde, ce roman nous plonge dans le chaos qui traverse l'Italie au lendemain de la défaite.


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Le compagnon de voyage

Le compagnon de voyage est une œuvre inédite de Cruzio Malaparte. Avant cette lecture en partenariat avec les Editions de la Table Ronde, je ne connaissais point l’auteur. Cela m’a donc ravie de découvrir une « nouvelle tête ». J’ai littéralement fondue devant les photographies présente au début et à la fin du livre : on devrait voir cela plus souvent, ça permet de « rencontrer » l’auteur, de le visualiser en train d’écrire son roman, comme si on le regardait à travers la fenêtre d’un train en marche, furtivement, simplement.



L’histoire en elle-même n’est pas bien compliquée : un soldat qui ramène le corps de son lieutenant chez sa maman à la fin de la guerre. Le fond n’est donc pas palpitant, mais la forme... un régal !



Un contraste saisissant caractérise parfaitement le style frai et puritain de l’auteur : (page 27) « Peu à peu, le vent balaie le rideau de fumée et de brouillard, le soleil illumine la campagne déserte, la mer encore incertaine dans la brume des explosions, le terrain jonchés de cadavres. »

Pour nous plonger encore plus dans cette atmosphère du « calme d’après la tempête », l’auteur utilise le présent de l’indicatif ; on s’y croirait, dans ces champs déserts, cette brume acariâtre, ces villes vidées de leurs occupants par la guerre.

Un style magique donc et qui mène à bien cette belle histoire.



Le point fort de cette "fable", ce sont les personnages touchants et sincères.

Calusia, le bon gros gentil, honnête et courageux (bel homme de surcroît). Concetta, jeune, vive et insouciante, pleine de fraîcheur et de gaîté mais qui a était quelque peu dégouttée de la vie par les nonnes. Mariagulia, la grande et belle paysanne, triste mais courageuse. Et enfin (ne l’oublions pas) le lieutenant Eduardo qui occupe une des places centrales du roman et qui apporte un côté sinistre, plus obscur que les autres (rappel du contraste précédemment évoqué).



Derrière cette morne attitude de façade, on trouve des moments drôles : l’épisode des Anglais nus dans la mare et bourrés comme des coins, ou la scène du « ding-dong » des deux américains.



Cependant, la fin nous rappelle la triste face de la vérité : Calusia, seul face aux gendarmes pour défendre le corps de son lieutenant, puis ensuite aidé par les villageoises pour éloigner les gendarmes. Fidèle à jamais.

La scène terriblement émouvante de la mère m’a profondément touchée.



En bref : « Fable pudique, baroque et pleine d’humanité », je dis OUI ! Un grand OUI ! Cette « fable » est pleine de douceur et de sensibilité, d’amitié et d’entraide dans ce monde atroce qu’est la guerre. A lire.
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La peau

Mon avis : Saddhu

Malaparte décrit avec un humour féroce, toutes les horreurs vues dans les pays occupés par l'Allemagne, l'Italie puis ensuite par les Américains lors de la Libération. A quelles "bassesses" ont été réduits les peuples occupés, pour survivre, et à quelles cruautés et abominations gratuites, le plus souvent pour assurer leur domination et leur idéologie, en étaient réduits les occupants. Tous ce que l'homme a de plus abjects a été consignés dans ce livre. Tous les vices, toutes les lâchetés révêlés...C'est un très beau livre, cruel, mais beau.
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Journal d'un étranger à Paris

Beaucoup de bavardages assommants. Quelques descriptions bien senties de certains lieux comme la place de la Concorde. M. se lance dans des envolées sur les caractéristiques des peuples dont se demande comment ils peuvent faire un tel bloc. Les « français », les « parisiens », cela n’a pas de sens ! Par ailleurs, il s’aime et s’admire beaucoup, passant d’un salon d’une noblesse à un autre. Camus l’aurait méchamment battu froid, je comprends Camus même si j’ai beaucoup aimé « Kaputt » dont de nombreux passages sont repris ici, en particulier celui, savoureus des démêlés de l’ambassadeur espagnol en Finlande, de Foxa, en 1942.

Ce livre est une déception.
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La peau

Voilà un extrait de "La peau" qui pose le climat de ce roman : «Avant la guerre, nous avions lutté et souffert pour ne pas mourir. Maintenant, nous luttions et nous souffrions pour vivre.» 1943, lorsque les alliés débarquent, Naples est une ville exsangue dévorée par la faim, peuplée de femmes et d’enfants décharnés, amenés à lutter pour ne pas crever. Une situation beaucoup plus tragique, selon Malaparte, que le conflit lui-même.





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La peau

Malaparte a vécu la guerre comme militaire et cela se rend. Plutôt que de narrer les combats, il dresse un portrait fort sombre des civils, frappés de face par le conflit, englués dans une misère sans nom et prêts à tout pour survivre (vol, prostitution, …) Dans ce roman, dont la majeure partie se passe à Naples, l’auteur met en contraste l'innocence et l'ingénuité des soldats américains avec le désespoir et la corruption des Italiens vaincus. Il met sérieusement en doute les faciles interprétations moralistes du conflit. Comme « Kaputt », il s’agit d’un livre extrêmement dur et à ne pas glisser entre de trop jeunes mains. La peau est celle des innocents qu’on vend, qu’on viole, etc.
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Kaputt

Témoin privilégié, spectateur désabusé, Curzio Malaparte raconte dans un roman terrible et magnifique ce qu’il a vu entre 1941 et 1943 sur le front de l’Est. Paru en 1944, controversé et trop oublié, Kaputt est le premier roman sur la seconde guerre mondiale et l’un des plus grands, « un livre horriblement cruel et gai » selon son auteur.



L’histoire du manuscrit est à elle seule un roman : commencé en Roumanie, caché par un paysan, confié à un diplomate espagnol. Objet de polémique dès sa réception, le livre souffre sans doute de la réputation de son auteur mégalomane, brièvement partisan de Mussolini avant de critiquer le régime. Le titre Kaputt donne le ton « Aucun mot (…) ne saurait mieux indiquer ce que nous sommes, ce qu’est l’Europe, dorénavant : un amoncellement de débris. » Les titres de chaque partie « Les chevaux, Les rats, Les chiens, Les rennes » disent la déshumanisation, la barbarie à l’oeuvre. Partout, le froid, la faim, la mort et surtout le cynisme, la bonne conscience des bourreaux, l’entreprise rationnelle d’extermination.



Dans ce roman qui raconte l’horreur et la cruauté de la guerre, il y a cependant encore place pour la beauté des choses. Admirateur de Chateaubriand dont il dit s’inspirer, Malaparte tient aussi de Proust pour les descriptions somptueuses. Un chapitre s’intitule d’ailleurs « Du côté de Guermantes ». Dans une langue virtuose et souvent métaphorique, il transfigure le champ de bataille en gravure de Dürer : «Les chars et les troupes d’assaut avançant dans les sillons tracés par les chenilles semblaient gravés au burin sur la plaque de cuivre de la plaine ». En esthète, Il évoque les notes pures et légères d’un prélude de Chopin écouté par les dignitaires nazis ou le rouge sanglant d’un vin de Bourgogne qui rappelle, dans la nuit blanche de Finlande, « cette couleur pourpre et or des collines de la Côte-d’Or. » Toutes ses références intimes appartiennent à un monde révolu, celui de sa jeunesse et d’une certaine innocence, non pas celle d’avant 40 mais celle d’avant 14 : « Du fond de ma mémoire surgissaient avec un rire doux, les ombres charmantes de cet âge lointain et pur». Il incarne une civilisation perdue, un univers de raffinement, d’esprit, de tolérance et de politesse exquise; son plus grand acte de résistance est peut-être de dire « prosze Pana » (Monsieur, en polonais) aux vieux Juifs dans le ghetto de Varsovie : « je disais « prosze pana» à ceux que je heurtais involontairement en entrant; et je savais que ces paroles étaient un don merveilleux. Je disais en souriant « prosze pana » et je voyais autour de moi, sur ces visages de papier sale, naître un pauvre sourire de stupeur, de joie, de gratitude. »



Sur la guerre, sur l’esprit des peuples, il émet des théories parfois paradoxales. Aux Juifs roumains qui lui demandent d’intervenir pour éviter le pogrom de Jassy, il répond que les Italiens sont brisés par vingt ans de fascisme : « Nous ne savons plus agir, nous ne savons plus prendre aucune responsabilité, après vingt ans d’esclavage. (…) Nous ne sommes plus bons à rien. Nous ne savons qu’applaudir. » Au prince Eugène qui lui demande si les Allemands sont cruels, il explique que, selon lui, la cruauté allemande est un effet de la peur : « Ce qui pousse l’Allemand à la cruauté, aux actes les plus froidement, les plus méthodiquement, les plus scientifiquement cruels, c’est la peur des opprimés, des désarmés, des faibles, des malades ; la peur des vieux, des femmes, des enfants, la peur des Juifs. » Sur la situation polonaise, le patriotisme, le poids de l’Eglise préférant les nazis aux communistes, l’émergence de la classe ouvrière profitant de l’exil de la bourgeoisie… sur tous les sujets, il a une opinion, une formule étonnante, une réplique énigmatique. Certes, il triche un peu, (beaucoup?) avec sa biographie, il se donne le beau rôle, il est toujours présent aux bons moments, mais peu importe, c’est un roman!



Le narrateur, diplomate et journaliste italien, est tout à fois dans et à l’extérieur de la guerre. La force de ce livre sur la seconde guerre mondiale est de toujours garder une certaine distance, qui permet de dire l’indicible. Aucune scène d’horreur n’est montrée directement, tout est rapporté lors de discussions, de soirées. Dans la douceur de la demeure du prince Eugène, Malaparte raconte le front de l’Est; dans l’ivresse d’une fin de banquet donné par le général gouverneur de Pologne, il décrit le massacre des Juifs de Jassy : « Partout le joyeux et féroce labeur du pogrom remplissait les rues et les places de détonations, de pleurs, de hurlements terribles et de rires cruels » et sa visite au ghetto de Varsovie; dans la quiétude de la bibliothèque de la légation de Suède, il rapporte l’histoire des chiens rouges de l’Ukraine, et, plus terrible encore, celle des « leçons en plein air » dans la cour des kolkhozes; entouré de jeunes aristocrates allemandes, il décrit les jeunes juives du bordel militaire remplacées tous les vingt jours. L’ opposition est criante entre le confort, le raffinement et l’horreur absolue. Mais l’empathie est toujours modérée par un regard désabusé, l’horreur parfois tempérée par le ridicule des dignitaires nazis : Himmler nu au sauna, le général von Heunert s’acharnant à pêcher le saumon résistant.



Finalement, alors même qu’il décrit la fin d’une certaine Europe, Kaputt est un livre européen, au même titre que Le Monde d’hier de Stefan Zweig - si, comme l’écrivait Milan Kundera, est européen « celui qui a la nostalgie de l’Europe. » On traverse la Suède, la Roumanie, la Pologne, la Finlande; un Italien dialogue avec des Suédois, des Allemands, des Espagnols… Dans cette Europe décomposée où tout est à reconstruire, l’auteur espère « Que les temps nouveaux soient des temps de liberté et de respect pour tous (…) Car c’est seulement la liberté et le respect de la culture qui pourront sauver l’Italie et l’Europe de ces temps cruels. »



Kaputt, Curzio Malaparte, traduit par Juliette Bertrand, Folio, 1972 (1943), 512 pages.


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La peau

Outre le fait que ce livre est un chef d'oeuvre où l'on ne sort pas tout à fait le même après sa lecture. Malaparte est un très grand romancier et ce roman est de ceux qui resteront longtemps hanter notre humanité déclinante.

La noirceur de l'âme humaine est ici disséquée avec une précision et une rigueur chirurgicale. En fait plutôt déprimant et négatif...On en ressort mal à l'aise...Je pense que la littérature doit donner un peu d'espoir en l'homme !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Kaputt

Du Front de l’Est en 1941 à Capri en 1943-44, l’écrivain enregistre la matière dont il tirera son formidable Kaputt.
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Prises de bec

Du journalisme. Du vrai. Avec ses passions, ses préférences, ses partis pris, soit !

Mais quel regard sur le monde, les gens, la Vie. Bref, pas de communication mais des faits, du ressenti, des anecdotes, de l'Humain.

Ce qui de nos jours semble avoir disparu dans les journaux.
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Prises de bec

Dans Prises de bec, l'écrivain s'engage dans des flâneries qui passent par l'Allemagne, la France, l'Italie du soleil retrouvé. Passent Mandel, Blum, Paul Reynaud, Marlene Dietrich…
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Kaputt

Immense livre, mon chevet estudiantin et otu le monde vous dira, glacé, après la lecture "ah ! La scène des chevaux..."
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