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Critiques de Cyril Pedrosa (656)
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L'âge d'or, tome 1

Magnifique volume pour une bande dessinée fortement influencée par les contes et légendes médiévaux.

Au château d’Antrevers, le roi est mort. Sa fille Tilda lui succède et s’attelle aux affaires du royaume dans un esprit de réforme. Mais un complot familial, ourdit par le régent et sa propre mère, décide de la chasser du trône au profit de son petit frère.

La princesse réussit toutefois à s’enfuir avec l’aide de des deux derniers fidèles, Tankred, un chevalier pourtant exilé par son père et Bertil, le page qui lui suggérait d’alléger les souffrances du peuple.

Le trio erre ensuite à travers le royaume pour rejoindre les terres du baron Albaret, soutien indéfectible de l’ancien roi. En chemin, les fugitifs sont exposés à de nombreux dangers et font d’étranges rencontres, notamment ce monastère de moniales qui semble cacher un mystérieux secret ou cette ville d’Ohman, proche de la révolte populaire. Et à chaque fois cette mention d’un âge d’or, celui où les hommes étaient égaux et que certains esprits plus ou moins sincères voudraient retrouver.

Et que penser de ce trésor qui pourrait permettre à la princesse Tilda de récupérer son trône.

A travers cette histoire qui rappelle les récits écrits au Moyen-âge, celle d’une quête qui, en vérité, est un apprentissage de la vie, de ses malheurs, de ses espoirs et de ses trahisons. C’est le passage à l’âge adulte de la princesse qui s’opère sous nos yeux.

De jeune fille joyeuse et sincèrement réformatrice, les épreuves en font un personnage plus dur, mais aussi moins sympathique à la fin de ce premier tome. Ne commencerait-elle pas à devenir comme ceux qui la pourchassent ?

Le page Bertil évolue aussi en cours d’histoire. A l’inverse de sa maîtresse, ses idéaux révolutionnaires se renforcent, différentes rencontres le force à faire le terrible choix entre ses idées et ses amis. Seul Tankred, est un véritable roc, pour qui la fidélité à Tilda ne semble pas se discuter.

Le scénario de Roxanne Moreil s’étale sur près de 230 pages mais il est particulièrement riche en rebondissements et en situation intrigantes.

Les thématiques abordées sont tout autant modernes que médiévales. La quête du pouvoir, un passé fantasmé, les intérêts personnels contre l’intérêt général, la situation des femmes dans un monde jusque là dominé par les hommes, etc.

La taille de l’album nous fait craindre des langueurs mais il n’en est rien, on est toujours intéressé, intrigué, interrogé par quelque chose.

Et si la lecture est à ce point fluide c’est aussi grâce aux magnifiques dessins de Cyril Pedrosa. Dès les premières planches on est frappé par ces ambiances forestières influencées fortement par les tapisseries médiévales ou Renaissance. Ensuite, il faut, il est vrai un certain temps d’adaptation. Tout le monde ne sera peut-être pas sensible à ce graphisme.

Mais les décors, les couleurs, les ambiances sont incroyablement immersives et inspirées. On est très loin du dessin réaliste, plutôt dans un mélange entre ligne claire et miniatures médiévales. Les bois, les paysages, les villes, les châteaux sont incroyables. On peut rester sur un planche ou sur l’une des magnifiques doubles planches, plusieurs minutes à contempler le dessin ou à rechercher les acteurs du drame.

En revanche, les personnages, c’est à la fois dans la continuité et l’un des points faibles. Dans la continuité, parce qu’ils sont représentés comme les décors. Quand ce sont des plans d’ensemble ou de demi-ensemble, c’est très réussi et cela conforte l’ambiance générale. En revanche, en plan rapproché ou en gros plans, on est un peu moins enthousiaste. En tout cas au début. Ensuite on s’habitue.

Un beau moment de lecture, une immersion dans une version moderne de contes classiques. Une première partie qui se termine sur une situation de suspense. Que va-t-il arriver à la princesse Tilda et quid de ce fameux trésor ? La lecture de la suite s’avère imminente !
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Trois ombres

Joachim est un petit garçon plein d'entrain. Il vit à la campagne avec son papa Louis et sa maman Lise. Tout est merveilleux dans son petit monde. Mais, voilà qu'un soir, il appelle sa maman pour lui dire qu'il a vu trois ombres au loin, au sommet de la colline. Inquiet, son papa va voir mais plus il s'en rapproche, plus celles-ci semblent s'éloigner pour finalement disparaître. Mais, elles reviennent plusieurs fois de suite, surprenant et terrorisant toute la petite famille. Lise veut prendre les choses en main et va voir Melle Pique, connaisseuse et guérisseuse en tout genre qui pourrait l'aider à comprendre ce que veulent ces trois ombres. Elle se retrouve désemparée lorsqu'elle apprend qu'elles sont ici pour emmener Joachim avec elles. De retour chez elle et informant son mari de cette terrible nouvelle, celui-ci décide d'éloigner son petit garçon et de partir dans son pays d'origine. Un terrible périple commence alors pour le papa et son fiston qui sont loin d'imaginer toutes les péripéties qui les attendent...



Cyril Pedrosa nous livre un album d'une grande sensibilité au charme envoûtant. Dès les premières pages, l'on comprend que ces trois ombres représentent la mort et qu'elles emporteront avec elles le petit Joachim. Tandis que la maman accepte l'inacceptable, le papa tente coûte que coûte de profiter de ces derniers instants magiques qu'il veut partager avec son fils. La prise de conscience des parents puis l'acceptation du deuil sont subtilement et délicatement retranscrites. Tout en légèreté et insouciance, on partage ces moments de complicité, très riches en émotions. L'auteur a réussi brillamment et habilement à mettre en image tous ces instants magiques. Son trait parfois fin parfois plus grossier, ses pleines pages obscures, sa diversité graphique et son choix du noir et blanc collent parfaitement aux différents ressentis.

Un album d'une grande finesse...



Trois ombres... elles vous emporteront aussi...
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L'âge d'or, tome 1

« Le Roi est mort, vive le Roi ! » ... L'on se presse, l'on s'agite dans les couloirs du royaume pour assister au sacre de la nouvelle reine, Tilda. Ducs, barons et autres seigneurs ont tous répondu à l'appel. Même le seigneur Tankred et son protégé Bertil, pourtant forcés à l'exil par Loys de Vaudémont. En coulisse, la future reine Tilda se rend bien compte que son royaume est au plus mal, les terres sont moins fécondes, les caisses se vident, le peuple a faim. Qui plus est, le seigneur Ulrik veut doubler les impôts. Une mesure que Tilda réfute aussitôt. Elle songe déjà aux nouvelles mesures... Malheureusement, derrière son dos, l'on fomente. Sa propre mère, de Vaudémont et tous les vassaux du royaume ont fait serment d'allégeance à son jeune frère. Ce dernier ne tarde d'ailleurs pas à exiger son exil sur l'île de Malefosse. Bientôt sauvée par Tankred et Bertil, elle pourra compter sur leur soutien pour récupérer son royaume...





Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil nous plongent dans un conte médiéval captivant, riche, épique, parfois onirique. Rejetée du trône qui lui était pourtant promis, Tilda va tenter, avec l'aide et le soutien du seigneur Tankred et de Bertil, de reconquérir le trône. Évidemment, bien des obstacles, des événements inattendus, des personnages peu fiables, des traîtres vont s'interposer pour mener à bien son dessein. C'est un long et passionnant voyage qui attend ces valeureux et attachants personnages. Voilà une oeuvre foisonnante, aussi bien sur le fond que sur la forme. Car, graphiquement, Cyril Pedrosa fait montre d'une prouesse inégalée. Quelle imagination et quelle magie se dégage de ces pages ! Variant sa palette de couleurs, ses ambiances, son trait parfois, ses jeux de lumière, l'auteur nous plonge dans des décors magnifiques. Ses doubles pleines pages sont sublimes.

Un album maîtrisé et d'une grande imagination...
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Les équinoxes

Automne. Hiver. Printemps. Été.

Vincent et Pauline, sa fille. Louis et son ami Antoine. Camille.

Des militants contre un projet d'aéroport. Le temps qui passe trop vite. Des instants et des visages figés sur pellicule.

Des âmes solitaires. Nostalgiques.

Des destins qui se croisent.



Cyril Pedrosa revient en force avec ce nouvel album. Et quel album ! Pas moins de 330 pages, alternant habilement dessin et récit sur quelques pages. L'on suit ainsi au fil des quatre saisons ces personnages dans leur quotidien parfois chancelant. Tous différents mais égaux face à une certaine solitude. Tous cherchant tout simplement à donner un sens à leur vie.

Quatre saisons précédées d'un prologue, quatre ambiances différentes, quatre techniques. Des notes plus sombres et glaciales pour l'hiver, ocre pour l'automne, douces pour le printemps et lumineuses et éclatantes pour l'été. Pastel, aquarelle, crayon à papier et de couleurs.

Des blessures, des fardeaux, des faux-semblants, des peines, des pensées secrètes et, au milieu, des sourires, une lumière.

Cyril Pedrosa parle tout simplement du temps qui passe et capte les tourments de chacun, les émotions qui les habitent, leur solitude, leur désarroi, leur difficulté à se connaître soi-même et leur mélancolie, explore ces âmes vibrantes.

Une oeuvre remarquable et saisissante, d'une intensité rare, profondément humaine et poétique.

Magnifique...
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L'âge d'or, tome 1

Les éditions Dupuis sortent dans leur prestigieuse collection Aire Libre dédiée aux « romans graphiques » les 232 pages du tome 1 de "L'Âge d'Or" qui bénéficie d'un gros tirage et d'une bonne couverture médiatique (avec par exemple une prépublication estivale en partenariat avec France Inter). Pourtant, et cela arrive de temps en temps, j'ai le plus grand mal à me positionner : d'un côté on a une avalanche de critiques presse dithyrambiques assez suspectes qui parlent d'un chef-d’œuvre incontournable en des termes trop semblables pour ne avoir été piochés dans une interview promotionnelle voire un communiqué éditorial, d'un autre côté le résultat de Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil est impressionnant de travail et de talent ici mis au service d'un projet frais qui respire la bonne volonté et la bonne humeur...

Entre crépuscule du Moyen-Âge et aube de la Renaissance c'est après une longue fin de règne qu'on assiste à un « le vieux roi Rohan est mort, donc vive la jeune reine Tilda ! »... Sauf que Tilda est prématurément victime d'un énième game of thrones (attention un traître peut ne cacher un autre, puis un autre, et encore un autre), et elle échappe à l'exil pour se retrouver en cavale avec Tankred le vieux chevalier idéaliste d'origine nobiliaire et Bertil le jeune page pragmatique d'origine roturière. Ils partent tous ensemble vers la Péninsule retrouver le Seigneur Alabaret, fidèle parmi les fidèles de son père qui devait lui confier un important secret. La Forêt d'Aumale, le Phalanstère des moniales féministes, le manoir déserté d'Albaret, le Grand Soir de la Cité d'Ohman : on suit donc le schéma archétypal de la Quête du Héros aux mille et un visages, et la Team Tilda parcourt le royaume pour découvrir que ce n'est pas une révolte mais la révolution (et tout le monde est à la recherche d'un fabuleux trésor pour conquérir le pouvoir, le conserver ou le retrouver)... Qui est Abigaëlle l’abbesse anarchiste ? Qui est Hellier le Tabellion l'âme de la révolution ? Pourquoi Bertil et Tankred s’éloignent-ils l'un de l'autre alors que les événements font rejoindre leurs idéaux ? Pourquoi Tilda victime de visions, de transes et de stigmates renonce-t-elle à ses idées de changements et de réformes pour adopter le conservatisme de ceux qui lui ont tout prix ? Quelle est cette légende de l'Âge d'Or qui parle d'une époque où tous les homme étaient égaux et où il n'y avait ni serviteurs ni seigneurs, ni exploités ni exploiteurs ? Et quelle est cette Boîte de Pandore qui suscite le toutes les convoitises des homines crevarices : voudraient-ils s'emparer de l'Espoir pour tous nous amener et dans les ténèbres nous lier ??? L'utopie est à portée mains ou définitivement illusoire donc la suite et la fin de ce diptyque peut finir en apothéose ou en eau de boudin (et j'espère que les prescripteurs d'opinion ne vont pas l'utiliser pour opposer « romans graphiques » et BDs qui ne sont que pour les teubés)



Cyril Pedrosa abandonne donc les autofictions si chères aux « romans graphiques » et avec Roxanne Moreil ils racontent tous deux une véritable histoire de 500 pages découpée en deux parties : nous sommes dans un anti conte de fées car c'est dans une ambiance fantastico-onirique nous projetant dans les univers de Charles Perrault qu'il réalise un pur conte politique qui a été pensé durant la campagne présidentielle de 2017 (qui vit la victoire du président des riches Emmanuel Macron autoproclamé successeur de cette sorcière de Margaret Thatcher).

Du coup je ne sais pas si ce sont les auteurs, les éditeurs ou les critiques presse qui sont un peu naïfs :

- un moyen-âge de fantaisie, ça s'appelle de la Fantasy ^^

- il n'y a rien d'extraordinaire à s'inspirer du Moyen-Âge réel pour créer un Moyen-Âge fictif

- si tu veux éviter les hommes providentiels, évite de centrer ton histoire sur une princesse rebelle ^^

- le women's lib ne date quand même pas d'hier en bande dessinée, même s'il été bien trop long à se dessiner (et qu'il est toujours à développer parmi la profession, n'est-ce pas messieurs les éditeurs)

- la critique sociale et le côté antisystème, c'est ce que je vous indique dans tous genres et tous les médias possibles et imaginables depuis des années et des années donc rien de neuf sous le soleil...

- on suit des schémas très classiques (roman médiéval, conte de fée, récit d'apprentissage), et force est de constater qu'on reprend toutes les péripéties du cape et épée qui fit les beaux jours du cinéma populaire au XXe siècle et qui fit les beaux jours du roman-feuilleton populaire au XIXe siècle

- on s'éclate visuellement à mélanger des codes du Moyen-Âge (tapisseries, livres d'heures, tableaux de maîtres) à des méthodes résolument modernes pour aboutir à des couleurs absolument superbes, des doubles planches à profusion, et des personnages qui évoluent non de cases en cases mais à l'intérieur de cases... mais avec des personnages graphiquement simples / basiques cela ressemble parfois à un album de "Où est Charlie" ? ^^



1 question pour les amateurs de bandes dessinées : pourquoi faire évoluer des personnages aussi «  moches » dans des dessins aussi beaux mis en valeur par un découpage aussi audacieux que fluide (ah ça on sent une fois de plus un ancien de l’École des Gobelins ^^) ? Je ne suis pas pour le glamour hollywoodien où le moindre personnage semble sortir d'une écurie de top modèles, mais maintenant j'ai l'impression que plus un dessinateur a du talent et plus il fait dans le charadesign minimaliste...

1 question pour les auteurs : pourquoi avoir commencé le récit par un détournement médiéval des Pieds Nickelés ? Ces Pieds Nickelés reviennent dans le récit pour ce qui semble être un interlude : qu'avez voulu faire avec eux, ou quels message avez-vous voulu faire passer avec eux ?

1 question pour l'éditeur : puisqu'on commence par une sextuple planche, vu le prix de l'album pourquoi ne pas l'avoir mise sous forme de poster ?



Je laisse tous les bénéfices du doute aux auteurs car en tournant les pages défilait dans ma tête le film auxquels ils ont déjà dû penser et qu'a rappelé aux plus belles et plus grandes heures de l'animation européenne héritière de Paul Grimault... L'animation française est la 3e au monde et elle dispose de tous les talents nécessaires pour devenir la 1ère en quantité comme en qualité, sauf que comme nous autres elle a les dirigeants qu'elle ne mérite pas !
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Trois ombres

« La peur et la colère ne protègeront pas Joachim »

Trois ombres surgissent au loin, insaisissables, effrayantes. Elles se rapprochent du petit garçon et menacent la douceur de vivre de sa famille.

L’amour d’un papa et d’une maman ne suffiront sans doute pas à affronter ces ombres, il faudra bien se résoudre à accepter l’inévitable. Aucune fuite n’est possible. On ne peut que faire face et accepter la loi de ces ombres, en s'armant de son seul courage. Il n'y a pas d'autre choix.



Très joli conte pour raconter la vie, ses joies et ses peines. Un dessin en noir et blanc, car la vie n’est pas toujours en couleur. Pourtant le petit Joachim nous fait parfois sourire, et l’amour qu’il reçoit est apaisant. On se dit que finalement, c’est le plus important, quoiqu’il puisse arriver. Et puis, le printemps renaît ...malgré les blessures.



Trois ombres et trois phrases pour clore cette histoire émouvante :

« Trois phrases qui me tiennent lieu de refuge… Lorsque je vacille un peu.

‘ Dans ce paysage de printemps, il n’y a ni meilleur ni pire.

Les branches des fleurs poussent naturellement.

Certaines sont longues, certaines sont courtes.’

Tenir debout. Rester du côté des vivants.



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Auto bio - Intégrale

Cyril Pedrosa, en simple citoyen engagé, attire avec humour notre attention sur beaucoup de questions qui parsèment notre quotidien. Cette bande dessinée est une compilation de planches publiées initialement dans Fluide Glacial, puis regroupées par la suite en deux volumes, lesquels deux volumes sont recyclés et compactés ici en un seul volume.



Il y a de nombreuses choses à dire sur ce livre, à commencer par le style graphique de l'auteur. Personnellement, j'adore son trait, à la fois " croquis " et très sophistiqué. Le dessin, parfois minimaliste parfois fourmillant de détails très fins et très finement observés, est toujours juste et constant.



On sent une grande maîtrise et ça fait plaisir de voir un dessinateur qui sait dessiner (c'est devenu rare par les temps qui courent), sans erreur de proportion, sans approximation graphique. Il est également palpable que l'auteur est passé par l'animation car il possède une grande aisance dans la façon de faire bouger ses personnages. Le dessin au trait est mis en relief par un camaïeu de verts tendres, écologie oblige.



À certains égards, j'aurais tendance à rapprocher son style de celui du Québécois Michel Rabagliati qui lui aussi excelle dans l'art du détail et de l'autobiographie. Transition toute trouvée pour aborder un second aspect de l'ouvrage : l'autobiographie.



Cyril Pedrosa a choisi un angle autobiographique original en nous parlant de ce qui constitue une partie importante de son quotidien : son engagement écologiste et solidaire pour un monde durable.



C'est avec beaucoup d'humour et de la distanciation qu'il nous rapporte les mille et une galères, les mille et une contradictions que doivent essuyer ceux d'entre nous qui veulent avoir un comportement citoyen responsable, en consommant local, en consommant bio, en maîtrisant leurs dépenses énergétiques et en tentant d'enrayer la spirale continue de la société de (sur)consommation.



Je me suis reconnue dans les situations décrites et à beaucoup d'égards, j'ai le même engagement et parfois... les mêmes déconvenues. Mais, au-delà des anecdotes cocasses et ludiques, il y a aussi une vrai question philosophique, un vrai choix de vie, un vrai enjeu global dont nous sommes tous responsables.



Il ne nous cache pas les contradictions qu'engendrent cette vision de la vie avec le désir de vivre dans un certain confort et avec une ouverture culturelle. Ne serait-ce que le désir de voyager et de connaître autre chose que son petit nombril qui se heurte fatalement à un problème de pollution via les transports.



Manger bio, très bien, mais c'est aussi une gageure au quotidien et ça vous coûte un bras. Sans compter l'inévitable étiquette sociale qu'on vous colle sur le front : " ÉCOLO ", " BOBO ", " EMMERDEUR ", etc. Bref, ce n'est pas simple, ça demande beaucoup d'énergie et de sacrifices jour après jour et l'on a une furieuse impression soit de se couper d'une grande partie de l'humanité soit d'être une mouture moderne et encore plus ridicule de Don Quichotte. Mine de rien, être écolo, vraiment écolo, ça demande une sacrée force de caractère pour souvent beaucoup de déconvenues.



Et c'est tout ça qu'exprime très bien Cyril Pedrosa, avec un axe très fort sur la cellule familiale, transmettre des valeurs et des idées à ses enfants sans que ceux-ci se fassent stigmatiser à l'école, etc. Et encore, on peut dire que l'auteur évite l'une des principales anicroches qui peuvent se faire jour : celle de l'incompréhension entre conjoints (j'en connais un rayon sur ce thème) car lui et sa femme sont plus ou moins sur la même longueur d'onde. Cependant, même d'accords entre eux, les seules différences de " degré " d'implication écologique peuvent créer de petits heurts qu'il illustre fort bien.



Il me faut maintenant dire quelques mots de l'objet livre. C'est tout d'abord une couverture très sympa sur un épais carton bis recyclé, laquelle non blancheur du support permet des rehauts de blanc très réussis. L'ensemble de l'ouvrage a été réalisé dans un soucis de qualité et de respect écologique évident, en phase avec le propos, ce sur quoi l'une des planches nous avertit et ne se fait pas d'illusion quant à la portée.



D'une façon générale, ce livre est vraiment une réussite et je tiens premièrement à féliciter Fluide Glacial et deuxièmement à remercier chaleureusement Fluide Glacial pour son aimable envoi dans le cadre de Masse Critique, ainsi que Babelio, le grand dispensateur d'ouvrages. J'aimerais toutefois émettre deux seuls bémols, l'un pour l'éditeur et l'autre pour l'auteur.



Concernant l'éditeur, bien que le format du livre ne soit pas petit (planches de 20 x 25,5 cm), le format des dessins a été réduit par rapport à la taille originale et l'on perd tant en lisibilité qu'en détails sur le dessin. C'est un peu gênant à la lecture.



Concernant l'auteur, la quantité de jurons par mètre carré est légèrement au-dessus du taux communément admis entre gens socialement responsables. On peut mettre ça sur le compte du fait que le texte est garanti bio et sans traitement ce qui explique la recrudescence de mauvaises herbes langagières...



En guise de conclusion, une vraie bonne BD, 90 pages sympas, divertissantes et avec beaucoup plus d'épaisseur qu'il y paraît à première vue, une incitation à la réflexion sociale et à examiner nos choix de vie. Mais ce n'est bien évidemment que mon avis, avec présence possible de parasites car brut et non traité, c'est-à-dire, pas grand-chose.

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L'âge d'or, tome 2

Vu comment ça se terminait dans le premier tome, je pouvais difficilement attendre plus longtemps pour découvrir la suite de cette aventure médiévale, où nous y retrouvons l'ensemble des personnages.



Nous la suivons de trois points de vue : celui de Tilda et de son fidèle Tankred, dont l'armée assiège le château de son jeune frère ; celui de son frère l'usurpateur, coincé dans son château ; et enfin celui d'Hellier et des insurgés. Certains, pourtant pas copains pour un sou, devront faire alliance pour atteindre leur but...



Côté ambiance, on reste dans un mélange assez atypique : morose, chevaleresque, utopique, guerrier. Le moral des troupes et du peuple est au plus bas. La guerre prend une tournure de désespoir. Les gens ont faim. Les insurgés, qui veulent changer la face du monde et du peuple qui l'habite, gagnent du terrain. L'avenir se veut incertain pour les uns, incompréhensible pour les autres. Mais entre la guerre et les combats, les conspirations et les trahisons, la quête du pouvoir et du trône, comment entrevoir un avenir meilleur, où les riches et les pauvres n'existeraient plus et où l'ensemble des hommes vivraient en harmonie ?



L'intrigue est toujours aussi prenante, pleine d'action et de rebondissements. Les personnages se démarquent et s'imposent vraiment, nous offrant des personnalités bien affirmées. Le dénouement, épique, est plutôt surprenant : le devenir de certains personnages m'a laissée coite, je ne m'attendais pas à une telle fin.



Quant aux dessins, j'ignore si c'est parce que je me suis habituée aux couleurs, mais je les ai trouvées moins agressives. Les rose et violets dominent toujours autant, s'accordant peu avec l'histoire et le contexte moyenâgeux, les personnages sont toujours aussi disgracieux. Pourtant, j'ai été moins gênée. Il faut dire aussi, et je l'avais déjà relevé dans le premier tome, que certaines planches sont vraiment très belles, surtout les dessins en double-page. Les paysages et la nature sont joliment dépeints. Malgré des couleurs peu naturelles, les représentations des différents décors restent réalistes, détaillées, tout en finesse.



Je termine donc ce diptyque sans regret aucun, malgré mes bémols concernant les dessins : l'histoire se veut captivante et le message véhiculé clairement utopique mais tout de même avec une légère note d'espoir quant à l'avenir de l'humanité... (on peut toujours rêver non ?).

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Trois ombres

Il était une fois un couple et leur rejeton vivant profondément heureux et en parfaite symbiose avec la nature environnante, témoin privilégié de ce bonheur plein et entier.

Mais ça, c'était avant. Avant que n'apparaissent subitement et de façon répétée trois ombres fantomatiques aux faux airs d'emmerdes futures.

De fait, tout changea, du tout au tout.

Bye bye amie sérénité, bonjour nuisible anxiété, on ne t'attendait pas si tôt.

Daigne prendre place en ce foyer troublé pour y semer tes graines nauséabondes.



De loin, ça ressemble furieusement à un monstrueux pavé. de près également. Mais point d'inquiétude, peu de texte, quelques cases par planches, le tout se dévore littéralement.



Pedrosa, armé de son trait charbonneux et faussement sommaire, ne s'appréhende pas si facilement.

Certains adoreront d'emblée, d'autres y seront beaucoup moins réceptifs. A ces derniers, j'ai envie de dire "accrochez-vous", le jeu en vaut vraiment la chandelle.



Amalgamant fantastique et mysticisme avec un égal bonheur, Pedrosa, sans avoir l'air d'y toucher, vous balance des seaux d'amour en pleine tronche sans même prendre le soin de s'enquérir de la vaillance cardiaque du lecteur régulièrement sur la corde raide.



Car il n'est finalement question que de cela.

De l'amour porté par des parents à leur progéniture et leur propension à vouloir contrarier une destinée, fût-elle déjà gravée dans le marbre.

C'est beau, touchant, poétique et vain.

C'est l'expression de la vie qui refuse de crever sans combattre.

Chapeau bas.



4,5/5
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Auto bio, tome 1

Cyril Pedrosa, ainsi que toute sa petite famille, se sont mis au vert. Ecolos dans l'âme, il ne leur est pas toujours facile de respecter les codes d'honneur. Même s'ils y mettent tout leur bon coeur et leur bon vouloir. 

Il n'est pas toujours facile de faire comprendre aux enfants qu'il est hors de question de mettre du chlore dans l'eau de la piscine au fond du jardin. L'eau utilisée ne peut rien de moins que fournir toute une famille subsaharienne de douze enfants en trois mois. Et tant pis si des petites bêtes viennent y faire trempette ou des moisissures se développer... 

Un compost est évidemment nécessaire à tout bon écolo même si celui-ci attire tout un tas de bêtes... qui ne semble gêner que le voisin...

Le vélo est LE mode de locomotion adéquat. Un bon vélo hollandais, cela va de soi. Par tous les temps, qui plus est... Les enfants n'ont pas peur de la pluie, eux...

Mais, bon, parfois, il est vrai qu'un petit apéro avec des saucisses-cocktail est parfois appréciable ou faire des crêpes dignes de ce nom avec du lait de vache même si, comme dit Madame, le lait de vache est mauvais pour la santé... 

Il ne lui est pas toujours facile d'imposer ses idées et faire comprendre à son entourage qu'être écolo ne signifie pas forcément être chiant!



Cyril Pedrosa nous conte ses petits soucis du quotidien. Il tente de mettre en adéquation toutes ses valeurs dans le respect de la nature. Même si la tâche s'avère compliquée parfois, il ne flanche pas, les enfants non plus! Largement autobiographique, cet album de petites saynètes est empreint de bonnes résolutions et nous fait réfléchir sur notre propre comportement. Sans être moralisateur, Cyril Pedrosa a bien conscience que son mode de vie est loin de faire l'unanimité et, au final, pas toujours facile à appliquer tous les jours dans cette société en constante évolution. L'ensemble est finement mené et construit, les saynètes se veulent drôles ou amusantes. Une petite piqûre de rappel qui ne peut faire de mal à personne. Le dessin est élancé et vif, la mise en page dynamique et les couleurs bien pensées, Ruby faisant ressortir ici et là quelques éléments. 

Petit bémol: même pas une petite mention signifiant que l'album a été tiré sur du papier recyclé...



Auto-bio... Automédication...
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L'âge d'or, tome 1

Ce sont les couvertures et le titre de ce diptyque qui ont tout de suite attiré mon attention. "L'âge d'or" promet une époque où « l'humanité peut encore rêver à des lendemains qui chantent », une époque qui « enlumine le passé pour mieux illuminer l'avenir ». Mais est-ce vraiment possible ?



Alors qu'Hellier le Tabellion prépare le soulèvement d'Ohman, dont l'objectif final est de rendre les hommes tous égaux (pour faire court, car c'est quand même un peu plus complexe que ça), la princesse Tilda, prête à succéder au trône de son père défunt, se voit évincée par un subterfuge de son jeune frère. Exilée, puis en fuite et blessée, accompagnée du chevalier Tankred et de son ami d'enfance Bertil, Tilda cherche l'appui des gens restés fidèles à son père afin de pouvoir renverser son frère.



Entre quête, trahison, vengeance et destinée, Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil nous plongent dans un monde médiéval plutôt atypique, où chevalerie, honneur et fidélité se mêlent aux idées utopiques autant qu'à la colère du petit peuple, oppressé par les taxes, affamé, prêt à la révolte. Nous est contée la première partie d'une épopée pleine d'aventures et de rebondissements, dans laquelle il nous est impossible de s'ennuyer. On y rencontre et suit des personnages que l'on voit s'affirmer et s'imposer de plus en plus au fil des pages. Côté scénario, je n'ai donc rien à redire, si ce n'est que la fin nous laisse sur un cliffhanger, nous obligeant à ne pas trop tarder à ouvrir le volume 2.



Côté graphisme, je suis plus mitigée. Tout ce qui est décors, nature environnante et paysages est joliment dépeint. Les traits fins, les menus détails, les reproductions sur pleine page sont clairement plaisants. Les images, quelque peu métaphoriques ou fantasmagoriques, apportent à l'histoire une dimension un peu féerique ou onirique et c'est très appréciable. En revanche, j'ai eu beaucoup de mal avec les couleurs, criardes, ou trop vives, trop peu naturelles, qui ne correspondent, à mon sens, absolument pas avec l'atmosphère plutôt morose induite, ni avec un univers moyenâgeux quelconque. Les mêmes couleurs, et notamment les rose, violets et orange, dans une nuance peut-être un peu moins violente, seraient mieux passées. J'émets également un autre bémol quant aux traits des personnages : s'ils sont assez expressifs, ils sont relativement tous disgracieux. Quoiqu'il en soit, le scénario étant ce qu'il est, captivant, on finit tout de même par s'y faire.



C'est dans l'ensemble une bonne découverte. Et je suis maintenant pressée de commencer le tome 2.

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Portugal

Simon Muchat est un auteur de bandes dessinées. En mal d'inspiration depuis plusieurs mois, il n'arrive pas à faire quoi que ce soit et, en plus, il trouve mauvais tout ce qu'il a fait jusqu'ici. Sa vie est bancale aussi, il se demande s'il doit continuer à vivre avec Claire, d'autant plus que celle-ci le bouscule un peu pour qu'ils achètent une maison ensemble. Mais, pour ce faire, Simon doit demander de l'argent à son père qu'il ne voit qu'occasionnellement, ce qui ne sera pas chose facile. Pour occuper son temps, Simon donne des cours de dessin dans les écoles, ce qui ne l'enchante pas plus que ça. Invité au mariage de sa cousine qu'il n'a pas vu depuis 20 ans et n'ayant plus aucun contact avec sa famille, il explique à Claire qu'il ne compte pas s'y rendre. Chez sa psy, qu'il voit depuis deux ans, il lui explique qu'il sent comme un vide en lui, qu'il ne se sent nulle part chez lui et n'arrive pas à s'attacher aux gens. C'est alors que Simon se rend au Portugal, son pays natal, pour un festival de BD où il doit dédicacer son dernier album...



C'est lors d'un festival de BD au Portugal que Pedrosa imagine la genèse de cet album. Autobiographique, l'auteur nous présente Simon Muchat, un dessinateur d'origine portugaise mais vivant en France. Même si une certaine part de fiction semble de mise, ceci ne fait que romancer un peu plus ce one-shot. Ce sera lors du mariage de cette cousine puis de son voyage au Portugal que notre héros commencera à s'intéresser à sa propre famille. Pourquoi a-t-elle quitté le Portugal ? Dans quelles circonstances ? Qu'est devenue sa famille restée au pays ? Notre héros va alors commencer un long chemin vers le passé et vers ses origines.

Le dessin, quant à lui, est tout simplement magnifique: des palettes de couleurs tantôt sombres tantôt lumineuses, un trait fin et délicat, des superpositions incroyables, un cadrage subtil, une mise en page originale... bref, pas moins de 260 pages de pure merveille ! Pedrosa a su se renouveler au fil des planches et on en prend plein les mirettes !

Il nous offre un récit introspectif passionnant, efficace, réconfortant, chaleureux et profondément humain.



Portugal... retour aux sources...
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Portugal

Trentenaire auteur de bandes-dessinées, Simon mène une existence sans saveur. Il semble avoir perdu le goût de ces petits riens qui font le sel de la vie. Il n’a plus envie de faire d’autres bouquins, il n’a pas vraiment envie d’acheter une maison avec sa petite amie, il n’a pas vraiment envie de se fixer, il n’a pas vraiment envie, il n’a pas vraiment d’envies… De quoi a-t-il envie ? Il ne le sait pas lui-même… Invité à se rendre au Portugal, terre de ses ancêtres, à la faveur d’un festival, il va, sur place, se trouver comme submergé par une vague de bien être, une sorte de plénitude inattendue…



Une langue et des accents chantants, des odeurs enivrantes, des couleurs chatoyantes et soudain, c’est toute son existence qui reprend des couleurs, les couleurs du soleil, du sable et de la terre, les couleurs chaudes de son Portugal…



« J’étais fasciné et heureux. Un vrai crétin. Et je me demandais bien d’où venaient cette étrange colère, puis cette douce mélancolie qui m’étaient tombées dessus sans crier gare en moins de vingt-quatre heures. »



Le mariage d’une cousine en Bourgogne va le conforter dans son envie, lui apporter un regard nouveau, une foultitude de questions sur la famille, le passé, ses racines et le conduire à nouveau au Portugal.



« C’est vrai… C’est des vielles histoires. Mais ce sont les nôtres… »



« Tu sens cette odeur ? [..] Ça sent la rivière. J’avais oublié comme ça sentait bon... »



Des personnages forts, attachants, auxquelles on ne peut que croire et qui emportent facilement notre affection. En ce qui me concerne, j’ai particulièrement apprécié le cousin Alessandro dont j’ai immédiatement entendu, et pour longtemps, résonner à mes oreilles le verbe haut et l’accent chantant.



« - Je fais le cours de philo pour mes étudiants le matin, mais après c’est bon.

- Tu travailles pas dans un vidéo-club ??

- Sim. Les deux, mon cousin, les deux… Professeur de philosophie et le vidéo-club, le fin de semaine… Hé… C’est le Portugal. »



D’inspiration autobiographique, toute ressemblance avec l’histoire de Cyril Pedrosa, l’auteur, n’est pas purement fortuite… Douces réminiscences, saveurs oubliées qui ressurgissent, travail sur la création, la famille, les racines, l’histoire d’un peuple, Portugal, c’est tout ça et beaucoup d’autres choses encore à côté desquelles il serait vraiment dommage de passer. Du concentré de bonheur et à la deuxième lecture, c’est encore meilleur !



Portugal, un vrai régal !




Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Ring Circus - Tomes 1 à 4

Pour avoir dit ouvertement à son patron, qui tient un magasin de vêtements, qu'il trouvait ses redingotes laides, Jerold se retrouve sans boulot. Viré comme un malpropre. Dans la rue, quel n'est pas son étonnement de tomber nez à nez avec un dromadaire. L'animal détale dès qu'il entend son maître arriver derrière lui. Jerold l'aide à le rattraper. Pour le remercier, on lui offre deux places pour le Ring Circus qui se tient en ce moment dans la ville. Il s'empresse d'aller chercher son ami Anthonin, étudiant, qui aussitôt quitte le cours. Lors de la représentation, le jeune homme tombe sous le charme de la belle écuyère, Blanche. Malheureusement, le cirque doit partir pour la Ruskovie où Son Excellence le tsarissime l'a invité à venir jouer devant lui et sa cour. Jerold n'a pas d'autre choix que d'embarquer incognito avec la troupe, Anthonin avec lui...



Ce voyage à bord de la roulotte est pour le moins dépaysant. Le scénario de David Chauvel ne manque pas de rebondissements et ses personnages, sans oublier le zèbre Géraldine, sont fort sympathiques. On est aussitôt embarqué dans le sillage de ce cirque ambulant et l'on traverse de magnifiques contrées. Le récit évolue gentiment au cours des 4 tomes, notamment lorsque Anthonin prend la plume et rédige un journal de bord. Dommage que la fin laisse de nombreuses questions sans réponses. Au niveau du graphisme, Cyril Pedrosa nous offre de très belles planches, tout en poésie. Son trait anguleux s'affine et se précise au cours des tomes, les couleurs éclatent et la mise en scène est parfaitement réglée.



Bienvenue au Ring circus!
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Carnets de manifs

Carnets de manifs est le portrait d'une France en marche. Il faut dire que les marcheurs ont plutôt déçu une bonne frange de la population deux années après avoir occupé le pouvoir.



En même temps, beaucoup de gens espéraient un changement salutaire au-delà de la gauche et de la droite (sortez les sortants). Il y a eu la déception qui a amené la tension et le mouvement des gilets jaunes.



Les auteurs Cyril Pedrosa et Loïc Sécheresse ont voulu accompagner et surtout comprendre, avec leurs outils, cette mobilisation contestataire, inattendue et sans précédent dans notre pays d'où cette démarche d'un carnet de manifs.



Ces dessins qui ont été réalisé lors des manifestations témoignent d'une époque. Certes, il y a du parti pris mais c'est cela également avoir certaines convictions. Les artistes ont simplement dessinés les gens qu'ils avaient rencontrés afin de laisser une trace.



Inutile d'indiquer que ce fut parfois d'une grande violence dans la répression policière. Poutine a d'ailleurs fustigé le pouvoir en place pour justifier ce qu'il faisait à ses propres opposants. N'a t'on rien à envier à un Etat tyrannique ? Où se situe la juste mesure des choses ?



Je ne vais pas juger la démarche mais le plaisir de lecture que j'ai ressenti. Et là, je dois dire que j'ai plutôt été déçu tant sur le fond que sur la forme. Cela aurait pu être mieux, c'est incontestable.



Les dessins sont presque du gribouillage sans vouloir être méchant. Il manque également de la structure pour raconter une histoire ou expliquer un mouvement à la manière d'un documentaire.



Bref, j'ai vu et lu beaucoup mieux en matière de BD documentaire sur le format strip d'une case.
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Les coeurs solitaires

Après son petit footing, Jean-Paul rentre fatigué et essaie, malgré tout, de se remettre au travail. Mais, il a la tête ailleurs et le regard fixé vers la fenêtre. Il est d'autant plus surpris lorsqu'à la machine à café, il entend sa maman arriver derrière lui. Enthousiaste comme d'habitude, gentille mais surtout envahissante. D'abord, le petit reproche sur le nombre de sucres que son fils met dans son café mais, là n'est pas la question puisqu'elle est venue surtout pour savoir s'il a bien préparé son prochain entretien. En effet, Jean-Paul travaille dans l'entreprise Jouébois de feu son papa qui fabrique des jouets et miniatures en bois. Elle est venue également lui parler des 40 ans de l'entreprise qui sera bientôt fêté. Un apéro est prévu, ainsi qu'un match de foot amical et un discours de ce dernier. Mais, de tout ça, le fiston n'en a cure. Son métier ne le passionne pas plus que ça, sa maman est trop envahissante et il ne supporte plus son célibat. Il en vient même à fantasmer sur une jeune femme blonde qu'il croise lors de ses footings. Il songe plus que tout à changer tout ça...



Jean-Paul est à un cœur à prendre qui cherche sa moitié et rien de tel qu'une petite croisière, la bien nommée "Les cœurs solitaires" pour remédier à tout ça. Cyril Pedrosa traite ici du mal-être sans être mièvre et en abordant le sujet d'une façon plutôt délicate et amusante. Mal dans sa peau, timide, grand, maigre, des lunettes sur le nez, Jean-Paul est touchant comme tout et on ne peut que s'émouvoir devant ce jeune homme qui a décidé de prendre la vie à bras le corps. Tantôt drôle tantôt émotif, cet album intimiste dresse toute une galerie de portraits, du prof de gym superficiel à la femme fatale qui ne fait qu'aguicher les hommes. C'est à la fois touchant, piquant et assez juste. Comme ce sont les tout premiers pas de Cyril Pedrosa en solo, on ne lui reprochera pas un léger manquement dans le scénario. Le dessin, quant à lui, est remarquable de justesse. Les couleurs fusent de toutes parts, passant d'un ton très chaud à un ton plus sombre lors des périodes de rêves. Le trait est suffisamment expressif pour laisser muettes certaines vignettes.



Les cœurs solitaires... il reste des places...
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Trois ombres

Quelle belle B.D ! Comme j’avais beaucoup aimé le 1er tome de « L’âge d’or », j’ai eu envie, en attendant que le second volet soit enfin disponible à la médiathèque, de découvrir d’autres œuvres de Cyril Pedrosa. Je n’ai pas été déçue, dans un registre très différent de « l’âge d’or », « trois ombres » est une grande réussite.



Le scénario est tout à fait remarquable. Pedrosa parvient à aborder un sujet grave et très difficile en proposant un récit plein de péripéties. C’est là un bel exploit que de parvenir à raconter une histoire d’aventure sur le thème du deuil. Pedrosa fait preuve d’une grande délicatesse, de beaucoup de subtilité tout en oubliant pas de mettre des petites pincées d’humour dans son récit.

La mise en images de cette histoire très émouvante est elle aussi superbe et se marie parfaitement avec le propos. Dans les différents passages de son récit, Pedrosa change subtilement le style de son dessin afin qu’il véhicule au mieux l’émotion qu’il veut faire passer.



« Trois ombres » est une très belle B.D. Le thème est délicat et si le récit de Pedrosa est très émouvant, il n’est jamais misérabiliste. Je conseille très vivement.

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L'âge d'or, tome 1

"L'âge d'or" a obtenu le prix BD Fnac-FranceInter 2019 et c'est peu dire qu'il l'a amplement mérité. Cyril Pedrosa est le dessinateur mais aussi le co-scénariste avec Roxane Moreil de ce volume un qui confirme toutes ses promesses. La couverture, sublime, est un appel au mystère de l'aventure, aux élans de la geste médiévale. le scénario est prenant. le vieux roi meurt. Alors que sa fille Tilda s'apprête à lui succéder, elle est renversée par son jeune frère qui la condamne à l'exil loin de son royaume. Avec l'aide des loyaux Tankred et Bertil, deux preux chevaliers, Tilda va chercher à reconquérir son royaume pour le bien de son peuple. Si l'histoire est somme toute classique, le traitement graphique, les illustrations le sont moins. Ces dernières sont d'une rare beauté et c'est l'atout majeur de cette aventure médiévale au souffle épique et mystérieux. On est époustouflé, ébloui par le talent de Cyril Pedrosa. C'est un très bel objet de plus de 200 pages avec des dessins flamboyants aux couleurs tantôt froides tantôt chaudes qui rappellent les enluminures des manuscrits médiévaux. C'est un tour de force, une prouesse formidable que cet "Age d'or" que je vous recommande chaudement. On est là, très clairement face à une BD qui va rester, un classique instantané. Il n'y a plus qu'à attendre le second tome à paraître cette année qui j'en suis certain sera tout aussi réussi. Patience.
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L'âge d'or, tome 1

Dans un royaume fictif, au Moyen Âge, la fille du roi qui vient de mourir doit lui succéder ; elle compte faire des réformes en faveur du peuple ; c’est compter sans les manigances de sa mère et de son âme damnée, Vaudémont. ● Je n’ai pas aimé cet ouvrage de « fantasy » malgré des dessins qui ne manquent pas d’intérêt (même s’ils ne sont pas vraiment à mon goût). J’ai particulièrement peu apprécié les passages oniriques-fantastiques. ● Pour moi, c’est là un ouvrage pour la jeunesse. La quête, le roi et son royaume, les luttes de pouvoir, les châteaux, l’arrière-plan médiéval, l’indétermination du lieu et de la date, tout cela relève de l’univers du conte. ● Quant à la coiffure, l’allure et le caractère de Tilda, ils font penser aux actuelles chanteuses adolescentes… ● Cette lecture confirme que la fantasy, ce n’est vraiment pas pour moi !
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L'âge d'or, tome 2

S’il y a bien une bande dessinée qui s’était fait remarquer à sa sortie, c’est « L’âge d’or » volume 1, le conte médiéval épique et historique signé Cyril Pedrosa aux illustrations et Roxanne Moreil au scénario. Multi-récompensé, c’est peu dire que le volume 2 des aventures de la princesse Tilda était attendu de pieds fermes. Réjouissons nous, car ce volume 2 est bel et bien à la hauteur et même, à mon sens, meilleur que le premier volume car entièrement concentré sur l’action. La guerre fait rage entre son frère au pouvoir et la princesse Tilda qui assiège le château de celui-ci avec ses troupes. Mais aveuglée par les sorts jetés sur le coffre contenant le livre de l’histoire de l’humanité « l’âge d’or », la princesse Tilda souffre et s’isole de ses fidèles compagnons d’arme. Quel est donc le pouvoir de ce livre ? Quelles leçons doit-on tirer de cette quête de pouvoir ? Celui-ci doit-il être conquis au mépris des principes moraux et philosophiques d’égalité qui doivent prédominer ? Moult péripéties attendent Tilda et ses ami(e)s. A la hauteur de ses promesses, illustré par un Cyril Pedrosa au sommet de son art, on est également conquis par un scénario touchant, une sorte de conte philosophique à l’utopie salvatrice. Si vous cherchez une bande dessinée à offrir sous le sapin pour noël, je vous conseille ce flamboyant « L’âge d’or » volume 2 , dans la collection Aire Libre chez Dupuis, qui saura les ravir.
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