Mon avis sur ce livre a été au départ extrêmement mitigé. J'éprouve toujours une grande méfiance vis à vis des occidentaux qui essaient coûte que coûte de transformer certaines notions de spiritualité asiatique en méthodes « clef en main ». Avec le temps cependant, je dois bien admettre que j'ai repensé plusieurs fois à ce livre depuis sa lecture en 2005.
Après tout Dominique Loreau parvient à éviter quelques pièges récurrents dans ce genre d'adaptation à la méthode pratique. Cela vient sans doute du fait que, concernant l'Asie, l'auteure a vécu suffisamment longtemps au Japon pour « savoir de quoi elle parle ». Son expérience est très significative et donne une assise solide à son exposé.
Il existe cependant des maladresses, notamment cette sensation permanente du livre « écrit par une femme pour d'autres femmes ». D'où un sentiment de va et vient permanent entre l'essentiel et le futile, qui déroute régulièrement. « Le diable est dans les détails » semble penser Dominique Loreau, mais parfois, ces derniers finissent par « encombrer » une démarche dont l'objectif était à priori tout le contraire, soit une recherche de simplicité et de fluidité.
« L'Art de la simplicité » est donc un livre ô combien pragmatique, pour le meilleur et pour le pire.
Après tout, Dominque Loreau a l'immense mérite d'avoir pointé en temps et en heure l'immense bénéfice que nous aurions à revenir vers un style de vie du type « simplicité volontaire ». Et de ce point de vue, le livre répond à nos attentes. C'est un vaste tour d'horizon, très complet, qui est accompli par l'auteure, à qui rien n'échappe : Maison, ameublement, rangement, hygiène, beauté, alimentation, relations ou santé mentale. Cet inventaire à la Prévert a somme toute son mérite. Il semble démontrer que, pour retourner à la simplicité (ou la conquérir), la partie peut commencer à tout instant, dans n'importe quel domaine. Cessons de nous presser le citron avec mille interrogations théoriques et intellectuelles aussi stériles que futiles : il faut passer à l'action. Où ? Ici et maintenant, tout de suite, et dans les gestes les plus simples de la vie quotidienne. C'est là sans doute l'idée la plus « séminale » du livre. On le savait déjà depuis longtemps, lorsqu'il faut passer aux applications pratiques... les femmes ont souvent un temps d'avance sur les beaux parleurs que nous sommes.
On pourra parfois critiquer l'aspect « recettes en vrac » du livre mais que pour mieux revenir, à tête reposée, sur les principes de vie sur lesquels il s'engage. De ce point de vue, qu'y aurait-il à redire ?
Dominique Loreau va dans le bon sens, je n'en doute pas un seul instant. Il ne restera plus aux uns et aux autres qu'à faire la part des choses et de se poser la seule question qui importe véritablement : Pourquoi désire-t-on simplifier sa vie ? N'est-ce qu'une façon parmi tant d'autres de pratiquer l'art de la fuite ou est-ce l'envie, plus exigeante, d'aller à l'essentiel afin, d'enfin, « vivre avec le monde ». Car en Occident, l'idée selon laquelle il faut renoncer en partie à son « ego » et à son perroquet, le mental, afin de devenir enfin « soi-même », n'est populaire que dans le discours. Les méthodes se succèdent mais le désir enfantin de « toute-puissance » s »y adapte en permanence.
Quoi qu'il en soit, ce n'est plus la sincérité de Dominique Loreau qui est alors la question, mais tout simplement la notre.
Lien :
http://feuilles.de.joie@gmai..