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Critiques de Doris Lessing (528)
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Victoria et les Staveney

Un style très efficace comme d'habitude dans la littérature de Doris Lessing.

Un petit roman qui raconte 15 années d'une vie. Cela pourrait sembler court, mais non. L'auteur à les mots justes pour définir le destin de l'héroïne : ses choix, ses hésitations, les aléas et les tournants de la vie le tout sur fond de discrimination, racisme, pauvreté, l'empathie et l'amour familial.
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Le cinquième enfant

Harriet et David, un couple anticonformiste, voulaient fonder une grande famille heureuse vivant au rythme de joyeuses belles tablées des réunions de famille.

ils vont connaître les accouchements et les retours de couches de plus en plus éprouvants, l'isolement et l'accaparement.

ils voulaient six enfants, le cinquième freinera ce désir de donner la vie. place à la culpabilité et aux remords, au dur labeur des corvées quotidiennes des tâches ménagères et du soin aux enfants, à plus forte raison, quand certains d'entre eux, déficients, nécessitent encore plus d'attention.
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Les Grand-mères

Deux adolescents de dix-sept ans, Tom et Ian, sont initiés à l'amour par deux femmes mûres. Le thème, relativement banal, a déjà été exploité maintes fois, mais l'histoire se pimente du fait que ces deux femmes, Roz et Lil, sont des amies d'enfance et que chacune d'elles a pour amant le fils de l'autre! Situation peu banale qui dure quelques années jusqu'à ce que Tom, bien que toujours amoureux de Lil, se décide à se marier.

Roz et Lil finissent par admettre que ces relations particulières ne peuvent qu'être néfastes à leurs enfants, elles sifflent donc à ce moment-là, "la fin de la récréation" pour le plus grand désespoir des deux hommes. Elles espèrent pouvoir mener une vie normale comme toutes les femmes de leur âge, une vie tranquille de grand-mères. C'est sans compter sur le hasard qui va bousculer leurs projets...

Ce n'est pas la première fois que Doris Lessing nous montre des femmes mûres mais encore très belles séduire des hommes plus jeunes qu'elles et en tomber amoureuses. A notre époque, même si un garçon de dix-sept ans n'est pas encore légalement majeur, on peut difficilement accuser ces femmes de pédophilie! Il est évident que les membres d'une bonne société bien pensante ne peuvent qu'être choqués par ces relations hors normes, mais notre littérature fourmille de romans autrement plus sulfureux!

J'ai trouvé ce court roman (très vite lu!) plutôt léger, agréable et plaisant, comme une récréation, pour reprendre le mot de l'auteur. Il fait passer un bon moment mais il ne sera peut-être pas inoubliable.

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Mara et Dann

Notre civilisation a disparu, la Terre s’est asséchée, seule l' »Ifrik » est désormais habitable. Poussés par la nécessité de survivre, par la faim et la soif, deux enfants, renommés Mara et Dann, arpentent ce continent désolé vers le Nord, en essayant d’échapper aux pièges qui leur sont tendus sur le chemin. L’humanité a tout oublié de son histoire, de la géographie de sa planète : revenue à l’état primal, les populations utilisent jusqu’à usure de objets qu’ils ne comprennent pas et qu’ils ne sont pas capables de réparer. Un seul objectif les obsèdent tous : aller vers le Nord, où les fleuves existent encore, où les récoltes sont suffisantes, où l’on peut vivre et non plus survivre.



Doris Lessing emprunte ici à la fantasy, au roman d’anticipation, mais aussi au conte fantastique où tout est blanc ou noir, l’un est chanceux tandis que l’autre ne l’est pas. C’est une épopée prenante, entourée de nombreux mystères : comment le monde a-t-il pu atteindre un tel niveau de déchéance? Qui sont Mara et Dann, eux dont l’identité ne doit jamais être révélée? Jouant sur plusieurs registres, l’auteur nous questionne sur notre façon de vivre actuelle, sur les impacts environnementaux de nos habitudes, sur les possibles dérives de notre mode de vie d’ici quelques dizaines ou centaines d’années. Apercevoir, à travers la brutalité de ce monde imaginaire, des bribes de notre civilisation, fait un certain choc. Dans ce retour à l’archaïsme et à la violence, cet abandon de toute technologie par ignorance, cette méconnaissance totale de l’histoire du monde, on voit le possible dénouement de notre mode de vie actuel. Dans ces temps troublés où le climat fait des siennes, les populations commencent déjà à se déplacer massivement et où personne au niveau politique ne semble avoir de réponse à ces questions pressantes, cet avenir probable peut nous sembler assez proche.



Le lecteur est emporté dans le flot des aventures des deux héros, c’est un roman facile à lire, plus allégorique que véritablement romanesque, selon le procédé habituel de Doris Lessing. Il peut se lire comme une simple épopée agréable à suivre, plutôt fantastique dans les populations décrites, les évocations poétiques du continent Nord notamment. Pour un lecteur attentif, il contient aussi de nombreux petits détails qui engagent à la réflexion et rapprochent ce monde fantasque de notre quotidien.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Les Grand-mères

Roz et Lil sont voisines et liées d'une amitié peu commune... Elles élèvent seules leur fils respectif, Tom et Ian... Les relations dans ce quatuor sont pour le moins étrange... Il s'agit d'éducation et d'initiation d'un genre inattendu...

En effet, au fil du temps chaque mère va devenir la maitresse du fils de l'autre... de la simple initiation à l'amour charnel, se tisse peu à peu une histoire d'amour profonde et sincère...

Mais un jour, il faut bien se rendre à l'évidence... Elles ont l'âge d'être grands mères et il est temps qu'elles cèdent leur place... Rien n'est simple mais elles trouvent non sans douleur la force de rompre et d'accéder à d'autres valeurs et à l'art d'être grand mère.



Découverte surprenante de cette auteure par ce roman très court, très bien écrit, à la fois dur et plein de tendresse... L'histoire est sulfureuse, immorale et pourtant à aucun moment le lecteur ne le pense, tant le scénario est mené avec brio, poésie et délicatesse...

Doris Lessing livre dans ce texte un hymne à la liberté et rend hommage à toutes les mères imparfaites qui deviendront de parfaites belles grands mères.

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Le Rêve le plus doux

Je ne sais pas si cela vient de l'auteure à laquelle je suis peut être hermétique bien qu'elle soit prix nobel de littérature, de la traduction, de l'histoire ou ...... enfin bref après 120 pages le livre me tombe des mains, je n'arrive pas à entrer dans l'histoire de Frances et Julia. Beaucoup de personnages, c'est pour moi confus, je n'arrête pas d'essayer de mémoriser qui est qui (ou alors c'est un effet des fêtes de fin d'année) et d'avoir un intérêt pour eux.

Le résumé du début : 1963 : Julia héberge au rez-de-chaussée de sa maison de Londres sa belle-fille et ses 2 fils : Andrew et Colin. Son fils, Johnny, communiste pur et dur, divorcé de Frances et remarié (et en voie de deuxième divorce) lui confie Sylvia, fille de sa deuxième femme, dont personne ne veut s'occuper.....

Mais Frances tient également une "auberge espagnole" des différents ami (e)s de ses fils : Rose, Sophie, Gabriel, Daniel etc..... et tout ce beau monde cohabite dans un esprit baba cool, lycée ou pas, hash, etc... Frances ancienne comédienne travaille pour un journal au courrier des lecteurs.

Nous suivons tout ces personnages dans leur quotidien, leurs prises de position avec l'actualité, les passages fréquents de Johnny avec son ami Mo entre deux voyages dans les 4 coins du monde.

Bref, sûrement que ce roman retrace l'histoire d'une jeunesse, d'une époque mais certaines phrases j'ai eu beau les lire deux fois, rien à faire, le style ou la traduction me reste hermétique.

J'avais pris ce livre par la renommée de l'auteure : je tenterai ma chance avec un autre roman pour me faire une idée définitive sur celle-ci.


Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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Victoria et les Staveney

Victoria, fillette noire de 9 ans à la vie difficile (elle n’a plus de parents, et vit avec sa tante malade dans un petit 2 pièces), se retrouve un jour par hasard dans la demeure des riches Staveney. Elle tombe en pâmoison devant le grand frère, Edward, et se rappellera pendant des années la soirée en sa compagnie.



Victoria, ayant bien grandit, entame une liaison avec Thomas, le jeune frère d’Edouard. De cette union naîtra Mary, mais elle ne souhaitera pas en informer Thomas. Elle se marie ensuite avec un noir – très noir, avec qui elle a un garçon, puis son mari meurt. Quelques temps plus tard, elle retombe sur Thomas et décide de l’informer de l’existence de sa fille.



Après quelques clichés au début sur la misère noire (le plus grand rêve de Victoria et son entourage est d’avoir une chambre pour soi) et la solidarité et l’abnégation féminine, qui conduisent Victoria à abandonner ses études (alors qu’elle est brillante), Doris Lessing offre un aperçu sans concessions de la rencontre entre les 2 mondes : blanc-riche et noir-pauvre.



Edward combat les inégalités, mais il est le premier à penser que Victoria ment et qu’ils souvent faire un test de paternité. Les parents sont contents d’avoir une noire dans la famille « car cela fait bien » et prouve qu’ils sont meilleurs que leurs amis. Quant à Thomas il fantasme sur les femmes noires et la musique africaine, mais on ne sait plus trop si c’est en réaction à son univers bourgeois ou s’il est sincère . Tout le monde traite bien Mary et le racisme n’est pas frontal, mais il est insidieux. C’est tout l’intérêt du livre. Victoria devra faire un choix, entre l’éducation qu’elle souhaite donner et les possibilités offertes par les Staveney, mais également entre les inégalités qui naissent entre ses deux enfants.



C’est un court roman très intéressant et surtout intelligent. Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007 et une très grande auteure, et je vous conseille vivement de plonger dans son oeuvre !
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Victoria et les Staveney

Ce livre m'a attirée plus par sa jolie couverture que par ces mots « Prix Nobel ». Je suis devenue plus méfiante car j'ai déjà été déçue par quelques ouvrages d'auteurs récompensés.

Il est question, dans ce récit, de clivages sociaux dans la société britannique contemporaine. Deux mondes parallèles vivent côte à côté dans la même ville et se frôlent rarement. D'un côté se trouve les riches, personnifiés ici par la famille Staveney, et de l'autre les moins nantis comme Victoria et ses voisines. Cette fracture sociale est accentuée par la couleur de peau.

Victoria, à neuf ans, se rend compte qu'un autre monde existe et que celui-ci ressemble à un conte de fées. Mais elle reste prisonnière de son milieu social tout au long de son existence. Son choix de présenter Mary à sa belle-famille lui semble un sacrifice, car elle ne sent pas à sa place dans le monde des Staveney, mais en même temps, elle souhaite un avenir meilleur pour sa fille. Et que dire pour cette enfant, ni noire ni blanche, partagée entre une mère qui a du mal à joindre les deux bouts et cette famille capable de l'emmener au zoo, au théâtre ou dans leur maison de campagne ? En fait, dans cette histoire, chacun est emmuré dans son monde avec ses propres préjugés et ses maux. Tous ferment sciemment les yeux sur cette autre partie de la société, qui leur est refusée ou qu'ils ne souhaitent pas partager.

Mais j'ai trouvé cette histoire trop courte. Avec aussi peu de pages, l'auteur n'a pas le temps de donner plus de profondeur à tous ces personnages, et l'impression globale qui se dégage est un récit stéréotypé, voire un peu superficiel. A la fin du livre, je suis restée frustrée et un peu déçue.

Le style d'écriture est agréable, simple et fluide malgré un rythme accéléré pour raconter les évènements.

A lire ? Sûrement, d'autant plus qu'il est court.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Victoria et les Staveney

L'histoire est courte. L'écriture est simple. La plume est agréable. Dans ce roman, Doris Lessing raconte la rencontre d'une jeune fille noire, Victoria, avec la famille Staveney. Elle les aperçoit petite, à l'âge de neuf ans plus précisément, et les découvre plus grande avec, dans les bras, une fille de six ans née d'une relation avec un des fils de la famille. Comment vont-ils réagir à cette nouvelle? Vont-ils accueillir la petite fille? L'histoire, comme constatée, n'a rien de compliqué. Elle est d'une grande simplicité voire d'une belle banalité. Mais elle serait, dit-on, prétexte pour évoquer et dénoncer l'hypocrisie sociale. Bien, mais laquelle?



Je dois ainsi avouer que je n'ai pas véritablement compris quelle hypocrisie il fallait fustiger. Quelques commentaires ont évoqué les "préjugés raciaux" de la famille Staveney. Mais comment s'expriment-ils? Certes, on retrouve des comportements qui peuvent ressembler à des poncifs. Pour l'un, Edward, le "Noir" est un être qu'il faut sauver de la misère, sur lequel il faut s'attendrir en raison de l'Histoire tragique subit quand pour l'autre, Thomas, la "Noire" est d'une bestialité à savourer. Mais sinon? C'est déjà beaucoup me diriez-vous sans doute. Oui mais non, vous répondrais-je car cette famille, malgré ses petits travers, ne semble pas si mal s'en tirer. Des poncifs, on en a tous. Souvent malgré nous. Et pour ma part, ils ne font pas de mal tant qu'ils ne servent pas à justifier l'impardonnable et l'inacceptable, tant qu'ils n'empêchent pas la relation à l'autre. Or, que sont les torts de cette famille?



Ils n'auraient pas invité Victoria à leurs différentes sorties. Mmh oui et alors? Sont-ils obligés d'intégrer la jeune femme dans leur famille, elle qui vient leur annoncer l'existence d'une petite fille six ans après sa naissance et qui n'est pas engagée à leur fils? Pourquoi le feraient-ils? Au nom de quoi? De sa couleur de peau? L'acceptation de l'enfant suffit, pour le reste ils ne sont obligés de rien. La couleur de la peau ne suffit donc pas à crier au préjugé racial. De même, la famille n'inviterait jamais le second fils de Victoria, issu d'une autre relation. Pour la seconde fois, mmh oui et alors? En quoi la famille est-elle obligée d'avoir des relations avec le second enfant de la mère qui, par ailleurs, ne l'amène jamais en raison de son caractère sauvageon? Cet enfant ne fait pas parti de la famille, à son égard ils n'ont aucun devoir. Mais comme il est plus noir que sa soeur, il faut forcément crier au racisme? Sérieusement, dire qu'il y a là un préjugé raciste c'est vraiment avoir un problème avec la notion de racisme. Certes, elle est difficile à cerner et à prouver mais de là à la voir partout, il ne faut pas exagérer.



Plus qu'une critique de l'hypocrisie sociale, c'est donc une analyse sociologique que j'ai cru percevoir dans ce roman. Pour moi, Doris Lessing évoque les conséquences de la tragique Histoire qui continue à entraver les relations entre "Le Blanc" et "Le Noir". C'est pour la famille Staveney la peur de mal se comporter avec Victoria qui accueille de ce fait leur bienveillance. C'est pour Victoria une suspicion permanente, se voyant toujours "Noire" à leurs yeux, expliquant, de ce fait, toutes leurs décisions et leurs comportements comme une conséquence de sa couleur de peau. Comment ne pas noter l'intelligence du propos? On le voit au sein de nos sociétés. Les "dominants" (au sens historique) ont du mal à prouver leur sincérité à l'égard des "dominés" qui se pensent, à leurs yeux, toujours "essentialisés". Aider le "dominé", on dénoncera votre condescendance, votre paternalisme et/ou votre hypocrisie. Opposer lui un refus, on évoquera votre racisme et vos préjugés. On ne sait plus que dire, que penser, comment se comporter de peur de blesser ou d'être accusé(e). Le racisme est partout et nul part à la fois. Les relations sont si tendues, le flou est si marqué qu'il est aisé de crier au racisme quand il n'est pas et de ne pas le voir quand il y est. Française d'origine étrangère, je vois comment les gens ont du mal à parler normalement avec moi de certains sujets, prenant milles pincettes pour ne pas me blesser alors qu'il n'y a pas de quoi. Je vois comment certain(e)s voient dans tout refus opposé au "dominé" l'existence d'un racisme invétéré. Et je vois, dans cette ambiance délétère, persister les véritables racismes et les inexcusables humiliations. Alors qu'est-ce que le racisme? C'est la question que pose, pour moi, cet agréable roman.
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Alfred et Emily

Au premier abord, on pourrait penser que l'idée de Doris Lessing est un peu saugrenue : à quoi cela sert-il de réinventer la vie de ses parents ? Mais elle avoue que "la colère ramenée des tranchées par mon père s'est emparée d'[elle] très tôt et ne [l']a plus jamais quittée". Elle précise dans l'avant-propos du livre que ses parents furent " Tous deux furent dévastés par la Première Guerre mondiale. Après avoir eu la jambe fracassée par un obus [son] père dut porter une prothèse de bois. Il ne se remit jamais de l'expérience des tranchées. (...). Sur son certificat de décès, il aurait fallu inscrire comme cause de la mort : la Grande Guerre."



Le livre, constitué de deux parties, est organisé de manière originale sinon surprenante : la première partie est une fiction : "Le roman d'Alfred et Emily" ; la deuxième ("Alfred et Emily : deux vies") est une réflexion de Doris Lessing qui évoque l'impact qu'a eu la vie de ses parents sur la sienne, en tant que personne, écrivain et femme engagée.

L'ensemble du livre est agrémenté de photos et d'un extrait du London Encyclopaedia qui relate l'histoire du Royal Free Hospital, premier hôpital public et gratuit de Londres, où travaillait la mère de Doris Lessing.



L'écrivain reprend les grands traits de caractère de ses parents pour réinventer leur histoire. Emily McVeagh est une jeune femme de la bourgeoisie londonienne. Avec sa meilleure amie Daisy, elle décide de s'engager comme infirmière au Royal Free Hospital pour défier son père. C'est le pire boulot que l'on puisse imaginer, un travail réservé alors aux femmes de basses conditions. Les conditions de travail sont effroyables, le salaire misérable, on y souffre de la faim. Comme c'est un acte de rébellion, évidemment, cela ne va pas durer très longtemps... le temps pour Emily de trouver un mari, avec qui elle s'ennuiera mais qui mourra rapidement !

Emily se découvre des talents de conteuse, c'est du moins les enfants des voisins qui lui révèlent cette corde à son arc. Qui dit contes, dit lecture, dit école... De fil en aiguille, Emily finit par monter un réseaux d'école Montessori. Pour les achalander en livres, "elle se rendit dans plusieurs librairies, où elle déclara qu'elle comptait commander un grand nombre de livres et se renseigna sur les prix des livres en gros". La mère de Doris était effectivement une lectrice invetérée à tel point qu'elle se rappelle qu'un flots de livres entraient et sortaient de la maison car sa mère étaient prise par les gens du coin "pour une sorte de bibliothécaire". En Rhodésie, c'est une bouffée d'oxygène pour la mère comme pour la fille . Doris se rappelle qu'"elle avait lu allongée sur son lit, ou assise à cet endroit même. Les livres - un lieu de paix et de sérénité, où elle pouvait se réfugier... Les livres étaient une bénédiction. La lecture était une bénédiction."

Une soupape de sécurité pour résister à la vie africaine difficile, où Emily avait cru pouvoir reconstituer la vie de salon anglais. C'est en Perse qu'Alfred et Emily décident d'aller vivre en Afrique, parce qu'en Rhodésie on disait qu'on pouvait faire fortune avec la culture du maïs. Mais c'est une toute autre réalité qui les y attendait...



Alfred, dans la fiction, est beaucoup moins présent qu'Emily. Un indice qui révèle l'obsession de Doris Lessing quant à sa mère avec qui elle ne s'entendait pas. Son père, amputé d'une jambe, qui ne mourra pas physiquement dans les tranchées de la Grande Guerre, sera vaincu des années plus tard par le diabète. Sa mère, traumatisée par tous les blessés qu'elle a vu arriver à l'hôpital, n'est plus que l'ombre d'elle même et ne se rélevera jamais. Des parents traumatisés par la guerre pèsera lourdement sur Doris : "C'était pour moi une réalité aussi présente que ce que je voyais autour de moi. Aujourd'hui encore je m'efforce d'échapper à cet héritage monstrueux, pour être enfin libre." Ces propos sont tenus en 2007.



Un livre en forme d'exutoire où la guerre est expurgée de la fiction, au mieux présente sous forme de coupes de cheveux partisanes : les femmes au carré raide sont pro-serbes ; celles au carré flou soutiennent les turcs. Et si vous êtes neutres, il n'y a plus qu'à vous tresser une natte ! Aussi ridicule que la guerre ! Un écrit d'ambiance sur une époque.



J'avoue que je ne m'attendais pas à un tel livre. J'imaginais une petite fiction tranquille. Réécrire la vie de ses parents n'est pas chose aisée. Doris Lessing parvient néanmoins à ne pas tomber le piège de la fiction d'une "vie de rêve" et de personnes "zéro défauts". Les liens entre fiction et réalité se tissent à la lecture la deuxième partie du livre, qui, toutefois, m'a donné quelques fils à retordre, par les redites et les divers sujets abordés.



Un bel hommage et une manière de rappeler que la guerre n'est pas une chose anodine (j'ai l'impression d'enfoncer une porte ouverte mais l'actualité mérite qu'on le rappelle).
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Vaincue par la brousse

Il se dégage de ce roman la même sensation d'étouffement que semblent connaître les protagonistes dans la brousse de Rhodésie. Ce roman est une histoire de femme, d'un mariage malheureux et surtout, dans la Rhodésie des années 40, de la vie côte à côte avec les noirs autochtones pour de froids et profondément racistes blancs.

Dès le début, on sait que le personnage principal, cette femme au caractère particulier, à la fois fragile et redoutable, va mourir, et on sait même comment. Ensuite, flash-back, et le roman nous raconte comment on en est arrivé là... Une lente descente aux enfers en fait, dans cette touffeur africaine, cette tension entre noirs et blancs, cette femme qui se laisse happer par une sourde dépression, bref, une ambiance de cocotte minute.

Une très belle écriture, une efficacité redoutable pour brosser une ambiance et prendre le lecteur à la gorge, bref, un roman de grand écrivain. Néanmoins, j'ai déploré quelques longueurs, surtout au début du roman, et cette ambiance pesante a fini par... me peser !
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Mara et Dann

On est bien promené au début de ce roman où Doris Lessing laisse planer le doute sur la période et le lieu. J'aime tomber dans ce genre de piège ! Des observations acides et une écriture affûtée, ce roman est un petit peu un Ovni qui mérite 2 lectures.
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Autobiographie (1919-1949) : Dans ma peau

Voici la première partie de l'autobiographie de Doris Lessing, son enfance et sa jeunesse. En nous parlant de ses souvenirs, elle nous interroge sur notre propre mémoire. Qu'est ce qu'un souvenir? Que sélectionnons nous? Pourquoi? Que reconstruisons nous de notre petite enfance à partir des photographies et des récits? Quelle matière un écrivain utilise-t-il? Faut-il avoir une bonne mémoire pour écrire? Ou bien est ce que écrire rappelle nos souvenirs à la surface? Ce premier tome est aussi tout simplement l'occasion de se replonger dans l'Afrique des années 20 et se lit facilement. Le récit est fluide et agréable.
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Victoria et les Staveney

Où les mères célibataires noires n’ont pas la vie facile ;



Où les grands blonds façon James Dean font des ravages ;



Où il vaut manifestement mieux être caramel qu’être chocolat







Mais pourquoi je lis ce livre ?



Ma maman me l’a chaudement recommandé, et qui plus est me l’a prêté. Je me suis donc aussitôt attelée à la lecture.





De quoi s’agit-il ?



A Londres, Victoria, petite fille noire issue d’un milieu très populaire, passe par hasard la nuit chez les Staveney, une famille blanche bourgeoise ouverte, libérale et bien pensante. Quelques années plus tard, elle croise à nouveau le chemin du fils de famille, et une enfant métisse naît de leur union. Victoria et sa petite Mary sont amenées à fréquenter les Staveney, de plus en plus impliqués dans l’éducation de Mary, ce qui laisse à Victoria un sentiment ambigu.





La citation



« La question de la couleur de peau … non, on ne pouvait y échapper, même si Victoria était pardonnable de croire que les Staveney – en dehors de Thomas, bien sûr – n’avaient jamais remarqué qu’il pouvait s’agir d’un facteur de différence, et même souvent polémique, tant ils étaient persuadés que tout ce qui avait pu se produire (malheureusement) dans le passé n’avait plus aucune influence sur les affaires humaines » (p.121)





Ce que j’en ai pensé :



Une analyse intéressante et enlevée du racisme ordinaire et des clivages sociaux persistants dans la société britannique contemporaine. La critique est acerbe, et militante, comme elle l’est d’ordinaire chez Lessing. Ses personnages, et notamment Victoria, y font l’expérience d’une douloureuse lucidité qui tourne parfois au cynisme et à la désillusion amère : le fossé existe toujours et il est bien réel. L’incompréhension entre les groupes et les individus pèse sur tout le roman, et toute communication semble impossible. Un constat finalement assez pessimiste.



J’ai pourtant trouvés meilleurs d’autres romans de Lessing, et ce Victoria et les Staveney n’a à mon sens pas tout à fait la force des fabuleuses Grands-mères ou d’Un enfant de l’amour, où les sentiments étaient analysés avec une justesse rare. Dommage aussi que la mise en place soit un peu longue pour en parvenir au cœur du propos. Mais sans doute vaut-il mieux lire ce court roman comme une forme de parabole, construite autour de la critique sociale.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Le cinquième enfant

Le cinquième enfant est un roman prenant. Très vite, l'écriture sèche et pointue de Doris Lessing nous force à nous questionner. Bien avant la naissance de Ben, elle dénonce l'hypocrisie d'un milieu bien pensant. Harriet et David sont heureux, mais ils ne pourraient pas vivre sans l'aide financière du père de David. ils sont respectueux des traditions : Harriet refuse la contraception, et les quatre premiers enfants naissent dans le grand lit familial. Ils réunissent toute la famille au cours de grandes fêtes - de là à dire qu'ils sont entourés d'une bande de pique-assiettes, il y a un pas que l'auteur ne franchit jamais mais suggère habilement. Surtout, personne ne sort de la norme bien-pensante, si ce n'est un incident de parcours : la naissance d'Amy, nièce d'Harriet, atteinte de trisomie 21. Elle "terrifie" son père, surtout, elle ne doit "déranger" personne. Quand Harriet expose à son mari son opinion sur l'origine de la trisomie de la petite Amy (la mésentente entre ses parents), elle révèle à la fois son conformisme et son obscurantisme. Aussi est-elle quasiment prête à recevoir la naissance de Ben comme un châtiment pour tant de bonheur. Or, Ben, indubitablement, n'est pas qu'un enfant, il est aussi, dans ce roman, un symbole. Il représente la peur de l'autre, la peur de la différence, la peur de l'étrange étranger, y compris au sein de sa propre famille. Différent, il serait atteint d'une pathologie que personne ne veut ou ne peut nommer. Le bon docteur de famille soutient qu'il est simplement hyperactif. "Aucun de nous n'a jamais rien vu de tel" déclare le jeune médecin de l'institut où il a été emmené (ou comment dissimuler aux yeux du monde toute trace d'anormalité). La spécialiste qui examine Ben s'intéresse moins à l'enfant qu'à sa mère, sur laquelle elle pose un diagnostique sans même lui avoir parlé. Bref, personne n'a de solution puisque le problème n'est jamais cerné.

En revanche, la famille se décompose largement sous nos yeux. Les enfants quittent un à un la maison, pour une famille de substitution, ou pour la pension. Le seul lien qui les unit est l'argent, nécessaire pour aller dans les bonnes écoles (pas question d'aller dans une école publique !). Chacun juge cruellement Harriet, pour avoir mis au monde un être différent et pour l'avoir gardé au monde, alors que tous voulait s'en débarrasser. Cette naissance et sa croissance hors norme coïncide également avec un phénomène que nous connaissons bien : la montée de l'insécurité (ou du moins, ce qui est ressenti comme tel). Harriet n'ose plus sortir le soir, même dans son quartier si tranquille, la télévision montre des images d'émeutes avec, au second plan, Ben et ses nouveaux amis.

Au cours de ce roman, jamais nous n'avons le point de vue de Ben. Si, physiquement, il est plus développé que les autres enfants, plus précoce, son apprentissage du langage est beaucoup plus lent. Que ressent-il, que pense-t-il, lui qui a été abruti de calmants dès le ventre de sa mère ? Difficile de le savoir. Une suite existe à ce roman, le monde de Ben. Je ne suis pas sûre d'avoir envie de le lire, je préfère rester avec cette fin ouverte.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Le Rêve le plus doux

Attirée par le gros bandeau rouge « prix Nobel de Littérature », j’ai donc découvert Doris Lessing… efficace le marketing !



Le rêve le plus doux retrace l’histoire de la famille Lennox sur plusieurs générations et balaye une grande partie du 20e siècle en partant du Londres des années 60, époque où les jeunes revendiquaient plus de liberté et où beaucoup d’adultes les considéraient non pas comme des idéalistes romantiques mais, comme des personnes meurtries, en perte de repères et ayant besoin d’être assistées après les deux guerres que leurs aînés venaient de traverser.



La première partie du livre nous décrit la vie dans la maison londonienne de Julia, où sa belle-fille, Frances, toujours prête à se sacrifier se bat pour faire face aux besoins de ses enfants et fournir un foyer à leurs amis déboussolés et en rupture avec la société. Le cœur du logement est l’immense table à manger, lieu de débats animés au cours desquels on parle de tout et où l’on rêve à un monde humain et juste. Univers dans lequel débarque souvent le camarade Johnny, l’ex-mari de Frances, élément de tension permanente qui aveuglé par ses illusions révolutionnaires apparait totalement irresponsable, égoïste et incapable de prendre soin des siens, les laissant brisés aux soins de Julia et Frances.



La seconde partie du livre, est centrée autour des années 80 et décrit l’évolution des protagonistes qui ont pour la plupart abandonnés leurs grandes idées de changer le monde pour rentrer dans le rang et où seule Sylvia s’engage dans une expérience dramatique en Afrique comme docteur dans un village qui se meurt du SIDA.



C’est un roman très dense, avec de nombreux personnages marquants et riche de nombreux thèmes. J’ai trouvé la première partie trop longue à certains moments, se perdant dans des méandres d’anecdotes plus ou moins importantes et sans véritable action ou drame. La partie africaine est par contre très prenante, avec le gouffre entre nos deux continents mis en avant de manière spectaculaire.
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Le cinquième enfant

Autant Le Carnet d'or m'avait étonné, emporté, fasciné, autant ce roman-là m'a dépité. Deux passages sont plutôt bien rendus et prenants, mais l'arrivée dans la famille de ce 5e enfant, monstre cruel et avide, anormalement brusque et costaud , tire vers la caricature et devient vite lassant.
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Le cinquième enfant

David et Harriet se rencontrent lors d'une fête dans leur entreprise. Bien que très jeunes, ils décident de se marier et achètent une très grande maison en banlieue de Londres car ils veulent beaucoup d'enfants.

Tout est alors parfait : les naissances s'enchainent, certes un peu vite mais elles font le bonheur des parents et de la famille qui se retrouve à Noel, à Pâques et pendant les grandes vacances dans cette grande maison qui respire la joie d'être ensemble.

Et puis arrive Ben, le 5eme enfant ... Dès la grossesse cela est compliqué et après sa naissance tout vole en éclat ...

On suit avec effroi la descente aux enfer d'Harriet, tous les sentiments qui l'animent ...

Très bien écrit et très dérangeant, un livre qui marque.

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Les Grand-mères

Un court roman plein d'émotions et de rebondissements.

Roz et Lil sont des amies d'enfance inséparables.Elles ont eu chacune un fils, tous deux beaux comme des dieux.Leurs petites filles sont d'adorables fillettes. Tous ne forment qu'une seule famille. Tout est parfait. C'est compter sans les belles-filles qui ne rentreront jamais dans le cercle. Le récit transgressif est très prenant. Mais comme souvent, je trouve dommage que la fin soit placée au début.
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Le cinquième enfant

Harriet n'eut pas de problèmes familiaux particuliers alors que David connut le divorce de ses parents lorsqu'il eut sept ans. Harriet et David se rapprochent et forment bientôt un couple qui s'aime. Ils ont quatre enfants qui sont heureux. Par contre, leur cinquième enfant est différent. Harriet faillit mourir à son accouchement. Ils l'appellent Ben. Celui-ci est physiquement et mentalement différent de la plupart des enfants. Je vous laisse découvrir qui est Ben enfant et adolescent.



Ce roman, grâce au personnage de Ben prend tout son sens. "Le cinquième enfant" m'est resté en mémoire car Doris Lessing en fait un récit puissant que j'ai découvert et lu en deux après-midi. L'étrangeté de Ben et l'amour de sa mère pour lui est d'une rare intensité. L'écriture du roman m'a fait penser à Virginia Woolf et son flux de conscience. N'oublions pas non plus que cette écrivaine anglaise recevra le Prix Nobel dix-sept ans plus tard, ce qui n'arrive pas par hasard. J'en redemande et cela tombe bien puisque Doris Lessing a écrit "Le monde de Ben" dix ans plus tard comme suite du "cinquième enfant". J'ai vraiment hâte de le lire et de découvrir un Ben qui va grandir. Arrivera-t-il à trouver sa place dans le monde, lui qui est si singulier ?
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