J'ai découvert la vie de cette femme que j'aimais en tant qu'écrivain mais dont je ne savais pas gran chose. Et quelle vie!
Peu d'autobiographies m'ont autant accroché et marqué. J'en ai retiré une grande admiration pour cette femme qui ecrit merveilleusement bien mais qui était aussi une femme engagée de son époque, à la vie hors du commun.
 lire absolument. C'est aussi fort que ses meilleurs romans et en plus elle l'a vecu.
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Je vis le jour le 22 octobre 1919. Ma mère eut un accouchement difficile. Au forceps. J'eus le visage marqué de violet pendant des jours. Cette naissance pénible a-t-elle laissé des séquelles-modifié ma nature ? qui sait. Une chose comptait-être née en 1919, alors que la moitié de l'Europe était un cimetière, et que les gens mouraient par millions dans le monde entier. Comment l'ignorer ? A moins de croire que l'esprit de chaque être humain est bien distinct de tous les autres, séparé de l'âme collective. Une notion fort peu vraisemblable. (p. 19 / Albin Michel 1995 )
Mon père était affectueux, mais pas tendre. Aucun de mes parents n'aimait montrer ses émotions. Si ma mère avait eu une fille de la même substance qu'elle, tout se serait bien passé. Par malheur, elle avait une enfant hypersensible, ne cessant d'observer et de juger ce qu'elle voyait, de se battre, impressionnable, avide d'amour. Un enfant à vif, d'une vulnérabilité à fleur de peau. (p.38)
Granny Fisher représente une des opportunités que je n'ai pas su saisir. Grâce à elle j'aurai pu en apprendre plus que n'importe qui d'autre sur une Afrique du Sud qui ne figure dans aucune histoire. N'importe quelle femme, s'entend : les hommes ont un parcours différent. [...] Peut-être aussi n'en savais-je pas assez pour poser les bonnes questions.
Une question subsidiaire, non sans impact: comment justifier le fait que toute ma vie j'aie été l'enfant qui affirme que le roi est nu, tandis que mon frère n'a pas une seule fois douté ni remis en cause l'autorité. (p. 28)
J'étais certainement consciente des contradictions de ma position, c'était le problème. J'avais choisi d'avoir un bébé à un moment où, pour la première fois de ma vie, j'étais libre de faire ce que je voulais.
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la Bibliothèque nationale de France, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. Javier Cercas, auteur de Terra Alta qui lui valut en 2019 le 68e prix Planeta, est à l'honneur de cette nouvelle séance du cycle « En lisant, en écrivant ».
QUI EST JAVIER CERCAS ?
Né en 1962 à Ibahernando, dans la province de Cáceres, Javier Cercas est un écrivain et traducteur espagnol. Après des études de philologie, il enseigne la littérature à l'université de Gérone, pendant plusieurs années. En 2001, son roman Les Soldats de Salamine – sur fond de Guerre civile espagnole – remporte un succès international et reçoit les éloges, entre autres, de Mario Vargas Llosa, Doris Lessing ou Susan Sontag. Ses livres suivants, qui s'inspirent souvent d'événements historiques et de personnages ayant réellement existé, rencontrent le même accueil critique et sont couronnés de nombreux prix : Prix du livre européen (2016), Prix André Malraux (2018), Prix Planeta (2019), Prix Dialogo (2019). Son oeuvre est traduite en une vingtaine de langues.
Il est également chroniqueur pour le quotidien El País.
De Javier Cercas, Actes Sud a publié : Les Soldats de Salamine (2002), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006), Anatomie d'un instant (2010), Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger 2014), L'Imposteur (2015), le Mobile (2016), le Point aveugle (2016), et le Monarque des ombres (2018).
Son nouveau roman, Terra Alta, paraîtra en mai 2021.
En savoir plus sur les Masterclasses – En lisant, en écrivant : https://www.bnf.fr/fr/master-classes-litteraires
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