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Critiques de Doris Lessing (528)
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Les Grand-mères

En relisant le livre, je me suis rappelé pourquoi je l'avais oublié ! Une histoire scabreuse racontée avec une très jolie écriture, et un certain détachement qui fait de l'effet ... Mais je ne me retrouve dans aucun des personnages, ni dans aucune des situations et je ne sais même pas si "la situation scabreuse" choquerait encore quelqu'un aujourd'hui ?

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Un enfant de l'amour

Quand je tombe sur un Lessing en boutique de secondes mains, je le prends sans en lire le résumé... C'est quand même un Prix Nobel de littérature, donc, ça me rend curieuse. Cette histoire prend place au début des années quarante... en pleine guerre. James, jeune anglais, embarque pour l'Inde. Apprentissage de la vie de militaire, avec toutes les blessures qu'elle apporte. En mer, entouré par des sous-marins ennemies, il se fait la promesse de tomber amoureux, avant de mourir. Pour un ravitaillement, le bateau accoste Au Cap. Il y fera la connaissance de Daphné, jeune femme d'un haut gradé, qui est en mal d'enfant... Un coup de foudre pour ces deux-la... et un enfant naîtra de leur amour... Une histoire d'amour, autant pour une femme, que pour un enfant... Une histoire sur l'absence aussi... C'est bien écrit, mais bon.... je n'ai pas accroché tant que ça a l'histoire... Dommage.
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Vaincue par la brousse

Dès le début du livre, le lecteur connaît la fin, à savoir le décès de Mary Turner. Il n’y a donc pas de surprise mais ce que l’auteur veut nous raconter, ce sont les évènements qui ont conduit à ce drame.

Elle opère ainsi à un retour en arrière et se focalise sur les deux personnages principaux : Mary et Dick Turner.

Mary, secrétaire dans un bureau, mène une vie solitaire et indépendante. Restée seule célibataire parmi un groupe d’amis, elle s’engage sans grande conviction avec Dick Turner, un fermier qui peine à rendre son exploitation rentable.

Mary, qui ne s’attendait pas totalement à cette vie de solitude et de misère, sombre peu à peu dans une dépression nerveuse. Elle est aussi perturbée par la relation avec les Noirs qu’auparavant elle n’a jamais fréquenté. L’auteur décrit avec brio la longue descente aux enfers de Mary : le personnage principal n’est pas attachant mais on ressent avec un certain malaise les effets de cette maladie sur son caractère. Elle devient apathique puis ensuite s’enfonce dans un vide dans lequel elle peine à sortir.

Dick, lui, semble être un bon gars mais il m’a fait de la peine : on sent dans les lignes son désespoir, d’abord à cause de l’échec de sa ferme mais aussi l’échec de son mariage.

Le livre évoque aussi avec acuité le racisme et les barrières qui existaient entre les Blancs et les Noirs. L’auteur ne ménage pas ses mots mais c’est ainsi que les Blancs voyaient les Noirs à cette époque : des esclaves, des animaux, de la main-d’œuvre bon marché que l’on peut rafler sur les routes, des créatures que l’on peut torturer, fouetter et mépriser à sa guise. L’idée même qu’une femme blanche pourrait avoir des relations intimes avec un homme noir soulevait une horreur sans nom, comme le montre la réaction de l’ensemble de la communauté.

Le style d’écriture est assez lourd, avec quelques longueurs. Ce livre m’a mis mal à l’aise : je me sentais oppressée, étouffée, comme si je vivais sous ce toit en tôle sous la chaleur du veld. Je l’ai terminé avec un grand soulagement et un irrésistible besoin de profiter de la vie à fond.
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Le carnet d'or

Ce livre est un coup de coeur total. Un pavé qui se dévore tant il est intelligent et percutant. Anna, autrice qui n'arrive plus à écrire, nous donne en réalité un roman qui se construit au fil des lignes et des alternances des carnets. Il respire une époque, celle du milieu du XXème siécle, du parti communiste, de la condition féminine et d'une sorte de malaise ambiant. Préface à lire ! Elle éclaire la lecture et ne spoile rien.
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Novellas

Dans la lignée des femmes auteures incontournables, à mon sens, il y a la nobélisée Doris Lessing. Si je l’ai découverte avec Le carnet d’or, une œuvre monumentale, j’évoque aujourd’hui ma lecture d’un recueil de trois nouvelles réunies, ou plutôt de trois novellas chez les Éditions J’ai Lu. La novella, je le découvre aujourd’hui, désigne une œuvre dont la longueur se situe entre le roman et la nouvelle, on en apprend tous les jours. Si ces textes sont moins complexes que Le carnet d’or, le fond y est effectivement plus léger, les thèmes restent les mêmes : la place de la femme dans la société, l’Afrique du Sud, les amours illégitimes, la maternité ou plutôt la parentalité. Le carnet d’or reste l’un de ses chefs-d’œuvre, il a été publié en 1962, les nouvelles l’ont été en 2003 : avec quarante ans d’écart, si l’ampleur et l’exhaustivité de Le carnet d’or et de ses six cents pages est unique et ne se retrouve pas forcément dans la concision des trois novellas, les problématiques n’ont guère changé dans l’esprit créatif de l’auteure en début de siècle.



Trois nouvelles gravitent autour des mêmes noyaux, liées entre elles par les mêmes fils conducteurs, délivrant en filigrane chacune d’entre elle, si ce n’est un message, des constats, des témoignages sur des états de fait sociaux. Alors que Doris Lessing évoque deux histoires d’amour hors normes dans la première nouvelle Les grand-mères, lestement imbriquées à une histoire d’amitié presque saphique, comme en contrepoint, la deuxième nouvelle Victoria et les Staveney aborde la vie d’une jeune enfant noire, en marge de la bonne société anglaise, la dernière L’enfant de l’amour narrera la vie d’un jeune soldat qui a vécu une histoire d’amour aussi éphémère que passionnée avec une femme de la bonne société. Si finalement chaque nouvelle est abordée sous un angle différent, celui de deux femmes blanches et de la classe moyenne ou bourgeoise, celui d’une jeune enfant de couleur née du mauvais côté de la barrière, celui d’un jeune soldat de l’armée britannique, elles se complètent toutes les trois de façon à donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas.



L’écriture, les textes, de Doris Lessing sont tellement riches que l’on pourrait en parler des pages durant. Des réflexions se font jour à chaque relecture. Il y a avant tout le féminisme de l’auteure, si tant est qu’il faille forcément rattacher la liberté intrinsèque de la femme, comme celle de l’homme, à une notion quelconque. Elle y parle évidemment de la femme, dans tous ses états, jeune mariée, vieillissante, veuve, mariée, célibataire, mère, maîtresse, belle-mère, belle-fille, entrepreneuse. Elle évoque cette non-liberté d’aimer, cette prison que devient la liaison amoureuse sous la pression sociale des apparences et du regard de ces autres, quelque part ou le scandale veille et menace. Elle en parle bien, évidemment, avec la sensibilité, la force évocatrice, la justesse qui sont les siennes, elle frappe exactement là où ça fait mal.



La société est un fardeau, sous la plume de Doris Lessing, qui leste ces femmes d’un poids qui n’est pas le leur, mais finalement d’hommes en mal de sens à donner à leur vie, en mal de femmes, d’amour. Cette figure se décline sous trois formes différentes dans chacune des nouvelles : celui qui impose pratiquement une union non désirée dans Les grand-mères, celui qui erre de femmes en femmes, toutes de couleur dans Victoria et les Staveney, celui qui se tourne vers une femme mariée dans le dernier texte. L’homme impose, la femme dispose : les uns comme les autres ne s’en sortent pas si bien que cela, il y a celui qui se soumet aux contraintes sociales, celui qui impose un choix pas forcément voulu. Il y a dans chacune de ces novellas un brin de subversion qui défriserait ces gens de bonnes mœurs de l’époque ou s’ancre chacun de ces textes : si une liaison entre un homme et une jeune femme plus jeune ont pu délier quelques langues de vipère rétrogrades, à une époque donnée, la situation inverse est longtemps restée inconcevable et aujourd’hui encore, les femmes qui osent tomber amoureuse d’un homme beaucoup plus jeune qu’elles font l’objet de quolibets dépréciatifs, l’épouse du président en est le parfait exemple. Si la condition féminine est l’un des thèmes forts de Doris Lessing, il en va de même pour la ségrégation raciale ayant mené à la colonisation britannique de l’Afrique du Sud. La deuxième nouvelle Victoria et les Staveney est en cela édifiante puisqu’elle met au cœur une jeune femme noire, et mère célibataire d’un enfant métisse, qui plus est. On y retrouve à travers l’image de la famille paternelle de sa fille, de façon très subtile mais piquante, la critique de ces familles bourgeoises travaillistes qui se veulent et se disent progressistes, sans aller jusqu’à être réformiste bien entendu, mais continuent à dissimuler un racisme systémique sous une couche de vernis progressif.



Car chez Doris Lessing, personne n’est prêt à sacrifier ses privilèges, ni les hommes, ni les femmes, et de façon surprenante, elle renverse les rôles dans la troisième et dernière nouvelle, Un enfant de l’amour, ou c’est cette fois la femme-maîtresse qui choisit d’évincer le père de son enfant illégitime. C’est un constat amer qui en découle, à chaque fois, la volonté de conserver sa réputation ses apparences sa place au sein de la société prennent le dessus sur tout autre sentiment : un mauvais mariage vaut mieux qu’une mise au ban sociale.



Doris Lessing a donc écrit ces novellas début des années 2000, avec des temporalités s’inscrivant des années – trente, quarante, cinquante ans – auparavant, et pourtant elles demeurent d’une actualité brulante au cœur de cette troisième décennie de ce XXIe siècle qui s’inscrit dans des féminismes et des nationalismes très exacerbés. Cette auteure occupe une place spéciale, très personnelle, dans ma bibliothèque, entre Simone de Beauvoir, Virginia Woolf et Marguerite Duras, celles de ces femmes libres, indépendantes, qui nous ont ouvert les voies/x d’une forme certaine d’affranchissement.




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Les Grand-mères

C'est une première lecture de Doris Lessing et j'ai l'impression que la prix Nobel de littérature 2007 n'a pas forcé son talent avec "Les grand-mères".

Il faut dire qu'elle est déjà âgée quand elle écrit ce court roman qui veut nous convaincre à juste titre que l'âge ne fait rien à l'amour et que même vieillissante, une femme peut être préférée à une jeune. Jusque-là tout va bien et le sujet est intéressant d'autant plus que l'histoire d'amour est croisée entre deux amies inséparables qui déniaisent le fils de l'autre à l'adolescence. Elles vont vivrent un grand amour avec eux jusqu'à ce que les jeunes hommes atteignent la trentaine. Je ne dévoile rien car c'est écrit en quatrième de couverture. Pour autant, il est aussi indiqué qu'il s'agit d'un texte sulfureux sur des amours scandaleuses. Pas du tout et c'est bien ce qui cloche.

Je trouve que Doris Lessing ne fait pas grand-chose de ses personnages pour lesquels j'ai eu très peu d'empathie et que cette histoire qui se déroule l'été au bord d'une mer parfois houleuse manque pourtant de relief.





Challenge Plumes féminines 2021

Challenge Riquiqui 2021

Challenge Nobel illimité
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Le cinquième enfant

Etonnante Doris Lessing : voilà une oeuvre d'une très grande profondeur psychologique et sociale mais qui se lit comme un thriller, et tangente même les codes du fantastique.

"Le cinquième enfant" se dévore, mais, comme aux entrailles de sa mère lors de la gestation, il fait mal par où il passe.

Le roman s'ouvre pourtant sur la perspective d'une représentation on ne peut plus normée du bonheur : celle de la famille, qu'Harriet et David ont décidé de construire, nombreuse, très nombreuse, à rebours des moeurs qui se développent autour d'eux quand ils unissent leurs destin et mettent en oeuvre leur projet à la fin des années soixante. La grande maison, un enfant arrive, puis deux, puis quatre, la maison, épicentre de la félicité familiale, se remplit à chaque fête de la famille étendue.

Une fêlure, pourtant, dès le départ, que personne ne veut voir : Harriet, épuisée, ne peut se passer d'aide.

Puis arrive la cinquième grossesse. Là, le roman ne fait pas que basculer dans une tension irrésistible: il remet en cause tous les postulats de départ et questionne en profondeur le rapport à la normalité sociale, les fondements de l'amour maternel, et même l'essence de l'humanité.

Un exercice littéraire terrifiant et prodigieux!
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Le temps mord

Le temps mord ou un hymne à la littérature. On y trouve les réflexions la curiosité la bienveillance et l érudition de Doris Lessing. Une grande dame de la littérature qui rend son lecteur intelligent … et qui l invite dans ce livre à combattre le politiquement correct et à lire lire lire et encore lire …
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Les Grand-mères



Ce court roman a été écrit vers la fin de la vie de Doris Lessing. Pour beaucoup, ce serait une œuvre à oublier de par son style et le thème abordé. Doris Lessing n’aurait-elle au contraire passé outre les attentes de son lectorat en publiant une œuvre volontairement provocante sur la place de la femme. Le texte interroge sur le jugement moral. Dans le cas présent, l’image habituelle de grand-mère est largement écornée. J’ai aimé la manière dont le thème est abordé : le texte est concis et surtout les relations entre les personnages le plus souvent suggérées.













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Les Grand-mères

Le roman de Doris Lessing s’ouvre sur un décor familier celui d’une famille en vacances. Deux dames assez belles d’une soixantaine d’années sont accompagnées de leurs petites-filles et de deux hommes. Six têtes blondes qui savent profiter du soleil au bord d’une baie paradisiaque. Il y a Lil, la plus mince avec Ian son fils et puis il y a Roz, celle-ci est un peu plus ronde et semble plus extravertie que Lil , elle est aussi accompagnée de son fils Tom. Lil et Roz sont des amies d’enfance et elles habitent deux maisons qui se font face. Les grand-mères étant disponibles, elles transforment ce quatuor en sextuor. Mais où sont donc les mères ? Toutes les conditions sont là pour un adultère à l’eau de rose. Un soleil trompeur qui les dénude, un chaud et froid sentimental, mais l’idylle est brutalement livrée au réalisme quand Mary l’épouse de Tom apparaît telle une Médée en haut du sentier d’une anse rocheuse avec un paquet de lettres à la main. Qu’est ce qui ne va pas. Quelque chose de grave se prépare. Ce roman est un véritable page turner. Avec ce petit livre dense on s’engouffre dans un kaléidoscope de sentiments, de non-dits, de frustrations. Ces deux mères vont être rattrapées par leur passé et en assumeront les conséquences. Lil et Roz brodent la vie à large point sans amertume, sans jamais se heurter, en respectant leurs faiblesses et sans laisser poindre à l’horizon la moindre marque d’illusion sur elles-mêmes. Elles sont là, leurs maris n’étaient que des spectateurs. L’une est divorcée, l’autre est veuve. Tout en affichant une terrible bonne humeur elles vivent et respirent avec un nœud secret solidement attaché qui leur est impossible à défaire. Lil et Roz sont émouvantes dans leur vieille solidarité instinctive. Une satire peut-être de la part de l’auteure concernant ces femmes provocantes qui laisse filtrer une ambiance de dissimulation et de non-dits. De l’émotion, de la passion, de la vie entrent à profusion dans ce huis clos. Encore une belle rencontre avec « les grand-mères » hors du commun de Doris Lessing. Un coup de cœur.
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Un enfant de l'amour

Londres, été 1939, James Reid embarque pour l’Inde avec son régiment. Dans la coupe de cette société des engagés qui partent à la guerre, James est un intrus, c’est un jeune homme rêveur et poète qui n’a aucun goût ni pour les joutes oratoires qu’elles soient sur des sujets politiques ou de société ni pour les rixes. James souffre de cette expédition ultra-secrète, jour après jour, nuit après nuit il accepte avec des difficultés évidentes ce voyage en mer. Il atteindra le Cap après avoir eu à supporter de terribles douleurs physiques. Daphné Wright et Betty Stubbs sont des hôtesses réputées pour leur accueil et pour leurs fêtes grandioses. Lors de cette escale, la vie basculera pour James. Il n’aura d’yeux que pour Daphné. Un rêve de bonheur, enfin ! Jusqu’à la fin de cette maudite guerre pour laquelle il va falloir repartir bientôt. Ce roman n’est pas bavard, il va à l’essentiel. Il y a dans ces lignes une compréhension du naufrage amoureux. Doris Lessing en fine romancière analyse le comportement humain et plus particulièrement celui des âmes hypersensibles qui glissent progressivement vers un abandon d’eux-mêmes et des autres. James se noie dans la non-action et sa quête éperdue pour rendre visible la force d’un lien filial n’en devient que plus hésitant. Ce roman est à mon avis une charge contre la démission des hommes. L’auteure nous dévoile avec brio une vie d’attente de la part d’un homme qui est incapable de prendre une décision car plus à l’aise dans le monde des idées que dans la vraie vie. Sur tous les plans, un enfant de l’amour est une belle réussite.
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Descente aux enfers

Au vu des billets sinon négatifs, du moins dubitatifs sur ce roman, j'ai failli reculer pour cette première approche de Doris Lessing. Et puis finalement j'ai décidé d'essayer d'appliquer la bonne vieille méthode du lâcher prise : tu te lances, tu lis, tu coules, tant pis, respire. Et ça a marché!



Traverser ce roman est en effet une véritable aventure, et pour cause: nous sommes au coeur de la "folie" (ou tout au moins de ce que la société rationnelle considère comme telle), dans l'esprit d'un homme trouvé dans la rue, amnésique, conduit à l'hôpital, et qui entre deux tentatives de contact de la part du corps médical divague, se remémore, témoigne, raconte ses pérégrinations de marin errant dans un courant tournant sans fin sur un radeau dans l'Atlantique, sa découverte d'une ville abandonnée des hommes, et puis sa guerre, et puis ses amours dans la guerre...

Comprendre qui est cet homme est malaisé, il n'offre aucun point d'appui; les médecins se relaient sans succès à son chevet, même les dieux interviennent et chacun a ses raisons. Et notre homme continue de tourner, de parler parler parler...



On est perdu et pourtant à un moment, à défaut d'explication, des éléments se mettent en place sous la plume limpide et d'une rare intelligence de Doris Lessing, ils s'agencent en des sens qui défient la raison, et vous laissent à la fin du voyage un peu moins rationnel que vous ne l'étiez en y entrant, ce qui est une bonne chose.



Doris Lessing et moi, on va se revoir.









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Le cinquième enfant

Ce roman court mais très riche ne fait pas vraiment dans le bon sentiment. Réaliste et sans fioritures, il se lit comme un thriller.

Ce roman fait partie de ceux que je n’oublierai pas… L’histoire d'une famille anglaise contemporaine, un couple qui rêve d'une grande et belle famille. Harriet et David étaient faits pour se trouver. Personnalités semblables, même conception de la vie. Ils rêvent de fonder la famille idéale, nombreuse, chaleureuse, un vrai foyer de convivialité.

Ils commencent par acheter une grande maison dans la banlieue de Londres, et très vite arrivent les enfants, quatre dans un premier temps.

C'est alors que, malgré les précautions, Harriet comprend qu'elle attend un cinquième enfant… La grossesse va très mal se passer, horriblement douloureuse et cauchemardesque. Le foetus fait preuve d'une force et d'une rage inouïe, torturant sa mère de l'intérieur comme s'il voulait se venger de ne pas avoir été désiré.

À sa naissance, le bébé étrange provoque le malaise, puis très vite, la peur dans son entourage.



Harriet sait qu’elle a mit au monde un enfant différent, froid, ne manifestant aucune émotion hormis des accès de rage. Sa mère voit en lui un monstre…

La réalité la rattrape. Dilemme d'une mère qu'on culpabilise d'avoir enfanté ce monstre, tiraillée entre un reste d'instinct maternel et une aversion pour son rejeton, entre cet enfant qui la phagocyte littéralement et le reste de la fratrie dorénavant délaissée.

Cette présence d'un enfant différent au sein de la famille jusque là sans histoire, va la faire exploser. La mère qui était affectueuse devient pleine d'angoisse et de haine, le père exemplaire va traiter son fils comme une bête sauvage, les autres enfants feront tout pour quitter la maison.



Difficile d'en dire plus sans dévoiler la trame du récit, mais sachez que ce roman est brillant et glacial. Doris Lessing arrive à nous faire vivre en 186 pages, vingt ans de la vie de David, d’Harriet et de leurs enfants.

L'écriture subtile, incisive et poignante ne laisse que très peu d’instant de répit, tous les personnages ont leur place, et l'intrigue est captivante de bout en bout. Angoisse et malaise suintent à chacune des pages. Ce roman est saisissant, effrayant.



Durant toute ma lecture je suis resté fasciné par le destin de cette créature souffrante, qui ne trouve sa place nulle part. J'ai souffert aussi bien sûr avec Harriet qui va se retrouver toute seule face à un drôle de destin, alors que personne ne lui tendra la main…



C’est un livre incroyable, a ne pas manquer, d’une auteure que je découvre avec ce récit !

Je pense qu’il ne me faudra pas longtemps pour que je sois de nouveau tenté par un autre de ses romans.

À suivre…
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L'Ecclésiaste

Livre de l'Ancien Testament écrit vers l'an 400 avant notre ère, traditionnellement attribué au roi Salomon, L'Ecclésiaste est un texte biblique qui, de prime abord, peut sembler curieux, voire paradoxal: son thème central, en effet, est résumé par les premiers versets, bien connus, de l'œuvre: "Vanité des vanités, tout n'est que vanité."



Partant de là, l'auteur va développer une vision radicalement sombre et pessimiste de la vie humaine: tout ce qui existe est promis à une mort inéluctable, l'homme étant sur un pied d'égalité avec l'animal - et, parmi les hommes, le sage et le fou, le bon et le méchant... Tout, en ce monde, est futile, fragile, éphémère, illusoire, évanescent. Il n'y a, par ailleurs, "rien de nouveau sous le soleil": hier, aujourd'hui, demain, tout est pareil - depuis toujours et pour toujours. Et il ne sert à rien de chercher un sens à l'existence! Il faut se résigner à ne rien comprendre, à ne rien savoir. Seuls, les petits plaisirs basiques de la vie ont quelque chose de positif: boire, manger, prendre femme. (On n'est pas loin, ici, de la philosophie épicurienne et de son célèbre "carpe diem".)

Et Dieu? dira-t-on. L'auteur, malgré son apparent nihilisme, est profondément croyant: il ne met pas en doute sa Providence - mais constate seulement que notre intelligence limitée ne nous permet pas de comprendre ses desseins ni de connaître le jugement qui nous attend. Aussi, donne-t-il à son fils, en fin de livre, le seul enseignement qui vaille à ses yeux: "Crains Dieu et observe ses commandements, car c'est le devoir de tout homme."
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Les Grand-mères

Les grand-mères...

Comme celles que je n'aurais jamais voulu avoir.

Comme celles qui s'immiscent dans la moindre parcelle d'intimité de leur famille.

Comme celles qui refusent le bonheur des autres, indépendant du leur.

Comme celles qui manipulent avec talent les émotions de chacun.

Comme celles qui isolent ceux qu'elles aiment, telle une veuve noire.

Comme celles qui se déclarent indispensables.

Comme celles qui laissent leur égoïsme s'exposer au grand jour.

Comme celles que Doris Lessing a imaginées avec talent.



Cette lecture est dérangeante, désarmante, malsaine et étouffante.

Ce huis-clos m'a coupé les ailes et m'a parfois donné la migraine.

Rien que pour cela, je salue le talent de l'auteur et je ne suis pas étonnée qu'elle ait été récompensée d'un prix Nobel de littérature.



Un tout petit roman dont la force va laisser des traces dans la vie de toutes les belles filles opprimées par leur belle-mère, dans le quotidien de ces fils trop couvés et dans ma vie de lectrice passionnée par les émotions contrastées des relations humaines.
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Le cinquième enfant

♬ Famille nombreuse, famille heureuse ♬...

Dire qu'un livre vous touche paraît parfois être l'expression d'un lieu commun. Ici ce livre m'a touché au ventre, c'est-à-dire qu'il m'a fait mal et une fois que je me suis relevé, je ne sais toujours pas pourquoi il a eu cet effet, ou oui un peu bien sûr, mais pas vraiment et au moment où je vous écris je ne suis pas certain que ce que je vous révèle de mon ressenti soit celui que je pourrai vous avouer demain. Ce livre continue de cheminer en moi.

Ici chaque page du récit joue avec l'ambivalence.

Je suis sorti bousculé de ce récit qui paraît si simple au premier abord.

Au début du roman, c'est une histoire d'amour ordinaire, un bonheur simple dont rêvait David et Harriet. Ils s'aiment et dès les premiers jours qui fondent leur couple, ils rêvent d'une progéniture et pour cela ils achètent une grande maison. Cette famille en devenir s'annonce sous les meilleurs auspices, même si dans leur entourage plusieurs s'accordent à penser que ce serait bien de prendre un peu de temps avant ce projet de vie.

La vie suit son cours comme un long fleuve tranquille, quatre enfants vont ainsi naître à la suite, jusqu'au jour où vient une cinquième grossesse non désirée. Aïe ! Harriet ressent très vite que l'enfant qu'elle porte n'est pas ordinaire, mais un intrus qui lui déchire les entrailles, celui que toute la famille déteste déjà avant même l'instant où il va naître. Celui qu'on attend avec comme un monstre.

L'enfant naît, prématuré, mais ayant déjà un poids au-delà de la norme.

L'enfant, Ben, n'est pas anormal, mais ressemble à une sorte de gnome à la force prodigieuse. On voit qu'au début, chacun tend les bras comme pour conjurer une crainte malsaine, mais l'enfant n'exprime aucune tendresse, semble totalement indifférent à son entourage, froid, dénué d'émotion. Sa venue dans la famille, son attitude associale puis brutale plus tard, vont bousculer le cercle familial. Des actes vont être posés, je ne vous en dit pas plus...

Ce roman est ma première immersion dans l'univers de Doris Lessing. Je découvre un roman puissant, totalement déstabilisant, cruel aussi, cruel par le ressenti des personnages, les non-dits, mais aussi par le poids d'une tension qui monte, qui nous happe, qui nous saisit au bord d'un cauchemar... Qui peut nous mettre en défaut aussi.

Car Ben va grandir. Il pose des actes à sa manière, ne trouvant pas sa place auprès des siens. Comment lui répondre ? Que faire de lui ?

J'ai adoré ce roman concis qui dit plusieurs choses, mais ne serait-ce que la différence et la manière de l'accueillir...

J'ai adoré ce roman parce qu'il nous bouscule dans nos retranchements, met à nu nos incertitudes. J'ai particulièrement adoré le personnage de la mère, ballottée entre compassion et angoisse... Il peut se lire de plusieurs manière, un peu comme un conte ou une fable...

Et puis il y a l'écriture de Doris Lessing, finement ciselée, impitoyable, ayant par moment comme un goût de fantastique, qui passe au scalpel l'envers des relations familiales, mais aussi la société britannique des années soixante-dix.

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Le carnet d'or

Le roman d'une vie, sans conteste son chef d'oeuvre.

Un livre à l'accès, la forme, le rythme difficiles mais si on s'accroche on embarque dans la vie d'Anna à travers ses 4 carnets rouge, jaune, noir et bleu, puis son carnet d'or, l'aboutissement de sa pensée voir le tournant important de sa vie.

On est en Angleterre dans les années 50. Anna est écrivain, mère de Janet, adolescente, amie de Molly, toutes les deux sont des femmes libres vivant seules avec un enfant. Anna écrit son parcours de vie sous différentes formes dans ces carnets, on y découvre ses souvenirs d'Afrique dans sa jeunesse communiste, une fiction où elle se met en scène sous les traits d'Ella, sa vie d'auteure qui n'arrive plus à écrire autre chose après la publication d'un best-seller qui lui permet de vivre sur ses rentes et puis l'Anna intime, amoureuse, mère de Janet.

Anna est présente dans ses multiples facettes et pousse l'introspection jusqu'à la folie, la schizophrénie dans le carnet d'Or. Un voyage dans l'écriture d'une vie qui ne laisse pas indemne.



Même si parfois la lecture est éprouvante, sans respiration, Anna m'a emmenée avec elle, m'a émue, questionnée, fait sourire.

Je la conseille pour les lecteurs avertis.

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Les Grand-mères

Première rencontre avec cette auteure nobélisée et malgré un style que j'ai jugé assez distant, je suis plutôt satisfaite.



"Les grands-mères" est un récit solaire, non seulement parce qu'il se passe intégralement en été même s'il s'étend sur plusieurs décennies - l'auteure ayant visiblement tenu à donner à son récit la lumière naturelle et poétique que seul le soleil fournit - mais aussi parce que ses personnages rayonnent d'une intensité affective assez extraordinaire.



Roz et Lil sont amies depuis l'enfance. Aussi proches et complices que si elles avaient été jumelles, elles ont pris l'habitude de tout partager : bonheurs et soucis de la vie. Leurs parcours sont différents et pourtant parallèles. Avec le temps, viennent l'expérience et la maturité ; ces femmes sont devenues épouses puis mères. Des mères que le hasard des circonstances - ou la perversité du destin - va inciter à partager leur "bien" le plus précieux : leurs fils.



Il s'agit d'un roman qui parvient à être poétique sans lyrisme. Figuratif : les descriptions sobres brossent en quelques traits fins décors et caractères. J'ai été heureuse de ne pas être engluée dans des envolées emphatiques, mais dans le même temps, je ne me suis jamais sentie proche voire identifiée à aucun des personnages. Le texte a donc coulé sur moi avec la pureté d'une eau limpide et transparente mais sans laisser de traces. La tension sexuelle et affective qui lie les quatre personnages principaux ne m'a pas réellement séduite, sans pourtant me mettre mal à l'aise ; je dirais plutôt que l'incongruité de leurs relations est si atypique et déplacée qu'elle n'a pas suscité en moi de réelle implication dans le récit. C'est un récit qui parle d'amour mais j'ai eu du mal à nommer "amour" les sentiments décrits.





Challenge PLUMES FEMININES 2021

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Les Grand-mères

Selon moi, les courts romans sont comme les aventures d'un soir: quelles que soient leurs qualités, impossible des les apprécier pleinement et encore moins de s'y attacher.



Malheureusement, ce roman fait partie de la catégorie des poids plume: 94 pages en version poche.



Compte tenu de ce désavantage, l'écriture de Doris Lessing fait des merveilles, rien à reprocher à ce sujet.

Toutefois, je reste dubitative quant à l'intrigue.

Lil et Roz sont deux amies inséparables depuis l'enfance. Devenues mères, puis grands- mères, elles ont gardé toute la beauté et la grâce de leur jeunesse. Mais derrière cette belle façade, c'est en réalité d'un quatuor amoureux un peu malsain qu'il s'agit.



Je n'ai pas forcément compris la cohérence de ce livre. Parlait-on de la peur de vieillir ? du poids des convenances sociales ? de la liberté des femmes vis à vis des ces convenances ? Probablement un peu de tout ça. Mais alors, on en revient à mon propos préliminaire, ce roman est trop court, trop superficiel. J'aurais voulu mieux comprendre les personnages, qu'ils soient plus fouillés. Au lieu de ça, je n'ai vu que des personnages très égoïstes, infantiles, sans réelle épaisseur et une histoire qui, de ce fait, m'est apparue très glauque.



C'était mon premier roman de Doris Lessing. Je ne suis pas sûre d'avoir commencé par le bon. Le fait qu'il ait été adapté au cinéma avec Naomi Watts et Robin Wright m'avait semblé gage de qualité: c'est une petite déception.
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Le carnet d'or

J'ai découvert Doris Lessing avec Journal d'une voisine. Ce livre a laissé une profonde empreinte sur moi.

Trop profonde peut-être pour laisser la place à d'autres romans.



J'ai lu également Si vieillesse pouvait, peine perdue. Les grands-mères, peine perdue.



Ici, il est question de belle, grande littérature. Celle qu'on savoure avec un bon verrre de vin, ou du délicieux chocolat. De nombreux thèmes sont abordés: La cause des femmes. Notamment.



A lire, c'est évident.
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