Citations de Fiodor Dostoïevski (3100)
A présent chacun aspire à séparer sa personnalité des autres, chacun veut goûter lui-même la plénitude de la vie ; cependant, loin d’atteindre le but, tous les efforts humains n’aboutissent qu’à un suicide total, car, au lieu d’affirmer pleinement leur personnalité, ils tombent dans une solitude complète. En effet, en ce siècle, tous sont fractionnés en unités. Chacun s’isole dans son trou, s’écarte des autres, se cache, lui et son bien, s’éloigne de ses semblables et les éloigne de lui. Il amasse de la richesse tout seul, se félicite de sa puissance, de son opulence ; il ignore, l’insensé, que plus il amasse plus il s’enlise dans une impuissance fatale.
Je crois que la meilleure définition de l'homme serait : créature à deux pieds et ingrate.
- De quel isolement parlez-vous ?
- De l’isolement dans lequel vivent les hommes, en notre siècle tout particulièrement, et qui se manifeste dans tous les domaines. Ce règne-là n’a pas encore pris fin et il n’a même pas atteint son apogée. A l’heure actuelle, chacun s’efforce de goûter la plénitude de la vie en s’éloignant de ses semblables et en recherchant son bonheur individuel. Mais ces efforts, loin d’aboutir à une plénitude de vie, ne mènent qu’à l’anéantissement total de l’âme, à une sorte de suicide moral par un isolement étouffant. A notre époque, la société s’est décomposée en individus, qui vivent chacun dans leur tanière comme des bêtes, se fuient les uns les autres et ne songent qu’à se cacher mutuellement leurs richesses. Ils en viennent ainsi à se détester et à se rendre détestables eux-mêmes. L’homme amasse des biens dans la solitude et se réjouit de la puissance des biens qu’il croit acquérir, se disant que ses jours sont désormais assurés. Il ne voit pas, l’insensé, que plus il en amasse et plus il s’enlise dans une impuissance mortelle. Il s’habitue en effet à ne compter que sur lui-même, ne croit plus à l’entraide, oublie, dans sa solitude, les vraies lois de l’humanité, et en vient finalement à trembler chaque jour pour son argent, dont la perte le priverait de tout. Les hommes ont tout à fait perdu de vue, de nos jours, que la vraie sécurité de la vie ne s’obtient pas dans la solitude, mais dans l’union des efforts et dans la coordination des actions individuelles.
Les petites choses ont leur importance ; c'est toujours par elles qu'on se perd.
C'est par paresse humaine que les gens se jugent au premier abord et n'arrivent pas à se connaître...
L'idiot.
Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre.
Laissez-nous seuls, sans les livres, et nous serons perdus, abandonnés, nous ne saurons pas à quoi nous accrocher, à quoi nous retenir; quoi aimer, quoi haïr, quoi respecter, quoi mépriser?
Pour agir intelligemment, l'intelligence seule ne suffit pas.
CRIME ET CHÂTIMENT, Troisième partie, Chapitre III.
Je voulais seulement savoir qui vous êtes, parce que, voyez-vous, dans ces derniers temps, il y a tant d'habiles gens de toutes sortes qui se sont accrochés à l'intérêt commun et qui ont tant déformé tout ce qu'ils ont touché pour servir leur propre intérêt, que tout en a été absolument sali.
Deuxième partie, Chapitre V.
Vivre n'importe comment, mais vivre !
{in "Crime et châtiment"}
Aucun homme ne peut vivre sans un but qu’il s’efforce d’atteindre ; s’il n’a plus ni but ni espoir, sa détresse fait de lui un monstre.
La pire des souffrances est celle de ne plus pouvoir aimer.
Toute société, pour se maintenir et vivre, a besoin absolument de respecter quelqu'un et quelque chose.
C'est un homme intelligent, mais pour agir intelligemment, il ne suffit pas de l'être.
Dire qu'il a été un homme tout à fait convenable, je m'en souviens parfaitement. Il était reçu dans le meilleur monde. C'est curieux comme ils s'effondrent rapidement, tous ces hommes convenables! Il suffit du moindre changement de leur condition ; il ne reste alors plus rien, sauf une traînée de poudre.
Et vous vous demandez vous-même : Où sont passés tes rêves ? Et vous hochez la tête et vous vous dites : Comme les années s'envolent vite ! Et vous vous demandez encore : Qu'as-tu fait de tes années ? Où as-tu enterré la meilleure part de toi ? As-tu vécu ou non ? Attention, vous dites-vous, attention, tout sur terre s'éteint.
Mentir à sa façon à soi, c'est presque mieux que de dire la vérité à la façon des autres.
CRIME ET CHÂTIMENT, Troisième partie, Chapitre I.
Je n'ai pas à vous rappeler qu'il y a de ces occasions où les femmes ont grand plaisir à être offensées, en dépit de toute leur indignation extérieure.
Quatrième partie, Chapitre I.
Les morts n'ont pas d'âge.
C'est toujours ce qui arrive à ces belles âmes à la Schiller : jusqu'au dernier instant elles vous parent un homme des plumes du paon, jusqu'au dernier instant elles espèrent dans le bien, et ne voient pas le mal ; elles ont beau pressentir le revers de la médaille, elles se refusent à se dire d'avance une parole de vérité ; cette seule idée les fait frémir ; des deux mains elles écartent la vérité, jusqu'au moment où le même homme, enfin déparé, leur fait le pied de nez.
Première partie, Chapitre IV.