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Critiques de Francis Lacassin (25)
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Pour une contre-histoire du cinéma

On connaissait bien sûr Francis Lacassin comme un lecteur particulier et un bibliophile averti, mais on l'entrevoyait moins comme un cinéphile distingué.

"Pour une contre Histoire du Cinéma" est le petit 10/18 qui, en 1972, est venu remettre les pendules à l'heure.

En 1972, les temps héroïques du septième art commençaient à s'effacer des mémoires.

Des titres de film, des noms d'acteurs ou de réalisateurs déjà avaient sombré dans l'oubli.

Bien conscient qu'on doive se méfier de l'esclavage du souvenir, Francis Lacassin a pourtant décidé d'entreprendre une course de vitesse pour découvrir, avant qu'elle ne disparaisse, la précieuse source orale qui allait lui en dire tant et plus, lui révéler les secrets de la bobine disparue.

C'est Mandrin, l'Arsène Lupin du XVIIIème siècle, qui est à l'origine de tout, ou du moins le film d'Henri Fescourt, qui n'apparaissait pas dans l'Histoire du Cinéma de Georges Sadoul, et peu dans les quelques autres études sur le sujet.

Francis Lacassin s'est donc pris au jeu, et a tenté d'éclairer le premier chapitre, devenu obscur, de l'Histoire du Cinéma.

Cependant il a concentré sa tâche sur ce "cinéma" que l'histoire officielle a oublié, - burlesque, mélodramatique et policier - malgré qu'il soit celui que tout le monde allait voir !

Louis Feuillade, José Hamman, Léon Gaumont, Pearl White, Yvette Andreyor, Robert Florey, Alain Resnay, Clouzot et Franju ...

Fantomas, Judex, les vampires, le diable boîteux et les "sérials" ...

Ce livre de Francis Lacassin est une compilation d'articles publiés à la revue de la Fédération Française des ciné-clubs de Pierre Billard, à la revue "Cinéma 61" et ailleurs.

Alice Guy fût la première réalisatrice de films au monde.

Avant 1914, elle était seule.

Elle fût d'abord la secrétaire de Léon Gaumont.

Son premier film, en 1896, fût certainement 'la fée aux choux" ou "Sage-femme de première classe", l'histoire d'une dame qui faisait pousser les enfants dans les choux ...

C'était l'époque héroïque et floue où les films sont parfois attribués à d'autres que ceux qui les ont véritablement réalisés.

C'est l'époque des pionniers égarés !

Joé Hamman fût le premier cow-boy dans des films tournés en Camargue ou dans les Alpes, films qui remportaient aux U.S.A. autant de succès que ceux tournés dans l'Arizona.

Il sera Arizona Bill, Buffalo Bill et finalement Nick Carter au terme d'une tumultueuse carrière ...

Le livre de Francis Lacassin, "Pour une contre Histoire du cinéma", est une galerie de portraits bluffants.

C'est passionnant.

Et, petit plaisir supplémentaire, cerise sur le gâteau, on y croise au détour d'un paragraphe consacré au "sérial" le nom de Gustave le Rouge qui aurait écrit pour Pathé une série de trois films* :

- "Charley Colms", "le club des élégants" et "le collier de la danseuse" -

Étonnant ?

Non ! Lorsque l'on sait qu'en 1921, il récidivera pour la Sascha-film, pour les établissements Louis-Aubert et pour Ciné-Collection avec "Mystéria", un grand roman exotique illustré par le film ...

"Pour une contre Histoire du cinéma", c'est cela, c'est plein de trésors retrouvés, un titre, un nom, le détail d'un décor, une anecdote oubliée et plus encore.

Et, comme toujours avec Francis Lacassin, c'est aussi, et surtout, un livre de rencontres et d'amitié ...



*plans des scénarios disponibles sur Gallica
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A la recherche de l'empire caché

Cet empire caché dont nous parle ici Francis Lacassin, le serait-il aujourd'hui dans une boîte verte entrouverte sur les quais de Paris, dans les piles poussiéreuses de livres de la boutique d'un vieux bouquiniste ou dans le grenier d'une ancienne demeure dont l'huis grince abominablement à force d'avoir été abandonné ?

Déjà, dans "passagers clandestins", Francis Lacassin avait évoqué les lointains et mystérieux rivages de la littérature populaire, de celle qu'il avait coutume d'appeler la "littérature illettrée".

Pourquoi ce terme d'illettrée qui pourrait sonner, à tort, comme bien péjoratif ?

"Illettrée" parce que comme le soulignait si justement Théophile Gautier :

"Tout le monde a dévoré "les mystères de Paris, même les gens qui ne savent pas lire : ceux-là se les font réciter par quelque portier érudit et de bonne volonté"...

Il en est ainsi de la littérature populaire.

Ses personnages mythiques, Fantomas, Tarzan, Rouletabille, Arsène Lupin, Chéri-bibi et bien d'autres ont depuis longtemps échappé aux mots de leurs auteurs pour s'emparer de leurs propres vies.

Ce livre de Francis Lacassin, pourtant précieux dans son ensemble, à mon sens, est articulé en deux parties dont la première, la plus longue et la plus intéressante, est une fine analyse de ce que fût en France le roman populaire.

Elle est est un essai croisé qui évoque "l'épopée des misères du peuple" d'Eugène Sue, les splendeurs et les misères de Paul Féval le feuilletoniste, les mille et une nuits de Gaston Leroux journaliste exclu du journal "le Matin", "Fantomas ou l'opéra de treize sous" et Gustave le Rouge parfois surnommé "le Jules Verne des midinettes" ...

Le roman populaire organisait une partie de cache-cache entre vertu et cruauté.

Ils ont été quelques auteurs à le transformer jusqu'à ce qu'il devienne ciné-roman, série-télé et finalement bande-dessinée.

Car tel est le propos de Francis Lacassin.

Éclairer le long cheminement de cette littérature illettrée dont il s'est fait le conteur au fil de préfaces, d'anthologies et d'essais brillants comme celui-ci.

Francis Lacassin se voulait être un lecteur particulier.

Il l'a été, pour notre plus grand bonheur.

Il a fouillé, cherché et redécouvert les portes de "l'empire caché", un monde plein d'une prétendue naïveté, d'humour et de cruauté.

Il éclaire ici la naissance et les origines du roman policier, évoque les pionniers du roman d'espionnage que l'on nommait alors roman patriotique, et souligne l'importance d'un certain roman social.

De l'épaisseur du feuilleton, il dégage l'essentiel, sans pour autant en occulter les défauts.

Son érudition sur le sujet paraît sans limite.

Et, il se moque bien de la critique que lui opposent les littérateurs de la tasse de thé.

Au contraire de Zola qui pensait que "tout Féval n'était bon qu'à vendre à la livre", Francis Lacassin était un amoureux du roman populaire, de cette "littérature illettrée", de cet empire caché dont on ne peut ouvrir les portes, goûter aux qualités, qu'en possédant, selon lui, assez d'innocence ...
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Mythologie du roman policier, tome 1

Francis Lacassin avait, affectueusement, surnommé Gustave Lerouge "le Jules Verne des midinettes" et Jacques Spitz "le père égaré de la science-fiction".

C'est qu'ayant le sens de la formule, il avait aussi, malicieusement, pris l'habitude d'appeler "littérature illettrée" ce que d'aucuns nomment "la littérature populaire".

Ayant légué à la littérature de genre, au cinéma et à la bande-dessinée de nombreuses préfaces et quelques livres, j'aime à le surnommer "le bouquiniste particulier".

Car comme un bon vieux bouquiniste, Francis Lacassin était un "passeur", un de ces lecteurs passionnés qui offrait le conseil et l'analyse sans jamais perdre de vue le plaisir de la lecture.

Sans ses précieuses préfaces, que saurait-on de Gustave Lerouge, bibliophile discret, écrivain secret dont on a perdu presque toute l'oeuvre ?

Jacques London aurait-il retrouvé la place qui lui est due dans la littérature ?

Francis Lacassin aimait à se faire le "passager clandestin" de la lecture inattendue, de l'auteur oublié ou dédaigné, et du personnage mythique.

C'est qu'il se voulait être un lecteur particulier, et non un spécialiste.

Cette "mythologie du roman policier" n'est d'ailleurs pas une histoire du genre, mais bien plutôt un livre de tendance.

Francis Lacassin n'y a volontairement invité que certains auteurs et personnages.

Dans ce premier tome, paru en 1974 dans la collection 10/18, l'on rencontre le chevalier Dupin, Sherlock Holmes, Arsene Lupin, father Brown, le loup solitaire et Charlie Chan.

Il y a volontairement oublié Harry Dickson, Fantomas, Fu-Manchu et le docteur Cornélius qui appartiennent, selon lui, plus à la littérature fantastique ou au roman populaire qu'au roman policier.

Mais il aurait déplu à Arsène Lupin de n'être pas ici invité !

Ce livre, précieux, est éclairant.

C'est un essai, une analyse dont le but est d'offrir un éclairage à la lecture.

C'est agréable et érudit.

C'est entremêlé d'anecdotes et de détails.

Francis Lacassin fait preuve, comme à son d'habitude, d'une profonde connaissance du sujet abordé, mais aussi et surtout d'un art et d'une manière de l'aborder sans être ni prétentieux, ni lassant, ni redondant.

Dans l'art de la préface, n'est pas Francis Lacassin qui veut !

Il intéresse son petit monde, il fait sourire, il étonne.

Le saviez-vous ?

Sir Arthur Canan Doyle, venu jusqu'à Lyon y visiter le musée du crime dans le grenier du palais de justice, y reconnut sur un portrait Jules, son ancien chauffeur ...

Qui n'était autre que Jules Bonnot, le célèbre bandit anarchiste !

Étonnant, non !

Arsène Lupin avait un double de l'autre côté de la Manche.

"Le loup solitaire", un personnage imaginé en 1914 par Louis-Joseph Vance.

Quelle était la véritable personnalité de cette silhouette élégante ?

N'était-ce pas Lupin lui-même, qui aurait échappé le temps de quelques aventures à Maurice Leblanc ?

André Duchemin ou Paul Martin ?

Amateur d'art et chevalier des dames trop jolies pour qu'on les vole ou étrange voleur ?

Voilà le mystère ... dont presque tout sera dit dans ce premier tome de "Mythologie du roman policier" ...

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Le cimetière des éléphants

C'est au cimetière des éléphants que viennent mourir toutes les grandes légendes, tous les mythes et tous les imaginaires.

Quelques rares lecteurs ont su pressentir cet "empire caché", et brisant tout carcan académique se sont inlassablement lancés à sa recherche sur les "chemins qui marchent" ...

Francis Lacassin était de ceux-là.

Francis Lacassin se voulait être un lecteur particulier.

Il était l'invité qui arrive les bras chargés de livres, celui qui a fait aimer les préfaces, celui qui a fait redécouvrir l'essentiel et le superflu.

Francis Lacassin, c'est le vieil oncle qui raconte ...

"Le cimetière des éléphants" est un recueil d'articles écrits par Francis Lacassin.

C'est une réflexion très éclairée sur le voyage que propose la littérature populaire et sur un certain nombre de mythes littéraires.

L'Iliade, l'Odyssée, l'Atlantide, la civilisation maya ...

Jean Giono affirmait avec humour "qu'Ulysse était un menteur, que l'Odyssée était un tissu d'élucubrations d'ivrogne pour justifier les années passées loin de Pénélope dans les bras d'une courtisane".

Un homme, Gilbert Pillot a imaginé un code secret de l'Odyssée, un autre, Heinrich Schliemann prétendait avoir retrouvé la cité de Troie tandis qu'Henry Rider Haggard se lançait à la poursuite des mines du roi Salomon.

Edgar Rice Burroughs, sans jamais quitter l'Amérique, réinventait l'Afrique.

Qui retrouvera l'Atlantide ?

"le cimetière des éléphants" est un voyage d'exploration au fin fond de l'impénétrable jungle de la "littérature illettrée".

C'est le souvenir retrouvé de quelques écrivains qui déjà presque s'était estompé.

Francis Lacassin, lecteur, éditeur et préfacier a rafraichi la rêverie, renouvelé le mythe.

Qui se souvenait de Gustave le Rouge ?

Qui prenait garde à ce que Jack London retrouve sa juste place ?

Qui que quoi ?

Dont où ?

En fermeture de cette variation sur l'étrange qu'est "le cimetière des éléphants, une bibliographie complète de Francis Lacassin cite ses ouvrages, débroussaille ses articles et éclaire son édifiant travail d'édition.

Cette bibliographie est précédé d'un dossier "Francis Lacassin" :

"Pour un neuvième art ... et pour les autres"

Francis Lacassin y est interrogé par Alfu, l'encyclopédiste littéraire Alain Fuzellier.

Raymond Chirat, Philippe Videlier, Jacques Baudou et Jacques Sadoul viennent ajouter quatre courts textes à quelques photos.

Ce livre est au final un livre de rencontres où l'on croise quelques ombres, celles de Jean Ray, de Nick Carter, de Marcel Brion, de Tarzan, de Victor Hugo, de Robert Houdin, celles de Jack l'éventreur, de Mandrin et de bien d'autres ...

Peut-être, une fois n'est pas coutume, faudra-t-il lire ce livre à l'envers, pénétrer dans "le cimetière des éléphants" par sa sortie, pour mieux en apprécier toute la saveur littéraire et imaginative.

Peut-être faudra-t- il lire le dossier "Francis Lacassin" avant le corps même du recueil, l'interview/bio d'Alfu réalisant un parfait éclairage sur ce dernier.

Quelque part entre littérature populaire et bande-dessinée, entre la guerre de Troie et celle des étoiles, entre ombre et lumière, entre le cosmos et la cité d'Opar se trouve le "cimetière des éléphants" que l'on entrevoit parfois, que l'on pressent souvent et que l'on recherche, s'en approchant toujours plus, mais qui sans cesse se dérobe à notre imaginaire ...









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Mémoires : Sur les chemins qui marchent

C'est confortablement installé sur une pile de 10/18 que j'ai entrepris avec gourmandise la lecture de cette autobiographie.

Je me suis donc lancé sur "les chemins qui marchent", à travers les mémoires de Francis Lacassin.

Et, comme le le disait si bien le détective chinois Charlie Chan : "un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas".

Après un moment de silence, il finissait par ajouter :

"Il se leva et prit son chapeau".

Mais ceci est une autre histoire ...

En 1957, dans un camp isolé du sud tunisien, Francis Lacassin, un bouquin à la main, rêvait d'être scénariste.

Bernard Chardère, un prof de philo De Nantes, dont le véritable nom était Pierre Ayraud, lui avait proposé de le rejoindre à Lyon pour fonder une société de production de courts-métrages.

Mais le destin en avait décidé autrement.

Quelques romans de Boileau et de Narcejac, une ou deux recommandations amicales l'ont finalement guidé, en 1959, jusqu'à rencontrer les deux fameux auteurs de roman policier.

Avant de continuer cette chronique, il faut dire avant-tout, prévenir que Francis Lacassin, tout au long de son autobiographie, aura du mal à se glisser dans ses propres mémoires, tant elles sont riches de rencontres, pleines de personnages de fiction et de redécouvertes.

Car le destin de Francis Lacassin est placé sous le triple-signe du scorpion, de la littérature populaire et de la redécouverte !

La redécouverte de Fantomas, bien oublié après avoir été encensé par les surréalistes ...

Celle de Jack London, cantonné à la bibliothèque verte et à une littérature jeunesse balbutiante ...

De Gustave le Rouge aussi, dont la Bibliothèque Nationale ne possédait aucun des livres perdus ...

Celle encore de l'immense Georges Simenon dont il fût l'ami et dont il démontra la modernité et l'originalité ...

Et de bien d'autres encore, que Francis Lacassin a souvent sorti d'un injuste oubli grâce à de nombreuses rééditions inattendues et à des préfaces passionnantes dans les collection 10/18 et Bouquins de chez Robert Laffont.

Une réédition plus ou moins récente de Jack London, voulant d'ailleurs jouer la carte de la modernité, avait cru pouvoir se passer des préfaces lumineuses de Lacassin.

Mauvaise pioche !

La lecture de "Jack London ou l'écriture vécue" aura vite remis les pendules à l'heure !

Les mémoires de Francis Lacassin sont donc un passionnant périple à travers la "littérature populaire", celle qu'il qualifiait parfois ironiquement d'"illettrée", celle dont il était un illustre "passager clandestin".

Cependant, ce livre de "Mémoires" n'est pas celui que j'aurai envie de conseiller pour une première rencontre avec Francis Lacassin.

Ils sont quelques petits bouquins à lui préférer, à traquer chez votre bouquiniste attitré, quelques premières meilleures incursions dans l'univers de Lacassin :

- "passagers clandestins", "à la recherche de l'empire caché", "mythologie du roman policier" et quelques autres, souvent aussitôt épuisés que rarement réédités.

Francis Lacassin semblait avoir installé sa vie sous l'égide de cette citation de Pierre Mac Orlan :

"Quand on a le goût des êtres exceptionnels, on finit toujours par en rencontrer partout".

La meilleure preuve en est que par ce livre j'apprends même que Jean-Paul Sartre qui, prisonnier au stalag XII d'à Petrisberg près de Trèves avec mon grand-père, l'était aussi avec Pierre Boileau.

Quel trio de talent les allemands n'avaient-ils pas là sous la main ?

Ceci dit, pour revenir une dernière fois sur les chemins qui marchent, on imagine bien Francis Lacassin, aujourd'hui à "l'entracte de sa vie", poursuivant sa passion des livres, proposer à Saint-Pierre quelques bons vieux bouquins, et lui recommander quelque auteur oublié ...



* "la mort est un simple entracte de la vie". - "She" -Henry Rider Haggard -

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L'Aventure en bottes de sept lieues

Marcel Aymé les avait posées dans la vitrine d'un bric-à-brac de la rue Élysée-des-Beaux-Arts, entre le moulin à café de la du Barry, le porte-savon de Marat et quelques autres modestes dépouilles de l'Histoire.

Chausser les bottes de sept lieues, vivre l'aventure à grandes "enjambées(1)", c'est le rêve de tout un chacun, celui qu'immanquablement nous offre la Littérature.

Si ce rêve est niché dans chaque bibliothèque, il l'était plus encore dans celle que Francis Lacassin nous a léguée.

Francis Lacassin était le "passager clandestin" de la "littérature illettrée", un lecteur particulier qui devint journaliste, éditeur, écrivain, scénariste et essayiste pour partager ses lectures.

Et, de ses lectures, il a convoqué ici le ban et l'arrière-ban des aventuriers en bottes de sept lieues ...

"L'aventure en bottes de sept lieues" est un essai écrit par Francis Lacassin, et paru, en mai 2007, aux éditions du Rocher.

Dans "le scarabée d'or", Edgar Allan Poe a introduit dans la littérature l'ombre d'un nouveau protagoniste : le pirate dont, quarante ans plus tard, Robert Louis Stevenson, a fait un personnage de roman.

Mais sans le témoignage d'Alexandre-Olivier Exquemelin, il n'y a plus d'Île au trésor, ni d'Ancre de miséricorde.

Tout un pan de la littérature maritime disparaît sous les sables de la Tortue, redevenue depuis longtemps une "île déserte où l'on chercherait en vain une pièce de huit, un débris de planche, un clou rappelant le passé turbulent.

Pendant plus de deux siècles, Exmelin passa pour hollandais.

Il était de Honfleur.

Il est cité une dernière fois par "le Mercure de France" dans l'assistance des obsèques du comte d'Estrées en 1707.

C'est la dernière trace qu'il ait laissée.

On ne sait ni où ni quand il est mort.

Ses bottes de sept lieues par delà l'aventure l'ont fait entrer en Littérature ...

Plusieurs dizaines d'années l'une après l'autre, le père Huc et "la femme aux semelles de vent", Alexandra David-Néel ont parcouru les routes, arpenté la Chine, la Tartarie et le Tibet par tous les modes de transport.

"Nul lieu n'est impénétrable pour quiconque est animé d'une foi sincère".

De "L'Empire chinois (2)", quelques enjambées nous porte jusqu'aux chemins des cévennes que Robert Louis Stevenson a parcouru avec "Modestine", la chétive ânesse qu'il avait acquise pour 65 francs et un verre d'eau de vie ...

Puis à Dawson, la ville de l'or et de la chance puisqu'on a trouvé de l'or au Klondike ...

La lecture de ce livre est aussi plaisante que celle des nombreuses préfaces dont Lacassin a émaillé tout son formidable travail d'édition.

Si l'éditeur était inventif et érudit, l'essayiste, lui, a été belle plume, captivant et précis.

De chez Lacassin, on ressort toujours avec une pittoresque et imposante liste de livres à lire !

Ici quelques-uns sont de Joseph Kessel, d'Albert Londres, de Victor Révillon, de Jacques London, de Loti et de nombreux autres, grands et plus "petits" écrivains parfois inattendus, occasionnellement cités au coin de la ligne.

Tout vagabondage n'est-il pas un apprentissage de la vie (3) ? ...



(1) recueil de nouvelles de Marcel Aymé contenant " les bottes de sept lieues".

(2) "L'empire chinois" écrit par le père Évariste Huc en 1854.

(3) titre d'un chapitre de "l'aventure en botte de sept lieues" de Francis Lacassin.



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Jack London ou L'écriture vécue

Par un malentendu éditorial qui a duré plus de quarante ans, Jack London (1876-1916) était considéré en France comme un écrivain pour enfants. Image réductrice que Francis Lacassin renversa en treize années d'efforts obstinés, jalonnés par la parution de cinquante-deux volumes (dont cinq inédits en Amérique comme en France).

Le présent livre est le bilan d'une entreprise de réhabilitation qui l'a conduit de Californie au Klondike, vers les vestiges de la ruée vers l'or à laquelle London participa en 1898. Ainsi Francis Lacassin peut-il révéler le vrai visage de Jack London: chercheur d'or, militant révolutionnaire, vagabond, éleveur et exploitant agricole, chasseur de phoques et pilleur d'huîtres, matelot des mers froides, yachtman des mers chaudes, toujours aux avant-gardes de la vie.
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Passagers clandestins, tome 1

C'est pour en savoir plus sur Gustave le Rouge, cet illustre valognais qui naquit au 7 de cette rue de Poterie où naguère habitaient mes grands-parents, que j'ai ouvert ce drôle de petit volume.

"Dans cette traversée qu'est la vie, à l'égard des autres ou de nous-mêmes, nous sommes tous des passagers clandestins".

Gustave le Rouge, de cet adage, est un bel exemple, lui qui fut "ami des mandragores, des alchimistes, des utopistes et des gitans".

Il fut écrivain, journaliste, auteur dramatique, poète, scénariste de cinéma, animateur de cirque et spécialiste, au "Petit Parisien" de l'exploitation du fait divers.

Il était passionné par la chimie et la gastronomie.

Il fut l'époux d'une écuyère de cirque puis d'une voyante défigurée.

Il fut l'un des pionniers de la la science-fiction.

On le rencontre dans "l'homme foudroyé" de Blaise Cendrars et il fut l'ami de Paul Verlaine dont il accompagna les derniers instants.

Naufragé du "Symbolisme", du "Procope" au "Soleil d'Or", il a traîné sa bohème dans le quartier latin qu'il a, en 1899, immortalisé dans un magnifique livre coécrit avec Georges Renault...

Dans "Passagers clandestins", j'ai trouvé, sur Gustave le Rouge, plus que je n'avais osé espérer.

Mais la surprise est venue d'ailleurs.

L'ouvrage, comme une vieille malle découverte au grenier, s'est ouvert sur d'inattendus et secrets trésors ...

Francis Lacassin, que d'aucuns, à la faveur d'une récente réédition de l'oeuvre de Jack London, pensaient pouvoir dédaigner, se rappelle ici à notre bon souvenir.

Il y fait la preuve éclatante de son grand talent d'analyse, de son impressionnante érudition et ... d'un peu de malice.

Les esprits chagrins sont ici confondus de leur vanité.

Fancis Lacassin nous offre, avec "Passagers clandestins", un brillant essai décalé.

De quelques phrases, d'un sourire, il nous le montre, il le prouve, c'est sûr :

Au contraire de l'abbé Faria, le masque de fer n'a jamais existé ...

Jules Verne n'était peut-être pas un bourgeois au-dessus de tout soupçon ...

Robert Louis Stevenson, le premier, a percé le plus grand mystère de l'Atlantique, celui de la "Mary-Céleste" ...

Sir Arthur Conan Doyle n'a consenti à donner au spiritisme une adhésion lucide et raisonnée qu'après avoir accumulé preuves et indices pendant trente ans ...

Jack London était un rationaliste en quête d'un alibi pour l'au-delà ...

Mata-Hari fut la ballerine, l'espionne d'une romance interrompue ...

C'est à Vannes que le jeune Alain Resnais, avant de devenir un grand cinéaste, a rencontré le héros inconnu d'une brochure à quatre sous : Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain ...

Et, bien sûr, Gustave le Rouge fut le gourou secret de Blaise Cendrars ...

Étayé par une riche bibliographie et de nombreux témoignages directs, le propos de Francis Lacassin est inattendu, passionnant, enrichissant et finalement indispensable ...
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Tarzan ou le chevalier crispé

Croiser Francis Lacassin, au détour de quelques feuilles, est toujours un véritable plaisir.

Il est le vieil ami qui, dans de précieuses préfaces, pénètre l'intimité du livre choisi et l'éclaire sous un jour original et nouveau.

C'est qu'il possède un solide trousseau de clefs pour accéder aux secrets de ce qu'au rebours de la "littérature cultivée", il appelle "la littérature illettrée".

Ici, le lecteur est invité à pénétrer un des mythes les plus puissants de cette littérature populaire, celui de Tarzan ... le chevalier crispé !

Ce livre est une analyse passionnante, fouillée et intelligente.

Edgar Rice Burroughs a projeté ses héros aux quatre coins du cosmos : John Carter sur la planète Mars, David Ines au centre de la terre et Tarzan au plus profond du vieux continent africain.

"Tarzan of the apes" a été écrit, de décembre 1911 à mai 1912, au dos de vieux papiers à en-tête de la boutique de Pocatello ... Aujourd'hui, comme on ne peut pas envisager une île déserte sans Robinson, on ne peut pas imaginer la jungle sans un homme-singe.

Francis Lacassin décortique ici le mythe de Tarzan, en réécrit la genèse, l'histoire, en redéfinit les contours, le replace dans son contexte.

Il se livre à l'exercice difficile de l'hommage critique.

La préface est signée Brune Hogarth, un prestigieux auteur de BD américain, qui illustra les aventures de Tarzan à partir de 1936 et qui, au début des années 70, grâce à quelques belles adaptations des récits de Burroughs, fût considéré comme l'un des précurseurs du roman-graphique.

Le livre de Francis Lacassin est articulé en deux grandes parties : "le mythe" et "les instruments du mythe" que sont le roman, le cinéma, la bande-dessinée, le théâtre, la radio, le disque et la chanson, la télévision, la parodie et les spectacles divers ...

L'ouvrage est additionné, en fin de volume, de sa bibliographie.

Il se lit comme une aventure de plus du seigneur de la jungle.

Le ton est plaisant. le style est fluide.

Les détails et les anecdotes abondent sur l'écrivain, mais aussi sur son oeuvre, "si riche en images qu'elle mérite d'être considérée comme du cinéma imprimé".

Francis Lacassin, au risque de se faire traiter, comme L. Sprague de Camp et Richard Lupoff, de "debunker*", n'a pas craint de plonger jusqu'aux sources de l'imagination d'Edgar Rice Burroughs.

Il en a ramené quelques diamants, le souvenir d'un vieux cimetière d'éléphants et ce précieux petit ouvrage de la collection 10/18 ...



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Si les fées m'étaient contées : 140 contes de fées ..

Quel joli livre en papier "bible" de 1780 pages.

Trois siècles de conte de fées depuis "Les souhaits ridicules" (1693) de Charles Perrault à "La Belle et la Bête" (1946) de Jean Cocteau.



Exploration complète à travers cinquante auteurs Français dans le domaine de la sensibilité et de l'imaginaire.



De ce vaste panorama émergent de surprenantes révélations.

Qui savait que des personnages aussi respectables, aussi réalistes, aussi matérialistes que :

L'Evêque Fénelon - J.J. Rousseau - Voltaire - Balzac - Alexandre Dumas - Théodore de Banville - Jules Verne - Anatole France - Emile Zola

avaient composé des contes de fées ?



Ici, donc, un nombre impressionnant de pages du merveilleux, que je parcours de temps en temps et me durera toute la vie.
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Louis Feuillade : Maître du cinéma populaire

Ce petit ouvrage très complet t très richement illustré et documenté permet au lecteur de disposer d'une très bonne vue d'ensemble sur l'œuvre de ce réalisateur.

Louis Feuillade, connu pour les cinq épisodes de Fantômas qu'il réalisa entre 1912 et 1914 a créé un nombre incalculable de films, alors que le cinéma était encore une simple attraction de foire.

Succédant à Alice Guy qui fut une pionnière dans l'art de raconter des histoires en images lui a ouvert la voie et sa créativité débridée lui a permis d'offrir à Louis Gaumont une myriade d'histoires courtes et de plus longs métrages.

Grâce à cet ouvrage, on visite les studios Gaumont des débuts du XXème Siècle et on apprend comment travaillaient les cinéastes d'alors.

Un livre éclairant et inspirant pour qui s'intéresse au cinéma des débuts.

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Contes populaires russes

Recueil de contes populaires russes, comme son nom l’indique ! Eh ouais pas de tromperie sur la marchandise, ici ! Par contre nulle part n’apparait le nom d’Afanassiev, célèbre éditeur de contes et source probable des contes présentés ici. Une étude comparative superficielle entre ce livre les « contes populaires russes » d’Afanassiev, parus chez Imago, démontre qu’au moins 95% des contes sont communs (et probablement 100 % si j’avais pris le temps de faire le travail sérieusement).



Ici les contes sont traduits par Eugène Hins, folkoriste et socialiste belge (oui, ça a existé !) du XIXème siècle, et donc contemporain d’Afanassiev, et ayant vécu en Russie. Alors la question se pose : qui a copié sur qui ? En tout cas, je trouve le procédé pas joli joli …

Le contenu maintenant. Eh bien, contre toute attente, peu de contes communs avec ceux d’Europe Occidentale. Ici point de princesse, point de dragon, point de métamorphose, point d’objet magique … On est beaucoup plus proche des fables de La Fontaine (d’ailleurs on y trouve des versions russes de « le Corbeau et le Renard » et de « le Villageois et le Serpent », avec d’autres animaux. Comme quoi, ici comme là-bas, il est prudent de se mettre à l’abri des flatteurs …), avec des contes animaliers, satires de la société russe, alourdis d’une intention moralisatrice à peine voilée. Les animaux, et leur représentation, leur symbolique, sont aussi très différents des nôtres. L’ours est ici respectable, le loup est l’éternelle victime dont on se moque, le coq a l’esprit vengeur. Et le premier rôle revient souvent à la renarde, animal quasiment abandonné dans nos contes depuis le Moyen-Age.



Ceci étant dit, ce recueil ne présente qu’une partie (partiale ?) de la littérature orale russe. Car bien sûr, là-bas comme ici, on y trouve des contes merveilleux, des dragons, des marâtres, et la terrible sorcière Baba Yaga.



Verdict : si les contes russes vous intéressent, lisez plutôt Afanassiev, traduit par Lise Gruel-Appert.

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Mythologie du fantastique : Les rivages de ..

Dès son enfance, le petit d’homme aime se faire peur, frissonner, à l’écoute des histoires de fantômes, de sorcières, de fées, de magie, de sorcellerie.



Il s’invente un monde onirique, ludique, dans lequel le fantastique joue un grand rôle.



Il n’y croit pas, et pourtant, dans le noir, il ressent les effets délicieusement pervers enregistrés dans son esprit. Les contes, les légendes, les histoires de grand méchant loup d’ogres et de chat botté ne sont pas si enfantins qu’ils paraissent de prime abord.



Et, arrivé à l’âge adulte, l’homme continue à vibrer à la lecture de ces histoires largement vampirisées par le cinéma. Il agit, ou plutôt réagit, comme s’il voulait exorciser les vieux démons de ses ancêtres pour qui tout phénomène surnaturel, ou prétendu tel, annonçait la colère des Dieux et de nombreux malheurs.







Le fantastique en littérature revêt des formes multiples selon l’inspiration ou l’état d’esprit de ces créateurs de l’imaginaire que Francis Lacassin nous présente parfois sous un jour nouveau ou méconnu.



Si la littérature fantastique obtient aujourd’hui ses lettres de noblesse, pour beaucoup ce n’est que littérature populaire, dénuée d’intérêt, et même franchement méprisable aux yeux de pisse-froids imbus d’eux-mêmes et de leur incompétence ou leur dictature intellectuelle.



Pourtant des « classiques » comme Balzac, Erckmann-Chatrian, George Sand, Henry James, Pouchkine ou Jack London ont contribué à l’édification de ce genre, apportant leurs pierres à côtés de faiseurs d’histoires tels que Lovecraft, Robert-Louis Stevenson, Conan Doyle, Alexandre Dumas et bien d’autres.



Rien n’échappe à la sagacité de Francis Lacassin, et il se vautre avec délices dans cette littérature populaire si décriée. Son éclectisme n’a d’égal que sa compétence et son érudition. Il traite avec bonheur et passion les faces cachées ou bannies de la littérature, s’instaurant le grand-prêtre du fantastique et du roman policier.



C’est un réel bonheur et de le lire et de présenter cet ouvrage.







Pour le plaisir de la découverte cet alléchant sommaire :



Introduction : Les itinéraires de la peur.



Quand les statues saignaient du nez.



Frankenstein ou l’hygiène du macabre.



Le vampire ou le sang vainqueur de la mort.



Walter Scott ou le miracle en liberté surveillée.



Charles Nodier ou les portes secrètes du sommeil.



Balzac ou sortie du diable et entrée du fantastique social.



Pouchkine ou le fantastique au service du destin.



Alexandre Dumas ou un courant d’air frais dans les ténèbres.



Gogol ou le diable contre les fées.



George Sand ou la nature contre les fées.



Erckmann-Chatrian ou les liens secrets de l’homme et l’univers.



Lafcadio Hearn ou le grand tourbillonnement fantôme de la naissance et de la mort.



Kipling ou quand les demi-dieux s’en vont, les dieux arrivent.



Guy de Maupassant ou le fantastique à durée limitée.



Henry James ou le surnaturel derrière la porte.



Robert-Louis Stevenson ou le fantastique de l’expiation.



Conan Doyle ou la défaite de la mort.



Jack London ou le rationaliste porte-parole de l’au-delà.



Jean Lorrain ou le bal des fantasmes.



Sax Rohmer ou Aladin et la lampe incendiaire.



Jean-Louis Bouquet ou les ténèbres de l’au-dedans.



Howard Phillips Lovecraft ou les fantômes du cosmos à la reconquête de la Terre.






Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Tarzan ou le chevalier crispé

Très beau et très complet travail autour d'un personnage ayant atteint le statut de mythe moderne.Deux grandes parties : le mythe et les instruments du mythe (bibliographie , filmographie et un délicieux lexique singe-français qui vous permettra de transformer votre prochaine visite au zoo en conversation avec les pensionnaires simiens). J'avoue sans honte mon goût pour cette littérature dite "populaire" (avec un air pincé) qui a enchanté mon enfance , nourri mon imaginaire et lancé ma carrière de grand lecteur.
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Si les fées m'étaient contées : 140 contes de fées ..

Un bon souvenir...des contes les plus connus à d'autres qui le sont moins, réunis dans ce gros volume, qui ont fait le régal de la passionnée de contes que je suis!
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Mythologie du roman policier

Attention, voici une véritable bible pour qui s'intéresse à l'étude du roman policier.

Francis Lacassin était un maître incontesté en matière de littérature populaire (notamment), un auteur toujours passionnant et abordable par tous.

Cet édition est la troisième, revue et augmentée par l'auteur.

En 17 chapitres, l'auteur s'intéresse à de grands écrivains tels Pierre Véry, William Irish ou Jean-Louis Bouquet ou à des personnages comme Maigret, Charlie Chan ou le père Brown. Avec, pour débuter

l'ensemble, une étude sur la ville et son pouvoir dans la littérature populaire.

Et pour compléter le tout, d'importantes bibliographies et filmographies.

Ouvrage de référence indispensable.
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Si les fées m'étaient contées : 140 contes de fées ..

Nous sommes face a un gros bébé de 1700 pages de papier bible. Le livre est résistant mais il pèse une tonne et peut facilement être une arme de destruction massive. C'est sans doute pour cela que je ne l'ai pas savouré autant que souhaiter. Ça et le format nouvelle/conte très court, qui peut parfois se ressembler au moins dans la construction et parfois dans des textes semblables repris par plusieurs auteurs (comme La Belle et la Bête) qui ont crés une sorte "d'overdose" de ma part ... et comme je suis une personne un peu toquée impossible de lire un peu de chaque auteur sur plusieurs mois ... je déteste avoir plusieurs livres en court j'ai donc fait un marathon sur une quinzaine de jours. Je reprendrais peut être certains contes par auteur de temps en temps pour les re-découvrir comme il se le doit !



La préface m'en apprends déjà beaucoup sur Perrault ! Effectivement comme tout le monde je connais au moins les histoires de ses contes sans les avoir lus (choses faites avec ce gros bébé) mais c'était très intéressant de restituer dans le contexte son écrit sur Peau d'âne dans une société où le petit peuple ne devait pas avoir accès à la lecture. Il a essayer de populariser ses écrits et la lecture alors qu'il était membre de l'académie française. Je pensais que le conte venait de lui mais on nous apprends qu'il était conté à l'oral dans différentes versions depuis des années et qu'il l'a amélioré en le mettant sur papier et à la portée de tous. Il y a aussi un glossaire à la fin avec des informations sur chaques auteurs en quelques phrases et je l'ai apprécié.



La construction du livre par auteur et surtout par date chronologique nous permets de les découvrir à travers leurs époques, et de comparer leurs évolutions. Effectivement la plupart font grincer des dents, surtout en voyant que ce sont des femmes qui écrivent... on est loin du féminisme de notre époque ! Les princesses sont toutes décrites par leurs physiques en opposition avec leurs caractères : moches et intelligentes ou jolies (souvent blonde) et bêtes... très rétro on adore !



J'ai bien aimé celui de Serpentin Vert sur la curiosité des femmes qui font penser a Pandore, Eve et Psyché qui sont dailleurs citées dans la morale.

Ainsi que celui de Mademoiselle L'héritier : Marmoisan Ou l'innocence tromperie avec une femme qui prends la place de son jumeau pour partir à la guerre j'ai retrouvé du mulan la dedans. J'ai beaucoup aimé celui de Jules Lemaitre avec la princesse Mimi. Les 2 princes en compétition ont chacun des défauts et des qualités, la princesse n'est ni parfaite ni infecte on a des personnages nuancés et ça fait plaisir. Et la fin est trop mimi belle morale. Voilà pour ne citer qu'eux.



Il y a quand même du limite dans certains contes ... Bon c'était une autre époque MAIS les gamines de 12/14 ans mariées et dépucelées voilà voilà. Et le conte de Catulle Mendes contes d'un vieux seigneur du comté de Provence est limite limite il a une femme qui lui dit toujours non, il part à la guerre veut s'assurer de sa fidélité auprès d'une sorcière un peu sourde qui ne le comprends pas et qui ferme sa bouche jusqu'au retour du seigneur. Du coup tout le monde passe sur la reine pcq elle peut plus dire "non" ... et c'est censé être drôle !



Bon voilà ça reste une bonne lecture de classiques quand on aime l'imaginaire ! Et certains auteurs étaient surprenants je ne savais pas qu'ils écrivaient des contes !
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Pour un neuvième art, la bande dessinée

La découverte de ce livre(en 1971 en 10/18 me fut un plaisir moi qui appartient à une génération où lire des BD était synonyme de sous-culture voire de crétinisme.Il contient une foule de renseignements sur les prémices de cet art (Lacassin revendique ce terme) et d'analyses pertinentes sur les grands classiques (que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître)
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Mémoires : Sur les chemins qui marchent

J'ai découvert Francis Lacassin par l'intermédiaire de certaines des préfaces qu'il rédigea dans la collection Bouquins. Et rapidement, je suis tombé sous le charme de son style simple et abordable par tous, d'autant plus que certains des nombreux centres d'intérêt du monsieur rejoignaient les miens à commencer par la littérature dite populaire.

Ces mémoires débutent en 1957 alors que l'auteur est en garnison à Souk-Ahras, en Algérie. Et c'est en quelque sorte la lecture du "Cas Simenon" de Thomas Narcejac qui va lancer notre homme quelques années plus tard dans les rails de l'édition.

On croise d'ailleurs ici le fameux duo Boileau-Narcejac, Simenon, Gustave Le Rouge et bien d'autres encore, car Lacassin, avant de parler de lui-même, commence par évoquer les autres, sachant reconnaître ce qu'il doit à chacun.

On pourra reprocher ou ne pas être d'accord avec certains de ses goûts ou certaines de ses manières de faire, mais le livre est passionnant d'un bout à l'autre, et l'on se dit que ce type d'aventures éditoriales doit aujourd'hui avec l'arrivée d'autres média appartenir pleinement au passé.

Un livre empli de rencontres, au parfum doucement nostalgique, parfaitement raconté par un personnage curieux qui vécu pleinement semble-t-il ses passions.
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Si les fées m'étaient contées : 140 contes de fées ..

Un recueil qui a sa place dans toute bibliothèque de contes. On peut lire plusieurs versions de contes grâce au tracé chronologique. C'est ainsi que l'on sait que Mme Leprince de Beaumont s'est inspiré d'un conte, lui-même intitulé La Belle et la Bête. Plein d'autres surprises à découvrir par la même occasion !
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