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Critiques de Franck Courtès (136)
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À pied d'oeuvre

Franck Courtés photographe, je ne l’ai pas connu, par contre l’écrivain, je l’ai beaucoup apprécié dans le fond et la forme, à travers ses six livres publiés , tous lus. Donc ce dernier , le sixième, qui fait le bilan d’un choix malgré lui de quitter la photographie pour devenir à plein temps écrivain, dès les premières pages me fend le cœur, de par sa vérité et sa sincérité. Oui, le métier d’écrivain est dur , même très dur, vu qu’on entre dans la fosse aux loups et le succès par conséquent y gagner sa vie dépend d’autres critères que le talent,

«  Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune.

Le succès d’estime, le plus fréquent de tous, ne suffit pas à faire vivre un auteur. Nos bas de laine ne s’emplissent que d’espoir. Sauf exception et comme dans toutes les industries artistiques, les ventes tiennent moins au talent des auteurs qu’à celui de leurs attachés de presse, moins à la qualité de l’œuvre qu’à l’ambition commerciale des éditeurs.»

Il raconte avec pudeur sa descente douloureuse dans l’arène de la pauvreté, où à part sa mère il n’a aucun soutien moral et matériel , ce dernier étant aussi minime de sa part. Pourtant il a une femme et deux enfants, éclipsés en Amérique. Il va finir par devenir prolo volontaire pour assurer sa survie avec des petits boulots au noir qui nécessitent aucune compétence, « devenir manœuvre est une véritable aventure…c’est-à-dire une incompétence totale dans le projet qu’on s’apprête à embrasser » en dit-il. Dans ce nouveau monde c’est surtout le déclassement social qui le gêne. S’aventurer dans un recoin invisible au regard de la société , une cache oubliée du monde du travail, amenuise passablement sa honte, cette honte qu’il appelle « un reste d’orgueil » .

Le tout est disserté avec une sincérité bouleversante et d’un humour désarmant qui amortie partiellement l’humiliation subie ,« À la lecture de mon premier livre, un journaliste littéraire m’a dit : Vous irez loin. Je suis allé jusqu’à la rue Pigalle, au sixième étage d’un immeuble en travaux. Évacuation de gravats. » Il précise ultérieurement que ce choix de vivre de son écriture n’est pas un luxe qu’il s’est octroyé. Il a bel et bien dû quitter le métier de photographe dû à l’arrivé du numérique. Sa mise à l’écart du monde traditionnel du travail n’a rien d’une retraite romantique du monde, ne plus pouvoir jouir des plaisirs matériels de la vie en vrai, ne lui apporte aucune richesse spirituelle comme l’assènent certains esprits dit « libres ». Il a le mérite d’être à cent pour cent honnête dans ses propos. De plus ces boulots au noir payés une misère qu’il récupère aux enchères sur La Platforme , société virtuel genre Pôle Emploie, est un monde où la prestation est valorisé au moyen d’algorithmes , où il n’y a aucune sécurité de travail et l’emploie va à celui qui offre ses services le moins cher. Un Grand bonjour au nouveau marché numérique d’esclaves 😒 !



Un livre courageux et émouvant où Courtés raconte avec brio sans jamais se poser en victime, la triste réalité de son quotidien misérable dans le monde du travail manuel et dans le monde tout court qu’il affronte malgré lui afin de pouvoir écrire. Ça dérange, révolte, irrite, bravo Franck et surtout continue d’écrire !



« Courageux c’est bien, ça ne veut pas dire intelligent. »

« Entre mon métier d’écrivain et celui de manœuvre, je ne suis socialement plus rien de précis. On méconnaît ma situation exacte, on s’y perd un peu. Je suis à la misère ce que cinq heures du soir en hiver sont à l’obscurité : il fait noir mais ce n’est pas encore la nuit. »

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À pied d'oeuvre

Ecrivain serait-il une profession maudite ? Le même jour en cette dernière rentrée littéraire paraissaient deux ouvrages sur cette question, comme les deux faces d'une même médaille. Tandis que, dans Les petits farceurs, Louis-Henri de la Rochefoucault satirise fort ironiquement le monde de l'édition et les ficelles mercantiles dont les auteurs et leurs livres font les frais, Franck Courtès relate quant à lui son expérience d'écrivain crève-la-faim, contraint aux petits boulots ubérisés.





Photographe reconnu et prisé par les plus grands journaux et magazines, l'auteur dégoûté par les travers croissants de cette profession sinistrée décide en 2013, après le « petit succès » d'un premier livre, de désormais se consacrer à l'écriture. Commence pour lui un éprouvant et désespérant parcours du combattant. « le métier d'écrivain consiste à entretenir un feu qui ne demande qu'à s'éteindre. Un feu dans la neige. » « Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n'augure aucune fortune. » Avec deux cent cinquante euros de droits d'auteur mensuels, même logé dans un studio par sa mère, on a beau être passé à La Grande Librairie et avoir été goncourisable, tout cela ne nourrit pas son homme. Cinquantenaire sans qualifications rejeté par le monde classique du travail, il se tourne vers « celui plus méconnu et sulfureux des applications de plateformes de travail. Elles sont à Uber, la plus connue, ce que les accordéonistes dans le métro sont aux concertistes d'opéra. » le matin, il écrira et, le reste du temps, prendra tous les petits boulots qu'il trouvera.





« Le travail ne manque pas pour ceux qui ne savent rien faire. » Mais quel travail… : « environ quinze euros pour une matinée, parfois vingt avec le pourboire, parfois moins quand plusieurs manoeuvres désirent la même mission et que le client fait baisser le tarif ». Et encore, seulement deux ou trois fois par semaine, tant la concurrence, par enchères inversées, s'avère acharnée. Ici, le droit du travail n'a plus cours, la seule loi est celle des algorithmes qui comptent avec indifférence vos étoiles d'appréciation, peu importe si vous laissez la moitié de votre peau dans des tâches souvent physiques, voire dangereuses, payées une misère sans la moindre protection sociale. Les malheureux aux abois ne manquent pas, à commencer par les Africains sans papiers, prêts à accepter des courses à trois euros, « par tous les temps, sur des vélos mal entretenus ou des Vélib' trafiqués. Leurs genoux ne tiennent pas deux ans le rythme. Qu'importe, le flux migratoire fournit de frais mollets. On aura à n'importe quelle heure son plateau de sushis ou sa pizza, quoi qu'il en coûte en ménisques africains. » Interchangeables, cloisonnés et rendus invisibles par la déshumanisation numérique, ces journaliers d'un nouveau genre viennent gonfler les rangs d'une pauvreté d'un nouveau type, celle, silencieuse, d'individus hétéroclites qui ne forment aucune classe sociale et n'ont aucune chance, ni de se rebeller, ni de se défendre. « Le système carcéral des usines d'antan s'est vu remplacé par le bracelet électronique des applications. Les murs ont disparu, pas le joug. »





S'il avait lu La Rochefoucault auparavant, se serait-il jeté dans l'arène littéraire avec la même candide confiance en les pouvoirs sonnants et trébuchants de son réel talent ? Alors que sans se plaindre il en paye le prix fort, Franck Courtès signe de son élégance digne et posée, non pas seulement la terrible chronique de son propre dévissage social, mais aussi, avec un sens de la formule qui en démultiplie l'impact, une radiographie brûlante des nouveaux confins de la pauvreté en Occident, là où l'ubérisation et les plateformes numériques de travail recyclent pour leur profit, au mépris de toute loi sociale, les « rebuts » du marché du travail.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La dernière photo

Comment une passion peut-elle se détériorer en dégoût ? La dite passion étant la photographie, l'ex-métier de Franck Courtés, auteur de ce livre. Un amour immodéré qui s'est mué en une haine “qui n'a d'égale que celle d'un amant trahi, blessé.”

Pourtant, l'amant peine à se délaisser de ce passé, qui le hante. D'où cette introspection sincère, pleine d'humour et d'humilité sur ce dit passé, afin de l'exorciser.



Ce garçon renfermé, sans confiance en lui-même,qui déteste l'école, -“Je haïssais vivre au rythme d'une sonnerie, sous le regard d'une autorité.”-, va s'ouvrir, et reprendre confiance au contacte de la photo, -“Je m'étonnais de la facilité que j'avais à vaincre ma timidité avec mon appareil photo accroché à l'épaule, comme un talisman.”-, et abandonnant à jamais ses études universitaires va en faire son métier, sa passion. Mais tout évolue, pour le meilleur ou le pire. Quelque vingt-cinq ans plus tard, l'avènement du numérique, l'image controlée et l'exagération du « politiquement correcte », qui débouche paradoxalement sur un monde sans éthique, va tout chambouler. “Le deuil allait être atroce.”......



Je viens de lire le quatrième livre de Courtés, quatre livres beaucoup appréciés. Mais étrangement, bien que je m'intéresse à la photo, je ne le connais toujours pas comme photographe. En tout cas s'il photographiait jadis comme il écrit maintenant, je n'ai pas l'ombre d'un doute de son talent dans ce domaine-là aussi. Avec l'écriture, Courtés met une légende à ses photos,ces photos au travers desquelles il chercha à atteindre, parfois vainement parfois avec succès, l'âme des personnes et des choses, leur vérités profondes. Des personnages célèbres du monde politique, sportif, artistique...ou simplement de son intimité.

Un livre intéressant, très bien écrit, truffé d'anecdotes croustillantes, émouvantes et pour moi l'occasion de retrouvailles avec un ami, un ami intelligent, humble avec beaucoup d'humour. Eh oui, tout ses livres étant autobiographiques, on finit par faire connaissance et établir un lien affectif, même si c'est virtuel 😊.



“Difficile de faire l'impasse sur l'état de grâce....Tout à coup s'opère en moi une sorte d'alignement physique et mental de tout ce qui fait ma vie : émotions,connaissances, ressentis, mémoire, tout mon être sollicité en un même élan, c'est ça ce moment que j'appelle grâce.”

“Une vie d'homme ne se fait pas d'instants décisifs. le seul véritable instant décisif, c'est la mort.”



Un grand merci aux éditions JCLattés et NetGalley pour l'envoie de cet excellent livre !



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À pied d'oeuvre

De la difficulté d'être écrivain à temps plein.



Balayer d'un revers de main une carrière de photographe à succès pour se consacrer à l'écriture n'a rien d'une sinécure.

Dans ce récit qui m'a rappelé "Dans la dèche à Paris et à Londres" de George Orwell, Franck Courtès témoigne de sa difficile dégringolade sociale, prix fort à payer d'une liberté à reconquérir.

A 50 ans, proche de l'épuisement professionnel, lassé d'un métier où le mercantilisme s'affiche effrontément, il décide de se consacrer totalement à l'écriture.

Ce changement radical va le plonger ostensiblement dans la précarité et l'amener à découvrir la rudesse des petits boulots impitoyables avec son corps habitué au confort bourgeois mais non moins indispensables à une vie d'écrivain peu lucrative..



Apprentis écrivains, si votre détermination ne vous a pas abandonné sur le bord de la route après la lecture de ce récit, c'est que vous êtes sur le bon chemin.

Vivre de son écriture s'avère très difficile même lorsque l'on est édité et que l'on connaît quelques succès d'estime.

Avec réalisme et autodérision, Franck Courtes nourrit son récit de nombreuses anecdotes en assumant des choix financiers et familiaux peu évidents.

En exploitant son nouveau statut social, l'auteur semble néanmoins avoir trouvé un gisement de matière idéal pour faire de sa précarité un bon retour sur investissement.









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Les liens sacrés du mariage

Franck Courtés est photographe et aussi un excellent écrivain, dont ici j’aborde le cinquième livre et toujours avec le même plaisir. Son œil de photographe toujours présent derrière sa plume, à travers des histoires toutes simples il nous plonge dans les arcanes de l’institution la plus ancienne et probablement la plus complexe du monde, Le Mariage.

Pour semer la zizanie sans raison apparente juste pour le plaisir de satisfaire son ego dans le couple…. Cherchez, La Perle !

Pour en prendre le pouls …..Écouter la bande son d’un enregistrement caché, À Table !

Pour en éviter le naufrage ….N’entamez pas, Quelque chose de risqué !

Pour le renforcer….Exigez une visite à Oradour en temps qu’, Un père étranger !

Bref , si vous voulez passer un très bon moment de lecture tout en vous instruisant sur les manœuvres nécessaires pour réussir , sauver, détruire, …. votre présent ou futur mariage, prendre conscience de l’éphémérité des choses tel Le Château de sable , ou qu’il est toujours temps de faire Demi-Tour,….vous le conseille expressément 😁! C’est simple, fin , l’humour n’y manque pas , j’adore Courtés !



« La vie avec les enfants avait chassé l’autre. Du jeune homme libre et insouciant que j’étais alors, il ne restait plus rien. Ma femme exigeait de notre couple un esprit commun, une seule chair. Des deux individus distincts que nous étions, elle entendait créer un couple parfait, soudé et uni en toutes circonstances : une créature à quatre pattes. »

« Je peux dire que le mariage est une drôle d’aventure pour les gars pas faits pour ça. L’amour, c’est des chemins dont on n’a pas idée. »
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À pied d'oeuvre

Quelle mouche a piqué le narrateur lorsqu’il a volontairement abandonné sa carrière de photographe, non seulement lucrative, mais aussi aboutissement d’une passion de jeunesse ? Pour le savoir il faut se référer au précédent roman, La dernière photo. Ici, ce sont les conséquences de ce choix délibéré qui sont déclinées en une sorte de descente aux enfers.



Si le projet de base était de consacrer désormais son temps à l’écriture, le narrateur découvre avec une certaine naïveté que le passage de l’écrit à la publication est un gouffre surmonté d’une passerelle étroite et instable, que peu franchissent au premier essai.



Mais il faut bien vivre, se nourrir, se loger …et donc trouver des solutions pratiques pour ne pas se retourner à la rue. Les petits boulots, au noir, puis via des plateformes qui ont de nombreux points communs avec les esclavagistes d’un passé historique bien connu, encore plus machiavéliques parfois puisqu'elles maintiennent l’illusion d’une bouée de sauvetage. La précarité, ça s’entretient !



C’est ainsi que cet homme, pour qui il n’était pas vital de consulter l’état de son compte en banque avant de procéder au moindre achat, découvre la valeur d’un billet de vingt euros.



La solidarité est en équilibre avec la concurrence, de belles rencontres peuvent advenir mais aussi de cruelles déceptions.



Pas de révolte amère, dans ce texte, au contraire, l’auteur veut y apporter de la légèreté et de l’autodérision. Malgré tout, c’est un focus sur le monde de la pauvreté, des pièces tendus au nom d’une allégation d’assistance.



J’ai beaucoup apprécié ce témoignage, sincère sans être désabusé.



192 pages Gallimard 24 août 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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À pied d'oeuvre

Librairie Chantelivre- Issy- Les-Moulineaux- 30 septembre 2023



Double Coup de coeur et coup de poing, dans un même tourbillon !...



Cet écrivain - photographe qui nous avait déjà raconté son abandon de la photographie dans " La Dernière photo", après l'avoir pratiquée passionnément plus de 20 ans, cette fois, nous relate son véritable " parcours du combattant" lorsqu' il décide de tout laisser pour se consacrer à son rêve, désormais : celui d'ÉCRIRE....



Et pour pouvoir ÉCRIRE à plus de cinquante ans il faut que " notre écrivain en devenir" trouve un boulot alimentaire pour pouvoir réaliser son objectif...Et cela va se révéler bien plus compliqué que prévu !!



" L'apprenti écrivain " va en faire les frais...en devant faire tous les petits boulots possibles et imaginables !



Le tour de force de ce récit, c'est que partant d'un rêve personnel, individuel d'ÉCRITURE, Frank Courtès nous fait toucher du doigt AUTRE CHOSE !



Confronté à un quotidien jamais imaginé, le narrateur, après avoir reçu une honorable éducation classique et privilégiée, puis gagné très confortablement sa vie comme " photographe

indépendant " pendant de très nombreuses années, il se voit, en renonçant à " la grimpette sociale" normale, attendue, relégué dans les marges, intégrant malgré lui cette drôle de "hors- catégorie " des " Nouveaux pauvres "!...



Mais rien ne va le rebuter...Quelques heures de liberté durement gagnée pour ÉCRIRE...et cela le console de presque tout !



Je choisis de transcrire un très bel extrait sur ce besoin d' ÉCRIRE :



"Dans un bureau tu serais à l'abri.



C'est simple: j'écris en partie contre le silence.Les vieux laissent la radio allumée toute la journée, certains parlent à leur téléviseur. Cela fait une présence. Les églises n'y suffisent plus.Moi, j'écris. J'écris à des amis absents, imaginaires et que je ne sais pas me faire dans la vie réelle. Beaucoup s'imaginent un Dieu à qui parler, moi juste quelques amis.Ce qu'il y a de beau, c'est la sincérité avec laquelle on croit à ce qu'on imagine. Même ceux qui prétendent ne croire en rien, dans le noir ils ont peur de quelque chose qu'ils ne peuvent pas s'empêcher d'imaginer. On imagine beaucoup au fond.Tant qu'il y aura de la place pour l'imagination, il y aura des dieux, des artistes et des monstres dans le noir. "



Je reviens au récit des petits boulots, ces fameuses " missions" comme celles des

" pauvres journaliers " d'antan, après la guerre !



Ce descriptif nous fait toucher du doigt les tragiques transformations du monde du travail, ces immondes applications, " plateformes" de

" Marché d' Humains"...Les 6 premières personnes répondant à une demande vont, pour se rendre plus attractives, et obtenir " la mission du jour", baisser au maximum le prix horaire de leurs services !



Envolés, disparus la protection sociale, le droit du travail, le droit des salariés à se défendre, etc.

Juste la Loi de la Jungle !!



Frank Courtès, en nous décrivant tous ces petits boulots invraisemblables, sous-payés au-delà de l'acceptable, nous dévoile les dérapages monstrueux de notre société " libérale " et faussement démocratique, montrant du doigt les hypocrisies, les mensonges par la cupidité de quelques uns et les politiques d'autruche des uns et des autres, en train de rendre ce monde

" inhabitable" !!?



Cela m'a évoqué plusieurs fois le souvenir tenace d'une autre lecture, celle du " Quai de Ouystreham" de Florence Aubenas; récit d'un monde parallèle du travail dévalué créé par un système économique injuste: un sous- prolétariat devenant un no man's land invisible d' INVISIBLES !!



Ce récit désespérant est " sauvé " par l'énergie incroyable de l'auteur, son humour grinçant, sa faculté jubilatoire d'autodérision...qui , dans un même temps, nous en met plein la figure, et l'air de rien, nous interpelle sur notre monde qui

" déconne grave" !!!



Sans parler des aléas plus personnels concernant la sphère privée, familiale, amicale: le mépris, l' incompréhension des proches, la honte du déclassement ...!



Heureusement subsistent le Bonheur, la Joie de l' Imaginaire, de l'Écriture, de la littérature...d'un objectif " noble" que notre " Apprenti - écrivain" va atteindre au bout de ce chemin de

" Manoeuvre" aux multiples " humiliations !



Vous aurez compris pourquoi, en début de ce ressenti, je parlais de cette lecture comme d'un double " coup de coeur- coup de massue", dévoré, ceci dit, en une nuit...



Bravo et MERCI à Frank Courtès pour son talent, son opiniâtreté et sa faculté à nous " déciller" les yeux devant les dérives de notre système....



Un dernier mot et extrait pour parachever mon enthousiasme sans réserve pour ce livre de qualité : une Tendresse certaine de l'écrivain pour les gens, et toute cette part de la population, marginalisée et fragilisée qu'il a côtoyée...et avec laquelle, il compatit sincèrement...



"La valeur de ce café sinistre tient au fait qu'il ne ment pas.La vérité éclate, crue.La vie se livre nue, avoue ses crimes, ne dissimule pas ses victimes.Dans un café lugubre, on ne nous la fait pas.

Aux heures de vie perdues entre ces quatre murs répond le temps gagné sur la mélancolie. Celle qui tombe sur la tête des pauvres gens, comme on dit, dès qu'ils mettent la clef dans la porte de chez eux..

Ici, dans ce café miteux, le répit allège de quelque chose. Je croque dans mon sandwich et j'essaye de mâcher lentement. Je n'ai plus envie de partir.Plus besoin d'être poli avec le monde de dehors, le conducteur de bus ou la boulangère. Ici on ne vous regarde pas de travers, personne ne vous domine.Les yeux éteints des vieux clients ne sont pas signe d'indifférence, ce sont des yeux au repos.Dans cette niche nauséabonde, personne ne juge, aucune médecin ne condamne, la famille n'entre pas, la société n'entre pas, parfois, la littérature, un peu."











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La dernière photo

Un très fort moment de lecture ...et comme une belle rencontre avec un camarade partageant des complicités communes...intenses ...



"Certes, on demandait à la photographie de raconter le monde, mais elle devait aussi à mon avis assumer sans compromis son extraordinaire pouvoir poétique. "(p. 149)





Une découverte impromptue...guidée principalement par mon goût de longue date pour la photographie. Alors un photographe professionnel comme Franck Courtès formulant avec une certaine rage son rejet pour ce métier choisi très jeune, sa passion...pendant plus de vingt-ans...Il y avait de quoi m'intriguer !!



Je serai très curieuse de découvrir ses clichés, ses portraits d'écrivains, d'artistes, de personnages publics...mais je ronge mon frein, jusqu'à la fin de ma lecture.

Sa manière d'évoquer son travail, ses face-à-face, avec les célébrités dont ils devaient faire le portrait sont étonnants, est très vivante, remplie d'anecdotes et de chaleureuse sensibilité...



Un texte très personnel qui stimule gaiement notre imagination..Je serai sûrement surprise ou en décalé entre ce que je me suis représenté, et ses clichés, lorsque je vais en prendre connaissance !...Surtout intrigué par ses travaux en noir et blanc !



Un récit des plus intéressants, où notre écrivain-photographe nous raconte sa détestation de l'école, son inadaptation aux groupes, aux horaires, aux règlements, à toutes les contraintes, sa sauvagerie, son indécision quant au choix d'une profession...et puis la photographie va surgir, va embraser notre "futur artiste", lui offrir le monde, et comme un rattrapage à son "inculture" dans tous les domaines !



"Je photographiais la politique, la littérature, la peinture, la musique, le sport, les métiers rares, l'entreprise, les puissants, les anxieux, les méchants. (...)

Pièce après pièce, à la manière d'un gigantesque puzzle, le monde se révélait à moi. "(p. 152)



Le début de ce déclic sera provoqué par sa maman, qui faute de l'avoir convaincu pour les études, lui proposera chaque dimanche d'aller se promener, avec l'appareil- photographique du grand-père..pour capturer les "petits émerveillements" rencontrés, savourés lors de ses escapades dominicales ...



Ce parcours est celui d'un homme entier dans sa passion, qui à force de se plier aux concessions, aux diktats du monde de la presse, des médias, des modes, du surgissement du numérique [ transformant le métier de photographe, dont certaines tâches manuelles, faisant partie des charmes de la profession !] développe un humour corrosif, décapant... mettant en relief l'escalade de la superficialité , la fugacité et le mercantilisme de cet univers professionnel, où il a vécu tant de joies et de plaisirs.... Il se retrouve "saturé" d'un univers dévoré par la communication et l'information...devenues trop formatées !



Un hommage vibrant à la photographie et plus exclusivement, au noir et blanc... que je partage sans réserve ...



Franck Courtès se met à douter, à s'épuiser dans une passion professionnelle exclusive... mais qui évolue dans des directions qui ne le satisfont plus... où il perd progressivement le "feu sacré"...Dans ces lignes denses et percutantes, Franck Courtès nous offre aussi une "radiographie" de notre époque, "Société spectacle"...absolue, ainsi qu'une réflexion approfondie du (des) rôle(s) de la photographie, et des images, en général , dans notre quotidien!...



Après les années magiques où l'amour de la photographie ont éclairé Franck Courtès, la lassitude, une extrême fatigue l'ont incité à "déserter"sa première passion pour se lancer dans l'écriture !...



N.B : je viens de visualiser quelques clichés ,ceux en noir et blanc, de Franck Courtès... et j'apprécie infiniment la poésie, la fantaisie de ce regard original et chaleureux...Je suis sous le charme , vraiment !







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À pied d'oeuvre

Et bien voici un livre particulièrement étrange.

Franck Courtès a galéré et galére peut-être encore. Difficile à savoir.

La temporalité est confuse. Je résume:

Photographe consacré, ayant côtoyé stars, politiques et peoples, Franck contracte, il y a une dizaine d’années, une photo-phobie carabinée et multi-factorielle. Marre de se faire voler des photos, de participer à la grande marchandisation du monde, de côtoyer des gens qui ne voient dans l’art qu’une forme de profit etc.

Il décide donc de devenir écrivain. Et comprend très vite que pour vivre de ses livres, il faut en vendre beaucoup.

Dans le même temps, sa femme décide de partir au Canada avec leurs deux ados. Lui refuse de s’éloigner de « son milieu ». Le voilà dans une sévère panade . Il libère son grand appartement parisien pour un studio en rez-de chaussée appartenant à sa maman.

À partir de là il doit : vivre avec 250 € ( si j’ai bien compris correspondant à des ayant-droit…), écrire, donner encore un peu le change. Au bout du compte, la solution la moins-pire est de se vendre comme esclave sur ce qu’il appelle La Plateforme. Celle-ci met en contact un usager (qui déménage, qui veut monter une bibliothèque Ikea, qui fait des travaux de jardinage etc.) avec un agent qui se vend dans un système d’enchères à l’envers ( 15€ pour 6h à descendre des sacs de gravas par exemple). Trop vieux pour être serveur, il tente quand même le coup. Trop lent par rapport aux africains, il abandonne les courses genre Deliveroo.



Il y a beaucoup d’amertume dans ce livre mais celle-ci est souvent masquée par un humour acide d’ex-nanti ( genre Proust, Gaspard…). On se demande même parfois si certains travaux épouvantables n’ont été effectués que pour être racontée.

Il y a une scène terrible où Franck Courtès renverse un chevreuil en voiture. Il finit de le zigouiller proprement, en l’étranglant, le ramène chez lui après de sombres tribulations, puis l’éviscère dans le studio et le dépèce comme il peut. Beaucoup de viande.



J’ai trouvé le propos un peu confus:

S’agit-il d’un livre sur la difficulté de vivre de l’écriture ( il est passé quatre fois à La Grande Librairie, a été publié six fois chez Lattés et Gallimard, a eu quelques prix… ) ?, ce livre étant une tentative presqu’ultime pour échapper à la pauvreté qu’il décrit avec minutie, qu’il exhibe à la face du lecteur comme pour dire aussi : achetez ce livre, offrez le, vous ferez une bonne action et ce sera une juste reconnaissance de mes talents d’écrivain.

Est-ce un brûlot pour dénoncer « les petits boulots » qui serait plutôt des travaux forcés passés à la moulinette des algorithmes pour toujours plus de profits ( « Le monde des algorithme transforme notre instabilité passagère en désespoir » dit-il .) ?

Est-ce malgré tout de la littérature et je pense à une belle scène, terriblement érotique, où les sens s’embrouillent lorsque sa ravissante cliente l’aide dans l’accrochage d’un miroir ?

Au passage l’auteur lamine les décisions éditoriales, les conditions d’octroi du RSA etc.

On se demande aussi si tout est vrai.

Mais qu’importe, faites-vous votre avis.

Non, ce qui m’a réellement déçu c’est que je n’ai pas retrouvé l’humour désenchanté promu par les critiques mais une sorte de « ci-gît l’amer » au final un peu vain, voir un tantinet irritant.
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Sur une majeure partie de la France

"...,,,demain, malgré quelques éclaircies, le temps sera pluvieux sur une majeure partie de la France...."



Dans ce livre ,une ode à la campagne, un parisien,le narrateur,alias l'auteur revient sur les lieux de son enfance,vécus le temps des vacances et des week-ends,un retour en mémoire mais aussi physique.Effectivement, il pleut sur cette campagne aussi bien au sens propre que figuré, et les éclaircies sont rares.



Un retour en mémoire,plein de nostalgie, de souvenirs d'enfance.....où du commun il imagine l'extraordinaire,dans cette campagne "aux chemins bordés de coquelicots et d’orties, aux prés cernés de bois sombres, aux barbelés sous lesquels on devine le passage de lapins, au duvet des chevreuils accrochés aux pointes et flottant dans le vent, au renard blotti au coin de la grange, que l’on déloge d’une pierre et qui en s’enfuyant ventre à terre semble fendre le vert de la prairie d’une flèche d’or...".

Un retour en mémoire,où il raconte l'histoire de son ami Quentin,un enfant hypersensible et handicapé et de Gary, un garçon violent ,dont les destins vont se croiser....sur fond d'une histoire de drogue.



Courtés est un auteur et photographe à la ville, dont j'avais adoré son premier livre,un recueil de nouvelles,et beaucoup aimé le second . Dans ce dernier roman j'ai retrouvé la douceur de son écriture soudée avec sa puissance visuelle de photographe ,mais j'ai moins accroché au romanesque qu'il alterne avec ses propres souvenirs et ses déscriptions d'une campagne à jamais perdu.

Bien qu'une lecture agréable , je suis restée un tout petit peu sur ma faim...



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À pied d'oeuvre

Si vous écrivez pour les raisons suivantes, vous faites fausse route :

- Obtenir plus de reconnaissance (mieux vaut avoir un chien - conseil de Churchill)

- Échapper au capitalisme (la concurrence est pire qu'ailleurs)

- Passer à la postérité (rien n'est garanti)

- Gagner de l'argent… Tout est admirablement résumé pages 13-14.

Franck Courtès s'est rendu compte qu'écriture était synonyme d'indigence, et je me demande s'il n'a pas choisi sa précarité avec l'idée d'en faire un récit. Il a eu raison car de cette autofiction naît un témoignage honnête et intelligent.

Franck Courtès était un photographe courtisé. Il vivait bien, voyageait partout, rencontrait des célébrités mais le doute gagna cet artisan de l'argentique. Le jeu mondial changeait. Il n'en accepta pas les règles et quitta son métier à l'heure où d'autres photographes, moins authentiques, vendaient leur âme.

Franck Courtès a choisi d'avoir peu d'argent (il touche d'infimes droits d'auteur) parce qu'enchaîner les petits boulots ne lui donne aucun confort (« Devenir pauvre ne consiste pas à vivre plus simplement »). Tout se complique (« Je suis entré dans une nouvelle dimension où rien ne peut s'acheter avec insouciance »), le déclassement social est inévitable et le regard des gens change (p 121).

Le voilà donc « À pied d'oeuvre » (superbe titre). Il s'improvise déménageur, vitrier, jardinier, livreur, serveur ou bricoleur à tout faire. Il raconte ses galères avec humour et bon sens, tout en dénonçant le cynisme d'un système économique porté par les plateformes et les algorithmes.

Bilan : 🌹🌹

PS : ceci n'est pas un SP mais un prêt de ma libraire. Fidèle à mes principes, j'achèterai ce livre au moment de sa sortie officielle.
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La dernière photo

Les romans naissent souvent d'une belle idée, d'une impulsion positive, d'une jolie histoire à raconter, d'un goût que l'on veut sinon transmettre, tout du moins partager. Rarement, on entend qu'un livre naît d'un dégoût. C'est pourtant bien d'un dégoût dont il est question ici, de bile noire, de rêves foudroyés par la connerie humaine ou quoi, juste par la vie.



Aucun rêve ne tient ce qu'il promet dit la chanson. le rêve de Franck Courtès, c'était la photo. C'est né comme ça, en voyant une photo qui sublimait un paysage qui ne l'avait pourtant pas frappé quand il l'avait vu "en vrai". le photographe l'impressionnait aussi et lui aussi s'est dit qu'il aimerait impressionner son monde. Sur ses conseils, avisés ou un brin condescendants, il photographie ses pompes. Vous ou moi, si nous photographions nos pompes, à moins d'y ajouter un freakin' filtre Instagram, cela ne donnerait rien. Mais le rêve tient encore ses promesses pour ce jeune Franck Courtes qui vit alors encore dans un monde sans réseaux sociaux, et ses photos sont plutôt chouettes. Il est photographe. Il ya un déclic qui n'est pas seulement celui de son appareil. Franck devient très vite un artiste et ses portraits ont rapidement beaucoup de valeur. Il peut également compter sur un atout de taille, qui fait de lui une célébrité dans le milieu : il peut faire des portraits réussis en un temps record. Dans le monde de la promotion d'artistes où chaque minute compte, cela ressemble presque à un super-pouvoir.



C'est la première partie du livre, dédiée à l'amour qu'il porte à son art, sa fulgurante ascension dans la presse et les formidables artistes, écrivains, philosophes ou célébrités que son métier lui permet de rencontrer : " Comme il me fallut le défendre, ce métier ! J'en parlais comme d'une fille dont je serais tombé fou amoureux. Lui seul pouvait me sortir du lit en pleine nuit dans le froid de janvier pour immortaliser un Paris vide et brillant. Il allait m'offrir les voyages, la musique, l'amour, et un peu d'amitié !"



Comme le dit une autre chanson, il n'y a cependant pas d'amour heureux et les belles rencontres (Arthur H, Murat, Frédéric Dard, Modiano) ne suffisent bientôt plus. Et puis les amitiés, réelles, sont rares. Il y a un magnifique moment de littérature dans la deuxième partie quand Courtes raconte a quel point Frédéric Dard est chaleureux avec lui, d'une gentillesse sans fin. Hélas, il n'arrive pas à le prendre en photo, ses portraits sont ratés : "J'avais envie de l'entendre dire que j'étais ici chez moi, que je n'avais qu'à rester ce soir même, que c'était fini, que j'avais bien travaillé, que je n'avais plus besoin de repartir. [...] le badinage photographique, ce flirt incessant qui rarement débouchait sur une amitié durable, créait un vide à l'intérieur de moi, une dépression de grand fond. "



Le récit, bientôt, devient cruel. La passion n'est plus là, son métier commence à le dégoûter, comme ces stars qui - tel ce salopard de Joey Starr, le traitent comme un moins-que-rien. C'est une rupture progressive : "J'étais devenu l'employé modèle d'un système qui me rongeait. [...] J'excellait à ne pas déranger, à me faire oublier. On me complimenta une fois : "Tu sais te rendre invisible. " Triste qualité que celle de ne pas exister.



La coupe, un jour est pleine. Franck Courtés écourte telle séance, enrage à la fin d'une autre, ne prend même plus plaisir ou fierté à voir son nom accolé à une photo publiée. Certains amants ne touchent plus leur conjoints, lui ne touche plus à son appareil. C'est une page qu'il déchire un jour brutalement, pour en ouvrir une autre, celle d'un bloc-notes.



Je ne dirais rien de plus de cet abandon ni de la renaissance d'un photographe qui devient écrivain. Il faut lire ce livre, admirable, sur ce qui peut lier un homme à sa passion, et sur la destruction qu'une telle passion peut provoquer.

Il y a également plein d'anecdotes sur ce métier, ses dérives et beaucoup de gens célèbres que l'on se met instantanément à aimer ou à détester. Franck Courtès était connu pour ses portraits photos, il se peut qu'il le reste encore pour ses portraits littéraires.
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La dernière photo

****



Quand on connaît et qu’on apprécie les livres de Franck Courtès, c’est un vrai plaisir de le retrouver.

Aucune nouvelle, aucune fiction dans le dernier livre qu’il nous offre, mais juste une petite part de sa sensibilité et de son talent.

Parce que du talent, il en a Franck Courtès !!! Comment expliquer sinon qu’il nous enchante avec cette biographie, qu’on découvre avec impatience chacune des anecdotes dont il nous fait cadeau...

Il est certainement bien dommage qu’il ait abandonné la photographie car il avait l’air de plutôt bien tirer le portrait de toutes ces personnalités, mais à notre grand bonheur il a décidé d’écrire... Et je ne peux que lui demander de le faire encore longtemps !!!!



Merci à NetGalley et aux éditions JC Lattès pour leur confiance...
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Sur une majeure partie de la France

Lors d'un pique nique dominical, Franck revient dans la campagne qu'il aimait tant et où il a passé son enfance dans la maison secondaire de ses parents. A la vente de celle-ci, il a abandonné le village, ses bois et ses amis. Quand il apprend le drame qui a touché Quentin, les souvenirs ressurgissent...

Roman sur l'amour qu'on porte à sa terre, sur la ville qui empiète sur la campagne, sur la difficulté de vivre dans un petit village en bord d'une agglomération, on se prend d'affection pour ses personnages blessés et à vif. Franck Courtès possède une jolie plume, poétique mais incisive, qui dénonce notre société de consommation et l'industrialisation de masse...
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À pied d'oeuvre

Franck Courtès était photographe. Il décida un jour d'abandonner la photo pour se consacrer à l'écriture. Mais bientôt il n'a plus d'économies et de moyens de subsistance.Il découvre alors la pauvreté, la difficulté de se loger, de se nourrir. Il entreprend alors d'effectuer des travaux de bricolage, de déblaiement, de jardinage pour gagner sa vie.

Il dresse dans son livre, le récit lucide de sa nouvelle situation, l'on découvre un monde brutal, hypocrite, injuste, incarné par « La plateforme ». En effet certaines plateformes proposent dans un système de marché parallèle, des chercheurs d'emploi, sans qualification, qui acceptent de rendre quelques services chez vous pour pas grand chose .

On est écoeuré par cette économie invisible, qui exploite et esquinte le corps de celui d'hommes corvéables pour quelques euros.

Le narrateur vit seul, il devient de plus en plus solitaire et a du mal à entretenir des relations sociales sans se sentir vaguement honteux ou coupable.

C'est un récit qui dérange, qui vous met en colère. C'est aussi terriblement émouvant avec des passages tristes à pleurer... Bravo à Frank Courtès pour ce récit courageux, bouleversant et si fort.



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Merci Paris !

Comme la quatrième de couverture nous en informe judicieusement, cette "anthologie", intelligemment préfacée par l'américano-parisien de cœur Douglas Kennedy et sous la direction bienveillante et avisée de Gérard Mordillat, a pour ambition de convier vingt écrivains contemporains à nous emmener, en une quinzaine de pages, à la découverte de leur arrondissement parisien respectif qu'il soit de naissance, d'élection ou d'inspiration.

Comme toujours dans ce genre d'exercice littéraire collectif, l'excellence côtoie le moins convaincant, la subtile pertinence de l'un renvoyant à la relative insignifiance de l'autre mais, au final, force est de reconnaître que cet ouvrage a amplement répondu à mes attentes.

Les connaisseurs ou simples amoureux de Paris devraient donc y trouver leur compte.

Je vous en recommande chaudement la lecture.
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À pied d'oeuvre

Connaissez vous Franck Courtès ? Cet homme a, dans sa première vie professionnelle, été un photographe assez connu du milieu, à défaut du grand public. Il a immortalisé les plus grandes stars, il a travaillé pour les Inrocks et Libération, il a probablement mis les pieds dans les plus beaux hôtels et a voyagé aux quatre coins du monde.



Et puis un jour, son métier de photographe ne lui a plus apporté l’étincelle, il s’est senti piégé à l’intérieur d’un système qu’il ne cautionnait pas, tout étant produit de consommation y compris ses photos …ou en tous cas c’est de plus en plus cette image qui se reflétait dans son objectif. Le côté artistique de son métier s’éloignant au profit du côté commercial.



Alors il a troqué ses appareils photo contre un stylo ou un ordinateur si on veut éviter le cliché. Écrivain il l'est et écrivain il le resterait désormais.



Il ne s’est pas posé toutes questions liées à une reconversion : vais-je en vivre ? Était-il conscient que seule une poignée d’auteurs vendent beaucoup ? J’ai l’impression que même s’il le savait, cela n’aurait rien changé, comme si écrire était soudainement si vital, si indiscutable que cela effaçait toutes les questions concrètes et matérielles.



Mais le bassement matériel, le quotidien il va se le prendre en pleine face en tant que « nouveau pauvre » car quand on n’a pas un rond, se loger, se chauffer, se nourrir, conserver une vie sociale, tout devient compliqué. Alors pour pouvoir continuer à écrire, il teste tous les petits boulots invisibles et très mal payés, de livreur à laveur de vitres, de manoeuvre à serveur. Son corps morfle mais il écrit la joie inédite du travail physique terminé à une heure précise comparé à un travail artistique jamais vraiment achevé.



A travers ses expériences et son quotidien, Franck Courtès dit la dureté de notre société quand on ne peut pas consommer -(tout est appel permanent autour de soi) et la perversité d’un système de plus en plus « uberisé ». Inscrit à une plateforme sur laquelle il trouve ses missions, il souligne que pour travailler, il faut être bien noté et que pour être bien noté, il faut être prêt à tout accepter.

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Baz'art : Des films, des livres... > Lectures > A pied d’œuvre; FRANCK COURTÈS : échange appareil photo contre stylo

dimanche 05 novembre

A pied d’œuvre; FRANCK COURTÈS : échange appareil photo contre stylo





G07742



Connaissez vous Franck Courtès ? Cet homme a, dans sa première vie professionnelle, été un photographe assez connu du milieu, à défaut du grand public. Il a immortalisé les plus grandes stars, il a travaillé pour les Inrocks et Libération, il a probablement mis les pieds dans les plus beaux hôtels et a voyagé aux quatre coins du monde.



Et puis un jour, son métier de photographe ne lui a plus apporté l’étincelle, il s’est senti piégé à l’intérieur d’un système qu’il ne cautionnait pas, tout étant produit de consommation y compris ses photos …ou en tous cas c’est de plus en plus cette image qui se reflétait dans son objectif. Le côté artistique de son métier s’éloignant au profit du côté commercial.



Alors il a troqué ses appareils photo contre un stylo ou un ordinateur si on veut éviter le cliché. Écrivain il l'est et écrivain il le resterait désormais.



Il ne s’est pas posé toutes questions liées à une reconversion : vais-je en vivre ? Était-il conscient que seule une poignée d’auteurs vendent beaucoup ? J’ai l’impression que même s’il le savait, cela n’aurait rien changé, comme si écrire était soudainement si vital, si indiscutable que cela effaçait toutes les questions concrètes et matérielles.



Mais le bassement matériel, le quotidien il va se le prendre en pleine face en tant que « nouveau pauvre » car quand on n’a pas un rond, se loger, se chauffer, se nourrir, conserver une vie sociale, tout devient compliqué. Alors pour pouvoir continuer à écrire, il teste tous les petits boulots invisibles et très mal payés, de livreur à laveur de vitres, de manoeuvre à serveur. Son corps morfle mais il écrit la joie inédite du travail physique terminé à une heure précise comparé à un travail artistique jamais vraiment achevé.



A travers ses expériences et son quotidien, Franck Courtès dit la dureté de notre société quand on ne peut pas consommer -(tout est appel permanent autour de soi) et la perversité d’un système de plus en plus « uberisé ». Inscrit à une plateforme sur laquelle il trouve ses missions, il souligne que pour travailler, il faut être bien noté et que pour être bien noté, il faut être prêt à tout accepter.



« Avec l’explosion des statuts de travailleurs indépendants, on se dirige moins vers une société idéale d’ouvriers libres et indépendants que vers une société de serviteurs précarisés ».







Franck Courtès, grandeur et misère du métier d'écrivain



En lisant ces lignes, j’ai tout de suite pensé à deux fictions britanniques d'une grande puissance, que ce soit le film très dur mais si juste de Ken Loach, Sorry we missed you (l’histoire d’un homme qui pense devenir libre en ayant sa propre camionnette et qui se rend compte que seul, il n’a plus la force du groupe, des collègues ou d’un syndicat pour le protéger contre les dérives d’un monde ultra libéral) ou à la série Years and Years dans laquelle un des personnages se retrouve livreur pour l’équivalent de Deliveroo.



J’ai aimé le ton à la fois très lucide et mordant de Franck Courtès, j’ai aimé la musicalité de sa plume et je lui souhaite de tout cœur plein de ventes pour ce livre !




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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À pied d'oeuvre

Philippe Djian voit le véritable écrivain “comme un hors-la-loi, un individu asocial et ombrageux par la force des choses, qui n'a de compte à rendre qu'à lui-même et qui livre son combat en solitaire”. Pour contextualiser cette citation, rappelons qu'il avait punaisé une photo de Céline au-dessus de son lit…



Franck Courtès envisage, lui, le métier d'écrivain comme consistant à entretenir un feu qui ne demande qu'à s'éteindre. “Un feu dans la neige”.

En lisant cette vision de l'artiste en prologue du livre, je me suis tout de suite demandé si ce n'était pas minimaliste…Il fallait donc que je le lise pour confirmer ou éteindre mon sentiment.



Voilà donc ce qui me dérange dans le récit de Courtès, il nous rend des comptes…

Alors, c'est courageux d'avoir tout plaqué, famille et confort du luxe parisien pour la vie de bohème. Il a dû lui falloir une sacrée force de caractère ou beaucoup d'orgueil pour l'accepter. Nous livrer les humiliations qu'il subit au quotidien devrait forcer le respect…mais bon voilà, je n'éprouve aucune compassion pour l'ancien pensionnaire du lycée Henri IV, prompt à verser une larme à l'évocation de sa jeunesse dans le Vè arrondissement.



Non seulement je n'y arrive pas, mais en plus, je me suis senti plusieurs fois mal à l'aise à la lecture des frustrations de ce bourgeois redescendu au bas de l'étage social à la simple force de sa propre volonté.

Difficile de m'émouvoir pour celui qui a dû vendre l'appartement familiale pour se rabattre sur le studio de Maman dans le Vème...



Il n'en reste que la lecture de ce récit, qui constituait une véritable curiosité pour moi, n'est pas totalement déplaisante. Certains passages sont assez succulents, “l'oeil” de l'ancien photographe a su capter des passages de vie et nous les restitue avec un certain humour par l'écriture.



Et en l'achetant, j'ai toutefois eu le sentiment de faire une bonne action…

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Sur une majeure partie de la France

Un titre à la consonance météorologique qui n'est pas sans rappeler des préoccupations paysannes. Il est vrai que ce nouveau roman de Franck Courtès s'ancre dans la ruralité. Adulte, l'auteur revient pour une journée champêtre en famille dans ce village de Seine et Marne qu'il a beaucoup fréquenté étant enfant car ses parents y possédaient une résidence secondaire. Il apprend assez fortuitement que l'un de ses anciens compagnons de jeux a fait plusieurs années de prison ce dont il s'étonne car le garçon était plutôt, dans son souvenir, du genre doux et sans histoires. Le roman se propose alors de comprendre ce qui a amené cette situation. Un brave gars ce Quentin, courageux, ayant appris à surmonter ses faiblesses, sensible, intelligent, tout du bon copain et qui de plus, partage avec Franck cet amour profond de la nature, de la forêt, sans chercher un ailleurs, plus urbain s'entend, qui lui conviendrait mieux. Rien à voir avec Gary, teigneux et violent qui gravite lui-aussi dans cette campagne qui perd progressivement sa part de ruralité profonde. Au-delà d'une opposition classique de portraits dans laquelle s'invitent des personnages annexes comme le frère influençable, la petite amie insatisfaite et Tikiti, l'aide garde-chasse (mention spéciale pour ce personnage tout en poésie malgré ou grâce à son côté un peu frustre), Franck Courtès porte un regard tantôt nostalgique, tantôt accusateur sur la mutation de ces paysages gagnés par la périurbanisation et l'évolution des pratiques agricoles ayant cédé au productivisme. Est-ce un regard d'enfant qui a vu son terrain de jeux du week end dénaturé ? Est-ce la réflexion d'un citadin qui attend une lecture claire des paysages, soit la ville soit la campagne mais pas cet entre deux qui brouille des repères_à chaque espace, sa fonction_ rassurants car posés depuis l'enfance ? Il sait d'avance qu'on lui opposera, tel un puching-ball, l'un comme l'autre, que sa légitimité de Parisien à revendiquer une nature immuable se coincera quelque part, elle aussi, dans cet entre deux.

On peut certes avoir une autre lecture, un regard moins réprobateur sur l'évolution de ces paysages mais il me semble que le grand mérite de ce roman est de s'intéresser à la campagne pour elle-même, d'en faire un personnage principal et non pas seulement un cadre comme dans les romans de terroir ce qui reste assez rare pour être signalé.


Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Autorisation de pratiquer la course à pied

Après Robinson, j’avais envie de vie qui grouille, de situations variées dans lesquelles me divertir. J’ai donc pioché dans la liste de nouvelles proposée par Bookycooky (que je remercie pour cette découverte et les suivantes). Ce recueil m’a apporté ce que j’étais venu y chercher : du court sans trop d’investissement, une écriture simple qui se lit rapidement. Même si j’ai trouvé les 300 dernières pages plus prenantes que les 300 premières.





Dans les 300 premières pages, je suis restée un peu sur ma faim. La première nouvelle éponyme par exemple, dont je trouvais le thème intéressant : à l’occasion d’une préparation de marathon, une jeune femme évoque en elle-même les raisons de son rapport à son corps, de son alcoolisme, de son besoin de ce défi pour montrer aux autres qu’elle existe et est digne d’autre admirée. C’est pas mal fait, mais au moment le plus intéressant, le point de vue devient extérieur et raconté par des témoins. Il m’a vraiment manqué quelques lignes sur ce qu’il se passait dans le corps et dans l’esprit de cette femme au moment crucial. Comme si l’auteur avait lâché l’affaire avant la ligne d’arrivée. Pas de bol, en l’occurrence, après s’être tapé 20 bornes.





J’ai trouvé les autres nouvelles de cette première moitié inégales en intérêt. La plume de l’auteur étant très simple, presque froide, si le thème ou la façon de le traiter ne relève pas l’ensemble, l’intérêt pâlit. Ainsi certaines tranches de vie m’ont laissée indifférente : soit que l’histoire manquait de ressort, ou les personnages de relief ; et je n’ai presque jamais pu m’attacher ou m’identifier à eux. Les personnages font souvent le même métier (photographe), ont un père mort par un chauffard (ça ressemble à un élément autobiographique qu’on tente d’exorciser), ou un fils surdoué (qui ne finit jamais bien). On a presque l’impression que l’auteur n’étant pas satisfait de la première manière d’exploiter l’élément, il essaie autrement. Etrangement, alors que l’auteur est photographe de métier, ce sont ces personnages et nouvelles qui m’ont le moins faite vibrer.





Puis on comprend finalement qu’on ne tient pas entre les mains un recueil de nouvelles totalement indépendantes. Des prénoms reviennent, des instantanés de couples s’empilent pour former non pas un roman mais une sorte d’album de famille. La démarche devient plus intéressante, chaque nouvelle est un petit bout de leur histoire à des moments différents. Celles que j’avais trouvées un peu pâles sont à rapprocher de certaines autres qu’elles éclairent sous un autre angle, pour leur donner un nouveau relief.

Finiront-ils par me toucher pour autant Romain et Louise, Bruno et quelques autres, au bout des 600 pages ? Pas tous. C’est le bémol de cet ouvrage pour moi.





J’y ai quand même lu, surtout dans la seconde moitié, de beaux moments plus intenses : Comme la colère désespérée de Stéphane qui vit en HLM, dont les propos peu défendus, entendus et compris car très politiquement incorrects dans notre société - mais pourtant si réalistes - avaient du coffre et sonnaient juste.

Ou encore l’« Au revoir » de ce petit garçon qui est très émouvant, ainsi que l’enfance de Romain en avant dernière histoire (de 64 pages), ou encore l’handicapée au restaurant.

Et puis globalement, j’ai trouvé plutôt sympa de retrouver des news de certains perso dans d’autres circonstances, comme on croiserait par hasard une vieille connaissance.





Au total, un recueil qui a rempli l’office de trait d’union entre deux romans, même si les nouvelles et personnages (surtout de la première moitié de l’ouvrage) manquent d’un petit supplément d’âme à mon goût.

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