Citations de Françoise Chandernagor (608)
Il disait : “Toujours pisser avant la bataille ! Quand les trompettes sonnent l'attaque, il est trop tard pour y songer...”
Si vous ne savez pas ce que vous voulez (...), assurément vous ne l'aurez pas.
Le vers doit être à la fois transparent et fluide, il faut qu'il laisse passer la lumière et qu'il coule.
Louise Ackermann
sans doute porte t on mieux les injures sans fondement que celles qu'on sait méritées.
Maintenant que ma mère avait fini de mourir, elle allait rentrer à la maison, je la retrouverais comme avant rieuse et dansante, dans la pièce d'à côté.
Mon trouble ne tenait pas tant à la honte de démentir mes principes de vertu qu'à celle de figurer dans un rang médiocre sur une liste un peu longue de galanteries royales.
Possible. Normalement, nous, en bas, nous n'avions pas plus affaire aux économes qu'aux cuisiniers; à part un ou deux garçons d'office qu' on apercevait au moment des repas et les porte-clés, on ne voyait aucun des "permanents"; ce bonhomme-là - Coru ou Lelièvre, je ne sais plus -, je l'avais recroisé dans une cour dans la maison... Les draps, en tout cas, sans compter les mille cinq cents serviettes ou torchons! Les toiles du rez de chaussée, on nous les changeait deux fois la semaine. Rien à redire sur le principe. Sauf que, dans nos quatre lits, venaient coucher toutes sortes d'hommes; même des traines-misères, si contents d'être nourris qu'ils se portaient volontaires plus souvent qu'à leur tour! Tous égaux devant la Loi, c'est que, dans un lit, un indigent compte pour plusieurs : ces pauvres diables ne venaient jamais seuls, comprenez-vous, ils amenaient leurs "habitants", poux, puces, punaises... Et je ne vous parle pas de leurs éruptions militaires, ni de leurs catharres glaireux! Par la suite, je dormais assis; assis à la table, la tête dans les bras : dans mon métier on ne badine pas avec l'hygiène.
Le passé? Terre interdite. Zone infestée Ceux qui en reviennent sont contagieux, susceptibles, à tout instant, de contaaminer les habitants du présent; le passé est une épidémie.
On se sert des couleurs,mais on peint avec le sentiment...
Le notaire dressa contrat de mon mariage avec Paul Scarron […] La nappe qui couvrait l’autel sur laquelle la messe fut dite était faite d’un jupon de Madame de Fiesque dont on distinguait bien, sous les ornements religieux, les larges fleurs de brocatelle jaunes. Ce mélange de pauvreté, de galanterie et de dévotion, offrait un raccourci parfait de ce que devait être ma vie dans les vingt années suivantes.
Nous pensions tout deux que, s’il faut haïr le mensonge, il est permis, et parfois même recommandé, d’aimer le mystère, l’ombre des demi-confidences,[…] je n’eusse pas su répondre à une question directe autrement que par la franchise, mais l’art est de faire en sorte que cette question là ne fut jamais posée et que, même, elle n’effleure l’esprit de personne.
« je ne me soucie que de vous plaire »: deux mois plus tôt, c’était à madame de Montespan qu’il disait la même chose en lui offrant mon renvoi; après cela faîtes fond, s’il vous plaît sur la constance des hommes.
Ces trois sœurs n’avaient aucune tendresse les unes pour les autres. Du jour de son mariage, la duchesse de Chartres marqua la distance qui la séparait de ses sœurs, en exigeant quelles ne l’appelassent plus que « Madame », ce qui ne se fit pas sans cris. La duchesse de Bourbon moquait à longueur de temps les amours de la princesse de Conti et le goût de la duchesse de Chartres pour les liqueurs fortes; sous prétexte de peindre le règne d’Auguste, elle en faisait, sous des noms supposés, des portraits assez forts. Ces dames aimaient enfin à se voler leurs marchands et leurs perruquiers, à se bousculer dans les cérémonies et à se donner des coups de pied sous les tables. Leurs querelles étaient publiques: un soir, dans le grand salon de Marly, la princesse de Conti traita ses sœurs de « sacs à vin », à quoi, brusquement réconciliées dans une haine commune, les filles de Madame de Montespan répondirent en traitant la fille de Mademoiselle de La Vallière de « sac à ordure ».
Chapitre 17
Brusquement, un long sifflement déchira les airs, et le ciel s'obscurcit comme lorsqu'un vol de sauterelles masque subitement le soleil : c'était la première volée de flèches tirées par les archers qui marchaient à l'avant de l'armée gétule. Jamais l'expression des poètes n'avait semblé si juste : "une pluie de traits ". En tombant sur les cuirasses, les boucliers, les casques et les enseignes, les flèches ennemies crépitaient comme des grêlons. Un orage de fer frappait l'armée royale.
L'Histoire est faite de hasards auxquels les historiens trouvent après coup de la nécessité.
Il s'est vu mourir : s'il y eut jamais un homme auquel appliquer cette expression-là, c'est Marc Antoine. Une année entière d'agonie.
Il s'est vu mourir. À petit feu. Par petits bouts. Il perdait tout – ses alliés, ses villes, ses amis, même ses affranchis, l'un après l'autre.
Entre deux amputations, deux renoncements, il arrivait qu'il reprît courage. Cléopâtre lui insufflait sa propre énergie : chaque jour était pour elle une aventure nouvelle. Comme Isis, elle donnait aux morts une seconde vie et un espoir aux désespérés.
Tu crains quoi ? "L'avenir" : c'est idiot ! Irrationnel au possible, puisque, dans l'avenir, je serai morte.
La fidélité n'est pas une vertu, c'est un trait de caractère.
On tire un fil et c'est la corde qui vient.
Pourtant, vous suppliez m’est doux,
Même si l’on dit qu’il ne sied point
Qu’une dame courtise un chevalier
En lui tenant trop longs et beaux discours ;
Qui parle ainsi ne connait pas l’amour,
Car il me plait de prouver avant ma mort
Que supplier celui qui nous dédaigne
Procure encore un triste réconfort.
(Dame Castelosa - XIIIème siècle)