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Françoise d'Aubigné Maintenon (Antécédent bibliographique)
EAN : 9782260002604
573 pages
Julliard (08/01/1993)
4.1/5   1036 notes
Résumé :
De sa naissance dans une prison de Niort à sa mort dans le doux asile de Saint-Cyr, de l'obscure pauvreté de son enfance antillaise à la magnificence de la Cour, de la couche d'un poète infirme et libertin à celle du Roi-Soleil, de la compagnie joyeuse de Ninon de Lenclos au parti pris de dévotion de l'âge mûr, quel roman que cette vie !

Dans le personnage et le destin de Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, qu'on surnomma « la belle Indienne »... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (86) Voir plus Ajouter une critique
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Françoise Chandernagor - L' Allée du Roi -1981 : Ceux qui ont des adolescents comprendront la référence mais n'est-on pas dans ce livre en plein dans "Les anges de la télé-réalité" ou dans la première monture d'un "Loft story" permanent qui remplacerait les jeunes indigents habitués de ces émissions par des ducs et des comtesses emperruquées ? Car sincèrement à part l'absence de caméras tout se rapportait comme dans ces émissions à des intrigues amoureuses ou sociétales frappantes par leur superficialité. Ces fausses mémoires très bien documentées nous contaient par le menu la vie oisive de quelques nobles riches ou moins argentés, coureurs de distinctions et de pensions sonnantes et trébuchantes. Françoise d'Aubigné (la future madame De Maintenon) elle-même malgré son sang bleu n'avait pas le sou, son père escroc à la petite semaine étant emprisonné depuis sa naissance sur ordre du tribunal royal. Pour survivre elle se résignait alors à épouser le poète et écrivain Paul Scarron, un pauvre hère de trente ans son aîné diminué par une terrible infirmité mais à l'intellect toujours parfaitement aiguisé. A la mort de son mari seule et presque à la rue, elle obtenait grâce à des fréquentations choisis (C'est un art quand on ne travaille pas de connaître les bonnes personnes) un poste de gouvernante des enfants de la Montespan et de louis XIV. Femme d'esprit avant tout, d'une beauté altière elle séduisit le roi au point que celui-ci devenu veuf la choisit au milieu de ses multiples maîtresses comme seconde épouse. Ces mémoires apocryphes prenaient à ce moment-là tout leur sens en nous introduisant dans le quotidien du plus célèbre des rois de France. Plus on avançait dans la chronologie du règne, plus l'existence de la famille royale prenait un tour dramatique. La mort du dauphin, de la dauphine puis des petits enfants du roi frappés tous par d'épouvantables maladies faisait peser une lourde mélancolie sur un texte qui prenait enfin de l'épaisseur. Malgré tous ces malheurs la royauté ne renonçait pas à ses fastes démesurés. Il fallait constamment donner le change et ce même si le peuple crevait de faim désespéré par des années de famines et de guerres inutiles. Il y avait dans cette misère qui bouleversait tant madame De Maintenon les germes d'une révolution qui éclatera cent ans plus tard quand le peuple sera à bout de tous les privilèges En faisant parler madame de Maintenon l'auteure jouait la carte de la proximité cassant au passage quelques lieux communs sur cette femme bien loin de la personne froide et rigide que voulaient nous montrer les images d'Epinal. Ce roman d'une vie naviguait entre futilité et importance historique suivant sans doute la provenance et la véracité des documents retrouvés. On sait par exemple que la marquise brûla une grande partie de sa correspondance (celle avec le roi plus particulièrement) et que la plupart des faits racontés ont été rapportés par des tiers. le génie de Françoise Chandernagor fut d'arriver à nous faire croire même dans les moments qu'elle avait inventé que tout sortait du cerveau fatigué d'une femme qui de son propre aveu avait vu trop de choses et vécu trop longtemps. Consciente du poids politique et historique qu'auraient pu avoir ses souvenirs, madame De Maintenon emportait ses vérités dans sa tombe laissant à des écrivains comme Françoise Chandernagor la possibilité de deviner en recoupant des témoignages extérieurs et les quelques courriers personnels pas encore détruits ce qu'elle aurait pu dire de sa vie... une bien belle digression en tous cas
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Grand classique du roman historique, « L'allée du Roi » est une biographie romancée de l'histoire personnelle de Mme de Maintenon. Publié en 1981, cet ouvrage de Françoise Chandernagor vous plonge au coeur de la Cour du Roi Soleil : faste, plaisirs, coutumes, traits d'esprit, indiscrétions, rivalités, jeux, misères, complots, drames et guerres se succèdent au fil des pages et des années. L'auteure a pris le parti d'entrer dans la peau de Mme de Maintenon, l'une des femmes les plus célèbres du XVIIe siècle. Courageuse, persévérante et dotée d'un incroyable instinct de survie politique, cette femme qui sut ravir le coeur de Louis XIV, imposer sa présence et son style si particulier à la Cour, prend donc sa plume et raconte, au soir de sa vie, ce que fut son existence pendant quarante ans, avant d'être Reine de France, puis aux côtés du Roi. Au moment où elle écrit, Mme de Maintenon, Reine de France, a 77 ans. Elle se raconte avec sensibilité et beaucoup de naturel, écrivant ses mémoires dans le style littéraire ampoulé de l'époque, ce qui accentue l'authenticité du récit. Avec « L'allée du Roi », Françoise Chandernagor vous fait également entrer dans le contexte politique, religieux et social de l'époque. L'ouvrage est dense (631 pages) et sa lecture reste agréable, malgré quelques longueurs, car ce texte -qui est le résultat d'un incroyable travail de recherche - nous fait partager l'intimité d'une Mme de Maintenon bien vivante, évoluant dans un cadre historique fidèlement restitué.

Jugez-en plutôt ! Les moniales glissaient dans les couloirs du couvent avec leurs longues robes d'étamine (page 18). Les bonnes soeurs préféraient les gredines qui payaient bien aux belles âmes qu'il fallait sauver gratis (page 70). Épuisé de misères et de pillages, le peuple vivait de racines et se livrait parfois à ces actes d'anthropophagie (page 91). Un habitant sur deux ne survivait plus que par l'aumône des pains d'avoine (page 22) et de seigle (page 23). La famille ne survivait que par les distributions de « blé du Roi », lesquelles ne se faisaient que certains jours au Louvre (page 180). On trouvait dans le royaume quantité de nobles sans le sou (page 431). Des veuves d'officiers morts pour le Roi restaient sans pistole pour nourrir leurs enfants (page 431). Deux souliers coutaient le prix d'un mouton (page 31). Dans les campagnes, les paysans étaient ruinés par la guerre et l'impôt (page 489) ; le défaut d'instruction des gens était patent, eux qui ne savaient ni A ni B et qui n'entendaient souvent rien à leur catéchisme (page 323). A la Cour du Roi, les jeux de l'enfance abondaient : cligne-musette, colin-maillard, la mouche, les barres, les quilles, les osselets et les jonchets (page 63). Les portraits étaient le genre à la mode (page 101) et pour « tenir salon », il convenait de rassembler des gens d'épée et de robe, aussi bien que des hommes de plume (page 103). Il y avait une certaine distance entre les marquises et les duchesses (page 195) mais le commérage faisait l'essentiel des conversations (page 302). Lors des fêtes galantes, souvent assorties de loteries (page 464), les courtisanes avançaient le visage masqué de velours noir pour éviter le hâle et pour ne pas être reconnues (page 109). Il se faisait un usage immodéré des liqueurs, même chez les duchesses de quinze ans (page 385). Un regard, un mot du Roi, un sourire fournissaient la conversation pour la semaine, voire le mois (page 264). le Roi avait une vive passion pour la musique et jouait de la guitare comme un maitre (page 275). le protocole du Roi s'imposait à toutes et à tous (page 288). Une dame de qualité se devait d'avoir un directeur (de conscience) et un cocher (page 214). Les bâtiments de certains châteaux étaient une véritable horreur (page 265). En fait de déplacements en carrosse, la poussière dévorait tout ce qui se trouvait à l'intérieur (page 252). Il y avait des poursuites contre les faux nobles (page 205) et l'homosexualité était punie du bucher (page 128). Dans l'appartement de la Reine, l'odeur de l'ail le disputait au parfum du chocolat (page 318). Manger des petits pois, voilà quelque chose qui fut à la mode (page 530). Mme de Montespan buvait des pintes de vinaigre pour se faire maigrir (page 300) : pas dévote, pas bonne, capricieuse, extravagante et débauchée (page 317), elle réclama l'absolution, ce que lui refusa l'Église (page 322). le Roi finit par règlementer la vente des poisons (page 394) et entreprit des persécutions contre les huguenots, les obligeant à se convertir par milliers (page 400). le Roi avait fondé une Caisse des Conversions qui donnait de l'argent à chaque nouveau converti (page 447). En 1708, la glace prit les fleuves et la mer, puis se fut la disette : le pain vint cruellement à manquer (page 569). le Roi Soleil portait (pourtant) un habit d'étoffe or et noir, brodé de douze millions cinq cent mille livres de diamants. Joli contraste, ne trouvez-vous pas ?

Mais l'ouvrage donne également l'occasion d'entrer dans la personnalité de Mme de Maintenon. Elle a grandi dans la ferme de Mursay, parlant le poitevin, sa langue maternelle (page 27). Sa mère avait un esprit solide, une obstination surprenante et un courage peu commun (page 36). Mme de Maintenon affectionnait l'écriture et adorait les enfants qui venaient la voir, comme une souris grise qui aurait pénétré dans sa chambre (page 18). Elle regrettait que son père ait condamné sa mère à la ruine et qu'elle ait du se mettre à l'aumône dans un couvent (page 39). Sa tante était une sainte fée : elle retrouvait en elle le gout de vivre et la force d'aimer (page 63). A seize ans, Mme de Maintenon avait déjà le souci de sa gloire et de sa réputation (page 83). Elle était fière d'être demoiselle (page 38). Elle recevait trois ou quatre fois la semaine le petit abbé de Boisrobert (lequel venait avec un ou deux petits laquais qui le servaient en tout et lui servaient de tout !). Triste et farouche dans la solitude, elle devenait enjouée et bavarde dès qu'elle était en compagnie (page 101). Ses oeillades et ses charmes faisaient dans le Marais plus de blessés que toutes les campagnes de Flandre (page 110). Elle était une aguicheuse et fière de l'être (page 120) mais ce n'était que coquetterie sans suites (page 128). Être aimée du monde lui était devenu une seconde nature (page 141) mais elle voulait également de l'honneur et de la gloire (page 142). Les images pieuses et les reliques étaient à ses yeux un reste de calvinisme propre à séduire les païens (page 168). La politique n'était pas son fort (page 451) parce qu'elle ne goutait pas ce qui était périlleux (page 186), et parce qu'elle avait avant tout un fort besoin d'être aimée et louangée (page 208). A la Cour, elle comprit que le secret de la conversation c'était de paraitre écouter l'autre avec plaisir, les gens étant unis par une longue complicité d'habitudes et de services rendus (page 380). Vers la fin de sa vie, devenue bigote, Mme de Maintenon, la Reine, voit son existence personnelle mise en danger à cause d'une sombre affaire de « quiétisme » : heureusement, le Roi intervient et le quiétisme est balayé (page 513). Vieillissant, le Roi n'est plus à ses yeux qu'un tyran (page 593) et elle rame pour amuser un homme envers lequel elle n'éprouve plus que du désamour. le Roi s'éteint et meurt. Mme de Maintenon s'efface et entre dans l'Histoire.

Au final, un magnifique travail d'historienne et un vrai tour de force littéraire ! le lecteur y trouvera son compte : il s'instruira sur la vie de Mme de Maintenon comme sur le contexte dans lequel elle évoluait et il pourra apprécier les qualités d'écriture de l'auteure. Françoise Chandernagor a fait un superbe travail d'enquêteur ; elle a fait un travail complet sur les faits, cherché à connaitre et à nous faire partager « le dessous des cartes » ; elle a comblé les « blancs » de l'Histoire en les reconstituant avec le souci d'une certaine objectivité et elle a fait l'effort d'écrire dans le style « Grand Siècle », accentuant ainsi l'authenticité du récit.
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Inutile aujourd'hui de présenter « L'allée du roi » tant l'ouvrage de Françoise Chandernagor s'est imposé depuis quelques années parmi les romans historiques comme un véritable classique du genre. L'auteur nous propose une plongée au coeur de la cour du roi soleil, son faste, ses plaisirs, ses jeux et ses drames, le tout à travers le parcours de l'une des femmes les plus célèbres du XVIIe siècle, Mme de Maintenon. de sa présentation à la cour, à son rôle auprès des enfants du roi, en passant par la passion grandissante entre la jeune femme et le souverain, son mariage secret avec celui-ci, son influence à la cour..., F. Chandernagor nous raconte par le menu ce que fut la vie de cette femme qui sut ravir le coeur de Louis XIV et imposer sa présence et un style très particulier à la cour.

Outre ce parcours atypique et fascinant, ce roman est l'occasion pour le lecteur de découvrir un aperçu de la vie de la cour française du XVIIe siècle et du contexte politique et religieux de l'époque. L'ouvrage fourmille ainsi d'informations et de détails sans que la lecture ne soit pour autant rébarbative ou indigeste (et ce malgré un nombre de pages plus que conséquent). Un mot enfin sur le personnage de Mme de Maintenon qui, à défaut d'être véritablement attachante en raison de son austérité et sa trop grande piété, n'en suscite pas moins l'intérêt, voire parfois l'admiration, du lecteur. Un excellent roman donc, et surtout un magnifique portrait de femme. A noter que cette oeuvre a fait l'objet d'une adaptation télévisuelle en 1995 avec Dominique Blanc dans le rôle titre.
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Dévoré en quelques jours, cette « Allée du Roi » a été pour moi un pur enchantement pour plusieurs raisons tout si excellentes les unes que les autres que je ne sais comment les hiérarchiser :

Destin incroyable que celui de cette dernière épouse secrète de Louis XIV, un secret dont elle a tenu le rang pendant trente ans - 30 ans ! - malgré les lourdes contraintes imposées par le roi à ce rôle. Chapeau Madame ! On découvre en effet dans le livre que toute Madame de Maintenon qu'elle était, elle n'a pas joui des libertés extravagantes de Madame de Montespan qui l'a précédé dans les faveurs du roi, et que, si elle a bien exercé un pouvoir dans ses années de règne, le plaisir et la liberté n'y ont pas eu de place.

Personnalité hors du commun, issue d'un milieu de presque rien jusqu'aux ors du palais de Versailles et la faveur du Roi, grâce, en plus d'un jolis minois dans ses jeunes années, à un esprit aussi vif que maîtrisé, une volonté inextinguible de plaire mais aussi un corpus de valeurs d'une solidité à toute épreuve qui ne la fera jamais dévier (du moins telle que Françoise Chandernagor a choisi de la présenter) de sa religiosité et son penchant à soutenir l'éducation d'enfants qu'elle-même n'aura jamais.

Bonheur de lecture d'une langue magnifique reconstituée dans le jus de l'époque avec un talent époustouflant par l'auteur, toute en austérité de ton mêlée aux plaisirs séculiers virevoltant de luxure et d'appétits de pouvoirs des courtisans qui la côtoieront toute sa vie et dont elle fut aussi, tout en mesure, calcul et appétence mêlés.

Plongée dans un siècle ancien, rayonnant depuis le haut de mille chandelles et souffrant de mille douleurs depuis le bas, un siècle moins ancien qu'il n'y parait au vu des moeurs et coutumes de ses strates dominantes et de sa structure économique et sociale auxquels nos sociétés se remettent à ressembler fortement.

Dernières pages magnifiques sur la fin sépulcrale du roi et sur celle de cette femme morte dans le secret à près de quatre vingt ans, qui valent à elles seules de lire en entier ce formidable roman historique, passionnant de bout en bout!
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« Francine, Bignette, "la belle Indienne", Madame Scarron, Lyriane, la marquise De Maintenon, l'épouse du Roi... J'ai porté bien des noms en ce monde et revêtu bien des visages ; je suis une multitude, je suis une femme qui a vécu quatre-vingt-quatre années. Dieu jugera si, dans sa diversité, cette femme-là fut vraie. »

Est-ce grâce à leur prénom commun que Françoise Chandernagor s'est glissée avec autant de naturel dans la peau de Madame de Maintenon pour écrire ces brillantes mémoires, dans le style de l'époque ? Fondée sur un incroyable travail de recherche, cette remarquable biographie romancée, publiée en 1981, a depuis été rendue célèbre par son adaptation télévisée avec Dominique Blanc.

Ce qui est frappant dans l'ascension de Françoise d'Aubigné, née en 1635 dans une prison de Niort, c'est qu'elle semble s'être déroulée presque malgré elle. Quand d'autres intriguaient à tout va, elle qui connut la pauvreté dans son enfance resta fidèle à ses convictions, conservant piété et modestie, ainsi qu'une bonté d'âme qui lui permit de s'ouvrir aux milieux les plus divers.

Ainsi parvint-telle à s'accommoder de bien des situations, même les plus pénibles, comme son terrible mariage, à seize ans, avec le vieux Scarron, poète infirme. Pendant cette union qui dura huit ans, elle reçut dans son salon les esprits les plus influents de son temps et se fit remarquer pour son charme et son intelligence, ce qui la lança dans le monde. Au fil de diverses rencontres, elle se lia avec la marquise de Montespan, jusqu'à devenir la gouvernante des bâtards royaux. Son dévouement envers les enfants la rapprocha du roi, lui si extravagant et séducteur, elle si raisonnable et dévote. Leurs entretiens quotidiens se transformèrent en un attachement sincère et durable, si bien qu'il l'épousa en secret en 1683, peu après la mort de la reine Marie-Thérèse.
Après plus de trente ans dans les fastes de Versailles - qu'à l'entendre, elle goûta bien peu - le décès de Louis XIV, en 1715, lui permit de se retirer définitivement auprès de "ses" petites filles, dans l'institution de Saint Cyr qu'elle avait créée pour leur éducation.

Ce portrait de Madame de Maintenon est si précis, si vivant, que je serais à peine surprise de la croiser, un dimanche, au détour d'une allée des jardins de Versailles... Cette fameuse Allée du Roi, aussi fréquentée de nos jours qu'au temps de sa splendeur, par une foule encore plus bigarrée que celle des courtisans.
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Citations et extraits (222) Voir plus Ajouter une citation
page 265
[...] Je ne rencontrais point non plus de divertissement à mon ennui dans le charme des lieux : j'avais le château de Saint-Germain en horreur. Non point les entours et l'emplacement, qui offrent des merveilles à la vue, mais les bâtiments me déplaisaient. L'architecture en est sans grâce, la brique de médiocre apparence, la cour du château-vieux parfaitement laide, et les intérieurs des deux palais les plus incommodes du monde.
Les fêtes brillantes qu'on y donnait sans cesse pour amuser le courtisan, les bals, les opéras, les feux d'artifice, les comédies ne pouvaient masquer ce que l'endroit avait de dégoutant, une fois les lumières éteintes : on ne pénétrait dans la grande cours qu'en défilant entre les échoppes et les éventaires où les "officiers du serdeau" vendaient à leur profit les restes de "la Bouche du Roi"; pour parvenir aux magnifiques appartements d'apparat du monarque et des princes, il fallait d'abord fendre la foule des courtisans démunis et du menu peuple qui se pressaient autour de ces baraques branlantes, affronter les odeurs de graillon, et piétiner allègrement os de poulets, reliefs d'ortolans, et quignons de pain; cela fait, on avait le plaisir de monter encore quelque sombre escalier bien puant du soulagement qu'y prenaient les chiens et les gentilshommes, de traverser des paliers couverts d'ordures et des antichambres où régnait le "parfum" lourd des garde-robes et des privés. [...] Si l'on avait ensuite le bonheur d'échapper aux coupe-bourses et aux tire-laine, qui patrouillaient en liberté dans les salons, et qu'on n'avait laissé dans l'aventure ni les perles de son collier ni les franges et les dentelles de sa robe, on pouvait espérer de se retirer enfin dans un appartement, qui n'était d'ordinaire que d'une seule chambre, sans air, sans vue, et sans feu.
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page 100
[...] La galerie serait incomplète, enfin, sans les portraits de Potel-Romain et de Raincy, qui pensaient sacrifier aux plaisirs de l'élégance et de la beauté. Potel-Romain était un poètereau noir et gros, la bouche enfoncée et les yeux de travers; il venait, lorsque je le connus, de quitter la perruque et, n'ayant point trop de cheveux de son cru, croyant élégant d'y mêler trois ou quatre moustaches postiches de chaque côté afin de s'étoffer; avec cela, tout hérissé de galants rouges, jaunes et bleus, la rhingrave trop courte, et le genou cagneux enserré dans deux rotondes de dentelles dont le tour aurait passé celui de la Table Ronde. Quant à Raincy, c'était un muguet issu de la finance, qui ruisselait d'écus et de parfums, d'or et de pierreries. Il avait toujours sur lui tant de brocarts et de rubans qu'on eût dit d'une châsse à la Fête-Dieu. Il est vrai qu'il était assez fou pour donner parfois dans un genre plus dépouillé : certaines nuits, il se glissait nu sous un drap; il allait, ainsi vêtu, aux abords de la Place Royale, et dévoilait aux dames attardées l'excès de ses appâts, pour leur faire peur ou pour leur faire envie. [...]
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Le Roi hésita un moment sur la déclaration de ce mariage. Je vis bien qu'il la craignait ; cependant, il me l'offrit. Je lui représentai alors qu'il ne fallait pas qu'il fît pour moi une chose si au-dessus de moi, et qu'il ne faisait que trop déjà en m'épousant ; qu'enfin, il valait mieux, de tout point, garder ce mariage secret. Il se rendit fort aisément à mes raisons.
Il m'avait fallu paraître mariée avec Monsieur Scarron quand je ne l'étais guère ; maintenant que je serais bien mariée, il me faudrait jouer les veuves. C'était mon sort apparemment que de ne pouvoir être mariée à la façon commune.
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- Et si vous étiez malade pour de bon, il faudrait bien pourtant changer quelque chose à l'étiquette...
- Point, Madame. Les rois ne sont pas malades. Ils meurent, c'est tout.
- Oh, Sire, ne pourriez-vous parfois être moins roi ?
- Il me semble, Madame, que, par moments, avec vous... mais aujourd'hui, vous ne voulez plus...
- Laissez-moi vous assurer, lui dis-je en souriant, que, de toutes les façons, vous ne faisiez pas moins le roi dans ces moments-là que dans les autres.
( Madame de Maintenon et Louis XIV)
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Ainsi, je n'avais jamais été maîtresse d'arranger mes appartements à ma mode : je vivais depuis trente ans dans des meubles rouges et verts quand je n'ai de goût que pour le bleu ; en été, je dormais dans la pleine lumière, mes fenêtres n'ayant ni volets, ni châssis, ni contrevents, car la symétrie en eût été choquée ; et en hiver, je grelottais de froid car il fallait tenir les croisées ouvertes par horreur de la fumée des feux.
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Vidéo de Françoise Chandernagor
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Martine Broda 0:32 - Sylvie Fabre G 1:57 - Maximine Lagier-Durand 2:33 - Amina Saïd 3:53 - Béatrice Bonhomme 4:17 - Hélène Dorion 5:15 - Alicia Gallienne
6:50 - Générique
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Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. La poésie à plusieurs voix, rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui, sous la direction de Serge Martin, Paris, Armand Colin, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016. Alicia Gallienne, L'autre moitié du songe m'appartient, Paris, Gallimard, 2019.
Images d'illustration : Martine Broda : https://www.babelio.com/auteur/Martine-Broda/183879 Sylvie Fabre G : https://www.editionsunes.fr/catalogue/sylvie-fabre-g/ Maximine Lagier-Durand : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2011/04/Maximine.jpg Amina Saïd : https://fr.wikipedia.org/wiki/Amina_Saïd#/media/Fichier:Amina-Saïd_Hazam_(21e_Maghreb_des_Livres,_Paris,_7_et_8_février_2015).jpg Béatrice Bonhomme : https://www.southeastreview.org/single-post/poetry-by-béatrice-bonhomme-translated-by-emelie-griffin Hélène Dorion : https://www.lesoleil.com/2020/10/15/entretien-public-avec-helene-dorion-pour-donner-vie-aux-mots-4119980a99b2ea22baac03f17396a0e7 Alicia Gallienne : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/01/31/alicia-gallienne-etoile-filante-de-la-poesie_6027964_
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