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Citations de Gabrielle Roy (233)


Elle, silencieuse, songeait que la pauvreté est comme un mal qu'on endort en soi et qui ne donne pas trop de douleur, à condition de ne pas trop bouger. On s'y habitue, on finit par ne plus y prendre garde tant qu'on reste avec elle tapie dans l'obscurité; mais qu'on s'avise de la sortir au grand jour, et on s'effraie d'elle, on la voit enfin, si sordide qu'on hésite à l'exposer au soleil.
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-Il y a une grande différence entre nous deux; toi, tu crois que c'est les soldats qui changent le monde, qui mènent le monde; et moi, bien moi, je crois que c'est les gars qui restent en arrière et qui font de l'argent avec la guerre.
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À la douleur d’avoir perdu ma mère se mêlait, se mêlerait à jamais celle de m’être fait dérober le bonheur que j’aurais eu de lui en apporter une part avant qu’elle ne m’eût quittée.
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Gabrielle Roy
Elle éprouvait, je le sais maintenant, une faim dévorante d'être aimée, comprise, acceptée, et elle faisait tout pour rebuter l'affection. A propos d'êtres comme elle, je me suis souvent demandé si c'est le manque d'amour dans leur vie qui les a rendus incapables d'allers vers les autres, ou si c'est l'incapacité d'aller vers les autres qui a éloigné d'eux l'amour.
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Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes sans les arts?
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S'il est quelque chose du temps perdu que je voudrais retrouver, c'est bien l'immensité du ciel et aussi, peut-être, à l'heure où le soleil descend, certaine petite route droite du Manitoba, qui partage des champs de blé comme sans limite... Mais ce que je voudrais le plus retrouver de ce temps, c'est avant tout un sentiment d'exaltation, ce mouvement de l'âme par lequel, un instant, elle semble s'accorder à l'infini.
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Souvent, le souvenir de Ruby rôde autour de moi comme l'ombre d'un grand oiseau, aux sombres ailes déployées, qui place sur une vallée aride.
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Au loin, dans l’immense solitude uniforme, apparaissaient un cheval tout suant et, sur le siège d’un traîneau, une grosse boule de fourrure d’où émergeaient de tristes moustaches jaunes, le brouillard d’une haleine et, maintenu dans l’air, un fouet qui se balançait.
C’était le facteur.
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Quinze ans plus tôt , il était arrivé tout fin seul dans ce pays, et il avait pu croire qu'il y vivrait en paix. Personne ne savait écrire et lire dans ces bons temps , et personne n'en souffrait. Le progrès, la civilisation, comme ils appelaient les embêtements, avaient tout de même commencé à les rattraper, petit à petit dans le Nord. D'abord les gens s'étaient fourré dans la tête de recevoir des lettres, des catalogues de magasins. Les catalogues de magasin , voilà à peu près ce qu'il y avait de plus bête au monde! C'était encombrant. Ça vous bourrait un sac en un rien de temps, et pourquoi, je vous le demande ! Rien que pour vous démontrer que vous auriez maintenant besoin d'un tas de choses dont vous vous étiez parfaitement passé...
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Presque tous les humains, au fond, sont nos amis, pourvu qu'on leur laisse la chance, qu'on se remette entre leurs mains et qu'on leur laisse voir le moindre signe d'amitié.
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Mais les journées étaient longues. D'écrire à tous les coins du pays n'usait pas entièrement les jours d'hiver. La neige s'abattait sur la vitre en flocons humides que retenaient les cadres de bois noir et, peu à peu, de cet appui, la neige montait et bouchait presque tout le carreau. On voyait le dehors à travers un petit morceau de vitre tout juste grand comme l'œil qui s'y appliquait. La poignée de la porte, en métal, était givrée, plus froide aux doigts qu'un glaçon.
Pour passer le temps, un bon jour, Luzina prit la petite « surprise » par la main. Elle la conduisit au pupitre de Joséphine. Encore forte et grasse, Luzina parvint tout juste à s'asseoir au coin du petit banc. Les vents hurlaient. Tout près de la petite fille, Luzina entreprit de lui montrer ses lettres. « C'est A, dit Luzina. A comme ton frère Amable, A comme la petite Armelle. »
En peu d'années, en deux ou trois ans peut-être, l'élève eut une meilleure main pour ainsi dire que la maîtresse. Du moins, ainsi en jugea Luzina. Le contenu des lettres, tout ce qu'il ne fallait pas oublier de rappeler au sujet de la santé, de la bonne conduite, du cœur, Luzina s'en chargeait encore. Mais pour ce qui serait visible à la poste, au facteur, à cet intermédiaire entre elle-même et l'amour-propre des enfants qui ne devait pas souffrir, Luzina fit appel à Claire-Armelle.
Dès lors, les lettres qui partaient de la Petite Poule d'Eau étaient écrites selon la pente coutumière, mais l'enveloppe portait une autre écriture. C'était une écriture extrêmement appliquée, d'une enfantine rigueur. En examinant l'enveloppe de près, Edmond et Joséphine pouvaient voir, point toujours effacées, les lignes tracées au crayon par Luzina pour aider la petite fille à écrire bien droit.
Et les enfants instruits de Luzina avaient un instant le cœur serré, comme si leur enfance là-bas, dans l'île de la Petite Poule d'Eau, leur eût reproché leur élévation.
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Alors arriva Georges, un petit bonhomme silencieux, sans expression, amené par une mère distante qui me donna les détails nécessaires sur un ton impersonnel et partit sans avoir même souri à son enfant assis à son pupitre.
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Tôt, ce matin-là, me parvinrent des cris d'enfant que les hauts plafonds et les murs résonnants amplifiaient. J'allai sur le seuil de ma classe. Du fond du corridor s'en venait à l'allure d'un navire une forte femme traînant par la main un petit garçon hurlant. Tout minuscule auprès d'elle, il parvenait néanmoins par moments à s'arc-bouter et, en tirant de toutes ses forces, à freiner un peu leur avance. Elle, alors, l'empoignait plus solidement, le soulevait de terre et l'emportait un bon coup encore. Et elle riait de le voir malgré tout si difficile à manœuvrer. Ils arrivèrent à l'entrée de ma classe où je les attendais et m'efforçant d'avoir l'air sereine.
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D’où vient que l’on a tant de peine à
voir transparaître l’homme dans un visage d’enfant alors que
c’est la plus belle chose du monde que de voir revenir l’enfant
chez l’homme?
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Pourquoi riions-nous? De nous découvrir si bien,
ensemble, je suppose, unis dans la rare et merveilleuse
entente survenant entre deux êtres qui fait qu’ils n’ont
plus besoin de mots ou de gestes pour se rejoindre; alors
ils rient, sans doute de délivrance.
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Le désir de pénétrer l'âme du peuple, il l'avait toujours éprouvé, mais jamais avec une telle intensité, comme si en allant vers le peuple, en restant avec lui, il continuait sa recherche de Florentine, une recherche qui le mènerait a une plus grande compréhension de la jeune fille qui détruirait entre eux tous les obstacles. Oh, trouver une voix, entendre une voix ce soir, n'importe laquelle, mais qui lui parlât le langage de Florentine, le langage du peuple!

Et soudain, il pensa à ses compagnons de la rue Saint-Ambroise, à ceux qui se rassemblaient chez la mère Philibert. Toute une série de visages marqués par la déception, marqué par la rudesse de la vie, surgissant à ses yeux. Se pouvait-il qu'il les eût si complètement oubliés, ces amis-là, les premiers, ceux que dans son enfance il avait rencontrés tout grelottants de misère, ceux qui s'étaient dressés comme autant de reproches vivants entre lui et une certaine aisance, une certaine mollesses dont il aurait pu jouir ? (...) Brusquement, il tourna sur lui-même et se dirigea vers la rue Saint-Ambroise.
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Longtemps il m’avait semblé que les rails ne me chanteraient jamais autre chose que le bonheur.
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Un long coup de sifflet du train retentit comme jusqu’au plus profond de ma vie.
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Là où nous avons été heureux, nous ferions tout pour y retourner, serait-ce au prix des derniers battements de notre coeur.
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Car la peine que j'éprouvais provenait surtout de ce que je n'apercevais nulle part de réparation possible. Telle que la mort nous séparait, je resterais envers mon père. Il n'y aurait jamais rien à ajouter, à retrancher, à corriger, à effacer.

Et j'aurais tellement voulu ajouter au moins une visite à l'hôpital. "Une petite visité" me disais-je en supplication, comme s'il était encore possible qu'elle eût lieu, comme si je pouvais en faire surgir le miracle de l'occasion manquée.

Ou bien je reprochais à mon père de ne pas m'avoir attendue, de ne pas m'avoir accordé un peu de temps encore, pour lui arriver avec mon brevet d'institutrice. Et je rêvais en pleurant de ce bonheur que nous aurions pu avoir du diplôme obtenu.

A la fin, je ne trouvai pour m'apaiser que le souvenir de cette promenade en brouette, mon vieux père tenant hauts les brancards et moi, du fond de la caisse, levant vers lui un visage qui, je le crois bien, devait sourire.
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