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Critiques de Georges-Jean Arnaud (263)
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La mort noire

Le village de Burach dans les Pyrénées ne compte plus que deux habitants, le narrateur Simon Lerouge, un ancien étudiant en médecine réfractaire au STO venu se réfugier chez sa tante durant la guerre et un nain superstitieux prénommé Collin. En 1971, ces deux hommes vivent au milieu de maisons vides, au rythme des saisons, se contentant des plaisirs simples de la vie. Pourtant tous les deux partagent un secret qu'ils ne peuvent révéler à quiconque de peur de finir à l'asile. Car Burach n'est pas qu'un simple village. Comme Tywardreath dans La maison sur le rivage de Daphné du Maurier, ou l'île de Wight dans Apparition de Masterton, la commune a connu d'étranges phénomènes, témoin involontaire de drames et de passions qui ont eu lieu six siècles auparavant.

Bruits mystérieux, apparitions, rencontres… tout a commencé le 25 novembre 1943, lorsque le boulanger Couderc a rencontré une femme vêtue d'étrange manière, qu'il a prise pour une réfugiée. Dans un français archaïque, elle lui a appris qu'elle cherchait du pain, car son village, en proie à la mort noire, était isolé du reste du monde par les soldats du seigneur. Peu à peu, des gens affamés sortis d'un autre temps sont venus réclamer pitance. Puis est passée une charrette qui ramassait des morts. Des cadavres de rats se sont mis à pourrir dans les rues du village. Des loups affamés ont commencé à rôder. La crainte a gagné les villageois, « Vous comprenez, avec tous ces étrangers…. Ces Allemands, ces Espagnols dans le maquis. On a eu peur." Lorsque des habitants se sont mis à mourir les uns après les autres, la peur est devenue terreur.



G.J Arnaud nous offre en 1973 un très joli roman fantastique, une variation efficace sur la distorsion du temps, l'oscillation entre deux époques, le Moyen-Âge de l'an 1335 et la France de 1943 et de 1971. A chaque période sa peste, la peste noire qui ravage les campagnes, et la peste brune symbolisée par les troupes d'occupation qui ratissent les villages et les bois à la recherche de réfractaires au S.T.O. et de maquisards. Les loups des forêts médiévales rôdent comme ceux qui sont entrés dans Paris en 1940.

Trois dates, trois périodes, rythment ce court roman onirique, dont le fil conducteur est le thème de l'impossible retour. G.J. Arnaud sait donner à chaque époque sa teinte particulière, violence, paillardise,superstition pour le XIVème siècle, rationalité, méfiance et pudeur pour la France occupée. Simon et Collin durement frappés par un voyage dans le temps aussi soudain que sanglant partagent avec leur solitude, l'insupportable manque, pour le premier de la femme aimée et pour le second, de son époque.

La mort noire est une totale réussite qui a le charme des amours impossibles et vous laisse plongé dans une douce mélancolie
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Tel un fantôme

Prenez garde à la vengeance de la femme trompée…. Olga Pradier a une vie de merde. Mariée à Louis, un homme d'affaires qui la trompe à tout va sans même s'en cacher, elle mène une existence routinière à Montmorency. Au lieu d'accepter le divorce, elle mitonne une vengeance aux petits oignons: faire croire à sa mort, laisser de fausses pistes pour faire accuser l'infidèle, et mettre les voiles après un passage par la case chirurgie esthétique.

Mais voilà. Olga, devenue Edith, jolie blonde active et indépendante, ne trouve pas le bonheur. Olga se rappelle régulièrement à son bon souvenir, et elle doit cohabiter avec ses deux personnalités.

Les années passant, Edith/Olga décide de revenir sur les lieux du crime, car son mari a été condamné pour un meurtre sans cadavre…Est-ce une bonne idée?



Comme toujours, Georges-Jean Arnaud, l'Artisan du Polar, réussit son pari, celui de nous offrir un roman avec une intrigue digne d'intérêt qui nous rappelle une vieille série américaine, La Vengeance aux deux visages, dans laquelle la femme trompée et falote devenait séduisante grâce au bistouri magique et ce après s'être faite attaquer par un énorme crocodile, excusez du peu.

Tel un fantôme est un ouvrage concis, sans fioriture, bien construit, bien écrit, Arnaud ayant le gout du travail bien fait. Prenez en de la graine, les auteurs de romans avec des tueurs en série dedans qui étripent pendant 500 pages. La sobriété, c'est bien.
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L'enfer du décor

Le rural noir à la française ne date visiblement pas d'hier puisqu'il a eu les honneurs de Georges-Jean Arnaud en 1977. Et de la noirceur il y en a car derrière le décor bucolique, c'est plutôt l'enfer.

La campagne, Dame Nature, un village chaleureux, Lucie Maurin en rêvait du haut de sa tour H.L.M. et n'aspirait qu'à une chose, fixer la ligne bleue des Vosges au lieu d'apercevoir matin et soir les barres d'immeubles. Avec son mari et ses deux enfants, elle s'est enfin installée dans le hameau de Bernoud. Elle n'y ménage pas sa peine, élève des chèvres, cultive son potager, cuit son pain, rêvant d'autarcie et d'écologie. Son mari quant à lui se contente de renouer des liens avec les habitants du hameau où il a passé son enfance jusqu'à la mort de sa tante. Ce sont d'abord les enfants qui tirent la sonnette d'alarme sur les jeux de leurs camarades, sur des rumeurs d'attouchements, mais Lucie n'entend pas tant elle est absorbée par son quotidien. Puis, le mari falot commence à devenir agressif… L'univers champêtre de Lucie se fissure sous le poids insidieux d'un voisinage malsain. Lorsque le doute est semé, Lucie qui se heurte à son mari décide de chercher des réponses loin de Bernoud, ouvre la boite de Pandore. Adieu, veau, vache, cochon, couvée. L'envers du décor apparaît dans toute sa noirceur. Dans le village, le comportement grégaire emporte tout sur son passage et explique bien des phénomènes, qui vont sonner le glas du Mythe du retour à la terre avec perte et fracas.

Georges-Jean Arnaud dresse un beau portrait de femme combative jetée à son corps défendant dans la toile d'araignée que l'auteur tisse avec patience. L'intrigue est solide, l'ambiance pernicieuse, jusqu'au dénouement qui finit d'achever le lecteur. L'enfer du décor, cette petite mécanique noire bien huilée, vous fera regretter les centre-villes.
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Noël au chaud

J'ai toujours aimé les vieilles dames indignes.



Et Raymonde, l'héroïne de ce roman de Georges-Jean Arnaud, en est un exemple parfait.



Sorte de mélange entre Tatie Danielle et Mamie Nova, Raymonde n'est pas une gentille vieille dame. Elle a même plutôt tendance à être plutôt dangereuse.



Vivant seule depuis la mort de son mari dans une grande maison, la vieille dame commence à jalouser son amie Augusta qui elle, vit chez son fils, entourée des siens et dorlotée par son fils.



La vieille dame va peu à peu ourdir de drôles de plans afin de passer justement le prochain Noël au chaud …



Saluons le travail de l'éditeur sur ses couvertures, je suis un fan absolu du travail de FRENCH PULP EDITIONS qui se remarque sur les étals des librairies. Il rééditent ici un livre paru il ya déjà quelques années en modernisant l'emballage.



J'ai trouvé ce roman divertissant et bien écrit. J'ai souvent pensé à la lecture des méfaits de Raymonde au cinéma de Claude Chabrol qui sait si bien ancrer dans des situations banales et quotidiennes l'horreur d'un fait divers.



Dans un style agréable et qui se lit vite, l'auteur nous amène à détester gentiment cette vieille dame.



Reste une déception pour moi au niveau de la fin du récit qui gâche un peu le plaisir car vraiment trop bâclée à mon goût … On reste un petit peu sur sa faim. Dommage.




Lien : https://labibliothequedejuju..
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La Compagnie des Glaces, tome 12 : Network-..

La compagnie des glaces est un cycle immense .Je pense que si on mettait tous les caractères qui font ce cycle bout à bout, on ferait sans problème ,au moins une fois le tour de la terre!

Sachez ces romans sont un monument immortel de la littérature populaire française. Ces récits ont en général toutes les caractéristiques du haut du panier de ce genre populaire.

Personnellement j'ai vraiment considérablement arpenté ce cycle qui est sur le temps long et qui est constamment réédité. J'ai arrêté d'arpenter cet univers non pas à cause son immensité dans l'espace et le temps, ou de sa longueur ou encore d'une éventuelle évolution qualitative néfaste de ces textes. J'ai arrêté simplement parce que on ne peut pas passer sa vie à lire la Compagnie des glaces, diantre !

Si le cycle se déploie sur terre et un peu en station spatiale , on peut néanmoins le définir comme un incroyable planète opéra tellement notre monde est métamorphosé.

La civilisation se déploie désormais en trains très longs ,voies ferrées ,stations, qui se déplacent toutes intégralement sur une banquise haute (et donc profonde) de plusieurs kilomètres .Il y sur la terre très peu de mers libres ou de terres libres.

Le blizzard et les congères sont partout et le monde survit sur la base d'une géniale inventivité et aux prix d'efforts incroyables. Une des clefs de l'univers est l'exploitation de tout (vraiment de tout) ce qui est enterré sous la glace.

Dans ce monde il y a aussi les Roux , des humains adaptés au froid qui vivent sur la banquise en société hors technologies industrielles . Dans cet épisode, ils décident partir en masse vers l'arctique pour couler des jours meilleurs (au froid sourire) .

Ce tome est agréable parce qu'il est mouvementé et parce que les caractéristiques de l'univers y sont presque toutes , bien ancrées

Il est donc un récit idéal pour découvrir ce monde et ses problématiques centrales. La couverture est très évocatrice du monde habité par les personnages crédibles de ce petit récit distrayant et dépaysant.



Un beau planète opéra , perdu sur la banquise Pacifique pleine de surprises et assez loin des réseaux ferrés.

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La compagnie des glaces - Chroniques glacia..

Vraiment , un plaisir de relecture.

Le titre tel quel est un peu à l’ouest mais ce petit roman est pourtant , une sorte de quintessence de la civilisation ferroviaire dans un monde de glace crée par l’auteur. Il fonctionne assez comme un Stand Alone par ailleurs .

Le roman se situe au moment historique où la transeuropéenne émerge comme un véritable état ferroviaire nomade et où cet état sort en partie du giron de la famille fondatrice de cette compagnie .

Le totalitarisme avec des configurations politiques variées et sous la férule des aiguilleurs en particulier. Irrigue intelligemment ce roman , intelligemment car les personnages l'endurent et le gèrent d'une façon absolument crédible et souvent touchante et édifiante .

L'environnement glaciaire est plus que jamais palpable dans ce tome et l'auteur dessine un monde aussi présent et tangible que quasiment inhabitable , de même , c'est avec un certain héroïsme que la civilisation se maintient à un niveau de confort relativement acceptable ( très relativement ) mais avec de faibles effectifs humains. Avec une économie de récupération qui exploite les ressources d'avant l’expansion glaciaire .Des ressources qui gisent sous la glace .Il y a également certaines adaptations technologiques qui ont quelquefois des bases issues d'un lointain passé.

L'horizon en dehors des rails est assez mystérieux car en dehors des wagons et des stations , c'est presque partout une sorte de vide et de nul-part.

Des tempêtes violentes transportent d'immenses congères d'un bout à l'autre des continents et le froid de cet univers est plus froid que les pires températures que peut connaître notre monde actuel.

Les mystères ne manquent pas dans cet univers bordé d'inconnu , mais il y aussi le poids des cultes et des idéologies et les chapes de plombs idéologiques et opaques qui brouillent les mentalités .

En effet , la date de l'évènement qui a fondé l'avènement du froid et causé la grande panique (l'effondrement de la civilisation antérieure) est l'objet du secret et de la désinformation . Cet évènement fondateur est une sorte de leitmotive , lancinant dans tout le cycle ( les cycles en fait (La compagnie des glaces et Les chroniques glaciaires)) et il génère une irrépressible curiosité chez le lecteur et ce d'autant plus qu'il est évoqué par des touches appuyées et fréquentes ,selon un savant dosage très étudié . Dans le but de générer de la curiosité et une sorte d'agréable frustration insistante.

Ce tome a pour cadre environnemental les Alpes où une petite compagnie à la culture très singulière et aux normes religieuses strictes s'accroche aux sommets montagneux de ces hautes montagnes et se repose aussi sur les profondes vallées montagneuses comblées par l'inlandsis .

Je vous laisse imaginer ce réseau ferroviaire fantasque composé souvent de rails à voie unique , de treuils et autres systèmes de levage pour des draisines souvent petites et autres convois aux faibles tonnage.

Sous la glace suinte ce qui a l’apparence du sang et qui ne gèle pas. C'est un mystère qui inaugure tout un pan de cet univers car en effet certaines adaptations spectaculaires à cet environnement semblent s'être produites .

Cette épisode du sang et son élucidation conduira le lecteur à réfléchir sur certains aspects de la nature humaine et sur les agissement dénués d‘éthique de certaines sociétés comme de certains individus , à certaines périodes de l'histoire.

Cette thématique du sang est contrairement aux apparences absolument rationnelle et elle est abordée selon un angle de quasi hard-science (avec des implications éthiques) car dans ce monde glacé , tout ce qui est d'essence biologique et qui ne gèle pas , est un véritable trésor scientifique , aux applications industrielles potentiellement providentielles .

Une très plaisante plongée dans cet univers de science-fiction post apocalyptique glacial, irrigué par un grand sens du détail et aussi par des personnages crédibles qui vivent intensément leur vie et leur univers.

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Le lait de la violence

Le trust suisse Interlac a décidé d'augmenter ses profits en Amérique latine. Afin de vendre leur lait en poudre et leurs petits pots, les cadres ont organisé un numéro bien rôdé. Une Suissesse et deux péruviennes parcourent l'Altiplano afin d'orchestrer des campagnes de désinformation sur l'allaitement maternel. Mais une autre Suissesse aidée de militants et de prêtres a décidé de les contrer. Elle les précède afin de démontrer aux femmes que le lait maternel est non seulement gratuit mais aussi plus nourrissant. Interlac va passer à l'offensive en envoyant ses barbouzes sur la route vers Cuzco.



Comme souvent, Georges-Jean Arnaud s'est inspiré de l'actualité (le roman date de 1978), des différents scandales provoqués par la promotion de lait en poudre pour bébés et nourrissons (Nestlé, Cow and Gate…) dans les pays pauvres qui entraina le décès de millions d'enfants. Au coût élevé du lait s'ajoutait la difficulté d'appliquer des règles d'hygiène pour nettoyer correctement les biberons, ainsi que la qualité de l'eau souvent polluée.



Nouvelle enquête du Commander Serge Kovask, le Lait de la violence met plutôt en avant sa collaboratrice italienne Mamma . Cet opus édité chez Fleuve Noir Espionnage permet à Arnaud de dénoncer les manoeuvres des multinationales et leurs attaques contre les gouvernements rétifs à leurs politiques économiques. Si on préfère les polars de G.J. Arnaud à ses séries d'espionnage, on apprécie ses coups de griffe et l'ancrage dans les réalités socio-économiques de l'époque.

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Plein la vue

Robert, cadre commercial dans une grosse industrie chimique

ne se fait plus de bile pour sa carrière grâce au Robyl !

Le pesticide qu'il vend aux agriculteurs pour faire

décamper les araignées rouges et autre nuisibles des vignes

se vend maintenant par camion citerne...

Il est infatigable , même en vacances à la campagne avec sa femme Julia

il n'a de cesse d'en faire la publicité.

D'ailleurs la portière de sa voiture porte fièrement le logo de la firme....

Mais depuis quelque temps, changement du décor dans les Corbières

l'eau se trouble, les animaux perdent la vue, les poissons nagent sur le dos,

les rivières deviennent boueuses.

Bah, pas de quoi se gâcher ses vacances

tant que les vignerons du coin continueront à sulfater à gogo du Robyl....

Ce thriller des années 70 n'a pas pris une ride, toujours d'actu.

Arnaud pointe du doigt les grosses industries chimiques qui

empoisonnent l'agriculture avec leurs pesticides

qui agitent la carotte et le bâton à leur personnel pour booster les ventes

et qui font l'autruche quand on leur parle de pollution.

Alors que faut-il faire pour ouvrir les yeux à ces empoisonneurs ?

Les paysans remontés ont bien une petite idée....

leur en mettre plein la vue.

Un Arnaud en pétard, ça pulvérise !





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Bunker parano

Un Georges-Jean Arnaud comme on aime, quand l'auteur met son oeil d'entomologiste au service d'un bon petit polar. Alice Soult est une épave. A trente ans, elle est accro au cognac. Ancienne assistante sociale autrefois séduisante, elle n'est plus qu'une femme bouffie par l'alcool, contrainte de se vendre à des inconnus levés dans des centres commerciaux. Au bout du rouleau, elle accepte la proposition du potentat local Bossi, directeur des services de la municipalité. En échange d'une titularisation, elle va devoir jouer les taupes pour la mairie qui a un problème singulier à gérer sans faire de vague auprès de l'opinion publique. L'urbanisme a un souci à cause de la "Maison biscornue", un édifice de trois étages et de six appartements situé en plein centre ville qu'il faudrait détruire. Mais les propriétaires refusent de vendre. Et un des couples, les Sanchez qui a acquis un appartement en viager, vient de se suicider. L'enquête a révélé qu'il possédait des armes et des réserves alimentaires pour tenir un véritable siège. Alice va devoir diminuer sa consommation d'alcool, se rendre sympathique auprès des locataires, tisser des liens avec eux et voir si une négociation serait envisageable.



Le lecteur se rend vite compte que l'affaire s'annonce délicate. Alice est incapable de se passer de sa dose quotidienne de V.S.O.P, et tout le monde a l'air au courant de ses activités de prostituée occasionnelle. Intelligente, lucide, et désabusée, elle tente de mener à bien sa mission malgré le doute qui commence à s'emparer d'elle. Sans compter que Manuel Mothe, un journaliste au chomâge, mène une enquête sur le suicide des Sanchez et décide lui aussi de se servir d'Alice pour espionner les irréductibles Gaulois qui refusent de quitter la Maison biscornue. Le talent de Georges-Jean Arnaud fonctionne à plein régime dans la description du phalanstère, des familles modestes viscéralement attachées à un édifice qui n'a pourtant rien d'exceptionnel. Le plus dur pour Alice et les services municipaux était de pénétrer dans le bunker aux portes blindées, et aux habitants paranoïaques. Au fil des jours, le plus difficile semble d'en sortir, tant l'atmosphère oppresse cette pauvre Alice. La copropriété nie l'individualité, les voisins possèdent tous un double des clés, un chat apparait et disparait comme par magie, le dépressif de l'immeuble transforme son appartement en dédale et fabrique des sarcophages en papier mâché. Dans les vapeurs de 3 étoiles, Alice fauchée et désespérée tenter de percer le mystère. « On dirait des phagocytes qui dévorent des microbes, des molécules vivantes. Ils sont de la même race, ont la même voracité. »



Le docteur Arnaud est toujours aussi efficace pour poser un diagnostic sur les névroses de ses contemporains, pour décrire la montée en puissance de la paranoïa qui s'auto-alimente et démonter les mécanismes de défense d'une micro-société qui ne tolère aucune intrusion. Soit elle élimine le corps étranger, soit elle l'intègre dans son mode de fonctionnement. Bunker Parano, un polar de 1982 n'a pas pris une ride, notre époque n'étant pas en reste en ce qui concerne les névroses du quotidien.
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Un petit paradis

Lucien et Nathalie gagnent bien leur vie.

Lui est un cadre sup qui voit loin..et qui a l'oeil,

Il a repéré une belle chartreuse près de Melun

dans le hameau de Belle Aurore.

Le luxe à porter de main, piscines, tennis,

Club hippique et des voisins charmants

qui peuvent tenir compagnie à sa femme, maîtresse de maison.

Mais y'a un hic ou plusieurs,

les anciens proprio ne sont plus de ce monde...

et les voisins ont l'air de s'immiscer dans leurs affaires

ce qui fait tiquer Nathalie qui a tendance à devenir parano...

Arnaud l'homme aux 400 romans m'en avais déjà mis plein la vue

avec un polar qui déjà dans les années 1970

pulvérisait les empoisonneurs de la terre et leurs produits chimiques.

Il récidive avec Un petit Paradis, un thriller psychologique

sous haute tension au bord du pétage de plomb..

Je me suis laissé agréablement dérouter par ce roman

qui donne la part belle aux femmes d'intérieur.

Ce petit Paradis, c'est tout près de chez moi !
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Tatouage

Carabanchel, district populaire de Madrid ( connu pour sa prison de sinistre mémoire), dans les années 60.

Des ouvriers grévistes tentent de tenir bon malgré la répression policière, les coupures d'eau potable infligées à la population et le manque de vivres.

Deux hommes traversent le pays, la guardia civil aux trousses avec une sacoche en toile dans laquelle se trouvent plus deux millions de pesetas en devises destinées aux familles des travailleurs en grève. Luis Zarra est un jeune homme, Miguel Padilla un vieux de la vieille, vétéran de la guerre civile, qui connaît les souterrains donnant accès au quartier de Carabanchel, en toute discrétion.

Mais deux millions de pesetas dans un pays de crève-la-faim font saliver les malhonnêtes. Zarra tue Padilla, planque le magot, et se fait passer pour une victime auprès des habitants du quartier.



Dans ce Spécial-Police de 1967, Georges-Jean Arnaud pose de nouveaux ses valises dans la Péninsule ibérique et nous offre un polar ancré dans un lieu quasi clos, un quartier populaire isolé du reste de la capitale par la police, dans lequel les habitants tentent de défendre leurs droits le ventre vide. Dans un dédale de ruelles, de souterrains, d'égouts, de caves, on cherche le corps d'un homme, une sacoche en toile, ou une issue de secours pour sauver sa peau. Arnaud nous révèle le sens du titre énigmatique à la toute fin de ce polar social à déconseiller aux claustrophobes, comme une morale qui viendrait clore une fable. Tatouage lui permet d'égratigner au passage le franquisme, les profiteurs de tout poil, les opportunistes, et nous montre que malgré tout la solidarité, et le désir de justice sociale continuent de pousser au milieu des ruines. « Padilla, c'était quand même un peu nous, c'était l'Espagne telle que nous l'avons voulue autrefois ».



Bref, de la bonne littérature populaire, comme on en fait plus.
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La Dalle aux maudits

La dalle aux Maudits est une fable écologique, une parabole fantastique dont l'enseignement serait "Méfions nous du nucléaire. » Publié en 1974, le roman dénonce les dangers de l'atome en opposant modernité et paganisme.

Dans un village isolé des Pyrénées, à Roquemal, trois hommes veillent sur une grande dalle noire, la Dalle aux Maudits. La famille Ramel appartient à une lignée de gardiens élus. Tous portent une marque de naissance sur le corps et pressentent depuis leur enfance qu'un grave danger plane sur l'humanité dont le salut dépend de leur abnégation. Leur mission est de veiller à ce que rien ne s'échappe de la Dalle. Car un « immense champignon », qui parfois parvient à gagner la surface, une sorte de pieuvre géante immatérielle brûle tout sur son passage. Rien ne survit, ni hommes, ni bêtes, ni arbres.



G.J Arnaud dénonce le péril nucléaire en mettant en avant ceux qui savent et agissent, à l'inverse du reste de la population qui ne voit pas, n'entend pas, ne parle pas. La grande majorité des Elus a choisi de quitter les villages sanctuaires pour céder aux sirènes de la modernité. Même les êtres primitifs qui vivent cachés dans la nature, faunes, nymphes, chèvre-pied et qui eux aussi peuvent agir contre le pouvoir maléfique qui couve sous la Dalle des Maudits ont baissé les bras: « Elles (les nymphes) abandonnent souvent bois et rivières pour mener une vie bourgeoise, mais ne peuvent jamais oublier, et parfois elles refont le chemin en arrière pour retrouver leur liberté, mais aussi, hélas! des bois dévastés, des rivières polluées. Tandis que nos ennemis s'adaptent parfaitement au rythme infernal de la vie. Eux qui aiment l'ordure, la démence, l'air vicié, se trouvent très à l'aise, dans le monde moderne. »

Pas de grande leçon moralisatrice ici, mais plutôt une ode à la vie. La Dalle aux Maudits n'est pas un récit pontifiant, ni naïf d'ailleurs, plutôt un appel à regarder la vérité en face, à retrouver les liens charnels qui unissaient l'homme à la nature, à écouter, à ressentir. C'est d'un paganisme rural dont il s'agit, car les Gardiens croient aux forces invisibles, bienfaisantes et éternelles qui dirigent le monde tel qu'il était autrefois avant que l'homme ne le corrompe.

C'est une nouvelle facette de l'oeuvre de J.G. Arnaud que je découvre. Ne me reste plus qu'à me procurer un de ses romans d'espionnage qui évoque aussi les dangers du nucléaire, La Peste aux mille milliards de dents.
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La troisième moisson

Aventures en Birmanie sans Errol Flynn mais avec Venceslas Korzon, un homme de main polonais, Philip Sadiva, businessman hindou, Kay son épouse britannique, et le mystérieux Manoel Penha, scientifique brésilien mandaté par le F.A.O pour former les paysans birmans à l'optimisation de la riziculture. Tout ce petit monde va se trouver plongé dans une agitation politique sans précédent entre Mergui , ville de la Région de Tanintharyi, connue pour être un haut lieu de contrebande avec la Thaïlande, et Sangup, territoire tenu par les Dacoïts qui livrent de constantes batailles contre les intrus, policiers et militaires.

Dans cette nouvelle incursion en Asie avec ce qui semble avoir été son unique roman de guerre, Embuscades en Birmanie, Georges-Jean Arnaud nous offre un sympathique roman d'aventures mâtiné d'amours clandestines et ancré dans une zone géographique particulièrement propice à l'action. Ne connaissant absolument rien sur la Birmanie, je suis parvenue à suivre sans mal les péripéties des protagonistes qui, loin de Rangoon, sont pris entre les différentes factions,

la dictature militaire, les agitateurs communistes venus de Chine, les Dacoïts etc… Georges-Jean Arnaud décrit aussi le fossé entre une élite européanisée et les paysans birmans victimes de la famine, et des différentes ethnies qui se livrent une guerre sans merci dans une région sensible. Bref, de la bonne littérature populaire, comme toujours, par l'homme aux 400 romans.

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Les compagnons d'éternité

Attention les yeux avec la couverture très moche de ce roman édité chez Fleuve Noir, dans la collection Aventures et Mystères. G-J Arnaud remplit le cahier des charges, les deux ne font pas défaut.

En 1936, dans le port de Hambourg. L'aventurier Ugo Cardone, capitaine du cargo le Vesuvio, traficote comme à son habitude. Cette fois-ci, il a accepté de transporter en toute discrétion et pour une belle somme d'argent des juifs allemands désireux de fuir le pays, profitant ainsi de cette escale où il est sensé ne récupérer que du charbon. Le cargo transporte également dans la soute des armes destinées aux Républicains espagnols.

Malheureusement pour l'équipage et pour Myriam Hermann qui supervise l'exfiltration, l'Obersturmführer Stackering n'ignore rien de leur petit manège. Arrêtant les passagers clandestins, il menace Cardone, et lui force la main. Il sait que l'aventurier italien a pour parrain un cardinal napolitain dont la SS à grand besoin. En effet, Monseigneur Barancoli, opposant à Mussolini détient des informations primordiales sur un Brigadiste italien, Luigi Spaggio, qui n'est autre que le fils du Juif errant. L'ésotérisme, les sciences occultes et l'immortalité passionnent le IIIème Reich. Si Cardone veut sauver les juifs allemands et son équipage hétéroclite, il doit retrouver le fils d'Ashaverus.

La quête de Cardone commence, de l'Allemagne nazie, à l'Espagne républicaine, où il croise un dénommé André Malraux, et de la France à l'Italie fasciste.

Les compagnons d'éternité, paru en 1995, est le premier volume des aventures d'Ugo Cardone, suivi de La forêt des hommes volants  (Amazonie 1937) et de L'atoll des bateaux perdus (Australie, 1938).

On y retrouve des thèmes chers au prolifique Georges-Jean Arnaud, le héros dur au coeur tendre, l'aversion pour le fascisme, le goût pour le fantastique qui se mêle au polar et à l'histoire. Mais sur les mêmes thèmes (alchimie, vie éternelle, Golem, nazisme...), Ils sont revenus est nettement meilleur. Les compagnons d'éternité est un modeste roman d'aventures agréable à lire, mais ce que j'ai surtout apprécié, c'est la petite incursion de l'auteur dans la guerre civile espagnole, et le front de Teruel.
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Maudit blood

Voici du noir bien serré servi par un Georges-Jean Arnaud très en forme! Avec Maudit Blood paru en 1985, l'auteur revisite la malédiction des Atrides en retraçant le destin d'une horrible famille originaire des Hautes Pyrénées qui voit dans l'Occupation une occasion inespérée de faire de l'argent. En commettant le pire, elle signe un pacte avec le diable. Convoitise, meurtres, incestes, jalousies, sadisme, le cycle de la violence semble ne jamais prendre fin. Car il n'y aura pas d'intervention divine pour faire juger les coupables et mettre fin à la malédiction. "Nous sommes tous pourchassés pour le même motif, et nous nous dévorons entre nous."



Un couple de retraités apparemment paisible, Louise et Etienne Marchand, sont pourtant aux abois. Ils déménagent régulièrement, ont toujours une solution de repli, une planque de secours. Les sens affûtés, paranoïaques, faisant preuve d'un rare instinct de survie, ils se sentent persécutés par les membres de leur famille depuis la fin de la guerre. Quel secret dissimulent-ils?

Maudit Blood est le récit d'une traque, et du probable sacrifice de la seule descendante innocente du clan Savetan, une jeune femme ignorante du passé familial qui pourrait payer pour leurs crimes.

Georges-Jean Arnaud évoque une nouvelle fois l'Occupation -« Je déteste cette génération désormais. Tous ces menteurs et des gens pleins de mystère. A les écouter, ils auraient tous résisté pendant la guerre et on découvre qu'ils adoraient ce vieux gâteux de Maréchal. » - qui permet à une famille ignare et mesquine de prospérer. C'est « L'Auberge Rouge » pendant la seconde guerre mondiale, la violence sans limite pour l'or et les bijoux. Mais l'argent mal acquis ne leur permet pas de sortir de leur condition puisque la lignée amorale reste dans sa méchanceté, sa bêtise crasse, et ses rancoeurs. L'auteur verse dans la psychogénéalogie transgénérationnelle avant l'heure, et on dévore Maudit Blood pour enfin savoir si la faute des uns finit par les entacher tous ou s'il est possible pour les derniers des Savetan de se libérer enfin des liens du sang maudit. Une intrigue efficace, comme toujours.
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Ils sont revenus

« Ils sont revenus… Ils sont partout….Partout…Ton père a vu ce matin l'Obersturmfürher Rankel dans la rue. Il était accompagné de deux Waffen S.S. »

« - Rankel? Celui qui vous a arrêtés en 1943? Mais que fait-il dans la ville de Prague? Il faut prévenir les autorités tout de suite. Qu'est-il revenu faire sur les lieux de ses crimes?…. »

En 1972, en Tchécoslovaquie, Mariana Staker retrouve ses parents dans un état second. Son père jure avoir aperçu l'ancien officier SS qui les avaient arrêtés un matin de 1943. Rescapés du camp d'Auschwitz, ils n'ont jamais oublié le visage de ce fidèle d'Heydrich.

Mariana n'a pas connu l'occupation de sinistre mémoire. Elle s'est construit une vie loin de toute préoccupation politique ou religieuse et pourtant sa vie va basculer. Quelques jours plus tard, ses parents disparaissent comme d'autres familles juives de la ville qui ont toutes un point commun. Elles ont survécu à la déportation et sont revenues vivre dans leur ancienne maison. Désemparée, ne sachant à qui se fier, Mariana contacte le B.U.R.A.S, le Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques qui envoie son meilleur limier dans la capitale tchèque, la ville des légendes ancestrales. Car le B.U.R.A.S. a examiné le dossier militaire du SS Rankel, une brute obsédée par la traque des juifs et des partisans. Cet homme s'est évanoui dans la nature au cours de l'année 43, alors qu'il était à la recherche d'un alchimiste légendaire dont on dit qu'il était le plus grand de tous les temps. Et voici que deux témoins certifient l'avoir reconnu... et il n'a pas vieilli.



« On dit que Faust a vécu dans cette ville, que Dracula n'y était pas une simple fiction, que le Juif Errant hante encore certaines rues inconnues. Toute cette terreur compilée par les siècles dans les caves et les égouts de cette ville, avec sur le dessus la chape visqueuse de l'occupation nazie, et maintenant… » C'est dans une atmosphère nimbée de fantastique que l'agent David Sanders et Mariana vont tenter de résoudre cette énigme qui défie la logique mais se prête si bien à l'histoire de la ville, où depuis des siècles résurrectionnistes, créatures surnaturelles, homoncules, errent dans les égouts. La fascination des nazis pour les sciences occultes, comme la recherche obsessionnelle d'Ashaverus, le Juif Errant, ont décuplé les forces surnaturelles qui hantent les ruelles sombres praguoises.



Avec ce thriller fantastique, G.J. Arnaud nous entraîne dans les bas-fonds de la capitale tchèque, nous perd dans les ruelles tortueuses, nous plonge sans ménagement dans la terreur des souvenirs de la guerre, symbolisés par le fantôme d'Heydrich, le Boucher de Prague. En une centaine de pages, Arnaud nous donne une leçon de littérature Là où de nombreux romanciers pondent des thrillers ésotériques qui ne sont qu'une infâme piquette indigeste, il nous oppresse avec maestria en mêlant nazis, golem, alchimistes... C'est clair, concis, bien construit, palpitant. Le petit Jesus en culotte de velours, à consommer sans modération
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Le pacte

Thierry, Florent et Manu trois jeunes frangins pré ado

ne doivent jamais traîner après l'école,

leurs parents les attendent tous les jours à la maison à cinq heures

Passé l'heure, le carrosse risque de partir sans eux..

Dans la profusion des G. J. Arnaud en tout genre

plus de 350 romans à son actif

j'ai trouvé le Pacte qui m'a tout l'air d' avoir du punch

La couverture équivoque n'est guère trompeuse

une furie, manche de pioche, à la main

semble bien défendre sa tanière...et ses agneaux.

Le roman triller prend les tripes à la mode de Caen,

On se fait de la bille et du mouron pour les garçons

on se retrouve marron glacé par l'imagination d'Arnaud

qui nous égare dans un drôle de poulailler

au milieu de barbes bleuzailles soixante huitardes

de blondes semi fatales et de créature des marais...

Un petit bémol pour le style qui pour le coup, n'est pas toujours sans faille

Le pacte, bonne pioche !

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Le dossier Atrée

Quelle angoisse que ce Dossier Atrée, qui m'a rappelé mes nuits blanches à l'époque où ado, je lisais des Pocket Terreur, le trouillomètre à zéro. Est-il possible d'être déçue par la lecture d'un roman de Georges-Jean Arnaud? Ce ne sera pas encore pour cette fois, ce roman publié en 1972 et réédité dans la collection « Angoisses » m'a bien fichu les foies, puisqu'il évoque l'anthropophagie gastronomique sur fond de guerre civile espagnole et de nazis sadiques.



Le Dossier Atrée est un roman choral qui débute dans l'univers chic et feutré de palaces new-yorkais et se termine dans un décor dantesque au fin fond des montagnes espagnoles. Est-ce vraisemblable? On s'en fiche. G-J Arnaud distille la terreur et l'horreur avec une précision d'horloger, des évènements extraordinaires atteignent des citoyens ordinaires sur deux continents. Ses personnages tentent tant bien que mal de dénouer les fils de faits abominables mais aucun esprit sensé ne peut appréhender l'insoutenable vérité sans basculer dans la folie. Heureusement, le B.U.R.A.S, le Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques veille pour mettre un terme à l'horreur absolue.

Mais que viennent faire des enfants volés dans des orphelinats lusitaniens sur le bateau d'un trafiquant? Que sert-on dans les assiettes du très sélect House bone? Chez Arnaud, le fantastique s'ancre toujours intelligemment dans le réel, et ce qui provoque chez le lecteur le malaise et l'angoisse, quand il se débat comme les personnages avec des interrogations dérangeantes: «Les Portugais, ça ne vient pas crever de faim en Espagne, puisque les Espagnols s'en vont ailleurs. Les Portugais, ça va en France. »

Il ne vous reste plus qu'à vous plonger avec un haut-le-coeur dans le Dossier Atrée, qui a permis à l'auteur de s'en prendre mine de rien aux dictatures de tous poils. "J'en ai profité pour taper sur l'Espagne franquiste. Cela m'avait soulagé la conscience et, en même temps j'avais fait un bon bouquin. », avait-il déclaré. Contrat parfaitement rempli, frissons garantis.
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Ami-ami flic

Ami-Ami Flic, à ne pas confondre avec Deux flics à Miami, est un polar de 1982 dans lequel Georges-Jean Arnaud décrit avec minutie les bouleversements qui surviennent au sein d'une paisible famille à cause d'une soudaine et encombrante amitié.

Bernard Janoux, modeste agent immobilier qui vit en HLM, aperçoit un homme blessé par balle, et avertit les secours. La victime, Daniel Brunet, est un policier des R.G. qui a la reconnaissance encombrante. Plus collant qu'un chewing-gum sous la semelle d'une chaussure, il s'immisce dans la vie de Janoux, indispose sa femme et son fils Romain, passe au crible son entourage en parcourant les fiches des Renseignements Généraux…qui syndiqué, qui clandestin, qui détenteur d'un casier…Au fur et à mesure que des petits changements d'apparence anodine se produisent dans la vie personnelle et professionnelle des Janoux, le doute s'installe. Est-ce du à l'influence de Brunet, souvent invisible mais qui semble omniscient et omniprésent ou au hasard?

Georges-Jean Arnaud n'a pas son pareil pour distiller le doute, faire perdre l'esprit à ses personnages, et perturber son lecteur. Et quand les protagonistes réalisent que leur vie leur échappe, il est trop tard, hélas pour faire marche arrière. Moralité, chez Arnaud, comme chez Siniac, il vaut mieux ne pas faire Ami-Ami avec un Flic.
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L'homme noir - Enfantasme - L'enfer du déco -..

Curieuse, cette thématique récurrente des maisons dans les romans d'Arnaud… mais pas n'importe quelles maisons… dans ses romans, elles semblent vivantes… Bunker parano, La maison-piège, Le festin séculaire et ici L'homme noir, les immeubles vous accueillent, puis ils vivent, et vous emportent. Ce n'est pas Roger Courson qui dira le contraire. Ce paisible professeur vient de tuer sa femme et décide de se mettre au vert chez ses parents, un couple de retraités qui vit dans un immeuble insalubre près du boulevard de la Croix-Rousse. Caché au fond d'une ruelle, c'est un labyrinthe qui menace de s'effondrer sous les assauts du temps, des habitants et des rats. Etayé par des échafaudages en bois, il regorge de chausse-trappes, de greniers, de caves, de passerelles, d'escaliers branlants, d'échelles pourries. Les rats y prolifèrent, les gamins du quartier s'y cachent et parlent des légendes du lieu. Il y a l'Homme noir, le fantôme d'un riche soyeux qui aurait caché un trésor pendant la Révolte des Canuts, il y a le Gros Rat Aveugle tout au fond du puits dans la plus profonde des caves, et le Gros Cafard qui a la taille d'un chat. Le brave Roger pense que personne ne le trouvera dans ce bouge. Mais voilà, quand il arrive chez ses parents, il les trouve morts tous les deux de cause naturelle. Ne sachant pas où aller, il décide de rester terré au milieu des cadavres, en attendant que les choses se calment.

L'homme noir est une histoire de pauvres qui ne peuvent pas se débarrasser de la misère qui suinte et qui leur colle à la peau. Tous les habitants ont connu la précarité, les garde-manger vides, les vies à la petite semaine, et Roger, malgré son ascension sociale, est resté pauvre à l'intérieur, avec des réflexes de pauvre, des souvenirs de pauvre, des obsessions de pauvre. Arnaud est toujours aussi efficace pour montrer sans en avoir l'air les difficultés des plus modestes pour lesquels on ne dépensait pas "un pognon de dingue". Le roman social prend ensuite par la main le roman fantastique et tous les deux donnent naissance à une oeuvre oppressante qui causera bien des angoisses aux lecteurs claustrophobes. Au fur et à mesure que l'immeuble grince, que la contestation des locataires gronde, et que les jours passent, ce pauvre Roger se déshumanise. C'est là tout le talent d'Arnaud, de mettre en parallèle un édifice qui semble prendre vie alors que le fils Courson s'animalise, se terre comme un rat qui fait son nid, se faufile dans les moindres recoins de l'immeuble en rampant, et n'a plus qu'une obsession, se nourrir et thésauriser les reliquats alimentaires qu'il parvient à dérober. L'homme en noir, croque-mitaine des enfants de l'immeuble serait-il en train de se matérialiser? Arnaud est un conteur hors pair qui sait embrasser plusieurs genres avec son air de ne pas y toucher et nous procure toujours un grand plaisir de lecture. Atmosphère, atmosphère, il y en a dans L'Homme noir, et j'en ai pris plein les mirettes.
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