Pastiche politique à la limite de l'absurde, portant une vraie réflexion sur la société et la place de la technocratie. Moins connu que "1984" ou d'autres Orwell, certains échos mettant en scène la folie, la technocratie, l'absurdité au pouvoir font de ce roman, quoique daté, une réflexion et un certain écho avec l'époque actuelle. (avec un sens comique réjouissant)
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Trois enquêtes du Père Brown, petit homme qui ne se départ pas de son chapeau à large bord et de son parapluie .
trois très petites enquêtes où nous retrouvons les thèmes de :
1) magie
2) escroquerie
3) légendes
et où le père Brown va faire preuve de perspicacité et d'efficacité mais aussi d'impartialité et d'empathie , pour ceux qui en sont dignes.
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Quand j’étais enfant ma sœur, anticipant sur son futur métier, me traduisait les enquêtes du père Brown. La lecture du ‘’Club des métiers bizarres’’ m’a donnée envie de poursuivre Chesterton, et c’était l’heure de la madeleine.
On est incontestablement dans le domaine du policier, mais on ne peut pas dire que l’auteur le prenne très au sérieux. Du reste, Chesterton ne prend absolument rien au sérieux, et surtout pas lui-même. Le résultat est donc très original, à plus d’un point. Le premier, et celui sur lequel il insiste le plus, est l’absence total de charisme de son héros. Un petit prêtre d’allure anonyme, terne, le genre qui respire l’ennui et qu’on ne remarque pas en passant à cinq centimètres de lui dans la rue. Ses enquêtes ensuite, portent sur des cas pour le moins étonnants, où l’auteur a laissé libre cours à toute sa fantaisie – et Dieu sait qu’elle est grande. Au premier abord, les cas sont insolubles ; leur résolution superbe, parfois très simple parfois totalement extravagante.
Une lecture plaisante et reposante, qui donne la satisfaction de voir un esprit de déduction à l’œuvre, et un détective des plus original.
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Ce livre est un recueils de textes. Certains diront un assemblage tenu par un fil rouge. Pas inintéressant pourtant ! L'auteur y va d'idées qui sont le fondement de sa conviction et assène maintes démonstrations qui étayent son avis. Il appuie sa pensée sur de nombreuses imprécisions et ce que je qualifie d'erreurs pour proposer une image fantasmée de la société européenne et du christianisme. Bien entendu, lorsqu'on sait qu'on lit un livre de RELIGION, on se doute qu'il est orienté. mais pas toujours dans l'inclinaison qu'on attend. Une légère déception, malgré une écriture très colorée
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Le père Brown est l'antithèse de Holmès, ce glacial dandy névrotique. On découvre un personnage petit, rondouillard, mal fagoté, jovial, au comportement parfois déroutant: il semble dans la lune, n'hésite pas à jouer avec des enfants, posent parfois des questions incongrues. Il n'utilise pas l'arsenal scientifique de son illustre concurrent, mais fait appel à la psychologie et même à la métaphysique. Connaître la "conscience morale", d'un suspect compte beaucoup.
D'autre part comme son créateur, Chesterton , ce roi du paradoxe, Brown ne s'arrête jamais à l'évidence: il sait que la vérité est souvent très différente de ce qu'on croit avoir vu ou entendu.Exemple:
Des témoins ont aperçu un infâme assassin qui tente de défenestrer sa victime.
On apprendra que l'homme luttait pour empêcher un malheureux de se jeter dans le vide.
Dans certaines enquêtes le paradoxe est si poussé, que la solution du mystère apparaît trop "tirée par les cheveux".
L'ensemble cependant prouve que Chesterton mérite sa réputation (j'ai oublié de mentionner la qualité de son humour) .
Le personnage du père Brown est présent dans roman 'Fantasy" récent: "115° vers l'épouvante " de Lazare Guillemot.
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Humaniste, essayiste et journaliste, Gilbert Keith Chesterton a été surnommé le Prince du Paradoxe. A aucun autre pareil, il jonglait avec les méandres de l’âme humaine et usait de ses ressorts pour les appliquer dans ses œuvres. Il utilisait abondamment les proverbes, les dictons populaires et les lieux communs pour les détourner de leur sens. Au même titre que Mark Twain, sa notoriété a dépassé le périmètre de sa bibliographie, au point qu’on s’est mis à lui attribuer une série de locutions qu’il n’avait jamais rédigées ni même pensées. Malgré près de cent ouvrages, ce sont surtout ses aphorismes qui nous sont parvenus, teintés d’un humour décalé et qui entraînent le lecteur dans un véritable dédale de réflexions, mâtiné d’un chouia de non-sens. Chaque phrase, aussi bancale qu’elle puisse apparaître au lecteur non averti, se veut le résultat de son âme de poète, d’un esprit qui carburait vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L’idée a ici été de sélectionner une série d’extraits, afin de les étalonner tout au long d’une année calendrier. Un choix qui incite à porter un regard différent sur l’existence, jour après jour, et de s’alimenter d’idées devenues folles par un savant tour de passe-passe intellectuel. Gilbert Keith Chesterton est né à Londres en 1874 et est décédé à Beaconsfield en 1936. Voilà pour situer le bonhomme !
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Jeudi, c’est anarchie !
Vendredi étant parti en tournée ou Tournier dans les limbes du Pacifique, J.K Chesterton nous fait pénétrer clandestinement au sein du conseil européen de l’anarchie qui manigance un attentat sanglant à Paris. Chacun des membres de cette turbulente amicale du désordre porte comme nom de code un jour de la semaine. Bon, par un heureux hasard, ils ne sont que sept.
Syme, un poète débauché par Scotland Yard parvient à infiltrer l’organisation et il s’empare du siège vacant de monsieur Jeudi. C’est l’académie des poseurs de bombes. On passe du policier au vaudeville quand Jeudi découvre peu à peu que d’autres membres du cercle sont comme lui des agents déguisés. C’est le carnaval de Bakounine. Où sont les vrais apôtres du chaos ?
Au sommet, trône dimanche, joueur du seigneur et des saigneurs, être mystérieux qui au fil de l’histoire prend une dimension métaphysique et divine. Tous les chemins mènent à Rome, surtout les impasses imaginaires, et derrière cette histoire un peu folle, se cache la lente conversion de l’auteur vers le christianisme. D’abord familier avec les idées socialistes et tutoyant l’anglicanisme, le journaliste, polémiste, poète et écrivain se forgera de nouvelles convictions et ce roman apologue (je fais mon malin wikipédien !) n’est pas aussi innocent et léger qu’il n’y parait. Ici, il ne faut pas lire entre les lignes mais derrière les mots, aussi déguisés que les personnages de cette savoureuse imposture parue en 1908.
J’adore la démesure de Chesterton à l’image de son physique d’ogre : 130 kilos sur la balance pour un 1,90 m à la toise. Pas très Proustien le Gilbert. Il devait enfourner la boîte entière de madeleines au goûter. Son écriture n’est pas davantage chétive. Père du père Brown, en désaccord avec tout le monde, y compris lui-même, réactionnaire souriant, écrivain du paradoxe, Bernanos du boulevard, Bloy outré de la Manche, il enrobe ses critiques dans un humour aussi fin que sympathique.
Il ne pouvait être réédité que par une maison qui s’appelle L’arbre vengeur !
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Les règles du Club :
1° Il ne faut pas que ce soit une simple application ou variante d’un métier déjà existant. Ainsi, par exemple, le club n’accepterait pas comme membre un agent d’assurances simplement parce que, au lieu d’assurer le mobilier des gens contre l’incendie, il assurerait, mettons, leur culotte contre les morsures d’un chien enragé.
2° Cette profession doit être une véritable source de revenus commerciaux, le gagne-pain de son inventeur. Ainsi, le club n’admettrait pas comme membre un individu simplement parce qu’il lui plairait de passer ses journées à ramasser des boîtes à sardines vides, à moins qu’il ne réussisse par ce moyen à gagner un argent fou.
Ceci étant posé s’en suivent 6 nouvelles toutes plus farfelues les unes que les autres, véritable satire de la société de l’époque. Les principaux protagonistes sont Basile Grant, ancien juge devenu fou, selon la rumeur, son frère qui se pique d’enquêter et un ami proche, le narrateur lui-même collectionneur de Clubs les plus bizarres les uns que les autres !
Les histoires sont franchement épiques et nous mènent vers un étrange métier en épilogue dont je ne dirais rien ! Chesterton est un auteur prolifique, imaginatif et pas mal facétieux mais avec un côté un peu gourmé pour raconter ces aventures, car oui ce sont des aventures.
Je pense qu’une relecture peut permettre de mieux goûter la saveur de ces écrits baroques.
Challenge MULTI-DEFIS 2021
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GK Chesterton est le maître de l’insolite et du poétique. Par petites touches, comme un artiste peintre qu’il reste dans l’âme, il nous fait entrevoir les paradoxes de notre société. Un roman « boite de chocolat ». Chaque chapitre, un metier... et certains sont savoureux.
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Publié en 1908, c'est le deuxième roman de l'auteur. L'édition dans laquelle je l'ai lue, propose une nouvelle traduction ; la traductrice dans une longue préface explique son soucis de vouloir être plus fidèle à la version originale que ne l'a été la traduction historique, dans laquelle le roman porte le titre "Le nommé Jeudi". C'est sous ce titre qu'on trouve presque systématiquement le livre mentionné en français.
Le livre commence par une sorte de duel entre deux hommes que tout semble opposer, bien que tous les deux se revendiquent poètes. Gregory, un rouquin anarchiste, qui exprime l'idée que le poète est forcément un révolutionnaire et un destructeur, et Syme qui glorifie la loi et l'ordre, pour qui un train qui arrive à l'heure à l'endroit prévu est de la poésie pure : « Ce qui est rare et étrange, c'est justement arriver à destination ; la manquer, c'est grossier et commun ». Syme manie la rhétorique d'une manière redoutable et humilie Gregory, qui pour essayer d'avoir le dessus, amène son adversaire, en lui faisant jurer le secret, à une réunion d'anarchistes. Syme jure, mais avoue faire partie de la police et être là pour démasquer les anarchistes justement. Son serment le lie et l'empêche de dénoncer les membres de la société secrète, mais Gregory est piégé également : il a juré de ne pas dénoncer Syme comme policier. Ce dernier, arrive à convaincre les participants de la réunion de ses convictions, au point qu'il est élu à la place de Gregory comme membre d'un conseil secret, en tant que « Jeudi ». Cela lui permet d'être invité à une rencontre où les membres les plus influents du mouvement sont présents, tous portant le nom d'un jour de la semaine. Le chef, impressionnant et redoutable se nomme Dimanche. Un attentat contre le tsar et le président français se prépare. Syme veut le déjouer, mais il est tenu par sa parole, et doit donc affronter seul les autres membres du comité. Qui se révéleront au final faire également partie de la police, sous des déguisements. Les six policiers vont désormais traquer le redoutable Dimanche, qui les engage dans une étrange poursuite.
C'est un mélange étonnant que ce roman. Il a des allures de roman policier, d'espionnage, d'aventures, mais avec une dimension métaphorique et métaphysique. Rien n'est certain dans le livre, comme les prétendus anarchistes, qui se dévoilent comme des policiers, en abandonnant leurs déguisements inquiétants. La notion du double, de l'opposé, du complémentaire, est au centre du récit. Les deux poètes antinomiques, les anarchistes-policiers, mais aussi Dimanche, qui révèle être le mystérieux homme dans le noir, qui a recruté les 6 hommes pour rentrer dans la police.
Londres ville-monde, est au coeur du récit. Mais elle est au centre de l'Europe et du monde. Le périple de nos policiers les amènent en France, pour tenter de sauver le tsar russe. Les déguisements de nos hommes font du Mardi un Polonais, du Mercredi un Français, du Vendredi un Allemand, et du Samedi un Américain. Les enjeux dépassent donc très largement un cadre britannique, le monde est déjà d'une certaine manière globalisé, et ce qui se passe à un endroit a une résonance partout.
La fin est allégorique, les différents personnages revêtent des tenues qui évoquent la Genèse, ou plus exactement ce que la Genèse associe à chaque jour de la semaine. Dimanche ayant évidemment le rôle divin, même si on peut discuter de quel Dieu il s'agit. Chesterton n'était pas encore à l'époque converti au catholicisme, l'interprétation du livre dans l'optique unique de cette conversion future me paraît donc un peu réductrice.
Cette rapide présentation laisse un peu de côté ce qui fait en grande partie le plaisir du livre : un sens de l'humour basé en grande partie sur le non-sens, spécialité éminemment britannique, comme on le sait. Il y a des passages à proprement parlé hilarants, si on veut laisser un peu de côté la vraisemblance et la logique pure et dure.
Et la complexité du roman, ses différentes couches, les interprétations multiples auquel il peut donner lieu, permettent d'envisager plusieurs lectures, qui ne seront jamais tout à fait les mêmes.
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Je me suis régalée avec ces nouvelles policières de Gilbert Keith Chesterton. Son style fait penser à celui d'Agatha Christie, mais ce n'est pas vraiment une coïncidence puisqu'ils ont fréquenté la même association d'auteurs de romans policiers "Detectives Club" et c'est lui-même qui en a été le premier président en 1928. Ce recueil comporte 8 nouvelles toutes agréables à lire et dont le héros Le Père Brown, un prêtre, avec une certaine bonhomie, mais d'une intelligence hors norme, il a une logique déconcertante, aime être philosophe, et fait penser à notre cher Hercule Poirot puisqu'il a lui aussi le visage en forme de poire, sa maniaquerie mais sans son auto-suffisance. Bref un héros sympathique qui commence fort, puisque la première nouvelle que l'on peut parcourir le concerne personnellement... Je n'en dirai pas plus pour le suspense.
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Un conte loufoque et brillant qui se joue des sept jours de la semaine et de la création.
Chesterton qui allie , à la fois, fantaisie britannique , humour anglais et culture biblique offre aux lecteurs une histoire rocambolesque.
Il mêle et entrelace anarchie et droit, poésie et mystère, violence et douceur.
Le célèbre écrivain londonien promène son héros Jeudi dans les vieux quartiers de la capitale.
Il décrit , magnifiquement, les superbes paysages du Sussex ou dessine, délicatement, les cieux colorés des automnes humides.
Grâce à ces descriptions sublimes et à l’ intelligence du romancier, j’ai lu cette fable , avec intérêt et un léger sourire.
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Un conte de fées devient réalité lorsqu'une chanteuse est enchantée par un enchanteur. Mais l'homme se révèlera magicien. Celui qu'on accuse d'être un vulgaire bonimenteur présente alors un spectacle de magie, en présence du public. Des meubles bougent, une lumière change de couleur, passe du rouge au bleu ... Il y a comme de l'électricité dans l'air, la soirée devient électrique et même ... électrisante. Après le théâtre dans le théâtre, voilà le spectacle de magie dans le théâtre, un spectacle qui nous est proposé par l'Illusionniste Chesterton. Comme à son habitude, Chesterton fait se confronter la science et la croyance, la raison et la foi, en se servant de la logique et de l'art de l'illusion. Avec des formules magiques comme " il n'y a pas plus bigot qu'un athéiste", avec ses bons mots, il crée des effets de comique et il ménage si bien son atmosphère fantastique qu'il nous ferait aisément prendre des vessies pour des lanternes.
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Chesterton présente Blake comme poète, peintre et rêveur, une bonne définition. Son livre s’adresse au poète rêveur, créateur d’une mythologie religieuse, avec un mélange d’admiration pour sa créativité et d’ironie pour son obscurité. Il aborde les religions par leurs déclinaisons et contenus : mystique, puritanisme, hérésie ; dogmes, vérités, secrets, symboles, mystères, lubies. Il ne faut pas y chercher une théologie, mais une délicieuse nourriture pour l’amateur d’understatement. Le moins qu’on puisse dire est qu’il garde ses distances : « Vous et moi pouvons avoir les idées un peu vagues quant aux relations qui unissent Albion à Jérusalem, mais Blake avait là-dessus des certitudes aussi tranchées que Mr Chamberlain quant au lien qui rattache Birmingham à l’Empire britannique. Il faut aussi dire en faveur de son singulier style littéraire, juste que dans ses manifestations les moins probantes, que Blake nous donne toujours le sentiment d’avancer quelque chose de clair et catégorique, même quand nous n’avons pas la moindre idée de ce dont il s’agit » (p 115). « Blake était sincère ; s’il était fou, il l’était avec une entière et inébranlable sincérité. Et la marque la plus curieuse de sa sincérité est celle-ci : il écrit constamment des choses qui passent pour de simples fautes. Il jette sur le papier l’une de ses convictions les plus formidables et le commun des lecteurs croit à une erreur d’impression » (p 123).
L’auteur ne dit pas grand-chose de Blake le peintre, amateur de personnages séraphiques ou démoniaques, musculeux à la Michel-Ange (avec une maladresse dans l’anatomie), dont l’imagination a inspiré les surréalistes. Le livre contient une illustration en sombres couleurs sur la couverture et une demi-douzaine de dessins qui incitent à en voir plus, par exemple sur le site de la Tate Gallery.
Le livre (l’objet) est court et agréable : format, papier, illustrations. Parfait pour un cadeau de saison. Vérifier tout de même que votre ami(e) a aimé La Chasse au Snark ou d’autres fantaisies British.
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Livre ardu, foisonnant, souvent complexe, mais avec de vrais moments de génie. Deux grande parties la première sur l'homme avant l'histoire et surtout avant le Christ. La seconde, sur le Christianisme et le tsunami qu'il représente dans le cour du temps. Des réflexions d'anthologie sur la foi, la figure du Christ, les autres religions, le manque de certitudes des soit-disant savants qui assènent des vérités en proportion de leur ignorance. A la fin du livre, Chesterton dit bien avoir pris conscience de la densité de son livre, qui aurait peut être mérité une réécriture plus fluide et mieux charpentée.
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