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Critiques de Graham Swift (366)
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Le dimanche des mères

Angleterre, 30 mars 1924, une journée dans la vie de Jane, jeune domestique orpheline, instruite (elle sait lire), au service d'une famille de la bonne société aristocratique de la campagne anglaise. En ce dimanche des mères, jour de repos annuel accordé aux domestiques, Jane va rejoindre son amant secret. Secret, parce que Paul est le fils d'une de ces nobles familles, sur le point d'être marié à une jeune fille de son rang. Qu'y a-t-il vraiment entre Jane et Paul ? Un amour vain, des plaisirs purement charnels, de la tendresse ? Quoi qu'il en soit, Jane sent que ce jour-là en terminera avec leur longue relation intime.

Angleterre, 30 mars 1924, une journée dont Jane n'imaginait pas qu'elle transformerait sa vie de fond en comble. Un événement survient, qui la poussera à quitter son emploi de domestique pour, après divers détours, devenir écrivaine et nous faire part, 60 ans plus tard, de ses souvenirs.



Eh bien... si ce 30 mars 1924, Jane a changé de vie, moi, en cette fin d'été 2020, j'ai raté le rendez-vous, non pas avec le destin, mais avec ce roman. Incitée à cette lecture par les nombreux avis positifs, j'en attendais sans doute beaucoup trop. le livre est court, et pourtant je m'y suis ennuyée. Il pousse loin l'analyse psychologique, ce qui n'est pas pour me déplaire, et pourtant je n'ai pas compris pourquoi le fameux événement du 30 mars 1924 a à ce point décidé du destin de Jane. Je n'ai pas réussi à m'attacher à ce personnage, qui m'a semblé égocentrique. J'ai trouvé que la crudité de certains passages cadrait mal avec le reste, plutôt délicat et subtil (j'ai eu le même problème avec "L'amant de Lady Chatterley").

Mais surtout, ce style... Répétitif et redondant, étiré et lassant, hypothétique et lancinant, fait de "si" et de conditionnels et de "mais c'est peut-être mon imagination qui..." et de "il/elle ne pensait certainement pas cela", bref une arborescence de possibilités qui, au final, fait douter de la réalité même de la relation entre Jane et Paul. Et cela, en soi, ce n'est pas grave, mais je n'ai pas compris où cela menait.

Sur fond de stigmates de la Première Guerre et d'aristocratie déclinante (qui fait penser à Downton Abbey), ce roman d'émancipation rend sans doute un bel hommage à la lecture et à l'écriture, mais je suis totalement passée à côté.
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Le dimanche des mères

Un bijou narratif que ce roman de Graham Swift : Le dimanche des mères. Drôle de titre pour une drôle d'histoire... Celle de Jane Fairchild que j'ai suivie pas à pas tout au long de cette journée mémorable pour elle !

Pourtant rien de plus banal dans les faits. La domestique qu'elle est alors va rejoindre dans sa demeure familiale, à Upleigh, un fils de famille, Paul Sheringham, pour une rencontre amoureuse sans lendemain puisque ce dernier doit épouser Emma Hobbay. Un mariage arrangé qui convient aux deux familles, représentantes d'une bourgeoisie que la 1ère Guerre mondiale a mis à mal. Mais rien ne va se passer comme prévu et l'auteur va nous promener dans le temps qui se dilate et se tord au gré des flash-back et des anticipations qui jalonnent le roman. Le fil d'Ariane ne sera pourtant jamais rompu et notre curiosité reste constamment sollicitée par une phrase, une remarque d'un narrateur toujours présent en arrière-plan.

Et nos questionnements sont nombreux au fur et à mesure que se déroule l'histoire. Quel étrange personnage que Jane Fairchild, qui, du statut de domestique, va embrasser une carrière d'écrivaine, sur laquelle elle va revenir par bribes alors qu'elle est âgée de quatre-vingt dix ans ! Qui est vraiment Paul Sheringham, ce fils de famille doté de l'aplomb et de la condescendance qui sont l'apanage de la classe dominante à laquelle il appartient et qui, en même temps, est capable de dire à Jane, une simple domestique, avec une sincérité non feinte : "Tu es mon amie".

La construction cinématographique est un autre atout du roman car elle nous donne à voir et à suivre pas à pas ce "dimanche des mères", très transgressif que celui de Jane Fairchild. De belles scènes amoureuses avec des gros plans sur la nudité des deux amants : moments de bien-être et de paix fort bien rendus sous la plume de l'auteur. Et surtout j'ai été émerveillée par ce qui constitue pour moi l'acmé du roman, c'est-à-dire la scène où Jane, laissée seule par son amant, va déambuler complètement nue dans la demeure d'Upleigh désertée par ses habitants. Cette scène est captivante, à la fois sur le plan visuel et symbolique. Elle nous donne à voir dans une sorte de long travelling, la promenade initiatique de Jane qui va prendre possession des lieux, en touchant les objets et en se découvrant pour la première fois tout entière dans un miroir. Un moment fort et symbolique qui va lui permettre de prendre peu à peu conscience de sa propre identité une fois qu'elle s'est débarrassée de ses vêtements de domestique et qu'elle est nue comme aux premiers jours de la création du monde...

La dernière remarque que je pourrais faire sur ce roman, c'est qu'il dépeint avec subtilité les rapports d'une bourgeoisie, en perte de vitesse mais très attachée à son standing, avec une domesticité "invisible" tant elle se fond dans le vécu des maîtres alors qu'elle est si proche de leur intimité !

Ce court roman m'a enchantée et tenue en haleine avec en prime le plaisir de savourer un humour toujours à fleur de phrase, tantôt léger, tantôt beaucoup plus grinçant lorsqu'il évoque et dénonce implicitement les rapports sociaux de l'époque.



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Le dimanche des mères

Rien ne prédisposait la rencontre de Jane, jeune femme de chambre orpheline, avec Paul, jeune aristocrate. Et pourtant au premier regard, ils se sont aimés mais sans se l’avouer. Leur liaison secrète dure depuis sept ans. Mais en ce dimanche des mères, ils s'aiment pour la dernière fois, Paul doit épouser une riche héritière...





Nous sommes en Angleterre, en 1924. Le dimanche des mères était ce jour de congé accordé aux domestiques pour aller visiter leur famille. Une journée de liberté. Une journée particulière, comme suspendue, hors du temps. Et pour Jane une journée pleine d’émotion, de plaisir, de tendresse, de sensualité et de drame.



Graham Swift dépeint à merveille cette rencontre si particulière où chaque détail compte car chaque détail est enregistré à jamais dans la mémoire de son héroïne. Mais l’amour de Paul n’est pas le seul élément de ce roman. Il y a aussi l’amour des mots et des livres que Jane apprend et dévore. Elle deviendra d’ailleurs un écrivain célèbre et grâce aux interviews qu’elle donne, le lecteur abordera d’autres questions comme la littérature, la fiction, le sens des mots, la vie...



Le dimanche des mères est un texte lumineux, un texte à l’ambiance feutrée, ouatée. Un vrai bonheur de lecture. Un bel hommage aux femmes, au lendemain de la guerre, qui prennent leur destin en mains. Magnifique !


Lien : http://mespetitesboites.net
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Le dimanche des mères

En cette journée de la Femme, je tiens à honorer ces domestiques tout entières dévouées à leurs maîtres, sans vie propre en dehors de « servir ».



Je dis ça, et puis finalement, je n’en pense pas moins. Car tout compte fait, qui, des maitres ou des servantes, connaissait la vraie vie ? Les privilégiés, tout entiers préoccupés de leurs loisirs, ne sachant quel sens donner à leur existence, à leur oisiveté? Ou les domestiques harassées sous de multiples occupations, balbutiant des « oui, monsieur », « bien, madame » à tout bout de champ, courant au four et au moulin, consolant les uns, aimant les autres… ?



Jane, en ce superbe dimanche de mars 1924, se prépare à profiter de la seule journée de congé de l’année, le « dimanche des mères ». Comme elle est orpheline, elle jouit d’une totale liberté et n’est tenue à rendre visite à personne. Quoique…lorsqu’un coup de téléphone retentit, et que son amant (« ami » dit-il) en la personne du jeune aristocrate voisin lui enjoint de passer la journée avec lui, elle y court. Mais ce dimanche qui devait être dévolu au plaisir se retournera comme un gant, comme la vie de Jane : sa future profession d’écrivain va éclore au sein du tumulte des émotions.



Ce roman est une ode à la féminité et à la liberté de ces femmes de l’ombre. Sur fond de prairies fleuries du Berkshire, l’intrigue est entrecoupée d’anticipations vers la vieillesse de Jane, écrivain accomplie, occasions pour l’auteur de gloser sur la littérature et le pouvoir des mots. Empreint d’une ambiance british et si champêtre, ponctué de touches d’humour et d’autodérision, il nous donne envie à nous aussi de nous balader dans la campagne et de rêver à un monde où les femmes seraient vraiment les égales des hommes.

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Le dimanche des mères

La couverture et le résumé de ce court roman m'intriguait beaucoup, je ressors toutefois de cette lecture avec une légère déception.



L'intrigue m'a plu : une domestique et un jeune homme aristocrate entretiennent une liaison et en ce dimanche de mars 1924, les domestiques sont en congés. L'occasion pour les deux amants de se retrouver.

"Et son cœur avait bondi. C’était là une de ces phrases qu’on lit dans les livres, mais cela vous arrivait parfois pour de vrai. Dans son cas, c’était vrai. Son cœur avait bondi comme celui d’une héroïne de roman en difficulté. Il s’était envolé, comme les alouettes qu’elle entendrait chanter tout à l’heure, pointant en flèche vers la voûte du ciel bleu, alors qu’elle pédalait en direction d’Upleigh. "

Le jeune homme doit épouser une jeune fille de bonne famille dans deux semaines, leur liaison prendra bientôt fin. Mais ce dimanche de fête des mères va changer radicalement leur vie. L'histoire est très prenante et j'ai pris plaisir a découvrir nos protagonistes.



Ma déception vient du style de l'auteur : le roman est confus dans sa construction, la transition entre présent et retour dans le passé n'est pas vraiment fluide et tout cela complique la lecture. Le langage est parfois crue et j'aurais aimé un peu plus de poésie.
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Le dimanche des mères

Qu'est-ce qui pousse Jane Fairchild, alors qu'elle est âgée de 90 ans et devenue une auteure à succès, de revenir sur ce dimanche 30 mars 1924, alors que pauvre orpheline de 19 ans, elle était placée comme domestique chez les Niven à Beechwood ?

Les Niven sont amis des Sheringam et des Hobday dont les enfants Paul et Emma vont se marier. Ces familles ont en commun, leur position sociale, ils sont les derniers propriétaires de chevaux et de terres, et aussi les derniers à pouvoir se payer des domestiques. La guerre a été un traumatisme pour eux, ils y ont perdu des enfants, quatre, et ne se reconnaissent plus dans la société qu'elle a engendrée.

Graham Swif dépeint avec pudeur et affection, un monde qui disparait. Jane, la narratrice raconte sa relation avec Paul Sheringam qui la voit comme le moyen de satisfaire ses pulsions sexuelles avant le mariage avec Emma dont il ne peut exiger ce qu'il trouve avec Jane.

Autres temps autres moeurs serait-on tenté d'écrire, tant Jane voit cette relation, même si parfois Paul lui glisse une pièce de 6 pence pour la "dédommager", comme une libération, ou plutôt un moyen d'accéder à autre chose que son statut de domestique.

De la même façon Jane établira une relation particulière avec Mr Niven, obtenant de lui qu'il lui donne accès à la bibliothèque pour lire "ces livres de garçons" dont il pense qu'ils ne sont pas faits pour elle...Mais, autre temps etc...

Au travers de ces deux hommes, un amant et le père qu'elle n'a pas eu, Jane parvient à s'extraire de sa classe sociale et à fréquenter des intellectuels, notamment lorsqu'elle quitte Beechwodd pour un poste de vendeuse dans une librairie d'Oxford. Elle dit alors, qu'elle a fait Oxford...

Amoureuse des livres, elle en vient naturellement à en écrire.

Beau parcours que décrit Swift dans une Angleterre sidérée qui voit les femmes se défaire des carcans qu'on leur a imposés jusqu'au début du 20ème siècle et que la guerre a fait voler en éclats.

"Franchir une barrière impossible, n'était-ce pas ce qu'elle devait faire pour devenir écrivaine ? Elle aussi aurait à dépasser cet obstacle, aurait à trouver un langage, (...) trouver le langage, c'était, comme elle finirait par le comprendre, l'essentiel de l'écriture."

Et l'essentiel de la vie serait tenté de répondre le lecteur.

Livre court et intense, à forte décharge émotionnelle. A lire !


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Le dimanche des mères

C’est « le dimanche des mères », celui que les bourgeois octroient à leurs domestiques pour aller dans leur famille. C’est celui que Jane va passer avec son amant, eux seuls dans la chambre de Paul. Nous sommes le 30 mars 1924.



Graham Swift est un enchanteur des mots. Ici, la phrase la plus anodine est une touche impressionniste dans le grand tableau qui s’écrit sous nos yeux.



Elle nue qui va faire le tour de la maison vide, Paul qui se rhabille lentement, elle qui observe le moindre grain de sa peau, craignant de le perdre à jamais, elle nue mangeant un reste de tourte, elle nue regardant son amant partir au volant de sa voiture.



Le roman tient en un jour, un jour qui va à jamais faire basculer sa vie. Quand Paul part rejoindre sa fiancée pour mettre au point la finalisation de son mariage, Jane quitte la chambre, laisse les draps encore humides de leur passion, pour s’enfuir dans la campagne anglaise lire Joseph Conrad.



Hommage aussi à la littérature, celle qu’on déniait aux femmes de lire à l’époque. Jane ne sera plus à compter de ce jour celle qui obéit, mais bien plus celle qui dicte.



Graham Swift nous donne ici un magnifique personnage de femme libre qui bouleverse tous les codes, s’affranchit des étiquettes et vivra sa vie jusqu’au bout de ses rêves.



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Le dimanche des mères

Voilà un roman qui ne se laisse pas facilement appréhender ni apprécier et c’est bien dommage.



L’auteur prend le parti d’un style proche de l’oralité pour narrer l’histoire assez singulière de cette domestique devenue écrivain qui se confie au soir de sa vie. De simple femme de chambre, elle devient écrivain, d’abord en s’initiant à la lecture (c’est l’occasion pour l’auteur de dire son admiration pour Joseph Conrad), puis en enrichissant peu à peu son vocabulaire, en y incluant par exemple le verbe « se détendre », totalement incongru pour la domesticité de ce début de XXème siècle. Elle s’approprie peu à peu le langage utilisé en dehors de sa classe sociale, puis assimile les codes du monde intellectuel. Le tout est teinté de transgression, non seulement morale mais aussi sociale, pour laquelle d’ailleurs la vieille dame éprouve la plus grande pudeur.



Cela se lit comme une longue méditation sur la vie, le temps qui passe et qui change les choses, les hommes et les mentalités. Son amant, un jeune maître destiné à épouser une riche héritière, ne la déshabille-t-elle pas religieusement, ne lui avoue-t-il pas qu’il l’aime, ne la considère-t-il pas comme une amie, comme son égale, et non comme une boniche? Le comportement de ce jeune homme est tout simplement novateur dans cette Angleterre des années 20, dont l’atmosphère est très bien rendue, je trouve.



Comme dans toute bonne méditation, le suspens y est quasiment absent. La vieille dame hésite, se répète (radote peut-être aussi un peu) au fur et à mesure que les souvenirs ressurgissent. Elle tergiverse, se perd dans les méandres de sa mémoire, toujours soucieuse de raconter sa vie au plus près de la réalité, autant que possible. Ce style rend la lecture assez laborieuse, pénible presque.



Et c’est fort dommage car la vieille dame a beaucoup de choses à partager avec nous, comme ses réflexions sur l’écriture et sur les mots, même si « les mots ne sont que des mots, un peu de vent, et c’est tout … ». Elle examine le langage, le vocabulaire, puissants marqueurs sociaux, et leurs limites car « dans la vie beaucoup de choses – oh ! bien davantage que nous ne l’imaginons ! – ne sauraient, en aucune façon, s’expliquer », pour conclure que « faits et fiction ne cessent de se confondre, d’être interchangeables. » Et c’est d’ailleurs la plus grande leçon de la vie qu’elle tire, ce qui ne cesse de m’interroger, moi pauvre lectrice de fiction.

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Le dimanche des mères

Le 30 mars 1924 est une journée radieuse.

Le 30 mars 1924 est un dimanche. Pas un dimanche comme les autres. Le dimanche des mères, soit le dimanche où, quand vous étiez employée de maison, votre maitre vous donnait votre journée pour aller rendre visite à votre mère.

Le 30 mars 1924 est le jour qui va bouleverser à jamais la vie de Jane Fairchild.

Orpheline, elle n’a pas de visite à faire. Elle peut occuper sa journée comme bon lui semble. Mais Jane a un secret, un secret qu’elle ne révélera à personne, sauf dans ce récit qu’elle fait à 98 ans. Elle va profiter de sa liberté pour retrouver Paul Sheringham. L’occasion est trop belle d’autant qu’il va se marier 15 jours plus tard.

Quel beau récit !

A la fois sensuel, marqué d’une certaine langueur, d’une certaine indolence et en même temps d’une énergie, l’énergie vitale de cette jeune femme amoureuse qui ne doit surtout jamais raconter son secret, révéler ses sentiments et qui va construire sa vie sur cette journée exceptionnelle entre toute.

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Le pays des eaux

Encore une lecture ancienne que j’avais résumée à l’époque en 5 mots clés :



* EAU : comme motif incessant, envahissant, celle qu’on ne réussit pas à dominer, à soumettre, le marécage permanent (cf. l’exergue tiré de « Les Grandes Espérances » de Charles Dickens : « Car nôtre était le pays des marais... »)

* SEXUALITÉ : affaire de curiosité, vilain défaut, on ne peut pas non plus la dominer définitivement. Elle se réveille tardivement, sublimée en religion et enlèvement d’enfant.

* ALCOOL : au début la bière rend prospère. Au moment du déclin, elle rend fou les Atkinson et alii.

* DÉCLIN : c’est aussi celui de la Grande-Bretagne thatchérienne, avec une résistance qui passe par l’Histoire.

* HISTOIRE : celle qui rassemble les pièces du puzzle patiemment, qui archive, qui déduit. l’Histoire de l’historien.
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Le dimanche des mères

Vestige d’une ancienne tradition aristocrate en perdition, le « dimanche des mères » est un jour particulier, durant lequel chaque employé de maison est délivré de ses obligations et libre d’aller passer la journée où bon lui semble. Pour Jane Fairfax, jeune orpheline au service des Niven qui n’a donc aucune famille à visiter, c’est une occasion exceptionnelle d’aller rejoindre pour la dernière fois son amant, Paul Sheringham, avant qu’il n’épouse une jeune femme de sa condition et ne l’oublie pour toujours.



La jeune fille, toute à son bonheur coupable, ignore encore que cette journée du 30 mars 1924 s’apprête à bouleverser à jamais sa vie et à donner un nouvel élan à son histoire…



Avec le récit détaillé de cette journée très particulière dans la vie de son héroïne, Graham Swift parvient à figer, avec beaucoup de précision et de justesse, chaque instant et chaque ressenti de façon à ce que, même raconté 70 ans plus tard, le récit n’ait rien perdu de sa vivacité, de sa sensualité et de sa puissance dramatique.



Perceptions sensorielles décuplées, émotions bigarrées, irréalité du moment, tout est là pour rendre l’instant inoubliable et souligne chez Graham Swift un sens indéniable de l’esthétique. Cette narratrice de 90 ans est également l’occasion de faire une rapide traversée du XXème siècle et de s’interroger sur la place de la femme, le rôle de la lecture, l’importance dans le choix des mots ainsi que sur le processus d’écriture. Un roman court, mais terriblement intense, envoûtant et parfaitement maîtrisé !



Challenge Jeu de l’oie

Challenge 7 familles
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Le dimanche des mères

Dans ce vieux siècle qui n'en finit pas de mourir dans le vingtième débutant, la guerre a pris tous les fils, morts quelque part dans la boue du nord de la France. En ce jour de mai 1924, il n'en reste plus qu'un, le plus jeune. Les autres sont des chambres vides et des portraits encadrés, ils hantent de leur absence le quotidien des vivants. La splendeur du train de vie passé a disparu, mais le monde des domestiques reste cantonné à sa place, derrière la muraille du protocole et des convenances. Totalement ? ...Jane, la petite bonne des Niven découvre la littérature patiemment dans la bibliothèque de ses maîtres. Elle entretient depuis 7 ans une liaison torride et secrète avec l'héritier du domaine voisin.

L'auteur concentre le basculement du monde et du destin personnel de son héroïne sur une seule journée pas comme les autres, le dimanche des mères de 1924, jour de congé pour les domestiques et jour du dernier rendez-vous de Jane avec son amant, qui doit épouser une héritière et partir à Londres.

Le regard se situe depuis la vieillesse de Jane qui repense sa vie, et ce jour précis avec une malice certaine et beaucoup d'émotion , dans des sortes d'interviews imaginaires . Elle interroge le destin, ses choix, l'amour des livres et des mots, ces mots qui évoquent, créent, transforment, adaptent le passé, disent les doutes et l'incertain, ils sont l'objet de toutes ses réflexions. Ils étirent le temps de la scène de la chambre sensuelle et impudique, cette relation tellement vraie de complicité et terriblement émouvante, ils accélèrent la marche vers la construction du destin de l'écrivain qui sommeillait dans la jeune orpheline.

J'ai beaucoup aimé cet éloge de la liberté créatrice, et ce croquis d'ambiance d'une époque où tout devient possible.



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Le dimanche des mères

Une belle journée de fête printanière voit le dernier moment d'intimité entre une soubrette anglaise et un héritier de bonne famille en passe de mariage.



Commencé dans le secret des amants cachés et la sensualité, ce dimanche des mères va se clore sur un drame qui sera l'acte fondateur du métier d'écrivain de Jane la petite bonne, de son talent de raconteuse d'histoires, où imagination, observations et souvenirs se mêlent.



Original à plus d'un titre, ce dimanche!

Le fond narratif est accrocheur dès les premières pages, par ces amours ancillaires dans l'atmosphère contemplative de la journée ensoleillée et le silence d'une maison vide et des objets immobiles. Le contraste avec la transgression érotique et la langueur des corps assouvis n'en ait que plus grand



Le twist de mi-parcours est particulièrement réussi, par son annonce lapidaire. le genre de petite phrase qu'on relit deux fois pour y croire.



Certains aficionados d'une série anglaise remarquée verront de la similitude dans les destinées: la société britannique des années 20, la grande faucheuse de 14/18 qui a laminé une génération les jeunes hommes, un monde aristocratique qui disparaît, laissant possible l'éclosion de la classe des domestiques et des femmes dans d'autres formes de talent.



Sur la forme, j'émettrais bien quelques réserves concernant l'écriture, dont les digressions par tirets explicatifs nuisent à la fluidité de la narration. La lecture en devient heurtée et cela m'a souvent gênée.

Il faut également composer avec un récit elliptique, des sauts temporels se mêlant à une réflexion sur la vocation littéraire.



Un petit roman qui a tout d'un grand, faisant échos aux grands noms de la littérature de l'époque évoquée et se démarquant des romans historiques post-victoriens par son modernisme.

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Le dimanche des mères

Un petit détour vers l'Angleterre et son aristocratie de l'entre deux guerres : cette epoque est synonyme de changement. Cette aristocratie qui a du mal à perdre certains privilèges faute de moyen pour les entretenir, et qui a aussi du mal avec la modernité ici l'automobile qui supplante les chevaux. Elle panse ses plaies encore fraîches issues de la première guerre mondiale.

A travers le regard d'une bonne qui est devenu la maîtresse du fils héritier de la maison d'à côté, personnel si peu visible par les aristocrates, l'auteur nous devoile les convenances et le paraître de ces derniers sur le déclin. Il faut s'adapter mais certaines coutumes sont tenaces et un aristocrate a un rang à tenir.

Une plume agréable à lire, un roman qui ne va pas là où l'on croit, ce dimanche des mères marque un tournant dans la vie de plusieurs protagonistes.
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Le dimanche des mères

Le premier contact avec un roman est sa couverture, celle-ci inspire le calme, la volupté, des notes de piano très lentes, très précises. les premières pages nous mènent en Angleterre en 1924, le 30 mars plus précisément, dans une maison bourgeoise qui abrite une jeune femme de chambre, Jane. Cette journée est offerte par les employeurs pour que chacune des domestiques puisse retrouver les siens pour le dimanche des mères. Ce 30 mars sera un jour important pour nombre d’employés, un point de départ dans la vie pour Jane, orpheline. Cette dernière ne rejoindra pas sa mère mais son amant, à bicyclette à travers la campagne. Elle retrouvera Paul, un jeune aristocrate qu’elle aime depuis longtemps. Une dernière fois sonne pour leurs retrouvailles car le jeune homme va épouser Emma, une jeune femme de son rang.Ce récit est mené avec une délicatesse telle que l’on a l’impression d’être envahi des sentiments, des ressentis des personnages, de l’ambiance des lieux.Ce jour signant une fin n’est autre qu’un ambitieux début pour Jane, amoureuse des livres, elle deviendra écrivain forte de ce qu’elle aura vécu ce 30 mars 1924. Aucune fausse note pour ce court néanmoins intense roman tout en romantique musicalité. Une très belle lecture dont il ne faut pas se priver.
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Le dimanche des mères

Je découvre Graham Swift avec Le dimanche des mères. Et quelle découverte! Pourtant, les premières pages ne m'ont pas emballée plus que ça. Une impression de rester en-dehors de l'histoire. Impression qui s'est très vite dissipée.



Le roman navigue sur quasiment tout le XXème siècle avec cependant pour point d'ancrage une journée très particulière : le 30 mars 1924, le dimanche des mères. Par tradition, les maisons britanniques pourvues de domesticité donnent cette journée à leurs domestiques pour qu'ils rendent visite à leur famille. 1924 : la guerre de 14-18 est certes terminées depuis cinq ans et demi mais elle a laissé de profonds ravages dans les familles, dévorant des fils, des frères, des époux ou fiancés.



Au centre, Jane Fairchild, orpheline de 22 ans, bonne chez les Niven, dans le Berkshire. Faute de mère, elle va passer ce dimanche d'une toute autre façon. Elle qui deviendra une célèbre romancière verra ce jour-là sa vie prendre une autre tournure.



Bien sûr, il est question des rapports entre maîtres et serviteurs dans ce roman. Graham Swift dépeint la condition des bonnes, leur devoir de tout voir tout en restant d'une discrétion absolue, servir sans attirer l'attention sur la tâche qui s'accomplit.

Le dimanche des mères aborde également la question de l'écriture, de la lecture, du poids et du sens des mots. Jane est attirée par les livres très jeunes, lisant Stevenson, Conrad, etc. Des livres plutôt à destination des garçons et des hommes, lui fera-t-on remarquer. J'aime sa réponse : "Et alors?". Jane est éminemment une femme libre dans son corps comme dans son esprit, ce qui me la rend si fascinante et si détachée de son époque. De ses époques même puisqu'elle traverse quasiment le siècle.



La trame non linéaire de la narration nous conduit à de nombreux voyages dans les décennies, où le récit de vie suit ou précède des réflexions littéraires ou des interrogations d'ordre philosophique sur l'existence et les voies que celle-ci prend au détriment d'autres. Qui ne s'est pas demandé un jour : que se serait-il passé à tel moment si j'avais fait ceci à la place de cela? Que serais-je aujourd'hui si en telle année j'avais finalement opté pour telle décision plutôt que l'autre? On y est tous confronté et il n'y a certes pas de réponse définitive. On pourrait presque arguer que ce sont des questions oiseuses. N'empêche qu'elles surgissent plus souvent qu'à leur tour.



Je ressors donc sous le charme de l'écriture et de l'histoire narrée par Graham Swift. Court et concis (171 pages en version Folio), le roman dévoile pourtant tout un monde et la vie d'une femme exceptionnelle, arrivée au monde telle une page vierge, sans nom ni date de naissance précise, abandonnée devant un orphelinat et néanmoins dotée par ces faits même d'une liberté qui a peu d'égale.
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Le dimanche des mères

Nous sommes le 30 mars 1924, quelques années après la fin de la première guerre mondiale qui a décimé de nombreuses familles anglaises. Les Niven qui emploient Jane comme bonne, ont perdu deux fils. Les Sheringham, amis et voisins, également. Ne leur reste que Paul, amant de Jane mais qui doit bientôt épouser une jeune fille de son milieu, Emma Hobday.



Cette journée est le dimanche des mères, vieille tradition qui donne congé aux domestiques pour aller rendre visite à leur mère. Le temps est étonnamment chaud pour la saison et Jane, orpheline, a rendez-vous avec Paul pour la dernière fois. Et pour la première fois dans sa maison, désertée par sa famille, dans la chambre du jeune homme, dans son lit. Depuis sept ans que dure leur relation, elle a été pour lui d’abord une prostituée, puis une amie et enfin une amante. Mais toujours cette fille sans famille, sans nom, sans racines, une bonne, dont le rôle est d’être discrète et disponible…Alors que son amant se lève s’habille et s’en va rejoindre sa fiancée sans qu’un mot ne soit prononcé entre eux si ce n’est quelque banalité, elle va demeurer seule quelques heures dans cette demeure vide, s’y promener nue, et une forme de renaissance va s’opérer qui va l’amener à décider de son destin. Brutalement confirmé par une nouvelle qui accentue ce sentiment que le monde est en train de basculer…



Un très beau livre don l’écriture et la sensualité nous portent et qu’on a du mal à lâcher malgré le style de l’auteur très détaché, jouant sur les notions de fiction et de réalité, comme si cette histoire n’était pas vraiment vécue car secrète, Jane se situant entre deux époques, mais ayant compris dans son malheur le pouvoir des mots. Envoutant.

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Le dimanche des mères

Le dimanche des mères, c’était une journée où on donnait congé aux domestiques pour qu’elles puissent aller voir leur mère… une fois par année!



Mais si on est orpheline, on n’a pas de mère à visiter, on peut en profiter pour lire un récit d’aventures ou pour rencontrer son amant. C’est ce que fait l’héroïne du roman.



Pour une enfant abandonnée, Jane a beaucoup de caractère. Elle dit même qu’elle a de la chance d’être orpheline, « d’être une feuille vierge » qui peut se construire à sa guise. Et c’est sans doute particulièrement vrai dans cette Angleterre des grands manoirs victoriens, où le rôle de chacun est déterminé par de strictes convenances.



Et puis, Jane a aussi beaucoup de talent pour le bonheur, pour s’amuser d’une belle journée ensoleillée, pour se régaler d’un nouveau mot ou jouir du corps de son amoureux.



Un court roman joliment écrit, une héroïne attachante dans un décor d’amour et de verdure. Que demander de plus pour un agréable moment de lecture ?

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Le dimanche des mères

Le bandeau rouge entourant ce livre de poche promettait : « Si vous avez aimé Downton Abbey, vous aimerez ce roman. » Bonne pioche, me suis-je dit en entamant sa lecture, ravie de me replonger dans l'ambiance « maîtres et valets » de l'Angleterre du début du XXe siècle. Mais à peine tournée la quatrième page, voici que surgissent les mots « bite, couilles, chatte »... Un vocabulaire impensable pour Lady Grantham ou Mr Carson ! Julian Fellowes, le créateur de Downton Abbey, nous a habitués à plus de retenue que Graham Swift.



Or passé ce début plutôt cru, le dimanche des mères se révèle un roman d'un grande subtilité. Il pourrait aussi s'appeler « 24 heures de la vie d'une bonne » car la peinture fine des sentiments est proche du talent de Stefan Zweig. En cette journée de congé annuelle accordée aux domestiques pour rendre visite à leur mère, la jeune bonne Jane Fairchild a rendez-vous avec Paul Sheringham, un jeune aristocrate avec qui elle entretient une relation secrète depuis plusieurs années. Ce rendez-vous amoureux a un goût spécial car c'est la première fois que Paul reçoit Jane dans sa chambre au château, mais aussi parce que Paul doit épouser dans deux semaines une jeune fille de son milieu. Un goût de première et de dernière fois que Jane savoure sur le moment, sans savoir que ce jour va déterminer sa vie entière.



Avec ce court roman de 170 pages, Graham Swift - auteur britannique à succès que je ne connaissais pas auparavant - se livre à un exercice de virtuosité littéraire. On peut y trouver plusieurs niveaux de lecture : historique (la société anglaise qui peine à se reconstruire après la perte de ses jeunes hommes en masse pendant la première guerre mondiale), sociologique (la remise en cause inévitable de l'ordre ancien entre les maîtres et les domestiques), sentimental (la relation entre Paul et Jane) et essai sur le travail de l'écrivain.



C'est ce dernier aspect qui m'a le plus marquée. L'auteur entrelace la description chronologique de ce dimanche de 1924 avec des aperçus de la vie de Jane avant et après cet événement, retraçant ainsi sa vie entière et la naissance de sa vocation d'écrivain. Jane, devenue romancière de renom, est une vielle dame espiègle qui entretient le mystère sur son passé. Cela m'a rappelé l'écrivaine mise en scène par Diane Setterfield sans le treizième conte. Une raison de plus pour apprécier cette histoire à première vue simple, mais en réalité d'une grande profondeur.



Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour ce beau moment de littérature.
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Le dimanche des mères

Petite déception à la lecture de ce roman dont plusieurs collègues m’avaient vanté la beauté.

L’histoire est simple, une jeune femme de chambre va passer sa journée de congés en compagnie de son amant, un jeune homme de la haute société, qui va se marier bientôt.

L’histoire se passe en Angleterre en 1924 et on voit bien le train de vie déclinant des riches et leurs rapports avec leurs employés. Mais pour le reste, que d’ennui.

La première moitié est lente et quand soudain un rebondissement apparaît on se réjouit, alors que la suite ne sera finalement qu’une répétition de ce qui a déjà été dit avant.

Aucune surprise donc, je n’ai pas trouvé du tout la sensualité annoncée, je n’ai rien appris sur la condition des domestiques que je n’avais pas déjà lu ailleurs et l’intrigue est finalement très maigre, en tout cas, pas assez consistante pour faire l’objet d’un roman.
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