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Critiques de Henri Lopes (40)
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Tribaliques

Tribaliques est un recueil de huit nouvelles de 102 pages aux éditions CLE de Yaoundé il a valu à Henri LOPES le Grand Prix Littéraire de L’Afrique Noire en 1972



Dans chacune de ces huit nouvelles, il s’agit bien évidemment de l’Afrique des indépendances ; certes, quelques retours en arrière, situés en deçà, évoquent fugitivement la période coloniale, mais uniquement pour éclairer un personnage ; après coups et par contraste ou par contradictions. Dans tout récit, l’auteur fournit un minimum de précisions géographiques, réelles, fausses ou déguisées, qui sont autant de point de repère pour le lecteur et de points d’ancrage nécessaires pour l’action.



Plus qu’un recueil de nouvelles, l’œuvre Tribaliques d’Henri LOPES est l’expression d’un réquisitoire contre les maux qui minent nos sociétés Africaines modernes. Il est aisé d’y voir une peinture de mœurs politiques caractérisées par un pouvoir de despotisme, de corruption et surtout d’impuissance mais aussi une société appliquée d’une certaine ironie et avec parfois des valeurs sentimentales



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Le Pleurer-Rire

images poignantes d'une certaine Afrique.

dense et complexe, souvent violent.

dictature et ses conséquences.
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Ma grand-mère Bantoue et mes ancêtres les Gaulois

« Je ne suis pas un Congolais typique. Ni mon nom ni ma couleur n’indiquent mon identité. Et c’est bien ainsi : comme vous je descends du chimpanzé », commence Henri Lopes, dans son « Ma grand mère bantoue et mes ancêtres les gaulois », livre majeur sur la réflexion à l’ordre du jour dit il, en 2003, (et de plus en plus à l’ordre du jour en 2021).

Ses racines, les ancêtres de sa terre natale, on les a appelées négritude, puis sentiment national, puis authenticité, puis identité- disons woke aujourd’hui.



Ces racines constituent une de ses appartenances. Cette appartenance elle –même doit se questionner : le culte prononcé de l’identité, originelle ou religieuse, induit l’obscurantisme, le fondamentalisme et les politiques d’exclusion. Il a produit Amin Dada, il a produit Bokasa.

Ces racines, ce sont aussi sa propre culture, son village, sa grand mère bantoue, qui s’est mariée avec un capitaine et lui disait qu’il ne fallait pas forcément chasser les blancs, mais les tribalistes, les exploiteurs et les tyrans :eux, oui, dehors.

« Ma grand-mère avait raison ! Nous ne sommes plus une tribu mais le monde en métamorphose car la communauté qui se croit pure possède en fait dans son histoire un, deux, plusieurs métissages oubliés. »



La deuxième identité est internationale. Henri Lopes écoute autant les rumba congolaises que Verdi ou Mozart. Il reconnaît dans ses ancêtres les Bantous et aussi les Gaulois, au sens large : Homère, Platon, Ovide, Montaigne, Montesquieu, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Flaubert, Goethe, Heine, Shakespeare, Rainer Maria Rilke, Proust, Camus.



Et la troisième identité est personnelle, même si, en période d’indépendance ou de construction nationale, l’individu s’identifie et doit s’identifier à sa communauté. Durant une période, beaucoup d’africains se voyaient incapables de dénoncer les dictatures dissimulées derrière les bannières nationales, ne pouvant pas, en conscience « faire le jeu de l’ancien colonisateur, être aliéné par eux»

« La formulation de la moindre critique, dit Lopes, sur les politiques inacceptables de nos dirigeants comme sur les coutumes et les comportements désuets de nos concitoyens nous rendait passibles de conseil de guerre. »



Henri Lopes revient sur ses ( nos, mes)… voyages entre l’anti-impérialisme, le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire, les Damnés de la terre De Frantz Fanon, le FLN, drapeau de la lutte de libération du peuple algérien, et pourtant incapable de contenir une jeunesse en furie trente ans après l ‘Indépendance, le déni qui a fait attribuer les déboires africains aux manipulations venues de l’extérieur, aux malversations du néo-colonialisme, à l’impérialisme , sans prendre conscience que les dirigeants des pays ne venaient pas au pouvoir en vue d’un programme politique crédible, mais en réalité comme regroupements d’individus d’une même région ou même tribu.

Le triomphe de Nelson Mandela, comme modèle de sortie après trente ans d’apartheid en prison, donne l’exemple, sauf qu’il restera unique en son genre, car « il n’en est pas moins vrai que pour beaucoup de nos concitoyens la vie en Afrique est pire qu’alors, avec ses« bouffons sanglants ».



Or, l’Afrique, comme toutes les civilisations, « a besoin d’imprécateurs pour sortir des ornières dans lesquelles elle s’embourbe. »

Etre à contre courant des bien-pensants, dénoncer, progresser, refuser les pensées tribales excluant les autres. Car la colonisation relève de la préhistoire.

Refuser de penser à un âge d’or où tout aurait été idyllique, même si on peut citer de grands royaumes et empires africains. Et se critiquer, car si après les Indépendances « nous nous sommes crus irréprochables », les guerres civiles internes, et l’absence de mouvements humanitaires africains, sont des tabous gênants, et à la fois doivent se dire. Ce sont nos ancêtres les Gaulois qui peuvent aider les intellectuels à « être prêts à recevoir le crachat en échange de leur lucidité. »

L’Afrique a besoin de Socrate, de Descartes, de Hegel, de Rilke, comme elle a besoin de Confucius et de Gandhi. »



Je ne peux terminer la présentation de ce livre admirable, que tout un chacun devrait lire maintenant, urgemment, sans citer cette longue et magnifique mélopée :

« J’écris pour dépasser ma négritude et élever ma prière à mes ancêtres les Gaulois ; Gaulois de toutes les races s’entend, de toutes les langues, de toutes les cultures. Car c’est pour moi que Montaigne s’est fait amérindien, Montesquieu persan et Rimbaud nègre. C’est pour m’aider à déchiffrer l’Afrique que Shakespeare a fait jouer ses tragédies, que Maupassant m’a légué ses nouvelles.

J’écris pour avoir la force de vivre le pays de solitude, le pays métis.

J’écris pour décharger dans les mots mon envie de danser sur la place publique ; j’écris pour toi ; pour t’offrir cette coupe, toi dont la silhouette et les pas de danse me poursuivent dans mon sommeil ….

J’écris dans la bonté. J’écris dans la fureur. J’écris pour ne pas basculer. J’écris dans la folie. J’écris pour revenir dans la folie.

J’écris pour me soigner.

J’écris parce que je ne sais pas, j’écris pour apprendre. ……

J’écris pour étudier.

Jetez le livre qui vous offre des images pieuses, des héros et des certitudes !

Ecrire, c’est s’ouvrir à tous les vents. Ecrire, c’est entreprendre la quête inachevée.

J’écris parce que la vie me déroute, j’écris parce que j’ai peur de la mort. J’écris pour apprendre à penser, pour mieux comprendre autrui, j’écris pour me comprendre.

J’écris pour me racheter. »



La citation est longue, chaque fois que je la lis, je pleure. Je pleure aussi sur ces mauvais combats, dans lesquels nous avons cru, ces tromperies, ces illusions que l’Afrique allait s’en sortir, ces mots d’ordre des années 60.

Alors, le livre d’Henri Lopes est une réflexion féconde qui fait sortir du pessimisme.

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Le Pleurer-Rire

Hannibal-Ideloy Bwakamabé Na Sakkadé a pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’État. L’ancien dictateur a été chassé, et le pays peut désormais entrer d’un pas confiant dans l’avenir, fait de démocratie et de modernité, tout en préservant les marqueurs forts de l’identité africaine.



Bien sûr, le nouveau président pratique quelques purges dans les autres ethnies (tous des lâches, des vendus et des intriguants) et confie les rênes du pouvoir aux membres de la sienne (qui le servent d’autant plus énergiquement qu’ils ont bien conscience qu’ils seront sur la liste de la prochaine purge si leur poulain venait à perdre le pouvoir) : il faut bien repartir sur des bases saines.



Petit à petit cependant, des rumeurs diffamatoires commencent à circuler : le nouveau président ne serait pas mieux que l’ancien, il se servirait dans la caisse de l’État pour ses dépenses personnelles, son orgueil démesuré le pousserait à éliminer la moindre trace de critique (voire même de louanges pas assez appuyées), ce ne serait qu’un guignol prêt à tout pour obtenir une marque de faveur de la part de la France,… Ulcéré par ses calomnies, le président lance bien quelques purges supplémentaires, mais malgré tout, les rumeurs reviennent inlassablement.



Comme beaucoup d’auteurs africains que j’ai eu l’occasion de découvrir, Henri Lopes dénonce ce perpétuel renouvellement de chefs de guerre qui deviennent présidents, mais ne parviennent jamais qu’à vendre les rêves de leur peuple pour enrichir leurs proches, en s’agrippant au pouvoir jusqu’à la mort. Le choix du protagoniste principal, arrivé dans l’entourage proche du président sans vraiment le vouloir, permet d’avoir à la fois un œil sur les coulisses du pouvoir et une oreille dans la vie quotidienne du peuple, dont la langue est agréablement retranscrite. Si j’ai globalement apprécié le livre, il y a aussi une certaine lassitude à lire toujours les mêmes thématiques dans les œuvres africaines.
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Une enfant de Poto-Poto

Un voyage dans un Congo des souvenirs de l'indépendance, de la congolaise l'hymne nationale qui, à l'époque ,a fait la joie des mères et des pères. Une enfant de Poto-Poto nous plonge dans une amitié qui au fil des années se transmue en une famille, mais les deux amies tombent amoureuses d'un même homme, le banc noir Franchescini, un de leur professeur de lettres du lycée. Il leur inspire et leur insuffle le gout pour la littérature, au point que parmi les deux filles, Kimia , deviendra écrivaine. Ça se passe entre Kimia et Pélagie! Si Kimia n'a pas le courage d'exprimer ses sentiments à Franschecini. de même que celui-ci ne sait comment s'y prendre avec la timidité de cette fille, par contre Pélagie,toute prête à vivre une histoire d'amour depuis le lycée, plus courageuse que Kimia, se donne sans détour au professeur. Cet amour à trois, subissant diverses variations, s'étend sur plusieurs année....

Le style est pourtant simple mais il y a comme une lourdeur qui fait que la narration parait un peu ennuyeuse, on voit couler beaucoup d'années sans qu'il y est une action qui accroche sauf s'il y a lieu de faire intervenir la vie amoureuse de ces trois personnages. Je me suis beaucoup ennuyée avec cette histoire linéaire. A côté de ce bémol, il y a l'aspect historique qui reste très intéressant!



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Il est déjà demain

"Il est déjà demain", signé Henri LOPES aux éditions J-C Lattès, est un témoignage habité par l'urgence. Curieusement, alors que ce récit se plonge inlassablement dans le passé, y cherche et trouve ses racines, c'est le futur, l'à-venir de l'Afrique intérieure qui importe à son auteur. Henri LOPES, une des plus célèbres plumes de la littérature africaine, écrit pour mémoire. Il écrit pour que le nécessaire coup d'oeil à jeter dans le rétroviseur de l'Histoire éclaire la route que l'Afrique ne peut regarder qu'à travers un large parebrise de compréhension qui, seul, permettra à ces peuples d'aller résolument de l'avant. Et si le rétroviseur est toujours plus petit que le parebrise, il reste de première nécessité dans l'équipement sécuritaire de tout voyageur ! le récit d'Henri LOPES se veut donc au service de cette autonomie à mettre en place. Permettre à un peuple d'assumer la conduite de la nation, même s'il n'a pas été correctement préparé à ce faire. L'Histoire est en marche. Elle ne peut s'arrêter. Il y a donc urgence à réaliser ce travail de mémoire du peuple pour lui permettre de savoir d'où il vient, où et comment il va !



Henri LOPES nous trace cette Histoire d'un peuple qui se cherche, erre en quête d'un substrat politico-philosophique, avance en funambule entre les communismes de l'Est, de Cuba, de l'Afrique balbutiante, toujours hanté et habité des moules coloniaux qui l'ont formé, déformé, nié, brisé, exploité puis reconnu, parfois de pure forme, sans plus. Henri LOPES le sait et le fait ressentir au travers de son écriture, le nécessaire travail de décolonisation se perd, se gagne aussi parfois, avec ceux qui ont lutté contre le régime tout en ayant été formés par lui. La volonté du peuple de suivre un parcours scolaire en langue française, celle des coloniaux est assez significative à ce propos. le pouvoir était au 'français', la formation du peuple, en quête d'identité culturelle mais aussi de puissance et de liberté, doit se faire en français !



Malgré un afflux important d'informations qui, toutes, ne parlent pas au belge que je suis (plus habitué à l'histoire de 'l'autre Congo'), si on accepte, aisément, de sentir, retenir, l'ambiance, le climat, les traits marquants qui 'portraitisent' l'Histoire, "Il est déjà demain" est un livre touchant. Il interroge l'africain, d'hier et d'aujourd'hui. Mais aussi tous ceux qui descendent des nations colonisatrices. On ne peut nier le passé, encore moins le transformer. Mais il y a urgence à l'écrire pour le comprendre, lui donner, enfin, un avenir digne d'humanité ! Henri LOPES participe à ce travail de mémoire. A lire, découvrir, réfléchir sans modération ! Merci à NetGalley et aux Editions J-C Lattès de m'avoir permis de découvrir cette tranche d'histoire de l'Afrique intérieure!
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Il est déjà demain

Il est déjà demain de Henri Lopes est un ouvrage de la rentrée littéraire découvert via net galley et les éditions J.-C. Lattès.

Huit ans après l’indépendance du Congo, le gouvernement demande à ses cadres de justifier leur filiation, de prouver qu’ils sont bien congolais.

Henri Lopes a trente ans. C’est une déflagration. Il n’a jamais oublié cette blessure et l’indignation ressenties.

Comment prouver ce que l’on est ? Quelles identités multiples et changeantes composent notre être ?

Henri Lopes plonge dans l’histoire de ses parents. Ils étaient tous les deux métis, nés d’une mère « indigène » et d’un colon, « nègres de préférence » un jour, « blancs de préférence » un autre. Henri Lopes a hérité de leurs histoires.

Il est déjà demain est un roman autobiographique captivant, qui m'a permis de découvrir le Congo, pays sur lequel il me semble n'avoir jamais rien lu auparavant. En tout cas, cet ouvrage m'a appris pas mal de choses !

J'aime les ouvrages se déroulant en Afrique et ce que j'ai apprécié ici c'est que nous avons un roman autobiographique, genre que je connais mal. Et j'ai trouvé ce roman vraiment très bien écrit, bien ficelé, et j'ai eu du mal à le lâcher pour faire autre chose.

Les questions posées par l'auteur sur ce qu'il est, sur ses origines.. sont très pertinentes.

Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais j'ai beaucoup apprécié sa plume et je pense le relire à l'avenir.

Je mets un très joli quatre étoiles à cet ouvrage, que je vous invite à découvrir :)
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Une enfant de Poto-Poto

Une enfant à Poto-Poto où trois parcours de vie qui se croisent, s'interpellent, se mêlent pour ensuite s'éloigner, au Congo, en France et aux Etats-Unis. Deux jeunes femmes impactent la vie d'un homme (tour à tour mentor et amoureux) et inversement. C'est la synthèse de leurs trajectoires personnelles et communes que nous relate Henri Lopes. Celle de Kimia m'a le mieux questionnée.



A commencer par sa vie aux Etats-Unis, marquée par des difficultés d'intégration auprès de ses congénères Noirs et Blancs, tous véhiculant les mêmes clichés sur les Africains. D'ailleurs quand son mari Jordan, lors du premier voyage du couple au Congo, arbore des codes vestimentaires locaux mais visiblement datés (car mélangeant les styles) il invoque la perte de l'âme des habitants. Ce en quoi son épouse lui rétorque : " Les âmes évoluent."



Puis, l'auteur s'attarde sur la condition d'écrivaine de son héroïne. Comment toucher un lectorat, large et international, sans se renier, ni avoir à se dépenser dans des manifestations littéraires vaines ?

Manière de signifier qu'au delà des continents, du genre ou de la fortune, on peut traverser les mêmes interrogations. Une autre façon d'aborder le métissage dans cet ouvrage fouillé malgré quelques longueurs.
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Le Pleurer-Rire

C'est plutôt un bon livre, plutôt bien écrit, pas mal de changements de narrateur ou de perspective, un ton plutôt drôle... Un genre de Fête au Bouc de Vargas Llosa à l'africaine ? Pas vraiment, pas aussi fou.

Malgré toute les qualités dont dispose ce livre, je me suis ennuyé, rien ne va assez loin, juste pas assez loin, comme cette pseudo dictature ou cette pseudo démocratie de pseudo pays d'une pseudo Afrique... Encore loin d'être (de retour à) elle-même.
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Le Pleurer-Rire

pas de critique
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Tribaliques

Huit histoires puissantes sur des personnes qui vivent dans la société et qui en dépendent. Ils apprennent à survivre dans le monde de l'injustice et de la cruauté. Les péchés de l'humanité sont décrits comme une énorme responsabilité de chacun de nous.
Lien : https://www.domyhomework4me...
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Tribaliques

Tribaliques est un recueil de nouvelles pas forcément innocentes puisqu'elles présentent les problèmes de l'Afrique post-coloniale. Sous couvert de décrire le cadre de ces nouvelles, sont abordés les problèmes de décolonisation, de corruption, de la place de la femme, de la brutalité policière, et aussi de la capacité d'adaptation de la population à tous ces maux.

J'ai particulièrement aimé l'Ancien Combattant, l'Honnête Homme et le Complot. Beaucoup moins La Fuite de la main habile et la bouteille de whisky. Quant à Monsieur le Député, je vous laisse le découvrir, on sait que partout il peut y avoir un écart entre le discours et la conduite, chez lui c'est un gouffre.
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Le chercheur d'Afriques

Né à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa), Henri Lopes a été premier ministre (1973-1975) puis ambassadeur en France (1998-2016) de l'autre Congo (Brazzzaville). Il mène parallèlement une carrière littéraire. "Le Chercheur d'Afrique" est son 5ème roman, l'histoire d'André, un jeune métis (père blanc et mère congolaise). Père disparu. Privé de cet amour paternel, il se met à la recherche de son père. Qui est-il? Un général français, un petit commerçant portugais? André part à Paris pour le retrouver. Ce thème est très fréquent dans la littérature africaine, et dans de multiples aspects de ce roman. L'auteur invente un joli néologisme: "voyelle", féminin de "voyou". Deux citations: "On dirait que le docteur est plus blanc que tout à l'heure. C'est sans doute sa lampe de bureau" - "Le commandant a d'abord demandé à voir ma mère. Avec l'interprète et l'Oncle Ngantsiala, ils se sont assis sous l'arbre à palabre".



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Il est déjà demain

Un roman autobiographique est probablement l'exercice le plus difficile en littérature car il faut savoir se dévoiler avec le plus de "véracité" possible tout en réussissant à susciter et conserver l'intérêt de celui qui vous lit. A cet égard, il faut admettre que l'autobiographie d'Hervé Lopès est une réussite dans le genre.

Né au Congo à Kinshasa de parents métis, l'auteur grandit à Brazzaville, étudie ensuite en France à la Sorbonne, et deviendra premier ministre du Congo-Brazzaville de 1973 à 1975. Nous suivons Henri Lopès dans ses mémoires, de l'histoire précédent sa naissance, qui conditionnera son identité, à aujourd'hui. La petite histoire rejoint la grande et l'auteur nous fait découvrir un visage moins connu du Congo, où il n'est pas uniquement question de colonisation, mais aussi de l'après : la reconstruction de l'identité de l'homme africain après le passage de la nation colonisatrice. Un récit parsemé de réflexions intelligentes aux vertus éducatives sur un sujet qui mérite que l'on s'y attarde. Si la vie d'Henri Lopès a certainement était très riche, rendant ainsi son récit passionnant, il ne faut pas occulter ses talents de conteur. Du Congo à la France, en passant par la Russie ou l'île de Noirmoutier, on suit les tribulations de l'auteur avec grand intérêt. Un livre qui me donne désormais envie de découvrir les autres textes d'Henri Lopès. Je recommande chaudement la lecture de cet ouvrage pour quiconque voudrait en apprendre davantage sur la construction de l'identité africaine aux lendemains de la décolonisation. Je remercie Netgalley et JC Lattès pour la découverte de ce très beau texte.
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Ma grand-mère Bantoue et mes ancêtres les Gaulois

« L’Afrique – qui fit – refit- et qui fera. » Michel LEIRIS



Les premiers livres publiés dans cette collection bénéficiaient d’une présentation de Jean Noël Schifano directeur de la collection. J’en extrait deux phrases emblématiques « Nous parions, ici, sur les Africains d’Afrique et d’ailleurs, de langue française et de toute langue écrite, parlée et sans doute pas écrite encore, nous parions sur l’écriture des continents noirs pour dégeler l’esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches en papier qui prennent le relais de fétiches en bois. ». Le frontispice des premières parutions a disparu mais l’orientation éditoriale demeure.



C’est après avoir lu de nombreux auteurs, africains, antillais, publiés dans cette collection (et chez d’autres éditeurs), que j’ai souhaité, dans une note aux dimensions modestes, faire partager des plaisirs de lecture et peut-être vous entraîner dans ces espaces si proches et si peu connus. En ces temps d’éphémères, je choisis de puiser dans les premiers ouvrages publiés.



Laissez vous guider par les titres et leurs résonances, passez la porte des jaquettes tachées et entrez dans ces continents, vous y trouverez des écrivain-e-s passionné-e-s et passionnants.



Vous avez peur de l’inconnu, vous chercher des repères, pourquoi ne pas commencer par les deux livres de Boniface MONGO MBOUSSA « Désirs d’Afrique » et « L’indocilité » qui présentent un large panorama d’auteurs, odeurs classiques, fragrances modernes, ténèbres rwandaises, flamboyances congolaises, diaspora et casques coloniaux.



L’écriture des un-e-s vous enchantera, celle d’autres vous fera rire, leurs rêves vous sembleront proches et d’autres si lointain. Contes, récits épiques, aventures, livres accrochés à la vie.



Quelques idées, pour vous mettre l’eau à la bouche, espérances de lectures à venir.



Plongez vous dans la langue savoureuse de Abdourahman WABERI « Transit » qui de Roissy à Djibouti évoque la guerre et l’exil ou « Rift, routes, rails » variations au passé et au présent sur les déserts, les océans et les mythes. Choisissez la langue brutale de la martiniquaise Fabienne KANOR qui dans « D’eaux douces » raconte l’aliénation d’une femme au prise avec les questions identitaires.



Peut-être serez vous attiré par le titre « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » de Henri LOPES qui revient sur le mouvement de la négritude et s’interroge sur la création, la francophonie, le métissage à l’heure de la globalisation .



Choisissez l’un des romans de Ananda DEVI, originaire de l’île Maurice, par exemple « Soupir » et son premier paragraphe « La terre est enflée comme une langue qui n’a pas bu depuis longtemps. Le sable coule aux pores. Les horizons et les regards sont scellés. Au dessus de nous, le ciel semble ouvert. Mais il n’y a rien d’ouvert, ici. Nous sommes nés enfermés. »



Suivez la quête d’amour de Maya, héroïne de Nathacha APPANAH-MOURIQUAND.



Vous n’aimez pas le foot, que cela ne vous rebute pas d’entrer dans « La divine colère » du camerounais Eugène EBODE, pour y partager sa critique de la compétition et des passions « transformant les stades en crachoir et en cratère de tous les exutoires ».



Que dire de « L’ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos TUTUOLA, qui fait figure d’ancêtre de ces littératures. La traduction de Raymond QUENEAU est un régal.



Allez à « Lisahohé » capitale imaginaire mais si réelle du togolais Théo ANANISSAH pour suivre et vous perdre dans une enquête où le narrateur même ne semble pas si innocent.



Rejoignez la tendresse de la gabonaise Justine MINTSA dans « L’histoire d’Awu » à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du journaliste qui vous entraînera sur les traces de Lidia do Carmo Ferrerira poétesse dans « La saison des fous » de l’angolais José Eduardo AGUALUSA.



Mais peut-être serez vous plus sensible à la confrontation entre modernité et privilèges ancestraux dans « La révolte du Komo » du malien Aly DIALLO, au récit du congolais Mambou Aimée GNALI et son « Beto na beto, le poids de la tribu » ou au destin de l’aveugle Doumé dans le roman « Le cri que tu pousses ne réveillera personne » du camerounais Gaston-Paul EFFA .



Admirez le portrait dressé de l’île Maurice par Amal SEWTOHUL dans « Histoire d’Ashok et d’autres personnages de moindre importance », ou parcourez l’effacement de la société traditionnelle dans le système colonial de Donato NDONGO dans « Les ténèbres de ta mémoire ».



Je ne veux ni vous lasser si substituer mes propres découvertes à vos possibles lectures.



J’ai gardé pour la fin la mosaïque de Sylvie KANDE « Lagon, Lagunes » et la petite postface si belle de Edouard GLISSANT qui se termine par cette invitation « Je voulais seulement, à cette place, partager avec vous l’insondable et l’imprévisible. Écrire est une divination. Lire ce qui fut écrit, c’est déchiffrer l’énigme. »
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Tribaliques

Un livre magnifique servi par une grande plume de ce temps.
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Le Méridional

Je fais un grand détour ou bien je ferme les yeux



De l’ile de Noirmoutier au Congo ou l’inverse, des mondes en continuité et en entre-les-deux, des mondes métis.



En marchant, « C’est en marchant que les idées me viennent, que mon imagination prend essor, que les réponses à mes questionnements, aux mystères et aux énigmes affluent dans mon esprit, que l’inspiration se diffuse en moi, que les brouillons de mes textes se purifient ». Le promeneur et les possibles de l’histoire.



Henri Lopez décale les visions, un OCNI « objet coloré non identifié » chez les indigènes d’une ile pour écrire sa thèse sur Les soldats noirs d’Afrique centrale au cours des deux guerres mondiales européennes… L’inversion des regards et l’œil ironique immergé dans les ajustements des uns et des autres, « Ils ressemblent à tout, sauf à ce qu’ils sont. Ils ressemblent à tout, à des gens, ou des choses, semblables aux autres, interchangeables, sans valeur, sans intérêt, dérangeants et inquiétants ». Une histoire de métis pleine d’humour…



Indigènes, un homme mystérieux Assanakis, lien non fortuit entre les différents niveaux du livre, des mots le sens propre de nos entendements, celui nommé le « Méridional », celui qui dit « Je ne suis pas un homme de couleur, mais un nègre », La Niquette, les méti…



L’intempestif, le crime ordinaire et le basculement derrière les identités choisies.



Les luttes anti-colonialistes, le Congo, les espoirs et les dérives… Une autre histoire, peut-être… Ce premier basculement, malgré la thèse sujet évoqué, malgré le nom cité de Fernando Pessoa, l’écrivain aux plumes multiples, peut sembler incongru, étrange.



Un second basculement, histoire dans l’histoire, « revenir aux années quarante », tisse de sens les moments éclatés, métisse les moments et les personnages, donne vies aux croisements, hasard objectif…



Le récit se déplie, les niveaux s’enchevêtrent, les lumières jettent des ombres sur le coté, les éclairages plausibles…



Des dialogues et des situations. Qui est métis ? Quels sont les lieux où nous pourrions souhaiter disparaître ? Qui sommes-nous derrière les regards et les projections ?



De lancinantes dérives, la force d’une littérature aux sons et aux couleurs tissées de l’un vers l’autre.



« Je n’ai qu’un passeport, mais deux pays. Deux pays intérieurs : ici et là-bas »


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Le Pleurer-Rire

Un peu roman historique, un peu fable morale, à la fois comique, parodique et plaisant tout en étant tragique ; j'y ai rencontré l'Afrique et les africains, Tonton, les Oncles, les mamans et papa De Gaulle.



Le thème du pouvoir est une ligne rouge, pouvoir et contre-pouvoir, passation de pouvoir, partage du pouvoir, abus de pouvoir, vouloir et pouvoir... et les jeux de pouvoir entre les africains et les français, les ethnies entre elles, les hommes et les femmes, l'armée et le peuple, les héros et le bouffon, pleurer et rire.



Le personnage principal sert de narrateur, ce qui favorise l'immersion, on s'y croit !



J'ai trouvé ce roman de 1982 divertissant, réjouissant ; un goût prononcé pour les métaphores décalées, un vocabulaire combiné, le goût pour les archaïsmes, les répétitions, la musicalité du langage, les allitérations... Ça mérité d'être lu à voix haute.



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Le Pleurer-Rire

Une grande écriture pour un livre essentiel.
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Une enfant de Poto-Poto

Il était de bons aloi que de commencer par ce bout de chanson de Dindo Yogo, défunt musicien majeur du Congo de l’autre rive, qui rendait hommage au quartier de Poto-Poto dans une de ses plus célèbres chansons. Il fallait absolument commencer par montrer à quel point ce quartier a une place spéciale dans le cœur, non pas des congolais, généralité à proscrire, mais dans celui des brazzabillois et des kinois. Alors, amis, écoutez donc cette histoire, Brazzaville est néE à Poto-poto. Et Henri Lopes vous fait tâter une parcelle de cette histoire dans son nouveau roman "Une enfant de Poto-poto".



"Les étrangers s’étonnaient de notre insouciance. Les malheureux n’avaient pas compris que si, au Congo, on danse pour courtiser, pour célébrer la lune, la moisson, le nouveau-né, le mariage, on danse aussi pour exprimer sa tristesse. On danse pour prier. On danse pour pleurer ses morts. On danse pour se recréer, on danse pour dire sa mélancolie. Selon la manière dont on remue sa ceinture, la rumba exprime la joie ou le chagrin."



Voilà ce dans quoi Henri LOPES nous plonge, la tête la première ; dans la rumba, la danse, le déhanché, la guiche. La 1ère partie de cette jolie histoire est un hymne à Brazzaville, à l’aube de son indépendance, dans la folie de sa nouvelle liberté, dans l’exaltation de son Lipanda. La jeunesse dansa au rythme de "Indépendance chacha to zui ééé, ho table ronde chacha to bakiri", les bars bruissent des semelles qui raillent les parquets au rythme de "Mokolo na ko kufa" ou des "Para Para Fifi, Ooooh Dit Youyou".



Et au milieu de tout cela, nous suivons les semelles de Kimia, jeune femme pleine de vie, étudiante dont le future se dessine tout en couleur.



Ha ! Décrocher le Baccalauréat ! Cela fait sourire aujourd’hui. A l’époque, et depuis que le pays avait été le Moyen-Congo, puis la République du Congo, moins d’une trentaine d’impétrants, parmi nos huit cent mille habitants (haussés, par décret ministériel, à un millions trois cent mille) pouvaient se targuer d’avoir obtenu ce parchemin. Et combien de fille dans le lot ?



A côté d’elle, Pélagie, insouciance et joie de vivre semblent, en elle, se disputer avec l’espièglerie.



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