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Citations de Henri Troyat (1086)


C'était un diminutif que papa et elle avaient inventé peu après la naissance de leur fille. Sylvie était devenue Sylviou, puis Viou tout court.
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Son vieux visage avait la mollesse du caoutchouc. En outre, elle était si dure d'oreille qu'il fallait crier pour se faire entendre d'elle. Cette quasi-surdité la rendait doublement sympathique à Sylvie. Il lui semblait qu'un mystère se cachait derrière cette apparence ingrate, comme chez certaines fées qui affectent l'infirmité pour mieux dissimuler leurs pouvoirs. L'extrême laideur l'attirait autant que l'extrême beauté.
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Bien que minoritaires dans le pays, les bolcheviks entendent le diriger à leur guise. Et, comme ils ont pour eux les soldats et les ouvriers, le reste de la population doit se soumettre.
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"Tant que la terre durera,
les semailles et les moissons,
le froid et le chaud,
l'été et l'hiver,
le jour et la nuit,
ne cesseront point de
s'entre-suivre."
Genèse, VIII, 22
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Il y a chez les hommes, chez les femmes, une immonde complaisance pour ce qu'ils ne peuvent éviter. Les odeurs, les besoins physiques ne tuent pas le sentiment. On ferme les yeux. Il avait l'impression, parfois, qu'on ne l'avait pas endormi pour subir l'interminable opération de la vie. Une anesthésie soigneuse émoussait les douleurs des autres. Lui seul était éveillé, lucide, les chairs et l'esprit à vif. Oui, ce qui lui manquait pour accepter l'existence, c'était ce narcotique précieux dont ses "semblables" étaient saouls comme des brutes. Et ce narcotique était l'amour. L'amour seul pouvait provoquer leur soumission à toutes les hideurs, leur sommeil artificiel au centre du monde.
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Le deuil le plus strict est prescrit dans la cour. Repliée sur son chagrin, l’impératrice mesure chaque jour davantage la perte immense qu’elle vient de subir en la personne de celui qui a été tout ensemble, son amant, son mari, son ami, son conseiller, son confident, son ministre, son chef militaire. Même lorsqu’ils étaient loin l’un de l’autre, ils ne cessaient de se consulter. Il a augmenté d’un tiers l’étendue de sa patrie, il a mis en valeur des territoires incultes, il a bâti des villes, creusé des ports, construit des bateaux, gagné des batailles, aimé des femmes, fréquenté les plus grands souverains de son temps, dilapidé des fortunes, montrant en toute chose une âme vigoureuse, à la fois tendre et sauvage, folle et avisée, et, à cinquante-deux ans, voici que cette force de la nature, ce volcan de passions, n’est plus qu’un corps sans vie, enseveli au bout du monde, à Kherson. « Comment remplacer un tel homme ? dit Catherine à son secrétaire Khrapovitski. Il ne me vendait pas et on ne pouvait l’acheter… »
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Avec l’élection de Raymond Poincaré à la présidence de la République, elle eut l’impression, pour la première fois, que le patriotisme pouvait fleurir aussi bien à gauche qu’à droite et qu’il y avait en France quelque chose de plus profond, de plus enraciné que les idées politiques : c’était, pour chaque citoyen, le sentiment d’appartenir à la même terre, au même passé, à la même langue que son plus ardent contradicteur.
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Lermontov est tué, notait un contemporain dans son journal, à la date du 31 juillet. Son destin est le même que celui de Pouchkine... J'ai peur pour la Russie quand je pense qu'il ne s'agit pas là d'un hasard, mais d'une sorte d'arrêt fatal qui condamne les meilleurs fils, les plus grands poètes de notre pays... Quel est donc ce malheureux sort de nous autres les Russes, qu'aussitôt qu'un homme de talent paraît parmi nous, dix imbéciles le poursuivent jusqu'à ce que mort s'ensuive !
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S'il est triste pour un pays d'etouffer sous les jupes d'une femme,que dire lorsque cette femme est elle-meme a la devotion d'un etranger
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En habillant le roman d'une élégante couverture, on avait déshabillé le romancier. Tiré de sa retraite, ébloui par la brusque lumière des projecteurs, il s'offrait, nu et vulnérable, au jugement de ses contemporains. Ils avaient acheté le droit de le féliciter ou de lui botter les fesses.
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La liberté totale est un leurre. La volonté intime sera toujours soumise aux caprices de celui qui personnifie,ou croit personnifier, la volonté de tous. Le principe de l'autorité est absurde, odieux, maléfique, mais indispensable.
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La paroi, devant eux, se composait d'une série de bosses, semblables aux remous d'un torrent, figé par le vent d'hiver. Une fissure verticale, comblée de glace et de neige, menait à un invisible reposoir, situé cent mètres plus haut, sous le ventre même des nuages. Le ciel était lumineux, mais le passage, orienté vers l'ouest, paraissait plongé dans un crépuscule polaire. Un froid vif piquait la peau du visage. Isaïe remua les narines pour casser les aiguilles de givre qui s'étaient formées à l'intérieur de son nez. Ses lèvres aussi étaient enduites d'une carapace friable. Il tira de sa poche deux morceaux de sucre, en donna un à Marcellin, et croqua l'autre pour saliver un peu. Des brins de laine se collèrent à sa langue. Il les recracha.
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L'ascenseur était bloqué au troisième. L'escalier sentait la mangeaille refroidie et l'eau de Javel. Des voix piaillardes et des bruits de vaisselle traversaient les portes de contreplaqué chocolat. Chaque famille était parquée dans son alvéole, avec ses joies, ses tristesses, ses manies, et une mince couche de ciment la séparait seule des familles de gauche, de droite, d'en dessus, d'en dessous, qui, elles aussi, avaient leurs joies, leurs tristesses, leurs manies et se moquaient de celles des voisins. Un monceau de vies humaines, découpé en cubes et mis en boite avec un soin de pion.
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Il a les traits fins. Il est blond aux yeux verts. Il voudrait être français et souhaite devenir écrivain. Il s’intéresse à la littérature mais aussi aux filles, notamment à Gisèle. > Thierry Gozelin : Ami d’Aliocha. Il n’est pas très beau physiquement. Exclu en classe, on se moque de lui. C’est pourtant un élève brillant et remarquable. Son intelligence atténue les moqueries. A la fin du roman, il meurt d’un œdème aigu du poumon. > Gisèle : C’est la cousine de Thierry.
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Alexandre Kozlov avait raison ! Chaque être avait le Dieu qu'il méritait. Il existait un Dieu sévère, tatillon et vieux qui habitait l'église et que les fidèles retrouvaient, le dimanche, à la messe ; et un autre Dieu, à l'esprit large, qui vivait dehors. C'était avec ce Dieu-là qu'elle voulait avoir affaire. Lui la comprenait, l'encourageait dans sa folie. Parce que tout ce qui était jeune, insensé, généreux, lui était aimable. Elle détacha les yeux du clocher aux pierres grises et les leva vers le ciel, si vaste, si lumineux que son âme en fut éblouie.
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"Est-il vraiment l'élu de votre coeur ?" Elle sourit en balançant sa fine tête de porcelaine et répondit à mi-voix : "Ma petite Annette, sachez que, dans le mariage, le bonheur est à celles qui savent peindre les oeufs de Pâques les plus banals avec les plus vives couleurs."
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Sylvie entraîna son amie, sur la point des pieds, dans le salon, pour lui montrer "la grande peinture". Marine fut très impressionnée. Elle aussi trouvait que le yeux du portrait vous suivaient partout.
- Tu n'as pas peur ? dit-elle.
- Si, avoua Sylvie. La nuit, il descend de son cadre et se promène dans la maison.
- Alors qu'est-ce que tu fis ?
- Je récite une prière.
- Tu ne devrais pas avoir peur, puisque c'est ton père.
- Ce n'est pas mon père. Il fait semblant, mais c'est un autre.
- Qui ?
- Le coulissier Nestor, chuchota Sylvie en mettant un doigt sur sa bouche.
Cette appellation bizarre lui était venue subitement à l'esprit, bien qu'elle n'eût jamais connu de Nestor et ignorât ce qu'était un coulissier.
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Si Tolstoï refusait à son confrère tout talent de dramaturge, il le tenait pour un remarquable conteur. Les récits de Tchekhov faisaient ses délices. Après avoir lu "Dans le ravin", il écrivit à Gorki : "Quel beau conte Tchekhov a donné à (la revue) La Vie ! "J'en suis extraordinairement heureux ! " Il comparait Tchekhov à Maupassant. " L'illusion de la vérité est complète chez Tchekhov, disait-il à Goldenweiser. Ses textes produisent l'effet d'un stéréoscope. On dirait qu'il jette les mots en l'air n'importe comment, mais, comme un peintre impressionniste, il obtient de merveilleux résultats avec ses coups de pinceau."
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Il ne faut pas réfléchir à la vie [...]. Il faut vivre.
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Enfin, à Paris, on avait déposé les valises. Persuadés que leur exil serait de courte durée, Les Krapivine avaient joyeusement dépensé le peu d'argent qu'ils avaient pu sauver du désastre. Alexis se rappelait qu'à cette époque ses parents sortaient presque chaque soir. Le matin, il retrouvait au pied de son lit, des accessoires de cotillons qu'ils avaient rapportés de quelque cabaret à la mode. Puis la gêne s'était installée. Les Bolcheviks tenaient bon en Russie. L'espoir d'un prochain retour s'éloignant, il avait fallu se restreindre. On avait troqué le somptueux appartement de l'avenue du Roule à Neuilly, contre le modeste deux-pièces de l'avenue Sainte-Foy. Le premier était loué meublé, le second vide.
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