Henri Troyat s'intéresse avec ce livre à une série de femmes, qui ont su parvenir au pouvoir dans la Russie d’après Pierre le Grand.
Catherine I ère, lettone d'origine pauvre, a vécu un conte de fée passant de simple servante à seconde épouse du tsar Pierre le Grand. A sa mort, elle lui a succédé pendant deux ans, même si en fait c'est son amant Menchikov qui gouvernait. Après l’intermède Pierre II dont la volonté était de prendre en tout le contre pied de son grand père, le conseil choisi la nièce de Pierre le Grand, Anna Ivanovna, pour régner. La Russie sombre dans un régime de terreur imposé par le favori Biron. Lui succède Ivan VI, qui laisse sa mère Anna Léopoldovna, régente, gouverner. Puis Elisabeth I ére, fille de Pierre le Grand et de Catherine I ére est imposée par les grands seigneurs à la faveur d'un coup d'Etat.
Cet enchaînement de règnes courts d'impératrices, choisies pour leur supposée flexibilité, et qui s’avèrent en fait de vraies autocrates, même si elles confient leur pouvoir à leurs amants du moment, fait la part belle aux intrigues de cour, à la promotion accélérée de jeunes amants, à une atmosphère de coup d'état. Tout se règle par la force. La dynastie Romanov se perpétue, mais dans le sang et par des écarts dans la lignée.
Troyat passe l'essentiel de son livre à décortiquer ces souveraines et les jeux de pouvoir qu'impliquent les successions. Il s'attarde sur leurs plaisirs et leurs favoris, et va plus vite sur la politique internationale, faite d'alliances qui se font et défont, et les guerres qui en découlent.
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Parmi les nations dites civilisées , les risques se résument à un blâme , à une destitution ou à une mise à la retraite d'office ; en Russie , patrie de la démesure , les coupables peuvent être condamnés à la ruine ,à l'exil , à la torture , voire à la mort .
[Élisabeth Ier] Jugeant qu’en travesti masculin elle surpasse toutes ses habituelles invitées, elle institue des bals masqués où, sur son ordre, les femmes paraissent en habits et culottes à la française et les hommes en jupes à panier. Fort jalouse de la beauté de ses congénères, elle ne tolère aucune concurrence en matière d’attifement et de parure. Ayant résolu de se montrer à un bal avec une rose dans les cheveux, elle remarque avec indignation que Mme Nathalie Lopoukhine, réputée pour ses succès dans le monde, en arbore elle aussi une, au sommet de sa coiffure. Une telle coïncidence ne peut être fortuite, décide Élisabeth. Elle voit là une atteinte flagrante à l’honneur impérial. Arrêtant l’orchestre au milieu d’un menuet, elle oblige Mme Lopoukhine à s’agenouiller, demande une paire de ciseaux, coupe rageusement la fleur incriminée en même temps que les mèches artistiquement frisées qui entourent la tige, gifle la malheureuse sur les deux joues, devant un groupe de courtisans médusés, fait un signe aux musiciens et retourne à la danse. A la fin du morceau, quelqu’un lui chuchote à l’oreille que Mme Lopoukhine s’est évanouie de honte. Haussant les épaules, la tsarine profère entre ses dents : « Elle n’a eu que ce qu’elle méritait, l’imbécile ! » Aussitôt après cette petite vengeance féminine, elle retrouve son habituelle sérénité, comme si c’était une autre qui avait agi à sa place.
(Chap. 8, Travaux et plaisirs d’une autocrate)
" Dans l'ordre de la succession dynastique, elle sera la cinquième après Catherine Ier, Anna Ivanovna, Anna Léopoldovna et Elizabeth Ier (Petrovna) à gravir les marches du trône. Qui donc a prétendu que la jupe entrave les mouvements naturels de la femme ? Jamais Catherine ne s'est sentie plus à l'aise ni plus sûr d'elle. Celles qui l'ont précédée dans cette charge majeure lui donnent du courage et une sorte de légitimité. C'est la tête et non le sexe qui est dorénavant le meilleur atout pour la prise du pouvoir. "
"Certes, en songeant à cette naissance prochaine, Elizabeth regrette qu'il s'agisse d'un bâtard, lequel, bien qu'héritier en titre de la couronne, n'aura plus une seule goutte du sang des Romanov. [...] Mais elle sait aussi que, même si on n'est pas dupe dans les chancelleries de ce tour de passe-passe, personne n'osera dire tout haut que le petit Paul Petrovitch est un bâtard et que le grand-duc Pierre (Pierre III) est le plus glorieux cocu de Russie."
S'il est triste pour un pays d'etouffer sous les jupes d'une femme,que dire lorsque cette femme est elle-meme a la devotion d'un etranger
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