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Critiques de Hervé Bazin (675)
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Vipère au poing

Hervé Bazin - Vipère au poing - 1948 : Cette descente au cœur de la haine intime s'accompagnait de la fin crépusculaire d'un monde qui sentait encore l'odeur de la poudre à perruque et des privilèges. On pouvait trouver que le combat qui opposait les enfants Rézeau à leur mère était celui-là même qui opposa à partir de 1789 la jeunesse révolutionnaire à la sclérose nobiliaire issue d'un monde historiquement millénaire. La figure tutélaire de la mère dominait cette famille éreintée par les agissements cruels de cette véritable Médée en jupon. Les jeunes frères et plus particulièrement brasse-bouillon (le surnom du personnage central) s'opposait frontalement à la barbarie d'une femme qui recréait dans son microcosme familial les maux délétères des pires dictatures de l'époque. On suivait avec passion ce combat presque homérique qui sacrifiait sur l’autel de la sévérité excessive une piétaille de précepteurs complices ou pas de la duplicité maternelle. Pauvre hommes en soutane souvent mis au rebus du clergé pour des comportements illicites qui finissaient pour la plupart épuisés par la violence larvée de cet affrontement familial. Hervé Bazin s'inspira en partie de son enfance et de son adolescence pour définir ce personnage de marâtre qui fera tout le sujet de son roman. La plaie visiblement était encore ouverte et c'est à grande poignée que l'écrivain jetait du sel sur le souvenir à vif de ses premières années. Le sifflement aigu de la vipère résonnait dans chacune de ces pages qui retentissait comme un hommage à l'esprit mauvais de Paule Rézeau, créature sans limites morales que ses enfants n'appelleront jamais autrement que folcoche (un condensé de folle et de cochonne). Qu'en fut-il ensuite de la vie d'adulte de l'auteur ? réussit-il quand même à s'engager dans une relation sentimentale lui qui n'apprit jamais l’amour ? On imagine assez bien le handicape que du représenter une pareille jeunesse pour aborder sereinement une vie d’adulte. Alors que dans un couple la dureté de l’un était souvent contrebalancé par la bienveillance de l’autre, aucun secours ne vint d’un père pourtant distingué pour son courage dans les tranchées mais qui accepta avec résignation les mauvais traitements subis par ses fils au nom d'une illusoire tranquillité conjugale. "Vipère au poing" reste un classique absolu qu'on lit encore dans bien des écoles pour dénoncer aux yeux des enfants la maltraitance induite par des parents mauvais et indignes... intense
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Vipère au poing

L’histoire de « Vipère au poing » se trouve dans les recoins sombres de notre mémoire collective, qu’on ait lu ou pas le livre. Son héroïne, Folcoche, marâtre rusée, calculatrice, haineuse, pétrie de mauvaise religion, au corps sec comme une trique, est à ranger au musée des horreurs.

Ce livre, c’est l’histoire d’une France qui n’existe plus, tombée aux oubliettes dans les fracas de la seconde guerre mondiale. C’est la France de cette vieille noblesses mélangée, pour le meilleur et pour le pire, à cette grande bourgeoisie provinciale, les deux se rejoignant dans leur insupportable arrogance, les deux ayant les mêmes doigts crochus quand il s’agit de défendre leurs petits privilèges, les deux recroquevillées dans leurs manoirs branlants sans voir la marche du monde. C’est la France de Charles Maurras, de la « divine surprise » quand la troisième République s’effondre comme un château de cartes face aux légions nazies.

Ce livre, c’est l’histoire d’une famille de fin de race qui sent confusément que les valeurs qu’ils véhiculent vont disparaître, que leur heure est comptée. D’où ce raidissement, peut-être ? Comme un dernier pied de nez au destin.

Un père veule et insignifiant, des percepteurs au rabais qui préfèrent fuir en courant ou regarder distraitement ailleurs… Personne pour empêcher la sorcière Folcoche de régner en Maître absolu sur le domaine de la « Belle Angerie », et d’humilier de la plus épouvantable manière ses propres fils : Chiffe, Cropette, Brasse-bouillon. Coups de fourchettes sur les mains, surveillance continuelle, mentalité de la méfiance érigée en dogme, crânes tondus, déshabillage des consciences… Aucun abaissement, aucune vexation ne leur sera épargné. Et tout cela au nom de la bien-pensance chrétienne.

Le seul à relever le gant face à la dictature de Folcoche sera Brasse-bouillon, notre narrateur. Plus dur que ses deux frères, plus malin, plus endurant, sa jeunesse finira par la vaincre. Avec un certain plaisir cynique, il se rendra compte en même temps qu’il lui ressemble en tout point avec sa haine et son mépris plantés dans le cœur. Son premier acte d’homme sera d’ailleurs de se moquer et de faire pleurer une pauvre fille. Écœurant, gratuit, et en même temps tellement prévisible.

C’est mon premier Bazin. Le style est d’une puissance peu commune et les sarcasmes mouillés d’acide. La haine et le fiel sont à fleur de peau. Magistral.









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Vipère au poing

Un classique à lire et à relire et je ne m'en lasse pas...

Malheureusement ayant vu l'excellent film avec dans le rôle de Folcoche, Catherine Frot, ma lecture a été un peu gâché car il n'y avait plus beaucoup de surprise étant donné que le film est assez fidèle au roman.

L'écriture d'Hervé Bazin m'a beaucoup plu et m'a rappelé la narration des films la gloire de mon père et le château de ma mère que je regardais quand j'étais enfant. (je serais sans doute la seule a faire cette comparaison mais c'est parfois agréable de se remémorer des souvenirs d'enfance à travers d'un livre).
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Vipère au poing

“Elle avait de jolis yeux, vous savez, cette vipère, (...) des yeux de topaze brûlée, piqués noirs au centre et tout pétillants d’une lumière que je saurais plus tard s’appeler la haine et que je retrouverais dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mère.”



Avec ce roman, nous pénétrons dans l’effroyable intimité d’une famille de la grande bourgeoisie de province, bien pensante et catholique fervente des années vingt chez qui, derrière les murs clos de la propriété, à l’abri des regards, se joue chaque jour et à huis clos la tragédie de la maltraitance ordinaire poussée à son paroxysme par une mère monstrueuse, une folle, une cochonne : Folcoche.



Le froid, la faim, les privations, les corvées, les sévices, sous les yeux d’un père secrètement compatissant mais d’une absolue lâcheté, une torture psychologique de tous les instants, une destruction systématique, jouissive, du bonheur et de l’innocence, un saccage méthodique de l’enfance… Comment survivre face à une mère qui est l’incarnation du sadisme, de la démence froide et de la haine ? Comment préserver ce qui peut l’être encore et réussir, un peu, à se construire ?



L’école se fait à la maison, sous la houlette d’un vieil abbé aigri, malveillant et vermoulu, les domestiques un peu sensibles ont été renvoyés, il n’y a, pour ces enfants, aucune aide extérieure possible. Pour Chife, Cropette et Brasse-Bouillon, le narrateur et le meneur de la résistance, il n’y aura de solution possible que dans l’affrontement, la révolte, la rage, la vengeance et la haine…



Avec "Vipère au poing", Hervé Bazin signait en 1948 son premier roman, largement autobiographique, qui le rendit aussitôt célèbre, et l’une des dénonciations les plus violentes de l’enfance maltraitée qui, encore aujourd’hui, fait toujours froid dans le dos. Un roman effroyable et très bien écrit qui est devenu un incontournable de la littérature française au point de figurer, soixante-dix ans plus tard, au programme des collèges.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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Vipère au poing

Vipère au poing appartient à notre mémoire collective, la mémoire de l'école. Il m'a ramené à l'élève que je fus. Je me souviens d'avoir lu en classe de cinquième Vipère au poing. C'est ainsi que j'ai découvert en même temps que ce livre son auteur Hervé Bazin. Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui ce livre continue d'être étudié à l'école... Je serais curieux de le savoir...

En le relisant et en abordant les premières pages, je craignais de revenir à un récit qui me paraissait devenu un peu daté. Quelque chose qui sent la naphtaline, l'encaustique sur des meubles anciens et vermoulus.

Le narrateur est Jean, alias Brasse-Bouillon, ce n'est pas un surnom donné par ses camarades d'école, - d'ailleurs il ne va pas à l'école, mais tout simplement par sa mère. Cela vous donne le ton. M'est avis que le narrateur ressemble comme deux gouttes d'eau à l'auteur qui raconte ici quelque chose qui ressemble de près à un pan de sa jeunesse... Bon, ce n'est pas un secret, ce récit est quasiment une autobiographie de l'enfance de l'auteur.

Nous sommes dans les années vingt, en terre rurale, craonnaise précisément. Années vingt, entendez par là 1920 bien sûr... Jean et Ferdinand Rezeau, deux frères, sont élevés par leur grand-mère paternelle dans le manoir familial de la Belle Angerie, tandis que leurs parents séjournent en Indochine avec le plus jeune des trois enfants, Marcel. À la mort de leur aïeule, la mère des enfants, de retour d'Asie, reprend ses droits. Jugeant l'éducation de leur grand-mère trop laxiste, elle entend bien remettre ses fils dans le droit chemin. Rapidement, elle leur inflige des souffrances et des humiliations de toutes sortes. C'est ainsi qu'elle héritera à son insu du nom, du beau nom de Folcoche...

Ici cette famille fait partie de la vieille France traditionnaliste, un mélange d'aristocratie et de bourgeoisie, qui côté aristocratique tente de tenir son rang et qui côté bourgeois ne parvient malheureusement pas à s'enrichir. Pire elle s'appauvrit de jour en jour.

Le rang, c'est celui d'une vieille famille française ultra catholique devenue pauvre à force de ne pas travailler, malgré les terres qu'elle possède. Elle est si pauvre que cela lui coûte moins cher d'engager un précepteur, - un ecclésiastique bien sûr, que d'envoyer les enfants en pension...

Ils ont aussi cette horrible valeur chère au catholicisme, la charité, dégoulinante de belles intentions, mais toujours assortie d'une condescendance, d'un mépris, pour la classe des plus humbles, des plus démunis.

Le narrateur s'en délecte pour égratigner ces valeurs familiales, et moi aussi.

La violence de la mère, la lâcheté du père qui, sous prétexte de chercher la paix familiale, le moins de vague possible, ferme ses yeux veules, détourne son visage vers sa faiblesse et sa médiocrité. Tout d'un coup mes mains tremblent, non ce livre hélas ne sent pas le rance ni l'encaustique... Tant de familles fonctionnent encore comme cela... ! L'un se tait, tandis que l'autre donne les coups.

Le père, parlons en... Il était enseignant jusqu'à ce qu'il revienne d'Indochine. C'est un scientifique, spécialisé dans la diptérologie. Désormais, il passe ses journées à chercher, observer, capturer des mouches rares. À les gober aussi auprès de sa dominante et colérique épouse.

La vocation de certains écrivains s'est-elle forgée sur cette haine sourde ou bruyante, ce terreau familial insupportable, destructeur, ils sont légion à défiler sur les plateaux télés, notamment à La Grande Librairie, et nous autres qui avons connu une enfance heureuse, nous sommes parfois ébahis, sidérés, gênés presque de les voir convier le bruit assourdissant et douloureux des souvenirs de leur enfance, à la façon d'un règlement de comptes.

J'imagine que l'écriture est dans ces cas-là un expiatoire, une thérapie, une manière de se sauver, sauver sa peau...

Certains mettront sur le visage de Folcoche un visage cinématographique marquant, celui des actrices qui ont interprété ce rôle phare, peut-être celui récent de Catherine Frot qui n'a rien à voir avec celui qu'elle tenait dans Un air de famille, d'autres se souviendront de celui d'Alice Sapritch, qui n'a rien à voir non plus avec son interprétation dans La folie des grandeurs, quoique... Dans le grotesque et le ridicule, Folcoche sait aussi y faire...

Moi, j'y ai mis celui du visage des mots, ces mots qui dessinent mon imaginaire, mes représentations quand je lis. Mon imaginaire aime dessiner les visages des personnages que je rencontre dans les romans. Ici Hervé Bazin a réjoui mon attente.

C'est un conte cruel d'une enfance malheureuse, qui forge un enfant à construire son existence sur le combat contre sa mère. C'est terrible.

Comment une mère peut-elle accueillir en son coeur, en son sein, le vertige digne des guerres, nourrir de cette ivresse affreuse les combats impitoyables et machiavéliques contre ses enfants ? Quel est ce coeur indigne capable de cela ?

Ce texte laisse entendre la voix, la tyrannie, la haine d'une mère odieuse obsédée par la rigueur et des règles qu'elle croit souveraines pour protéger le rang familial, cette mère dont le narrateur a peur au début, puis c'est une mère qu'il va détester progressivement, haïr, la désirer en même temps pour le plaisir insolent et ambigu de lui donner rendez-vous et ferrailler avec elle...

C'est un enfant dans l'éveil de l'adolescence, c'est un texte contre les préjugés bourgeois, catholiques.

Et puis, l'écriture d'Hervé Bazin est vive, le ton sarcastique, décochant des répliques qui font mouche, même si le décor social est un peu daté.

Non, finalement ce récit n'a pas pris une ride.

J'ai aimé revenir à ce texte.

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L'huile sur le feu

Quel roman ! tour à tour curieux et fascinant, questionnant, violent avec un bouquet final que l’on ne risque pas d’oublier.



On y retrouve un thème cher à Hervé Bazin, qui est celui de la famille : dans ce roman une famille pas très équilibrée, une maison où ne règne pas le bonheur : une mère, Eva Colu, chez qui on retrouve la malice et la méchanceté de Folcoche, un père, Bertrand Colu, taiseux, gentil, complexé car dévisagé par le feu du lance- flamme dont il fut la victime en 1940, ne se déplaçant jamais sans un passe montagne qui permet d’épargner à son entourage, le spectacle de son physique dévasté, ce qui lui vaut le sobriquet de « tête de drap ».



Entre ces deux parents qui se déchirent, Céline, adolescente de 17 ans à l’intelligence déliée, qui décide de ne pas prendre partie pour l’un ou l’autre, aimant ses deux parents en dépit de leur comportement.







L’huile sur le feu, c’est le roman d’un couple déchiré, mais aussi un récit qui en ferait presque un roman terroir, dans cette campagne Craonnaise où plusieurs fermes brûlent successivement, ce qui génère, dans la communauté de Saint Leup, de grandes tensions : il faut trouver cet incendiaire qui sévit, on juge, on accuse, on se fâche, on sème la discorde, on se surveille, on a peur...







Discorde dans le village, discorde en famille... Hervé Bazin nous offre une analyse psychologique d’individus très intéressante : Eva, sa méchanceté et le génie dont elle use pour gâcher la vie de son conjoint, Bertrand et sa gentillesse, sa douceur et son indifférence apparente, Julienne, amie d’Eva et commère de service, Monsieur Delahaye, dit Héaumes, le chatelain oisif, maire du village, et qui ne semble pas vraiment assumer ses responsabilités.







Et Céline... Drôle de fille que cette jeune fille qui suit son père dans tous ses déplacements, y compris la nuit, qui n’a pas les préoccupations d’une adolescente de son âge, qui épie, devine, et montre la perspicacité d’une adulte...







Malgré quelques passages sybillin que j’ai parfois relu à plusieurs reprises sans vraiment réussir à en extraire le message, j’ai beaucoup apprécié ce roman aux descriptions poétiques de paysages campagnards dans lesquels j’ai souvent eu l’impression d’évoluer, sentant presque la froideur de la brume sur ma peau, paysages qui renferment une part de mystère.
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Vipère au poing

V.F, V.F, V.F, V.F, V.F, V.F, V.F, V.F, V.F, …….



Nous sommes dans les années 1920 / 1930 à La Belle Angerie, siège social, depuis plus de deux cents ans, de la famille Rezeau en Craonnais (Mayenne). La famille Rezeau jouit d’une notoriété de bon aloi dans toute la région ce qui lui ouvre beaucoup de portes….

Je vous présente donc le père Jacques Rezeau, docteur en droit, professeur à l’Université catholique féru d’entomologie , Paule Pluvignec son épouse riche héritière en puissance de son grand-père banquier et de son père sénateur. Mariage de raison il va s’en dire vue la situation économique des Rezeau. Les enfants : l’aîné Frédie, Jean, le narrateur et Marcel le benjamin né à Changai.

Reprenant cette présentation je préciserais pour la clarté du récit le père dit le vieux, la mère dite Folcoche, Frédie alias Chiffe, Jean surnommé Brasse-Bouillon et le dernier Marcel autrement dit Cropette.

Confiés à leur grand-mère Rezeau Frédie et Jean vivent une enfance certes assez stricte mais affection et attention ne font pas défaut. C’est la mort de leur grand-mère qui va précipiter le retour de leurs parents.

Pour eux le drame commence ! Celle qu’ils vont bien vite surnommer Folcoche (comprenez Folle et cochonne) est prête à tout pour affirmer son autorité absolue sur enfants, personnel et époux bien sûr ! Elle ne se prive pas de rappeler à tous que c’est sa dot qui a permis de conserver la demeure. Pour cela elle n’hésite pas à imposer à tous privations sur privations, à prendre en main leur éducation religieuse , à leur imposer des précepteurs religieux choisis plus en fonction de leur prix de revient que de leur pédagogie. Tous les moyens sont bons pour pouvoir briser ces jeunes garçons. C’est sans compter sur le caractère trempé de Jean qui va mener comme il le peut une guerre sans merci à cette mère exécrable et exécrée. Telle mère tel fils !

Ce roman, est-ce vraiment un roman d’ailleurs est d’une violence inouïe !j’ai rarement lu une telle fureur, une telle haine. Pourtant j’ai quelques années de lecture derrière moi et je suis restée abasourdie, assommée la dernière page tournée. Si seulement ce genre de femme pouvait ne plus exister mais je sais au fond de moi que ce n’est qu’un vœu pieux et que de part le monde des enfants souffrent toujours de maltraitance.

À lire absolument !



Ps : V.F signifie Vengeance Folcoche !







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Vipère au poing

Quel choc ! Quelle claque ! Je m'attendais certes à quelque chose de fort en lisant ce livre, mais pas à ce point, je le reconnais.

Je connais le nom de Hervé Bazin depuis fort longtemps, m'étant même aventurée dans ma jeunesse à lire « Au nom du fils » que j'avais bien aimé. Cependant, même si je savais que le roman le plus célèbre de l'auteur était Vipère au poing, j'ai toujours repoussé le moment de cette lecture. Peut-être que le sujet me faisait peur, et que je n'étais pas si pressée d'affronter la terrible Folcoche.

Je n'ai jamais vu les films, même si j'ai vu des extraits de celui où Alice Sapritch l'interprétait ainsi que celui, plus récent avec Catherine Frot . Les deux actrices ont endossé avec beaucoup de talent le rôle de cette terrible mégère.

Je ne raconterais pas l'histoire, qui est connue, et il y a suffisamment de très bonnes critiques qui la résument parfaitement.

Je vais plus faire part de mon ressenti.

Comment ne pas être bouleversée par ce que fait subir cette marâtre à ses enfants et à son entourage, car finalement, personne n'échappe à Folcoche quand elle a décidé de se prendre à vous !

Maltraitante, mal-traitante, cette femme semble être une caricature, mais quand on sait que l'auteur s'est inspiré de sa propre histoire familiale pour écrire ce livre, on ne peut qu'être touché au plus profond de soi.

Oui, il existe ce genre de femmes, maltraitantes, toxiques pour leurs enfants et les dégâts sont considérables et quelquefois très longs à être réparés.

Jean, d'ailleurs ne le cache pas :il ressemble à sa mère, et cette haine qu'elle a en elle lui sert de référence et de moteur , car il grandi avec cette haine au coeur… En digne fils de Folcoche, il aura les ressources nécessaires pour la fuir, mais sera-t-il sauvé des conséquences de cette enfance désastreuse ?

J'ai bien l'intention de lire les deux suites de cette histoire, ayant très envie de savoir comment Jean va s'en sortir une fois parvenu à l'âge adulte. Ses relations avec les femmes ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices, ce qui n'a d'ailleurs rien d'étonnant…

Le style de l'auteur m'a beaucoup plu, percutant, vibrant de haine et de révolte , et exprimant si bien le ressenti de ce jeune garçon…

En résumé : un grand moment de lecture…







Challenge Pyramide II

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Vipère au poing

L’on ne peut donner

que ce que l’on a reçu.





Premier roman d’Hervé Bazin.Premier tome d’une trilogie. Mais surtout une éruption. Une éruption de fiel. Titanesque.



Il est des mères qui ne peuvent être que génitrices. D’une façon ou d’une autre, elles ne sont pas en mesure d’offrir à un enfant cette base sécurisante, aimante, encourageante dont un enfant a besoin pour prendre confiance dans la vie. Pour rassembler ses forces, prendre son élan et s’y engager. Sans doute ne peut-on donner que ce que l’on a reçu. S’en suit alors , au fil des ces années de coexistence entre celle qui se croit mère mais qui n’en est que la caricature, et celui qui la cherche mais ne saurait la trouver, un étrange chassé-croisé plein de malentendus, d’ombres et de rejet. Toutes sortes de complications, qui projettent sans doute leurs conséquences sur le reste d’une vie . C’est ce qui arrive à Jean, narrateur et avatar d’Hervé. C’est ce qui commence à lui arriver, car il est long, ce chemin. Un chemin qui mènera finalement Hervé, quand il aura pris quelques distances avec Jean, à la carrière d’écrivain. Premier roman à 37 ans. Premier roman, et premier règlement de comptes.



J’ai trouvé la lecture de ce livre très pénible, sans que cela ne diminue en rien les qualités de l’écrivain. Il est, simplement, des thèmes qui ne me vont pas bien, et que je laisserai désormais.

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Vipère au poing

C'est une armoire. Ancienne, on sait que l'on ne pourra refaire la même. En chêne brut, elle sent bon l'encaustique. Chevillée, elle dépare un peu des autres meubles. Vieille France, elle garde un charme provincial. Nécessaire, on ne peut s'en séparer...Vipère au poing est un livre patrimonial.
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Vipère au poing - La mort du petit cheval - C..

Cela faisait un petit moment que je voulais relire "Vipère au poing", principalement parce que je n'avais encore jamais lu ses deux suites (que je n'avais pas), mais aussi parce que je l'avais lu bien jeune et que je voulais le re-découvrir avec des yeux d'adulte. J'ai trouvé dans une boîte à livres une édition de France Loisirs de 1996 qui regroupe les trois romans, (j'en aurais presque sauté de joie !), l'occasion m'est enfin offerte de me replonger dans l'histoire de Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et de sa mère détestable, dite Folcoche.



« "Vipère au poing" retrace le combat impitoyable que livrent Jean et ses frères à Folcoche. Jean, que l'on suit de quatre à seize ans, n'est pas pour autant un enfant martyr. Il a beaucoup trop de combativité et il va faire ainsi l'apprentissage de la haine. »



Apprentissage de la haine, à défaut de l'amour qu'un fils devrait éprouver pour sa mère... Cette dernière, autoritaire, avare et perfide, ne manque pas d'imagination quand il s'agit de priver, brimer, punir ses fils. Brasse-Bouillon, que sa haine ne fera pas flancher, dont la haine envers sa génitrice grandit de jour en jour, développera un esprit aussi malin et fourbe que sa mère qui l'aidera à la contrer, à ne jamais abdiquer face à la femme qui l'a mis au monde. Lui-même le dit : c'est la guerre civile à La Belle Angerie, domaine qui appartient à la famille Rezeau depuis plusieurs générations. Avec un père soumis à sa femme et un petit frère qui n'hésite pas à trahir pour rentrer dans les bonnes grâces de sa mère, le combat est inégal. Pourtant, Brasse-Bouillon s'en sort bien, l'enfant ayant hérité de l'esprit calculateur de sa mère et lui ressemblant de plus en plus...



La haine, c'est le moteur de ce premier livre. Elle pullule à toutes les pages, elle formate le jeune garçon, qui se construit en s'appuyant sur elle. L'auteur use de mots forts à chaque fois que Jean l'exprime. Cette relation mère-fils est perturbante, terrible. Ils se livrent une bataille quelque peu épique, si sournoise, qu'on ne peut en rester indemne.



« Dans "La Mort du petit cheval", Jean, âgé de dix-huit ans, a coupé les ponts avec sa famille. Mais la tyrannie de Folcoche le poursuit toujours. Cependant, quelques femmes l'aideront à franchir le passage difficile de la haine à l'amour. Ainsi va-t-il découvrir le bonheur en même temps que la paternité. »



Nous retrouvons ici Jean en passe de devenir un adulte, qui sans ressources peine à s'en sortir, du moins au début, et dont la haine qu'il éprouve pour sa mère marque le moindre de ses choix, de ses décisions, de ses réflexions. Les femmes qu'il croise paient pour elle. Certaines pourtant l'aident, le soutiennent, lui offrent ce qu'il n'a jamais eu droit durant son enfance. Souvent irrespectueux envers elles, on le voit enfin et petit à petit évoluer dans le bon sens, grâce à l'amour mais aussi grâce à l'amitié et à la complicité qu'elles sont capables de lui donner. Ce roman dénonce les conséquences qu'une enfance sans amour maternel peut causer sur une vie d'adulte.



Souvent, Jean m'a exaspérée. Souvent, il m'a déçue également. Souvent, il montre qu'il est bien le fils de sa mère. Pourtant, on ne peut lui en tenir rigueur. Les termes "circonstances atténuantes" prennent tout leur sens. Et puis, il finit par mieux se comporter, par accepter d'aimer à son tour, sa future femme d'abord, puis son enfant. Folcoche est toujours là, et sera toujours là, il en prend conscience mais parvient mieux maintenant à le gérer. Il en est d'autant plus touchant.



« Dans "Cri de la chouette", nous retrouvons Jean vingt-cinq ans plus tard, veuf, remarié avec Bertille dont il élève la fille parmi ses propres enfants. Mais voilà que Folcoche fait irruption chez lui. Trahie, dépouillée par son fils préféré, elle offre la paix. Mais fidèle à sa nature profonde, elle sème bientôt la discorde et la méfiance... »



C'est le roman qui m'a le moins convaincue, en grande partie parce que je n'ai pas reconnu la personnalité des deux protagonistes principaux. J'ai trouvé Jean bien trop faible, trop influençable, trop éloigné de ce qu'il était auparavant, bien trop ramolli, je n'ai pas retrouvé sa combativité. Ce n'était pas lui, plus lui. Il en est de même pour Folcoche, qui d'avare est devenue plus que généreuse, et que l'amour envers sa petite-fille qui représente pourtant tout ce qu'elle exècre a été pour moi incompréhensible. Elle reste calculatrice, son adage n'a pas changé (diviser pour mieux régner), mais ça n'a pas suffi pour la rendre cohérente à ce qu'elle est réellement. Pourtant, l'intrigue et les thèmes abordés sont captivants (relations familiales dissonantes, héritage et patrimoine familiaux, vie de famille). Je l'ai lu aussi vite que les deux précédents, l'auteur continuant de décortiquer l'âme et la psychologie de ses personnages avec apreté.



Dans l'ensemble, malgré un dernier tome légèrement décevant, j'ai apprécié ma lecture. J'ai aimé la façon dont l'auteur amène les choses, les décrit. Il a une très belle plume, riche et travaillée. J'ai aimé la narration à la première personne, nous permettant d'être au près de ce que ressent Brasse-Bouillon, nous permettant de ressentir toute la haine et le mépris qu'il a envers sa mère, nous permettant de comprendre ses réactions et comportements. Malgré tout, son histoire n'est pas difficile à lire, car je n'ai pas perçu Jean comme une victime (il en est pourtant bien une, car maltraitrance aussi bien physique que psychologique a bien lieu). Tout vient de la combativité et de la haine qui font de lui toute sa force, sa niaque, sa détermination. C'est terrible, parfois douloureux oui, amer, poignant, mais jamais Jean ne tombe dans le mélodramatique, la plainte ou la mélancolie. La lecture se veut facile, autant que percutante et puissante.
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Vipère au poing

C'est l'histoire de Jean Rezeau et de ses deux frères, Fredie et Marcel. Ils sont issus d'une famille aisée, habitant dans un château près d'Angers. Ils sont élevés par leur grand-mère. Suite à sa mort, leurs parents sont obligés de rentrer de Chine où leur père est professeur de droit dans une université. Une fois rentrée, leur mère leur fait vivre un vrai enfer : elle les prive de tout, leur confisque tous leurs objets personnels et les bat très violemment. Jean et ses frères la surnommeront vite « Folcoche » (mélange de "folle" et de "cochonne"). Foloche devra être hospitalisée et restera donc plusieurs semaines à l'hôpital. Ces semaines ont été des vacances pour les enfants. Mais à son retour, elle remet en place toutes ses anciennes règles. Jean, Fredie et son père partent quelques semaines chez des amis et pendant ce temps, Folcoche reste seule au château avec Marcel. A leur retour ils vont aller jusqu'à envisager de la tuer. Jean trouve finalement un moyen pour qu'elle soit d'accord avec ses décisions...

Un roman qui prend aux tripes; où l'on découvre l'image d'une mère haineuse, à l'encontre des clichés attendus de la figure maternelle.
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Vipère au poing

Un seul regret à la lecture de ce livre : ne pas l'avoir lu plus tôt. Un vrai coup de coeur !

L'histoire, particulièrement touchante, pourrait se résumer, de manière simpliste, aux affrontements perpétuels entre une mère, Folcoche (mélange de « folle » et de « cochonne »), et ses trois fils. Mais l'essentiel réside dans le style et l'écriture : l'oeuvre témoigne du regard désabusé d'un jeune adulte sur son enfance, dévoilant, d'une plume acerbe et sarcastique, toute la noirceur de cette femme qui lui tint lieu de mère. Ce « drame », puisque l'auteur définit ainsi son histoire, ne manquera pas de vous faire sourire, tant l'humour y est manié avec la plus grande délicatesse...


Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Vipère au poing

L'histoire de « Vipère au poing » fait incontestablement partie de notre patrimoine littéraire voire même de notre mémoire collective. La thématique de la rébellion de notre jeune héros contre la fameuse marâtre Folcoche ne peut s'oublier tant la personnalité acariâtre sinon détestable et totalement haineuse à l'encontre de notre narrateur de cette dernière est incontournable.

Ce roman de Bazin est aussi l'occasion de redonner vie à une France qui n'est plus aujourd'hui de cette trempe ; c'est encore à travers celle ci que les souvenirs d'enfance des auteurs ont fait de leur(s) récit(s) une œuvre devenue classique.
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Vipère au poing

Jean "Brasse-Bouillon" et Ferdinand "Chiffe" Rezeau coulent des jours paisibles à La Belle Angerie, demeure familiale près d'Angers, élevés par leur grand-mère. Leurs parents sont loin, en Chine, avec le petit dernier, Pierre "Cropette", n'écrivant jamais.

A la mort de la grand-mère, survient le drame de leur vie : M et Mme Rezeau reviennent en France et prennent possession de La Belle Angerie. Les jeunes garçons font la connaissance de leur mère, abominable personnage, méchante, sèche, odieuse, avare, et qui ne tardera pas à se voir surnommée Folcoche. La mégère, que jamais Jean n'appela Maman, fit de leur enfance et de leur adolescence un véritable cauchemar de privations et de punitions.



Vipère au poing est le premier roman d'Hervé Bazin, un roman tout en haine et en révolte, parsemé de pointes d'humour, contre Folcoche, contre l'indifférent M Rezeau, contre l'éducation bourgeoise. Alors que les V.F. (Vengeance Folcoche) fleurissent sur les arbres du parc, la rébellion et l'indépendance grandissent dans l'esprit de Jean.

Au fond, et il l'admet sans souci, il est comme sa mère. Aussi se jure-t-il de lui faire payer toutes les mesquineries qu'elle leur a fait endurées, à lui et à ses frères, durant ces années censées être les plus joyeuses de la vie, et on ne doute pas qu'il y soit parvenu plus tard.

Ce roman, en partie autobiographique, est bouleversant de sincérité et de rage. Je devais le lire depuis un certain temps ; voilà, c'est fait !



Challenge Petits plaisirs 2014/2015
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La Mort du petit cheval

Jean Rezeau- Brasse-bouillon- vient de passer son baccalauréat, bien sûr il n'est guère le bienvenu à la Belle Angerie, la demeure familiale de la famille Rezeau. Il y retrouve ses frères l'aîné Ferdinand dit Chiffe ou Frédie, le benjamin Marcel dit Cropette; sont aussi présents son père Jacques Rezeau et l'inévitable , l'incontournable Paule Rezeau née Pluvinec sa mère. Mais si bien sûr que vous la connaissez! pour Brasse-bouillon c'est Folcoche , la mère haïe, détestée de tous temps. Le voilà arrivé à cet âge charnière où il se doit de choisir un cursus à la faculté, Droit a décrété Folcoche , il le commencera mais fera aussi une licence de lettres. Angers est vraiment trop proche de la Belle Angerie, sa mère le fait surveiller, espionner , Jean , ses vingt ans en poche, file sur Paris et y survit comme il peut animé par un esprit de revanche à toute épreuve , aidé par sa voisine de chambre Paule ; et puis un jour il croise le chemin et le regard de Monique et pour lui commence le long apprentissage d'une vie où les mots bonheur, amour, tendresse ont un sens .

La lecture de Vipère au poing m'avait laissée pantoise, celle de La mort du petit cheval me laisse sonnée . Jean a vieilli , le ton est plus incisif , plus mauvais, les diatribes contre la famille, la société, les convictions des uns et des autres sont empreintes souvent de condescendance. Le regard que Jean porte sur le monde qui l'entoure est celui d'un individu "assis entre deux chaises". reniant le monde bourgeois dont il vient , dont il a acquis les gestes, les façons de se comporter, voulant entrer dans un monde en pleine mutation, monde qui ne veut pas de lui qui le considère comme un étranger . Roman d'apprentissage donc, roman règlement de compte , roman d'une génération front populaire, génération qui ne sait pas encore que des années noires l'attendent . Après Vipère au poing en 1948, La mort du petit cheval en 1950 il faudra attendre 1973 pour retrouver Folcoche une dernière fois dans Le cri de la chouette , roman qui achève cette trilogie familiale.

Une écriture mordante, incisive, d'une modernité surprenante , à l'antienne de beaucoup d'autres écrivains de l'après- guerre Hervé Bazin est tombé dans un oubli respectueux ce qui me semble bien regrettable, mais ceci n'est que mon bien modeste ressenti .
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Vipère au poing

L'envie de relire ce fabuleux Vipère au poing me prit, lu en primaire, eh oui, quand on a des grandes soeurs, on finit par traîner dans leur bibliothèque quand la bibliothèque rose ne suffit plus à votre soif de lecture et de littérature. Soit, à cet âge je n'ai pu apprécier toute la grandeur de ce roman, mais il m'avait suffisamment marqué pour qu'il reste un inconditionnel des livres à relire à une autre époque. Et j'eus maintes fois raison, car j'ai bien mieux distillé toute la psychologie des personnages, la stratégie des uns et des autres, la pouvoir des parents, la soumission des subalternes et des enfants quand ils ne peuvent pas encore comprendre qu'ils peuvent se rebeller d'une façon ou d'une autre et même du mari.



J'ai adoré retrouver ce roman et cet enfant qui a su montrer les crocs et faire face à cette immonde mère qui n'avait que le seul plaisir d'ôter tout le plaisir d'être un enfant. Privations, corvées, corrections etc... pire que le bagne ! Le tout sans une seule caresse digne de ce nom, la gifle faisait office de signe d'affection de toute évidence.

Un livre référence dans le genre que je conseille à faire lire à nos enfants d'aujourd'hui qui se plaignent de ceci ou de cela certes, les époques ne sont pas comparables mais quand même tous ces caprices d'enfants pourris parfois c'est trop ! Alors qu'un enfant devrait se contenter avant tout de tout l'amour de ses parents, du confort respectable actuel et d'avancer sur cette route en grandissant dans cet amour et ce respect de l'être humain mutuel.

Une lecture qui bouleverse malgré tout en sachant que ce livre est autobiographique on imagine malheureusement cette enfance meurtrie à jamais. Comment être mère et avoir de la haine pour ses enfants, ça me dépasse en tant que mère.



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Chapeau bas

"Les petites gens vous saluent bien bas

Qu'ils soient d'à présent ou du temps des rois

Du haut des poutrelles ou du fond des cours

Les petites gens vous saluent toujours"



C'est un recueil de nouvelles très émouvant, sur "les petites gens", pour la plupart.

La qualité des nouvelles est inégale :

"Chapeau Bas" est une astuce imaginée par le tonnelier du village pour que la femme de mauvaise réputation ait un enterrement digne. Et ça sent bon l'artisan :



"A travailler le bois dans ton atelier

Tu enseignes à tes doigts un joli métier

Le ravissant bois de rose enchante tes journées

Et tu te plais je suppose à voir passer l'année."



"Bouc émissaire" me fait penser à la fois à "L'instit", avec Gérard Klein, et à "La guerre des boutons", qui rappelle qu'un village peut comporter deux camps, avec deux sortes d'irrésistibles villageois qui s'opposent depuis des lustres et sans concession !



"La Clope" est Marguerite la boiteuse ; ce conte m'a beaucoup touché : Margot est gentille malgré les moqueries dues à son état.



Un bon moment de détente avec l'auteur de "Vipère au poing".

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Vipère au poing

Ce livre que j'avais eu a lire dans le cadre scolaire il y a de ça deux ans, ça a été un véritable coup de coeur. déjà je trouve que malgré l'époque ( début du Xxème siècle) qui nous ai décrite ce récit est atemporelle puisqu'il s'agit de se glisser dans la peau d'un garçon qui hait sa mère pour bien des raisons. on éprouve des les premières lignes une certaine sympathie pour Jean ( Brasse Bouillon) qui au fil du récit nous raconte l'histoire avec humour vivacité et hargne. le conflit mère fils est bien plus fort et diffèrent qu'avec n'importe quelle autre mère, Folcoche est abominable on arrive même a la détester au plus haut point. Le personnage principal pousse un cri de révolte d'abord discret puis de plus en plus marqué en employant toutes ses forces pour piéger Folcoche, se défendre ou s'en débarrasser. Finalement c'est Jean qui a le dernier mot et on finit par un peu comprendre pourquoi Folcoche est comme ça. c'est une haine viscérale que se portent la mère et le fils une haine qui déchire les tripes, un sentiment très fort qui préserve de l'ennuie bien plus fort que l'amour ( comme le dit Jean dans le livre) on a rarement autant détesté un personnage ce qui est la force de ce bouquin.

Autobiographique ou pas Bazin signe un classique digne de ce nom ou il arrive a transmettre parfaitement le sentiment de haine du narrateur. J'aime aussi l'image de la vipère au début et a la fin du livre qui prends toute son importance quand on fini la lecture. j'ai vu qu'il y avait une suite ou Mme Rezeau vieillissante montre enfin son amour a son fils devenu adulte après la mort de son mari me semble t-il, je ne sais pas si je le lirai un jour je pense que la force de ce livre ce sont les conflits, la révolte de l'enfant qui devient adolescent, le caractère abominable de Mme Rezeau...peut être un jour. un classique a lire !
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Vipère au poing

Un roman effrayant et captivant.

J'avais un très bon souvenir de l'huile sur le feu du même auteur. Vipère au poing sans même l'avoir lu, tout le monde ou presque connaît. L'histoire d'une mère cruelle que ses enfants ont surnommée "Folcoche" (contraction de folle et cochonne).

Ce livre est à la limité du soutenable. Peut être que dans ma jeunesse, j'en aurais moins souffert. Là maintenant que je suis moi moi même maman, j'ai du mal à comprendre cette femme. L'époque, le catholicisme , l'avarice ne me semblent pas être des excuses plausibles.

La haine transpire dans les lignes. La haine de ses enfants envers elle. Elle qui les pousse à bout à force de brimades, vexations, humiliations, mauvais traitements , de violence et de désamour. Une mère qui n'embrasse jamais ses enfants. Qui leur fait endurer le froid, la faim. Qui leur interdit tout loisir. Qui leur plante sa fourchette dans la main.

Lecture difficile surtout quand on sait que le récit est certainement autobiographique.

J'en ai encore froid dans le dos.
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