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EAN : 978B0000DMUUH
Grasset (30/11/-1)
4.24/5   23 notes
Résumé :
Vipère au poing, c’est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommée Folcoche.

Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cela faisait un petit moment que je voulais relire "Vipère au poing", principalement parce que je n'avais encore jamais lu ses deux suites (que je n'avais pas), mais aussi parce que je l'avais lu bien jeune et que je voulais le re-découvrir avec des yeux d'adulte. J'ai trouvé dans une boîte à livres une édition de France Loisirs de 1996 qui regroupe les trois romans, (j'en aurais presque sauté de joie !), l'occasion m'est enfin offerte de me replonger dans l'histoire de Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et de sa mère détestable, dite Folcoche.

« "Vipère au poing" retrace le combat impitoyable que livrent Jean et ses frères à Folcoche. Jean, que l'on suit de quatre à seize ans, n'est pas pour autant un enfant martyr. Il a beaucoup trop de combativité et il va faire ainsi l'apprentissage de la haine. »

Apprentissage de la haine, à défaut de l'amour qu'un fils devrait éprouver pour sa mère... Cette dernière, autoritaire, avare et perfide, ne manque pas d'imagination quand il s'agit de priver, brimer, punir ses fils. Brasse-Bouillon, que sa haine ne fera pas flancher, dont la haine envers sa génitrice grandit de jour en jour, développera un esprit aussi malin et fourbe que sa mère qui l'aidera à la contrer, à ne jamais abdiquer face à la femme qui l'a mis au monde. Lui-même le dit : c'est la guerre civile à La Belle Angerie, domaine qui appartient à la famille Rezeau depuis plusieurs générations. Avec un père soumis à sa femme et un petit frère qui n'hésite pas à trahir pour rentrer dans les bonnes grâces de sa mère, le combat est inégal. Pourtant, Brasse-Bouillon s'en sort bien, l'enfant ayant hérité de l'esprit calculateur de sa mère et lui ressemblant de plus en plus...

La haine, c'est le moteur de ce premier livre. Elle pullule à toutes les pages, elle formate le jeune garçon, qui se construit en s'appuyant sur elle. L'auteur use de mots forts à chaque fois que Jean l'exprime. Cette relation mère-fils est perturbante, terrible. Ils se livrent une bataille quelque peu épique, si sournoise, qu'on ne peut en rester indemne.

« Dans "La Mort du petit cheval", Jean, âgé de dix-huit ans, a coupé les ponts avec sa famille. Mais la tyrannie de Folcoche le poursuit toujours. Cependant, quelques femmes l'aideront à franchir le passage difficile de la haine à l'amour. Ainsi va-t-il découvrir le bonheur en même temps que la paternité. »

Nous retrouvons ici Jean en passe de devenir un adulte, qui sans ressources peine à s'en sortir, du moins au début, et dont la haine qu'il éprouve pour sa mère marque le moindre de ses choix, de ses décisions, de ses réflexions. Les femmes qu'il croise paient pour elle. Certaines pourtant l'aident, le soutiennent, lui offrent ce qu'il n'a jamais eu droit durant son enfance. Souvent irrespectueux envers elles, on le voit enfin et petit à petit évoluer dans le bon sens, grâce à l'amour mais aussi grâce à l'amitié et à la complicité qu'elles sont capables de lui donner. Ce roman dénonce les conséquences qu'une enfance sans amour maternel peut causer sur une vie d'adulte.

Souvent, Jean m'a exaspérée. Souvent, il m'a déçue également. Souvent, il montre qu'il est bien le fils de sa mère. Pourtant, on ne peut lui en tenir rigueur. Les termes "circonstances atténuantes" prennent tout leur sens. Et puis, il finit par mieux se comporter, par accepter d'aimer à son tour, sa future femme d'abord, puis son enfant. Folcoche est toujours là, et sera toujours là, il en prend conscience mais parvient mieux maintenant à le gérer. Il en est d'autant plus touchant.

« Dans "Cri de la chouette", nous retrouvons Jean vingt-cinq ans plus tard, veuf, remarié avec Bertille dont il élève la fille parmi ses propres enfants. Mais voilà que Folcoche fait irruption chez lui. Trahie, dépouillée par son fils préféré, elle offre la paix. Mais fidèle à sa nature profonde, elle sème bientôt la discorde et la méfiance... »

C'est le roman qui m'a le moins convaincue, en grande partie parce que je n'ai pas reconnu la personnalité des deux protagonistes principaux. J'ai trouvé Jean bien trop faible, trop influençable, trop éloigné de ce qu'il était auparavant, bien trop ramolli, je n'ai pas retrouvé sa combativité. Ce n'était pas lui, plus lui. Il en est de même pour Folcoche, qui d'avare est devenue plus que généreuse, et que l'amour envers sa petite-fille qui représente pourtant tout ce qu'elle exècre a été pour moi incompréhensible. Elle reste calculatrice, son adage n'a pas changé (diviser pour mieux régner), mais ça n'a pas suffi pour la rendre cohérente à ce qu'elle est réellement. Pourtant, l'intrigue et les thèmes abordés sont captivants (relations familiales dissonantes, héritage et patrimoine familiaux, vie de famille). Je l'ai lu aussi vite que les deux précédents, l'auteur continuant de décortiquer l'âme et la psychologie de ses personnages avec apreté.

Dans l'ensemble, malgré un dernier tome légèrement décevant, j'ai apprécié ma lecture. J'ai aimé la façon dont l'auteur amène les choses, les décrit. Il a une très belle plume, riche et travaillée. J'ai aimé la narration à la première personne, nous permettant d'être au près de ce que ressent Brasse-Bouillon, nous permettant de ressentir toute la haine et le mépris qu'il a envers sa mère, nous permettant de comprendre ses réactions et comportements. Malgré tout, son histoire n'est pas difficile à lire, car je n'ai pas perçu Jean comme une victime (il en est pourtant bien une, car maltraitrance aussi bien physique que psychologique a bien lieu). Tout vient de la combativité et de la haine qui font de lui toute sa force, sa niaque, sa détermination. C'est terrible, parfois douloureux oui, amer, poignant, mais jamais Jean ne tombe dans le mélodramatique, la plainte ou la mélancolie. La lecture se veut facile, autant que percutante et puissante.
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Vipère au poing suit l'histoire de Jean Rezeau dit "Brasse-Bouillon" qui étouffe une vipère à main nue. 25 ans plus tard, il écrit son histoire et les complications familiale qu'il a vécu.

J'ai énormément aimé le lire car l'histoire est très touchante et la façon Hervé Bazin écrit, transporte le lecteur dans un récit fascinant de complication familiales.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mais ton regard est entré dans le mien et ton jeu est entré dans mon jeu. Toujours en silence, toujours infiniment correct comme il convient, je te provoque avec une grande satisfaction. Je te cause, Folcoche, m'entends-tu ? Oui, tu m'entends. Alors je vais te dire : « T'es moche ! Tu as les cheveux secs, le menton mal foutu, les oreilles trop grandes. T'es moche, ma mère. Et si tu savais comme je ne t'aime pas ! Je te le dis avec la même sincérité que le "va, je ne te hais point" de Chimène, dont nous étudions en ce moment le cornélien caractère. Moi, je ne t'aime pas. Je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. Oh ! tu peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de poison de regard. Moi, je ne baisserai pas les yeux. D'abord, parce que ça t'emmerde. Ensuite, parce que Chiffe me regarde avec admiration, lui qui sait que je tente de battre le record des sept minutes vingt-trois secondes que j'ai établi l'autre jour et qu'il est en train de contrôler sans en avoir l'air sur la montre-bracelet de ton propre poignet. Je te pistolète à mort, aujourd'hui. Ce faux jeton de Cropette me regarde aussi : il est bon qu'il sache que je ne le crains pas. Il est bon qu'il ait peur, lui, qu'il réfléchisse aux inconvénients auxquels il s'expose. Je commence à bien lui pincer les fesses quand c'est nécessaire et je serai bientôt assez fort pour lui casser sa sale petite gueule, comme dit Petit-Jean Barbelivien qui ne l'aime pas, car personne, pas même toi qui t'en sers, personne vraiment ne l'aime. Tu vois, Folcoche, que j'ai mille raisons de tenir le coup, la paupière haute et ne daignant même pas ciller. Tu vois que je suis toujours en face de toi, mon regard tendu vers ta vipère de regard à toi, tendu comme une main et serrant, serrant tout doucement, serrant jusqu'à ce qu'elle en crève... Hélas ! pure illusion d'optique. Façon de parler. Tu ne crèveras pas. Tu siffleras encore. Mais ça ne fait rien. Frédie, par de minuscules coups d'ongle sur la table, vient de m'annoncer que j'ai battu le record, que j'ai tenu plus de huit minutes la pistolétade. Huit minutes, Folcoche ! Et je continue... Ah ! Folcoche de mon cœur ! Par les yeux, je te crache au nez. Je te crache au front, je te crache... »
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Toi qui as déjà tant souffert pour nous faire souffrir, tu te moques de ce que je te réserve, pourvu que mûrisse ce que je me réserve à moi-même. La mentalité que j'arbore, hissée haut par le drapeau noir, tu en as cousu tous les plis, tu les as teints et reteints dans le meilleur jus de pieuvre. J'entre à peine dans la vie et, grâce à toi, je ne crois plus à rien, ni à personne. « Celui qui n'a pas cru en mon Père, celui-là n'entrera pas dans le royaume des cieux ». Celui qui n'a pas cru en sa mère, celui-là n'entrera pas dans le royaume de la terre. Toute foi me semble une duperie, toute autorité un fléau, toute tendresse un calcul. Les plus sincères amitiés, les bonnes volontés, les tendresses à venir, je les soupçonnerai, je les découragerai, je les renierai. L'homme doit vivre seul. Aimer, c'est s'abdiquer. Haïr, c'est s'affirmer.
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Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu'il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m'avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi. Merci, ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing.
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Vous pensez, ma mère, à ce que j'aurais pu être ? Moi aussi. Je vous remercie. Vous m'avez donné l'occasion d'être ce que je n'aurais jamais été si, vous aimant, j'avais aimé tout ce que vous représentez. Heureusement, je ne vous aimais pas !
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