Citations de Hervé Guibert (262)
Quand je ne me sens plus amoureux de Vincent, j'ai la sensation que quelque chose se ferme dans ma vie.
Une telle envie de voir Vincent danser (je suis ivre), danser sur ses vagues.
Tout est sublime dans ce corps: sa puissance et sa finesse, l'attache de ses bras à ses épaules... Quand je retrouve une émotion érotique, c'est un peu de vie que je retrouve dans ce bain de mort.
Dans leur salle de détente, les infirmières se disputent pour raconter leurs histoires de malades, parce que, bien sûr chacune en a une encore plus incroyable que celle de l'autre.
Le pire est vécu dans les rêves pour amoindrir le pire de la vie.
L’être qui manque à ma vie : celui qui saura me battre ; j’ai cru un temps qu’il sortirait de T., que ce serait un être compris dans lui qui s’en dédoublerait, mais il n’en a rien été ; j’ai cru longtemps que ce serait Vincent, mais il n’en est rien.
Faire de la torture mentale (la situation dans laquelle je me trouve, par exemple) un sujet d'étude, pour ne pas dire une œuvre, rend la torture un peu plus supportable.
Le noir était pour les aveugles une couleur aussi inconnue que le blanc ou le rose. Aucun œil ne voyait noir, tout comme aucune oreille de sourd ne pouvait transmettre un silence, mais une absence de silence ou de stridence. Les aveugles ne voyaient rien, tout simplement. Ils ne vivaient pas dans les ténèbres, car le nerf qui aurait pu leur en donner la conscience était amorphe.
J’ai l’impression que c’est comme si… comme si vous aimiez ce virus qui est en vous… – Certainement, j’ai bien été forcé de l’aimer, sinon ma vie serait devenue invivable, il a été inévitablement une expérience fondamentale, cruciale, mais maintenant j’en ai fait le tour, et je n’en peux plus, après ce chemin vers la sagesse pour la première fois c’est la révolte qui pointe. Je ne peux plus entendre parler de sida. Je hais le sida. je ne veux plus l’avoir, il a fait son temps en moi.
p.11:"Dès les premiers frimas, il consacra son sermon à la phobie du froid, et à la solitude odieuse qu'il engendrait dans un lit vide."
Ma vie avait pris une autre tournure, le vieillissement m'ayant porté à d'autres affections, d'autres élans du coeur.
Du jeu de jonchets, elle prit la Reine et l’enfonça doucement dans l’œil gauche de la souris, qui de mit à piailler, à cracher, à griffer, a battre de la queue tant qu’elle le put, puis qui s’évanouit. Ah tu parles maintenant, dit Josette, qui venait de recevoir une myriade de gouttelettes de sang sur la joue, mais tu vas chanter aussi, et ton poil sera plus soyeux, et tu seras encore plus maligne, et quand je t’aurais crevé les deux, tu deviendras la Reine, toi aussi, tu t’appelleras Josette, comme moi, tu aimes?
Aide-moi à supporter ce que je ne peux comprendre. Aide-moi à changer ce que je ne peux supporter.
Saint François d'Assise
Mon pauvre lapin, qu'est-ce que tu vas encore imaginer ?
Si les virus qui circulent par le monde entier depuis la mode des charters étaient tous mortels, tu crois bien qu'il n'y aurait plus grand monde sur cette planète.
La mère qui dit "On n'est pas des vieux, on fait toujours l'amour".
Quand je ne me sens plus amoureux de Vincent, j’ai la sensation que quelque chose se ferme dans ma vie.
Comment j'aime Vincent : prêt à m'ouvrir la poitrine pour déposer mon cœur à ses pieds.
J'ai senti venir la mort dans le miroir, dans mon regard dans le miroir, bien avant qu'elle y ait vraiment pris position.
J'entreprends un nouveau livre pour avoir un compagnon, un interlocuteur, quelqu'un avec qui manger et dormir, auprès duquel rêver et cauchemarder, le seul ami présentement tenable.
C'était un regard insoutenable, trop sublime, trop déchirant, à la fois éternel et menacé par l'éternité.