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Critiques de Ismaïl Kadaré (254)
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Chronique de la ville de pierre

Kronikë në gur

Traduction : Edmond Tupja





Après la raideur compassée du "Général de l'Armée Morte", après l'errance blafarde, parmi les brumes du petit jour et celles, plus malignes, du crépuscule, de ces deux protagonistes principaux pour ainsi dire anonymes, après la boue froide du sol albanais, transformé par les pluies en une gangue qui rechigne à restituer les os des soldats étrangers morts depuis plus de vingt ans - après les tâtonnements d'un auteur à ses débuts, conscient de la valeur du sujet choisi mais aussi du traitement délicat qu'il lui impose, après ces phrases courtes, qui piétinent et hésitent, aussi désorientées semble-t-il que les deux héros, après ce texte prometteur mais qui réclame du lecteur constance et même entêtement ...



... cette "Chronique de la Ville de Pierre" constitue une surprise des plus agréables. Optant cette fois pour la fraîcheur de l'enfance, Kadare réveille, pour nous conter cette vision de la Seconde guerre mondiale s'invitant dans l'Albanie profonde, le petit garçon qu'il était à l'époque. Du coup, s'il ne peut éviter les scènes d'horreur dont il fut le témoin, il lui est par contre loisible d'adoucir un peu les angles en faisant preuve de cette gaieté, de cet humour que l'on recherche en vain dans son "Général de l'Armée Morte."



Une ville bâtie à flanc de montagne, où l'ivrogne qui glisse dans une rue peut fort bien se retrouver le lendemain à cheval sur un toit, un peu plus bas ; un monôme de femmes tout de noir vêtues et commérant de porte en porte en s'arrêtant à chaque perron pour déguster le café traditionnel ; des hommes qui répondent à leurs lamentions en pérorant de leur côté, de manière considérée comme plus "virile", au café du coin ; des jeunes gens qui traînent en ayant l'air d'attendre quelque chose (mais quoi ?) ; des occupants qui changent souvent de nationalité, Italiens le matin avec le commandant Arcivocale à leur tête et Grecs l'après-midi, sous la houlette du commandant Katantzakis en attendant les Allemands qui entreront, à la nuit tombée ou au petit jour, avec leur chef Kurt Vollersee ; des collaborateurs et des maquisards qui rongent leur frein en épiant et en dénonçant ; quelques sorcières ou qui se prennent pour telles ; les Grandes Vieilles qui, parce qu'elles ont dépassé le siècle d'existence, énoncent, lorsqu'elles se risquent au soleil, des oracles dignes de l'Antiquité ; des éxécutions qui ressemblent à des règlements de compte et des règlements de compte qui ressemblent à des exécutions, et la vie quotidienne qui continue à mener parmi tout cela son petit train d'indifférence, voilà tout ce que voit, se rappelle, vit et commente le jeune narrateur.



Il le fait avec la naïveté de ses onze ans préservés qui, en même temps, découvrent le monde des adultes, un monde perturbé par une guerre que personne, dans la ville de pierre, pas même les lâches, ne considère comme une guerre pour l'Albanie. Tous patientent, tous courbent la tête, attendant la fin de celle-ci et le départ des étrangers pour passer enfin à la seule guerre qu'ils accepteront : celle qui rendra l'Albanie libre et indépendante.



Ayant posé sa main dans celle de l'enfant-narrateur, le lecteur le suit avec confiance et une sorte de fascination, tant dans ses vagabondages personnels (son béguin contrarié pour Maguerite et ses rêves avec Suzanne) que dans ceux qui intègrent les siens et ses concitoyens. A son tour, le lecteur redevient enfant et jette, sur cette mini-société remuante et conformiste, où les filles n'ont d'autre espoir que le mariage, un regard étonné, amusé ou réprobateur mais curieusement dénué des a priori de l'âge adulte. C'est que, sous la plume de Kadare, il découvre en fait une Albanie plus complexe qu'il ne l'imaginait, avec des personnages hauts en couleur et très bien campés - peut-être aussi un peu idéalisés mais sans excès - des personnages incroyablement vivants avec lesquels il ne détesterait pas faire connaissance. Pour autant, l'auteur ne fait pas l'impasse sur les défauts de son peuple comme ce désir de vendetta qui tourne ici à la maladie pure et simple ou encore cette éternelle minorité qui est le lot de la femme albanaise.



"Chronique de la Ville de Pierre" remporte donc une double victoire : avant tout, il incite à découvrir d'autres ouvrages de Kadare mais il pousse également son lecteur à s'interroger sur l'Albanie et à tenter de voir au-delà de l'image sociétale, à la fois réactionnaire, figée et machiste, qu'elle a malheureusement tendance à donner d'elle. ;o)
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Le Pont aux trois arches

Ce très joli conte aux lectures multiples nous emmène au 14ème siècle, en Albanie, sur les rives de l'Ouyane. L'Ouyane est alors sous le monopole de la compagnie des bacs et radeaux, dont le passage rythme la vie de la population locale.



C'est l'Ancien ordre, celui des petits seigneurs qui morcellent ce territoire dangereusement proche de l'empire ottoman, celui où l'homme ne brave pas les contingences géographiques, et où les rapsodes nourrissent l'imaginaire collectif de mille contes et superstitions.



Ce qui se passe ailleurs, à l'extérieur, n'est qu'un échos lointain, dont les signes se manifestent parfois? Des charrettes qui transportent l'Asphalte.



La machination peut alors commencer? De mystérieux personnages, que l'on sent missionnés par l'imposant voisin, viennent proposer de construire un pont, ce que le seigneur concerné accepte.



Des évènements étranges entourent la construction de ce pont. Un épileptique qui fait une crise, la nuits une main ténébreuses détruit ce qui est fait le jour, et ces évènements étranges sont les symptômes de la lutte entre les tenants de l'ancien ordre (la compagnie des bacs et radeaux) et du nouvel ordre (les constructeur du pont).



Tout s'accélère. Des glaneurs de contes utilisent une ancienne légende (et commettent un meurtre, un sacrifice) pour assoir la suprématie des bâtisseurs de pont.



Mais un pont c'est aussi le symbole du passage, du changement. Vers un ordre nouveau, qui circule et palpite, fait de routes, de foires et de ponts, de mouvements. Vers la domination turque qui plane comme une ombre croissante.



Une très belle histoire.
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Le concert

Roman, ou alors livre d’histoire déguisé en roman, «Le Concert» est un livre majeur, une plongée, une révélation dans les conflits internes du camp communiste. L’Albanie occupa longtemps, avec les Khmers rouges, la place d’honneur sur le podium de l’horreur, rôle repris aujourd’hui par la Corée du Nord. Sous la dictature ubuesque d’Enver Hodja (de 1946 à 1985), l’Albanie rompit successivement avec la Yougoslavie, l’URSS et la Chine, et se retrouva pure et dure, mais isolée et pauvre parmi les pauvres. Lors de mon voyage en Albanie à cette époque où j’ai rencontré Kadaré, les rues de la capitale n’étaient pas toutes pavées, les rares autobus, aux vitres cassées, avaient été rachetés d’occasion aux Algériens, la possession d’une voiture particulière était interdite au point que le large boulevard principal ressemblait à un piétonnier désert, et il n’y avait qu’un seul feu rouge dans le pays, pour bloquer la circulation devant le siège du parti communiste !



Ismaïl Kadaré est un témoin majeur de cette époque, au cœur du système, quand la littérature de l’Est tentait de faire croire à l’idéalisme d’un bloc uni par une théorie marxiste que la Chine a délaissée aujourd’hui au profit de richissimes capitalistes. «Le Concert» est un témoignage de l’intérieur, comme d’autres œuvres de Kadaré, par exemple «Le Temps des querelles» et «L’Hiver de la grande solitude». Ce livre évoque de manière pittoresque, presque à la Daumier, la rupture avec Pékin à travers le quotidien de plusieurs personnages. Il la compare avec la rupture précédente, avec le Kremlin, et décrit aussi la lutte entre les factions chinoises, la liquidation par Mao de Lin Piao, son successeur désigné accusé de trahison, et l’emprisonnement de la veuve de Mao, à la tête d’une autre faction, la fameuse Bande des Quatre. Trop puissant car s’appuyant sur l’armée, Lin Piao est officiellement mort dans un accident d’avion qu’on a jamais cherché à éclaircir, mais dont Kadaré donne une version précise. Son livre évoque surtout la répercussion au quotidien, en Albanie, de cette lutte pour le pouvoir qui se passe loin, en Chine. Le titre du livre se réfère à un concert qui se passe à Pékin, où des Albanais tentent de déchiffrer ce que cachent les absences de certains officiels au concert, et les préséances dans la loge officielle, pendant que Mao est proche de la mort (chapitre 13).



Écarté du pouvoir par le parti communiste à cause de l’échec catastrophique de sa politique de «Bond en avant», Mao avait réussi à reprendre le pouvoir au parti en s’appuyant sur les Gardes Rouges et sur l’armée, rivale du parti, lors de la Révolution Culturelle. Un ministre albanais en visite à Pékin se voit alors suggérer de faire de même avec une action symbolique, et de retour dans son pays, l’Excellence en question fait encercler une réunion de province du parti par des blindés, comme suggéré par les Chinois. Quatre des six officiers, fidèles au parti, refusent d’exécuter l’ordre, sont exclus de l’armée par le ministre, et emprisonnés avec interdiction sous peine de représailles de révéler la raison de ces sanctions, même à leur famille. Mais la lutte entre les factions fluctue comme une girouette, les officiers sont libérés et on va même jusqu’à fantasmer que «La Chine doit être balayée de la surface du globe». Sur la sellette, le ministre cherche à sauver sa peau et félicite même les officiers de lui avoir désobéi dans une scène d’un grand comique. «Il devait absolument trouver quelque chose à dire, présenter les choses comme… le résultat d’un aveuglement politique provoqué par des insuffisances dans l’étude du marxisme-léninisme» ou mieux encore, détourner la colère sur son collègue, ministre de l’économie, vu la situation calamiteuse du pays. Ou encore se rappeler qu’Enver Hodja, au cours d’une réunion du Bureau politique, avait demandé au ministre de l’Intérieur : «Pourquoi, jusqu’ici, les complots ont-ils toujours été découverts par le Parti, et jamais par la Sécurité d’État ? – et qu’à cette question, le visage du ministre était devenu livide».



Finalement, le ministre est emprisonné et le meilleur chapitre du livre, le chapitre 17, est un véritable morceau d’anthologie où le ministre et ses exécutants se livrent à une surenchère d’autocritique à la phraséologie stéréotypée et ridicule dont Kadaré se moque avec délectation.



Longtemps, les journaux affichent une unité de façade entre la Chine et l’Albanie, mais une multitude de petits faits alimentent les rumeurs. Soudain, les bateaux chinois chargés d’apporter des équipements subissent des retards. Le traducteur Ekrem ne reçoit plus de textes chinois à traduire, avant d’être réapprovisionné quand le vent tourne à nouveau. Un contrat est annulé sans explication. Des étudiants chinois rentrent au pays. On démonte l’antenne qui retransmet les nouvelles de Chine. Un Albanais marche involontairement sur le pied d’un Chinois dans un autobus. La presse chinoise s’en empare, on brandit des radiographies et on rappelle le Chinois en question à Pékin pour l’exhiber avec le pied dans le plâtre. Et comme tous ces petits épisodes croqués sur le vif ne suffisaient pas, on invente la mort héroïque d’une personne qui n’existe pas et qu’on propose comme modèle aux masses (voir citation).



Il y a aussi une gigantesque opération paranoïaque où de faux ramoneurs et de faux plombiers posent des milliers de micros-espions dans les maisons et les vêtements des personnes à surveiller, mais le matériel est défectueux et des milliers d’écoutants n’entendent au mieux, entre les grésillements, que des banalités ou des propos d’alcôve, et lorsqu’on s’aperçoit qu’un micro était dans la veste d’un tué lors d’un accident de la route, il faut aller déterrer le cadavre quelques semaines plus tard, en pataugeant dans la boue et par une pluie battante. Tout le livre est ainsi d’un humour grinçant.



Une chose m’a frappé, l’obéissance aveugle aux ordres les plus absurdes. Comme Eichmann, des gens sont pris dans une idéologie qui annihile toute réflexion personnelle. On tue sans état d’âme parce que l’ordre vient d’en haut. Kadaré introduit souvent des allusions à Shakespeare (Macbeth et Duncan par exemple) et aux classiques grecs. C’est que le sort des Albanais se fait et de défait sans eux et loin d’eux, à Pékin, tout comme dans les tragédies grecques, les hommes ne sont que des marionnettes aux mains des dieux qui se disputent entre eux comme dans l’Odyssée d’Homère. Et les hommes subissent sans comprendre.

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Chronique de la ville de pierre

La Ville de pierre c'est Gjirokastër que nous venons de visiter.



Chronique de la ville de pierre n'est pas seulement le guide littéraire que chaque touriste éclairé devrait emporter en Albanie, c'est un vrai coup de cœur littéraire.



C'est le regard poétique d'un enfant très imaginatif. Qui d'autre aurait pu se soucier des gouttes de pluie prisonnières de la citerne? ou des chemins mouvant dans les hauts quartiers escarpés de la maison de son grand-père? Cette maison est l'objet d'un autre livre de Kadaré : Un climat de folie - mêmes personnages, même lieux et pourtant une oeuvre tellement différente !



C'est aussi l'évocation d'une période très troublée, 1939, Gjirokastër est occupée par les Italiens, vaincus un temps par les Grecs, puis à nouveau les Italiens qui la quittent laissant la ville aux partisans et à l'anarchie. Pas longtemps puisque les nazis arrivent. Pas de jugement définitif, l'enfant entend ses grands-mères et ses voisines, répète leurs propos. L'enfant voit construire par les Italiens un aérodrome, éprouve de l'affection pour un avion, un bombardier alors que toutes les nuits la ville est la cible des bombardements.



C'est aussi l'éveil d'une conscience politique, l'enfant ne sait que penser, sa jeune tante a rejoint les partisans, aucun jugement, si ce n'est la peur des vieilles femmes de la cohabitation jeunes filles/jeunes hommes. Discrète évocation d'Enver Hoxha, qui est un voisin, aucune idéalisation des partisans cependant.

Evocation de la vie quotidienne et de traditions cachées, la sorcellerie était encore bien vivante en 1939, l'occupant italien en tire profit.....

Un livre que je vais garder pour le relire et le faire lire autour de moi.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Le Général de l'armée morte

Un roman lent, presque répétitif, mais tellement profond.

C'est la première fois que je découvre un roman d'un écrivain albanais, et je n'ai pas été déçue.

Il m'a permis, au-delà de la beauté du texte et des réflexions philosophiques sur la gloire, la vanité, la mort auxquels il amène, de découvrir une facette de la seconde guerre mondiale dont je ne connaissais jusqu'à présent que peu de choses.
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Matinées au Café Rostand

Ismael Kadare a 80 ans, et bien que je connaisse cet auteur de nom, bien que j'ai croisé à de nombreuses reprises ses livres, dans des librairies, à la bibliothèque, c'est la première fois que je lis une de ses oeuvres, la toute dernière en date, parue le 18 janvier. Ce qui m'a attiré en premier lieu, il faut bien le dire, est la couverture, que j'ai trouvée sobre et évocatrice à la fois.

Je le dis tout de suite : ces récits n'étaient pas forcément la meilleure manière d'aborder l'oeuvre de cet auteur. Ce sont des chroniques, certaines très longues, d'autres très courtes, parfois répétitives. le café m'avait semblé, au tout début, être le fil conducteur du roman, qu'il s'agisse du café pris au café Rostand, près du Luxembourg (note : je passe devant chaque fois que je vais au Luxembourg), entre auteurs, certains travaillant ou corrigeant leur manuscrit dans ce lieu. Ce n'est pas qu'un café, c'est aussi l'occasion, pour Kadare, de parler de son tout premier séjour à Paris, et de parler de ce qui est le vrai sujet de ces récits : l'Albanie.

Ici, en France, ou ailleurs, en Italie, en Russie, dans le passé proche, dans le présent, dans le futur, et même dans les temps ancien, l'Albanie est omniprésente. Indépendante, sous le jouge turc, sous domination communiste, ou royauté, l'Albanie nous est montrée sous toutes ses facettes. L'Albanie, et le sort qu'elle réserve à ses écrivains, dont Kadare ne semble pas le représentant, mais le survivant, là où tant d'autres ont dû renoncer à écrire – génération sacrifiée, même pour ceux qui ont connu une reconnaissance internationale. Kadare parle aussi des « jeunes pousses », la jeune génération d'écrivain, encore peu connue. Quelle sera leur avenir ? Difficile encore à dire ou à écrire.

Matinées au café Rostand est un livre davantage destiné à ceux qui apprécient déjà l'oeuvre de l'auteur plutôt qu'à ceux qui la découvrent.
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Poèmes, 1957-1997

I Kadaré le plus célèbre des intellectuels albanais et certainement le plus lu en dehors de son pays , fut toujours un ennemi acharné du totalitarisme qu'on le muselle ou lui confie un poste en vue de l'acheter . Le pouvoir n'osa jamais le réduire au silence par crainte de l'opinion internationale . Auteur prolixe à découvrir à travers ses poèmes , romans , articles de journalisme et prises de position . " Le journal de l'armée morte " est le titre qui le fit connaître en dehors de son pays .
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Le palais des rêves

Un livre qui se lit comme une fable fantastique. Impossible de ne pas penser à Kafka quand on on plonge dans cet univers absurde et onirique, qu'on ne sait pas ou situer: en Albanie, en Turquie....



Impossible aussi de ne pas faire le rapprochement avec des auteurs comme Orwell ou Aldoux Huxley qui par leurs allégories interrogent notre façon de vivre et d'évoluer.



Un livre qui interpelle tout en gardant sa part de mystère.
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Le Grand Hiver

Ce roman relate la rupture de relations entre l'Albanie et l'Union soviétique . En contant la vie quotidienne des Albanais, depuis les apparatchiks jusqu'au balayeur des rues, des anciens bourgeois ou vieux partisans ayant lutté pour la révolution et en particulier de l'interprète Besnik , traducteur lors d'un congrès socialiste à Moscou , Ismaël Kadaré fait office d'historien et nous aide à comprendre comment ce petit pays réussit à se séparer du puissant grand frère que fut l'URSS .

Il fallut certes du courage à Enver Hoxha pour faire cavalier seul ,d'autant plus qu'il réitérera l'expérience avec la Chine ,plus tard comme il en est question dans Le concert ,autre roman d'Ismaël Kadaré.

Enver Hoxha fut lui même un dictateur sanguinaire , instaurant une sorte de révolution culturelle destinée à rééduquer son peuple. Comment s'en est accommodé Ismaël Kadaré ? ¨c'est la question que l'on peut se poser, ,d'autant plus qu'il s'est inspiré des écrits d'Enver Hoxha pour écrire ce roman ,fort intéressant au demeurant pour connaître l'Histoire de ce peuple des Balkans
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Le Crépuscule des dieux de la steppe

J’ai eu la chance de rencontrer Ismaïl Kadaré en Albanie à l’époque communiste. Le traducteur Arben Leskaj m’avait organisé une rencontre pour prendre le thé avec lui et sa femme sur la plage de Durrës. J’avais déjà lu plusieurs de ses livres, dont l’extraordinaire Avril brisé, et j’ai admiré alors le côté prudemment sarcastique qu’on retrouve dans ses livres, mais je ne pouvais pas encore deviner son brillant parcours ultérieur. Ses écrits sont traduits dans 29 langues. Il a souvent été cité pour le prix Nobel de littérature sans jamais l'obtenir, mais a obtenu quantité d’autres prix, et aujourd’hui, à 85 ans, est Grand Officier de la Légion d’Honneur. Son livre Le Crépuscule des Dieux de la steppe, au titre subtilement provocateur comme tout son œuvre, annonce la rupture entre l’Albanie et la Russie, mais pas encore la rupture avec le communisme puisque Enver Hoxha s’est ensuite allié à la Chine contre l’URSS. Un moment, cette situation lui a permis une certaine liberté dans la critique du système soviétique, mais plusieurs de ses écrits ont été interdits et, se sentant menacé, Kadaré a été contraint de s'exiler, et a obtenu l'asile politique en France.

Après le lycée, il avait obtenu une bourse pour l'institut Gorki de littérature à Moscou, passage obligé pour tout intellectuel des pays satellites qu’il faut russifier à la fois sur le plan linguistique («Ce Letton n’a pas encore renié sa langue, mais on y travaille» (p. 117) et idéologique, en formatant la pensée car il n’y a qu’un seul parti communiste, le «parti père». Les autres sont des «partis fils» (p. 186). Il fallait aussi éradiquer le folklorisme, le conformisme, le stalinisme, le nationalisme bourgeois le chauvinisme des petits républiques, etc. (p. 59). Et gare aux dirigeants des pays satellites qui s’écartent du chemin, comme le hongrois («C’est avec ces ongles qu’il voulait écorcher la Russie, mais nous les lui avons arrachés» (p. 207).

Kadaré étudie donc ce qu'il ne faut pas écrire, mais fera le contraire. Le Crépuscule des dieux de la steppe relate précisément ce séjour à l’Institut Gorki, et une idylle entre le narrateur albanais et une Russe. La fin du livre annonce sarcastiquement la rupture entre les deux pays: l’ambassadeur d’Albanie à Moscou convoque de toute urgence les étudiants albanais pour leur dire simplement que les relations entre les deux pays étaient bonnes (p. 198), et chacun comprend d’autant mieux le contraire que les étudiants sont invités à cesser tout contact avec les jeunes filles russes «pour éviter les provocations».

Pendant ce séjour, le Prix Nobel de Littérature est décerné à Boris Pasternak pour Le Docteur Jivago. Khrouchtchev avait chargé les écrivains de dénoncer les crimes de Staline, mais après un moment, ça s’était retourné contre Pasternak. «La radio, de cinq heures du matin à minuit, la télévision, les journaux, les revues, jusqu’aux publications pour enfants étaient remplis d’attaques contre l’écrivain renégat. On publiait des télégrammes, des lettres, des déclarations de kolkhoziens, d’unités militaires,... » (pp. 143-144) «Après une lettre envoyée par la population d’une certaine région de Qipstap,… le speaker lut la déclaration du clergé de Tachkent» (p. 151). La campagne continuait avec «une déclaration… émanant peut-être des pêcheurs de baleine de la mer du Nord» (p. 152), puis la campagne s’interrompit brutalement et sans explication, on parla plutôt des succès des kolkhoziens de l’Oural, de la pèche, et d’une poétesse cinghalaise (pp. 170-171).

Ce livre est fort intéressant car c’est un témoignage sur le fonctionnement du système soviétique de l’intérieur, au quotidien, et je terminerai par une dernière citation typique : «Ces derniers temps… on avait vu des comités centraux évincés, des groupes se livrer à une lutte implacable pour le pouvoir, des complots, des manœuvres de coulisse, et rien de tout cela, ou presque, n’état évoqué… On n’y trouvait que le bruissement des bouleaux » (p. 151).

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La Pyramide

: « La Pyramide» d’Ismail Kadaré. Ce roman date de 1992, Kadaré est alors en France . Sous les dehors du roman historique (la construction de la pyramide de Chéops) c’est la dictature totalitaire (au cœur de laquelle il a vécu) dont il démonte les mécanismes .En effet , la construction de la pyramide n’a pas essentiellement un motif religieux , c’est avant tout un instrument d’oppression et de contrôle social . Ce n’est pas la vie des Egyptiens antiques mais celle des Albanais sous Enver Hoxha , des russes sous Staline, des chinois sous Mao qui est dépeinte en filigrane ( culte de la personnalité, omniprésence policière, procès truqués , délation …) . Certes c’est du passé , mais sommes nous si certains de notre futur ?
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Le palais des rêves

Dans une Albanie fantasmée, le héros Mark-Alem est embauché dans l'institution la plus puissante du pays : le palais des rêves. Ce palais a pour mission de récolter et d'analyser les rêves de leurs concitoyens afin d'essayer de prédire certains événements (coups d'état, trahison, etc).

En rentrant dans ce palais, nous sommes emmenés dans un monde kafkaïen bureaucratique.



Ce roman n'a pas été apprécié du régime dictatorial albanais lors de sa parution et on peut facilement comprendre pourquoi.

Le livre se lit facilement et nous emmène pour un voyage surprenant dans les Balkans.
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La Ville sans enseignes

La ville sans enseignes est le premier roman d'ismail Kadaré. Ecrit en 1959, publié par bribes, interdit à l'époque par Moscou et resté dans l'oubli pendant près de quarante ans. Il sera intégralement publié en 1991.

L’histoire en est simple, et s’inspire de l’expérience de Kadaré.

Un jeune professeur, Gjon Kurti, quitte la capitale de l’Albanie, Tirana, pour rejoindre son poste dans la ville de N...en province.

Un voyage en autocar de seize heures l’y amène et après une nuit agitée à l'hôtel Métropole, il rejoint le lycée le lendemain.

« Regardez un peu ce mec comme il est swing » entend-il sur son passage.

La première journée est décevante, accueil froid du proviseur, nostalgie de Tirana, chagrin de sa séparation avec Klara, regrets sur les feuillets de sa thèse de philologie, inachevée.

A nouveau dans les rues de la ville. L’arrivée du car de Tirana, celui par lequel il est arrivé la veille, est l’événement marquant de la journée à N.

Il fait désormais partie de ceux qu’il a qualifié d’autochtones hier, et regarde avec envie les nouveaux arrivants de Tirana, découvrant dans leurs yeux les mêmes surprises que les siennes hier.

«...ce soir, après une nuit passée en ce lieu, lui-même était devenu à leur image un «autochtone » entouré des mystères de la province. »

Kadaré apprivoise sa jeune écriture et apprivoise son lecteur, il jouit de sa capacité à jouer avec des boucles de pensées : je me perçois aujourd’hui, comme je percevais des étrangers hier ; suis-je aujourd’hui le même Gjon qu’hier ?, j’ai la même perception de Tirana, la capitale que ces provinciaux qui me paraissaient énigmatiques hier, etc....

Au hasard de ses déambulations, dans les bars de la ville, il retrouve un collègue, professeur de chimie, Mentor Rada, (en lui donnant ces prénom et nom - Mentor, le précepteur de Télémaque, et Rada qui en langue slave signifie conseil - Kadaré place Gjon sous la houlette de celui qui sera une sorte de guide), et un poète du nom de Eugjen Peri.

Ils deviendront ses amis, et dès lors, aucune page du roman ne verra Gjon seul sans ses deux acolytes.

Gjon, Mentor et Eugjen, se découvrent des centres s’intérêt communs, les filles, les bars, les soirées de Tirana, les bals de l’école normale. Leur amitié naissante les séduit, ils boivent avant tout à sa santé.

Ses deux amis trouvent un logement. Il quitte l’Hôtel Métropole. Ils le rendent familier de la ville de N, lui font parcourir ses rues et lui montrent les lieux où des écrivains et des poètes célébrés ont vécu.

N abrita, Dino Cico un savant incompris, Qimo Papa, le débauché, les poètes, Jorgo Senica, connu pour ses oeuvres érotiques, et Kethe Spiri, auteur d’une histoire en vers du PCUS (parti Communiste de l’Union Soviétique) et des conclusions des deux plénums du parti du Travail d’Albanie.

Sa logeuse est «...une femme d’un certain âge, vêtue de noir, comme c’était l’usage à N...», elle lui a réservé une chambre au deuxième étage d’où il verra, la route de Tirana, le pont qui enjambe le torrent, et la grande maison italienne où, autrefois, était installé un bordel.

Les scènes de la vie à N, le cinéma, les bars, la fête avec Luiza, Eratulla et Roza, les trois vendeuses des grands magasins, les enregistrements pour rire au magnétophone, pourraient se passer dans n’importe quel pays d’Europe à la même époque, ne seraient les dérapages grotesques que l’auteur instille à petites doses pour donner une couleur au système absurde du pays où la ville de N se trouve : le vice-président du comité exécutif, le trafiquant notoire surnommé «la bascule», la fermeture de la salle après le début de projection, le film à l’affiche (quand passe les cigognes), les spectateurs vociférant, le poète simplet mais respecté....

La vacuité de ce que vivent les héros de la ville sans enseignes, rapportée avec finesse et humour par Kadaré, illustre le paradoxe des systèmes politiques mis en place dans les satellites de l’union soviétique.

Censés oeuvrer pour l’élevation spirituelle, intellectuelle, économique, sociale... que sais-je encore, de la société ; et créer l’homme nouveau, celui qui atteindra le bonheur parfait, ces systèmes, par les dispositifs de contrôle qu’ils ont développés pour vérifier l’atteinte de leurs objectifs, ont rejeté les citoyens à l’extérieur de tout ce qui conditionnait leur vie :

la politique, hors du parti point de salut, l‘économie, sans l’étatisation rien n’est possible, le social, les classes laborieuses avant tout, l’éducation, la parole du chef est irremplaçable, la religion orthodoxe tolérée mais réduite aux manifestations de son apparat...

Les héros du roman sont préoccupés de choses qui échappent à la main mise du pouvoir, mais subissent son incapacité : l’avortement de la petite amie malencontreusement engrossée, la syphillis de Gjon, les soirées alcool-musique, le magnétophone comme outil de libération de la parole, l’attrait de l’occident, de sa musique, de ses moeurs.

Mais leur amitié, aussi factice qu’elle a été rapide à se créer durera-t-elle dans cet environnement de faux semblants. Gjon en doute. Il se demande à quoi cette amitié pourrait servir, si ce n’est les aider à sortir de ce sytème mortifère, un système qui ment chaque jour sur la réalité ; pour cela il décide de proposer à ses amis de créer une vérité nouvelle à partir d’un mensonge.

Leur marge de maneuvre est limitée, au fonds, ils ne diffèrent pas des autres habitants de la ville, (les maquereux, les trafiquants, les filles vénales), dans leur tentative de trouver une solution pour ....fournir...une contribution plus importante à la société...

Solution qui leur permettra, c’est surtout vrai pour Gjon, de quitter N, et de retrouver la capitale Tirana.

Mais, peut-on répondre à un mensonge par un autre mensonge. Les amis débattent de ce sujet, ils prétendent qu’ils «....seront coupable au regard de la Vérité abstraite, mais tout à fait innocents vis à vis de notre patrie.»

Ce projet finira par couter à Gjon l’amour de Stella, la fille de ses propriétaires, peut-être l’amitié de Mentor et Eugjen, mais il persiste.

Un livre crû, sans complaisance pour les personnages, qui préfigure dès 1959 l’écroulement des sociétés communistes, une oeuvre visionnaire à l’image de toute l’oeuvre d’Ismail Kadaré.


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Le palais des rêves

Mark-Alem, jeune homme d’un vingtaine d’année, issu d’une famille aisée, est embauché au Tabir Sarrail, le palais des rêves. Dans une Albanie dictatoriale, il pose un regard novice sur cette étrange institution : Une institution composée d’un hiérarchie subtile qu’il va connaître peu à peu.



L’état impérial enregistre tous les rêves de tout le monde : on dirait que c’est même la seule activité dans ce pays. Enregistrer les rêves, les interpréter pour déceler tout risque de révolution ou d’atteinte au Souverain. Mark-Alem commence sa carrière au service de la Sélection.



Le travail de Mark-Alem est ennuyeux, toute la journée à lire des rêves et à en rendre compte. Bizarrement, sans qu’il fasse d’éclats ou qu’il apparaisse comme étant très compétent, Mark-Alem est rapidement nommé à d’autres fonctions plus considérées. L’ambiance est assez angoissante et j’ai senti à plusieurs fois qu’il était manipulé sans savoir par qui et dans quel but. La visite des archives des rêves est particulièrement réussie. Chaque semaine, un maître-rêve est élu et son Interprétation communiquée au grand jour. Les rêves faits la veille de grandes batailles sont disséqués, analysés à posteriori pour essayer de trouver les prémisses d’une révolution. Les rêveurs, coupables d’avoir « rêvé » le maître-rêve, sont impitoyablement broyés pour servir d’exemple et asservir la population.



En conclusion : un livre très troublant, qui fait parfois peur tant on suit Mark- Alem dans sa découverte de ce Palais, métaphore de l’Albanie totalitaire d’Enver Hoxha (1908-1985 – dictateur de 1945 à sa mort).
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Chronique de la ville de pierre

Je viens de le relire, 20 ans après ma première lecture. Ce livre est moins sombre que je n'en avais gardé le souvenir, plus vivant et plus joyeux que la plupart des livres de Kadaré. Derrière les aléas qui malmènent cette ville austère, invasions successives, dictatures brunes puis rouges, bombardements, exodes, vit un enfant, relié à ses grands-parents, intrigué par les comportements des adultes. Bien que témoin d'horreurs, il garde de l'intérêt pour le monde qui l'entoure, aidé par une capacité à transfigurer ce qu'il voit.
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Chronique de la ville de pierre

"Chronique de la ville de pierre" est un roman déroutant par bien des aspects comme pouvait l'être "Avril brisé". Ils sont à la fois similaires et si différents!

Similaires par le lieu de l'intrigue. L'Albanie profonde, dans les montagnes, une terre rocheuse et grise très froide voir glaciale pas tant par la température en elle-même que son aspect. Similaires dans la violence également: ces deux livres racontent une vie rude et cruelle, tellement éloignée de ce que nous connaissons aujourd'hui.



"Chronique de la ville de pierre" se passe au début du 20ème siècle, en plein pendant la guerre. Ce qui est intéressant ici, c'est le point de vue du personnage principal. Il n'a pas de nom, c'est un jeune garçon né dans cette fameuse ville de pierre et qui ne l'a jamais quittée. La manière dont il voit les choses est assez surprenante: en effet il y a chez lui une sorte de naïveté touchante qui côtoie une insensibilité à la mort et la violence. Cet enfant rêveur étrange, nous emmène dans son monde bizarre où la mort et la guerre sont quotidiennes et deviennent même synonyme pour lui de jeu et d'émerveillement.



J'ai vraiment été touchée par cette histoire et ses personnages bien qu'ils soient très très nombreux et difficiles à identifier.

Le style d'écriture de Kadaré est un peu plus compliqué dans ce roman, plus tortueux, plus évasif. Il y a également des morceaux de texte tronqué appelés "chroniques" qui permettent de contextualiser l'intrigue mais m'ont parfois laissée perplexe.

Ce n'est pas un bouquin forcément très accessible bien qu'il ne soit pas horriblement compliqué.



Conclusion:



Une claque!



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Qui a ramené Doruntine ?

Voilà un petit livre étonnant. Comme dans toute son oeuvre Kadaré l'a prodondément ancrée dans les traditions et vieilles légendes albanaises et on n'imagine pas la richesse du folklore de ce petit pays et l'imagination de ses conteurs. La part d'ombre de cette histoire finalement très simple nous emmène bien plus loin qu'un simple mythe. Il y a une enquête quasi policière à l'arrière-plan pour élucider un vrai mystère, à savoir l'irréalisable, l'impensable, a pu être réalisé. Et la conclusion - la solution de ce mystère - dépasse les hypothèses les plus invraisemblables...
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La Pyramide

Ce qui m'avait marqué à l'époque où j'ai lu le livre et que j'en ai gardé comme souvenir est que si les richesses deviennent plus grandes que l'emploi que l'on peut en faire, on se trouve devant un problème grave.



C'est finalement assez proche des théories monétaires. Pour éviter l'inflation due à une trop grande masse d'argent disponible, les états, quand ils en avaient la possibilité, gelaient une partie des avoirs des banques.



Bien des problèmes ne notre temps viennent de ces liquidités qui ne trouvent pas à s'employer utilement et alimentent la spéculation.



Pharaon, en créant sa pyramide, ne fait rien d'autre que tenter de geler ces fonds toxiques.
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Qui a ramené Doruntine ?

Nous sommes dans l’Albanie du Moyen-Âge, Doruntine, partie suivre son mari en Bohème trois ans plus tôt, revient au pays. Ce retour fait jaser au village puisque l’unique fille Varaj, assure que c’est son frère Kostantin qui l’a ramenée.



Le problème c’est que tous ses frères sont morts à la guerre peu de temps après son départ. Qui était donc ce mystérieux cavalier couvert de boue qui lui a fait traverser les contrées ? Doruntine cache-t-elle un amant? Où est-ce la bessa ( la parole donnée) qui est responsable de la résurrection mystique de son frère?



L’inspecteur Stres ne va pas disposer de beaucoup d’éléments pour résoudre ce mystère, puisque quelques jours plus tard la mère et la fille décèdent de façon subite et inexplicable…La rumeur enfle … Une résurrection ? Il ne manquait plus ça pour l’Église orthodoxe .



Un texte que j’ai aimé, même si j’émets un bémol concernant les dernières pages, beaucoup plus politique. C’est un mélange de conte et de polar (soft). Le suspens est au rendez-vous, et on veut comprendre de quoi il retourne. Le personnage de Stres est intéressant, tout en ambiguïtés et ambivalences. J’ai aimé découvrir ce lieu sa culture et son folklore, dont je ne connais pas grand-chose !



Ismail Kadaré nous livre ici une satire de la société albanaise. Un texte qui a dérangé au moment de sa sortie puisqu’il a été interdit de parution en Albanie.
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Les Tambours de la pluie

Un livre des débuts de la carrière de Kadaré .Il conte la résistance des Albanais menés par Skanderberg contre l’Empire Ottoman. En1448 , une immense armée met le siège devant une citadelle qui défend le pays. Kadaré raconte ce combat de David contre Goliath alternant de longs chapitres vus du côté turc et de courts épisodes vus par les assiégés . Malgré un parti pris évident , il évite le manichéisme en créant des personnages attachants du côté assiégeants , évoquant certes les côtés barbares des ottomans ( châtiments corporels, viols, fanatisme) mais aussi leur impressionnant organisation militaire. Il met en scène l’épopée fondatrice du récit national albanais en insistant sur le rôle de défenseur de l’Occident contre l’expansion ottomane et sur la capacité de résistance de ce peuple poursuivie jusqu’à nos jours.
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