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Critiques de Jean Anouilh (631)
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Antigone

Mythe intemporel du pouvoir et de la rébellion, Antigone ne laisse pas indifférent. Avec un contexte moderne, une pièce déjouant les ressorts de la tragédie (ou les renforçant c'est selon), Anouilh démontre cette intemporalité à la perfection. Le prologue expose froidement le destin de chacun, une manière de rappeler ce fil du destin que l'on ne peut jamais rompre dans les tragédies grecques. Une manière de montrer que le destin de chacun est écrit mais que la réflexion et/ou les forces du monde qui nous entraînent sur un sentier différent restent à comprendre. Que la fatalité repose aussi sur des idées et paradoxalement sur des choix. Ainsi, Antigone, "petite maigre", sans artifice représente la liberté. Elle s'oppose à Créon, au pouvoir. Et quelles que soient les propositions de ce pouvoir, son destin est d'en déjouer les rapports. Pièce mythique donc, qui apporte de nombreuses problématiques : la liberté est-elle dans la lutte ? dans l'acceptation ? La contrainte ne réside-t-elle pas également dans les croyances ou les émotions ? Le bonheur peut-il exister quand on renonce à une part de soi-même ? Quoi qu'il en soit, ce pouvoir entraîne souvent une mise en scène à laquelle il n'est pas désagréable d'assister.
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L'Alouette

Attention, cette critique va spoiler, mais ne saurais être sans révéler l'histoire.

L'alouette est un de ces livres dont le titre résume tout le propos : Jeanne veut être cette alouette, libre et impétueuse, guidant les armées françaises... Mais voilà, l'alouette est prise, et on est en train de la juger.

C'est une pièce que j'ai eu à interpréter, et c'est fou à quel point ça nous forge un point de vue que de l'incarner. J'était donc l'évêque Cauchon, sympathique avec la petite Jeanne, qui blasphèmerait en méconnaissance de cause...

Cette pièce est la représentation drôle, élégante, fière même, de ces idées qui ont tout a fait leur place, quitte à se la fabriquer, mais que la société ne tolère pas. L'Alouette, c'est le triomphe du public attendri, c'est charles qui soutient Jeanne, c'est Jeanne qui renie son abjuration pour se faire brûler, qui refuse d'être autre chose que Jeanne d'arc. C'est à travers tous ces personnages caricaturaux que cette alouette s'envole, étant différente, étant Jeanne.

(A ceci s'ajoute la critique acerbe mais ô combien drôle de Anouilh, et un rythme dans la construction qui ne laisse pas le temps d'adopter un autre point de vue que celui de Jeanne, autant dire que je recommande fermement la lecture ou plutôt la vision de cette pièce)
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Monsieur Barnett - L'Orchestre

L'Orchestre est une des bonnes pièces d'Anouilh: elle offre à mon avis un double avantage: sa brièveté qui rend le trait comique à la fois plus rapide et plus grinçant qu'un des crins-crins dudit orchestre, et sa "féminité" -un seul rôle masculin, et terriblement effacé!



Les troupes d'amateurs , souvent exclusivement féminines, devraient tirer un bon parti de cette pièce drôle et féroce -assez misogyne aussi, il faut en convenir.



Les hommes sont au front, les femmes se languissent, et même les musiciennes...alors un pauvre pianiste de thé dansant, tout fluet et timide c'est toujours un homme à se mettre sous la dent...et elles ont la dent vorace, ou dure, ou aiguisée, c'est selon, les dames de l'orchestre d'Anouilh..
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Antigone

Généralement, je n'apprécie pas les tragédies, mais ce livre m'a particulièrement touché.

La première fois que je l'ai lu, c'était pour un cours de français. A la fin de la lecture, j'ai été étonnamment surprise par l'histoire et la personnalité d'Antigone.

Puis je l'ai lu une deuxième fois, pour voir, et ça a recommencé. C'est une histoire vraiment touchante, poignante et un véritable cri du cœur de la part d'Antigone.



A lire au moins une fois dans sa vie...
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Antigone

Habituellement, je ne suis pas particulièrement fan du théâtre contemporain mais ici j'ai apprécié la réécriture du texte de Sophocle. Les recherches concernant le contexte d'écriture ont affiné ma lecture. L'observation des dénonciations de la seconde guerre mondiale intégrées dans ce cadre antique fait ressortir des points qui restent, malheureusement, encore d'actualité.

Le mélange d'antique et de moderne est extrêmement bien réussi et passe naturellement selon moi...

C'est une œuvre que je travaille avec mes élèves de 3è, que je relis donc régulièrement, j'aime toujours expliquer l'histoire mythologique des personnages, faire le lien avec la psychologie moderne. Au départ, ils sont effrayés par les noms, le côté "antique" mais après ils adhèrent plutôt bien!
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Antigone

Antigone est une très belle pièce de théâtre, j'ai apprécié la lire autant que de la regarder jouer. Je lis très peu de pièce de théâtre mais celle-ci est à présent ma préférée. Je n'ai pas lu la version originale de Sophocle mais celle de Jean Anouilh était parfaite, une pointe d'humour avec les gardes, l'amour entre Hémon et Antigone, la colère et la tristesse d'Antigone, l'indifférence de Créon... Tout était réuni pour me plaire!

Je pense que si je vous dis qu'Antigone et Hémon meurent à la fin ce n'est pas vraiment du spoile car le prologue nous le dit dès le début de la pièce. Je trouve que leur mort est inutile mais en même temps inévitable...Sans leur mort la pièce aurait perdu tout de son intérêt. Bref j'ai adoré cette pièce, et puis tout ce qui est mythologique j'adore !
Lien : http://machalise.blogspot.fr
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Antigone

Dans la foulée de la lecture du texte de Sophocle, j'ai voulu relire celui de Jean Anouilh. Plus moderne, similaires en apparences, leurs significations varient énormément ! Ces lectures auront formé un excellent exercice pour appréhender les enjeux de l'interprétation. En redécouvrant Antigone, je vois s'effacer l'image magnifiée de la résistante seule contre tous. Cette lecture invite indéniablement à la nuance à la fois dans la pensée rationnelle et dans l'emportement émotionnel.

Si dans l'Antigone de Sophocle, j'avais choisi de m'attacher à la transformation de la jeune Antigone en femme. Je retiens d'avantage du texte de Jean Anouilh le caractère presque absurde de l'engagement à tout prix. Si l'emballement émotionnel peut sembler séduisant, romantique et noble, il n'aboutit ici qu'à la mort inéluctable d'une jeune fille aux élans suicidaires pour défendre une cause que le lecteur perd de vue au cours du récit
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Antigone

A l'instar de Camus, Antigone dénonce l'absurdité de la vie et refuse de se plier à l'asservissement des conventions qu'elle impose. Elle fait le choix, selon elle, de mourir libre plutôt que de vivre esclave. Il est difficile d'adhérer à ses idées mais elles ont au moins le mérite de nous faire réfléchir sur le fait que si nous nous croyons libres, nous ne sommes en réalité que libres de choisir notre propre conditionnement. Oeuvre très profonde qui m'a énormément marqué et m'a ouvert les yeux sur le fait qu'on pouvait faire un autre choix que celui de la logique, juste par conviction ou par refus de la réalité.
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Ardèle ou la Marguerite - La valse des Toréadors

Qu'est-ce que l'amour, le vrai, le pur?

Serait-ce la jalousie maladive de l'épouse du général coureur invétéré de jupons? Serait-ce dans le ménage à trois de la comtesse qu'on va le dénicher? Ou encore entre ces deux jeunes: elle a épousé le frère de celui qu'elle aimait pour sortir de la misère.

L'amour n'est-ce pas plutôt ce sentiment qu'éprouve sur le tard la sœur bossue du général?

Mais comment peut-elle oser ne serait-ce que penser à aimer, elle qui est bossue? Et voilà que le scandale éclate dans la famille, jusqu'au dénouement dramatique.



On rit jaune dans cette pièce où toutes les conventions semblent inversées. Cela m'a fait penser à un vaudeville «à l'envers»: ce n'est pas le mari trompé qui se plaint mais l'amant qui se plaint du mari!!

Les dialogues sont savoureux, subtilement parsemés d'humour. Il y a pas mal de didascalies permettant de guider le jeu des acteurs. J'ai aimé le comique dans le jeu de l'amant qui hésite toujours à se lever ou s'asseoir. J'ai aimé aussi le petit plus qu'ajoute la présence des deux enfants qui concluent la pièce comme par un effet de miroir.

Cette pièce ressemble à une grosse moquerie sur l'amour mais finit en drame donc le rire a ses limites.



Je découvre ici Jean Anouilh et je crois que je me laisserai bien tenter par d'autres pièces de lui.
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Antigone

Nul besoin de connaître le contexte dans lequel Jean Anouilh a repris cette célèbre tragédie grecque de Sophocle pour ressentir le vent de rébellion qui souffle dans le personnage d'Antigone. Je pense d'ailleurs que c'est mieux ainsi car sinon, les interprétations sont déjà toutes faites…

C'était en tous les cas ma situation lorsque, lycéenne, j'ai lu et vu cette pièce. Antigone m'est tout d'abord apparue dans sa genèse : née de la relation incestueuse entre Oedipe et sa propre mère Jocaste, sa destinée et celle de ses frères et soeurs semblent marquées d'un sceau funeste. Exil, trahison, guerre fratricide, c'est une famille maudite et Antigone est un personnage du drame antique classique.

Mais entre les mains de Jean Anouilh, il est clair que ce personnage prend une toute autre envergure. La superbe Antigone de Sophocle devient une petite femme maigre, sombre et sans attrait chez Anouilh. La révolte qui gronde en elle, son courage et sa pugnacité ne semblent alors que ressortir davantage de son être malingre. Ce petit bout de femme affronte avec véhémence son oncle Créon, symbole du pouvoir en place et de la force, pour défendre ses idéaux. Elle est même prête à mourir pour eux. Antigone, c'est cette pureté enfouie en chacun de nous, le besoin essentiel de ne pas transiger face à la laideur du monde et des hommes, et le pouvoir de dire non à l'injustice.



Alors, forcément, lorsque l'on connaît ensuite le contexte historique dans lequel Jean Anouilh a écrit sa pièce en 1942, on voit Antigone comme le symbole de la Résistance face à l'occupant nazi. Mais Antigone, c'est bien plus que cela : c'est celle qui dit non parce qu'elle l'a décidé, … et c'est tout.

« Eh bien, tant pis pour vous. Moi, je n'ai pas dit "oui" ! Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux dire "non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez seulement me faire mourir parce que vous avez dit "oui". »

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Les Poissons rouges

Voici une pièce caustique et ironique, mais combien savoureuse. Avec le grain de folie propre à Anouilh. Relations de couple sur un pur style de comédie, mais bien grinçante.



Personnellement, cela m'amuse. Une fois de temps en temps. A dose homéopathique.
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Antigone

C'est après avoir vu la représentation de la pièce à la Comédie française que j'ai eu le désir de relire un texte abordé au cours de mes études. Et bien m'en a pris car j'ai retrouvé mon émotion d'étudiante, tout comme dans la salle du Français.

Le thème est tiré de la pièce de Sophocle et Anouilh s'empare de la tragique histoire d’Oedipe et de sa descendance pour mettre en scène le conflit jamais résolu entre la politique et l'amour.



Antigone est la fille de l'union incestueuse entre son père Oedipe et la mère de ce dernier, Jocaste, suite à la terrible malédiction prononcée à son encontre : tu tueras ton père et tu épouseras ta mère. On connaît la suite.

Les fils du couple maudit, Eteocle et Polynice se sont affrontés et entre-tués pour le trône de Thèbes. Mais le roi qui s'est emparé du pouvoir considérant que le fautif est Polynice refuse de rendre à ce dernier les honneurs funéraires et, laissant pourrir sa dépouille dévorée par les bêtes, il le condamne à errer à jamais entre les deux mondes du vivant et des ténèbres. Ce roi c'est Créon, l'oncle des jeunes gens.

Suprême insulte, impardonnable sacrilège pour Antigone, jeune fille pure et pétrie du sens de l'honneur, ce sens que son oncle lui reprochera en le qualifiant d' « orgueil ». Au mépris de la sentence de mort attachée à toute tentative d'honorer le mort, Antigone jette de la terre sur le cadavre de son frère, avec une petite pelle d'enfant, si dérisoire, d'abord puis avec ses doigts, ses ongles, ses mains qu'elles ensanglantent dans une ultime tentative.

Et on assiste alors à un affrontement entre le vieux Créon et la pure Antigone : il veut lui épargner la mort, dont l'opprobre rejaillirait sur toute sa lignée, il veut aussi épargner son propre, fils, Hémon, qui est fou d'elle et devait l'épouser. Mais elle tient bon et lui jette au visage ses lâchetés, son sens de l'Etat qu'il privilégie à l'amour familial. C'est à un duel sans merci qu'on assiste. Il est plus facile de dire oui que de dire non, lui lance-t-il quand elle lui reproche de s'opposer à un enterrement digne. Et il a probablement raison.

Mais dans le contexte historique de l'écriture et de la présentation de la pièce résonne un autre chant, celui de l'opposant au tyran, celui des partisans de la liberté et de l'honneur face à un occupant sans pitié et indigne. La publication, en pleine Occupation, de ce texte, a dû réveiller quelques consciences.



Une belle émotion sur laquelle on pourrait réfléchir et écrire encore et encore...
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Antigone

Lu, comme beaucoup, immédiatement après l'émouvant Le quatrième mur de Sorj Chalandon en imaginant pour ma part, les acteurs choisis par Sam dans la peau des personnages.

Il est étonnant de constater comme on peut donner vie à un roman, c'est la frontière parfois ténue entre fiction et réalité , devenant le metteur en scène et appréciant cette vision de la pièce à travers ce que S Chalandon en montre.

J'ai sans doute déjà lu ce chef d'oeuvre d'Anouilh mais sans qu'il m'ait laissé beaucoup de souvenirs, cela ne sera plus le cas maintenant.
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Antigone

Antigone fait partie des pièces que j’ai le plus appréciées durant mes études. En lisant cet automne « Le quatrième mur » de Sorj Chalandon, j’ai éprouvé l’envie de m’y replonger. Le challenge d’Eimelle m’en a donné l’opportunité.



Antigone est une pièce en un acte de Jean Anouilh, représentée pour la première fois au théâtre de l’Atelier à Paris, le 4 février 1944. C’était alors l’Occupation allemande. Connaissant parfaitement la pièce de Sophocle, il éprouva le besoin de la réécrire, le jour ou des « petites affiches rouges » furent placardées dans Paris, dénonçant les agissements de 23 résistants du groupe Manouchian, dont se tenait le procès. Sa pièce eut une résonnance particulière au vu des événements tragiques de l’époque. (Nicolas d’Estienne d’Orves évoque le succès de cette pièce, applaudie par les Français et les Nazis, dans son livre « Les fidélités successives »)

En effet, Antigone, frêle jeune fille particulièrement déterminée, fut considérée comme l’allégorie de la résistance face à la loi inique. Issue de l’union fatale d’Oedipe et de Jocaste, Antigone est aux prises avec son destin, en révolte contre l’ordre des hommes tandis que les gardes du défunt Polynice, eux, agissent aveuglément au service du pouvoir. Ils apparaissent comme déshumanisés ne cherchant qu’à monter en grade.



Antigone, c’est une voix qui s’élève contre tous ; le caillou dans la chaussure ; la voix des femmes dans un monde d’hommes.



Je me souviens m’être identifiée à cette jeune fille à l’adolescence. Et avec plus de nuance, je m’y reconnais encore aujourd’hui. J'ai pris beaucoup de plaisir à relire cette pièce et l'âge aidant, j'y ai certainement mieux goûté. Et si vous ne l'avez encore fait, je vous conseille vivement de découvrir le roman de Chalandon qui met merveilleusement cette pièce en perspective.







La vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison.

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Antigone

Un monument du théâtre du 20e siècle, pourtant un peu meconnu et moins glorifié que d'autres pièces. Anouilh reste un peu à part. Il réécrit le mythe d'Antigone avec simplicité et clarté mais aussi avec beaucoup de profondeur et de force chez ses personnages. Les sentiments sont peut-être mieux exprimés que dans les pièces classiques, ils semblent plus simples, plus vrais mais restent pourtant les mêmes, intemporels. La pièce se lit bien, même au collège et on se prend au jeu des personnages, à leur souffrance ou à leur refus. Une histoire forte, une belle pièce et un beau texte.



(juin 2013). Je viens de relire la pièce et de voir son interprétation par Barbara Schultz et Robert Hossein, mise en scène de Nicolas Brancion.

Quel bonheur! Et quelle tristesse! Tristesse des mots, des sentiments, dès le début on sait qu'Antigone est condamnée, que son destin est tracé, qu'on est dans une tragédie et qu'on n'en sortira pas. Tout est dépouillé, le décor, les costumes, il y a quelques prises de liberté avec le texte original mais dans l'ensemble, on a respecté l'esprit de la pièce. La torture, la dénonciation du pouvoir que faisais Anouilh sont même mises en scène et Barbara Schultz est magnifique, jusqu'aux larmes qu'elle ressent dès le début et qui vont couler tout au long de la pièce.

C'est peut-être un peu long, ennuyant (je vais tester cela avec des troisièmes) mais quel jeu théâtral et quelle force des mots!
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Antigone

J'ai lu pour la première fois cette pièce de théâtre au collège, il y a 14 ans, et j'en garde un fort souvenir. Antigone avait laissé son empreinte dans ma mémoire et son nom y résonnait parfois. Je me suis donc décidée à la relire, comme à la recherche d'un éclat de passé, comme une quête. Pourquoi cette pièce avait-elle autant marqué l'adolescente que j'étais ?



Il me semble qu’à l’époque, je trouvais Antigone forte, fougueuse et romanesque. Prête à mourir pour défendre ses idées, acceptant la fatalité avec aplomb et défiance. La vitalité de la jeunesse qui ose et n’éprouve aucune crainte et qui ne souhaite pas se plier à la modération et encore moins faire de concession.



Aujourd’hui je la trouve éhontément bornée, inconsciente et aveuglée par ses soi-disant principes qui ne sont rien que des excuses à une attitude totalement irréfléchie. Et avec le recul de l’âge, je comprends mieux Créon qui porte sur ses épaules la responsabilité d’une fonction. Qui aimerait pardonner et oublier dans la discrétion mais ne peut se résoudre à laisser agir Antigone selon sa guise, qui tente en vain de la raisonner et qui s'aperçoit bien vite que tout n’est que prétexte. “La fin justifie les moyens”, ici n’importe quel moyen tend à justifier cette fin terrible et inévitable.



Antigone est, dès l’ouverture de la pièce, une cause perdue. Une jeune fille que tout le monde considère comme faible, car discrète et ne se pliant pas aux critères de beauté. Elle souffre d’un manque de confiance et d’un mal de reconnaissance. Elle se doit d’exister et se tourne alors vers l’immortalité de la mort, quand bien même son avenir semblait lui sourire auprès d’un mari aimant, qui l’a choisi elle, pour ce qu’elle est…



Tragédie. Fatalité. Durant cette relecture, j’ai de nouveau apprécié le ton mélancolique et résigné avec lequel cette pièce nous est contée, de par l’intervention du Prologue et du Chœur qui s’avancent sur scène, délaissant les personnages à l’ombre de leur triste sort, et viennent, sur le ton de la confidence, nous informer de leur destin.



Finalement, bien que j’ai, après toutes ces années, grandi et mûri, je crois bien que la petite Antigone de Jean Anouilh ne cessera jamais de me hanter…



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Antigone

Antigone, pièce classique par excellence qui raconte l'histoire d'Antigone, fille d'Œdipe, qui se bat pour pouvoir enterrer son frère Polynice après que ce dernier eu perdu un combat contre Etéocle, son autre frère.



J'avais lu cette pièce il y a de nombreuses années, lorsque j'étais encore au lycée. Je me souviens qu'à l'époque j'avais déjà beaucoup aimé Antigone et bien des années après, elle reste une de mes pièces préférées. On espère toujours que la fin tragique n'arrivera pas et pourtant... Antigone, née dans une famille maudite ne peut échapper à son destin. J'ai encore plus appréciée cette pièce maintenant car je la comprend mieux que lorsque j'avais 15 ans. Une relecture vraiment plaisante et une excellente réadaptation de la pièce de Sophocle par Jean Anouilh.
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Antigone

Cette « Antigone » écrite en 1941 par Jean Anouilh est une variation, à partir du chef-d'oeuvre de Sophocle, sur le pouvoir et la révolte.

Dans la préface, il déclare « L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par coeur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre ». La violence des mythes antiques dans lesquels l'homme entre en conflit et en résistance avec l'ordre royal ou des forces qui le dépassent revêt, sous l'Occupation, une signification réactualisée sur les scènes de théâtre. C'est pour cela que la comédie Française a inscrite à son répertoire la pièce de Jean Anouilh.



Antigone, fille d'Oedipe et de Jocaste se révolte contre l'ordre des hommes. Son oncle, Créon, est roi de Thèbes. Il va organiser les funérailles d'Étéocle, frère d'Antigone et refuser que le corps de Polynice, autre frère d'Antigone, soit enseveli. Pourtant leur mort est liée puisque les deux frères se sont entre-tués lors de la guerre des Sept Chefs. Bravant l'interdit, Antigone va recouvrir de terre le corps de Polynice. Arrêtée, conduite devant le roi qui tente quand même de la sauver, la jeune fille reste inflexible et refuse de se soumettre. Elle va le payer de sa vie.

Antigone est un beau personnage car elle ressemble à une enfant aspirant à rester pure face à ses idéaux. Ces thèmes de l'enfance et de la pureté se retrouvent d'ailleurs dans toute l'oeuvre de Jean Anouilh, et résonnent ici d'une manière toute particulière. Antigone n'entrera pas dans le monde des adultes, elle ne sera pas souillée par ce monde de compromissions.





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La Sauvage, suivi de

Le rideau se lève sur un orchestre, dans une salle de café de ville d'eaux.

Le contrebassiste, Mr Tarde est l'époux de la violoncelliste qui a, elle, le pianiste Gosta comme amant, qui est, pour couronner le tout, amoureux de Thérèse, leur fille.

Les premiers et second violons sont Thérèse Tarde, la fille du couple et Jeannette, son amie et confidente.

Une atmosphère pesante règne sur ce petit monde.

Mais Thérèse est amoureuse de Florent, un fils de bonne famille riche à qui tout semble réussir. Il est un beau jeune homme distingué, bien habillé et de surcroit il est un pianiste talentueux et renommé. Il aime, de retour, Thérèse qu'il voit comme une jeune femme lumineuse et claire.

Pourtant l'image que celle-ci a d'elle même est toute différente, elle se regarde comme une fille vulgaire.

Tiraillée entre le monde médiocre de sa jeunesse, représenté surtout par son père qu'elle exècre mais dont elle n'arrive pas à se détacher, et la société aisée de son fiancé, elle hésite.

Le bonheur de Florent, sa générosité sans faille, son sourire permanent lui arrivent en pleine face et provoque son malheur, jusqu'au dénouement qui sera, heureusement, un heureux épilogue.

Jean Anouilh s'amuse, même si le ton est moins vif, moins enlevé, qu'à l'accoutumée et il nous offre une pièce intelligente et brillante qui n'est peut-être pas si légère.
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La Répétition ou l'amour puni

Chez Anouilh, l'amour est toujours puni, la pureté n'a pas de place, la vie est laide. C'est l'atroce loi des hommes et la morale de cette pièce "brillante".

Lucile, toute pure jeune fille,est jetée dans un milieu frivole et oisif,pour y jouer la SYLVIA de Marivaux lors d'une représentation mondaine.

Le comte Tigre, son hôte,expert en bonnes fortunes, s'éprend de son émouvante partenaire avec laquelle,tout en "répétant" son rôle, il noue un authentique dialogue.

Mais la société cynique et cruelle qui les entoure, jalouse de cet amour naissant,tisse sa toile autour du couple.

Tigre n'échappera pas à son milieu et Lucile s'enfuit, dupée et à jamais blessée. La pièce rose, après de bouleversants instants de grâce, vire au noir, qui est peut-être le noir de la vérité...
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