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Critiques de Jean Anouilh (631)
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Antigone

Les mythes tragiques ne laissent jamais indifférent. Les antiques avaient déjà tout compris de l'esprit humain. Freud ne s'y est pas trompé en les relisant l'un après l'autre...

Ici, nous avons une belle jeune fille, Antigone, qui a toute la vie devant elle. Mais ce à quoi elle tient, elle, c'est à la Liberté et aux valeurs du Coeur. Devant elle un mur : la raison d'état, incarnée par Créon, son oncle.

Antigone, l'adolescente qui se révolte contre l'autorité?

Antigone, la Résistance face à l'abus de pouvoir ? faut-il rappeler que les premières représentations d'Antigone ont été jouées en 44...

Antigone, l'âme de l'artiste qu'on n'enserre pas dans les carcans de la répression... Il suffit pour s'en convaincre de relire l'échange entre Antigone et sa nourrice, véritable chant poétique où la jeune fille entre en totale harmonie avec la Nature. (citation)

Antigone, c'est un peu tout ça, et c'est pour ça qu'on l'aime!
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Antigone

Présentée pour la première fois en 1944, Antigone de Jean Anouilh est une pièce dramatique qui n’a rien perdue de sa force plus de soixante-dix ans après.



Il s’agit là d’un grand classique, généralement lu au collège ou au lycée, qui exigera toutefois de bien connaître certains épisodes de la mythologie pour être apprécié à sa juste valeur. La démarche est ici particulière, puisque l’auteur joue avec le spectateur en considérant que tout le monde connaît le destin de la petite Antigone, y compris la principale intéressée.



Le parti pris de la réécriture est ici intéressant, car il permet de placer un nombre plutôt impressionnant d’anachronismes qui appartiennent depuis plusieurs siècles au registre de la vie courate (les cartes à jouer, le café, les manteaux, la pelle et autres ustensiles…). Même si la pièce suit un schéma attendu, même si l’auteur annonce ce qui va suivre, tout cela se lit avec grand plaisir.



Le style, les répliques percutantes, les thèmes et réflexions abordées, la part laissée à l’imaginaire (pour concilier mythologie et cadre de vie contemporain) contribuent à faire de cette pièce une petite pépite qui se lit d’une seule traite.



La lecture se fait à plusieurs niveaux et de nombreuses réflexions trouvent toute leur place dans la société actuelle. Il y a ici matière à réflexion. Il serait d’ailleurs intéressant de mettre cet ouvrage en perspective avec le désormais célèbre traité Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.



Assurément, il s’agit ici d’un grand classique, qu’il faut avoir lu et relu à l’âge adulte. Cette lecture est aussi courte que plaisante et offre matière à réflexion. Il s’agit bel et bien d’un incontournable.
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Antigone

Commençant à lire le quatrième mur de Chalandon, j'ai fait une pause pour lire Antigone, puisque cette pièce va se trouver au centre du livre.



Antigone, est la tragédienne qui mourra pour ses convictions plus que par amour (comme beaucoup de tragédiennes raciniennes, giralduciennes, ...). Comme ces auteurs, Anouilh reprend une tragédie grecque pour mettre en exerce les maux de la société actuelle ; la seconde guerre mondiale, en l'occurrence.



En rendant ce pan de l'histoire accessible à tous, grâce à une écriture simple et une mise en scène épurée, Anouilh vise juste et on retient l'idée phare de cette pièce. Comment peut-on atteindre le bonheur lorsque l'humain est confronté au pouvoir, à la fatalité, à sa moralité et son orgueil ?

Doit-on défier les lois par respect pour les liens du sang, pour son intime conviction de justice humaine, morale ?



Il y a de très belles tirades sur ces thèmes de bonheur, de la vie, du rôle de chacun au niveau politique, au niveau humain.



Et bien sûr, on lit cette oeuvre en y cherchant les doubles sens qu'il a voulu faire vis à vis de l'occupation allemande, la collaboration et la résistance. C'est très finement amené.



Lecture plaisante, rapide et instructive. Je l'ai relu dans la foulée pour l'apprécier doublement.



Et maintenant, comment Sorj Chalandon s'en est inspiré ?
Lien : http://chezsabisab.blogspot...
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Antigone

Antigone, fille d'Oedipe a une soeur Ismène et deux frères Etéocle et Polynice qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, mais pour le pouvoir, ils se sont entre-tués.

Créon, frère d'Oedipe devient roi et d'imposantes funérailles sont faites pour Etéocle alors que Polynice est abandonné aux corbeaux et aux chacals avec interdiction de lui donner une sépulture, sous peine de mort.

La nuit, Antigone vient recouvrir de terre le corps de Polynice. Elle n'acceptera pas de se plier à la loi et affrontera Créon.

J'ai lu cette pièce avant de lire Le quatrième mur de Sorj Chalandon et je ne le regrette pas, maintenant, il me reste à lire l'Antigone de Sophocle!!
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La Répétition ou l'amour puni

Jean Anouilh est un auteur que j'apprécie beaucoup, cependant je suis un peu moins emballée par cette pièce, dont le dénouement est assez prévisible. Il s'agit d'une histoire de couple libéré, où l'un et l'autre accueillent d'un bon oeil les amants et maîtresses, à condition toutefois qu'ils soient de leur milieu... On se trompe aussi pour passer le temps, par jeu, et par esthétisme, mais on s'abstient d'aimer. La pièce traditionnelle, avec adultères, dont l'action se déroule après la seconde guerre mondiale, chez des aristocrates vivant à Paris mais propriétaires d'un château en province. Toute l'action se déroule avec des personnages habillés avec des costumes de style Louis XV, car ils doivent répéter la pièce de Marivaux, "La double Inconstance" qui répond comme un écho à la situation des uns et des autres.
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Antigone

J’avais noté cette pièce de théâtre suite à une réponse qu’Emilienne Malfatto avait fait l’année passée, après son prix Goncourt du premier roman pour Que sur toi se lamente le Tigre, à un membre du jury Goncourt qui l’avait interrogé sur les livres qui l’avaient inspirée.



Je me suis enfin attelée à sa lecture grâce à la quatrième de couverture des éditions de La Table Ronde : « L’Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre ». Jean Anouilh.



Antigone, fille du défunt Œdipe, décide d’enterrer son deuxième frère malgré l’interdiction de son oncle, le roi Créon, lorsque ce dernier décide de faire des grandes funérailles pour un de ses neveux et de laisser l’autre sans sépulture, après leur combat fratricide pour le pouvoir.



Résistance. Est-il si facile, quand le contexte est trouble, de dire non, pour lutter pour des droits pourtant fondamentaux ? Faut-il laisser faire en se disant qu’il y aura peu d’effets ou tout de même affirmer ses convictions quelles qu’en soient les conséquences ?



Jean Anouilh a su utiliser, dans cette tragédie jouée pour la première fois en 1944, les personnages comme symboles des différentes positions pour nourrir la réflexion politique.



Un texte court mais intense.

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Antigone

Écrite en 1942, créée en 1944, pendant l'Occupation, rangée par son auteur dans Les nouvelles pièces noires, Antigone est sans conteste l’œuvre la plus célèbre de son auteur, elle demeure très jouée et encore plus étudiée, en particulier au lycée. Elle est inspirée par la pièce éponyme de Sophocle, qu'Anouilh, paraît-il admirait beaucoup.



L’œuvre d'Anouilh reprend d'assez près la trame des événements de la pièce des Sophocle, même si elle en modernise le contexte et surtout transforme l'esprit et le sens. Un personnage appelé le prologue présente les personnages et résume les événements précédents l'action à proprement parlée de la pièce (en particulier la mort des fils d’Œdipe et l'interdiction d'ensevelir l'un des deux Polynice, traître à sa cité), l'action peut démarrer. Antigone rentre la nuit après une escapade, que sa nourrice soupçonne amoureuse. Antigone ne révèle rien, mais a une discussion avec sa sœur Ismène, cette dernière refusant de l'aider à d'ensevelir son frère Polynice, car Créon leur oncle et roi l'a interdit, et transgresser cet ordre est puni de mort. Elle tente de faire renoncer Antigone à son projet. Après un dialogue avec son fiancé Hémon, Antigone révèle à Ismène qu'elle est déjà passée à l'action pendant sa sortie nocturne. Les gardes viennent apprendre à Créon que son ordre a été transgressé, le roi leur recommande de redoubler de vigilance. Les gardes reviennent avec Antigone, qui est retournée auprès du cadavre. Créon essaie de la persuader de ne pas divulguer son acte, préférant faire mourir les gardes témoins plutôt que sa nièce. S'engage un dialogue entre Créon et Antigone, mais au final Antigone entend revendiquer ce qu'elle a fait et réclame la mort. Créon ordonne cette mort, elle doit être enterrée vivante. Elle se pend dans le tombeau, et Hémon, qui n'a pas pu faire revenir son père sur sa sentence de mort, se suicide devant son cadavre. Eurydice, la mère d'Hémon se suicide aussi. Ne reste plus que Créon, qui compte poursuivre jusqu'au bout sa besogne.



Les transformations par Anouilh de la pièce de Sophocle portent sur le contexte : la pièce est transposée à une époque moderne indéterminée : on parle de rouge à lèvres, de voitures de sport etc. Mais elles concernent avant tout le sens profond de la pièce antique. Il n'y a plus aucune considération religieuse. La religion apparaît uniquement comme un rituel vide de sens, dont aussi bien Créon qu'Antigone se moquent. De même il est difficile de trouver un fondement politique à l'acte d'Antigone. Elle ne conteste pas un pouvoir tyrannique, un ordre social injuste, ce qu'elle attaque finalement dans une sorte de geste adolescente nihiliste, c'est un « vieux » qui entend lui dicter ce qu'elle doit faire, et comment elle doit vivre. Elle est au final incapable de justifier ou d'argumenter son geste. Créon est un « pragmatique », il n'est le représentant d'aucune idéologie particulière, simplement un politicien désireux de garder le pouvoir, et faire d'Etéocle, le frère de Polynice, un héros positif, lui est utile pour mener le peuple. Il se doit donc de faire respecter ses ordres de mise à mort de celle qui a tenté d'ensevelir le frère maudit, même si au final il s'en fiche, si Antigone cache son acte, la mort des gardes garantira le silence sur les faits et la famille pourra continuer à faire ses petites affaires sans histoires. Mais il se heurte eu refus buté d'Antigone, qui demande la mort, sans vraiment savoir pourquoi, d'une certaine façon pour embêter son oncle, qui au final se doit d'accéder à sa demande suicidaire. Sans grand état d'âme d'ailleurs, même s'il essaie de la persuader (et y arrive presque) pour la sauver, car il sait que la mort d'Antigone lui causera des problèmes, il ne donne pas la sensation de beaucoup regretter la « sale gamine ».



La pièce a donné lieu à beaucoup d'interprétations contradictoires (entre résistance et collaboration supposées), pour ma part j'ai surtout eu la sensation de quelque chose d'un peu étriqué, d'un cynisme un peu facile, une Antigone puérile, et un Hémon gestionnaire, plutôt que deux visions du monde antagonistes ayant chacune une justification, une raison d'être, on est en face de deux vacuités, d'un monde qui tourne juste pour tourner et de l'autre côté un refus pour la simple jouissance du refus.



Mais je n'ai sans doute pas beaucoup d'affinités avec l'univers d'Anouilh.
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Antigone



Il me semble que c'est ma première lecture de cette pièce, et je suis certaine que je n'ai jamais lu la tragédie originale de Sophocle... mais j'ai eu tout au long de ma lecture l'impression que ce n'était pas une découverte.... l'aurais-je vu joué au théâtre ??? je ne m'en souviens pas. Où alors, je connais son histoire comme tant d'autres de la mythologie grecque, et la sienne a du me marquer particulièrement.

D'après ce que j'ai lu à propos de cette pièce, elle serait une représentation de l'opposition entre la résistance et le régime de Vichy pendant la seconde guerre mondiale... Ah !? Ce n'est pas ce que j'ai perçu à cette lecture. J'y ai surtout vu l'opposition entre l'idéalisme de la jeunesse avec le réalisme un peu froid et peut-être calculateur de la vieillesse. Alors évidemment je suis un peu plus vieille que Antigone, je suis un peu moins idéaliste qu'elle, mais je la comprends, même si je regrette un peu manque de recul et son refus de voir les évidences. Mais même avec l'âge, Créon m'agace tout de même. Oui il fait preuve d'un grand pragmatisme, mais cela lui ôte toute humanité. Et surtout il renvoie la responsabilité de ses choix sur les autres ! Argh.. il est détestable.

Donc, il faudra peut-être que je relise ces quelques pages dans quelques années..... pour vérifier si mon avis évolue.
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Antigone

Impétuosité de la jeunesse ou sagesse de la vieillesse ?

Faut-il entrer dans la folie de la désobéissance civile face à l'injustice d'une loi, ou la loi doit-elle être respectée coûte que coûte ?

Cette pièce de Jean Anouilh nous conduit à une réflexion intéressante, et toujours d'actualité, sur le pouvoir et ses conséquences, la loi et la justice. Inspirée et reprise avec intelligence de l'antique tragédie de Sophocle, l'Antigone de Jean Anouilh est magnifique d'humanité et de profondeur.

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Le Voyageur sans bagage, suivi de Le Bal de..

Le voyageur sans bagage, suivi de Le Bal des voleurs sont deux comédies fantaisistes de Jean Anouilh (auteur dramatique français du XX° siècle) pleines d'humour grinçant, mais plus graves qu'au prime abord car elles évoquent le thème de l'identité (qui suis-je?), de l'imposture,du mensonge, de ce que l'on voudrait être mais que l'on n'est pas car le miroir des autres est là, face à nous pour nous rappeler comme le disait Sartre que "l'enfer c'est les autres".

Le voyageur sans bagage est Gaston, un amnésique retrouvé 20 ans plus tôt, au retour de la guerre 14/18, dans une gare de triage. La duchesse Dupont-Dufort le sort de son asile, où il était somme toute insouciant, pour le présenter à une famille bourgeoise de province supposée être la sienne.Mais que faire lorsque vous êtes "un vrai petit salaud", "un petit coco","une belle vache" ou "un vrai monstre" selon différents avis et qu'une cicatrice peut prouver votre réelle identité? Il aurait mieux valu être un héros, mais comme le dit Gaston avec une cruelle lucidité: "J'imagine que ceux qui avaient de grosses moustaches et l'air terrible étaient de tout petits soldats". Être un héros, un salaud ou un homme, un vrai? Dilemme!

Dans le bal des voleurs, point de duchesse, mais des Dupont-Dufort financiers, une bande de voleurs qui montent un coup pas très au point et une famille d'aristocrates qui se laisse dépouiller par ennui. L'amour présent comme dans Le voyageur sans bagage (où il est rejeté) peut-il changer la donne? A moins que ce ne soit l'argent?

J'ai beaucoup apprécié ces deux comédies, portes ouvertes à différentes interrogations.

Certaines situations sont cocasses comme celle où la duchesse chosifie Gaston: "On ne donnera pas Gaston à un lampiste" mais égratignent la société et la différence de classes. Idem dans Le bal des voleurs où Lady Hurf, sait pertinemment que les voleurs sont des voleurs mais s'amuse (ce qui dénote un sacré mépris). Les sentiments familiaux sont également mis en avant, ambivalents: on veut recréer le cercle familial tout en haïssant le membre jusque là disparu.

Donc à lire ou à relire car mensonges et imposture sont toujours d'actualité pour éviter à tout prix d'aller au-delà des apparences!

Jean Anouilh était vraiment au top niveau, sachant écrire des pièces de tous genres, allant de la gaieté à du plus noir comme sa géniale Antigone.
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L'Alouette

Un décor neutre, des bancs pour le tribunal, un tabouret pour Jeanne, un trône, des fagots. La scène est d'abord vide, puis les personnages entrent par petits groupes...

Anouilh adapte au théâtre le récit du procès de Jeanne d'Arc et crée en 1953 cette pièce avec Suzanne Flon dans le rôle de Jeanne.

Son écriture fine et intelligente fait de cette pièce une des œuvres majeures du vingtième siècle.
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Antigone

Je l'avais lu en seconde ou en terminal, pour une fois sans contrainte ; je suis tombé dessus l'autre jour et j'ai eu envie de m'y replonger... quelques minutes de lecture... Quand je l'ai lu la première fois j'avais plus ou moins l'âge d'Antigone, j'avais été transporté et je me souviens, je ne sais pourquoi, cette image en tête des murailles de Thèbes sous un soleil de plomb, le sable rouge et jaune. Aujourd'hui j'ai l'âge de Créon, forcément le point de vue change... encore que... J'ai rencontré des Créon de mon âge au lycée et je rencontre encore, quelques fois, des Antigone de mon âge aujourd'hui (homme ou femme)... Si la jeunesse et la vieillesse n'étaient qu'une question d'âge réglementaire, tout serait plus simple, mais rien n'est vraiment simple dans une vie... Je parle comme Créon et j'ai toujours des pulsions d'Antigone...
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Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes

Une sorte de version intelligente et cruelle du Dîner de cons, qui est , lui, un film bête et mesquin.



Bitos, de souffre-douleur qu'il était au lycée, est devenu procureur, et de l'espèce la plus féroce: intransigeant, sévère, sans pitié. Ses anciens "camarades" de classe le convient à un dîner de têtes, c'est-à-dire à un souper entre lettrés où l'on se fait "la tête"- et si possible la conversation , d'un homme célèbre.



Bitos reçoit le rôle de Robespierre, l'Incorruptible, l'artisan redouté de la Terreur.. C'est l'occasion de régler des comptes, entre la poire et le fromage..et même pendant le plat de résistance, sans mauvais jeu de mots. Les têtes , une fois encore, vont tomber..



Comme dans d'autres pièces, plus légères, par exemple Le Boulanger, La Boulangère et le Petit Mitron, l'historique et le socio-psychologique se mêlent...



Sauf qu'ici la pièce, féroce, est nettement plus complexe: on connaît les ennuis d'Anouilh à la Libération, malgré la pièce d'Antigone dont certains, un peu prompts à oublier les complaisances d’Anouilh à l'égard de l'occupant nazi, ont voulu faire un brûlot résistant..



Ce procureur sans pitié devenu -ou redevenu- bouc émissaire ressemble à Anouilh comme un frère: on le prend en pitié devant la férocité des attaques personnelles dont il est l'objet mais on a envie de lui écraser son dessert sur la figure, comme dans les bonnes vieilles farces ...
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Le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron

Mêlant l'historique - la révolution française- et le quotidien - celui d'une famille sans histoire de la petite bourgeoisie contemporaine, Anouilh tire des effets savoureux, cocasses, mais un peu faciles. Bien jouée, la pièce a des réelles qualités scéniques. Elle résiste moins bien à la lecture..
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Antigone

J'avais vu une représentation d'Antigone il y a quelques années et j'en avais été fortement impressionnée. Mais je n'avais jamais lu le texte dans son intégralité. C'est chose faite maintenant et j'en ressors tout autant impressionnée par la puissance de ce texte. Il traite de politique, d'engagement, d'idéalisme mais aussi d'amour, de la famille, du destin. de la mort, de la vie, des choix. C'est tellement précieux, une lecture qui amène à se poser tout un tas de questions importantes sur soi et sur sa vie. (Février 2013)
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Antigone

J’ai lu pour la première fois cette pièce en quatrième, et cela a été l’un de mes premiers coups de cœur littéraire.

Je la relis aujourd’hui près de 40 ans plus tard car mon fils va l’étudier en seconde, et je suis toujours frappée par la force qui émane de ce texte.

L’Antigone de Sophocle revisitee par Jean Anouilh est un texte d’une modernité incroyable.

On est happés par l’histoire et les personnages dès le prologue, et il est impossible de s’arrêter d’autant plus que la pièce n’est pas découpée en scènes et en actes.



Indispensable à lire!
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Le Bal des voleurs

Un p’tit bonheur de lecture ! Chaque fois que je lis une pièce de théâtre, je me demande systématiquement pourquoi je n’en ai pas plus dans ma PAL. C’est un genre que j’aime beaucoup, qui peut nous amener tellement loin dans notre imagination. Ici, Anouilh nous propose une pièce très drôle, qui mets en scène trois voleurs de bijoux. Séjournant dans la maison où ils pensent commettre leur méfait, voilà que leur projet est contrecarré par Cupidon. L’un d’entre eux tombe follement amoureux d’une de leur victime. Des drôles de situation surviennent, amenant des quiproquos qui nous donnent le sourire. Bref, un régal.
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Le Voyageur sans bagage, suivi de Le Bal de..

Ce volume est composé de deux pièces de Jean Anouilh créées  l'une après l'autre: Le voyageur sans bagage et Le bal des voleurs.



Le voyageur sans bagage est le premier grand succès d'Anouilh. La pièce est montée en 1937 par Georges Pitoëff au Théâtre des Mathurins. Elle fait partie des pièces qu'Anouilh rangeait dans « les pièces noires ».



Suite à la première guerre mondiale, un homme surnommé Gaston, est devenu amnésique. Cela fait environ 18 ans qu'il ne se souvient de rien d'avant le choc qui a provoqué la perte de mémoire. le nouveau jeune médecin en charge de l'asile essaie d'accélérer sa reconnaissance par une des familles qui le réclament. La tante du médecin se charge de l'amener chez les parents potentiels. Elle choisit d'abord la riche et respectable famille Renaud. Tous les membres de cette famille semblent sûr que Gaston est Jacques, le jeune fils parti à la guerre à 18 ans. Mais tous les souvenirs évoqués par mère, frère, belle-soeur et domestiques, ne donnent aucune envie à Gaston de se reconnaître dans le personnage de Jacques. Violent, égoïste, sans doute trop gâté et livré à lui-même et à ses mauvais penchants, dans un cadre familiale avec peu de tendresse, Jacques n'a rien qui séduise Gaston, même si des éléments de plus en plus précis semblent converger pour confirmer que les deux sont bien la même personne. Gaston finira par trouver une échappatoire dans une autre famille, réduite à un seul membre, un tout jeune garçon, né après la perte de mémoire de Gaston.



Un sombre tableau d'une famille bourgeoise dysfonctionnante, le retour du fils faisant ressurgir toutes les problématiques et conflits. Au point que le revenant préfère s'enfuir plutôt que de revenir à son ancienne identité. En filigrane, la violence sociale des rapports de classe, les préjugés de la bourgeoisie, et autres mises en cause du fonctionnement plus global de la société. le jeune garçon qui apparaît à la fin de la pièce semble une bouffée d'air frais, un retour possible à une innocence et pureté perdue, un recommencement, une seconde chance, de repartir sans passé, sans lourde charge à traîner.



La pièce est sans aucun doute très efficace, mais à mon sens un peu trop univoque, trop systématique. Gaston essaie de trouver dans la vie de Jacques un seul élément positif, quel qu'il soit, et n'y arrive pas. Pas un seul bon souvenir, pas une seule raison de vouloir revenir. Il n'aime ni son environnement familial, ni lui-même. Au final, il aurait eu toutes les raisons du monde de perdre la mémoire. Il m'a manqué un peu d'ambiguïté, de clair obscur.



Le bal des voleurs.



Créée un an après le voyageur sans bagage, toujours par Georges Pitoëff, le bal des voleurs établit définitivement la réputation d'Anouilh comme un auteur important. La pièce fait partie des « Pièces roses » et s'accompagne de musique, chants et danses. La musique de scène est de Darius Milhaud.



Nous sommes dans une ville d'eau. Une bande de voleurs détrousse de toutes les façons possibles les riches oisifs. Une femme riche, Lady Hurf, s'ennuie. Elle fait semblant de reconnaître les voleurs déguisés en Espagnols. Ces derniers font semblant d'être ceux pour lesquels on fait semblant de les prendre pour s'introduire dans la villa de la famille. Deux jeunes filles, nièces de Lord Edgar ont un flirt avec deux jeunes voleurs, pendant qu'un financier au bord de la faillite essaie de marier son fils avec l'une d'entre elles pour se sortir d'embarras.



Nous sommes dans un registre burlesque, avec un aspect théâtre dans le théâtre. Lady Hurf sait très bien que les voleurs ne sont pas ce qu'ils essaient de faire semblant d'être, c'est elle qui a initié la supercherie, et ils ont une longueur de retard sur elle. Les jeunes filles n'ont plus ne sont pas dupes, ce qui n'empêche pas forcément les sentiments. Nous avons d'un côté des gens qui s'ennuient, et d'autres qui voudraient mener le même genre de vie, sans percevoir l'aspect creux de ces existences. Tout cela tourne donc à la farce, même si c'est une farce triste et quelque peu absurde, malgré un final de happy end quasi surréaliste.
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Médée

Je ne connaissais pas la version d’Anouilh et ne regrette vraiment pas de m’être lancée ! Le sujet de la pièce est bien sûr le même en faisant de Médée une figure centrale, mais il est légèrement déplacé vers le couple. Dans cette pièce moderne, Médée est plus que jamais une femme blessée et l’histoire est bien celle d’un couple qui se déchire. D’ailleurs, la construction même de l’intrigue le prouve sans nul doute : un tiers du livre construit le dialogue attendu entre Jason et Médée. Un tiers du livre pour voir un couple se déchirer, pour voir Jason expliquer qu’il n’aime plus Médée, que leur couple s’est effondré depuis trop longtemps, que le monde, tel qu’il le perçoit, s’est détaché d’elle. Superbes pages pour raconter un amour qui n’existe plus et une séparation inévitable après des années de passion sincère.

Là réside l’une des nouveautés de cette pièce : Jason n’a pas gardé Médée toutes ces années auprès de lui pour de simples raisons politiques ; au contraire, il l’a aimée, plus que tout, avant de s’en détacher progressivement. Si lui l’a reconnu, Médée se voile encore la face et croit encore à une cohésion entre eux, tout en reconnaissant être incapable de changer pour celui qu’elle aime encore.

Car, deuxième nouveauté, Jason a besoin de changements. Pas pour survivre politiquement et physiquement. Nous ne sommes plus chez Corneille où Jason, lâche et intriguant, est prêt à tout pour obtenir un trône. Chez Anouilh, Jason est fort, il ose affronter Médée car il la respecte plus encore qu’il ne la craint. Il l’affronte aussi car il sait que ses raisons de la quitter sont bonnes : il veut vivre simplement, et trouver le bonheur, notion moderne par excellence. Cet homme qui a tout fui n’en peut plus et aspire à la paix, au repos. Il ne veut plus être un héros mais simplement un homme qui peut espérer passer ses dernières années au calme et en sécurité. C’est un homme tristement banal malgré son passé extraordinaire.

Quant à Médée, c’est une femme désespérée, abattue par ce départ imprévu de l’homme qu’elle a toujours suivi et avec qui elle ne semblait ne former qu’une seule entité. Rien à voir avec cette harpie haineuse que l’on a coutume de nous montrer. Après des années ensemble, elle n’envisage pas la séparation ; elle qui n’a d’autres perspectives que la fuite, encore, elle ne peut se résoudre à perdre son seul point d’ancrage, sa seule bouée. Presque noyée, elle veut attirer l’attention, exprimer son désespoir. A genoux, elle n’attend qu’un geste de Jason pour lui pardonner, pour se faire petite et renoncer aux crimes qu’elle a envisagés. Que Jason se retourne seulement, au moment de la quitter, et les enfants seront saufs. Mais la décision de Jason est prise et il ne se retourne pas, refuse de revenir sur le passé. Médée n’a d’autre choix que de la balayer, elle aussi.

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Antigone

Lu au lycée il y a maintenant près de 50 ans, je garde un souvenir vivace de cette pièce qui m'a ébloui: peut-être le 17 glané lors d'une dissertation a fait que ce souvenir soit si présent ! J'avais adoré ce face-à-face entre la fougue et la raison (ici d'état, mais elle peut être autre), entre la jeunesse et la vieillesse, entre l'élan irraisonnée et la réflexion difficile. D'une écriture moderne, cette tragédie a été pour moi un des mes premiers grands émois de littérature.
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