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Critiques de Jean Giono (1498)
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L'homme qui plantait des arbres

Rerelecture de cette magnifique histoire de l’homme qui plantait des arbres tout seul, sans faire de bruit, sans se poser de question comme une évidence pour celui qui vit en symbiose avec la nature. Un petit colibri, qui au fil du temps, a créé une magnifique forêt.
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Voyage en Italie

Plutôt sédentaire et privilégiant sa région en particulier Manosque, Giono entreprend néanmoins un voyage en Italie avec sa femme et un couple d'amis, en ce début des années cinquante, avec un pays qui garde encore quelques stigmates de la seconde guerre mondiale. L'itinéraire passe par d'abord par Milan, Brescia, le lac de garde, puis Venise, Padoue et Bologne. Au gré des découvertes des villes italiennes Giono évoquent ses souvenirs et fait référence tantôt de façon poétique, tantôt philosophique, à l'histoire de l'unification de l'Italie et la littérature, convoquant les écrits célèbres - ceux de Dante, de Shakespeare, pour illustrer les lieux visités. Il évoque également le lieu où il situe le héros de son roman le hussard sur le toit.

Au fil des visites, Giono observe, compare et prend du recul appréciant certaines villes comme Brescia, ou remettant en cause la beauté d'autres comme Milan qu'il ne garde pas dans son coeur.



Voyage en Italie est un récit tranquille quelque fois très drôle, toujours très pointu dans ses analyses de la nature humaine, et souvent poétique quand il évoque les paysages. Un récit qui m'a donné envie d'aller à Peschiera sur le lac de Garde et Brescia, deux villes qui ont l'air particulièrement attirantes.
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Un roi sans divertissement

Moi qui pensais lire avec Les âmes fortes un roman particulier de Jean Giono, je découvre avec Un roi sans divertissement que je me suis trompée sur toute la ligne. Les déconstructions narrative et stylistique, mimant à la perfection l’oralité des histoires racontées au coin du feu, nous mènent cette fois dans un village du Vercors, qui assiste, à partir de l’hiver 1843, à des disparitions hivernales. Disparitions qui trouveront leur explication avec l’arrivée de Langlois, capitaine de gendarmerie venu d’abord pour enquêter, qui deviendra ensuite, jusqu’à la fin, le personnage principal, que l’on suivra par l’intermédiaire de divers villageois.



Cette histoire, qui commence dans la noirceur d’une manière paradoxale, puisqu’elle décrit dans le même temps, avec une magnifique poésie, la beauté du silence et de la blancheur hivernaux, se termine aussi dans la noirceur, bien que les évènements, et Langlois, aient taché d’en sortir. Noirceur qui symbolise, avec beaucoup de force, le divertissement humain, ou plutôt le manque de divertissement humain, Pascal et ses pensées bien sûr en exergue de cette histoire, et de ce roman, qui nous décrit, au bout du compte, avec une incroyable lucidité, la banalité du Mal.



C’est une deuxième lecture réussie de Giono, romancier que j’aurai donc découvert sur le tard, et que j’aimerais avoir découvert plus tôt, finalement.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Le Hussard sur le toit

Pour poésie la mort

Giono j'avais juré Nevermore

Ici les corbeaux et les rats

Vivent des chairs du choléra.





Giono ! L'écrivain qui, avec la complicité d'un piètre professeur, m'a dégouté pour longtemps de tout un pan de la littérature. Je retrouve ses défauts. Quelle logorrhée pour dire trois mots : il fait chaud, ou un temps lourd. Pas que le temps et pas qu'un, hélas. Quelle suée. Et quand cet auteur tient une image : un ciel de craie. Un ciel de craie ! Il la sert dix, vingt, cent fois. Il vous la sert, une flagellation.





Je m'empare de cette craie venue du ciel et je note :

Style : 2/10

Histoire : 3/10

Personnages : 7/10

Créativité : 6/10





Je n'espérais rien de ce bouquin après que ma joie demeure, pas déçu donc. Je parcourrai ce roman picaresque au petit trop, parfois à pied, somnolant à la longue, rêvant à Don Quichotte, inatteignable. Ce hussard sur le toit n'approche pas, non plus, les hauteurs de l'imagination d'un certain Baron perché (*).





1832 la chaleur et le choléra assaillaient par vagues le sud de la France. Les corbeaux à la fête s'engraissaient sans grâce et sans merci. Angelo, Pauline …

Mon âme romanesque attendait l'amour

À défaut alors elle entrevoyait la mort

Soit l'ardent corps à corps

De dos majeurs

Soit un froid désaccord

Et là en la mineur



Hélas. Hélas. Hélas.





Si ce n'est l'écriture, reste le regard du lecteur ; je parle de cette sensibilité et imagination propres au lecteur averti. Les corbeaux et les rats de mon introduction se révèlent alors être plus que de simples animaux. Pour lui seul, la bonne soeur, le clarinettiste et l'ancien médecin apportent en leur courte apparition une mise en abîme sur les dérives sécuritaires du "bon" peuple aux conséquences pires que le mal dont elles prétendent prémunir.





Faudrait-il en créditer Giono ?

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Un roi sans divertissement

La neige, l'hiver, la campagne alpine, l'ennui, des disparitions mystérieuses, des faits qui remontent du temps jadis, de 1843 à 1848, à l'époque de la Monarchie de Juillet, qui signe la fin de la royauté en France. Le tueur mystérieux est débusqué par Frédéric II, propriétaire de la scierie, puis abattu par le capitaine Langlois sans aucune forme de procès. du sang sur la neige, une chasse au loup, des dames élégantes au passé parfois douteux, la fascination pour l'aventure, la traque, la mort.



Un roman à plusieurs voix, sur plusieurs époques, un peu déconcertant, les traces du crime se perdant dans la neige comme la cohérence des personnages, avides de ce divertissement sans lequel l'existence n'a aucune saveur. le risque, la mort violente, le crime, étant préférables à la langueur monotone du confort conjugal. Un lien à travers les temps, la présence d'un arbre qui est l'unique témoin de ces drames.



Un texte énigmatique et à énigmes, une très belle langue qui nous replonge dans une époque pas si lointaine où la nature était encore omniprésente, la neige étendait son poids sur les journées d'hiver et les bougies avaient peine à lutter contre leur obscurité précoce, où les loups rodaient encore aux portes des villages, et les dames brodaient de la dentelle pour nourrir leurs orphelins...



"Qu'on laisse un roi tout seul sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnies, penser à lui tout à loisir, et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères." avait dit le philosophe Pascal.

Langlois était ce roi.



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Jean le Bleu

Jean Giono se raconte.

Son enfance, son père cordonnier, sa mère repasseuse.

Son talent et sa simplicité font qu’on voit réellement les lieux, les rues, les maisons, les paysages….

qu’on sent les odeurs, les bonnes, de violettes, de genêt, de lavande…. Mais les mauvaises aussi, de fumier, de pus….

qu’on entend parler tous ces personnages si typiques, l’homme noir, la mexicaine, les deux musiciens, la femme du boulanger (qui inspira Pagnol)…….

Une enfance entourée de gens plutôt proches de la misère, mais où règnent l’entraide et une sincère convivialité.

Et puis son père, si plein d’humanité.

Avec ce retour dans le temps, j’ai été pleine de douceur et de nostalgie.

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L'eau vive, tome 1 : Rondeur des jours

Je m'intéresse ici au "Voyageur immobile".



Que je lise Giono ou Pagnol, c'est toujours pour moi un agréable moment de lecture. Le Voyageur immobile fait partie du recueil Rondeur des jours. Après L'eau vive, nouvelle dans laquelle il faisait l'éloge des artisans d'autrefois, ceux qui éprouvaient un véritable amour pour le travail, qui le transcendaient pour le faire devenir un art, bref, ceux qui transformaient la matière en merveille, ce texte rend hommage à une ancienne épicerie, très certainement celle de son enfance si le narrateur est bien l'auteur. Mais peu importe car là n'est pas le problème. La poésie de Giono rend ce court texte magique. On croit apercevoir toutes les senteurs de cette épicerie mais également toutes les senteurs de son enfance. On fait un retour en arrière formidable. Merci Monsieur Giono !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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L'homme qui plantait des arbres

Elzéard Bouffier est un berger dans la cinquantaine, solitaire là-haut sur la montagne avec son troupeau et son chien. Il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que l’élevage des moutons, sur ces versants secs, pelés et battus par le vent. Sauf que…

Sauf que chaque jour, l’homme emporte avec lui une longue tringle de métal et une provision de glands. Et que, trou après trou, au fil des années, il plante des milliers, des dizaines de milliers de chênes.

Lorsque le narrateur revient sur les lieux, des années après, des forêts ont poussé, l’eau est revenue et avec elle la population qui repeuple les villages abandonnés.

On est en 1953 lorsque Giono écrit ce conte. On n’utilisait pas alors les mots écosystème ou géosystème, c’est pourtant bien ce qu’il décrit ici : comment l’action humaine parvient à aménager des milieux pourtant hostiles, avec patience et détermination. Il n’est que de voir les talus et chemins creux du bocage breton ; ou, plus spectaculaires, les fabuleuses rizières en terrasse d’Asie du Sud-Est, les extraordinaires jardins Dogon au Mali, les cultures de roses dans les oasis en Arabie…

… tout ce qui a permis à l’humanité d’occuper la Terre depuis le Néolithique, en fait.

Ça donne à penser.



Challenge Départements (Alpes de Haute-Provence)

LC thématique juin 2023 : "L’auteur est un homme"
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Voyage en Italie

J'ai beaucoup aimé le début, un peu moins la fin. Resituer ce récit au début des années 50. J'imagine l'équipée de Giono, son épouse et un couple d'amis parcourir le nord de l'Italie à bord d'une 4 ch décapotable. (Je suis même allé voir sur Wikipédia à quoi ressemblait cette voiture.) J'ai aimé les descriptions de ce parcours en voiture, à travers les Alpes, et toute la ligne qui va de Turin à Venise. J'imagine bien l'arrivée dans les villes, dans cette 4 ch où l'on pouvait se garer à peu près n'importe où. Notamment à coté du Duomo à Milan ou visiter Vérone ou Padoue en voiture en s'arrêtant dès qu'il y avait quelque chose à voir. J'ai commencé à moins aimer les descriptions et anecdotes sur Venise, Bologne ou Florence. A grands renforts de références historiques. Giono n'échappe pas aux généralités, malheureusement très courantes dans les récits de voyages. Un des passages que j'ai adoré est dans un café à Brescia où on lui montre comment faire un café avec un de ces vieux percolateurs qu'il décrit très bien. Autrement dit, je préfère quand il se contente de décrire ce qu'il voit, et non d'imaginer. L'Italie qu'il décrit est à des années lumière de celle d'aujourd'hui et c'est justement ce qui fait le charme de son récit. Partir en Italie, en 1950, c'était encore un voyage. Il fallait un passeport et un visa à la frontière. Sentiment de partir pour un ailleurs. Loin, très loin du week-end à Venise ou à Milan actuel avec Easyjet. Et puis on sent chez Giono ce goût du détail pour les choses de la vie quotidienne. La vie des petites gens, les paysans, les pêcheurs, les mécaniciens… Une véritable Commedia dell'Arte, bien difficile à appréhender de nos jours. Sauf peut-être dans le Sud. Et encore !
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La trilogie de Pan, tome 1 : Colline

Plus que la lecture de ce classique , c'est la longue analyse détaillée que je viens de terminer, en vue de la présentation de ce livre lors d'une soirée "lecture partagée" dans une librairie avignonnaise qui m'a donné un grand plaisir :les lieux, le sens du récit, les personnages, les thèmes , le style, les champs lexicaux, les mots du provençal, les recherches complémentaires autour de ce récit comme l'épisode de choléra , le tremblement de terre...
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Le serpent d'étoiles

Il est très souvent difficile de parler de Giono, son style est tellement particulier parfois si peu ortodoxe qu'il peut désarçonner. Entre poésie et parlé, il navigue, se joue des conventions, nous entraine souvent dans un langage imagé. Il fait naitre des impressions, des sensations. Son écriture est une saveur de terroir oublié. Il Chante ici, une fois de plus, ce fameux chant du monde. Les bergers, ces hommes pétris de sciences et de savoir, de celui oublié du reste des hommes, Giono les met à l'honneur, comme il met à l'honneur les paysans, les forestiers, bref, tous ceux qui vivent de la terre, qui la connaissent et en comprennent ses tourments, ses joies. Ils savent se contenter de ce qu'elle donne, acceptent ce qu'elle reprend. L'ode est magnifiquement intérprétée, mais elle peut paraitre aujourd'hui totalement incongrue dans notre monde si éloigné de cette période! On sent à travers ses mots, l'odeur des champs, des bois, des rivières, celui des bêtes et des hommes! L'existence ne se pare pas avec Giono de fioritures, non il y a la sueur, le sang, le froid la chaleur, dans leurs aspects bruts...En lisant ce texte je me demande comment les jeunes générations vont pouvoir apprécier et aimer cet auteur, au parlé si différent du notre, à l'univers si opposé à celui dans lequel nous vivons! Il y a chez Giono une humanité à redécouvrir.
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Batailles dans la montagne

Voilà un livre qui vous prend, vous retourne et vous chamboule dans tous les sens. Grosso modo ce que Giono y fait aux montagnes. Ou ce que les montagnes de Giono font à leurs habitants, selon le point de vue. On découvre d’abord Boromé. Devenu vieux, il a vendu ses terres et ses fermes. Il a acheté la ferme la plus haute de la vallée, pris une servante, Marie, qui est devenue aussi sa maitresse. Il a laissé en bas l’épicière, le postier, et tout le petit monde du village. Il s’est fixé là-haut, dans cette ferme solitaire au milieu des sapins. On fait aussi la connaissance de quelques autres. Il y a des paysans, leurs femmes, leurs mères, leurs valets. Des ouvriers piémontais aussi.



Et voilà que la terre se met à trembler. L’eau sourd de chaque trou. Des craquements sinistres résonnent la nuit dans les glaciers. Et voilà qu’une nuit les montagnes s’écroulent. Les arbres tombent comme des brindilles. Des coulées de boue avalent maisons, bêtes et hommes. Quand le jour se lève le lendemain, tout le fond de la vallée est noyé sous l’eau. Seul une petite partie du village, construit sur une butte, subsiste. Des autres maisons on ne voit plus que les toits. Hagards, les survivants se rassemblent, se comptent.



Les temps semblent achevés. Mais les montagnards sont coriaces. Ils se rassemblent, construisent des radeaux, font le compte de leurs réserves de nourriture. Un taureau tueur libéré par la crue vient éliminer quelques rescapés – attention, la scène n’est pas pour les âmes sensibles – et in fine se rajouter aux dites réserves. Boromé est là aussi, la jambe cassée – sa servante l’a trainé d’en haut. Il y a aussi un groupe d’ouvriers piémontais, qui travaillaient dans la montagne. Ils sont courageux, industrieux. Et ils se disent que si toute cette eau reste là au lieu de s’écouler, c’est que quelque chose doit la retenir dans la vallée. Pour dégager ce quelque chose, il faudrait de la dynamite. Il y en a dans la montagne. Mais ce ne sera pas facile. Entre le chef des piémontais, Saint-Jean, et la servante de Boromée, il y avait quelque chose. Par amour on peut faire l’impossible, dit-on…



Ce n’est pas le Giono le plus connu, mais c’est de loin le plus puissant que j’ai lu pour le moment. On est jeté dans la peau de ces pauvres êtres minuscules, des poussières face aux montagnes qui s’effondrent. Son style se marie parfaitement avec les évènements qu’il décrit, dans un maelstrom de sentiments et d’arbres arrachés par les flots. Qui est prêt pour une avalanche de rocs et de mots ?

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L'homme qui plantait des arbres

Jean Giono en 1913 faisait de longues promenades comme quand il était enfant avec son père sur les hauteurs de la Haute Provence !

A environ 1200/1300 mètres d'altitude étaient des déserts, des landes nues et monotones, arides, sèches, battues par le vent, écrasées par le soleil l'été et, avec quelques maisons en ruine, une fontaine tarie et des lavandes sauvages.. Par un beau mois de juin : il aperçut un berger avec quelques moutons et son chien qui lui proposa de l'eau qu'il tirait d'un trou naturel près de sa maison de pierres, il lui proposa aussi une bonne soupe qui mijotait sur le feu , ensuite il lui proposa de passer la nuit chez lui avant de repartir le lendemain pour continuer sa marche vers le village le plus proche ! Ces derniers étaient rares, dispersés sur les flans du plateau, habités par des bûcherons qui coupaient du bois pour faire du charbon et le vendre dans les villes, les femmes mijotaient leurs rancoeurs, leurs ragots !

Le berger fit des paquets de glands qu'il trempa et qu'il amena dans un seau d'eau pour les planter à l'aide d'une tringle de fer dans la terre en allant rejoindre sa pâture. Elzéard Bouffier avait possédé une ferme, avait perdu son fils unique et ensuite sa femme, mais il voulait planter des arbres en quantité pour donner vie à une forêt !

Après la guerre de 14, Giono retourne voir Elzéard: : ce dernier avait moins de brebis mais il avait des ruches avec des abeilles qui allaient butiner les arbres nouveaux . En même temps l'eau, l'humidité réapparaissaient et la flore du plateau se développait progressivement .....

En 1933, il reçut la visite d'un garde forestier qui s'étonna de trouver une forêt "naturelle ", et en 1935 une délégation administrative vint classer cette forêt pour la sauvegarder. Quand Giono revint en 1945, Elzéard était âgé, mais son rêve s'était réalisé car à Vergons : il y avait des maisons neuves, des jardins potagers, des habitants avec des enfants, des fêtes, des rires, la vie et du bonheur !

Un bel hymne à la nature, à la vie, à la beauté de cette belle Provence illustrée avec talent par Willi Glasauer et mise en couleurs par Roberta Maranzano !

Et, même si ce fut pour une commande du magazine " the Reader'sDigest " que Giono a réalisé un conte qui a fait le tour du monde et a réussi à éveiller quelques consciences ! Giono reste l'auteur d'un vrai chef d'oeuvre : " Que ma joie demeure " avant de se lancer dans son Hussard ( un virage que j'ai moins apprécié ).

L.C thématique d'avril 2022 : la nature dans tous ses états.
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La trilogie de Pan, tome 3 : Regain

Des trois derniers habitants d’Aubignane, il ne reste que Panturle, un homme dans la force de l’âge. Gaubert, trop vieux pour vivre aussi isolé, est parti chez son fils et la Mamèche a disparu. Pourtant, elle avait promis à Panturle de lui trouver une femme.

Arsule est arrivé à Sault comme chanteuse. Ça s’est mal passé, elle a été « recueilli » par Gédémus le rémouleur qui lui fait traîner sa voiture.

Deux âmes en peine qui vont se rencontrer et faire revivre Aubignane, un des plus beaux textes que je n’ai jamais lu.

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L'homme qui plantait des arbres

Livre minuscule d'une soixantaine de pages chacune partageant sa petite surface avec le texte et l'image.

Une voix, celle de Giono, qui rencontre l'homme, par le grand hasard, lors de ses promenades en Haute-Provence. C'était avant la guerre de 14. L'homme, berger solitaire, en pleine maturité de l'âge, accueillant, taciturne, semait des glands, tous les jours, sur des kilomètres qu'il parcourait à pied avec patience, détermination, conviction et une tonne de sérénité. Il plantait des arbres, des milliers. La terre ne lui appartenait pas, il la traversait et la nourrissait. Pendant la guerre, après, pendant la deuxième guerre et après.

Deux mains et un cœur, suffisant pour faire naître, dans une trentaine d'années, une forêt "naturelle" que tout le monde avait mis sur le compte des "malices naturelles de la terre"! Personne ne pensait à un humain, encore moins aux déboires, à l'adversité, à la solitude totale et au désespoir qui s'invitait souvent tout seul à table.

Un homme, une force paisible, constante, confiante, un homme au rythme de la nature, respectueux de ses règles et lois, vivant avec elle et pour elle.

Dieu pouvait bien se demandait s'il était le plus fort.

Ecriture sobre, d'une émotion contenue, d'une reconnaissance infinie devant le minuscule géant.

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Le déserteur et autres récits

Je découvre cette nouvelle de Giono à l'occasion de la sortie de la BD de Varenne et Simon, mettant en scène et en images la vie de Charles-Frédéric Brun.

Question mise en scène et images, Giono n'a rien à craindre de personne. Il détaille par le menu les paysages que Charles-Frédéric, en rupture de ban, traverse à la recherche de la paix qu'il finira de trouver dans le Valais. On ne sait pas pour quoi cet homme a choisi de fuir, ni ce qu'il fuit. Son unique moyen de communication avec les humains est sa peinture. Accueilli par le Président du village Jean-Baptiste Fragnière, il en est accepté par tous ses habitants après qu'il ait peint un portrait de la femme du Président.

Il faut comme le fait Giono se replacer dans le contexte de la France du XIXème siècle, où l'on voyageait peu, où les habits, l'accent, la posture, le cal ou non sur les mains, trahissaient l'étranger, et justifiaient le recours aux gendarmes qui avaient tôt fait de régler son compte au trimard, au vagabond, à l'étranger porteur d'étrange.

Charles Frédéric va échapper à tout cela. Comme par miracle. Une vieille femme lui propose de tenir le coin de son tablier et le guide ainsi à travers le brouillard, car il n'a rien d'un montagnard et risque de se perdre. le curé de Salvan ensuite l'autorise à s'abriter dans l'église. Et enfin le Président de Haute-Nendaz.

En échange d'une hospitalité dont il fixe les règles, il refuse d'être hébergé chez les habitants, préférant occuper une grange, un appentis ou un raccard, il refuse toute nourriture conséquente, surtout le vin, il peindra la vie des saints en leur donnant les traits de ceux qui l'accueillent et qu'il fréquente.

Il met en scène la vie à la campagne, béatifiant ceux qui refusent de voir qu'ils sont les saints du siècle.

Ses voyages dans la société et sur la route lui enseignent aussi toutes sortes de savoir-faire qu'il utilise pour apaiser les maux et les angoisses. Secret des plantes, agilité des mots qui rassurent et surprennent, le voyageur s'instruit malgré lui de ce que les immobiles sédentaires ne peuvent qu'ignorer.

Giono nous montre comment la marge, la route ou le trimard joue un rôle social dans l'évolution de la société, la diffusion des légendes et l'appropriation de l'étranger.

Il faudra attendre le XXème siècle et la guerre pour que la société s'ouvre enfin à l'autre.

Charles-Frédéric mourra dans la misère et le froid, "(...) son délit n'est amnistié par aucune loi : c'était le délit de misère, son crime était d'être misérable."
Lien : https://camalonga.wordpress...
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L'eau vive, tome 1 : Rondeur des jours

La première nouvelle ´Rondeur des jours’ de 5 pages est d’une beauté à couper le souffle. 15 autres suivent faisant une éloge à la nature, la faune, la flore, aux vieux métiers et aux paysages magnifiant Manosque et la Provence. Un nouveau pic élevé avec ´Vie de Mademoiselle Amandine’. Puis, j’ai commencé à me lasser sur les dernières. Cela m’a fait du bien de vagabonder livresquement dans la nature lors de cette période de confinement !
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Un roi sans divertissement

Paru en 1948, ce livre ne date pas d’hier.

Et pourtant l’écriture n’a pas vieilli et le charme opère toujours.

Je n’ai pas très bien compris quand ça se passait, certainement début du siècle.

Je n’ai pas très bien compris qui racontait cette histoire, à part quand elle était reprise par un des personnages principaux.

Je n’ai pas très bien compris le comportement de Langlois

Bref, je n’ai pas compris grand-chose, mais je me suis complue dans cette ambiance de villageois mêlés à de bien étranges histoires pas toujours très claires (enfin, pour moi du moins)

Je me suis laissée portée par les mots, par l’atmosphère, par la poésie, par l'imaginaire.....et ce fut bien agréable.

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L'homme qui plantait des arbres

Elzéard Bouffier, un berger de Haute Provence, fait revivre sa région en plantant des arbres pendant près de 35 ans, de 1913 à 1947. Son action solitaire, opiniâtre, patiente et pleine d'humilité amène finalement à la reforestation d'une région qui était devenue désertique. Au-delà des conséquences sur la flore et la faune, le geste quotidien du berger a un impact sur la société environnante et sur l'économie locale, permettant aux villages voisins de freiner la désertification, voire même d'accueillir de nouvelles familles : c'est la notion d'écologie et de développement durable qui fait ici son apparition.

La nouvelle d'une quinzaine de pages a été écrite en une seule nuit en 1953. C'est un très beau texte qui a paru d'abord en anglais, puis dans de nombreuses traductions avant d'être finalement publié en français vingt ans plus tard en 1975.

Jean Giono rédige ce quasi manifeste écologiste à la suite d'une commande-concours du magazine américain Reader's Digest, sur le thème «Le personnage le plus extraordinaire que j'ai rencontré». Mais une incompréhension naît entre le journal qui souhaite un récit tiré du réel et Giono qui fait oeuvre de fiction.

Le message du texte est très positif. Comme Elzéard Bouffier, chacun d'entre nous peut, par un travail tenace et persévérant qui respecte l'homme et les valeurs humaines, avoir une action positive et efficace sur l'environnement et contribuer à l'harmonie. La nouvelle met aussi en avant les valeurs liées au travail et à la vie rurale. Du fait de ce message positif et de sa brièveté, le texte a été assez vite considéré comme relevant de la littérature de jeunesse, bien que Giono ne l'ai pas écrit en ce sens.

Une très belle lecture.
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Le chant du monde

Giono nous livre ici un véritable poème en plongeant littéralement le lecteur dans le monde végétal ; un univers vivant et pénétrant fait de couleurs et d'odeurs, de bruits et de matières. La nature se révèle toute puissante face aux humains qui doivent l'apprivoiser pour mieux s'en approcher. Le fleuve, sûrement La Durance, que Giono personnifie est la colonne vertébrale de ce territoire âpre qu'Antonio le pêcheur sillonne depuis des années : « Le fleuve roulait à coups d'épaules à travers la forêt... ». Il parle aussi des montagnes, difficilement accessibles et dominatrices. Puis il y a les saisons et les rôles jouées par chacune ; elles imposent un rythme, une cadence. Les éléments aussi, essentiels à ce roman : l'eau, l'air, le feu et la terre évidemment.

L'histoire est celle de ce pêcheur, Antonio, ami de Matelot, le bûcheron, qui accompagnera ce dernier dont le fils , le besson, a disparu alors qu'il naviguait sur le fleuve avec une cargaison de bois. Les deux hommes partent ainsi à la recherche du besson en plein hiver, combattant le froid, l'imprévisible fleuve, la forêt dense et ses occupants. Le voyage va être long et périlleux. La bande à Maudru, le chef des bouviers – personnage dur et torturé -, rôde. Gina Maudru, sa fille, aurait une part non négligeable dans la disparition du besson. Plusieurs histoires s'imbriquent les unes dans les autres au fur et à mesure que le temps passe, dans l'attente du printemps.

Sur leur chemin, Antonio et Matelot vont rencontrer Clara, jeune femme aveugle. Seule et le ventre rond, elle est sur le point d'accoucher. Les deux hommes prendront soin d'elle jusqu'à la délivrance et reprendront leur quête. Cette femme ne quittera désormais plus les pensées d'Antonio qui voit en elle la part qui lui manquait depuis toujours. La rencontre avec Clara est un véritable choc émotionnel. Même absente, elle réussit à emplir sa tête et son corps d'un bonheur nouveau, éclairant son existence.

Des phrases d'une beauté inouïe dans lesquelles les images poétiques ne cessent de défiler sous nos yeux avec force et grandeur. L'évocation de l'hiver avec sa rudesse, le labeur des hommes qui luttent contre le froid et leur impuissance souvent, la nature endormie – le grand sommeil - et pourtant si présente, le silence, est incroyable de justesse. Quand le printemps arrive, les hommes semblent s'éveiller également ayant alors des envies de vengeances, de révoltes, à l'image de la nature avec la fonte des glaces, le réveil des bêtes, la repousse des arbres et des plantes. Les sentiments sont exaltés et les hommes se déchaînent.

Après l'orage, les hommes épuisés s'assagissent, la lumière revient, la douceur aussi. Ils peuvent enfin laisser aller leurs émotions au fil du fleuve puisque c'est là que tout commence et tout fini. Un roman magnifique.


Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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