Citations de Jean-Jacques Rousseau (1370)
Le sang d'un seul homme est d'un plus grand prix que la liberté du genre humain.
Combien de fois, dans ces moments de doute et d’incertitude, je fus prêt à m’abandonner au désespoir !
Il n'y a pas de jour où je ne me rappelle avec joie et attendrissement cet unique et court temps de ma vie où je fus moi pleinement, sans mélange et sans obstacle, et où je puis véritablement dire avoir vécu.
Je m'ennuyais des amusements de mes camarades ; et quand la trop grande gêne m'eut aussi rebuté du travail, je m'ennuyai de tout. Cela me rendit le goût de la lecture que j'avais perdu depuis longtemps. Ces lectures, prises sur mon travail, devinrent un nouveau crime qui m'attira de nouveaux châtiments. Ce goût irrité par la contrainte devint passion, bientôt fureur. La Tribu, fameuse loueuse de livres, m'en fournissait de toute espèce. Bons et mauvais, tout passait ; je ne choisissais point : je lisais tout avec une égale avidité. Je lisais à l'établi, je lisais en allant faire mes messages, je lisais à la garde-robe, et m'y oubliais des heures entières ; la tête me tournait de la lecture, je ne faisais plus que lire. Mon maître m'épiait, me surprenait, me battait, me prenait mes livres. Que de volumes furent déchirés, brûlés, jetés par les fenêtres ! que d'ouvrages restèrent dépareillés chez la Tribu ! Quand je n'avais plus de quoi la payer, je lui donnais mes chemises, mes cravates, mes hardes ; mes trois sols d'étrennes tous les dimanches lui étaient régulièrement portés.
Toute méchanceté vient de faiblesse.
Il n'est pas bon que celui qui fait les lois les execute, ni que le corps du peuple détourne son attention des vues générales, pour la donner aux objets particuliers. Rien n'est plus dangereux que l'influence des intérêts privés dans les affaires publiques, et l'abus des lois par le gouvernement est un mal moindre que la corruption du législateur, suites infaillibles des vues particulières.
Généralement les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu.
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778)
in: "Emile ou De l'éducation" (1762), IV
Seul pour le reste de ma vie, puisque je ne trouve qu'en moi la consolation, l'espérance et la paix, je ne dois ni ne veux plus m'occuper que de moi.
L'âme résiste bien plus aisément aux vives douleurs qu'à la tristesse prolongée.
Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique ; en un mot tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et qu’à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons, et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce indépendant : mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.
La métallurgie et l’agriculture furent les deux arts dont l’invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c’est l’or et l’argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes, et perdu le genre humain ; aussi l’un et l’autre étaient-ils inconnus aux sauvages de l’Amérique qui pour cela sont toujours demeurés tels ; les autres peuples semblent même être restés barbares tant qu’ils ont pratiqué l’un de ces arts sans l’autre ; et l’une des meilleures raisons peut-être pourquoi l’Europe a été, sinon plus tôt, du moins plus constamment, et mieux policée que les autres parties du monde, c’est qu’elle est à la fois la plus abondante en fer et la plus fertile en blé.
Moi , seul . Je sens mon cœur et je connais les hommes.Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j' ose croire n' être fait comme aucun de ceux qui existent . Si je ne vaux pas mieux , au moins je suis autre .Si la nature a bien
ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m' a jeté ,ce dont on ne peut juger qu' après m' avoir lu .
Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir.
(livre III chapitre XV - Des Députés ou Réprésentants)
Sitôt que le service public cesse d'être la principale affaire des Citoyens, et qu'ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, L'Etat est déjà près de la ruine. Faut-il marcher au combat ? ils paient des troupes et restent chez eux ; faut-il aller au Conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. (...)
Dans un Etat vraiment libre les Citoyens font tout avec leurs bras et rien avec de l'argent : loin de payer pour s'exempter de leurs devoirs, ils paieraient pour les remplir eux-mêmes. Je suis loin des idées communes ; je crois les corvées moins contraires à la liberté que les taxes !
" Les maux réels ont sur moi peu de prise ; je prends aisément mon parti sur
ceux que j’éprouve, mais non pas sur ceux que je crains. Mon imagination effarouchée les combine, les retourne, les étend et les augmente. Leur attente me tourmente cent fois plus que leur présence, et la menace m’est plus terrible que le coup."
Plus je rentre en moi, plus je me consulte, et plus je lis ces mots écrits dans mon âme : "sois juste et tu seras heureux. "
Il n'en est rien pourtant, à considérer l'état présent des choses : le méchant prospère, et le juste reste opprimé.
( "Père, Père... Pourquoi m'as-tu abandonné ?" )
JJR soulève ici le problème humain fondamental.
Trouver une forme d'association qui défende et protège, de toute la force commune, la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'avant.
Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution.
Quand on ne veut qu'arriver on peut courir en chaise de poste; quand on veut voyages, il faut aller à pied.
La raison, le jugement, viennent lentement, les préjugés accourent en foule.
L'agriculture est le premier métier de l'homme ; c'est le plus honnête ,le plus utile et par conséquent le plus noble qu'il puisse exercer .
Qui juge des mœurs juge de l'honneur, et qui juge de l'honneur prend sa loi de l'opinion.