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Citations de Jorge Luis Borges (1105)


Du fond lointain du couloir le miroir nous guettait. Nous découvrîmes (à une heure avancée de la nuit cette découverte est inévitable) que les miroirs ont quelque chose de monstrueux. Bioy Casarès se rappela alors qu'un des hérésiarques d'Uqbar avait déclaré que les miroirs et la copulation étaient abominables, parce qu'ils multipliaient le nombre des hommes. Je lui demandai l'origine de cette mémorable maxime et il me répondit que The Anglo-American Cyclopoedia la consignait dans son article sur Uqbar. La villa (que nous avions louée meublée) possédait un exemplaire de cet ouvrage.
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Jorge Luis Borges
Un grand poète est moins un inventeur qu'un éclaireur.
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Les mots sont des symboles qui postulent une mémoire partagée. (p.55)
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Le football est populaire parce que la stupidité est populaire.

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
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Échecs

II

Tour droite, fou diagonal, reine acharnée,
Roi vulnérable, pions qu'achemine l'espoir,
Par les détours fixés d'un ordre blanc et noir
Vous cherchez, vous livrez la bataille obstinée.

Mais qui de vous sent sa démarche gouvernée ?
La main ni le joueur, vous ne sauriez les voir ;
Vous ne sauriez penser qu'un rigoureux pouvoir
Dicte votre dessein, règle votre journée.

Le joueur, ô Khayam ! est lui-même en prison,
Et c'est un échiquier que l'humain horizon :
Joueurs blancs et noires nuits, route stricte et finie.

La pièce se soumet à l'homme, et l'homme à Dieu.
Derrière Dieu, qui d'autre a commencé ce jeu
De poussière, de temps, de rêve, d'agonie ?
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Il n'avait pour tout document que sa mémoire ; son habitude d'apprendre chaque hexamètre ajouté lui avait imposé une heureuse rigueur que ne soupçonnent pas ceux qui aventurent et oublient des paragraphes intérimaires et vagues. Il ne travailla pas pour la postérité ni même pour Dieu, dont il connaissait peu les préférences littéraires.
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[...] mais quand une chose est vraie il suffit que quelqu'un la dise une seule fois pour qu'on sache aussitôt que c'est la vérité.
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J'ai moins appris des écoles que d'une bibliothèque - celle de mon père.

Préface du recueil L'autre, le même II
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Quand s'approche la fin, il ne reste plus d'images du souvenir ; il ne reste plus que des mots. Il n'est pas étrange que le temps ait confondu ceux qui une fois me désignèrent avec ceux qui furent symboles du sort de l'homme qui m'accompagna tant de siècles. J'ai été Homère ; bientôt je serai Personne, comme Ulysse ; bientôt, je serai tout le monde : je serai mort.
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Jorge Luis Borges
Ne parlez pas à moins de pouvoir améliorer le silence.
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Jorge Luis Borges
1964
Jorge Luis Borges
I
Le monde a perdu sa magie. On t’a quitté.
Tu ne partageras plus le clair de lune
ni la lenteur des jardins. Il n’est aucune
autre lune, hors ce miroir du passé,

cristal de solitude, soleil agonisant.
Adieu mains partagées, et les siennes
que l’amour rapprochait. Déjà si lointaines,
reste la fidèle mémoire et le désert présent.

Personne n’est dessaisi (répètes-tu inutilement)
De ce qu’il ne possède et n’a jamais eu,
Mais il ne suffit guère d’être vaillant

pour apprendre l’art de l’oubli.
Un symbole, une rose t’égare
et peut te tuer un son de guitare.

II
Je ne serai plus heureux. Peu m’importe.
Il existe tant d’autres choses en ce monde;
un instant quelconque est plus profond
et divers que l’océan. La vie est courte

et même si les heures sont si vastes, une
obscure féérie nous attend au large,
la mort, cette flèche, cet autre rivage
qui nous libère du soleil et de la lune

et de l’amour. Le don que tu me fis
puis m’enlevas, doit être enrayé;
ce qui fut le tout, être annihilé.

Qu'il ne reste la tristesse dont je jouis,
vaine habitude qui vers le Sud m’emporte
à certain coin de rue, à certaine porte.

Traduction : Eduardo Reis


1964
Jorge Luis Borges
I
Ya no es mágico el mundo. Te han dejado.
Ya no compartirás la clara luna
ni los lentos jardines. Ya no hay una
luna que no sea espejo del pasado,

cristal de soledad, sol de agonías.
Adiós las mutuas manos y las sienes
que acercaba el amor. Hoy sólo tienes
la fiel memoria y los desiertos días.

Nadie pierde (repites vanamente)
sino lo que no tiene y no ha tenido
nunca, pero no basta ser valiente

para aprender el arte del olvido.
Un símbolo, una rosa, te desgarra
y te puede matar una guitarra.

II
Ya no seré feliz. Tal vez no importa.
Hay tantas otras cosas en el mundo;
un instante cualquiera es más profundo
y diverso que el mar. La vida es corta

y aunque las horas son tan largas, una
oscura maravilla nos acecha,
la muerte, ese otro mar, esa otra flecha
que nos libra del sol y de la luna

y del amor. La dicha que me diste
y me quitaste debe ser borrada;
lo que era todo tiene que ser nada.

Sólo que me queda el goce de estar triste,
esa vana costumbre que me inclina
al Sur, a cierta puerta, a cierta esquina.
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La Bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque, et dont la circonférence est inaccessible.
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Odyssée, LIVRE XXIII

La lourde épée en fer, l'arc longtemps relégué
Ont fait leur œuvre de justice et de vengeance.
Par la lance et le dard la misérable engeance
Des prétendants gémit dans son sang prodigué.
Ulysse a retrouvé son royaume et sa reine
A travers les vents gris et le fracas d'Arès,
Malgré la haine du Trident et les agrs
Mis en pièces, malgré le charme et la sirène.
Dans l'amour, dans le lit préservés par la foi,
La claire reine dort sur le cœur de son roi ;
Mais où donc est la mer et la vague qui sonne,
Mais où sont-ils, les jours et les nuits de l'exil,
Et ce destin de chien sans âtre ? Où donc est-il,
Cet homme qui disait qu'on l'appelait Personne ?
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Cette trame de temps qui s’approchent, bifurquent, se coupent ou s’ignorent pendant des siècles, embrasse toutes les possibilités. Nous n’existons pas dans la majorité de ces temps ; dans quelques-uns vous existez et moi pas ; dans d’autres, moi, et pas vous ; dans d’autres, tous les deux. Dans celui-ci, que m’accorde un hasard favorable, vous êtes arrivé chez moi ; dans un autre, en traversant le jardin, vous m’avez trouvé mort ; dans un autre, je dis ces mêmes paroles, mais je suis une erreur, un fantôme.

(Le jardin aux sentiers qui bifurquent)
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À un poète mineur de l'anthologie

Qu'est devenue, ami, la mémoire des jours
que tu possédas sur cette terre, ce tissu
de bonheur et de douleur, ton univers à toi ?

Le dénombrable fleuve des années
a tout égaré ; tu n'es plus qu'un nom dans un index.

Les autres reçurent des dieux une interminable gloire,
des inscriptions, des exergues, des monuments et de ponctuels historiens ;
nous savons seulement de toi, obscur ami,
que tu entendis le rossignol, un soir.

Parmi les asphodèles de l'ombre, ton ombre vaine
doit penser que les dieux furent avares.

Mais les jours sont un filet de misères triviales ;
qui sait si le meilleur sort n'est pas d'être la cendre
dont est fait l'oubli ?

Sur d'autre les dieux ont jeté
la lumière inexorable de la gloire, qui observe les entrailles et dénombre les crevasses,
de la gloire, qui finit par friper la rose qu'elle vénère ;
pour toi, mon frère, leur pitié fut plus grande.

Dans l'extase du soir qui ne doit pas être une nuit,
Tu entends la voix du rossignol de Théocrite.
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Je ne serai plus heureux. Est-ce important?
Il y a tant d'autres choses dans le monde ;
Un instant quelconque est plus profond
Et divers que la mer. La vie est brève
Et même si les heures sont très longues, une
Obscure merveille nous guette,
La mort, cette autre mer, cette autre flèche
Qui nous libère du soleil et de la lune
Et de l'amour. Le bonheur que tu m'offris
Et que tu repris doit s'effacer ;
Ce qui était tout doit devenir rien.
Il ne me reste que le goût d'être triste,
Cette vaine habitude qui me conduit
Au Sud, à certaine porte, à certaine rue.
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Oh ! nuits, oh ! tièdes ténèbres partagées, oh ! l'amour qui répand ses flots dans l'ombre comme un fleuve secret, oh ! ce moment d'ivresse où chacun est l'un et l'autre à la fois, oh ! l'innocence et la candeur de l'extase, oh ! l'union où nous nous perdions pour nous perdre ensuite dans le sommeil, oh ! les premières lueurs du jour et moi la contemplant.
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J'ai souvent soupçonné que le sens est quelque chose qui vient s'ajouter au poème. Je sais de manière indiscutable que nous sentons la beauté d'un poème avant de penser à sa signification.
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Le poème est plus beau si nous devinons qu'il est l'expression d'un désir et non le récit d'un fait.

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
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Proposer aux hommes la lucidité dans une ère bassement romantique, dans l'ère mélancolique du nazisme et du matérialisme dialectique, des augures de la secte de Freud et des commerçants du surréalisme, telle est la mission méritoire qu'a accomplie (et accomplit encore) Valéry.
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