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Citations de Jorge Luis Borges (1105)


Le plus prodigue amour lui fut donné,
L'amour qui n'espère pas être aimé.

Deux derniers vers du poème " Baruch Spinoza "
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Nul ne le vit débarquer dans la nuit unanime, nul ne vit le canot de bambou s'enfoncer dans la fange sacrée, mais peu de jours après nul n’ignorait que l'homme taciturne venait du Sud et qu'il avait pour patrie un des villages infinis qui sont en amont, sur le flanc violent de la montagne, où la langue zende n'est pas contaminée par le grec et où la lèpre est rare. Ce qu'il y a de certain c'est que l'homme gris baisa la fange, monta sur la rive sans écarter (probablement sans sentir) les pites qui lui déchiraient la peau et se traina, en proie à la nausée et sanglant, jusqu'à l'enceinte circulaire que surmonte un tigre ou un cheval de pierre, qui eut autrefois la couleur de feu et maintenant celle de la cendre.
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Jorge Luis Borges
Toute destinée, si longue, si compliquée soit-elle, compte en réalité un seul moment : celui où l'homme sait une fois pour toute qui il est.
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Jorge Luis Borges
Que d’autres se targuent des pages qu’ils ont écrites ; moi je suis fier de celles que j’ai lues.
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Mon père me rapportait qu'autrefois — parlait-il d'années ou de siècles ? — la loterie était à Babylone un jeu de caractère plébéien. Il racontait, mais je ne sais s'il disait vrai, que les barbiers débitaient alors contre quelques monnaies de cuivre des rectangles d'os ou de parchemin ornés de symboles. Un tirage au sort s'effectuait en plein jour, et les favorisés recevaient, sans autre corroboration du hasard, des pièces d'argent frappées. Le procédé était rudimentaire, comme vous le voyez.
Naturellement, ces " loteries " échouèrent. Leur vertu morale était nulle. Elles ne s'adressaient pas à l'ensemble des facultés de l'homme, mais seulement à l'espoir.

LA LOTERIE À BABYLONE.
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"Mettre en ordre des bibliothèques, c'est exercer de manière silencieuse et modeste, l'art de la critique"
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Jorge Luis Borges
Œdipe et l'énigme

Quadrupède à l'aurore, droit à midi
Puis au vain espace du soir errant
Sur ses trois pieds, c'est ainsi qu'elle vit
La sphynge éternelle son frère fuyant,

L'homme, et avec le soir un homme vint
Qui, pris d'épouvante, dans le miroir
De la monstrueuse image put voir
Le reflet déclinant de son destin.

Éternellement, Œdipe c'est nous,
La longue et triple bête, c'est nous, tout
Ce qui de nous sera et nous a fui.

Nous serions écrasés de voir l'immense
Forme de notre être ; avec sa clémence
Dieu nous offre succession et oubli.
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“A-t-il existé
le rêve que j’ai perdu
un peu avant l’aube ?”
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ABSENCE

Je devrai donc la soulever, la vaste vie
qui reste aujourd'hui même ton miroir :
chaque matin, je devrai donc la rebâtir.
Tu m'as quitté ; depuis,
combien de lieux devenus inutiles
et privés de sens, comme
des lampes à midi.
Soirs, nids de ton image,
musiques où toujours tu m'attendais,
paroles de ce temps passé,
je devrai vous briser de mes mains.
Dans quel fossé réfugier mon âme
pour ne plus la voir, cette absence
qui brille comme un terrible soleil
définitif, sans couchant, sans pitié ?
Je suis cerclé par ton absence
comme la gorge par la corde,
comme qui coule par la mer.

in Ferveur de Buenos Aires
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Dans une aube sans oiseaux le magicien vit fondre sur les murs l'incendie concentrique. Un instant, il pensa se réfugier dans les eaux, mais il comprit aussitôt que la mort venait couronner sa vieillesse et l'absoudre de ses travaux. Il marcha sur les lambeaux de feu. Ceux-ci ne mordirent pas sa chair, ils le caressèrent et l'inondèrent sans chaleur et sans combustion. Avec soulagement, avec humiliation, avec terreur, il comprit qu'il était lui aussi une apparence, qu'un autre était en train de le rêver.

[Les ruines circulaires]
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Nous ne savons encore presque rien et nous voudrions deviner ce dernier mot qui ne nous sera jamais révélé.

[Borges citant Flaubert]
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Jorge Luis Borges
La Chance

Celui qui embrasse une femme est Adam. La femme est Ève.
Tout se passe pour la première fois.
J’ai vu une chose blanche dans le ciel. On me dit que c’est la lune, mais
que puis-je faire avec un mot et une mythologie ?
Les arbres me font peur. Ils sont si beaux.
Les animaux tranquilles s’approchent pour que je dise leur nom.
Les livres de la bibliothèque n’ont pas de lettres. Quand je les ouvre, elles surgissent.
Parcourant l’atlas je projette la forme de Sumatra.
Celui qui brûle une allumette dans le noir est en train d’inventer le feu.
Dans le miroir, il y a un autre qui guette.
Celui qui regarde la mer voit l’Angleterre.
Celui qui profère un vers de Liliencron est entré dans la bataille.
J’ai rêvé Carthage et les légions qui désolèrent Carthage.
J’ai rêvé l’épée et la balance.
Loué soit l’amour où il n’y a ni possesseur ni possédé mais où tous deux se donnent.
Loué soit le cauchemar, qui nous dévoile que nous pouvons créer l’enfer.
Celui qui descend un fleuve descend le Gange.
Celui qui regarde une horloge de sable voit la dissolution d’un empire.
Celui qui joue avec un couteau présage la mort de César.
Celui qui dort est tous les hommes.
Dans le désert, je vis le jeune Sphinx qu’on vient de façonner.
Rien n’est ancien sous le soleil.
Tout se passe pour la première fois, mais éternellement.
Celui qui lit mes mots est en train de les inventer.

(Texte traduit aussi par : Le Bonheur)
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On observera que la conclusion précéda sans doute les "preuves". Qui se résigne à chercher des preuves d'une chose à laquelle il ne croit pas ou dont la prédication ne l'intéresse pas?
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Jorge Luis Borges
EN COMMENÇANT L'ÉTUDE
DE LA GRAMMAIRE ANGLO-SAXONNE

Au bout de cinquante générations
(Le temps nous impartit à tous pareils abîmes)
Je regagne la rive opposée d'un grand fleuve
Où n'abordèrent pas les dragons du Viking,
Je retrouve les âpres et laborieuses paroles
Qu'avec une bouche faite poussière, j'ai
Prononcées, aux temps de Northumbrie et de Mercie,
Avant de devenir Haslam ou Borges.
Samedi nous avons lu que Jules César
Vint le premier de Romeburh soumettre la Bretagne ;
Avant que reviennent les raisins j'aurai écouté
La voix du rossignol de l'énigme
Et l'élégie des douze guerriers
Qui entourent le tombeau de leur roi.
Symboles d'autres symboles, ces paroles me semblent
Des variations de l'anglais ou de l'allemand futur;
Parfois, elles furent des images
Dont un homme usa pour célébrer la mer ou une épée;
Demain, elles vivront à nouveau,
Demain, fyr ne sera pas fire mais cette sorte
de dieu domestique et changeant
Que nul n'a pu regarder sans une antique stupeur.
Loué soit l'enchaînement
Infini des effets et des causes
Qui, avant de me montrer le miroir
Où je ne verrai personne ou bien verrai un autre,
M'accorde cette pure contemplation
D'un langage de l'aube.
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Art poétique

Voir que le fleuve est fait de temps et d'eau,
Penser du temps qu'il est un autre fleuve
Savoir que nous nous perdons comme un fleuve,
Que les destins s'effacent comme l'eau.

Voir que la veille est un autre sommeil
Qui se croit veille, et savoir que la mort
Que notre chair redoute est cette mort
De chaque nuit, que nous nommons sommeil.

Voir dans le jour, dans l'année, un symbole
De l'homme, avec sesjours et ses années ;
Et convertir l'outrage des années
En harmonie, en rumeur, en symbole.

Faire de mort sommeil,, du crépuscule
Un or plaintif, voilà la poésie
Pauvre et sans fin. Tu reviens, poésie,
Comme chaque aube et chaque crépuscule.

La nuit, parfois, j'aperçois un visage
Qui me regarde au fond de son miroir ;
L'art a pour but d'imiter ce miroir
Qui nous apprend notre propre visage.

On dit qu'Ulysse, assouvi de prodiges,
Pleura d'amour en voyant son Ithaque
Verte et modeste ; et l'art est cette Ithaque
De verte éternité, non de prodiges.

Il est aussi le fleuve interminable
Qui passe et reste, et reflète le même
Contradictoire Héraclite, le même
Mais autre, tel lle fleuve interminable.
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“Nous vivons découvrant et oubliant
cette douce coutume de la nuit”
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Jorge Luis Borges
Je me rappelle un rêve, il y a quelques nuits de cela. J’avais trouvé un livre anglais du XVIIè siècle et je me disais que c’était épatant d’avoir dégotté cette édition, mais après j’ai pensé que, si j’étais en train de rêver, je n’allais pas le retrouver le lendemain. Alors, me suis-je dit, je vais le mettre en lieu sûr, et je l’ai mis dans le tiroir de la bibliothèque. Comme cela je pourrais le retrouver à mon réveil.

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........pour s’affranchir d’une erreur, il est bon de l’avoir professée.

( La Quête d’Avarroés p.126)
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Jorge Luis Borges
Prendre un livre dans une bibliothèque et le remettre, c'est fatiguer les rayonnages.
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Pour un célibataire d'un certain âge, l'amour offert est un don auquel il ne s'attend plus. Le miracle a le droit d'imposer des conditions.
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