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Critiques de Justine Niogret (458)
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Quand on eut mangé le dernier chien

C’est seulement mon deuxième roman de Justine Niogret. Ce que je ressens à travers la plume de ce récit : quelque chose de frontal, brut de décoffrage, sans fioritures. Et pourtant, toujours beaucoup de sensibilités, de beauté d’âme dans les moindres recoins de la violence. Parce que son roman est violent : une aventure en antarctique avec la brutalité du froid, des engelures, des crevasses, des rations, des pertes… La violence pour survivre, la violence pour manger… Néanmoins, jamais dans la barbarie, jamais dans la bassesse du mépris ou de l’ingratitude. C’est touchant, c’est même très triste. L’amitié y est tellement captivante.

La question est tout ça pour ça ? « C’était un voyage au bout duquel il n’y avait rien », « un endroit où il était impossible de vivre ». Un défi arrogant ? Un défi arrogant qui va très vite rendre ses trois hommes, humbles. Car face à une nature violente, l’Homme n’est rien. Ou peut-être un peu quelque chose, mais le combat sera rude pour trouver sa place dans cette nature hostile. Peut-il lutter pour survivre dans ce monde glacial ? Et à quel prix ?

Je n’ai pas pu quitter ce livre avant d’en connaître le dénouement, happée par cette triste aventure et l’écriture de l’auteure.

Un vrai coup de coeur

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Stephen King

Donald, un père disparu, Maman Nellie se battant pour ses enfants ( elle travaille dans des usines pour un salaire de misère) et David, un frère adopté.



Stephen King avait 4 ans et jouait avec un voisin, près de la voie ferrée.

"Une heure après environ, j'étais rentré à la maison.

-Tu es blanc comme un fantôme!" fait sa maman. Stephen ne parla pas le reste de la journée. L'enfant qui jouait avec lui, avait été happé par un train de marchandises. "Ca " s'était passé sous ses yeux...

-"Je n'ai gardé aucun souvenir."



Il garde le souvenir d'une baby-sitter ( Eulah ou Beulah?) mais elle jetait l'enfant sur le canapé, pour s'asseoir sur son visage et lui péter dessus longuement... Elle lui fait manger plusieurs oeufs au plat avant de l'enfermer dans le placard, où il vomit dans les chaussures de sa mère!

Misère de "Misery"...



"A 6ans, Stephen prend un crayon, un cahier et griffonne sa première histoire en recopiant ici et là"

- Ca, Stephen ,ce sont des inepties sans nom. Tu peux faire mieux"

Nellie lui offrira sa première machine à écrire.



Et ce sera sa femme Tabitha qui ramassera l'ébauche de "Carrie" dans la corbeille à papier, en lui disant qu'il faut le retravailler et l'envoyer.

Son premier succès: 400 000 dollars ( alors qu'ils étaient aux abois !)



Et ce Richard Bachman mort et enterré en 1985, mais qui revient pour écrire d'autres livres, après cette date. Il ( le double virtuel de King ) est encore penché sur l'épaule de Stephen, pour lui souffler d'autres idées?

Comme "Marche ou crève" en 1989, "La peau sur les os" en 1993,,"Les régulateurs" en 1996, signé Richard Bachman.



"Alors, qui sont les monstres de King, au fond ? Des gens, comme nous ou presque, et c'est bien là que l'atrocité réside. Des gens, sous simplement."
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Gueule de Truie

J’avais lu ce roman il y a quelques années.

Mon intérêt pour son dernier roman et ma brève rencontre émotive avec l’auteure que je tentais d’approcher depuis plusieurs semaines, sans avoir eu le courage avant cette semaine, m’a donné envie de relire le seul roman que j’ai lu de Justine Niogret et de lui consacrer un billet, vous faire partager cette expérience. Car je me souviens avoir beaucoup aimé cet atmosphère post-apocalyptique, pessimiste et grisâtre.



Tout d’abord, j’adore sa façon d’écrire, la construction de ses phrases. Des phrases courtes, parfois froides, parfois poétiques, parfois simples, parfois porteuses de profondeurs. Des phrases que je trouve absolument magnifiques et que l’on veut répéter à haute voix. Comme celles-ci : « Une zone. La fille ne baisse pas les yeux, et il se souvient à peine de ce qu’elle verrait ; les cicatrices fines, les traits blancs sur la chair, les punitions d’autrefois, quand cette partie de son corps voulait exister malgré lui. » ou « Il sait que la fille retourne au silence. Elle s’y réfugie ou plutôt elle s’y noie, comme lui se noyait autrefois dans sa rage. » ou « Peut-être que le monde est mort de fatigue. » et d’autres encore et encore…

Et derrière un personnage ultra violent, et une ambiance brut de décoffrage, nous ressentons beaucoup de tristesses et de sensibilités. Un personnage d’une « tendresse étrange ».

Gueule de Truie a été élevé dans une très grande violence, dans la haine viscérale des êtres humains, donc des autres mais également de lui-même, dans le but de finir le travail de Dieu : exterminer la race humaine, majoritairement disparue sous : une bombe ? une météorite ? La volonté de Dieu ? La haine de la vie ? Pour les Pères, c’est l’évidence : « Dieu a ouvert la bouche et le monde est mort. » Il deviendra une bête dépourvue de délicatesse et de réflexions.

Mais un jour, il rencontre une fille (une jeune femme ?Une fillette ?), ce sera La Fille. Cette fille taciturne, qu’il a besoin de sacraliser, qui détient entre ses mains une boîte qu’elle se refuse à quitter. Cette rencontre le contraint à repenser sa quête…



Malgré l’aspect religieux de sa mission, nous ne sentons pas de réflexions métaphysiques dans le sujet principale, comme le fait Brian Evenson dans Immobilité. Mais on se pose la question du conditionnement, de l’endoctrinement religieux et surtout de la violence portée sur l’innocence, la destruction de l’enfance par des adultes sans espoir, la transmission de la désolation à un être qui aurait dû aimer la vie.

Roman singulier, qui pose des fondations froides, hyper violentes, d’une cruauté franche, d’une Terre inhumaine et pourtant c’est ici que va se construire un début de belle histoire, d’une relation lente, chaotique mais intègre.



J’ai vraiment hâte de lire son dernier.



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Le syndrome du varan

" Je me suis longtemps vue comme un Varan.

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi. La boue, le secret, la tourbe chaude, s'enfouir, fermer les yeux et hiberner. C'est cela le syndrome du Varan: mon repli, la congélation, m'enfoncer dans la vase et attendre que ça passe à quel point je ne veux pas être là. ..."

Voici un roman choc qui fait dresser les cheveux sur la tête, à propos d'une enfance brisée, bafouée, fracassée dont on ne sortira pas indemne ...

Mais c'est aussi , heureusement , le récit douloureux d'une reconstruction. Personne n'est nommé au coeur de cette lecture crue , dure comme du silex, grinçante , glacée, difficile à lire et à appréhender , affûtée au rasoir à l'aide d'une écriture forte, violente, semblable à un cri rauque, primal, chair à vif et viande nue, tripes à l'air , boue et odeur de m.....e .

Comment dire les plaies purulentes , les blessures à vif?

Cette fìlle a enduré durant son enfance une mère à moitié folle,, à tendance pedophile , perverse , un pére alcoolique , égocentrique, collectionneur de pornographie nécrophile , de viol, bestiale et infantile .....

L'héroïne dont on ne saura jamais le prénom subit des actes de barbarie, de mise en danger de mort, souvent mal nourrie...Elle vit dans la terreur auprès d'agresseurs sexuels dépravés , détraqués : ses propres parents ,...

Plus tard ses blessures seront soignées, sa vie en morceaux recollée et vernie, auprès d'un compagnon.



Il lui a fallu beaucoup, beaucoup de temps ..

Ce sont des lignes criantes de vérité, rageuses ,au goût d'ironie amère, de douleur passée, un non- silence....une révolte ...une catharsis ?

Je souhaite que cela n'ait pas été vécu par l'auteur .

Aurait - elle trouvé cette maniére de régler ses comptes ?

Je ne sais pas....

Un livre que je n'oublierai jamais.

Ma soeur qui me l'a prêté m'avait prévenue ...

Je ne connais pas l'auteur ....

Aux éditions du Seuil.
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Chien du Heaume

Le problème récurrent à trop en attendre d'un bouquin , c'est qu'il est rarement à la hauteur...

Classé Fantasy avec tout l'imaginaire que cela induit , Chien du Heaume ne fait ni dans le magique , le mythique voire l'irrationnel mais nous plonge bel et bien dans un récit totalement plausible issu du brutal et sanguinolent cortex cérébral d'une Justine Niogret maintes fois récompensée pour cette première œuvre plutôt enthousiasmante à défaut d'être incontournable .



An de grâce y a très très longtemps .

Chien du Heaume , mercenaire féminin qui , à l'instar d'une Thérèse de fête de fin d'année n'est pas moche mais n'a pas le physique facile , ne poursuit désormais plus qu'un seul et unique but , une quête identitaire obsessionnelle lui permettant enfin de se définir en tant qu'être humain plutôt qu'en chien de guerre impitoyable offrant ses brillants services mortifères visant à semer la terreur et le chaos en ces temps reculés d'un Haut Moyen-Age à la bestialité exacerbée...



Chien du Heaume et Druss de Gemmell , même combat !

Une arme fétiche , la hache , véritable prolongement léthal qu'elle manie sans commune mesure !

Une identité qu'elle tentera de se forger en démêlant méticuleusement le fil de son délicat passé familial au gré de nouvelles rencontres , d'incessants combats , de douloureuses désillusions , la vérité étant à ce prix...



Rien à redire sur l'écriture virile de Dame Niogret qui usite à l 'envi d'un patois des temps jadis pleinement immersif .

Rien à redire sur la trame , les divers personnages plutôt pas mal développés et ce haut Moyen-Age , monde sur le déclin , qu'elle dépeint avec brio .

J'ai , par contre , décroché pas mal de fois devant un certain manque de rythme me frustrant méchamment de mon inaltérable soif de combats épiques excessivement chargés en hémoglobine .

Pas sûr , pour le coup , de vouloir attaquer le deuxième tome dans la foulée...



Chien du Heaume : léger manque de mordant...

http://www.youtube.com/watch?v=6tlSx0jkuLM
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Mordre le bouclier

Quelque part dans son lexique, Justine Niogret déclare avec autodérision : « des fois aussi, on est malheureux mais je ne vous apprends rien, déjà vous avez lu ce livre, c’est franchement pas de chance ».

Eh bien je suis tenté de la prendre au mot.



Non, lire ce bouquin c’était vraiment pas de chance. Rarement j’ai bu une potion aussi concentrée d’ennui parfumé de lassitude.



Je veux bien qu’on m’explique que l’auteure veut avant tout instaurer une atmosphère d’un Moyen-âge filmé par Sergio Leone – pour les gros plans sur les détails comme le flocon de neige fondant sur le sourcil d’un bonhomme – Quentin Tarantino pour la violence stylisée et Shakespeare pour les tirades. Que l’action, que l’histoire même doivent ici s’effacer devant l’ambiance. Je veux bien qu’on appelle un Jean-Philippe Jaworski à la rescousse dans la postface pour qu’il nous explique à quel point le bouquin qu’on tient dans les mains est énorme. Je respecte ce point de vue car il y a visiblement des gens que j’apprécie qui ont adoré.



Mais fallait-il vraiment sacrifier pratiquement toute velléité de construire une histoire apte à intéresser le quidam ? Chien du Heaume était fondu dans le même moule mais il s’y passait quelque chose. Il y avait de véritables pourritures que j’étais heureux de voir découpées par Chien. Justine Niogret aurait pu rester à ce niveau 1 de l’épique et je l’aurais accepté. Mais non. Elle prend un temps dingue à sculpter des personnages supposés frustes mais qui sont capables de déclamer des thèses sur leur propre inutilité dans ce monde ; des personnages de pièce de théâtre, puissants et vivants, et elle se contente de les faire se promener sur les routes, faire du shopping en ville, manger des gâteaux et faire du feu en déclamant. Parfois ils racontent un bout de leur histoire mais cela n’aide guère à faire avancer un récit qui est perdu dans un labyrinthe et ne sait pas quelle direction prendre. Parce qu’il n’y a pas de récit, pas de direction, seulement des tableaux.



Certes certains de ces tableaux sont percutants, comme la fosse aux enfants. Certes on saisit un peu plus qui est Chien et qu’en se laissant aller on lui attribuerait bien un peu de sang de ces Berserkir des sagas scandinaves. Certes Bréhyr m’a fait penser à une Arya du Trône de Fer, vieillie et qui atteindrait enfin la fin de sa liste de personnes à tuer. Mais qu’est-ce que le chemin est long et monotone pour aller d’un tableau à l’autre, au point que j’ai pris souvent des raccourcis.



Combien de fois j’ai cru que ça allait décoller et que le soufflé retombait aussi sec ! Le pire, je crois, c’est quand le voyage vers le Sud commence et qu’on se dirige grosso modo à la suite d’une de ces Croisades de l’Histoire, probablement la première. Mes papilles frétillaient à l’idée de rencontrer l’exotisme de l’Orient sous la plume Justine… et je n’ai même pas eu droit aux effluves salés de la mer Méditerranée. Frustrant !



Au milieu de cet ennui, de rares moment de joie : un coup de hache de Chien sur les guibolles d’un soldat, une citation du « chant des séries » récemment découvert dans le tome 2 des Compagnons du Crépuscule de Bourgeon, une autre citation liée à Ragnar Lodbrock (dont je suis fan depuis la série Viking), le retour si attendu de la Salamandre

et le lexique bien sûr, le lexique suffit.

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Chien du Heaume

Ma petite fan de fantasy préférée a encore frappé ! Et me voilà lancé à l’assaut de la courte, mais intense, bibliographie de Justine Niogret, une des nouvelles têtes de la fantasy française.



Avec son premier roman, Chien du Heaume, l’auteur nous plonge dans un haut Moyen Âge âpre, violent et (ce n’est pas contradictoire du tout) féminin. Indéniablement, elle mise ici sur une ambiance noire mais réaliste, au plus près des atermoiements de la vie quotidienne, qu’elle soit celle de simples gens ou de mercenaires ayant visité mille contrées ; elle mise également sur des monologues d’un rare équilibre dans ce genre de littérature, des monologues bien ficelés qui se lisent avec un plaisir extrême. Pour dire les choses autrement, on ressent bien vite que Justine Niogret crie son amour d’un Moyen Âge sombre et réaliste, tout autant que celui de l’art de la forge qu’elle pratique elle-même : la scène entre Chien du Heaume et Regehir, à peu près au milieu de cet ouvrage, rend bien compte de cette relation.

L’auteur finit même par se faire complètement plaisir (et à nous avec, par la même occasion !) en nous livrant carrément un lexique décalé de termes usités dans son histoire, combinant des données historiques très intéressantes et son expertise de forgeronne (ça se dit au moins ?) et de cavalière à un humour ciblé et des allusions bien tendancieuses, le tout formant un mélange succulent qui m’a vraiment ravi.



Par la lecture de Chien du Heaume, j’ai donc découvert avec grand enthousiasme le talent de Justine Niogret, que j’aurai plaisir à suivre désormais avec moult assiduité !



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Chien du Heaume

Livre lu dans le cadre de la pioche de Juillet 2016 et du challenge ABC 2016-2017.



Au moment du prologue, je me suis vraiment demandée ce que je lisais et puis, la vraie histoire est arrivée avec la rencontre de Chien du Heaume. Drôle de nom, mais si caractéristique dès qu'on apprend à mieux connaître la mercenaire et la femme qui se cache derrière.



Curieuse histoire que celle de cette jeune femme à la recherche de son nom. La lecture a été bien moins indigeste qu'avec « Cœurs de rouille » dont l'histoire n'avait ni queue ni tête. Celle-ci a une certaine logique même s'il y a un gros passage à vide dès qu'on dépasse la moitié du roman où on se demande pourquoi la mercenaire ne continue pas sa quête. Celle-ci lui vient des méandres de sa mémoire qui lui fait défaut sur sa prime jeunesse. Elle veut connaître son nom et savoir de quelle région elle vient. « Chien du Heaume » n'est qu'un nom que ses confrères mercenaires lui ont donné faute de mieux.



L'auteur a vraiment une imagination des plus originales et je pense que pour en apprendre un peu plus sur ce curieux personnage, je lirais la suite de celui-ci, à savoir « Mordre le bouclier ». L'univers créé autour de la mercenaire est médiéval avec les us et coutumes de l'époque et la vision de la femme très restreinte dans celle-ci. Je remercie donc l'auteur pour son petit lexique en fin de tome, bien appréciable pour certains termes.



Comme vous l'aurez compris, « Chien du Heaume » est une bien meilleure découverte que ne l'a été « Cœurs de rouille » même si je dois bien avouer que je suis un peu rentrée dans l'histoire à reculons à cause du prologue. La lecture a été très intéressante sur les 100 premières pages qui ont été dévorées, pour le redevenir sur les 20 dernières pages. J'ai du lire certains passages un peu en diagonale car je ne m'en souviens pas mais ils ne me semblaient pas essentiels à l'histoire de Chien du Heaume. Si vous êtes amateurs d'histoires sortant de l'ordinaire, je vous conseille donc de découvrir celle-ci. Pour ma part, j'espère pouvoir lire la suite prochainement pour en savoir plus sur cette mystérieuse jeune femme et son passé. Je remercie Relax pour cette pioche qui a été une très bonne découverte, elle m'a permise de renouer avec le style particulier de cette auteur.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Gueule de Truie

Après « Chien du heaume » et « Mordre le bouclier », voilà enfin le dernier roman en date de Justine Niogret, qui nous a entre temps gratifié de quelques nouvelles et qui est parvenue en quelques années à peine à occuper une place de choix dans l'univers des littératures de l'imaginaire, à commencer par la fantasy. Avec « Gueule de Truie », l'auteur change légèrement de registre et nous offre un roman post-apocalyptique dans lequel la quasi totalité de notre monde a disparu depuis le Flache, catastrophe planétaire dont on ignore exactement la teneur mais que certains des survivants interprètent comme une intervention divine visant à détruire et purifier le monde. Des années après le cataclysme, alors que ces fanatiques ont mis en place une organisation visant à traquer et tuer tous les derniers humains encore en vie afin d'achever le travail de Dieu, un de leur fidèle disciple va pourtant changer la donne en liant son destin à celui d'une étrange jeune fille portant une mystérieuse boite...



On retrouve sans mal ici la patte de Justine Niogret qui dispose décidément d'un rare talent pour dépeindre des univers sordides et violents auxquels il est difficile de rester indifférent. C'est avec un certain sentiment d'angoisse que le lecteur évolue dans ce monde en ruine où les rares survivants en sont quasiment réduits à l'état de bêtes sauvages et où même les protagonistes effraient par leur dureté et la haine qu'ils portent en eux. Certaines scènes sont stupéfiantes de noirceur et de violence, et pourtant, comme toujours chez Justine Niogret, derrière toute cette crasse se cache quelque chose d'infiniment beau et touchant. Malgré la relative brièveté du roman celui-ci recèle ainsi une grande profondeur que je n'ai, je l'avoue, pas toujours réussi à pleinement saisir mais qui m'a malgré tout bouleversé à de nombreuses reprises. La plume très crue et pourtant pleine de poésie de l'auteur y est évidemment pour beaucoup et c'est a regret que l'on referme ce roman coup de poing par lequel il est aisé de se laisser prendre des heures durant.



Avec « Gueule de Truie » Justine Niogret nous démontre à nouveau toute l'étendue de son talent et, si le roman en rebutera sûrement plus d'un par son étrangeté et sa crudité, force est de reconnaître qu'on ne lis pas d'ouvrages aussi troublants ni aussi poignants tous les jours.
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Quand on eut mangé le dernier chien

Du blanc, partout. De la glace à perte de vue. Pas l’ombre d’une vie, rien que l’immensité désertique. On dirait le Sud, le temps dure longtemps. Depuis des millions d’années. Et toujours cet hiver.



Le roman de Justine Niogret conte une exploration, qui ne va pas bien se dérouler. Celle de trois hommes lancés aux confins de l’Antarctique pour cartographier un monde encore inconnu. Même si le texte reste évasif, l’action se passe dans les années 1910 et est inspirée de faits réels, d’une équipée qui s’est bien lancée dans le grand Sud.



Un Australien, venu de la terre la plus proche, un Anglais et un Suisse. Pour un même objectif, défricher une terre encore vierge de tout passage humain (et animal). Trois hommes et leur horde de chiens.



Quand on eut mangé le dernier chien, le titre du roman donne immédiatement le ton, annonçant tout de suite l’un des fins mots de l’histoire. Parce que l’objectif n’est pas développer un suspense mais bien de coller au plus près de la réalité de cette expédition qui va tourner au drame.



200 pages, ça peut paraître court, mais c’est en fait le format idéal pour ce récit, tant l’autrice se montre minutieuse et pointue concernant les ressentis des trois équipiers.



Justine Niogret n’est pas la première venue, principalement connue pour ses romans de l’Imaginaire. Son premier, Chien du heaume a été bardé de prix. J’ai aussi en mémoire ; marque indélébile ; son roman noir La viande des chiens, le sang des loups sous le pseudonyme de Misha Halden.



Pour cette histoire vraie romancée, son profil et sa plume se révèlent parfaits. Il fallait faire preuve de bien d’imagination pour recréer le vrai ! D’invention pour parler du réel, d’esprit pour développer cette incroyable empathie envers ces personnages.



Le travail sur la narration, la construction des personnages, l’environnement et les émotions est assez incroyable. Chaque mot est pesé. A l’image des explorateurs qui ne peuvent pas se permettre d’emmener des futilités, l’écriture est à l’os, à ronger. Mais au plus près des corps et de leurs réactions, hommes et chiens.



Comme sur ces terres gelées où le temps n’a pas la même dimension, il convient de prendre le temps pour savourer, pour se laisser imprégner, envahir par cette immensité et ces conditions dantesques.



Pour survivre, il faut aller au-delà de ses limites, viser l’ascèse (mot utilisé à plusieurs reprises, par son importance). Oui, libérer l’esprit en demandant au corps bien plus qu’il ne peut donner, savoir se priver volontairement pour ce qui peut être vu comme de héroïsme. Ou de la folie.



Il faut bien une certaine folie pour partir ainsi, mais aussi de la folie pour tenter de revenir. Mais, comme le dit l’un des protagonistes, « Seul l’acte d’avancer à un sens, le retour n’existe pas ».



Pourquoi s’imposer cette douleur ? Pour chercher quoi ? C’est en allant au bout de leurs forces que certains trouveront (peut-être) un semblant de réponse.



En ce début de siècle dernier, il restait tout à découvrir, être le premier à poser le pied sur la banquise.



En faisant preuve d’auto-discipline, jusqu’à aller vers sa propre animalité.



Avec une conteuse qui ne surjoue pas. Au contraire, on perçoit la somme de recherches effectuées pour que ce récit sonne vrai. Pour faire ressentir au mieux les affres d’une telle virée.



Pour découvrir avec stupéfaction ce climat, ce décor qui en devient tangible par la grâce d’une écriture juste et tellement puissante de vérité. Et je le répète, sans jamais en rajouter mais avec une vraie poésie noire, toujours collée aux personnages et aux terrifiants événements qu’ils endurent. Le titre du livre explique bien que rien ne se fera dans la facilité.



Quand on eut mangé le dernier chien, que resta-t-il ? Le livre de fiction / réalité de Justine Niogret est une expérience littéraire saisissante, qui percute de plein fouet votre humanité, belle, grâce à des hommes valeureux jusqu’au bout malgré les conditions épiques. Dure par la violence de ce qu’ils endurent. Il fallait du talent pour ainsi raconter cette aventure, l’autrice en a énormément.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Mordre le bouclier

Livre lu dans le cadre d'une lecture commune avec Aelinel et Relax.



Quel fiasco cette lecture !! Abandon à 50p de la fin car je n'en pouvais plus de ces descriptions sans fin qui n'apportent rien du tout à l'histoire. De toute façon, il ne s'y passe rien ou pas grand chose.



Nous retrouvons Chien accompagnant Bréhyr dans une quête de vengeance vieille de 40 ans. En chemin, elle rencontre sa mère et apprend enfin son vrai prénom. Mis à part ça d'intéressant, elles prennent le temps de découvrir le monde et de discourir sur Dieu et les croisades avec de nouveaux compagnons de route. Sinon certains passages m'ont semblé plus violent et macabre que dans le précédent tome, « Chien du Heaume ». J'ai d'ailleurs un meilleur souvenir du précédent que de celui-là. Le style est toujours aussi déjanté mais je me suis demandée plusieurs fois le but de ce second tome car même si les deux femmes se déplacent, l'action reste statique et aussi bien Bréhyr que Chien nous décrivent le monde qui les entoure avec force détails. J'ai abandonné ma lecture mais je ne me souviens déjà plus du début et surtout de l'histoire. Heureusement que tous les goûts sont dans la nature car certains lecteurs ont mis 5 étoiles à ce livre.



Comme vous l'aurez compris, lecture très décevante pour ma part où je rejoins Aelinel et Relax dans leurs appréciations. Ce roman n'est quasi constitué que de descriptions : d'une ville, de ses habitants, du monde, de Dieu, des croisades, d'une tour de guet... Pas trop passionnant en mon sens, surtout avec le style si particulier de Mme Niogret. Je ne sais pas si je relirais de sitôt de son œuvre littéraire. Je vous conseille néanmoins de découvrir ce second tome pour vous en faire votre propre avis.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Coeurs de rouille

« Tu sais, on se ment. Le meilleur souvenir, c'est demain qu'on se le construit. »

Quelle belle histoire ! Dans un univers de ruines, dans une maison remplie de pièces détachées issues des restes de pantins désarticulés, on rencontre un jeune adolescent, Saxe, qui s’est enfui à la recherche d’un rêve de liberté. Dans ce monde où ne subsiste plus d’air frais, plus d’humanité, il va rencontrer Dresde, une Golem. Un être de porcelaine et de métal, ayant la force herculéenne d’un robot et faite de souvenirs conçus par un homme disparu à jamais qu’elle attendait en vain, son Maître. Ces deux êtres vont partir au travers de cette cité mortifère pour trouver une porte sur la liberté. Pourchassés par un autre Golem qui ne survit quant à lui que grâce à la force détenue par d’autres robots, dont il s’empare par la force. Au travers de leur périple ils vont apprendre à se comprendre, à s’aimer, à s’entraider tout en découvrant que cette cité n’est qu’un ruine construite sur des cités passées, un empilement de cités abandonnées au fil des âges, dont seuls quelques survivances ont passé les temps, maintenant les différences de castes entre les hommes. Saxe, gamin exploité depuis son enfance, empli de fantasmes issus d’histoires imaginaires qu’on raconte souvent aux enfants le soir, croit possible de trouver la porte de la liberté, celle qui a été fondue depuis la nuit des temps pour que personne ne s’échappe, que les hommes restent prisonniers de ce monde, que les Golem et leurs sous-genre lobotomisés, demeurent à jamais prisonniers ici. En descendant dans les tréfonds des cités, les personnages vont découvrir une histoire, leur histoire.

C’est un très beau roman, la plume de Justine Niogret berce le lecteur et l’immerge dans son univers mâtiné de steampunk et de poésie. Elle donne force à des êtres rouillés, des êtres ébréchés dans leur porcelaine blanche, parce que l’humanité qui transparaît dans ses mots porte l’espoir dans sa résistance la plus farouche.

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Mordred

J'ai un gros problème avec ce roman...



Tout d'abord j'ai trouvé qu'il n'y avait pas d'histoire.. enfin si il y en a une mais la quatrième de couverture décrit tout le contenu du livre en 4 lignes. Mordred souffrant le martyr repense a son passé, son enfance au côté de Morgause, au jour ou Arthur,son oncle est venu le chercher pour en faire un guerrier..

Mordred est un des chats noirs de l'épopée arthurienne... et du coup on ressent bien les sentiments pessimistes du garçon, ses peines, ses regrets.



Un des personnages incontesté des légendes arthuriennes est Merlin et j'ai ici, ressenti son absence comme une "trahison" de la part de l'auteure. En effet, Mordred qui souffre de façon incroyable, et qui est pourtant plus qu'aimé de la part d'Arthur, son oncle et son père ne reçoit les soin que d'un "simple" mire. Je pense que l'amour paternel aurait du pousser Arthur a faire intervenir le plus grand magicien de l'époque pour sauver son fils... la sagesse n'a plus de mise quand on aime et qu'on est capable de tout pour essayer de sauver les siens... mais cette réflexion n'engage que moi .



J'ai donc trouvé cette histoire pas très passionnante , MAIS il faut quand même reconnaitre que l'auteure a une plume extraordinaire qui rend même une histoire ennuyeuse relativement agréable à lire. Sa prose est simple , efficace, perspicace et incroyablement poétique. Que ce soit pour décrire une scène de guerre, la douleur ou encore le souvenir du vent dans les arbres.



Alors oui j'avoue que je suis complètement sous le charme de la façon d'écrire de Justine Niogret mais le manque d'histoire m'a pesée.. je trouve ça bien dommage parce que je n'aime pas ressentir ce sentiment mitigé à la sortie d'une lecture alors que j'apprécie la plume d'un auteur
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Stephen King

Certes la vie de Stephen King ne débute pas comme un « Conte de Fées » : son père disparu, son frère aîné étrange surdoué peut-être autiste, sa mère qui fait tout pour sortir la famille de la misère-Misery en anglais-, … Il découvre les livres, les Pulp ou les illustrés de SF qui débordent de monstres, puis à son tour l’écriture et sa mère lui offrira bientôt sa première machine à écrire ! Il écrit dans le journal du lycée et sous le manteau distribue un journal clandestin, se passionne pour tout un tas d’engins , motos, camions, voitures -Christine-,…

Si vous voulez dévorer la suite de cette vie incroyable, elle se trouve dans cette magnifique « bio-graphique » dans la même collection « Pop Icons » que la dernière bio passionnante de H. P. Lovecraft qui influencera notamment…SK!

Un livre étonnant où l’on découvre tout ce vécu personnel qui sous-tend la vie littéraire de SK. Par exemple quel est le rapport entre Le Seigneur des Anneaux et La Tour Sombre et quel lien uni Le Pistolero et Clint Eastwood dans le rôle du « Bon »?

Un livre à lire de toute urgence pour qui aime le King, avec de superbes illustrations et un texte érudit et plein d’humour de Justine Niogret.
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Quand on eut mangé le dernier chien

Justine Niogret n’est jamais là où on l’attend.

Après la science-fiction et la fantasy, après la légende Arthurienne puis la littérature blanche… là voici qui s’essaye à la fiction historique avec le court — mais intense — Quand on eut mangé le dernier chien aux éditions du Diable Vauvert. En 200 pages, la française nous transporte dans les glaces polaires de l’Antarctique à la fin de l’année 1912 aux côtés des explorateurs de la « Far Eastern Party ». Prenez votre doudoune et vos bottes fourrées, car Justine Niogret n’est certainement pas là pour vous ménager !



Explorateurs du bout du monde

Entre 1911 et 1914, l’expédition antarctique australasienne explore les régions côtières du continent glacée. Durant cette période, l’Australien Douglas Mawson accompagné du Suisse Xavier Mertz et du lieutenant Belgrave Ninnis partent du Cap Denison le 10 novembre 1912 avec dix-sept chiens et deux traîneaux. Trois mois plus tard, Mawson parvient à rallier son camp de base de justesse. Il est seul, affamé et complètement gelé.

À la fois désastre et prouesse, l’histoire de l’expédition de l’est lointain restera dans les mémoires comme l’une des survies en milieu hostile les plus impressionnantes qui soit. Et c’est précisément cette histoire que se propose de vous raconter Justine Niogret dans son style tranchant comme une lame et avec son âpreté coutumière.



La Marche Blanche

Découpé en courts chapitres numérotés comme un compte-à-rebours vers la mort et qui renvoie au titre du roman, Quand on eut mangé le dernier chien décrit avec une précision incroyable les terres glacées de l’Antarctique. Justine Niogret nous donne le froid à ressentir, un froid qui mort, qui aveugle, qui tranche, qui tue. Elle montre l’animalité de cette région hostile à travers les chiens qui accompagnent les hommes mais aussi par la force des éléments qui se déchaînent autour d’eux ou cèdent sous leur passage.

L’expédition est un pari fou, complètement surhumain et qui, pourtant, convoque ici le courage à l’état brut. On y suit les trois personnages principaux, Ninnis, Mertz et surtout Mawson, trois hommes aux milieu de rien qui veulent l’exploit pour la grandeur et l’Histoire.

La glace ne se laisse pourtant pas apprivoiser ainsi et Justine Niogret nous le rappelle à chaque page. À chaque chien qui disparaît, à chaque sacrifice et à chaque douleur. Peu à peu, l’autrice française glisse vers le roman de survie pur et dur et l’on en reste tétanisé.



Envers et contre tout

Car Justine Niogret imagine ce qu’a pu être le combat du dernier homme debout, celui qui refuse d’abandonner et avance, encore et encore, comme un zombie, comme un robot, comme une figure Christique condamnée au martyr de l’engelure et du blizzard. Quand on eut mangé le dernier chien s’étonne devant la force qui maintient Mawson en vie, devant son courage et sa ténacité hors du commun. Le roman s’interroge : qu’est-ce qui pousse à continuer dans ces moments-là ? Quand vous avez tout perdu, que votre corps suinte et part en lambeau, quand vous n’avez plus rien à manger et quand tout, absolument tout, devrait vous dire de fermer les yeux dans la neige. Justine Niogret avance avec Mawson, le pousse vers l’exploit, s’immisce dans la douleur physique et psychologique. Et l’on peine avec Mawson au fil des pages. Le froid nous saisit à travers les mots de l’autrice, avec cette verve qui sait si bien faire ressortir le noir et de désespoir.

La survie tiendra en haleine jusqu’au bout, pa(ge)s après pa(ge)s… comme une renaissance au monde.



C’est dans la volonté du survivant que l’humain construit sa légende, qu’il traverse les âges et devient sous la plume de Justine Niogret une figure presque fantastique, celle qui lutte alors qu’il ne lui reste rien d’autre que lui-même. Un court et grand roman, des frissons pour l’exploit et la douleur, pour le lecteur et pour l’Histoire.
Lien : https://justaword.fr/quand-o..
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Mordred

Deuxième livre de Justine Niogret que je lis et qui confirme mes ressentis du premier : une très belle plume mais de grandes difficultés à m’accrocher le long de son récit.



Tout le long de ma lecture, j’ai eu du mal à ne pas laisser mes pensées se disperser. J’ai même éprouvé des moments d’ennui certain. La plume est belle, mais elle est là avant tout pour créer une ambiance mêlant les décors physiques et les pensées décortiquées de Mordred. Par moments j’ai eu l’impression de regarder des scènes d’un film de Sergio Leone, avec ses gros longs plans sur le robinet qui fuit goutte à goutte ou sur la mouche qui se balade sur le nez du vilain gangster. Dans cette mer d’ennui, je m’accrochais au moindre rocher d’action qui affleurait, le suçant doucement comme un bonbon.

Parmi ces scènes agréables, le prologue qui conte une pièce avec Renart et le loup Ysengrin, la lutte contre l’Aspic… et puis la bataille. L’auteure se métamorphose dès qu’il s’agit de montrer la violence d’une bataille, ou plutôt elle intègre la violence crue dans son style, l’exaltant et multipliant son impact, comme si les coups étaient portés au ralenti.

Je vous le disais, c’est une ambiance avant tout.



Et l’histoire dans tout ça ? Eh bien je l’ai cherchée tout du long, me demandant où Justine Niogret voulait m’emmener avec cette douleur insupportable qui agresse Mordred, avec ses flashback sur son enfance ou sur ses premiers temps de chevalier. Tout le récit est conté du point de vue de Mordred, et pourtant il nous cache suffisamment ses pensées pour que l’on ne sache pas à quoi on a vraiment affaire.

Jusqu’à la fin où, quelques pages avant le final indescriptible, j’ai compris.

Et là le puzzle s’est assemblé comme par magie. J’ai compris pourquoi Mordred supportait sa douleur depuis des mois, et pourquoi Arthur lui disait qu’il pouvait lâcher prise. Mordred refusait de jouer le rôle que la légende lui avait assigné. Arthur, lui, l’avait accepté. Comprendre le sens de la toile quand on s’en éloigne un peu fait un bien fou. Du coup je reste sur cette bonne impression, en n’oubliant pas le dur chemin qui m’a mené là.



Il faut bien le noter, Justine Niogret s’éloigne beaucoup de la légende. Elle écrit une variation qui veut dédouaner Mordred, le débarrasser de ce rôle de traître. Elle ne s’intéresse qu’au « renégat » et à Arthur, les autres personnages sont quasi absents, même Merlin est réduit au rang de simple mire. Si vous êtes fan des récits sur le Graal et tout ça, vous risquez d’être déçus. Allez voir la critique de lyoko avec qui j’ai fait cette lecture commune.



Je suis maintenant à peu près convaincu que Justine Niogret se trompe en publiant ses livres dans le domaine de l’Imaginaire. Elle écrit des livres qui s’intéressent plus à ses acteurs qu’à l’histoire, avec une portion de fantasy extrêmement congrue (ici il n’y en a pas). Elle ferait mieux de publier dans les collections littérature blanche. Je crois, d’ailleurs, qu’elle a commencé : elle a publié un thriller sous le pseudonyme de Misha Halden

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Stephen King

Dans les mains, un mook d’exception. De la taille d’un magazine, de l’épaisseur d’un roman. 300 pages pour un biographie de Stephen King richement imagée par 70 illustrations inédites, un projet proposé par l’équipe du magazine L’écran fantastique.



Ce n’est pas le premier livre sur le King, et certainement pas le dernier. Mais celui-ci est singulier, bien loin des bios traditionnelles. Par sa forme et par son fond.



Le texte tout d’abord, proposé par l’écrivaine Justine Niogret, bien connue des lecteurs de fantasy et de SF. Tombée dans l’escarcelle du King dès l’âge de 9 ans avec Cujo, un auteur qui a donc clairement compté dans le fait qu’elle se lance elle aussi dans l’écriture.



Les illustrations ensuite, réalisées par 29 dessinateurs, tous reconnus dans le domaine, avec chacun leur patte personnelle, dans des ambiances très différentes, imageant avec talent la vie et l’œuvre de Stephen King.



Le tout se révèle particulièrement riche et résolument moderne.



L’autrice nous retrace avec soin l’enfance compliquée du King, ses débuts dans la misère, son parcours, ses embûches de départ, ses addictions, ses thèmes de prédilection, ses livres et le lien entre eux…



Ce n’est pas juste un « simple » texte, mais une vraie œuvre littéraire, Justine Niogret imprimant elle aussi son empreinte à coup de phrases chocs et de bons mots. Toujours avec une grande admiration qui déborde de ses lignes.



C’est absolument passionnant à lire, et les illustrations en mettent plein la vue. La carrière de Stephen King est un modèle d’abnégation, un homme qui n’a jamais rien lâché, malgré son existence miséreuse du début, malgré ses démons intérieurs. Sans jamais donner de leçons aux autres.



Cette biographie permet de mieux comprendre l’homme derrière l’écrivain et découvrir comment s’est forgé ce mythe populaire.



Les 70 illustrations donnent vie au texte et à l’objet, pour en faire un livre unique et précieux. Pour les collectionneurs, mais aussi pour tous les lecteurs fidèles ou occasionnels de Stephen King. Une biographie à élever au rang d’œuvre d’art.
Lien : https://gruznamur.com/2022/1..
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Mordre le bouclier

Je poursuis joyeusement la bibliographie de Justine Niogret et j’attaque son deuxième roman au titre peu commun : Mordre le bouclier.



Difficile de critiquer comme il convient un tel ouvrage quand on vient de terminer sa lecture en découvrant l’avis du cador qu’est Jean-Philippe Jaworski en postface (auteur qu’il me tarde de lire prochainement). Celui-ci a tout parfaitement résumé, mais malgré tout, tentons de cerner quelques grandes lignes de Mordre le bouclier.



Dans cette suite directe de Chien du Heaume, Justine Niogret dévoile davantage la quête de l’héroïne pour retrouver son nom et marcher sur les traces de son père. La première partie de cette quête est bouclée très rapidement dans ce roman, la seconde en revanche s’éternise un peu plus. Nous pouvons déjà remarquer qu’à l’inverse du premier tome, celui-ci prend un départ plus poussif avant d’accélérer nettement la cadence vers la fin (peut-être cet avis est-il dû en partie au fait que j’ai lu le deuxième tome de manière plus saccadée).

Dans tous les cas, Justine Niogret réussit habilement, par de belles scènes tantôt épiques, tantôt très personnelles, à vanter son amour des livres, à aborder des sujets aussi philosophiques que le « corps blessé » ou le « corps-objet », voire même à nouer son histoire dans un onirisme désormais complètement assumé. C’est d’ailleurs par ce dernier élément que le peu de magie du roman apparaît. Un personnage mystérieux du premier tome fait alors son retour et scelle une nouvelle fois le destin d’un ou plusieurs personnages. Ce couperet fatidique semble inéluctable et rend certaines situations particulièrement tristes et touchantes.

À ce premier niveau de lecture, d’innombrables autres peuvent se dévoiler au gré des idées du lecteur, c’est là l’astuce de cette auteure, je crois, et Jean-Philippe Jaworski le souligne très bien en postface. Tome relatant la peur de tomber dans une folie personnelle, Mordre le bouclier prend aux tripes sans forcément qu’on se rende compte d’où vient ce mal. Malgré tout, on se prend au jeu et en creusant encore davantage, on comprend l’incroyable prégnance de la mythologie au sein de ce récit. Sans aller jusqu’à invoquer les totems et les héros divinisés comme Jaworski, je dirais que c’est l’histoire en elle-même qui pourrait faire office de mythe dans le sens où on voit sous nos yeux un monde nouveau se construire et où on suit un personnage qui découvre un monde qu’elle pensait connaître mais qui se révèle particulièrement complexe pour elle. Et finalement même, ne pourrait-on pas se questionner sur l’intérêt de la quête de Chien ? À tourner en rond dans le premier tome et à suivre Bréhyr dans le deuxième, l’héroïne peut apparaître tout au long du récit comme en train d’accomplir une non-quête, comme si elle se voilait continuellement la face. Les dernières réflexions avec Saint Roses et les dernières lignes du récit viennent un peu contredire cette idée qui avait germée en moi en lisant Mordre le bouclier. Toutefois, on peut remarquer le pied de nez de la toute dernière phrase : « Un nom ne vaut pas toute une histoire » ; l’auteure semble se moquer d’elle-même (ce qui semble être dans son caractère) et c’est assez rare chez beaucoup d’auteurs pour être souligné et apprécié à sa juste valeur.



Mordre le bouclier est donc une nouvelle preuve du style passionnant et atypique de cette auteure, surtout quand on le met en perspective avec le ton volontairement détendu et enjoué adopté dans le lexique, rendez-vous désormais attendu et ô combien jubilatoire (Justine Niogret fait des blagues sur des poètes presque inconnus et cite une recette en latin : rien que pour ça, elle a toute ma considération !).

La fantasy française, portée notamment par Justine Niogret, a de beaux jours devant elle…



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Mordred

« Mordred » signe le grand retour en fantasy de Justine Niogret, figure désormais incontournable de l'imaginaire français, après un bref passage par la science fiction avec le sombre et percutant « Gueule de truie ». L'occasion pour les éditions Mnémos de procéder à un petit relooking (illustration plus sobre, format plus petit) et de donner le coup d'envoi de l'importante opération promotionnelle initiée par les « Indés de l'Imaginaire », collectif regroupant depuis 2013 trois maisons d'édition spécialisées (Mnémos, Les Moutons Électriques, ActuSF). En même temps que « Mordred » sont ainsi arrivés chez nos libraires le 22 août dernier « Même pas mort » de Jean-Philippe Jaworski et « La chasse sauvage du colonel Rels », recueil de nouvelles d'Armand Cabasson. Autant dire qu'il s'agit là d'auteurs qui ne jouent pas dans la petite cour ! On retrouve dans le roman de Justine Niogret cet univers médiéval qui lui est cher et dont elle use à nouveau afin cette fois de rendre hommage aux légendes arthuriennes. Un choix peu originale, pourrait-on penser, seulement ce serait mal connaître l'auteur qui trouve le moyen de nous surprendre en prenant pour héros la bête noire par excellence du mythe arthurien. Renégat, régicide, parricide, fruit de l'inceste..., les mots ne manquent pas pour qualifier le personnage de Mordred que Justine Niogret entend montrer ici sous un jour différent, non pas dans l'idée d'une réhabilitation mais plutôt dans le but de démontrer que chacun a un rôle dans une épopée, et que celui de Mordred n'est peut être pas celui que l'on croit...



Si l'originalité du sujet conjuguée au charme sans pareil du style de Justine Niogret ont rendu cette lecture fort agréable, il me faut toutefois admettre avoir été quelque peu frustrée, à défaut de déçue, par l'histoire servie ici par l'auteur. « Mordred » dispose pourtant de solides atouts, à commencer par l'ambiance très particulière, faite amertume, de mélancolique et de résignation, qui baigne l'ensemble du roman. Certes, Justine Niogret ne nous avait jamais habitué à des lectures pleines d'espoir et de joie, mais la vision proposée du règne d'Arthur frappe malgré tout par la profonde tristesse qui s'en dégage. On est pourtant loin de la violence d'un « Gueule de truie » ou même de « Chien du heaume », mais de tous les ouvrages de l'auteur c'est bien celui-ci qui se distingue de part la profonde nostalgie qu'il réveille de façon surprenante chez le lecteur. « Ces choses sont finies, elles sont passées avec Morgause et Arthur. Des couloirs venteux, voilà ce qu'il reste, et un hiver qui ne sait plus finir. Des vieilles gens, des légendes qui perdent leur délicatesse parce qu'on les laisse se couvrir de poussière. » Des mots qui illustrent très bien l'ambiance douce-amère qui imprègne du début à la fin l'histoire de ce chevalier malmené par la légende. Parmi les points forts du livre figure évidemment également le style toujours aussi travaillé de l'auteur, mélange de crudité et d'onirisme qui constituent désormais sa marque de fabrique.



Le roman n'est cela dit pas exempt de tout défaut. On pourrait notamment reprocher à l'auteur une narration trop décousue liée aux allers-retours permanent du passé du personnage (son enfance auprès de Morgause, sa rencontre avec Arthur, ses premiers combats...) à son présent (l'impuissance et la douleur dues à ses blessures). Le roman se caractérise également par sa très grande pudeur, trait déjà très présent dans les précédents ouvrages de l'auteur mais qui cette fois est poussée trop loin à mon goût et rend l'attachement aux personnages et l'investissement du lecteur dans l'histoire assez compliqué. Cet excès de pudeur touche essentiellement aux relations entre les personnages, qu'il s'agisse d'Arthur et Morgause ou surtout d'Arthur et Mordred. Le non dit permanent concernant la véritable nature des liens les unissant les uns aux autres (père/fils ? oncle/neveu ? frère/sœur ? amant/amante ?) est à mon avis une bonne idée, seulement la majorité de leurs échanges finissent par se trouver plombés par ce tabou et à devenir ainsi bien trop sibyllins. Un peu comme si le lecteur surprenait sans le vouloir une conversation entre les personnages en sachant qu'il n'est supposé ni l'entendre ni la comprendre. Une impression renforcée par la trop grande brièveté du roman qui dépasse à peine les cent-soixante pages, ainsi que par le manque de relief de la plupart des (peu nombreux) personnages, à l'exception de Mordred. C'est notamment le cas des femmes, Morgause autant que Guenièvre, qui n'interviennent quasiment jamais dans le roman, si ce n'est lors d'une ou deux brèves scènes ou lorsque Mordred et Arthur se prennent à les évoquer.



Un roman sans aucun doute atypique, tant de part le choix de son protagoniste que par l'ambiance très particulière dans lequel il plonge le lecteur. La trop grande brièveté de l'ouvrage ainsi qu'une trop grande pudeur dans le traitement des relations entre les personnages empêchent toutefois le roman de véritablement décollé. Ceux qui avaient déjà apprécié les précédents ouvrages de Justine Niogret devraient cela dit tout de même trouver leur bonheur dans ce « Mordred », bien loin des légendes traditionnelles.
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Gueule de Truie

On découvre souvent Justine Niogret avec son diptyque chez les éditions Mnémos, Chien du heaume et Mordre le bouclier, mais elle a aussi écrit un roman post-apocalyptique chez les éditions Critic : Gueule de Truie. Encore un titre difficile à oublier !



Ses lecteurs y sont habitués et les nouveaux apprécieront : le style de Justine Niogret est rude, vif et tranché. Ambiance post-apocalyptique oblige, l’autrice se fait plaisir pour laisser parler son langage haché menu. En somme, lire du Justine Niogret, ça se reconnaît vite. Ici, elle utilise toutefois un ressort habituel de certains romans post-apo, les termes inventés après la déliquescence consécutive à ladite apocalypse. Rien de très compliqué, mais la tentative est là. Pour le reste, si son onirisme médiéval vous avait plu, son mysticisme post-apocalyptique devrait passer relativement bien, tant qu’on reste dans son trip très personnel autour de la religion.

À l’image de ce style âpre, l’histoire de Gueule de Truie est brève et sèche. Après une catastrophe, la vie sur Terre tient plus du cauchemar que du rêve éveillé, tout comme la quête du héros tiendra plus du chemin de croix que de la balade tranquille au milieu des pâquerettes. Gueule de Truie est le nom que le héros a reçu quand il est devenu une Cavale, un inquisiteur chargé de traquer les derniers humains restants par les Pères qui considèrent que l’Apocalypse est divine mais que, pour atteindre le Jugement dernier, il faut finir le travail à demi-réalisé jusqu’ici. Dans sa traque, Gueule de Truie est obligé de porter un masque terrifiant, très bien illustré en couverture par Ronan Toulhoat, dessinateur de Block dans le même ton. Il fait rapidement la connaissance d’une jeune fille esseulée et tenant une boîte au contenu mystérieux (qui a dit MacGuffin ?). Dilemme moral et humain pour le héros : où le mènera sa quête dans ce monde à l’abandon ?

Le récit est un poil étiré, donnant l’impression que nous avons affaire à une nouvelle étendue dans l’optique d’un court roman. À mon humble avis, nous partons aussi beaucoup trop dans le mystique à outrance, en surinterprétant les événements et leur « destin ». Bien sûr, nous sommes dans un contexte volontairement intégriste, mais vu les questionnements du héros dès le départ, il n’y avait peut-être pas besoin d’en faire tant, surtout que la toute fin nous laisse un peu sur notre faim.



Premier roman un peu dispensable de Justin Niogret (il en fallait bien un), Gueule de Truie parlera surtout aux acharnés (pas de décharnés ici) du post-apo.



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