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Critiques de Kazuo Ishiguro (1080)
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Auprès de moi toujours

L'eugénisme, le clonage, le "don" ou le trafic d'organes sont des thèmes dont la littérature et le cinéma se sont repus - avec plus ou moins de bonheur - depuis des lustres.



Ne voir que cela dans le roman de Kazuo Ishiguro me semble un peu court...Cela dit, je ne dénie à aucun lecteur l'authentique et sincère bon droit de voir dans une lecture autre chose que ce que j'y vois, y compris celui de n'y rien voir du tout et mieux encore d'y voir l'opposé que ce que je suis persuadé y avoir vu...



Le pitch - mot volontairement utilisé pour faire comprendre à qui s'intéresse à mon propos que je n'ai nullement l'intention ici de me lancer dans un énième résumé explicatif de l'oeuvre - est une histoire - le fameux "triangle" - d'amour et d'amitié entre la narratrice Kath, sa meilleure amie Ruth, et son meilleur, meilleur ami Tommy, dans l'Angleterre provinciale de la seconde moitié du XXème siècle, une Angleterre post seconde Guerre Mondiale qui, après les millions de morts du conflit, a décidé de se lancer dans le clonage aux fins de dons d'organes et d'éradication des maladies...

Les trois protagonistes sont donc des êtres humains clonés ou peut-être ne sont-ils que des clones... c'est en partie la question que pose ce roman, ce thème en entraînant bien d'autres... m'a-t-il semblé...



Le parti pris de l'auteur est celui d'un narratif et d'une narratrice qui, de par le contexte et les circonstances, interpellent sans pathos, sans amertume et sans rébellion le monde "extérieur" que nous lecteurs sommes supposés représenter.



De nous et de notre - nos - réaction dépend donc la "morale" et la vision de ce monde qu'on a fait leur...et nous seuls saurons dire si leur monde est matière à pathos, à amertume, tristesse et rébellion...et in fine si nous serions prêts à accueillir et à cautionner un tel monde...



Kath, Ruth et Tommy sont certes des clones évoluant dans une société "eugénisante", mais ils sont aussi une préfiguration questionnante sur un possible, sur une dérive systémique d'un monde à venir ou en devenir...



Les suivre, les écouter, les entendre et qui sait les comprendre et les aimer... c'est déjà se positionner par rapport à ce qu'ils préfigurent, à ce qu'ils annoncent, à ce qu'ils véhiculent en tant que "greffons" d'un corps social qui aurait fait le choix d'évoluer vers tel ou tel modèle systémique...



Kazuo Ishiguro a l'écriture simple et patiente de qui sait qu'il faut prendre son temps et revêtir sa plume de la tunique de l'humble pour que les mots puissent faire sens, toucher, impliquer, mobiliser...



"L'eugénisme, le clonage, le "don" ou le trafic d'organes...", ai-je dit en introduction, sont des pratiques ayant déjà cours dans notre monde.

Jusqu'à très peu, on pouvait se réfugier et se rassurer derrière un certain ordre mondial régi par des règles internationales, des lois et des "gardiens" de l'ordre en question, pour se persuader que ces pratiques étaient circonscrites au périmètre civilisationnel où elles avaient vocation à demeurer...



Dans un monde qui s'est officiellement et historiquement dérégulé le 24 février 2024, où chacun a décidé de ne plus faire que ce qu'il a envie de faire, quitte à sauter par-dessus les traités, la parole donnée, les tabous... on peut sérieusement s'interroger sur le devenir de tous ces verrous éthiques et humanistes qui sautent les uns après les autres... et qui, bon an, mal an, ont été jusqu'à un passé récent les piliers séculiers de l'édifice branlant que forme le couple imparfait humanité-civilisation..



En ce sens, - Auprès de moi toujours - peut être perçu comme une de ces voix venue rejoindre le choeur de celles qui nous alertent sur les risques du grand chambardement en cours...



En conclusion, je recommande ce roman pour ses qualités d'écriture, pour sa structure narrative "oscillante", pour son trio attachant, pour les thèmes qu'il aborde et ceux qu'il génère, pour sa mise en garde "implicite"...
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Klara et le Soleil

Avec Klara et le soleil, Kazuo Ishiguro s'insère dans les circuits d'une androïde au sein d'un futur proche. Il se place du côté de l'intelligence artificielle, utilisée pour mettre à jour les poupées d'antan et réaliser le fantasme de jouets devenus de véritables amis. Narratrice radieuse, Klara s'allume et s'intègre peu à peu dans ce meilleur des mondes possibles, qu'elle nous décrit perpétuellement avec espoir, elle qui est censée aider les enfants à se développer et à se sentir moins seuls.



Comme Pinocchio, Klara est une poupée très humaine. Sa spécialité est d'observer et d'enregistrer. Par-dessus tout, elle enregistre la lumière du soleil. Elle s'en nourrit physiquement (ses batteries fonctionnent à l'énergie solaire) et spirituellement. Car à l'insu de tous les humains qui l'entourent, elle développe un mysticisme solaire. le soleil est pour elle un dieu qui n'est jamais nommé ainsi mais qu'elle invoque dans des prières idiosyncratiques, en une ébauche naïve de religion : à travers Klara, l'intelligence artificielle commence subrepticement à rattraper le cerveau humain jusque dans ce qu'il a de plus spécifique. Klara est presque une vraie petite fille.



Le récit baigne dans une forme de douceur limpide et solaire, et l'optimisme de la voix narrative de Klara donne la fausse impression que rien de négatif ne se produit jamais. Sous cette simplicité souriante, Ishiguro aborde des sujets très difficiles, tels que la compétition sociale, la dépendance à la technologie et les abus des parents envers leurs enfants (avec la bénédiction inconsciente de ceux-ci, ce qui est encore plus dérangeant). Klara nous dévoile tout cela avec sa vision particulière qui met les choses dans des boîtes (comme des pixels) et guette partout l'intervention providentielle du soleil : une pensée imparfaite et arbitraire, reflet de la nôtre, ni pire ni meilleure mais aidant à la remettre en perspective. Et dans un monde dystopique, en déclin spirituel, le salut vient peut-être de la machine qui apprend à rêver. A travers elle, Ishiguro encense l'enfance, le merveilleux. Nous avons affaire à un conte de fées autant qu'à un roman de science-fiction, et on reconnaît ainsi la filiation d'Ishiguro avec sa mentore et amie Angela Carter.



Malgré une violence émotionnelle parfois très présente, ce n'est jamais vraiment un conte cruel… quitte à laisser en plan certains points qu'il aurait été intéressant de développer davantage si l'auteur avait bien voulu se montrer plus méchant envers ses personnages (). La fin m'a paru un peu inoffensive et mièvre au regard des attentes élevées qu'avaient soulevé en moi le reste du récit.



Mais je pense que l'objectif d'Ishiguro n'était pas de suivre jusqu'au bout ses idées les plus abrasives. Au contraire. Il ne voulait pas donner tort à Klara d'espérer, il ne voulait pas que le récit contrecarre désespérément la douce voix narrative qui l'imprègne comme un sanctuaire, comme une prière païenne adressée au soleil. le plus important n'était-il pas que cette voix soit tenue de bout en bout ? le plus important n'était-il pas de préserver, le temps d'un roman, la lumière que l'on se rappelle avoir vue et enregistrée lors d'un passé où tout semblait possible, lors de l'enfance ?



L'art aussi est une forme de mysticisme, et c'est dans de belles pages que nous créons mentalement un bel endroit où l'on aimerait, comme Klara observer et enregistrer la lumière du soleil.



https://www.youtube.com/watch?v=g0Cu9GOWHHc
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Klara et le Soleil

Je l'avoue, j'ai été déçue....

J'avais lu "les vestiges du jour" que j'avais trouvé lent.

J'ai fini il y a quelques jours "Klara et le soleil" que j'ai trouvé.... lent....

Pourtant l'un est un récit historique, l'autre un texte de SF.

Pourtant j'ai aimé être à la place de Klara, IA qui doit servir de meilleure amie à une jeune ado. Le sujet était intéressant avec cette IA qui découvre tout. Mais je ne sais pas, je m'attendais peut-être à une critique de notre société ou à des questions plus ou moins philosophiques ou éthiques sur notre futur. J'ai trouvé cette partie (traditionnelle en SF) inexistante au profit d'un récit certes poétique mais trop inabouti pour moi.

J'ai commencé à toucher à une partie plus fondamentale avec la question de "devenir Josie" (je ne veux pas déflorer). Mais cette partie est tellement courte alors qu'elle promettait de beaux questionnements qui sont à peine ébauchés. Je m'attendais à m'interroger.... c'est raté pour moi.

tant pis !
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Petite déception avec ce recueil de nouvelles, d'un auteur dont j'ai beaucoup aimé les trois romans que j'ai lus.

Ces cinq nouvelles, organisées autour des mêmes thèmes - la musique, le couple en déliquescence - et le même type de personnages - un narrateur à la carrière qui ne décolle pas, un peu banal, des femmes à la personnalité ambivalente...- finissent par se confondre une fois le recueil terminé; elles sont construites comme des variations dont les dénouements sont systématiquement en queue de poisson.

C'est vrai que certains passages, surtout dans la première nouvelle où un homme se retrouve dans une situation complètement absurde parce qu'il a froissé la page d'un journal intime de son amie et qu'il essaie de cacher son acte, certains passages comme celui-ci donc m'ont bien fait rire, mais dans l'ensemble, je me suis un peu ennuyée et je trouve que ce livre n'est pas du tout à la hauteur de ce que Kazuo Ishiguro a pu écrire d'autre. Ces nouvelles sont beaucoup plus terre-à-terre que ses autres récits, nimbés de mystère. Dommage!







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Les vestiges du jour

Booker Prize 1989



Livre magnifiquement écrit. C’est l’histoire de Mr Stevens, majordome à la résidence de Lord Darlington et, plus tard, la résidence de Mr Farraday. En prenant une semaine de vacances dans la campagne anglaise (ce qu’il n’a jamais fait) il nous raconte sa vie, son amitié avec Miss Kenton, ancienne collègue de travail qu’il va justement voir … Mr Stevens est un être de retenu, sa vie est consacrée à servir le mieux possible et avec dignité son patron et les invités. Il n’a pas de réelle vie privée. Lorsqu’il se trouve seul dans son bureau, il fume un cigare et lit un peu. Il dirige d’une main de fer tous les serviteurs de la maisonnée et tout doit être parfait. Il ne s'immisce jamais dans les discussions à moins d’y être invité. On dirait que ses sentiments, impressions, sont enfouis au plus profond de lui. Il ne comprend rien à l’amour et passe probablement à côté d’une personne qui, elle, n'attend qu’un signe. C’est bien triste de voir un être si coupé de ses émotions, un être tellement fidèle à son employeur qu’il ne doute aucunement des agissements de ce dernier. Un être réprimé qui n’existe que par son travail.



Kazuo Ishiguro connaît bien l’Angleterre car il y a vécu dès l’âge de cinq ans. Il nous décrit la réalité de l’époque comme si on y était. Le langage, le vocabulaire et l’écriture y sont recherchés. Un bien beau livre à se mettre sous la main qui nous fait voyager dans l’Angleterre des années troublées par la guerre, les alliances, et le doute.



Kazuo Ishiguro a reçu le Prix Nobel de littérature en 2017.

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Auprès de moi toujours

Encore une découverte d'auteur et excusez du peu mais du Prix Nobel de Littérature en 2017 dont j'ai depuis très longtemps sur mes étagères Les vestiges du jour que j'avais acheté suite au film que j'avais beaucoup aimé et pour une fois le film m'avait poussée à découvrir le roman..... Là c'est le titre qui m'a interpellé. Auprès de moi toujours, le genre de titre qui vous frappe parce qu'il est porteur une douce mélancolie,  une volonté de ne jamais quitter, oublier un lien qui vous unit à une personne. Un lien d'amour, d'amitié ....



Pour Kathy H.,31 ans, il s'agit de se remémorer son enfance à la fin des années 1990 à Hailsham, en Angleterre, dans ce manoir isolé, coupé du monde dont aucun des enfants ne doit franchir les clôtures sous peine, d'après la rumeur, de s'exposer à mille dangers. Kathy, la douce Kathy se souvient de son attirance et amitié qui la liaint à Ruth, plus volontaire et Tommy, sensible et coléreux.



Dans ce roman dystopique  l'auteur imagine Hailsham comme une communauté d'enfants "créés" uniquement pour devenir des clones donneurs d'organes vitaux.  Ils mourront jeunes, après avoir fait trois voire quatre dons, ils savent très jeunes qu'ils sont stériles, qu'ils doivent se préserver, qu'ils sont uniques car ils ont en quelque sorte une "mission" à accomplir : offrir des organes sains. Une dystopie qui pourrait devenir une réalité un jour, n'existe-t-ils pas déjà des enfants thérapeutiques mis au monde pour en sauver d'autres



"Comment demander à un monde qui en est arrivé à considérer le cancer comme guérissable, comment demander à un tel monde d'écarter cette guérison, de retourner à l'époque noire ? Il n'y avait pas de retour en arrière. Même si les gens se sentaient mal à l'aise à cause de votre existence, leur principal souci était que leurs propres enfants, épouses, parents, amis ne meurent pas du cancer, de la sclérose latérale amyotrophique, d'une maladie du coeur.  Pendant longtemps vous avez été tenus dans l'ombre, et les gens s'efforçaient de ne pas penser à vous. Et si cela leur arrivait, ils essayaient de se convaincre que vous n'étiez pas vraiment comme nous. Que vous étiez moins qu'humains, aussi ça ne comptait pas. (p402)"



Kazuo Ishiguro soulève bon nombre de questions sur le clonage, ses limites. Non ce n'est pas un roman léger, il est même oppressant par moment, en particulier quand on imagine la vie de ses enfants, ses jeunes adultes, promis à n'avoir d'autres fonctions que médicales, pour sauver d'autres vies au prix de la leur. 



Il règne dans ce roman une ambiance très particulière qui oscille entre l'horreur de la situation de ces êtres qui semblent ne ressentir que peu d'émotions en dehors de celles autorisées ou données par l'institution (mais ils n'ont rien connu d'autres que Hailsham et ne savent que peu de choses sur ce qui se passe à l'extérieur) et les questionnements que nous nous posons et auxquels Kathy, au fur et à mesure de sa narration, répond en se souvenant des instants où elle-même et ses deux amis ont eu leurs propres interrogations. Grâce à cette construction, on comprend leur conditionnement, leur résignation, leur abnégation.



C'est une histoire d'amour et d'amitié, une sorte de roman d'apprentissage, entre trois êtres aux personnalités très différentes. Entre Kathy et Ruth une sorte d'amitié-rivalité les oppose, un peu à la manière de Lila et Elena dans L'amie prodigieuse : ce que l'une a l'autre prend plaisir à l'avoir en premier et Ruth n'a aucune limite dans ce domaine mais elle exerce une telle fascination sur Kath que celle-ci accepte de voir le couple se former sous ses yeux, se tiendra à l'écart même si Tommy garde pour elle un tendre sentiment. Elle choisira d'ailleurs de devenir Accompagnant c'est-à-dire d'assister les donneurs dans leur parcours chirurgical jusqu'à leur "terminaison".



Les termes choisis par l'auteur : Donneur, Vétéran, Accompagnant, Terminaison et l'environnement dans lequel il installe ses personnages donne une idée du climat sombre, distant, anonyme, d'ailleurs chacun n'est identifié que par un prénom et une lettre comme Kathy H. Une usine à organes ....



Hailsham est un lieu de manipulation des cerveaux, les enfants étant conditionnés à accepter le monde qu'on leur propose fait de cadeaux (la Vente) d'aucune valeur, d'encouragements à se respecter soi-même, de l'attente du passage de Madame qui sélectionnera leurs travaux artistiques pour être exposés dans la Galerie, une manière d'être enfin sur le devant de la scène, d'exister leur semblent-ils. Aucune révolte, aucune colère, ils n'ont connu qu'Hailsham, son enseignement, ses règles et sont résignés à leur sort n'ayant rien connu d'autres, ils sont presque déshumanisés et à travers Kathy c'est la découverte de sentiments de la part de certains d'entre eux



Ce qui est le plus surprenant dans ce roman c'est le contraste entre l'histoire, assez monstrueuse et la douceur du récit, de l'écriture même lorsque les enfants ont la révélation de leur devenir. C'est à la fois beau, glaçant, douloureux, inquiétant et c'est le genre de récit qui laisse une trace et des questionnements longtemps après. Pas de violence, pas d'éclats et cela donne encore plus de force au récit.



J'ai découvert dans ma pile de DVD l'adaptation cinématographique en 2010 Never let me go de Mark Romanek avec Keiro Knightley, Andrew Garfield, Carey Mulligan et Charlotte Rampling que j'avais achetée il y a très longtemps et jamais vue..... Donc je l'ai visionnée à la suite de ma lecture. Evidemment et comme souvent, même si le film est très beau et reprend la trame du roman, il n'y a pas toute la richesse des détails fournis dans celui-ci. J'ai trouvé que la première partie du film sur l'enfance à Hailsham bien trop rapide alors que dans le livre elle tient une place prépondérante puisqu'elle conditionne tout le reste et quelques modifications de faits.
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Lumière pâle sur les collines

Ma première lecture de Kazuo Ishiguro, avec son premier roman, Lumière pâle sur les collines. Une bonne surprise. Etsuko, femme japonaise d'âge mûr émigrée dans la campagne anglaise, se souvient après le suicide récent de sa fille aînée Keiko, des événements qui ont marqué sa vie. Keiko, née d'un premier mariage au Japon avec Jiro n'a jamais supporté l'émigration à Londres, six ans plus tôt, la perte de ses racines, se confinant dans la solitude et n'étant proche ni de sa demi-soeur Niki ni de son beau-père aujourd'hui disparu également. Etsuko dans une pudeur et une retenue toute nippone, ne cède pas à l'émotion mais voit resurgir des scènes de vie, des dialogues avec les personnes fréquentées dans son passé japonais à Nagasaki, quelques années après les ravages de la bombe.

À travers la voix d'Etsuko, nous observons ses relations avec son mari Jiro, avec son beau-père Ogata-San, avec une vieille tenancière d'auberge Mme Fujiwara, et avec une amie voisine, Sachiko et sa jeune fille Mariko. Et derrière ces moments et conversations apparemment anodins se dessinent le traumatisme du passé récent, la vie est parfois bien difficile financièrement notamment pour des familles décimées et déracinées (Etsuko va aider Sachiko à trouver un travail chez Mme Fujiwara et devoir lui prêter de l'argent).



Lorsqu'ils étaient jeunes adultes, ils rêvaient d'une vie meilleure. Jiro était un bourreau de travail, Etsuko était enceinte de Keiko, Sachiko ne pensait plus qu'à émigrer aux États-Unis avec son amoureux américain...Mais les anciens comme Ogata ruminaient la nostalgie d'un glorieux passé impérial et semblaient déjà ne plus trop comprendre ce qui se passait dans ce monde nouveau qui évoluait si vite.



Pourtant, l'attachement à cette terre anime aussi la petite Mariko, têtue et si proche de la nature et de ses petits chats, qui pour rien au monde ne voudrait partir...Mais sa mère Sachiko, quelque peu négligente et obnubilée par ses rêves d'évasion américaine, ne prête pas assez attention aux incessantes fugues de sa fille dans les bois alentours. Etsuko s'inquiète pour cette petite fille à la fois garçon manqué et sensibilisée par ses horribles visions encore récentes de la guerre. À juste titre...



Ce roman se lit avec grand plaisir, l'écriture est de qualité, simple et fluide mais sans être indigente. Les dialogues sont intelligents (À comparer avec le trop fréquent enculage de mouches de Haruki Murakami !). Nous comprenons mieux les difficultés qui ont saisi la société japonaise à la fin des années 40, la reconstruction s'étant doublée d'un traumatisme jamais connu avant et d'une profonde transformation de la société, vécu souvent douloureusement comme une perte du monde ancien par la vieille génération. Nous voyons également dans ce contexte les inégalités de revenus accentuées par cette période post-apocalyptique. Nous saisissons aussi l'importance des liens familiaux, avec ces générations qui vivent sous le même toit, mais des liens qui finissent parfois par peser.



L'auteur utilise le procédé de la répétition pour faire passer l'état d'esprit et le caractère de ses personnages : Ogata tourne en rond dans ses dialogues avec son fils et sa belle-fille, sans doute parce qu'il ne comprend plus ce monde qui change. La petite Mariko en fait de même, elle est obsédée par ses chatons et n'en démord pas. Et face aux réflexions égoïstes et idéalistes de Sachiko, les "Je vois..." répétés d'Etsuko démontrent sa perplexité sur le sens des responsabilités de cette femme.



Ishiguro suggère beaucoup par l'attitude de ses personnages, leurs inter-relations, mais laisse une grande part au non-dit, au mystère...nous devinons qu'Etsuko et Jiro ont divorcé, qu'Etsuko a émigré à Londres avec Keiko, s'est remise en couple avec un britannique, aujourd'hui décédé, qu'elle a eu avec lui sa seconde fille Niki...Mais il reste bien des zones de mystère, confinant même à un certain malaise, face à la répétition de l'histoire personnelle des deux femmes, Etsuko et Sachiko...Comme un cercle, un cycle maudit...A moins qu'Etsuko et Sachiko ne fassent qu'une ?



Un beau roman sur les souvenirs et la mémoire qui s'embrume, sur les déchirements provoqués par la guerre, sur les femmes et leur condition au Japon, la difficulté des relations familiales et inter-générationnelles, les racines géographiques (urbaines ou rurales) et culturelles, sur la résilience, qui laisse le lecteur libre de sa propre compréhension de cette histoire. Et puis j'ai été ému par la personnalité de la petite Mariko, enfant écorchée et définitivement incomprise de sa mère, qui trouve son réconfort dans l'amour obsessionnel qu'elle porte à ses petits chats, jusqu'à sceller son sort au leur...



Un grand roman par un Japonais exilé, qui explore l'histoire et l'âme des japonais comme peut-être mieux que les Japonais "de l'intérieur" eux-mêmes, un peu comme ceux d'Aki Shimazaki.
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L'Inconsolé

C'est la deuxième fois que je lis ce roman. Pendant les 5 ans écoulés depuis ma première lecture j'avais oublié les lignes directrices de la narration, mais j'avais très bien fixé au fond de moi un grand nombre d'images. Ce roman volumineux (900 pages) nous enveloppe dans son atmosphère onirique, dans ses dialogues d'une politesse et d'une douceur excessives, dans sa trame dont on ne voit pas où elle mène, comme dans une flânerie sans but. En même temps, nous sommes trainés, à l'image du personnage principal, dans les méandres des rebondissements et contretemps, dans les méandres des lieux qui communiquent parfois entre eux de façon tout à fait invraisemblable, dans les méandres de la mémoire des personnages qui semblent parfois avoir oublié des choses essentielles de leur existence (le personnage principal est-il marié à Sophie ? Est-il le père de Boris ?), et il se produit parfois des courts-circuits dans la narration, nous ramenant brusquement dans le passé des personnages. Nous voyons surnager des personnages en attente de reconnaissance, de la part de leurs parents notamment, dans des lieux fantasmatiques : complexes de logements austères à la géométrie bizarre, salles de concerts et hôtels comprenant de nombreuses portes et méandres, dans lesquels le personnage principal se perd, de la même façon qu'il perd de vue les choses essentielles de sa vie pour se laisser détourner par de multiples sollicitations.
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Le Géant enfoui

Sans la caution du nom de l’auteur sur la couverture, je n’aurais sans doute jamais emprunté ce roman. Mais Kazuo Ishiguro n’est pas un inconnu même si c’est un auteur plutôt rare. Son dernier roman date de 2005, c’est le très beau Auprès de moi toujours, qui brasse beaucoup de thèmes sur fond de roman d’anticipation. C’est la richesse psychologique qui m’a le plus frappée dans ce roman. J’ai lu aussi Quand nous étions orphelins, et même si cette lecture date, je me souviens encore de l’évocation très visuelle de Shanghai au début du vingtième siècle.

Dans Le géant enfoui, l’auteur remonte cette fois aux tout débuts du Moyen-Âge. Un couple de villageois âgés, Axl et Beatrice, décident de partir enfin revoir leur fils qui les a quittés depuis longtemps pour un autre village. Ils ont toutefois du mal à mettre ce projet en œuvre, tant leurs souvenirs semblent s’effacer. C’est le cas de tous les habitants de cette région habitée par des communautés de Bretons et de Saxons. Leur voyage va leur permettre aussi de comprendre pourquoi leur mémoire, et surtout la mémoire collective s’efface ainsi. Leur périple est semé de péripéties et de rencontres, amicales ou hostiles.

Le lecteur peut être un peu surpris de ce Haut-Moyen-Âge à la fois réaliste et fantaisiste : les personnages merveilleux, géants, dragons, fées, trolls, auxquels croient les paysans, apparaissent vraiment au cours du récit. Mais le plus intéressant porte sur le thème de la mémoire, et aussi la crainte de l’étranger, la récurrence des conflits religieux. Les dialogues sont nombreux, Axl et Beatrice passent au cours de leur voyage beaucoup de temps à discuter ensemble ou à interroger leurs compagnons de voyage, et cela aussi peut déstabiliser un peu. La quantité de dialogues peut apparaître importante, mais dans la mesure où le roman y gagne en profondeur, devenant un miroir de notre époque et de ses conflits, ces dialogues sont bien loin d’être inutiles.

J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur a imaginé la langue de l’époque et aussi la traduction qui donne un ton particulier au langage, simple, mais absolument pas folklorique, ou de pacotille !

Au final, je me suis attachée aux personnages, qui ont une vraie présence, une profondeur psychologique certaine, et j’ai suivi leur quête avec inquiétude, m’habituant au contexte historico-poétique original. C’est un moment à part, une échappée dans un passé méconnu et réinventé, un conte qui envoûte et fait réfléchir à notre propre monde…
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..

Avec mélancolie, Kazuo Ishiguro décrit les instants fragiles où tout bascule. Les nouvelles de « Nocturnes » ont pour points communs le couple, le crépuscule qui reflète les renoncements des personnages, la musique qui fait écho aux subtiles variations des liens amoureux face au temps qui passe.



Certains passages, avec un humour mordant, décrivent des situations pathétiques. Ainsi cet ancien copain de fac qui se trouve pris au piège dans un traquenard conjugal et accepte de s’enliser en rentrant dans un jeu cruel. Un musicien talentueux qui n’arrive pas à percer peut-il accepter de refaire son visage aux frais de l’amant de sa femme, pour réussir ?



La quête intérieure de ces personnages qui n’ont pas réussi et s’accrochent à leurs rêves est subtilement décrite. Installez-vous donc à la terrasse d’un café à Venise, écoutez un orchestre de jazz en buvant un café et vous apercevrez peut-être une vieille gloire oubliée qui a enchanté votre enfance. A moins qu’une femme vienne à votre table pour vous faire une étrange proposition….



Kazuo Ishiguro avait déjà démontré son immense talent (« Les vestiges du jour », « Auprès de moi toujours ») mais il sait se renouveler et ses prochaines parutions seront très attendues.

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Klara et le Soleil

Klara est un robot humanoïde. Elle est sensible, intelligente et doit apprendre au contact des êtres humains pour se parfaire. Elle devient l'amie d'une fillette malade et Klara réfléchit avec sa naïveté de robot, une solution pour sauver son amie.

J'ai été très touchée par ce personnage. Il n'est pas humain, et pourtant il est plus qu'humain, sa candeur la rend tellement gentille et humble.

L'histoire est contée à travers ses yeux et nous sommes donc témoin de son raisonnement à la fois simpliste et riche en réflexion.

Je me suis laissée plongée dans cette douceur, cette poésie pleine de sensibilités, de gentillesses et d'innocences.

Klara et le soleil, c'est comme le rayon du soleil un matin de Printemps qui tombe agréablement sur le visage avec les odeurs de fleurs et le chant des oiseaux. Merci à l'auteur.

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Klara et le Soleil

Solitudes.



Klara est une AA, Amie Artificielle. Elle a été conçue pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Dans son magasin, elle attend que quelqu'un vienne la choisir. Celle qui la choisira s'appelle Josie, mais un mal mystérieux la menace.



Tout n'est que boites et cylindres et deux choses ont de l'importance: Josie et le Soleil. Merveilleuse Josie qui a su dès le premier regard que c'était elle qu'elle voulait. Intrigante Josie pour qui Rick, l'enfant mis à l'écart, est tout ce qui compte. Triste Josie atteinte d'un mal invisible mais omniprésent. Le Soleil pourra t-il chasser les ténèbres qui la menacent ?



Présente mais impuissante, sa mère n'a qu'une seule peur. La perdre. Qui est prête à tout pour la garder auprès d'elle. Quelle que soit la méthode. Même si celle-ci est inconcevable. Même si elle répugne ses proches. Car Josie est unique.



Aimé de Josie, rejeté des autres. Pour Rick une seule chose compte. Josie. Mais tout semble les séparer. Est-il trop différent?



Klara. Le centre. La narratrice. Celle qui est témoin de la solitude. Celle qui doit la combler. Mais au final, celle qui est la plus seule de tous. Celle qui ne fait que passer dans toute ces solitudes. Qui a le Soleil comme guide, auprès de qui se tourner quand tout va mal. A qui implorer de sauver Josie.



C'est un magnifique et émouvant voyage dans toutes ces solitudes. Une œuvre à une manquer sous aucun prétexte.
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Auprès de moi toujours

J'avais déjà lu Le Géant enfoui de cet auteur, et je dois confesser que je n'avais pas vraiment aimé... J'avais trouvé le rythme lent et l'histoire peu intéressante malgré une plume toute en finesse et en poésie... C'est donc avec beaucoup d'appréhension que j'ai mis ce livre dans ma PAL et surtout, que j'en ai débuté ma lecture. Mais bon, j'ai lu énormément de critiques forts élogieuses sur cette oeuvre, alors, malgré la crainte, j'étais tout de même un peu rassuré...



Et bien, je crois dire que j'ai eu bien souvent envie d'en abandonner la lecture dans la première partie... Une suite de souvenirs, des relations plutôt complexes et beaucoup, beaucoup de non-dits. C'est pas que je n'aime pas retrouver ces éléments dans un ouvrage, au contraire, mais j'ai une fois de plus été confronté avec le rythme lent et une histoire qui se construit tellement tranquillement que ça me tannait. Et puis, à un moment, y'a eu comme un déclic... Surement au début de la deuxième partie... Les personnages ont pris vraiment de la profondeur, l'histoire qui a mis tant de temps à se mettre en place, à fini par faire beaucoup de sens... et puis, de façon insidieuse, je me suis mise à être captivée... Ishiguro m'a pris dans ses filets... et la suite du bouquin a vraiment bien une vive cadence, et je voulais connaître le fin mot de l'histoire...



Je n'avais pas vu le film... À tord, j'avais mal jugé sa pochette.... La photo des 3 personnages principaux m'a fait penser à une histoire d'amour, de triangle amoureux et ça ne m'inspirait guère. Alors, pour moi, cette finale fut une totale surprise !! Et j'en est été vraiment contente ! Et ce j'ai surtout apprécié, c'est que maintenant, tout prenait son sens avec cette découverte... Tout les non-dits de la première partie ne sont apparues comme tellement nécessaires à cette oeuvre...



Je ne regrette vraiment pas de l'avoir lu, sans pour autant que ça soit un véritable coup de coeur... et je suis maintenant très curieuse d'en voir l'adaptation cinématographique ! Je vous conseille ce bouquin, surtout si vous n'avez pas vu le film ! Parce que je crois sincèrement que de connaître le fin mot de l'histoire gâcherai votre plaisir de lire...
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Les vestiges du jour

L'écriture riche et profonde de ce roman fait que l'on a beaucoup de mal à s'en détacher. Ces phrases, si merveilleusement écrites, procurent, au delà du texte, une sensation presque hypnotique de béatitude !



Mr. Stevens qui, auprès de son nouvel employeur, s'essaye sans succès au "badinage". Ce trait de caractère lui est totalement étranger et n'entrait pas dans les compétences d'un grand majordome.

Mr. Stevens et ses manières guindées.

Mr. Stevens, enfermé dans un carcan de professionnalisme pointu qu'il s'est construit lui-même pour atteindre l'excellence dans son métier.

Mr. Stevens qui va jusqu'à effacer et enfouir toute trace de sentiments humains qui pourraient venir entacher sa dignité de majordome.

Mr. Stevens qui s'impose des règles extrêmement rigides, dévoué corps et âme au domaine de Darlington Hall.



Et il y a cette pauvre intendante, Miss Kenton, qui tente, par ses reparties pleines de sous-entendus, d'atteindre le coeur de l'homme.



J'ai adoré les dialogues entre le majordome et l'intendante, avec le charme du langage contenu et distingué de l'époque dans ce milieu aristocratique.



Un livre qui relate admirablement un amour sacrifié à l'ambition professionnelle.
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Le Géant enfoui

Axl et Beatrice sont deux petits vieux qui se souviennent de pas grand chose. Enfin, ils ne sont pas les seuls : tout le monde a l'air d'avoir des problèmes à se rappeler quoi que ce soit. Mais ce qui est sûr pour nos deux protagonistes, c'est qu'ils ont un fils, et que celui-ci, parti depuis longtemps, n'attend qu'une chose : les revoir. Ils se lancent alors dans un long voyage dans cette Angleterre moyenâgeuse, pendant lequel ils découvriront bien plus qu'escompté...



Je cherche encore à comprendre l'engouement presque général pour ce livre. Certes, quand on lit le pitch, qu'on sait que que ça se passe au Moyen-Âge, que la brume qui fait tout oublier vient de Merlin pour éviter une guerre éternelle et que dragons et monstres peuplent le moindre bosquet, y a de quoi baver d'envie de lire. Sauf que... c'est long, c'est chiant, c'est répétitif. Des détails qui semblent importants sont abandonnés au point d'en être frustrants, on ignore ce qu'il advient de beaucoup de personnages ; et ça jacasse, beaucoup beaucoup. Les actions et rares explications peinent à arriver, et encore il reste beaucoup de brume, même chez le lecteur, à la fin de cet ouvrage. C'est fait exprès, bien sûr. Le lecteur expérimente aussi, comme les personnages, le manque d'information et l'oubli de tout. Mais ça reste frustrant, et ça retire clairement tout charme au livre.

Bien qu'ayant passé la majorité de sa vie en Angleterre et n'ayant pas revu la terre de ses ancêtres avant d'être trentenaire, et bien que son récit soit ancré dans l'histoire et l'imaginaire anglais, Ishiguro offre quand même un style d'écriture et une intrigue que l'on peut sans conteste rapprocher de la littérature japonaise qui joue beaucoup sur le symbolisme, les non-dits, et s'efforce aussi de décrire la Nature dans le but de la rendre aussi belle que dans le réel. Pour qui a lu un peu de littérature japonaise, le lien est presque flagrant.

En conclusion, on pourrait ajouter qu'une part du succès s'explique en partie parce qu'Ishiguro n'avait rien publié depuis dix ans. Alors, bercés par le syndrome Donna Tartt, les gens se sont rués et se sont extasiés, parce que c'est rare vous comprenez. C'est étrange, je reste effectivement dans le brouillard. Ishiguro, avec cet ouvrage, cherchait-il un effet, une expérience de lecture plutôt qu'un récit à message ? Je ne vois pas, je ne comprends pas ; je passe parce que je n'y ai, au final et de toute façon, pas trouvé mon compte.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Nocturnes : Cinq nouvelles de musique au cr..



Donc cinq nouvelles sur la musique. Que ce soit celle d’un chanteur à succès en déclin, celle que deux amis appréciaient lorsqu’ils étaient étudiants, celle d’un guitariste qui cherche à percer avec son groupe puis se réfugie à la campagne…

Il est beaucoup question du succès bien sûr et de la difficulté à rester en haut de l’affiche lorsque l’on y est arrivé. Il ne faut pas hésiter à sacrifier ses amours, son visage…

J’ai été particulièrement interpellée par la dernière, Violoncellistes, dans laquelle un musicien débutant rencontre une virtuose qui lui propose des leçons. J’ai eu une réminiscence d’une nouvelle de Balzac un peu semblable mais concernant la peinture.

Même si Ishiguro nous laisse généralement sans réelle conclusion, libres d’imaginer la suite, je n’ai pas eu le sentiment d’être simplement spectatrice d’un moment de vie sans comprendre les tenants et les aboutissements, comme pour les nouvelles d’autres auteurs.

Un bon recueil tant pour le sujet que pour le traitement par l’auteur.



Challenge ABC 2015-2016





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Les vestiges du jour

Toute la vie d'un majordome : Stevens ,raconté avec brio par un auteur d'origine japonaise ,mais éxilé en Angleterre à l'âge de cinq ans.

Quel sens de l'analyse et du comportement humain face à certaines situations, recèle ce très beau roman.

Comme toujours ,après avoir lu la dernière page ,j'en ressors apaisé et sereine.

Mais j'ai plaint ce majordome très stylé qui s'est dévoué " corps et âme " pour " Sa Seigneurie" de Darlington Hall,à tel point qu'il en devient parfois pathétique, et pour moi il a gâché sa vie ,n'ayant pas su voir l'amour que lui portait Miss Kenton: 1ère intendante ,qui ,tout comme Stevens dirigea le domaine de " main de maître ".

Mais si à la fin du roman Stevens se remet quelque peu en question ,car il ne comprend pas son nouveau " patron" américain de surcroît,il se promet de tout faire pour lui être agréable.

Un tableau du majordome anglais superbement décrit et retracé.Tout est en discrétion,douceur,et chuchotements.

J'imagine à merveille ,grâce à la plume deKazuo Ishiguro ,ces grandes demeures anglaises et tout le personnel entourant de leur savoir faire les très nombreux invités de la " High Society anglaise" de cette époque nous sommes dans les années 1920/ 1930.

Dans le fabuleux salon de Lord Darlington où de graves décisions seront prises ,vont se croiser de puissants hommes d'états de tous bords et nationalités.

A recommander.

Je n'ai pas vu le film qui d'après les retours est parait-il magnifique j'essaierai de me le procurer.





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Auprès de moi toujours

Kath convoque ses souvenirs, ceux de sa rencontre avec Ruth, puis avec Tommy, leur amitié, tout au long des années passées à Hailsham, une école prestigieuse, comme retirée ou protégée du monde.

Au fil des réminiscences de Kath, on découvre non seulement le fonctionnement étrange de cette école, mais aussi le caractère de l’un ou l’autre personnage.

Ruth : prétentieuse, menteuse, manipulatrice.

Tommy : coléreux, attachant, fragile.

Et Kath à la fois lucide et complaisante à l’endroit de son amie.

Par petites touches, par va et vient entre l’enfance, l’adolescence et le présent, par allusions et désignations intrigantes des fonctions des uns et des autres, le lecteur est amené avec une grande lenteur à élucider le pourquoi du comment de cet étrange récit.

Je dois dire que j’ai peiné au début mais que, peu à peu, la voix de Kath, sa recherche obsédante de souvenirs aussi précis que possible a fini par me porter et que la fin m’a touchée.

Une découverte d’un auteur nobelisé que je ne connaissais absolument pas mais que je me fais fort de découvrir à nouveau prochainement.



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Les vestiges du jour

Rien ne me prédestinait à priori à m’intéresser à la vie et le travail d’un majordome employé dans la riche demeure de Darlington Hall au service du Lord du même nom. C’était sans compter sur la prose de Kazuo Ishiguro. Surtout n’allez pas confondre avec le domestique : le majordome gère tout le personnel d’une maison distinguée à l’aide d’un plan de travail rigoureusement établi et élaboré avec le plus grand soin, alors au décès de Sa Seigneurie, lorsque le domaine est racheté par un riche américain et qu’il faut réduire la voilure, à être moins nombreux, autant que nous ayons affaire à des gens très compétents. Aussi, Stevens, notre majordome se demande si Miss Kenton ne serait pas toute indiquée, elle qui est partie il y a quelques années pour se marier. Justement, le nouveau maître propose à notre Stevens de prendre quelques jours de vacances, six jours de voyage avec la splendide Ford de son patron. Il va donc rendre visite à Miss Kenton. En chemin, il va réfléchir au sens qu’il donne à sa fonction.

Qui êtes-vous Mr Stevens, quel est l’homme qui se cache sous le costume du majordome ? N’avez-vous pas le sentiment d’être passé à côté de votre vie par excès de zèle et d’une conscience professionnelle à toute épreuve ? Votre sens de l’honneur, votre sollicitude vous ont peut-être éloigné de votre nature profonde et de vos propres besoins. Vous me répondrez certainement que votre fonction ne vous permet pas de vous poser ce genre de questions.

Quant à vous, Monsieur Kazuo Ishiguro, vous n’avez pas volé votre Nobel de littérature.



Challenge Multi-Défis 2022.

Challenge ABC 2022/2023.





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Les vestiges du jour

Une plongée dans le monde des petites mains de l'establishment anglais. Un majordome en fin de carrière entreprend un voyage pour revoir la gouvernante qui a longtemps travaillé à ses côtés. Ce voyage est l'occasion de se remémorer une carrière, de s'interroger sur le choix d'une vie dévouée à sa fonction. J'avais déjà apprécié l'adaptation cinématographique de ce récit, avec Anthony Hopkins et Emma Thompson. Il est agréable après avoir visionné un film réussi de découvrir la qualité de l’œuvre littéraire original. Une lecture simple et divertissante à la "Downton Abbey" qui ne m'a pas laissé indifférent.
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