AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Knut Hamsun (241)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Rosa

Nous retrouvons dans Rosa, les personnages principaux de Benoni, par la plume de l'étudiant Parelius, auxquels s'ajoute la Baronne, fille de Mack.

Le tableau se dresse à nouveau sur la petite ville rurale du nord au prise avec son évolution vers la civilisation urbaine.

L'amour reste malgré tout le fil conducteur de chaque vie, il est le moteur de ces romans où il gouverne la société du plus pauvre au plus riche.

L'argent, quant à lui, détient le pouvoir de hisser à hauteur des plus puissants et d'obtenir cet amour convoité, qu'il soit physique ou sentimental.

Un fond de cynisme et de rudesse, un soupçon de sauvagerie et de bienveillance, sont les ingrédients naturels de ce classique norvégien.
Commenter  J’apprécie          70
Pan

Pan s'inspire de l'histoire vraisemblablement vraie du lieutenant Thomas Glahn, un « ermite vivant » qui vit en symbiose avec la nature, vivant dans une hutte dans une forêt du Nordland (Norvège). Cette communion avec la nature se traduit par les nombreuses séances de chasse, accompagnées de son chien Esope - son seul compagnon fidèle - mais aussi de promenades particulières au sein de celle-ci au fil des saisons. le lieutenant Glahn est un personnage solitaire, exclu d'une société dont il ne connaît peu les codes. D'ailleurs, il s'exclut lui-même en nommant tout groupe de personne : « la société ». Pourtant, ce n'est pas un personnage asocial : il répond positivement aux invitations et cherche à attirer l'attention, particulièrement pour des femmes qui vont bouleverser sa vie. Effectivement, sa vie se retrouve chamboulée lorsqu'il rencontre Edvarda, une femme à la soif de pouvoir, qui se révèle apparemment manipulatrice. C'est alors tout un amour maladif et jaloux qui naît et qui prend appui progressivement sur deux bouc-émissaires qui deviennent les piliers de cette confrontation littérale qui fait souffrir les quatre protagonistes. C'est une lutte constante entre les deux protagonistes, jalonnée d'événements. Finalement, ce roman relate la vie du lieutenant de Thomas Glahn, mais ce qui fait sa particularité, c'est que nous avons également un texte annexe – plus court – centré sur la mort du lieutenant, raconté par un narrateur contemporain qui lui est hostile. C'est ainsi que l'on peut apprécier ce livre, deux histoires et deux fins différentes avec comme point commun : un homme très singulier.



Il est rare que mes lectures mettent au premier plan une histoire amoureuse. Mais celle-ci est étonnante, presque originale j'oserai dire puisque ce n'est pas de la naïveté, ce n'est pas de l'amour du XXIe siècle, ce n'est pas quelque chose de « chouchou-loulou ». Cette histoire, on pourrait le croire, pourrait être fictive tellement les événements sont particuliers. Et parfois même, on pourrait remettre en cause la réalité de ceux-ci par le caractère exceptionnel et étonnant des péripéties. Actuellement, quand j'écris cet avis (à chaud, juste après la lecture), le personnage de Glahn – et celui d'Edvarda – sont des personnages aux problèmes psychologiques, qui sont détruits moralement par cette histoire ; et c'est terrifiant car je me sens ancré, je me sens happé par ce discours presque horrifique et traumatisant de cet amour inconditionnel et maladif. J'ai l'impression d'avoir vécu moi-même cette histoire et je pense qu'il me faut une bonne nuit de sommeil pour m'en détacher. Et quel étrange sentiment que ce livre nous impose alors qu'il n'est pas un thriller, ni un roman à suspens ! Je me dis : comment peut-on commettre ces actes ? Comment peut-on réagir comme cela ? Comment cela peut-il avoir existé ? Mais malgré cette intrigue intéressante, on peut s'interroger sur la qualité de la fin. Alors qu'on pourrait s'attendre à un rebondissement, à quelque chose presque d'inexplicable, on peut se sentir déçu. Pourtant, il ne faut pas cracher dans la soupe ! Effectivement, elle se révèle en fait très réaliste, offrant ainsi un nouveau côté perturbant à l'histoire.

Pour le style d'écriture, ce roman a été publié en 1894 en norvégien, puis traduit en français. Il ne faut pas s'attendre à des tournures de phrases du XXIe siècle, mais c'est quand même plus compréhensif que l'ancien français. C'est un style d'écriture très intéressant, dans lequel on apprend pas mal de vocabulaire, notamment sur la nature et la chasse. Et c'est vrai que l'on sent véritablement cette communion avec la nature, ce paysage développé qui ne quitte jamais l'histoire. le style d'écriture permet aisément de reconnaître les perturbations morales et psychiques des personnages, nous offrant ainsi la possibilité de les critiquer au fil des chapitres très courts. Il est aussi excellent dans le domaine moral ce style, permettant l'écriture de phrases brillantes que l'on peut conserver en tant que citations.

Finalement, ce roman nous permet d'appréhender une vision plutôt malsaine de l'amour, d'un amour qui n'est ni tout blanc, ni tout rose et semé d'embûches. On peut ainsi se poser des questions sur les limites de l'amour, et des sentiments – parfois exagérés – qu'il provoque et peut-être ainsi remettre en cause ce domaine qui est tant idolâtré et protégé. C'est un texte qui met en valeur une nature vivifiante et régénérant, et qui nous questionne sur les effets de la société sur les esprits.
Lien : https://leschroniquesdejerem..
Commenter  J’apprécie          50
Un air si pur

J'ai eu du mal à dormir, le temps de la lecture. Je ne sais pas exactement pourquoi mais il y a un sentiment de malaise qui se dégage à la description de cette société bourgeoise ou qui s'en prétend. Knut Hamsun y dépeint des personnages torturés, égoïstes, pédants et pose un regard acerbe sur cette micro société qui s'installe dans un sanatorium nouvellement établit en plein montagne pour se soigner.

On apprend à y connaitre "le suicidé", un homme cynique qui affiche en permanence son mépris pour l'existence humaine mais qui ne veut pas déshonorer la mort et cherche une manière digne de mourir. Mais on se rend compte peu à peu des faiblesses du personnage et ce qui fait de lui qu'il est Homme à travers son univers douloureusement secret.

D'un autre côté "le directeur" d'école se targue de sauver le monde de la bêtise et de l'ignorance en sa qualité de professeur et méprise tous ceux qui pourraient se détourner de la voie de l'enseignement et de ses lumières.

On évolue dans ce monde ou les comtes sont des escrocs et ou les princesses dont la présence au sanatorium en font sa renommée sont des usurpatrices.

En bref, tout ce beau monde qui se rattache à ses principes et au monde matériel semble en perdition, et tous semblent avoir leurs petits secrets peu honorables.

Parmi ceux-ci, Julie ou Melle d'Espart selon le milieu ou elle se présente, issue d'une lignée bourgeoise sur le déclin, cherche sa place et papillonne avec les hommes du beau monde. Jouissant d'un physique agréable et d'une personnalité affable, elle sait plaire. Elle s'éprend d'un comte dont elle tombera enceinte et qui lui remettra une somme d'argent important avant de se faire emprisonner. Face à l'urgence de cette situation, elle finira par se résigner à aller habiter avec un paysan résidant non loin du sanatorium qui lui promet une vie honorable et simple par une proposition de mariage. On sent toutefois que l'histoire sera impossible quand réapparait le comte...



Une lecture intrigante et parfois dérangeante dans un style classique qui remet en question notre regard sur cette société qui semble vile et dépressive, en perte de repère tout en nous mettant en position de voyeurisme, car l'auteur attire notre curiosité sur ce monde intriguant et nous renvoie à nous même et à nos vices.

J'y ai trouvé certaines longueurs, me demandant parfois ou le livre allait me mener, mais il apporte surement plus de questionnements que de réponses.
Commenter  J’apprécie          250
La Faim

J’avais noté une référence : « Victoria » De Knut Hamsun, comme il était absent des rayons de la bibliothèque, j’ai emprunté « La faim » du même auteur.

Dans un premier temps, j’ai ressenti de l’enthousiasme à découvrir cette plume qui excelle à rendre compte des états d’âme d’un homme en perte de repères, sans abri et la faim au ventre.

Ensuite, j’ai ressenti une certaine lassitude, l’impression de tourner en rond, tout comme le personnage.

J’ai quand même continué ma lecture.

Après ce passage à vide, j’ai de nouveau éprouvé de la curiosité : « Comment cela va-t-il se terminer ? » et suis finalement arrivée assez vite au terme de cette lecture.

Une très belle plume, un ton particulier, un brin de Kafka ; je pense renouveler l’expérience.

Commenter  J’apprécie          62
Pan

Ce court roman met en scène un jeune chasseur à la personnalité singulière, à la fois vivant en retrait de la société et cherchant une certaine harmonie avec la nature, mais aussi séducteur et en proie à des sentiments plus raffinés à l'égard de la gent féminine. Je n'ai pas tellement adhéré à l'ouvrage dont j'attendais quelque chose plus proche de l'ambiance de « La Faim ».
Commenter  J’apprécie          00
Victoria

Une belle déclaration d'amour entre la fille d'un châtelain, Victoria et le fils d'un meunier, Johannes. Tout au long de l'histoire, la passion des jeunes amoureux est présente mais l'on sait pertinemment que la condition sociale de l'époque ne pourra leur laisser la possibilité de vivre pleinement cet amour.

Le père de la jeune fille ne la laissera pas se marier avec un garçon de cette classe. On est au XIXe siècle en Norvège, les moeurs ne sont pas établies dans ce sens.

Une écriture très fluide, simple avec une histoire prévisible ce qui me fait grandement douter quant au prix Nobel que cet auteur à reçu pour ses oeuvres et quand je me dis que d'autres n'ont rien reçu à cette époque alors là je m'en pose des questions...
Commenter  J’apprécie          220
La Faim

terrible
Commenter  J’apprécie          10
Mystères

Etrange roman qui laisse une impression bizarre à la fin de la lecture.

On suit Nagel, personnage fantasque, jouant plusieurs rôles dans cette aventure, du généreux altruiste au plus sournois personnage, manipulateur mais jouant lui-même à se laisser manipuler. Ce personnage file tel une anguille dans nos mains, insaisissable, toujours là où on ne l’attends pas, qui en fin de compte, sous son apparente assurance, il tient plus du simple maniaco-dépressif. Ce roman scandinave m’a fait penser au cinéma nordique un peu éthéré des Bergmann, Dreyer. Les questionnements philosophiques de notre personnage traduisent plus son incohérence qu’une véritable pensée structurée, des déblatérations de soir de beuverie qui disent tout et son contraire, ses relations aux autres semblant parfois calculées pour s’effondrer tout de suite après dans une fuite en avant désespérée. Toujours est-il que j’ai aimé me perdre dans ce roman, trébucher parfois, comme dans un labyrinthe de mots, de caractères, un peu comme dans les romans d’un Henri Miller ou d’un James Joyce, d’un Albert Camus, avec une dimension tragique un peu chaotique. Qu’est venu faire Nagel dans ce village, sinon s’y perdre, assouvir une volonté de devenir un personnage artificiellement tragique. Ce n’est que quelques heures après avoir tourné la dernière page que j’ai réussi à en mesurer l’ampleur, comme si le silence après, c’était encore le roman.
Commenter  J’apprécie          420
Pan

Malgré une écriture magnifique, je n’ai pas trop accroché à ce roman qui nous conte les aventures du lieutenant Thomas Ghlan avec la gente féminine. Thomas est un bel homme solitaire qui vit le temps d’un été dans le nord Norvégien. Il aime une gamine superficielle qui joue avec lui et n’aime pas assez une femme qui le vénère. Edvarda attend le prince charmant et le petit lieutenant croit que c’est lui (un grand classique). Et puis j’ai l’impression que l’on me joue la même scène indéfiniment du « je t’aime moi non plus », ce qui devient lassant. Je n’aime pas les personnages sauf Eva, la plus honnête, et ce que Ghlan fait à son chien me glace. Je déteste ce Ghlan misogyne et frivole et je suis contente de son sort. Si tel était le but de l’auteur, me faire mépriser ce genre d’homme, c’est alors une réussite totale.
Commenter  J’apprécie          30
Victoria

C'est beau et c'est triste !



Voilà une histoire d'amour entre le fils du meunier et la fille du châtelain qui est impossible car il ne sera jamais permis à la jeune fille d'épouser en dessous de sa condition.



Pourtant c'est elle qu'il aime, c'est lui qu'elle aime mais le destin s'évertuera à empêcher cette union!



L'écriture est belle, l'ambiance mélancolique, le décor champêtre , les héros purs et ingénus ....



Une belle histoire d'amour contrarié. Ce n'est pas Roméo et Juliette , les héros sont plus en retenue, la passion est suggérée mais j'ai trouvé cette histoire très émouvante
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          30
Un vagabond joue en sourdine

Le narrateur travaille dans une propriété où le maître et sa femme sont en crise. Au menu tromperies, pleurs, accusations, tour à tour espoir et froideur.

C'est assez indigeste à mon sens et ma fois pas très bien écrit.Les passages les plus intéressants sont ceux sur le lien avec la nature à mon sens.

Pour le reste c'est assez insupportable et très répétitif. Ca n'en finit pas de finir, je n'ai d'ailleurs pas réussi à en venir à bout.
Commenter  J’apprécie          10
Auguste le marin

"Auguste le Marin" ("August Weltumsegler", 1930) demande à être connu... Il est l'élément central de cette seconde partie de la saga hamsunienne des "Vagabonds"... Vagabonds qui sont deux-et-inséparables : Edevart le Terrien et son ami Auguste, plus âgé et plus roublard, "Marin" qui en a vu bien d'autres...



Un peu des "Clochards célestes" de Jack Kerouac mais aussi des comparses "Delamarche et Robinson" (semi-burlesques et semi-tragiques) de "L'Amérique" de Franz Kafka...



Un second opus dans le même ton enjoué du 1er roman, "Landstrykere" de 1927, et qui approfondit la personnalité fantasque d'Auguste, la plus "grande gueule" des deux, "porteur de chaos et d'aventures" dans la vie malléable d'Edevart... Son porteur de poisse, aussi, aux "histoires" infatigables.



Une lecture indispensable qui laisse, comme le précédent, un impérissable souvenir : comme une saveur de fjord enluminé par Août et désolé par les misères et facéties de l'existence des plus pauvres... Êtres qui se consolent de leurs trajectoires compliquées en se gavant de rêves aussi lumineux qu'insaisissables.
Lien : http://www.latribudhotel.can..
Commenter  J’apprécie          240
Vagabonds

Il me souvient d'un éblouissement devant «Vagabonds», cet excellent film norvégien d'Ola Solum (1989), brillante adaptation du premier volume de la trilogie de Hamsun, "Landstrykere" (1927) dont l'action se déroule principalement dans le pauvre hameau de Polden (Sørdal) entre les années 1860 et 1870.



Le point de départ est un drame amoureux qui se déroule entre Edevard et une jeune femme mariée, Lovise Margrete. Un aventurier, hableur et un peu menteur — "Auguste le Marin" — arrive au port avec le charme du mois d'août, créant à la fois chaos et espoirs...



Il me souvient aussi n'avoir jamais ouvert un livre du célèbre romancier  de « La Faim » avant ce choc esthétique — « lyrique » — que provoqua la vision de ce film (depuis cette date, précieusement gardé sous sa forme de « cassette-VHS-enregistrée-d'ailleurs-presque-par hasard"...) : un long métrage resté invisible depuis sa diffusion unique sur « Arte » — puisque jamais édité en France depuis bientôt 20 années... Bref ! Acteurs attachants, mise-en-scène inspirée, paysages estivaux chatoyants et intrigue tortueuse (à l'image de n'importe quelle existence).



"LandStrykere" (ou "Vagabonds", 1927) est le premier tome d'une trilogie romanesque pleine des mouvements et des musiques "de la vie" : témoin de la grande vitalité du romancier-conteur norvégien, celui qui "avait vécu mille vies" (et exercé mille métiers) avant que de "songer à écrire"...



Affirmons d'ores et déjà qu'il vous faudra absolument lire par la suite les deux composantes suivantes : "Auguste le Marin" ("August Weltumsegler", 1930) puis "Mais la vie continue" ("Men Livet lever", 1933) : une trilogie facilement disponible dans la formidable collection "La Pochothèque".



Le haut style, constamment lyrique et original, de Hamsun qui - pour nous - ne s'est jamais "démodé"...



Le duo Auguste-Edevart nous fait repenser à ces inséparables compères d'errances et de misères que constituaient les deux "tramps" du tout premier des trois romans inachevés de Franz Kafka ("Der Verschollene", de publication posthume en 1927 — donc contemporain de la publication du "Landstrykere" de Hamsun. Une oeuvre qui fut rebaptisée "Amerika" - "L'Amérique" - par son ami Max Brod) : Robinson "l'Irlandais" ivrogne (qui était "l'Auguste" du duo... ) et l'insaisissable Delamarche (le "Mephistopheles" français du jeune ingénu Karl Rossmann et inquiétant "clown blanc" du duo...).



Certes, on devine ici — entre les lignes chantantes des "aventures" d'Auguste et son inséparable ami Edevart - tout le tempérament fantasque de Knud Petersen (1859-1952) alias "Knut Hamsun" [son nom de plume] : mystère de cet homme insaisissable et romancier prolifique qu'incarna récemment au cinéma — avec talent — le célèbre acteur suédois Max von Sydow, jusqu'à sa triste compromission de "grand romancier" avec le nazisme dans la pente déclinante de son existence...



Roman magnifiquement traduit du norvégien en français par Jean Petithuguenin.
Lien : http://www.latribudhotel.can..
Commenter  J’apprécie          290
La Faim

Andreas Tangen est un écrivain qui tente de vivre en proposant des articles, des feuilletons aux rédacteurs en chef des journaux de Kristiana -ancien nom d'Oslo...Un écrivain qui cherche le succès.

Un succès qui tarde à venir....presque tous ses articles "sur les choses les plus diverses, idées étranges, caprices fantaisies nées de mon cerveau agité" sont refusés. Ses ressources sont si faibles qu'il se prive de tout, et qu'il a faim... au fur et à mesure des pages il quittera sa chambre sans payer sa logeuse, et portera au clou, chez les prêteurs sur gages, ses couvertures, ses vêtements et pourquoi pas ses boutons.

Faim et froid agissent ensemble sur son comportement, sur ses pensées, sur son moral.

Il en devient fou, victime d'hallucinations, fou et incohérent dans ses relations avec les autres, avec les femmes. Incohérent dans ses pensées et dans ses actes, il mâche même des copeaux de bois pour tromper cette faim qui le tenaille.

Son amour propre et son orgueil le font retomber dans une misère plus profonde chaque fois que l'occasion de s'en sortir se présente. Rares sont les rentrées d'argent, et quand il en reçoit, il se hâte de le distribuer. Alors il écrit, écrit, certain que cette fois-ci il tient le bon article, le bon feuilleton...

Mendier pourquoi pas, mais sa fierté lui l'interdit. Pourtant ses "joues étaient comme deux écuelles, le fond à l'intérieur...

Il est écrivain...chez le boucher cependant il mendiera un os pour son chien...un chien qu'il n'a pas et un os qu'il rongera. 

Sans une seule couronne, et sans toit, il erre dans les rues froides et humides regardant les passants en quête de l'inspiration, les imaginant le soir chez eux, ce qui nous donne des passages remarquables de vérité et de réalisme. Après les nuits sous les portes cochères, il connaîtra celles au poste de police. Il revendique une honnêteté, qui sera pourtant mise à mal.   

Il pourrait faire autre chose, quitter Kristiana, tenter de se sortir de cette pauvreté, et de cette crasse que lui impose son manque de succès auprès des rédacteurs en chefs ou des éditeurs.... Et quand il s'y résoudra ce sera "pour cette fois"...

Knut Hamson, prix Nobel de littérature a publié ce roman pour la première fois en 1890, roman qui semble-t-il serait en partie autobiographique. Ce roman psychologique, qui par bien des aspects rappelle des écrits de Dostoïevski, ou de Balzac, est fascinant et troublant. Fascinant par l'écriture pas toujours facile de Knut Hamsun, troublant parce que le personnage semble se complaire dans cette faim qui le tenaille, dans cette folie qui altère ses comportements avec les autres. Sa fierté due à son rang d'écrivain est toujours présente dans ses actes.

Troublant aussi parce que Knut Hamsun, par l'intermédiaire de son personnage porte un regard acerbe sur une société aux côtés de notre homme, une société superficielle, une société qui ne le voit pas, préoccupée par des futilités, par des rencontres de passage, par le sexe...

Immanquablement on pense à ces SDF que chacun de nous croise dans nos villes, assis sous les portes cochères, sur les trottoirs, et qui ne mendient plus. Destins brisés..

Quel est l'auteur contemporain qui portera un regard, comparable et aussi fort que celui porté par Knut Hamsun, sur ces SDF ?

Un regard et un auteur dérangeants !



Très dérangeants
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          130
La Faim

Ce n'est pas un roman ( autobiographie ? ) facile à lire, ce long monologue !

Le cerveau de cet homme, dans lequel je suis, par la force des mots, me semble dérangé.

Il n'a pas un comportement rationnel, il est caractériel, se met en colère sans raison, regrette, bref, il est difficile à suivre.

Est-il comme ça de naissance, ou est-ce la Faim qui l'a rendu comme ça ?

En tout cas, quand je dirai : « J'ai faim », je saurai dorénavant que cela n'a rien à voir avec la vraie faim, celle où le corps, manquant de tout, lâche tous les organes, même l'estomac.

Commenter  J’apprécie          15
La Faim

On s'accroche à ce livre tout en se demandant jusqu'où elle va aller, cette famine! Chaque fois qu'un brin d'espoir essayait de luire quelque part, ce n'était juste que pour un instant, l'horizon n'avait pas voix au chapitre. Puis après, le cycle recommençait, la dame famine frappait à nouveau, et de la manière la plus cruelle. En lisant ce livre, j'ai pensé à la fois, à Demande à la poussière de John Fante et à Martin Eden de Jack London, ces livres qui ont traité de la misère, de la famine, de l'abandon qui asticotent la vie de la plupart des hommes de la pensée, avant que n'arrive l'heure de leur gloire. Mais dans la faim, Knut Hamsun va beaucoup plus loin, il fait de la faim une entité à part entière, une puissance en qui l'homme dépendra toujours quant à parvenir à se créer un équilibre au dedans de lui. La faim devient une espèce de force suprême avec qui, qu'il faille certainement coopérer pour ne pas perdre ses sens. Tenaillé par la faim, il est fort probable que l'homme s'éloigne de sa raison....

Une savoureuse lecture !
Commenter  J’apprécie          331
La Faim

L'errance tragique d'un personnage curieux, pauvre et affamé dans les rues de Christiania. Inspiré par sa propre expérience avant qu'il ne rencontre le succès, Knut Hamsun livre une histoire aux multiples registres. Considéré comme le premier "roman moderne" par son écriture, ce roman ne laisse pas intact. Modèle de toute une génération de romanciers, un classique à lire et à voir (L'adaptation d'Henning Carlsen est particulièrement réussie, très fidèle au livre et la performance de Per Oscarsson bluffante... prix d'interprétation à Cannes en 1966).
Commenter  J’apprécie          90
Victoria

Parfois, lorsque je me rends à la bibliothèque, il m'arrive de choisir des livres au hasard sur les rayonnages, l'occasion ainsi de faire de nouvelles découvertes. C'est donc comme cela que j'ai choisi Victoria de Knut Hamsun, un auteur norvégien que je ne connaissais pas, qui fut d'ailleurs prix Nobel de littérature en 1920.

Avec Victoria, on découvre la Norvège au XIXe siècle avec une histoire d'amour assez classique : Johannes, le fils du meunier aime Victoria, la fille du châtelain qui l'aime également. Cependant difficile de faire fi des conventions sociales de l'époque, pour le plus grand malheur de nos deux personnages.

On est transporté par l'écriture de Knut Hamsun, par ses descriptions du sentiment amoureux mais aussi de la nature, très présente dans ce roman.

Une agréable découverte donc, que je ne regrette pas d'avoir pioché !
Commenter  J’apprécie          71
Pan

A travers la lecture de "Pan", c'est un véritable portrait que dresse Knut Hamsun. Au fil des pages, les traits, apparaissent, s'épaississent et finissent par s'installer. Il s'agit du portrait d'une force de la nature, un peu abrupte, maladroite, peu à l'aise à côtoyer le "beau monde", Glahn. En effet, aux mondanités, il préfère la nature, la forêt. Il l'écoute, il l'apprivoise cette forêt, pour finir par en devenir un élément à part entière. Glahn est un chasseur, peu causant, non pas par timidité, sinon par maladresse. Une authenticité se dégage de ce personnage et s'oppose à l'artifice du personnage d'Edvarda, qui elle, a jeté son dévolu sur ce chasseur anachorète. Cependant, réduire Edvarda à quelque chose d'artificiel ne lui rend pas justice. C'est tout un personnage, bien complexe, qu'on a du mal à cerner. Au fil des pensées de Glahn, on l'adore, on la vénère mais on la méprise à la fois. On méprise cette emprise qu'elle a, et qu'elle veut avoir sur Glahn. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'admirer son audace, bien qu'exubérante. Et finalement, on a pitié d'elle, de son insatisfaction perpétuelle dans les relations qu'elle entretient avec les hommes : c'est comme si le bonheur ne pouvait jamais se figer pour Edvarda. Finalement, Glahn et elle se rejoigne sur un point : la solitude.
Commenter  J’apprécie          50
La Faim

C'est en feuilletant des livres d'histoire de la littérature scandinave que j'ai pour la première fois entendu parler de ce roman. C'est Régis Boyer, la référence en ce qui concerne la littérature d'Europe du Nord qui m'a mis l'eau à la bouche en écrivant que « Faim, par exemple, demeure l'un des maîtres livres de notre XXe siècle » dans le sixième chapitre de son Histoire des littératures scandinaves. Il aurait été un précurseur, une inspiration pour de nombreux écrivains. Il était l'auteur favori d'Herman Hesse, Hemingway a recommandé un de ses romans, L'Eveil de la glèbe -qui valut à Knut Hamsun le Prix Nobel en 1920- à son pote F. Scott Fitzgerald. Il a même aidé l'alter-ego de Bukowski à choper dans son roman Women.



Le narrateur de ce roman écrit à la première personne est un écrivain un peu raté qui, en perpétuel inanition, erre dans les rues de Kristiania. C'est alléchant et ça me rappel la figure du flâneur bourgeois suédois de Hjalmar Söderberg dans Egarements (1895), ou d'August Strindberg dans Le Cabinet Rouge (1879), deux écrivains contemporains de Knut Hamsun.



Il faut aussi savoir qu'il existe plusieurs traductions en français qui ont été faites de ce roman norvégien. La plus courante est celle de George Sautreau à propos de laquelle il faut signaler l'absurdité du traducteur qui a réussi à passer totalement à côté de la traduction du titre en ajoutant un article défini -la- qui n'a absolument pas lieu d'être puisque le roman s'intitule Sult et pas Sulten. Notre bon vieux Régis Boyer l'avait bien compris lui et sa traduction chez Presses Universitaires de France est sans aucun doute bien plus fidèle.



Ce livre peut se résumer à sa première phrase : « C’était au temps où j’errais, la faim au ventre, dans Christiania, cette ville singulière que nul ne quitte avant qu’elle lui ait imprimé sa marque… » C’est grâce aux articles de journaux qu’il compose et des couronnes qu’il reçoit que le narrateur réussit tant bien que mal à survivre. Mais la plupart de ses articles, fruit des « inventions bizarres, lubies, fantaisies de [son] cerveau agité » sont refusés et l’inspiration lui manque souvent. Il commence donc à manquer d’argent et la faim vient d’abord le tirailler puis le transformer. Victime d’hallucinations, il semble trouver dans cette inanition prolongée une nouvelle inspiration.



A plusieurs occasions il a la possibilité de se tirer d’affaire, mais très souvent son amour-propre et son orgueil le font retomber dans la misère. Il refuse l’argent qu’on lui propose et lorsqu’il en reçoit, il fait œuvre de charité en offrant ses couronnes. La mendicité n’est qu’une humiliation et notre narrateur est bien trop fier pour y succomber.



On se trouve confronté dans ce monologue intérieur à un personnage qui participe à sa propre destruction. On assiste à la détérioration et à la décomposition d’un homme qui n’arrive parfois même plus à marcher mais qui pourtant peut à n’importe quel moment être pris dans un élan de fierté ou de charité.



Faim est un récit sur la privation de nourriture et ses effets sur la psyché humaine mais aussi sur la faim comme désir ardent d’une chose. Le désir amoureux qu’il éprouve pour Ylajali et qui donne lieu à de magnifiques dialogues et situations où se mêlent une passion sincère et puissante et une pudeur universelle ou encore le désir religieux qu’il exprime lorsqu’il s’adresse à cette puissance divine et supérieur qui semble apparemment s’acharner sur lui et qui tente de l’acculer au mur, de le tuer.



Le roman est hypnotique et essoufflant de par son rythme et de par la succession ininterrompu de rencontres brève du narrateur avec les habitants de Kristiania et de scènes marquantes où sa lente déchéance est décrite et analysée d’une manière quasi scientifique et qui ne manque pas de créer une atmosphère parfois écrasante et malaisante mais toujours fascinante.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Knut Hamsun (1690)Voir plus

Quiz Voir plus

Le 6 juin 2024

Le 6 juin est la journée mondiale:

de l'eau
de l'environnement
du recyclage
de la sécurité au travail
de la mini-jupe

1 questions
24 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}