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Critiques de Knut Hamsun (232)
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L'homme secret : Une histoire d'amour du No..

Ce très court roman est considéré comme le premier récit publié de son auteur, en 1877. Sa traduction en français date de 2005. Une préface met en garde le lecteur pour bien lui rappeler de ne prendre ce texte que pour ce qu'il est : une brève œuvre de jeunesse que même son auteur semble avoir reniée puisqu'il ne la mentionne jamais.

Le roman est court, c'est presque une longue nouvelle et le sujet en est limpide : l'amour de deux jeunes gens qui n'appartiennent pas à la même classe sociale. Rolf est le fils d'un métayer, quand Ronnaug est la fille du propriétaire des terres. Les joues qui rougissent et les mains qui tremblent ne desservent pourtant jamais le propos, et le décor de l'arrière-plan, presque merveilleux étoffe le relief de ce petit texte. Difficile de dire qu'on lit l'émergence d'un prix Nobel, mais la plume trace déjà des éléments qui attendent leur heure.
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Victoria

Ce roman Victoria m'a réconcilié avec Knut Hamsun : j'avais vraiment eu énormément de mal avec Pan et j'ai commencé cette lecture à reculons.

Et grande et heureuse surprise : j'ai beaucoup aimé!

Victoria est un roman poétique, plein de romantisme, qui met en scène un amour impossible entre la fille d'un chatelain (Victoria) et le fils d'un meunier (Johannes). Leurs conditions sociales ne leur permettent pas de s'aimer, pas officiellement et donc pas de mariage possible, et pourtant, l'amour qu'ils ressentent va les consumer toute leur vie durant.

Toute leur vie ira d'espoir en déception car au XIXe siècle, les maitres mots sont retenue, résilience, et respect des usages.

Un amour déçu donc mais une excellente lecture!
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Rêveurs

De mon point de vue, le titre "rêveurs" renvoie à plusieurs personnages de ce court roman.

Il y a d'abord Ove Rolandsen, personnage principal, qui a le rêve de trouver une invention qui changera le cours de sa vie. Et puis aussi le rêve d'être aimé comme il aime lui-même, les femmes en général et une en particulier. C'est un personnage un peu rustre d'apparence, mais plutôt sympathique.

Il y a ensuite Marie Van Loos, la gouvernante du presbytère et fiancée à Ove, qui sous ses airs froids et rigides, rêve aussi apparemment d'amour. Elle est prête à pardonner ses écarts à Ove, tout en prétendant le contraire, et certaines discussions entre ces 2 personnages m'ont vraiment bien amusée.

Il y a également la femme du pasteur, sempiternelle rêveuse, au grand désespoir de son mari, qui s'émerveille et s'enthousiasme de tout, notamment des cailloux ou des plantes trouvés en chemin.

On pourrait aussi énumérer les rêves du pasteur, du riche marchand, de son fils ou même de sa fille... mais c'est plus sympa de les découvrir en lecture !

Ce roman est une belle découverte.
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L'éveil de la glèbe

Il fut un temps où l'académie du Nobel récompensait souvent en littérature ceux de ces auteurs qui savaient par la fiction traduire en visionnaires l'évolution d'un monde en devenir: Reymont, Galsworthy, Martin du Gard... Ce roman méconnu de Knut Hamsun s'inscrit à mon sens dans cette veine, loin du célèbre "La faim" et plus loin encore des égarements politiques ultérieurs de l'auteur du côté de l'idéologie nazie.

Ravie d'avoir découvert cette superbe saga paysanne qui à travers l'histoire d'une famille et de son patriarche, inamovible et tellurique pionner rétif aux bruits du monde, raconte l'inexorable chemin vers la modernité d'une petite société rurale d'abord quasi féodale puis entrainée peu à peu vers l'appât du gain et du confort.

On vibre au rythme enlevé de cette histoire racontée à hauteur d'hommes et femmes à la volonté forcenée, taiseux mais bouillonnant de l'intérieur, à la fois acteurs et victimes de leur environnement. Et l'on se repose, encore une fois, la question de la différence à faire ou pas entre l'auteur et son oeuvre...
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Sous l'étoile d'automne

Un texte déroutant par la simplicité de son écriture. Des dialogues qui semblent économiser la salive, une narration essentiellement au présent, des phrases bien souvent ramenées au strict nécessaire. Et l’histoire ? Eh bien, j’aurais tendance à dire que c’est une quête d’amour, et le besoin d’être aimé en retour. L’auteur a donné au narrateur son véritable nom, Knut Pedersen, est-ce une autobiographie pour autant ? La question se pose…



Knut a fui, une fois de plus, le vacarme de la ville et là, sur cette île, il goutte la joie d’une mer calme et d’une forêt pleine de sorbiers alourdis par leurs abondantes grappes de baies. Il est en quête de paix, de calme intérieur et loue une chambre chez la vieille Gunhild. Celle-ci décide de faire repeindre sa maison et il reconnaît tout de suite l’ouvrier, il a travaillé avec lui, bien des années en arrière, sur un chantier de construction d’une route. Alors, la peinture terminée, Knut se défait de ses habits de ville pour des vêtements de travail et part sur un coup de tête faire des travaux avec ce compagnon. Ils doivent aller creuser un puits. Knut a un esprit créatif, dessine et construit une canalisation qui amène l’eau directement dans l’habitation plutôt que de creuser un simple puits.

« Je préférais rouler ma bosse et rester un homme libre, faire le travail occasionnel que je rencontrerais, dormir à la belle étoile et constituer un petit sujet d’étonnement pour moi-même. »

Puis il fait équipe avec un autre ouvrier, ramasse les pommes-de-terre, maçonne, tronçonne…

Il invente aussi un nouveau système pour scier les arbres et, à chaque halte, s’éprend d’une jeune fille, ou de la patronne… et jalouse son compagnon comme un adolescent.

Le soir, il va se ressourcer dans la forêt « Observer la lutte de toutes les fleurs et de tous les insectes pour ne pas périr m’a toujours intéressé. » Mais les passages dans la nature sont brefs aussi, comme le reste, et occupent si peu de place dans ce récit qu’ils ne marquent pas non plus le lecteur.

Les espoirs amoureux de notre narrateur entre deux âges sont vite déçus et sa neurasthénie en dents de scie le poursuit. Sans que ce soit écrit, on devine sa peur, vu son âge, de ne plus séduire. On sent que son être est partagé entre le désir de ne pas avoir d’attache, l’envie de s’éloigner de la société et le besoin d’une femme à aimer. Puis on finit par constater que la solitude l’attire mais au fond de lui ce n’est pas ce qu’il recherche.

Sur l’errance de ce vagabond, je m’attendais à un texte plus profond, plus travaillé. J’ai été un peu déçue par cette lecture très rapide, très facile. Peut-être cachait-elle davantage ? Je m’interroge encore…

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Mystères

« Au milieu de l’été dernier, une petite ville de la côte norvégienne fut le théâtre d’événements tout à fait insolites. Un étranger arriva, un certain Nagel, charlatan étrange et singulier, qui fit nombre d’extravagances, avant de repartir aussi subitement qu’il était venu. Cet homme reçut aussi la visite d’une mystérieuse jeune femme, venue Dieu sait pourquoi, et qui repartit au bout de quelques heures. » ● Tout est dit, ou presque, dans le premier paragraphe de ce roman déroutant dont je ne sais que penser. Je garde un souvenir émerveillé de La Faim, mais j’avoue que je n’ai guère été emballé par ces Mystères, même si j’ai beaucoup aimé le personnage de Minute, pauvre diable infirme et victime du harcèlement des autres villageois, et si Knut Hamsun a des fulgurances incroyables ; comme : « Il était dans un état mystérieux, empli de bien-être psychique ; chaque nerf en lui était en éveil, son sang chantait et il était en communion totale avec la nature tout entière : le soleil, les montagnes et tout le reste autour de lui ; son propre moi lui répondait à travers les arbres, les arbustes et les feuilles. Son âme, tel un orgue, résonnait en un crescendo, et jamais il n’oublierait la façon dont cette douce musique coulait dans ses veines. » ● Si je perçois la dimension philosophique de ce roman (sans toutefois en saisir la véritable teneur, je dois bien l’avouer), il n’en reste pas moins que mon plaisir de lecture fut très faible.
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Mystères

Un roman étonnant, déstabilisant, et malgré tout attractif, ne serait-ce que pour tenter de comprendre où veut nous mener l’auteur, et qui est ce personnage étrange nommé Nagel. Il sème le trouble également dans la communauté où il s’immisce, se mêlant des histoires de chacun, s’inventant mille vies sans que l’on sache jamais s’il bluffe ou non !



Nagel semble endosser un costume de comédien, s’inventant à chaque occasion. Bienfaiteur qui porte secours aux opprimés ou sombre fomenteur de complots abjects, difficile de trancher. Même la relation amoureuse qui se tisse avec une jeune femme déjà fiancée, semble sulfureuse.



Quelques difficultés avec l’écriture, plus vraisemblablement liées à la traduction, certaines expressions ressemblant à des expressions idiomatiques prises à la lettre.



Ce roman est de ceux qui peuvent rester en mémoire par son originalité. Il est préférable de ne pas vouloir comprendre à tout prix l’énigme qui constitue ce personnage et se laisser porter par le récit, comme on vivrait un rêve éveillé.





298 pages 18 août 2023 (1892) Livre de poche

Caverne des lecteurs

Traduction (norvégien) : Goerges Sautreau
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La Faim

Il faut le challenge solidaire pour décider d'aller au bout de ce livre !



On ne sait pas trop si le type est fou, et cela se trouve amplifié par le fait qu'il est pauvre et qu'il ne peut pas subvenir à ses besoins ? Ou si la faim le rend fou et provoque chez lui des hallucinations puis ensuite le pousse à donner l'argent qu'il gagne au lieu de s'acheter à manger...



J'aurais eu envie d'appeler ça l'orgueil du pauvre plutôt que la faim, car le héros s'appuie dessus tout au long du roman, et cela donne des scènes surréalistes.

Il y a toutefois une part de justesse, mais c'était trop exagéré.



En tout cas, la plume est belle, mais je n'ai pas adhéré à cette histoire.
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Un air si pur

Un vieux livre, d’abord parce qu’il a été publié pour la première fois en 1923 sous le titre « Le dernier chapitre ». Ensuite parce que la version que j’ai lue est un livre de poche de 1997, paru sous le nom d’ « un air si pur ».



Je ne sais pourquoi l’éditeur a choisi de changer le titre. En effet il est fait mention du dernier chapitre dans une partie du roman que j’ai mise en citation. Mais « un air si pur » est également bien choisi en termes de référence à un air, pur, puisque nous sommes dans les montagnes Norvégiennes mais l’ambiance est, elle, beaucoup moins pure, avec des personnages qui se donnent des airs tout en étant d’une hypocrisie et d’une bassesse mentale, assez flagrante.



C’est un livre qui se lit aisément. Pas de grands mots, un style simple et efficace. Pas de situations très complexes. L’intérêt de ce roman, ce sont les attitudes en contradiction avec les discours.



Dans ce sanatorium, une multitude de personnages se rencontrent. Il y a d’un coté les malades, plus ou moins imaginaires. Avec des maladies qui datent des siècles passés (tuberculose, lèpre, …) et des traitements à l’avenant (un traitement aux comprimés à l’arsenic p.55).



Mais surtout des gens qui se côtoient avec leurs problèmes, leurs aprioris. De l’autre côté, il y a les gérants et les voisins du sanatorium. Tout ce petit monde se mélange ou pas…

Les apparences et le qu’en-dira-t-on jouent un rôle essentiel. Et si cela est flagrant dans le cas de Julie (Une femme qui doit absolument se marier car elle est enceinte), c’est également le cas pour certains des personnages masculins, comme Daniel.



J’ai lu que Hamsun se moquait de Maupassant comme étant superficiel et bien j’ai trouvé que le roman Mont Oriol de Maupassant qui traite en partie de sujets semblables (la fabrication d’une cure thermale,… ) est beaucoup plus puissant.



En effet dans le roman de Hamsun, l’accumulation de morts (maladie, accident, empoisonnement par la nourriture, crise cardiaque (ou pas), finit par lasser. La dernière partie est franchement théâtrale et caricaturale. C'est dommage.



Il y a des choses à la fois intemporelles et d’autres très datées. Finalement c’est ce qui fait l’intérêt de ces lectures de Nobel.

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Victoria

Mais qu'est-ce que Knut Hamsun a voulu faire en écrivant ce roman? C'est en tout cas une déception pour moi, après avoir adoré Vagabonds et La Faim...

Hamsun aborde ici le thème de l'amour contrarié avec tous les poncifs: différences de classe, mauvais timing, orgueil mis à mal... Johannes, le fils du meunier, tombe amoureux de Victoria, la fille du châtelain, dès qu'il la voit. Il a alors 14 ans et elle 8. Les années passent, ils se rencontrent fréquemment, sans jamais vraiment oser avouer leur attirance réciproque. Johannes s'installe en ville, devient poète, Victoria grandit et devient une jeune femme promise à Otto, jeune homme vaniteux et riche.

J'ai suivi ainsi les va-et-vient de cet amour inavoué d'abord avec une certaine tendresse pour les personnages, jusqu'à ce que je m'avoue que Victoria est décidément vraiment trop inconstante, hameçonant Johannes de ses demi-aveux avant de le remballer froidement de manière quasi-systématique.

Knut Hamsun fait quelques disgressions maladroites sur ce qu'est l'amour à plusieurs points du récit, et le tout laisse un petit goût d'inachevé.

Bref, c'est une déception pour moi qui avait jusqu'ici aimé la fraîcheur de son écriture. Mauvaise pioche!





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Sous l'étoile d'automne

Un récit sans véritable histoire, une tranche de vie d'un personnage qui a choisi de vivre au jour le jour, louant ses bras ici ou là. Il s'agit d'un choix, il refuse les occasions de s'installer, pour se sentir libre, pour varier les tâches, éviter la routine, … C'est aussi un roman sur la nature, sur la vieillesse solitaire. le narrateur, Knut Pedersen (véritable nom de Knut Hamsun), oscille sans cesse entre solitude et besoin de sociabilité. C'est un roman d'ambiance, empreint de nostalgie et de mélancolie. C'est agréable à lire mais j'ai bien peur d'oublier ce récit bien vite.
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La Faim

Voilà un roman bien étrange qui a tout pour me plaire à l'exception des dérives de son auteur car vers la fin de sa vie Knut Hamsun a cautionné honteusement le nazisme. Il est mort dans un hôpital psychiatrique et ceci explique peut-être cela. Mais je ne ferai pas le procès de l'auteur (il en a eu un) puisqu'il n'est pas question d'idéologie dans son premier roman qui date de 1890 et que j'ai beaucoup aimé.

Son titre a changé dans la dernière traduction de Régis Boyer qui considère que "Faim" est plus juste que "La faim". Effectivement, ce n'est pas la même chose. Il faut dire que je pensais avant d'ouvrir le livre qu'il s'agissait d'un essai sur la faim mais pas du tout, il est question d'un jeune norvégien famélique errant dans les rues de Kristiania, une ville qu'il connaît bien.



Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, on navigue dans l'esprit torturé du narrateur qui pourrait ne pas être sans cesse sur le point de mourir de faim. Mais il a probablement besoin d'être dans un état de manque, affamé, pour trouver l'inspiration, cherchant à écrire pour vendre ses textes aux journaux afin de gagner quelques sous pour vivre.

Je l'ai pris pour un fou m'attendant au pire mais non, il est juste différent de son entourage.

C'est comme s'il cherchait volontairement à dépouiller son âme et sa raison semble vaciller. Il est borderline même en amour alors que tout semble possible dans sa vie s'il n'avait pas d'absurdes sursauts d'orgueil. Il déborde même de générosité par moments, préférant donner que recevoir quitte à rester plusieurs jours sans manger.



Expérience vécue ou pas, Knut Hamsun explore la psychologie tortueuse du narrateur de façon surprenante avec un langage très moderne pour l'époque comme quand il écrit "Mon cerveau nerveux sorti ses antennes" expression amusante que j'aime bien.

Une deuxième lecture du lauréat du prix Nobel de littérature 1920 va s'imposer rapidement.





Challenge Riquiqui 2024

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La Faim

"Il est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain

Il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim"

Là où Prévert dit tout de la misère humaine en deux vers, Knut Hamsun prend, lui, 182 pages.

Plutôt que le son, il convoque d'autres sens : la vue des vitrines bien garnies, l'odeur de la viande grillée.

Et quand Prévert parle de l'universel, le narrateur de "Faim" ne parle que de lui-même – le sort s'acharne sur lui exprès, le monde est méchant.

Bon, j'avoue une certaine prévention contre Hamsun, ce prix Nobel de littérature qui a fait cadeau de sa médaille à son meilleur ami... Joseph Goebbels. (Au moins dans "Faim", pas de propos antisémites ou homophobes comme dans "Au pays des contes". le narrateur est trop occupé à contempler son propre nombril.)

À la fin de ma lecture, j'avais donc en tête un avis lapidaire sur ce court roman : quelques semaines de déambulations absurdes d'un auteur affamé, à Oslo, dans les années 1880.

Auteur de quoi, on ne sait pas trop : il tente de vendre des articles à un journal, une pièce à un directeur de théâtre.

Bien entendu, ça foire.

Au début il est logé, habillé et rasé de près. Au fil des semaines il perd tout : son logement faute de payer le loyer, ses vêtements qu'il dépose chez le prêteur sur gages, et son "carnet de coiffeur", sorte d'abonnement qu'il offre à un ami.

Car il a des amis, il a des relations, il a du talent ; il pourrait s'en tirer mais la faim ainsi que son sens de l'honneur – à géométrie variable – le mènent à des conduites totalement absurdes, hallucinées… et contre-productives.

Bref, encore un ouin-ouin.

Mais.

Mais j'ai lu ensuite la préface de l'excellent traducteur Régis Boyer, qui m'a ouvert des horizons.

Selon lui, Hamsun tire prétexte de la faim du narrateur pour expérimenter un style d'écriture qui serait précurseur du courant de conscience, 40 ans avant Joyce.

Et j'avoue, vu sous cet aspect, le roman prend une autre tournure.

Parce que, même si les opinions de l'auteur me révulsent, il me faut malgré tout l'admettre : il écrivait rudement bien.



Challenge Nobel

Challenge solidaire 2024
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La Faim

Je pense que vous apprécierez ce livre si vous avez aimé Les Carnets Du Sous-sol. On s'attache facilement au personnage principal dont on suit avec sympathie et pitié la descente aux enfers.



Un narrateur anonyme -écrivain de gare au génie approximatif -, nous raconte ses tribulations au cœur de la ville de Christiania.



Ecorché par la vie, dénué la plupart du temps de la moindre couronne, nous assistons à la tentative pathétique d'un homme qui ne vit que dans une temporalité très réduite.



Meurtri par la faim, son existence ne se réduit qu'à une suite d'essais plus ou moins loufoques pour tenter d'avoir de quoi manger lors de son prochain repas.



Si ses écrits -publiés quelques fois dans les journaux- lui donnent matière à se substanter occasionnellement, il est malgré tout souvent contraint de se départir progressivement de sa vertu à la faveur de frasques où le poids de l'égoïsme se fait progressivement de plus en plus lourd.



A la manière d'un bipolaire alimentaire, il oscille entre les phases maniaques exaltées et l'inertie des passions tristes en fonction de l'état de son estomac.



Nous contemplons son âme, désespéré et impuissants, alors que le désespoir laisse la place à la folie puis à la décrépitude de ses valeurs humanistes.



Pour tromper la faim, l'homme développe tout un tas de comportements obsessionnels accompagnés de soliloques dépités : il mesure l'étroitesse d'un trou dans le mur avec son canif, invente des mots qui n'existent pas et s'insurge contre des ennemis imaginaires, raconte pour son plaisir des mensonges grotesques à un aveugle, jette une enveloppe vide dans la rue à dessein et jubile de la réaction d'un policier qui pensait y trouver de l'argent.



Très émotif et porté à la culpabilité, il est difficile de déterminer si son comportement amène et délicat social lui est dicté par la pression du regard des autres ou par les valeurs chrétiennes - bien qu'ayant peu de considération pour Dieu qui semble l'avoir abandonné -.



Il essaie de s'accrocher à tout et n'importe quoi, il tente de s'imaginer amoureux, dévot, écrivain de talent.... Tout pourvu que l'orgueil ne s'intercale pas dans son vide existentiel ! Et même s'il finit par mentir, voler, parjurer... Il ne tombera jamais du côté de Mammon.



J'ai aimé les nuances apportées dans la description du personnage. J'ai aimé le dénouement aussi que j'interprète pour ma part comme un regain d'espoir après une infortune qui semblait ne jamais vouloir s'achever.

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La Faim

"La faim" est un roman classique de la littérature Norvégienne, un récit qui nous plonge dans la dégringolade d'un journaliste qui peu à peu voit s'étioler ses revenus, sa lucidité, sa volonté, sa chance, jusqu'à voir se profiler l'ombre terrifiante de la misère.

Dans cette histoire le lecteur erre, s'égare avec le pauvre homme qui au fil des pages déverse le contenu de sa pensée, ses soubresauts d'orgueil, ses désespoirs, ses illusions. C'est éprouvant, haletant, mais pour autant, malgré l'indifférence des "honnêtes gens", l'incompréhension, leur rejet, le livre est secoué par une force de vie, celle de son héros, qui se débat, refuse son sors, se réinvente, se creuse la tête dans le but de se tirer de cette mauvaise passe.

Knut Hamsun nous décrit une ville où chacun tente au mieux de vivre dignement, mais la pauvreté à Christiana (Oslo) est partout en ce temps. Les mains secourables seront rares...

Cerné par le malheur, le héros nous emmène avec lui dans les parcs, les entrées d'immeubles, les chambrettes aux murs percés, nous avons faim, froid avec lui, et comme lui, nous conservons cette lueur d'espoir qui vise à croire que le salut est encore possible. Et comme lui, nous parvenons à nous émerveiller de la moindre résurgence de dignité, du moindre retour furtif du plaisir terrestre.

Dans une langue fluide et vive, le roman échafaude patiemment sa logique de l'implacable déchéance, et nous pousse à nous battre au côtés de son héros.

Poignant.
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Victoria

Johannès est le fils du meunier, Victoria est la fille du châtelain.



Amour impossible, oui, mais certainement pas à cause de ça !



Surtout parce que Victoria est une idiote snob et coquette, et elle paiera sa sottise au prix fort.



Parce que oui, ok, j'ai lu partout que c'était une histoire impossible à cause de la différence de milieu social, mais d'une part, Johannès est un héros - il a sauvé une petite fille de la noyade - et en plus, il réussit particulièrement bien sa carrière d'écrivain. D'ailleurs, le vieux précepteur à un moment donné raconte un mariage entre un homme ayant réussi et une femme au-dessus de sa condition, mariage d'intérêt auquel le père de la belle Victoria aurait à mon avis, consenti avec joie - vu l'état de ses finances et les extrêmes auxquelles il a du se résoudre ! - si Victoria n'avait pas découragé Johannès avec tant de persévérance !



Leur histoire m'a singulièrement rappelé celle dans Tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa, en moins long tout de même, mais bref.



Une histoire d'amour impossible, non selon moi, une histoire d'amour manquée, oui, sans conteste.



Et une histoire assez agréable à lire.
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Victoria

Ce roman, paru en 1898 (avant que Knut Hamsun obtienne le Prix Nobel en 1920) aurait pu être sous-titré : Amour contrarié entre le fils du meunier, Johannes, et Victoria, la fille du châtelain. Assez caricatural et mélodramatique, l'amour et les sentiments qui en découlent prennent toute la place.



L'histoire se déroule dans la campagne norvégienne du 19ème siècle. Lorsque les deux jeunes gens se rencontrent, il a 14 ans alors qu'elle en a à peine 10. Vous l'avez compris, tout les sépare. Il est solitaire, pauvre, et aime la poésie, alors qu'elle est entourée, riche, et vit de mondanités.



Ils vont se croiser, se chercher, s'éloigner et se rapprocher. On nage dans les atermoiements d'un amour de jeunesse, dans les difficultés à dire l'amour, dans l'orgueil de le taire. Le style laisse d'ailleurs transparaitre une innocence et une naïveté à l'image de celles de nos deux protagonistes.



Ce livre, facile à lire, a le charme des contes pour enfants, avec une riche jeune fille et un pauvre jeune homme qui se cherchent, et le côté suranné des relations compassées et impossibles d'un temps révolu.











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Femmes à la fontaine

Une petite ville côtière se pose en toile de fond pour ce classique de la littérature norvégienne. Les personnages plus ou moins influents se croisent, se heurtent tout au long de ces pages.

On assiste plus à de grands drames humains qu'à de grandes joies, car les beaux jours sont courts. Les riches comme les pauvres, malgré leur différences sociales, connaissent des revers de fortunes.

Je ne peux que penser à Balzac en lisant Knut Hamsun, à la différence que ce dernier s'exprime dans un langage rude, entre dans la tête de ses personnages, que nous entendons penser sous nos yeux, pour relever leurs pensées obscures.

Ils sont tous des personnages hauts en couleur, forts dans leur tempérament et leurs convictions, emplis d'énergie vitale et chacun à leur manière de spiritualité.

C'est un roman profond, à lire sous plusieurs angles, un peu désuet et toujours d'actualité cependant.
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La Faim

Au début de cet œuvre , Faim de Knut Hamsun, je me suis laissée embarquer par le style qui est absolument remarquable. Au fur et à mesure de cette lecture, j’ai très vite été ennuyée par l’histoire et par son coté répétitif, malgré son originalité.



L’auteur dépeint un norvégien qui perd son logement et se retrouve à la rue. Il doit faire face à la pauvreté et à la faim. Il écrit de temps en temps des articles pour un journal mais ce n’est pas suffisant pour se nourrir.

L’homme en question devient très faible par manque de nourriture et la folie le guette. Il a souvent des crampes sévères et est torturé mentalement par la faim. La vie qu’il mène à la rue est éprouvante.



L’histoire m’a désarçonnée en quelque sorte. Je soupçonne que l’auteur a déjà vécu un moment comme ça dans sa vie pour donner autant de détails. Mais, ça n’est que pure supposition.

Je pense que ce roman mérite une relecture pour cette plume si particulière et que ce n’était pas le bon moment pour moi. Malgré mon avis, si vous avez envie de le lire, n’hésitez pas.



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Esclaves de l'amour

Initialement parues dans différents recueils dans leur version originale, les nouvelles rassemblées ici offrent un bon aperçu des thèmes habituels chez Hamsun : en premier lieu celui du vagabond, mais aussi l'exil, l'enfance, l'amour ou l'importance de la nature. Imprégnées d'éléments autobiographies (notamment pour celles qui se passent en Amérique), ces nouvelles présentent une variété de forme, du quasi-fantastique au réalisme ou au symbolisme. Mais chez Hamsun, les histoires d'amour se passent mal : l'un trahit, ou aime par intérêt, tandis que l'autre accepte d'être esclave, malmené, utilisé. Certains frôlent parfois la folie, d'autres jouent un double jeu. Le tout corseté par les conventions de la petite société norvégienne du début du XXè siècle. J'ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles. Derrière une façade embourgeoisée, les héros s'affranchissent des conventions sociales pour aimer comme ils veulent. Mais amour et liberté ne font pas souvent bon ménage chez Hamsun.
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