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Critiques de Knut Hamsun (238)
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La Faim

« La faim », c'est un peu l'anti « Bel Ami ». Le héros fait aussi profession de journaliste, si l'on peut dire, mais a lui un véritable talent, n'en tire que quelques sous, et surtout échoue dans tout ce qu'il entreprend. L'amour, il ne part pas le chercher, il ne fait qu'en rêver ; et c'est de lui-même qu'il vient à lui – mais là aussi il échoue misérablement.



Rien n'est plus éprouvant à lire que la description d'un homme lancé dans l'autodestruction. La faim le ronge, et plus encore la fierté. Le peu de nourriture qu'il parvient à trouver, souvent il la vomit. Les quelques malheureuses pièces qu'il parvient à se procurer, par son travail ou par chance, il finit toujours par les gaspiller sur un mouvement d'orgueil. A travers les rues de Copenhague, il traine sa misère et ses vêtements en loque, hurlant et gesticulant comme un fou. Pris de subite colères, il débite les pires sottises à des inconnus. De minuscules évènements le jettent dans de terribles transes. Quand à la jeune fille qui l'aime, il l'a confondue avec l'être issu de son imagination, et il est dur de dire lequel des deux il aime.



Rien de plus terrible que cet homme dont on suit la chute, qu'on voit peut à peut se transformer en loque déchirée, recroquevillée, broyée par la misère… Hamsun fut beaucoup de choses, mais il fut aussi cet être-là.
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Victoria

avis mitigé ; se lit en une seule fois car on attend

vraiment la fin du suspens grâce au style

mais .....
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Pan

Un roman très étrange : le lieutenant Thomas Glahn désire se retirer du monde et a choisi de vivre dans une cabane dans la forêt profonde de Norvège. Il vit de la chasse et de la pêche et a un chien, Esope, comme compagnon.

Un jour de 1855, il rencontre le docteur et sa fille Edwarda dont il tombe immédiatement amoureux. Mais cet amour ne semble pas lui suffire car il ne peut s’empêcher de séduire d’autres jeunes femmes : Henriette la bergère, Eva, la femme du forgeron …

Ses yeux d’animal semblent vous toucher quand il vous regarde, dira Edwarda.

Mais Edwarda recherche un prince, alors quand le Baron, un scientifique, arrive dans la région pour ses recherches, la jeune fille semble se détourner du lieutenant. Délaissé, il finira par vouloir le supprimer mais tuera Eva par accident dans sa manœuvre.

Cet amour se transforme ainsi en véritable folie, jalousie et impulsivité qui mèneront le lieutenant jusque dans la jungle indienne et jusqu’à la mort.

De Pan, le dieu grec, on retrouve le lien fort avec la nature, que le narrateur préfère à la société où il ne sent pas adapté, ainsi que l’attraction irrésistible envers les femmes.

C’est un roman plein de symboles et d’implicite, très riche, qui ne peut laisser indifférent !

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La Faim

C'est Charles Bukowski qui m'a recommandé ce livre, enfin, un forum dédié à Bukowski. Il semblerait en effet que le vieux Buk ait lu ce bouquin.

Un peu sceptique au début, il faut dire que l'auteur est un écrivain norvégien plus connu pour ses positions nationalistes pendant la seconde guerre mondial que pour ces romans. Quoi que, la Norvège essaye depuis plusieurs années de lui redonner de la crédibilité, en vain.

Alors oui, dès les premières pages, on sent comme une similitude lointaine avec Bukowski dans les thèmes abordés : un écrivain fauché qui crève la faim et qui peine à vendre ses papiers.

Mais après quelques pages, petit sourire en coin : c'est à John Fante que je pense. Arturo Bandini.

Le personnage du roman me rappelle Bandini dans Demande à la poussière. Troublant.



Alors pour ceux, qui comme moi, n'ont jamais réussi à ranger Demande à la poussière (et tous les autres Fante) dans la bibliothèque après l'avoir lu et relu, je vous recommande ce roman. Même si ce Knut Hamsun, n'était pas vraiment le genre de mec à qui je payerais une bière.



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La Faim

Le thème étant dérangeant, je m'attendais à ce que ma lecture soit difficile par moments et ce fut bien sûr le cas car les descriptions des affres de la faim semblent tellement justes qu'on souffre pour le narrateur. Mais on veut en savoir plus, comment a-t-il pu n'avoir plus une seule pièce devant lui ? Et surtout comment va-t-il se sortir de ce cercle vicieux ? Oscillant entre la foi et le délire, on l'accompagne en priant pour ce ne soit pas jusqu'à sa fin.
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Sur les sentiers où l'herbe repousse

La mauvaise foi, qui répond à la lâcheté face à l'intimidation majoritaire, est un phénomène qui me fascine autant qu'il a fasciné Nietzsche, Sartre ou beaucoup plus médiocrement Régis Debray. Les prétextes qu'on se donne pour justifier qu'on aime Hamsun ne sont pas seulement ridicules; ils sont sordides.



Car on n'a pas besoin de ça. Knut Hamsun n'est pas Alphonse de Châteaubriant. Tout chez Hamsun n'est pas essentiellement réductible au nazisme. Il est d'abord Hamsun, il est d'abord un grand écrivain, souvent génial, et son adhésion politique, quoique intégrale autant qu'indéfectible (il mourra en nazi convaincu, et en admirateur d'Hitler) ne se fait nulle part sentir dans son oeuvre artistique.



Il aura eu droit à tous les traitements de mauvaise foi, suivant les saisons d'après-guerre: d'abord déclaré fou, ensuite décrit comme un jobard, c'est maintenant une espèce de crypto-résistant au nazisme. En effet, après la victoire des Alliés sur les forces de l'Axe, que pouvait-on bien faire de ce grand écrivain, prix Nobel dont on ne pouvait diminuer la stature artistique, et qui incommodait fort les tribunaux politiques? L'accuser d'être maboul semblait tout indiqué: il est devenu nazi comme on tombe fou! le tour était joué. Mais psychiatriser l'opposition... n'est-ce pas quelque chose de très totalitaire? Noam Chomsky ayant déjà largement traité le sujet du néolibéralisme mondialisé, "dernier avatar de l'hydre qui a engendré le nazisme et le bolchevisme", je continue.



Aujourd'hui, pour s'excuser de lire Hamsun ou d'amirer son oeuvre, qui n'est pas plus contournable que celle de Louis-Ferdinand Céline, on se met à inventer des histoires: ah, mais il a sauvé des Juifs, des résistants, des... Hein? Où? Quand? Non, à ma connaissance il n'a pas fait ça. Alors le disque change: il n'était pas vraiment hitlérien, il était juste "anti-Anglais"... Si, si, il était vraiment, très, très hitlérien. Et son fils Alrid Hamsun était très, très dans la SS. Et alors? Cela change-t-il un gramme de la valeur de la Faim, de Pan ou de Sur les sentiers où l'herbe repousse?



Sur les sentiers où l'herbe repousse est un merveilleux chef-d'oeuvre d'apaisement. Hamsun au crépuscule de sa vie, condamné, interné, provisoirement déconsidéré, n'est ni aigri ni vindicatif. Il conserve intact cet équilibre supérieur entre la nature et le rêve qu'il exprime de toutes les manières possibles, avec une palette de couleurs extraordinaires, sans fausse bieveillance, sans cette dégoûtante humilité de Tartuffe qui pollue ordinairement la littérature des vaincus. Sincère, simple, sobre, et plein d'humour, il voit partout des merveilles, se réjouit de vivre, et communique au lecteur un sentiment de joie intérieure, panthéiste, presque animiste, et cependant lucide, qui s'apparente, vraiment, à une "sublimation". L'après-midi du faune touche à sa fin, et cette partie vaut bien le prélude.
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La Faim

Un livre magnifique, assez angoissant mais d'une écriture d'une précision et efficacité redoutable… On suit notre personnage dans les tréfonds de sa pensée, cela en fait un témoignage troublant de la douleur… Un auteur admiré entre autre par Bukowski.
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Victoria

Un amour impossible comme celui de Roméo et Juliette ou de Tristan et Iseult, il en existe aussi dans la littérature norvégienne ! C’est le cas de Victoria et Johannes dans ce magnifique roman de Knut Hamsun, un chef-d’œuvre classique à compter dans sa bibliothèque.

Le personnage central est ce garçon très fantasque qu’est Johannes, très rêveur, la tête pleine d’histoires depuis tout petit, il poursuit des études de littérature et devient un poète et auteur à succès. Il connait Victoria depuis son enfance, elle est la fille du châtelain alors que lui n’est que le fils du meunier. Ces deux caractères si différents se retrouvent et s’opposent dans un amour passionné mais aussi impossible.

La pensée de Johannes est libre, à l’opposé de ses actes contraints par les barrières sociales, elle est exaltée et ne se canalise que par la présence de la nature et par l’écriture. Victoria lui semble si indifférente et cruelle parfois, elle lui rappelle les réalités de la vie mais en dessous une intense lutte intérieure entre la raison et les sentiments sévit.

C’est une histoire d’amour loin d’être romantique ou niaise, plutôt poétique, lucide comme le sont les nordiques. Les personnages vivent intensément leur choix et leur Destin qui leur est si cher qui ne fait pas dans le sentiment. La vie continue malgré tout, il faut l’affronter avec en dedans la blessure.
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Enfants de leur temps

Un roman de transformation, tout change autour de notre personnage, les temps changent, la petite ville de Segelfoss se modernise à une grande vitesse avec l'arrivée marquante de celui qu'on nomme ''le roi'', Tobias Holmengra, un homme modeste mais très résolu quant à développer et agrandir la ville, allant jusqu'à acheter la rivière de Segelfoss sur toutes ses rives, mais le lieutenant Holmsen, lui,ne change même pas d'un seul iota, même quand sa femme reconnait qu'elle a été cause de l'antipathie dans leur ménage, et qu'elle lui demande pardon, il reste le même, toujours aimable, altruiste mais impassible, imperturbable, tout calmement il dit non à la réconciliation. En dehors de la ville qui se métamorphose peu à peu, des personnages sont fuyants, leurs petits actes sont presque évanescents,. Bien qu'ils soient sans artifice, ces personnages ressemblent aux comédiens muets sur une scène pourtant vivante. La lecture est limpide, mais on prend le temps de progresser dans sa lecture, calmement, l'intrique est presque plate, rien ne nous pousse à aller vite. Mais qu'à cela ne tienne, le livre m'a plu, cet air de la campagne qui semble tout apaiser, des enfants qui jouent aux dominants et aux soumis, des femmes qui semblent effacées, n'y que leur nom !
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La Faim

Le héros de ce roman est un moine urbain qui arpente les rues à la recherche d'une inspiration pour ses articles qu'il vend à la petite semaine à un journal local. Il lutte contre la faim comme le supporter de l'OM qui lutterait pour ne pas être vulgaire au cours d'un match. Il n'y a aucune intrigue dans ce récit mais l'humanité revisitée incarnée par le héros permet de maintenir une attention palpable.
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L'éveil de la glèbe

Knut Hamsun est un auteur norvégien du tournant du dernier siècle, reconnu (il s'est fait attribuer le prix Nobel de littérature en 1920) mais également controversé vers la fin de sa vie. Depuis un moment déjà je voulais m'attaquer à ce pilier. À la bibliothèque, le premier de ses bouquins sur lequel je suis tombé est L'éveil de la glèbe. Malheureusement, ce ne fut pas un choix qui me satisfit. Essentiellement, il s'agit d'un roman du terroir. Un type solitaire mais travailleur se retire dans une région excentrée de la Norvège, défriche un bout de terre puis se trouve une femme. Celle-là, Inger, est un personnage féminin fort et intéressant. Avec les années, leur famille s'agrandit (et se réduit), des voisins s'amènent, etc. Bref, une histoire plusieurs fois racontée déjà. Tous ces romans qui font l'apologie de la vie d'agriculteurs, plus capable ! En plus, il s'agit d'austères protestants, on est loin des scènes bucoliques et festives de la campagne française… Ça n'a rien à voir avec le talent de l'auteur (quoique son style ne m'ait pas particulièrement interpelé), je le sais, mais ça teinte ma perception de l'oeuvre. Au moins, j'ai trouvé original comment il a intégré des éléments spécifiques à son pays, comme la présence de Lapons et des supersitions locales, ou bien la fracture entre les générations, celles d'Isak et de ses fils Sivert et Eleusis, davantage tourné vers l'avenir… ou l'Amérique.
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Rêveurs

Rêveurs, de Hamsun n'est sans doute pas le roman le plus connu de son auteur, prix nobel en 1920, qui adhéra aux idées national socialistes pendant la guerre et rédigea une nécrologie élogieuse d'Hitler. On comprend que cette période de sa vie ait ternie durablement son image et qu'il ait été vigoureusement critiqué. On ne peut cependant qu'être surpris en apprenant cela à la sortie de ce livre, qui ne laisse en rien présager cela.



Rêveurs est en effet l'histoire d'Ove Rolandsen, télégraphiste dans une petite ville norvégienne. Bon vivant, buveur, noceur et coureur de jupon il suit son instinct et vit en harmonie avec l'humeur que lui inspire le temps et les saisons. Il rêve, grâce à une invention de vivre plus largement, mais il lui faut pour cela de l'argent afin de déposer les brevets. Cette situation est le point de départ d'une série d'évènements auxquels va devoir faire face notre héros, avec le caractère qu'on vient d'énoncer plus haut. Sans compter qu'un nouveau pasteur vient d'arriver, et qu'il entend faire régner la loi de son dieu.



Roman au style simple et sans prétention, il parvient tout de même à nous accrocher, à l'instar d'un London et l'on sent son amour pour la nature, pour son pays, la pêche, la mer, les hommes qui sont francs du collier et vivent selon leurs instincts.

Livre court, prenant, rapide à lire, il ravira tout le monde !
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Pan

Traduit du norvégien par Georges Sautreau

Panique au Nordland ! Ce n'est pas le roman d 'un amour, mais celui de la folie. C'est le livre du désir, de la possession, de la jalousie, de la frustration. La légende dit que celui qui rencontrera Pan deviendra fou. Hamsun nous en donne la démonstration. Paradoxe que ce livre. Alors qu'à travers le regard de Glahn, le personnage principal, on en vient à se laisser bercer par la poétique de l'espace et par la déclamation des émotions qui le saisissent, et que l'on se voit porter vers un sentiment de liberté, d'indépendance, de dépassement, d'amour et de respect pour la nature sauvage qui l'entoure, nous sommes constamment rappelés au désordre par un sentiment d'enfermement, d'emprise, de désœuvrement, de rancœur, et de haine.

La caresse et la gifle. La glace et le feu. La pureté et le mensonge. La comédie et la vérité.

Hydre bicéphale sous l'emprise de la destruction.

Étrangeté du récit qui provoque le malaise de cette lecture. « Bénis soient la vie et la terre et le ciel, bénis soient mes ennemis, je veux en ce moment faire grâce à mon pire ennemi et nouer les cordons de ses souliers »...Oui mais voilà que ce chantre du « tout amour » balance à l'eau sans aucune raison le soulier de son espérée...voilà qu'il crache dans l'oreille d'un baron, voilà qu'il tue « accidentellement » son aimée en faisant exploser le pan d'une montagne ( l'image d'ailleurs est assez intéressante je trouve) , voilà qu'il se tire une balle dans le pied, et voilà qu'il abat son chien, voilà qu'il tire à coups de fusil sur tous les oiseaux...

Devenu un classique de la littérature norvégienne, Pan fut écrit par Knut Hamsun en 1894. En 1920, celui-ci se voit couronner par un prix Nobel de littérature. Parcours chaotique que celui de cet auteur dont l'enfance n'a pas été des plus heureuse ( ceci a valeur de tentative de compréhension et non d'excuse) . Peut être est ce là qu'il convient de rechercher le venin de la folie injecté dans ce roman, et la vision de l'auteur sur la société humaine ? Sa recherche pathologique de la pureté est apparente dans ce livre. Ce qui est considéré comme « impure » chez Hamsun est sous sa plume frappé de laideur. La notion de pureté et, surtout, la recherche et la glorification constante de celle-ci a toujours quelque chose de sulfureux, de nauséabond.

Il n'est pas possible d'ignorer les choix injustifiables de Hamsun lors de la seconde guerre mondiale qui l'on poussé à soutenir le 3e Reich jusqu'à en venir à écrire l'éloge funeste du monstre de Berchtesgaden. Henry Miller le voyait comme un aristocrate de l'esprit. Nombreux furent ceux qui saluèrent sa plume : Thomas Mann , André Gide, Maxime Gorki, Bertolt Brecht, H.G. Wells. Nombreux, oui, mais en 1929…

Il peut paraître pour certains quelque peu facile et même tendancieux aujourd'hui de rechercher les traces dans les écrits d'Hamsun des indices d'une appétence pour le nazisme, puisque nous connaissons le passé. Mais je prends ce risque.

Hamsun lui même savait le désordre qui le hantait, seulement il en avait sous estimé l'ampleur.

« Dieu avait fourré le doigt dans mon réseau nerveux et modérément, très superficiellement, il avait mis un peu de désordre dans les fils.".



Astrid Shriqui Garain

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Victoria

Une jolie histoire norvégienne d'amour impossible vers la fin du XIXème siècle entre la fille du châtelain et un jeune meunier. Belle écriture qui coule comme l'amour entre les deux jeunes héros et emporte le lecteur dans le tourbillon de leurs sentiments.
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Mystères

C'est Le Livre qui m'a fait découvrir le plaisir de la lecture, j'ai eu un coup de foudre pour cette histoire. Je l'ai acheté plusieurs fois, chaque fois que je le prête on oublie de me le rendre alors je le rachète ...
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De Christiania à Oslo

12 nouvelles norvégiennes, livre qui semble avoir disparu des catalogues de la maison d'édition !

Et pourtant en conclusion de l'ouvrage, il y a une esquisse d'un état des lieux de la nouvelle norvégienne en traduction française, et c'est un excellent plaidoyer pour évoquer la durée de vie d'un livre.

"Actuellement, le livre tend à devenir- s'il ne l'est pas d'ailleurs déjà devenu - un produit de consommation dont il faut user rapidement. Peut être verra t on d'ailleurs assez rapidement, au dos des livres, à côté du code barre, des dates limites de consommation."

De même un constat, "les lois du marché économique font que l'intérêt financier amené à ne parler que d'un ou deux livres, quelques auteurs réputés médiatiques et confirmés."

Ces vérités sont toujours d'actualité.

Toutefois, la lecture de ces nouvelles n'est pas si facile que ça.

Certes les auteurs cités sont dignes d'intérêt et méritent d'être connus mais ils ne sont pas vraiment moteur dans l'envie de découvrir le monde suranné des auteurs de nouvelles norvégiennes du siècle dernier !

Pour ceux qui souhaiteraient entrer dans cet univers d'un autre temps, je joins toutefois mes notes de lecture.



Le premier à sévir est Bjørnstjerne Martinus Bjørnson, né en 1832, nobelisé en 1903, il a dirigé le théâtre de Bergen avant de posséder son propre théâtre à Christiania ... ( si vous l'ignoriez, Oslo s'est appelé Christiania de 1624 à 1924). Il a été surnommé Le Victor Hugo norvégien.

Sa nouvelle ici présentée "l'énigme " est plutôt énigmatique .... je n'ai pas vraiment apprécié. Il est difficile d'approcher l'écriture d'un auteur d'un autre siècle par l'intermédiaire d'une nouvelle, trop peu de temps pour pénétrer dans son univers.



La suite Johan Bojer, enfant abandonné né en 1872, romancier d'origine modeste ayant vécu à Trondhjem (ancien nom de Trondheim). Il a été célèbre pour ses romans dont plusieurs ont été traduits en français. Sa nouvelle "skobelef", est abordable mais je ne dirais pas plaisante mais plutôt ennuyeuse, avec un cheval étalon pour tout un village,skobelef ... avec un écuyer modèle pour tout un village, Peter Lo.



Puis, Finn Carling, né en 1925, un auteur contemporain inspiré par Kafka, inspiré par la vie intérieure des hommes, engagé auprès des faibles avec une fibre sociale très développée ... peut être plus abordable. Sa nouvelle "le prince et le jeune homme",

Simple, surprenante dans son déroulé et par sa fin mais peut être surtout simpliste.



Voici Arne Garborg, né en 1851, drôle de bonhomme, tour à tour, instituteur libre-penseur, journaliste radical, il devient presque anarchiste, puis il revient à des sentiments religieux. Sa nouvelle, "jeunesse" où il cherche à donner une réponse à une pièce de Bjørnstjerne Bjørnson "le gant", contient une dose de provocation importante pour la fin du XIX siècle, nouvelle tout à fait lisible, que l'on partage ou pas ses vues sur les aventures amoureuses des hommes (et, ou) des femmes. Il est regrettable que cet auteur n'est jamais, hormis cette nouvelle, été traduit en français, l'expérience de la découverte aurait pu continuer !



Arrive ensuite, Knut Hamsun, né en 1859, élevé par un oncle piétiste qui le tyrannise, il s'enfuit en Norvège, aux États Unis, à Copenhague. La première guerre mondiale le révèle fervent partisan de l'Allemagne. Il revoit en 1920 le prix Nobel et n'hésite pas à devenir protagonistes des idées hitlériennes. La plupart de ses œuvres ont été traduites en français. Voici donc "Patron Rejersen de l'Etoile du sud", nouvelle divertissante qui nous entraîne avec ce patron dans les recoins du machisme traditionnel .... celui qui fut un homme, un vrai ne peut renoncer à ses privilèges et si il faut changer de lieu, il partira pour trouver de nouvelles proies.



Alexander Kielland, né en 1849, maire de Stavanger, journaliste et auteur reconnu de nouvelles qui ne ménagent pas les classes dirigeantes et la société norvégienne. La nouvelle s'appelle "le presbytère", elle est la description de ce qu'un printemps déchaîne à la fois dans la nature et dans le cœur d'une jeune fille provinciale. L'éducation sentimentale date du siècle passé avec le poids d'un père pasteur, une éducation sans mère, une fille seule avec ses questions.



Hans Knick, né en 1865 dans le Finnmark, enseignant puis bibliothécaire universitaire, maître incontesté de la nouvelle avec l'étude de la psychologie et de la nature norvégienne. Il fut très inspiré par l'Italie qui deviendra son second pays. "Nids vides", nouvelle qui nous donne une description très poussée de la campagne norvégienne, à la limite du fantastique, ces oiseaux qui se transforment en inquiétants visiteurs, ces petits bonhommes aux nez rouge .... pas vraiment mon trip !



Thomas Krag, né 1868, est un auteur de roman réaliste sur la vie populaire. Sa nouvelle est "Dora", enfin une vraie bonne nouvelle avec une trame sentimentale et tragique cela revient souvent au même, même si la mentalité de l'auteur digne des vrais traditionalistes ancestraux me laisse pantoise "les femmes ne manquent pas d'amener malheur et péché ici bas" !



Jonas Lie, né en 1833, avocat ruiné qui se lance dans l'écriture de poésies, de romans et d'essais. Sa nouvelle "le troll des mirages", très courte, une dizaine de pages seulement est très condensée pour nous montrer la puissance des rêves, des espoirs ... la définition même d'un mirage peut être.



Nils Johan Rud, né en 1908, enfin un petit jeunot dans la bande des novelistes, révolté contre l'injustice sociale, chantre de la femme et de la nature. Un écrivain moderne avec un style vif, plaisant et brillant. "Julie et le cheval blanc", une très belle histoire d'amour, une très belle histoire de vie.



Cora Sandel, il aura fallu attendre le onzième nouvelle pour voir enfin apparaître le nom d'une femme, née en 1880, cette nouvelle "l'enfant" est le seul texte d'elle traduit en français. Elle est connue pour avoir publié une trilogie autobiographique d'une femme se débattant face à une société misogyne. Cette nouvelle reprend le thème de l'enfant ciment du couple ou prison du couple tout comme cette lampe qui enferme les insectes pris au piège par une lumière extraordinaire à voir de l'extérieur et qui devient une prison quand on se laisse attiré. Texte d'une modernité exemplaire.



Tarjei Vexaas, né en 1897, peintre de la vie paysanne, connu internationalement.

Sa nouvelle "l'anniversaire" ne m'a guère séduite je n'ai pas vraiment compris toute la symbolique.

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Pan

Ce livre, considéré comme un chef d’œuvre, n'a pas été pour moi un choc littéraire, même si j'en ai aimé la lecture. Certes, il y a une certaine poésie, une ambiance très étrange, quelque chose qui pèse dans cette nature habitée par Glahn, le chasseur. On ne sait pas vraiment d'où émane la folie des personnages qui sont pourtant très ordinaires, retranchés dans leur petite vie.

On retrouve aussi l'atmosphère nordique des romans de Stig Dagerman, cette bizarrerie qui s'inscrit chez le commun des mortels.

Mais le narrateur est horripilant! Un anti-héros, un homme détestable, égoïste, pas du tout attachant, un chasseur plein de froideur, qui ne s'anime jamais par amour de l'autre, mais en fonction de l'intérêt qu'on lui porte, par orgueil. Il s'éprend d'Edvarda, dont le comportement est lui aussi très étonnant. On ne sait jamais si ses caprices viennent du manque de sociabilité de Glahn, si elle s'adapte à cet amoureux renfermé sur lui-même ou si elle est aussi égocentrique que lui.

Les femmes sont jeunes et belles ; elles sont des nymphes qui tombent parfois dans les filets de Pan : les étreint-il vraiment ou les rêve-t-il?






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Rosa

Nous retrouvons dans Rosa, les personnages principaux de Benoni, par la plume de l'étudiant Parelius, auxquels s'ajoute la Baronne, fille de Mack.

Le tableau se dresse à nouveau sur la petite ville rurale du nord au prise avec son évolution vers la civilisation urbaine.

L'amour reste malgré tout le fil conducteur de chaque vie, il est le moteur de ces romans où il gouverne la société du plus pauvre au plus riche.

L'argent, quant à lui, détient le pouvoir de hisser à hauteur des plus puissants et d'obtenir cet amour convoité, qu'il soit physique ou sentimental.

Un fond de cynisme et de rudesse, un soupçon de sauvagerie et de bienveillance, sont les ingrédients naturels de ce classique norvégien.
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Pan

Pan s'inspire de l'histoire vraisemblablement vraie du lieutenant Thomas Glahn, un « ermite vivant » qui vit en symbiose avec la nature, vivant dans une hutte dans une forêt du Nordland (Norvège). Cette communion avec la nature se traduit par les nombreuses séances de chasse, accompagnées de son chien Esope - son seul compagnon fidèle - mais aussi de promenades particulières au sein de celle-ci au fil des saisons. le lieutenant Glahn est un personnage solitaire, exclu d'une société dont il ne connaît peu les codes. D'ailleurs, il s'exclut lui-même en nommant tout groupe de personne : « la société ». Pourtant, ce n'est pas un personnage asocial : il répond positivement aux invitations et cherche à attirer l'attention, particulièrement pour des femmes qui vont bouleverser sa vie. Effectivement, sa vie se retrouve chamboulée lorsqu'il rencontre Edvarda, une femme à la soif de pouvoir, qui se révèle apparemment manipulatrice. C'est alors tout un amour maladif et jaloux qui naît et qui prend appui progressivement sur deux bouc-émissaires qui deviennent les piliers de cette confrontation littérale qui fait souffrir les quatre protagonistes. C'est une lutte constante entre les deux protagonistes, jalonnée d'événements. Finalement, ce roman relate la vie du lieutenant de Thomas Glahn, mais ce qui fait sa particularité, c'est que nous avons également un texte annexe – plus court – centré sur la mort du lieutenant, raconté par un narrateur contemporain qui lui est hostile. C'est ainsi que l'on peut apprécier ce livre, deux histoires et deux fins différentes avec comme point commun : un homme très singulier.



Il est rare que mes lectures mettent au premier plan une histoire amoureuse. Mais celle-ci est étonnante, presque originale j'oserai dire puisque ce n'est pas de la naïveté, ce n'est pas de l'amour du XXIe siècle, ce n'est pas quelque chose de « chouchou-loulou ». Cette histoire, on pourrait le croire, pourrait être fictive tellement les événements sont particuliers. Et parfois même, on pourrait remettre en cause la réalité de ceux-ci par le caractère exceptionnel et étonnant des péripéties. Actuellement, quand j'écris cet avis (à chaud, juste après la lecture), le personnage de Glahn – et celui d'Edvarda – sont des personnages aux problèmes psychologiques, qui sont détruits moralement par cette histoire ; et c'est terrifiant car je me sens ancré, je me sens happé par ce discours presque horrifique et traumatisant de cet amour inconditionnel et maladif. J'ai l'impression d'avoir vécu moi-même cette histoire et je pense qu'il me faut une bonne nuit de sommeil pour m'en détacher. Et quel étrange sentiment que ce livre nous impose alors qu'il n'est pas un thriller, ni un roman à suspens ! Je me dis : comment peut-on commettre ces actes ? Comment peut-on réagir comme cela ? Comment cela peut-il avoir existé ? Mais malgré cette intrigue intéressante, on peut s'interroger sur la qualité de la fin. Alors qu'on pourrait s'attendre à un rebondissement, à quelque chose presque d'inexplicable, on peut se sentir déçu. Pourtant, il ne faut pas cracher dans la soupe ! Effectivement, elle se révèle en fait très réaliste, offrant ainsi un nouveau côté perturbant à l'histoire.

Pour le style d'écriture, ce roman a été publié en 1894 en norvégien, puis traduit en français. Il ne faut pas s'attendre à des tournures de phrases du XXIe siècle, mais c'est quand même plus compréhensif que l'ancien français. C'est un style d'écriture très intéressant, dans lequel on apprend pas mal de vocabulaire, notamment sur la nature et la chasse. Et c'est vrai que l'on sent véritablement cette communion avec la nature, ce paysage développé qui ne quitte jamais l'histoire. le style d'écriture permet aisément de reconnaître les perturbations morales et psychiques des personnages, nous offrant ainsi la possibilité de les critiquer au fil des chapitres très courts. Il est aussi excellent dans le domaine moral ce style, permettant l'écriture de phrases brillantes que l'on peut conserver en tant que citations.

Finalement, ce roman nous permet d'appréhender une vision plutôt malsaine de l'amour, d'un amour qui n'est ni tout blanc, ni tout rose et semé d'embûches. On peut ainsi se poser des questions sur les limites de l'amour, et des sentiments – parfois exagérés – qu'il provoque et peut-être ainsi remettre en cause ce domaine qui est tant idolâtré et protégé. C'est un texte qui met en valeur une nature vivifiante et régénérant, et qui nous questionne sur les effets de la société sur les esprits.
Lien : https://leschroniquesdejerem..
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Un air si pur

J'ai eu du mal à dormir, le temps de la lecture. Je ne sais pas exactement pourquoi mais il y a un sentiment de malaise qui se dégage à la description de cette société bourgeoise ou qui s'en prétend. Knut Hamsun y dépeint des personnages torturés, égoïstes, pédants et pose un regard acerbe sur cette micro société qui s'installe dans un sanatorium nouvellement établit en plein montagne pour se soigner.

On apprend à y connaitre "le suicidé", un homme cynique qui affiche en permanence son mépris pour l'existence humaine mais qui ne veut pas déshonorer la mort et cherche une manière digne de mourir. Mais on se rend compte peu à peu des faiblesses du personnage et ce qui fait de lui qu'il est Homme à travers son univers douloureusement secret.

D'un autre côté "le directeur" d'école se targue de sauver le monde de la bêtise et de l'ignorance en sa qualité de professeur et méprise tous ceux qui pourraient se détourner de la voie de l'enseignement et de ses lumières.

On évolue dans ce monde ou les comtes sont des escrocs et ou les princesses dont la présence au sanatorium en font sa renommée sont des usurpatrices.

En bref, tout ce beau monde qui se rattache à ses principes et au monde matériel semble en perdition, et tous semblent avoir leurs petits secrets peu honorables.

Parmi ceux-ci, Julie ou Melle d'Espart selon le milieu ou elle se présente, issue d'une lignée bourgeoise sur le déclin, cherche sa place et papillonne avec les hommes du beau monde. Jouissant d'un physique agréable et d'une personnalité affable, elle sait plaire. Elle s'éprend d'un comte dont elle tombera enceinte et qui lui remettra une somme d'argent important avant de se faire emprisonner. Face à l'urgence de cette situation, elle finira par se résigner à aller habiter avec un paysan résidant non loin du sanatorium qui lui promet une vie honorable et simple par une proposition de mariage. On sent toutefois que l'histoire sera impossible quand réapparait le comte...



Une lecture intrigante et parfois dérangeante dans un style classique qui remet en question notre regard sur cette société qui semble vile et dépressive, en perte de repère tout en nous mettant en position de voyeurisme, car l'auteur attire notre curiosité sur ce monde intriguant et nous renvoie à nous même et à nos vices.

J'y ai trouvé certaines longueurs, me demandant parfois ou le livre allait me mener, mais il apporte surement plus de questionnements que de réponses.
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