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Citations de Lao She (194)


Une oie sauvage, même si elle ne cacarde pas, éprouve tout de même du plaisir à voler avec la troupe.
Page 297
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page 258 [...] Le jour des funérailles fut bien sûr, pour tous, le jour le plus triste. Sous les grands sophoras, seize gaillards, qui ne portaient pas la longue robe des bonzes, soulevèrent très lentement, très précautionneusement, sous le commandement de M. Li, le grand cercueil blanc. Il n'y avait pas de cloche funèbre; la jeune madame Qian, les cheveux sur les épaules, vêtue d'une très longue tunique de deuil en toile grossière, marchait en tête du cortège, devant le cercueil; on aurait dit un fantôme. M. Jin, triste, l'air éteint, la tenait par la main; ses larmes coulaient sur son nez rouge. Au moment où le cercueil fut soulevé de terre, il frappa le sol de ses grands pieds. Un petit groupe de musiciens se mit à jouer une musique simple à l'aide d'instruments à vent et à percussion. M. Li cria la formule d'usage pour le pourboire, mais s'interrompit en plein milieu.
Il devait être très vigilant, car il rythmait le pas des porteurs avec ses règles sonores. Cette fois-ci cependant, il n'avait pas le cœur à les frapper trop fort. Mme Qian était assise sur une charrette, attelée à une mule efflanquée, qui avançait lentement, juste derrière le cercueil. Les yeux secs de la vieille jetaient toujours la même lueur étrange et fixaient obstinément l'arrière du cercueil; sa tête remuait au rythme de la charrette.
Le vieux Qi, qui n'était pas encore rétabli et qui ne pouvait rester trop longtemps debout, suivit la scène, soutenu par Petit Shunr, depuis le seuil de sa porte. Il n'osait pas sortir. La petite Niuzi voulait elle aussi voir ce qui se passait, mais sa mère la fit rentrer à la maison. A peine venait-elle de ramener Niuzi dans la cour, qu'elle entendit sa belle-mère demander : "C'est aujourd'hui les funérailles de la famille Qian ?" Elle répondit par un simple "oui"; elle fila ensuite vers sa cuisine et se mit à couper les légumes pour le repas; à ce moment-là, elle éclata en sanglots.[...] Quand un pays a perdu son indépendance, la mort devient une compagne. Ce qui arrivait à la famille Qian était affligeant pour tout le monde et resterait à jamais inscrit dans les cœurs. Qu'il était loin le bon vieux temps où chacun vivait en paix ! [...]
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Si vous vous trouvez face à un tigre, il est inutile de raisonner trop longtemps, il faut seulement vite choisir entre le combat et la fuite. Connaître les raisons qui poussent le tigre à vous attaquer ne vous avancera à rien, et si vous choisissez l'affrontement, alors il faut rendre coup pour coup pour parvenir à vos fins !
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Lao She
Le courage de la goutte d'eau,c'est qu'elle ose tomber dans le désert .
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page 70 [...] Ses lèvres souriantes étaient sur mon visage et, au-dessus de ses cheveux, je voyais le croissant de lune qui souriait aussi. La brise printanière était comme ivre et déchirait les nuages pour laisser voir la lune et un ou deux couples d'étoiles. Au bord de la rivière, les saules s'agitaient mollement, des grenouilles chantaient amoureusement, le parfum des jeunes roseaux flottait dans l'air tiède du soir. J'écoutais le murmure de l'eau, source de force et de vie pour les tendres roseaux dont j'imaginais l'allègre croissance. La sève des jeunes pousses montait du sol chaud et humide jusqu'aux feuilles et aux fleurs. Tout dans ce coin de terre fécondé et transfiguré par le printemps répandait un parfum de fleurs épanouies. J'avais perdu conscience d'être moi-même, livrée toute au printemps comme la végétation alentour ; je n'existais plus, fondue dans la brise et le pâle clair de lune. [...]
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page 32 [...] You Lao'er se sentit tout désemparé. S'il l'avait su plus tôt, il aurait pu appeler du renfort pour mettre les six types sous les verrous. Mais peut-être valait-il mieux que l'affaire ait été réglée à l'amiable : ils se reverraient surement un jour ; çà lui avait couté soixante yuans. Il craignait que le cas se renouvelant, son salaire lui-même n'y suffise plus. Pour un inspecteur en chef, quelle honte ! Se faire ainsi soutirer de l'argent par des "rebelles" ! La pilule était amère et il ne pouvait même pas s'en plaindre. Lao Liu était-il de bonne foi ou lui avait-il joué un tour ? Il fallait lui poser quelques questions. Car enfin, est-ce une façon d'exécuter un ordre que de faire venir les rebelles au bureau au lieu de les coffrer ? Avec Lao Liu, il ne pouvait pas non plus se montrer trop sévère, car le bonhomme était capable de monter lui aussi sur la montagne. Se passer de ses services ? C'était également impossible : ce n'était pas le moment de se mettre quelqu'un à dos. [...]
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Vraiment, il ressemblait à un arbre : robuste, silencieux et vivant. Il avait conçu un plan, qu'il ne pouvait révéler aux autres. Parmi les tireurs, les ennuis de chacun servaient de sujet de conversation à tous. Au coin des rues, dans les maisons de thé, dans les cours, chacun racontait, en l'arrangeant, sa petite histoire, qui devenait un bien public et se propageait comme une chanson populaire. Siang-tse était un campagnard ; il n'avait pas la parole aussi rapide que les citadins. Il n'avait d'ailleurs aucune envie d'imiter ces mauvaises langues. Son histoire, il la gardait pour lui-même. Ne gaspillant pas son temps en bavardages, il pouvait réfléchir tout à loisir.
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- Plus on est pauvre plus on a d'enfants : après tout les pauvres ont aussi le droit d'en avoir!
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Il vaut mieux n'avoir pour toute nourriture que du fumier en vivant sous son propre drapeau que de manger de la viande sous le drapeau ennemi.
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Ma vie de semi-retraite m'a coupé de la société. Mes amis étaient le vin, la poésie, la peinture et les fleurs.
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La Grande Guerre n'avait pas seulement ébranlé les économies des pays concernés, elle avait aussi ébranlé les idéologies. Les hommes et les femmes qui pensaient remettaient en question toutes les anciennes valeurs morales et tous les vieux concepts pour les réinterpréter. Ils voulaient se débarrasser des vieilles entraves pour bâtir un monde nouveau où régnerait la paix. Le mariage, la famille, la morale, la religion, la politique, toutes ces notions étaient tournées sens dessus dessous et comme déracinées par les nouvelles formes de pensée.
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On ne peut connaître tous les aspects de sa propre culture ; ainsi le poisson vit dans l'eau, mais il ne peut bondir hors de celle-ci pour voir à quoi elle ressemble. Si l'on ne peut connaître avec une entière objectivité sa propre culture, d'autres sont susceptibles de l'observer avec impartialité, du fait même qu'ils vivent en dehors d'elle, mais ils ne peuvent que très difficilement en savourer le goût.
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Ainsi, si les chiens sont laids, ce n'est pas à cause de leur constitution, c'est tout simplement dû au fait qu'ils n'ont que la peau et les os, et serrent leur queue entre leurs pattes d'un bout de l'année à l'autre. Chaque fois que je vois dans la rue un chien errant se repaître d'excréments,il me vient l'envie de pleurer. Aussi, bien que je ne m'attendrisse pas facilement, m'arrive-t-il très souvent de verser des larmes. Quand j'aperçois un petit chien pitoyable, je ne peux m'empêcher de penser à la misère du peuple. Les chiens et les chats ne pourront être gras que le jour où le peuple sera riche.
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Ce n'est que lorsqu'on a bu qu'on peut laisser de côté la politesse hypocrite et la routine de la vie quotidienne pour oser montrer un peu de son talent et exprimer franchement ses opinions.
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Mais , hum ! ca ne m'empêche pas de rire comme avant, de me moquer devant tant d'intelligence et de talents gâchés en une vie , et de railler un monde terriblement injuste, dans l'espoir que, lors de mon dernier éclat de rire , le monde aura peut être un peu changé!
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....la haine et le dégoût ne sont pas des sentiments parfaitement identiques : dans la haine se mêle toujours un peu de respect.

Extrait de la nouvelle Les voisins .
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Siang-Tse ne répondit rien. Il ne réagissait plus : il avait appris à être fataliste. Il mangerait s'il y avait à manger et travaillerait s'il y avait du travail. Ainsi, une journée passerait vite. Comme un mulet tournant autour d'une noria, il ne se demandait plus pourquoi il trimait.
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Siang-Tse, pendant tout ce temps, n'avait pas dit un mot. Mais il écoutait attentivement les autres parler. Leurs propos avaient beau varier quant au ton, à l'accent et au contenu, ils finissaient tous par maudire l'injustice du sort. Ces paroles, il les buvait littéralement, tel un sol assoiffé qui résorbe en un clin d'œil les gouttes d'une pluie longtemps attendue. Taciturne et solitaire qu'il était, il eût été bien en peine de dire clairement ce qu'il avait sur le cœur ; il ne pouvait ruminer l'amertume de l'existence qu'à travers les mots des autres. Tout le monde menait la vie dure, et lui n'y faisait pas exception ; à la pensée de ses propres misères, il se sentait en communion avec les autres. Quand ils racontaient quelque chose de triste, il plissait lui aussi le front ; quand ils plaisantaient, il esquissait un sourire, respirant ainsi du même souffle qu'eux. N'étaient-ils pas tous dans le même pétrin ? D'ordinaire, il fuyait ces conversations, considérant que ce n'étaient là que parlotes, commérages et perte de temps. Mais voilà que ce soir-là, pour la première fois, il trouvait en chacun un porte-parole !
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Après ces troubles dans l'armée, ce fut à nouveau un grand chambardement : l'Empire des Qing fit place à la République de Chine. Des changements de dynastie ou de régime, on n'en rencontrait pas souvent, mais personnellement je trouvais que ça n'avait aucun intérêt. À dire vrai, pour un événement qui ne se produit même pas tous les cent ans, l'agitation fut à peine comparable à celle que le soulèvement militaire avait entraînée. Et puis les gens disaient qu'avec la République, le peuple aurait, en toutes choses, le contrôle suprême. Or, je n'ai rien constaté de tel. J'étais toujours agent de police, mon salaire n'avait pas augmenté, et le travail qu'on nous demandait était toujours aussi routinier. Après comme avant, j'étais victime des mêmes humiliations. Avant, les serviteurs de ces messieurs les grands mandarins nous traitaient plus bas que terre. Après, les hommes à la solde des nouveaux mandarins furent tout aussi désagréables avec nous. On continua donc de "se foutre du monde" : le passage d'un régime à l'autre au fond ne changea rien.
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Les femmes avaient un sort moins enviable encore. Elles devaient faire face à tout : aux plaintes des vieillards, aux maladies des enfants, à la violence de leur mari. Quand elles étaient enceintes, elles ne cessaient pas de travailler et ne se nourrissaient que de bouillons de riz avec des patates. Elles mendiaient aussi. Parfois, elles rapportaient du linge à laver ou à rapiécer la nuit, sous une lampe à pétrole, lorsque tout le monde était enfin endormi. Le vent qui entrait par les fentes des murs de ces pièces exiguës enlevait toute chaleur. Fatiguées, mal nourries - elles donnaient à manger aux vieux et aux petits - elles étaient la plupart du temps malades. A trente ans, elles perdaient leurs cheveux. Elles ne tardaient pas à mourir.
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