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Critiques de Léa Silhol (208)
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Sacra - Parfums d'Isenne et d'Ailleurs, tom..

Cela faisait longtemps, très (trop) longtemps que je n’avais pas parcouru les sentiers d’encre tissés par Léa Silhol. Elle fait pourtant partie de mes auteurs préférés mais, je ne sais pourquoi, j’ai passé plusieurs années sans ouvrir un seul de ses livres, qu’ils aient été déjà lus ou non. Mais quelques fois, prendre le temps avant de revenir vers un auteur ou une autrice qu’on apprécie particulièrement ajoute à l’intensité de la lecture. En ce début d’année, alors que je cherchais quel livre allait constituer ma première lecture de l’an neuf, mon choix s’est ainsi porté vers Sacra : parfums d’Isenne & d’ailleurs, opus un. Le recueil de Léa Silhol attendait patiemment sur mes étagères que je vienne enfin ouvrir son écrin pour en découvrir les trésors.



Certaines personnes pratiquent la bibliomancie. Cela consiste à choisir un livre au hasard, à l’ouvrir à une page au hasard puis à tirer du passage ou de la phrase ainsi lue un oracle. C’est à cela que j’ai pensé lorsque j’ai parcouru les premières lignes de ce recueil, bien que mon choix n’ait rien du au hasard. Ces phrases-là, c’était comme un message de l’Univers, alors que je retrouvais le plaisir d’écrire et ces fameuses fulgurances d’inspiration, cette fièvre créatrice que je croyais à jamais perdues ; un message qui me confirmait que décidément, j’avais bien choisi ma première lecture de l’année 2020 :



"Je me suis souvent demandé d’où vient la magie des écrivains. Cette espèce de transe d’où jaillissent les mots. Des mots qui se font phrases, se font chants, et hissent hors du néant la trame construite des histoires."



C’est ainsi que commence la nouvelle À Travers la Fumée. On y suit, via un traducteur, le parcours d’une autrice alors qu’elle reçoit une mystérieuse boîte de palissandre qui cache en son sein un manuscrit. Dans ce premier texte se dévoilent déjà les thèmes qui vont infuser le recueil : la création et, bien sûr, les parfums. Les parfums qui forment le sous-titre du diptyque, les parfums qui donnent une note précise à chaque texte. Et, bien sûr, la frontière poreuse entre réel et irréel, entre modernité brute, rationnelle, et les antiques magies qui pétrissent les mythologies de tous temps. Un très beau texte pour entrer dans le vif du sujet, qui n’est pas là pour mettre à l’aise, bien au contraire, mais pour poser le ton, les thèmes. Quant à moi, rien que les premiers mots m’avaient déjà séduite alors autant dire que le texte tout entier m’a plu ! 🙂



Litophanie nous offre une nouvelle fantasy digne d’un conte. Un conte comme à l’ancien temps, aussi beau que cruel. Luned vient d’avoir seize ans et son père a décidé de lui offrir, en cadeau, un portrait d’elle réalisé en vitrail. Un travail d’artisan qui sera confié à un Isennien. Isenne, là aussi un nom qui figure en sous-titre du recueil. Isenne, une ville que j’avais déjà parcourue précédemment dans des textes de Léa Silhol (j’en reparlerai plus loin dans cette chronique). Ici, point de balade dans les rues de cette cité d’Artisans, car c’est l’artisan qui vient au château où vit Luned. Mais l’enchantement du premier texte, s’il a changé de temporalité, de lieu et même de thématique (encore que… l’on y parle de création aussi à l’arrière-plan, à travers la conception de ce vitrail), reste intact.



Là où Changent les Formes nous emmène cette fois bien en Isenne. J’ai retrouvé avec délices cette nouvelle familière, parue auparavant dans le numéro d’Emblèmes consacré au Rêve. C’était alors la première fois que je parcourais, guidée par l’autrice, les rues d’Isenne, Cité des Artisans, aux côtés d’Estel qui y revenait après des années passées au loin. C’est aussi avec ce texte que j’avais rencontré pour la première fois la figure de Morphée vue par Léa Silhol. Une interprétation de la divinité grecque qui m’avait laissée le souffle coupé. Autant dire que cette relecture m’a enchantée !



Changement de cap – mais on reste proche de Morphée, puisque les rêves y prennent grande place – avec Le Rêve en la Cité, hommage de l’autrice au cycle d’Elric de Michael Moorcock. Je n’ai jamais lu ce cycle mais cela ne m’a pas manqué à la lecture de cette nouvelle – je pense cependant que, si vous connaissez cette oeuvre, vous découvrirez sans doute des références et des subtilités dans le texte qui m’auront échappées à cause de cette méconnaissance.



Arrive une novella qui m’a laissée pantoise. Gold se déroule au début du XXe siècle, dans la Vienne fourmillant d’artistes. Nous y suivont Izôkage Hakugin, un céramiste japonais spécialisé dans l’art du Kintsugi, ainsi que ses échanges avec Gustav Klimt. Des échanges où les affres de la création, du succès dans son art et de ses conséquences, du lien entre l’artiste et son art comme l’artiste et son public, de l’aliénation que cela peut parfois créer, tous ces thèmes qui n’en sont qu’un sont parties prenantes de ces conversations. Il n’y a aucune once de fantastique ou de fantasy dans ce texte – hormis, peut-être, un léger écho, aussi évanescent qu’un flocon de neige, à la nouvelle La Loi du Flocon qui figure au sommaire du recueil Contes de la Tisseuse. Gold est également lié à Lyron d’Anrheim, personnage du Lied d’intransigeance (nouvelle au sommaire du recueil Conversations avec la mort) et permet de connaître la suite de son destin. Pas d’inquiétude cependant si vous n’avez lu aucun de ces deux textes, malgré ces liens – surtout pour Le Lied d’instransigeance – l’histoire de Gold reste tout à fait compréhensible en elle-même, puisqu’un bref rappel des événements parus précédemment sont glissés au fil des lignes. Une novella magnifique, aux thèmes évocateurs, sans concession, infusés de la Vienne artistique du début du siècle et de l’art japonais du Kintsugi, une novella qui laisse de nombreuses réflexions se dérouler, bref, si le recueil ne comporte – à mes yeux – que des pépites, Gold la bien-nommée est LA pépite entre les pépites !



Retour en Isenne avec Trois Fois, un texte que j’avais pu lire il y a longtemps lors de sa première parution. Je retrouve avec bonheur la cité des Artisans, même si cette fois-ci une créature inquiétante s’en mêle. La figure vampirique du texte n’est cependant pas ce qui m’a le plus intéressée mais j’ai beaucoup apprécié l’originalité de sa mise en scène. En revanche, j’ai littéralement eu le souffle suspendu – malgré ma connaissance du dénouement – par le duel de Payne avec cette Dame Rouge, duel absolument splendide, ainsi que par tous les petits cailloux semés par l’autrice pour nous indiquer les origines d’Isenne. Si la Cité conserve encore des secrets, quelques voiles sont ici soulevés, et pas des moindres !



Après les deux novellas du recueil, retour au texte court avec Under the Ivy. Cette fois, encore, pas de magie. Malgré tout, la figure du Green Man sourd de la description sensuelle de la forêt par le personnage principal, Ivy. Ivy ou Eve, à qui l’on interdit ces bois sauvages, anciens. Mais la nature indomptée de la jeune fille est irrésistiblement attirée, depuis toujours, par cette forêt. Chant d’amour pour les bois intouchés, chant de la nature féminine et sauvage, Under the Ivy nous donne à rencontrer une jeune fille au caractère piquant et libre.



Magnificat boucle magnifiquement le récit. Béata rencontre Ada à Prague pour lui demander de lui déchiffrer un manuscrit persan. Un manuscrit qui aurait été rédigé de la main d’un Djinn. Cette nouvelle oscille entre réalisme magique et fantasy urbaine des années 40. Elle tourne autour du concept de l’extase, cette fois. Préparez-vous, car suivre les pas d’Ada, à l’instar de Béata, ne laisse pas indifférent. Pour ma part, j’ai refermé le recueil – et donc ce texte – avec une sensation de vertige et d’éblouissement, comme envoûtée. Je n’en dirai pas plus sur Magnificat car je pense qu’il nécessite d’être lu dans son entier pour en saisir pleinement chaque détail. C’est comme si chaque texte précédent nous préparait à ce final tourbillonnant.



Ce premier opus du diptyque Sacra est plus qu’un coup de coeur, c’est une expérience de lecture qu’il m’a été donné de vivre. Autant vous dire que je ne vais pas mettre longtemps avant de lire un autre ouvrage de Léa Silhol. Il me tarde de découvrir d’autres facettes d’Isenne, de humer d’autres senteurs, de parcourir d’autres sentiers de mots et d’encre, dans le second opus : Nulle Âme Invincible.
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Le Dit de Frontier, Tome 1 : Musiques de la..

Mon avis :

Difficile de parler d’un livre quand tout est déjà dit en quatrième de couverture… Parce que c’est bien exactement de ce qui est décrit qu’il s’agit. Et le monde de Léa Silhol n’est pas très éloigné du nôtre : un monde parallèle à une poignée de degrés-seconde de nous, contemporain et universel. C’est bien de notre société dont elle parle, celle qui refoule tout ce qui n’est pas dans la norme, qui a peur de la différence, qui déteste tout ce qui est sauvage, mais réagit pourtant comme un animal effrayé, en agressant, en chassant, en tuant. Et qui n’a pas rêvé, se sentant incompris, méprisé, rejeté, de se révolter, de tout foutre en l’air, ou de trouver un monde meilleur ?

À travers ces quelques tableaux, l’auteur nous parle de révolte et d’utopie, et nous entraîne dans un récit d’une sombre beauté. Car il y a de la noirceur, dans ce qu’elle nous décrit : la lutte des enfants-fées pour gagner une place dans un monde qui ne veut pas d’eux. Mais la plume de Léa Silhol magnifie cette noirceur, en affine chaque facette et la rend étincelante comme un diamant. Et l’obscurité s’éclaircit peu à peu, et comme l’aube qui chasse les démons de la nuit, découvre toute la poésie, toute la beauté d’un monde au-delà de la haine.

Bien sûr, on parle là de littérature fantastique, et beaucoup de lecteurs n’apprécient pas ce genre, mais quel dommage de passer à côté d’une plume aussi belle, qui sait lever des images en quelques mots et mettre du beau sur tout ce qu’elle décrit. La littérature de l’imaginaire demande peut-être un effort particulier, mais, au fond, n’est-ce pas la plus belle façon de retrouver son âme d’enfant, ce moment de la vie où tout est permis, même de toucher l’irréel et de voir l’invisible…
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De Brocéliande en Avalon

(...)Je ne suis pas une grande amatrice de nouvelles, en général, mais ce genre de recueil m’attire toujours au 1er coup d’oeil. Celui-ci n’a pas fait exception à la règle et je me suis plongée avec enthousiasme dans sa lecture, compte tenu des grands noms qui figurent à son sommaire.



Comme souvent avec les anthologies, je n’ai pas autant accroché à toutes les nouvelles. Il y en a même une (celle de Nathalie Dau) que j’ai abandonnée avant la fin. J’ai particulièrement aimé les histoires de Pierre Bordage, avec sa critique de la guerre, et celle de Léa Silhol, une petite merveille douce-amère et très poétique. Je mentionnerai aussi l’hilarante nouvelle d’Adam Roy, qui parodie à la fois le mythe arthurien et la série X Files; si l’humour est parfois un peu lourd, il est compensé par l’imagination débordante de l’auteur.



Mon seul véritable regret concernant cette anthologie, c’est que la plupart des nouvelles utilisent comme ressort principal le thème de la réincarnation. Au bout d’un moment, c’est quand même très répétitif. Pour le reste, c’était une très agréable lecture, à recommander à tous ceux que la mythologie arthurienne intéresse ainsi qu’à tous les amateurs de SFFF. (...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Le Dit de Frontier, Tome 1 : Musiques de la..

On peut se contenter de cette urban fantasy intelligente et engagée, mais on peut aussi la relire et la relier à l’ensemble silholien pour découvrir une facette qui brille de mille feux.
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La sève et le givre

Bienvenue dans un autre monde, bienvenue en Féerie.



Un monde mythique proche de la culture celte, un monde dont je ne connaissais rien. Ou presque.



Car ce livre m’a révélé bien des choses sur d’autres livres, comme le cycle des Princes D’Ambre de Roger Zelazny, par exemple. Dans ce dernier, les Ombres que je prenais pour de simple mondes parallèles pourraient être comparées aux différentes cours de Féerie. La façon de se déplacer entre-elles, ou du moins pour entrer en Irshem, est similaire au déplacement entre les Ombres. Un personnage en commun également : le Roi Oberon.



Bref, la Sève et le Givre est un voyage, un rêve, peut-être même un cauchemar.



Du long de ces 280 pages, ce roman est rédigé avec un vocabulaire extrêmement riche et un phrasé soutenu. J’ai eu la sensation de lire une immense prophétie chargée de mots compliqués et de phrases à double sens. D’ailleurs, toute l’histoire est basée sur une prophétie… mais après quelques pages, on se fait vite à ce type d’écriture peu commune et la lecture se poursuit (ok, parfois avec un bon dico à portée).



La Sève et le Givre ont donné vie à Angharad, femme fatale aux pouvoirs issus de l’hiver et du printemps. Mais les trois prophétesses ont décidés de jouer avec son cœur, avec sa vie, pour se venger de Finstern, le Roi Obscur reignant sur Irshem. Des choix devront être faits, et d’eux découleront la fin de la Féerie, ou son renouveau.



Amour, traîtrise, manipulation, magie, rêve et découverte.

Voici ce qui résume ce petit flocon.



Si ce livre n’entre pas dans mon top 3, il en restera néanmoins à jamais gravé dans ma mémoire. Il m’aura ouvert l’un des Seuils et invité à observer, pour un temps, une certaine vision de la Féerie. J’ai désormais la ferme intention d’en savoir plus sur ce monde, et j’ai déjà quelques bouquins dans ma bibliothèque qui me le permettront.
Lien : http://lamagiedesmots.be/la-..
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La sève et le givre

Ce livre est différent de tous ceux de Fantasy que j’ai pu lire auparavant. Il nous propose de découvrir un monde que nous pensons familier de par nos précédentes lectures, il n’en est rien.



Les êtres de faëry nous y paraissent cruels et dénué de sentiments, et parfois ils sont envahis par leurs sentiments. Ici, ils ne sont pas simplement humanisés et dans un sens c’est tant mieux.



J’ai eu beaucoup de mal à me mettre dans cette histoire . Pourtant l’écriture est facile, mais il y a beaucoup de description qui peuvent nous perdre, nous maintenir loin des protagonistes ou de l’histoire qu’on ne fait que suivre. L’auteure nous y fait découvrir des légendes et des personnages celtes.



Passé cette originalité et la première partie, c’est avec un réel plaisir que je voulais découvrir le fin mot de l’histoire.
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Fovea

Je suis en train de le relire, et suis toujours sous le choc, et sous le charme. C’est carrément powerful, douloureux souvent, toujours beau et vrai, fou, démesuré, prenant et crucifiant, incroyablement sensible et intelligent. Et dangereux. On n’en ressort pas, de ce labyrinthe, on ne veut pas en ressortir, on passe des heures sur une page, on se plonge frénétiquement dans le décryptage, la recherche de sens, de clés… Total blast.



[Choc de lecture immédiat ressurgi des tréfonds du Psychopompe blog :]
Lien : http://psychopompe.wordpress..
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Fovea

En playlist ou en tags, en drame d’aéroport ou par le biais d’un conte intériorisé comme rarement conte le fut, Lea Silhol évoque et fait vivre les oscillations entre la peur et la foi, du besoin à la fuite et inversement. Et amène à s’interroger sur la manière dont chacun perçoit le monde et se perçoit dans ce monde : dans l’enracinement ou le tournoiement, l’engagement ou l’indifférence, le tracé de scalpel ou le clac d’objectif photo. Et au-delà de l’interrogation, dévoile une autre vision possible, devenue d’emblée obsédante, de la réalité. Leçon de vertige, leçon de gravité : à travers la rapide descente qu’est Fo/vea, l’auteure amène son lecteur à une compréhension fulgurante de la chute… tout en l’invitant à rire des bleus, et de Dieu.



[Impression de lecture développée on ze blog :]
Lien : http://psycheinhell.wordpres..
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La Glace et la Nuit, Tome 1 : Nigredo

La Glace et la Nuit est une beauté froide, que l'on (re)lit avec passion. La Sève et le Givre avait déjà ce pouvoir, mais ce second opus nous offre une vision plus intime des Cours de Féérie, à travers le regard du jeune Kelis.



Les thèmes de la conquête et de la perdition sont de nouveau courtisés, et n'ont d'égal que le vertige qui nous saisit.
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Fées Divers n°1 : Sombre Féerie

Revue consacrée entièrement à la féerie, la vraie, Fées Divers s'est imposé avec ce premier opus comme une revue vouée à la féerie avec passion et sincérité. Articles solidement documentés et fort instructifs, abondamment illustrés ; nouvelles et poèmes enchanteurs (ah! "Point du jour" de Léa Silhol! Quel texte magnifique), des artistes mis en lumière, avec notamment Marina Bychkova dont j'ai découvert les travaux superbes dans ce numéro. A recommander pour les amoureux des fées!
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La Glace et la Nuit, Tome 1 : Nigredo

Kelis Demi-Coeur est envoyé par Gaemred, la Reine de Neiges, la Souveraine ...
Lien : http://autrecotedumiroir.net..
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La sève et le givre

Je crois vous avoir déjà parlé de cette talentueuse auteure française de fantasy et de fantastique. Elle était éditrice de nombreuses anthologies des très regrettées Editions de l'Oxymore.

Cette histoire est un magnifique conte de fée, cruel et en dehors du temps, sublime et mortel, enchanteur et vénéneux. Elle parle d'êtres dont nous avons perdu la trace et le nom, d'êtres tissés de lumière éblouissante et de noirceur profonde, d'êtres à la fois jeunes et vieux, ouverts et insondables, sages et fous.

Dans un monde semblable au nôtre en des temps lointains, les Parques filent les destinées des mortels et des immortels ... Les Parques sont fées, mais elles sont aussi femmes, et leur infliger un affront revient bien souvent à signer son arrêt de mort ... ou de dissolution. Le roi Finstern le sait, mais nul ne peut contrecarrer les édits du destin ... sauf peut-être une enfant à venir, improbable, imprévisible, alliance contre-nature de la lumière et de l'ombre, du printemps et de l'hiver, de la sève et du givre ...
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Avant l'hiver : Architectonique des clartés

Après mes lectures de La sève et le givre, La glace et la nuit – Nigredo et Albédo et enfin Cauda Pavonis, je me suis plongée dans les à côtés de Vertigen.



On y retrouve notre barde Kélis, à travers ses carnets qui nous plongent dans le quotidien des clartés de Faërie. Plusieurs actes, et plusieurs scènes : on retrouve aussi l’aspect théâtral qui régissait les autres textes du cycle. Chaque scène ses personnages, son cadre, et sa discussion avec un grand du royaume. Ces différents textes sont des confidences recueillies patiemment par Kélis en sa qualité de barde, de mémoire et d’archiviste. L’atmosphère est feutrée, intime; l’écriture une prose toujours poétique. Ces récits nous aident à saisir la substantifique moëlle de Vertigen.



Avant l’hiver revient sur l’époque d’avant Angharad, donc tous les événements antérieurs à La sève et le givre et sa suite La glace et la nuit. Le recueil nous apporte un contexte, une histoire, et un background hyper détaillé. L’occasion de donner de la consistance au royaume et aux personnages secondaires, et d’en comprendre les origines, le fonctionnement et les tensions. Le recueil est d’ailleurs sous-titré « Architectonique des clartés ». Sous-entendant l’équilibre fragile du Royaume qui tangue dangereusement d’ailleurs plus tard. Avant l’hiver est donc un recueil historique, politique et géographique.



Fort passionnant pour tout lecteur de la Trame. Attention, le recueil s’adresse selon moi aux personnes qui ont déjà lu le cycle Vertigen. C’est l’occasion de nombreux « ahhhh », et « ohhhh » quand les fils tissés par Léa Silhol se rejoignent, que les astres s’alignent et que l’on comprend plein de choses… !
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Sous le Lierre

Chacune des œuvres de Léa Silhol est un moment d’émerveillement que je tente de faire durer au maximum. Sous le lierre n’a pas fait exception, et l’autrice me surprend toujours.



Angleterre, comté du Wiltshire, 1912.

Ivy Winthorpe est l’unique héritière du domaine de Hornswood.

Une aristocratie sur le déclin, qui tente de sauver les apparences. Jeune fille à marier qui doit parader aux bals et courber l’échine, Ivy est au fond d’elle-même une jeune femme fière, battante, sauvage. Son cœur et ses pas la portent dans les bois de Savernake qui lui sont interdits. Pour d’obscures raisons. Dont elle n’a que faire. Ces terres de légendes n’auront pas de secret pour elle… ni ce Fern, étrange créature sauvage aussi, qui hante les bois.



Un récit raconté par Ivy, 10 ans plus tard, à la manière de mémoires. Son regard sarcastique sur le déclin de ce monde est cinglant. Ivy oscille entre les héroïnes d’Austen et des sœurs Brontë, penchant nettement vers la fougue et la violence sauvage d’Heathcliff.



Un récit passionnant raconté par une narratrice de talent, avec une plume poétique sans égale. Léa Silhol manie la langue avec brio : images, rythmes, échos, phrasé mélodique… Elle cite Yeats et Whitman mais offre véritablement ici une poésie en prose magnifique, bien à elle.



Surtout, c’est un roman au cœur de l’œuvre de l’autrice, La Trame : de nombreux échos à ses autres romans et nouvelles permettent de tisser des liens et c’est absolument génial.



Ajoutons à cela une forêt légendaire qui se dévoile sous des touches de réalisme magique, des personnages sublimes dignes de ceux de Faërie, une histoire qui vous tiendra en haleine jusqu’au bout : vous avez là une merveille littéraire comme il y en a peu.



Alors oui, on pourrait reprocher à Ivy d'être trop parfaite. Mais non, en fait, on ne lui reproche pas, car elle n'a rien à se faire pardonner. Elle est forte, vive, passionnée, pleine de caractère, sait ce qu'elle veut. Elle m'a inspirée, sa liberté et son envie de casser les murs m'ont inspirée, son entêtement m'a inspirée, sa manière d'envoyer balader son entourage et de pointer la misère de leur petite vie, de leurs pensées étriquées… m'a inspirée. Ivy est parfaite, oui. Et bien vous savez quoi ? C'est chouette, aussi, d'avoir des personnages comme ça. Et Ivy touche du doigt la faërie, elle n'allait quand même pas paraître torturée, petite chose fragile, sautillant d'un pied à un autre toute hésitante.



Que dire de plus ? Sous le lierre est d’une beauté puissante, et m’a envoûtée.
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Gridlock Coda, tome 1 : Romaji Horizon

Si vous ne sortez pas de cette lecture avec une furieuse envie de revoir Poltergeist, Ghost in the Shell et ExistenZ, ou de vous mettre au pixel art, ou de prendre l’autoroute en sens inverse à 340km/h, voire tout ça à la fois, je ne sais pas ce qu’il vous faut. A défaut, vous pouvez toujours vous rabattre sur l’écoute éhontée des nombreux groupes de K-pop que l’autrice liste généreusement à la fin de l’ouvrage.



Romaji Horizon est un roman jubilatoire, où se mêlent avec cohérence clins d’oeil à la pop-culture et références ésotériques, poésie acérée et punchlines mémorables. L’habitué des univers de la Dame aura le plaisir d’y retrouver certains visages et noms connus, et de partir à la chasse aux indices pour d’autres références moins explicites. L’intrigue, portée par un style survolté, ne laisse aucun répit ; on bondit avec Neko entre les paquets de data filant sur le Grid, on est au volant avec Saeru lancé à pleine vitesse lors d’une (mémorable) course-poursuite, on vibre au diapason des serments que ces deux prodiges de la cyber-réalité se font l’un à l’autre. De l’amour et des griffures, de l’humour – beaucoup ! Et de l’humain, encore et toujours. Franchement, quand un auteur s’éclate à ce point sur un récit, ce serait bête de s’en priver, non ?
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De Brocéliande en Avalon

Je dois avouer que je me suis laissée abuser par la magnifique première de couverture, illustrée par John Howe, et que je n'ai, du coup, pas totalement fait attention à la quatrième de couverture qui spécifiait bien pourtant que ce recueil de nouvelles mettaient en scène les héros du cycle arthurien propulsés à notre époque ! Passés les premiers instants de déconfiture, je me suis dit que cela pourrait être intéressant de découvrir le comportement et la faculté d'adaptation de ces héros de légende au XXIème siècle.



Au final, à part dans quelques nouvelles, je n'ai pas été frappée par l'exploitation de cet aspect anachronique ou décalé. Certaines mettent l'accent sur l'amour contrarié des couples emblématiques de la légende, quant d'autres soulignent les motivations ambigües et pas forcément avouables liées à la Quête. On rencontre tour à tour un Merlin amnésique, un Lancelot traqué comme dangereux "serial-killer", une Morgane astrologue, un Galaad musicien rebelle et désenchanté... On suit une enquête policière, une réconciliation avortée, une association de voisins luttant contre l'expulsion injuste programmée par une multinationale peu scrupuleuse,...



Les nouvelles sont assez variées pour maintenir notre intérêt, même si le thème principal de la réincarnation limitée à notre monde contemporain peut donner à la longue une impression de redondance, d'autant que ce sont souvent les mêmes personnages qui sont évoqués, comme Merlin ou Morgane. Mais le ton employé diffère vraiment d'une nouvelle à l'autre : on passe de l'onirisme à un pastiche complètement déjanté, sans oublier la chronique "ennuyeuse" d'une auteure ayant perdu l'inspiration...

Alors évidemment, certaines nouvelles m'ont moins touchée, voire laissée sur ma faim (parfois le début était confus ou la chute mal amenée gâchant son impact), mais d'une manière générale, j'ai apprécié cette lecture, goûtant la poésie de certains passages ou éclatant de rire suite à certains clins d'œil ou références.





Nouvelle préférée : Lancelot aux enfers

J'adore : L'Île close

J'aime beaucoup : Retour sous l'hêtre, Fort 53 & Locataires découpés

En bref :

Les + : des récits au ton très varié ; des passages très poétiques ou drôles ; une réflexion subtile sur la Quête

Les - : l'aspect anachronique et décalé pas assez exploité ; un contexte parfois confus ; une palette de personnages légendaires réduite aux mêmes
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Contes de la Tisseuse : Cinq Saisons et un ..

(le petit mot de l'auteur) :

Ces contes constituent mon premier livre solo. Cet opus a été, depuis, remixé dans la version "La Tisseuse" (chez l'Oxymore, sous deux couvertures différentes - 2004) et réédité en version corrigée chez Nitchevo Factory en 2015, illustrés par Dorian Machecourt.

Cette dernière version est ma préférée, ayant toujours été allergique à la couverture de la première édition, très peu représentative de mon livre.

Cette version d'origine est à présent introuvable, sauf en occasion, à des tarifs qui me laissent souvent pensive. Je recommande vivement la dernière édition, évidemment, en plus grand format, et esthétiquement très supérieure. ;-)
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La Tisseuse : contes de fées, contes de failles

Aux fils de l’eau et des saisons, Léa Silhol nous livre un magnifique recueil.







Dans ces contes, elle reprend des figures mythologiques ou folkloriques et trame des histoires originales et poétiques, poignantes ou cruelles, les deux bien souvent. De la Gorgone à Perséphone, des habitants de Féérie au banshee, toutes les croyances de l’humanité servent de matériau à l’auteur qui va façonner cette matière brute jusqu’à en extraire la beauté de son essence.



Nous rencontrons notamment un personnage central dans ses romans – La Sève et le Givre et La Glace et la nuit – dans le très beau récit « À l’image de la nuit » : il s’agit de Finstern, l’Obscur, seigneur d’Irshem, la neuvième Cour d’Ombre. Un délicieux avant-goût si vous voulez découvrir les romans de l’auteur !



Ces contes, captivant, s’enchaînent, tous d’une grande qualité. Un exemple ici de la puissance évocatrice de Léa Silhol.







Les promesses du Fleuve



Dans un royaume qui ne connaît pas les souffrances de la mort, Aclis, une jeune bergère fait paître ses brebis sur la plage au pied d’une colline sur laquelle une tour guet domine le paysage. Il est interdit d’ouvrir cette tour et personne ne gravit le sentier qui y mène. « Par promesse royale, il est dit que tant que la pierre perdure, tant que close est la porte, nul ne mourra sur les terres du roi. »



Un jour, un inconnu l’aborde. Un étranger d’une grande beauté. Il lui confie que son frère est enfermé dans cette tour depuis dix ans. Il en dresse un portrait plus que flatteur. Il lui avoue qu’il ne peut pas approcher de la tour et lui parler mais que quelqu’un qui n’est pas de sa parentèle pourrait peut-être porter nouvelle de sa venue afin de rompre son total isolement. Les graines de la transgression ne tarderaient pas à germer…



Aclis rencontrent les figures mythologiques, Thanatos, Hypnos et Morphée eux aussi personnages de cette histoire : le lecteur les connaît, en tant que créature archétypal ; en plus de ce substrat, Léa Silhol les dote d’une psychologie (parfois surprenante d’ailleurs) et les fait agir en tant qu’individu. Ajoutez à cela la beauté de la langue, la finesse des métaphores et vous obtenez un merveilleux récit, parfois cruel mais toujours beau.







Tous les contes de ce recueil laissent une forte impression, une marque de mélancolie, un sourire ou une larme. Tout le recueil est d’une puissance évocatrice impressionnante. Une petite merveille !







Ces contes sont précédés d’une introduction intéressante de Léa Silhol et d’un travail d’analyse de l’oeuvre de Natacha Giordano qui éclaire ces nouvelles. Un petit plus (s’il en fallait un !) bienvenu.
Lien : http://casentlebook.fr/les-c..
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La Tisseuse : contes de fées, contes de failles

La tisseuse : contes de fées, contes de failles est une réédition d'un recueil de nouvelles antérieur. Dans la préface, on précise qu'une nouvelle a été ajoutée à la fin du livre.

Chacune des histoires tourne autours d'un contes, parfois d'un récit comparable à la mythologie grecque (qui inspire beaucoup l'auteure) ou alors plutôt médiévale.

Volontairement organisées autours d'un axe eau/saison, les histoires se suivent et racontent l'histoire de femmes humaines ou légendaires, de fées des eaux, de bergère qui tombent dans le piège d'amour impossible.

Toutes ces histoires sont contées avec une plume délicate et que j'ai beaucoup apprécié. Fouillés, parfois cruels, parfois dramatiques, toujours sensibles, on est plongé dans ces récits courts souvent mais toujours captivants.



Une auteure que je ne connaissais pas mais dont je lirais volontiers d'autres textes!
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Il était une fée : 15 contes entre clair et obs..

Il était une fée sur une couverture, mordorure d’ambre sur bois sombre, le geste et le regard comme une énigme, une invite, un défi. Il était quinze fois, quinze récits pétris dans la matière ancienne du conte ou du foklore, autant de rencontres uniques avec un merveilleux revisité et revivifié sous la plume d’auteurs contemporains. Précieuses rencontres : pareille anthologie, ça vous altère le regard comme un don octroyé de seconde vue, pour vous faire voir à travers tous les vernis de naïveté, et au-delà : la féerie, 'entre clair et obscur'.



Voir aussi l'avis de la revue Fées Divers :
Lien : http://feesdivers.fr/chroniq..
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