Grande fan de Léa Silhol, je n’ai pourtant pas encore lu toutes ses parutions. Après avoir savouré le premier opus de la saga Seppenko Monogatari, je me suis lancée dans le second, profitant du Hanami Book Challenge. À noter que ce second volume peut se lire indépendamment du premier, qui était un recueil de nouvelles.
La saga suit une famille japonaise, tout au long des siècles, ainsi que ses liens avec le peuple féerique – celui, issu du folklore, croisé dans le Cycle de Vertigen, et celui, plus contemporain mais lié au précédent, croisé dans le Dit de Frontier. Car dans l’oeuvre de Léa Silhol, tout est lié !
Hanami Sonata rassemble deux novellas. La première, Le maître de Kodo, est une version longue de celle parue dans Sacra. C’était déjà l’un de mes textes préférés de ce recueil, j’ai été ravie de le savourer à nouveau ici ! La seconde novella, La maîtresse d’échos, est inédite. Les deux textes fonctionnent en contrepoint l’un de l’autre, restituant l’histoire de Crescent et de Hatsuyuki, d’un pont jeté entre les fays et le Japon, d’un amour qui transcende les siècles et valse au rythme des saisons.
Dans Le maître de Kodo, nous suivons Hatsuyuki Izôkage, qui fait venir des fays des États-Unis pour sauver sa soeur, piégée dans le Grid. Le Grid, c’est un environnement virtuel, mais ces quelques mots descriptifs sont insuffisants pour en dévoiler la nature exacte, nature que je vous laisserai découvrir ! Parmi la délégation fay se trouve Margret, une jeune femme au caractère entier qui n’hésitera pas à risquer de tout perdre, pour sauver la jeune fille. Entre Margret et Hatsuyuki naît un amour qui défie toute mesure. Et qui risque bien d’attirer l’ire de l’Hiver, ennemi de la famille Izôkage…
Une novella placée sous le signe d’un éveil d’importance – celui de Crescent – mais aussi d’un amour digne des tragédies shakespeariennes. Féerie et univers virtuel s’y mêlent, de même que le Japon traditionnel et l’Occident contemporain. Un premier texte qui narre la chute exaltée de ses personnages, leur éveil mais aussi le déchirement.
La maîtresse d’échos, le second texte, c’est l’élévation, tel les fleurs renaissant au printemps. Plusieurs années se sont écoulées depuis les événements survenus dans Le maître de Kodo, et l’on retrouve ses personnages pour découvrir les conséquences des dits-événements. L’ombre du tsunami qui frappa si tragiquement le Japon en 2011 apparaît aussi dans ce texte, qui se déroule à la même époque.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue, mais cette seconde novella fut tout aussi intense que la première, car chez Léa Silhol, les personnages expriment leurs sentiments dans la démesure, une démesure poétique et à gestes comptés, mais on perçoit bien toute l’emphase qui les emporte à travers leurs mots.
La symbolique de la danse des saisons comme celle de l’Hanami parcourt les pages, entre frimas impitoyable de l’Hiver et fragilité des pétales des fleurs de cerisiers. Autant dire que le fait de l’avoir lu dans le cadre du Hanami Book Challenge a apporté une saveur particulière à cette lecture !
Et, comme toujours avec la plume de Léa Silhol, les mots coulent de façon somptueuse. J’ai noté bien des citations, été transportée ligne après ligne par la pure poésie des phrases. Hanami Sonata a été une lecture marquée par la beauté, celle des mots comme celle du printemps. J’avais le souffle coupé, par cette plume, par ces histoires, par ces personnages.
Un coup de coeur, que dis-je, un coup au coeur !
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