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Critiques de Marcel Aymé (601)
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Le passe-muraille

Paru en 1943, ce recueil de nouvelles a une saveur particulière, dans une ambiance parfois à la Doisneau, avec ses gamins, son petit peuple, ses commerçants, parfois un rappel de ces années d'occupation. Des expressions semblant désuètes, des expressions amusantes, telle ce blaquaoute. Bref, le lecteur s'amuse en dépit d'un environnement difficile. L'impossible, voire le fantastique est accepté. Quelle imagination, quel art de mener au bout les histoires!



La nouvelle éponyme, sans doute la plus connue, est en fait aussi courte que les autres : "employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement" (j'aime!), Dutilleul réalise un jour qu'il peut passer à travers les murs. Il deviendra le plutôt sympathique Garou-Garou.



Les Sabines : "Il y avait à Montmartre, dans la rue de l'Abreuvoir, une jeune femmes prénommée Sabine, qui possédait le don d'ubiquité."



La carte : Certains auront droit à seulement quelques jours d'existence par mois, selon leur degré d'utilité (!). Avec une carte du temps et des trafics, tout peut arriver!



Puis vient Le décret, qui vieillit le monde d'un saut de 17 ans, histoire de sortir vite des années de guerre. Sauf qu'il y aura un bug.



Le proverbe voit M. Jacotin, un père de famille se mêlant d'écrire la rédaction de son fils.



La Légende Poldève se révèle un texte moins inventif et fin, dommage. Pareil pour L'huissier, qui d'ailleurs joue d'une ficelle similaire.



Le percepteur d'épouses est très fantaisiste, et j'avoue aimer particulièrement Les bottes de sept lieues, avec ces gamins de milieux différents, une sorte de conte bien sûr.



"Pendant la guerre de 1939-1972, il y avait à Montmartre, à la porte d'une épicerie de la rue Caulaincourt, une queue de quatorze personnes, lesquelles s'étant prises d'amitié, décidèrent de ne plus se quitter." Dans En attendant , elles prennent la parole, personnes simples, dont la vie est difficile.



En conclusion: un charmant recueil de nouvelles, qui mérite de sortir de l'oubli
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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La Tête des autres

Vous connaissez Marcel, quand il dézingue, c’est pas vraiment avec un pistolet à eau, c’est à la Kalash, ou carrément au bazooka ! Là où Molière, Beaumarchais, Courteline, Renard et Feydeau y allaient avec le dos de la cuiller, voire à la louche, Marcel c’est à coup de marmite qu’il tombe sur la bêtise crasse de ses frères humains : on l’a vu à l’œuvre pendant et après la guerre, à présent (5 ans après) il s’en prend à la justice. Ou plutôt aux juges, qui se laissent facilement corrompre. La toile de fond de cette exécution est toute trouvée : la peine de mort. Il faudra attendre encore trente ans pour voir ce crime légal disparaître de nos juridictions, mais en 1950, c’était encore au goût du jour. Ouvrir un tel débat était donc hardi, et même téméraire, car les relents de la guerre étaient toujours aussi pestilentiels.

C’est une pièce qu’il est difficile de classer dans un genre particulier : disons que c’est un vaudeville qui se transforme en charge terrible contre la justice et les magistrats, tenant à la fois de la farce et de la tragédie, tout en restant une pièce à thèse.

Le procureur Maillard est content de lui : il a obtenu la tête de Valorin, un joueur de jazz. Bien que promis à la guillotine celui-ci s’évade et donne à Maillard la preuve de son innocence : au moment du crime, il couchait avec la maîtresse de Maillard, Berthe Bertolier, elle-même épouse d’u autre procureur, collègue et ami de Maiilard. Pour éviter le scandale, les deux magistrats se mettent en quête d’un autre coupable. Ce n’est qu’un début : entre la Bertolier (Berthe, alors) qui n’hésite pas à recruter des tueurs pour descendre Valorin, le nouveau coupable idéal, Gozzo, tout aussi innocent que le premier, puis un troisième coupable (le vrai cette fois) et nos magistrats qui rivalisent de bassesse (il est vrai que ce sont d’anciens collabos, mais ce ne saurait être une circonstance atténuante, vous en conviendrez, quoique…), bref ça tourne au carnage, à l’écharpage massif où toutes les valeurs sont détournées au profit des intérêts personnels des intervenants…

Le thème de la peine de mort est au centre du débat : mais lui aussi est détourné : la peine de mort n’est pas combattue parce qu’elle tue un homme, quel qu’il soit, mais parce qu’elle risque de tuer un innocent. Bon pour le droit, mauvais pour la morale. Mais la morale, dans cette pièce est clouée au pilori dans chaque scène.

Si l’on s’en tient au simple vaudeville : Berthe Bertolier essaye à plusieurs reprises de tuer Valorin, alors qu’ils s’aiment, Juliette Maillard qui en pince pour Valorin ne comprend pas qu’il aime cette femme vénale et perverse. Elle sort de la pièce complètement écoeurée.

Les magistrats font surenchères sur surenchères dans la bassesse, la lâcheté, ne négligeant aucun moyen pour sauver leur apparente et factice dignité. Rares sont les personnages à sauver dans cette histoire : les principaux protagonistes, d’une amoralité que je qualifierai… d’inqualifiable, sont à la fois abjects et cocasses (quasiment ubuesques) et les autres, incapables de se révolter contre les évènements, sont pitoyables, sans pour autant inspirer la pitié.

C’est donc une farce tragique que cette pièce, qui fit scandale à sa première représentation en 1952 : l’auteur fut vilipendé pour sa prise de position contre la peine de mort, et également pour sa charge féroce contre la justice et les magistrats. Toutefois la pièce fut applaudie et on salua le talent de l’auteur. Il est vrai que celui-ci, cynique et incisif à son habitude, s’est souvenu de ses anciens (de Molière et Racine jusqu’à Alfred Jarry) pour nous concocter une satire implacable des institutions judiciaires où la notion même de justice n’est plus qu’un chiffon dont on se sert pour justifier ses propres déviances et exactions, et pour sauvegarder ses intérêts particuliers.

Chauffe, Marcel, chauffe ! Ah, pour chauffer, il a bien chauffé, Marcel, mais nous on a bien Aymé !







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Le chemin des écoliers

J'avais adoré Gustalin du même auteur, je vais prochainement lire la nouvelle nommée "traversée de Paris" dans le recueil "le vin de Paris". J'ai apprécié le film "le chemin des écoliers" avec Bourvil.

Mais là je n'ai pas accroché au livre sur la thématique du marché noir, je ne sais pas trop pourquoi. L'ennui s'est installé.
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Les contes bleus du chat perché

Après avoir relu « La patte du chat » dans « Les contes rouges », j’ai choisi l’histoire du loup dans le recueil bleu, toujours pour compléter mes sélections thématiques. Je l’ai trouvée à la fois drôle, attendrissante et pleine de tension ! On y retrouve Delphine et Marinette qui s'ennuient: à deux, les jeux sont limités. Voilà justement le loup, boitant, gelé et affamé, qui pointe le museau derrière la fenêtre: il n'aurait rien contre jouer au chaud avec les deux fillettes! Mais serait-il bien raisonnable de lui ouvrir?

Tout au long du récit, on se demande quoi penser du loup. Tout d’abord manipulateur (« Il comprit qu’il ne gagnerait rien par des paroles d’intimidation », il fait culpabiliser les deux sœurs (« Il clochait sur trois pattes, transi par le froid et par le chagrin »). Mais peu à peu, on en vient à se dire qu’il a peut-être changé, qu’il est peut-être devenu bon (comme dans le « Journal du pas si grand méchant loup » de Claire Pyatt).



Si Delphine et Marinette en sont convaincues, les mises en garde pleuvent : « Le loup sera toujours le loup » selon le père, « Loup, je ne connais pas tes amies, mais je suis sûre que tu auras dû les choisir bien dodues », persifle la vieille pie. La situation ne va pas sans rappeler d’autres contes, comme « Le loup et les sept chevreaux » et « Le petit Chaperon rouge ».

Au final, on comprend que même si les intentions de l’animal étaient louables, on ne peut lutter contre sa nature profonde… Heureusement tout est bien qui finit bien !
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Uranus

Ce livre est écrit en 1948, dans un village pour partie détruit par les bombardements. Chacun fait son examen de conscience ou plutôt l'examen de conscience de ses voisins et certains n'hésitent pas à dénoncer, provoquant emprisonnements et fusillades...

La destruction partielle de la ville oblige le partage des habitations entre plusieurs familles.

Nous sommes donc avec les Archambaud, mari ingénieur, caméléon qui sut se faire à la présence ennemi, qui partage la maison avec Gaigneux, responsable communiste et Watrin, professeur veuf mais veuf heureux puisque cocu notoire et qui se réjouit de tout ce que la vie offre (post traumatisé par les bombardements, il s'est réfugié dans un réjouissement constant paraissant niais aux autres mais dont la compagnie permet de relativiser).

Dans ce livre plein d'humour, Marcel Aymé montre l'hypocrisie de la France au sortir de la guerre où la majeure partie se prétend résistant et où la dénonciation des collabos réels ou prétendus est un sport national.

Chaque personnage est central, la plume de Marcel Aymé est juste et drôle... Le personnage de Leopold, ancienne bête de cirque à la force herculéenne et tenancier de bistrot, est le plus emblématique. Pendant la guerre, il a désaltéré les gosiers allemands et après les bombardements accueille sur réquisition, les cours des élèves de collège et découvre Racine avec une émotion exacerbée. Andromaque l'obsède, il se veut poète... Un jour qu'il est injustement accusé par un communiste de cacher un collaborateur notoire, c'est le début de ses ennuis. Personne ne l'imagine coupable ce qui embarrasse le parti qui ajoutera des couches de mensonges pour justifier cette délation abusive. Archambaud, en offrant l'asile au collaborateur recherché, ne plaidera pas la cause de Leopold au risque de se voir lui-même prendre...



Je me suis amusée dans cette lecture.

Pour prolonger le plaisir, je vous invite à voir le film de Claude Berry, actuellement proposé sur Netflix, avec des acteurs mythiques.
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Les contes rouges du chat perché

C’est en lisant un numéro spécial du magazine Virgule consacré aux chats dans la littérature que je me suis souvenu de ce recueil de contes lu dans mon enfance. J’ai pris grand plaisir à relire « La patte du chat » pour les besoins de mon expo au CDI ! Alphonse, comme tous les animaux de la ferme où vivent Delphine et Marinette avec leurs parents, est doué de parole. Mais il a aussi le pouvoir de faire tomber la pluie en se passant la patte derrière l'oreille... Voulant échapper à une visite à leur horrible tante Mélina (« une très vieille et très méchante femme, qui avait une bouche sans dents et un menton plein de barbe »), les deux fillettes font appel au félin pour déclencher averse sur averse. Mais les parents, excédés par tant de mauvais temps, décident d’enfermer Alphonse dans un sac et de le jeter dans la rivière. Heureusement, un conciliabule des animaux de la ferme (réunis dans la cuisine!) permet de mettre au point une ruse pour sauver l’animal.



Les deux fillettes sont de sacrées chipies mains néanmoins attachantes. Deux animaux se distinguent déjà dans ce premier conte du recueil : le vieux cheval, prêt à se sacrifier à la place d’Alphonse ; et le coq, véritable traître qui paiera indirectement pour sa délation. Quant au chat, il a un petit côté arrogant plutôt amusant ! Les parents semblent sévères au premier abord, mais ils montreront quelques remords une fois le méfait commis (« A la fin du repas, ils ne purent retenir des larmes »). Et ils seront bien contents, en tant qu’agriculteurs, qu’Alphonse « ressuscité » les sauve de la sécheresse !



J’ai donc trouvé que c’était une petite histoire souvent drôle et inattendue, et j’ai décidé d’acheter une nouvelle édition pour mes élèves !
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La table-aux-crevés

Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Roman paru en 1929, La Tables-aux-Crevés a reçu le prix Renaudot.

Dans un petit village du Jura. A son retour du marché Urbain Coindet trouve sa femme Aurélie pendue. Très vite la belle famille laisse entendre que ce serait le mari qui l’aurait tuée. Le même jour, Frédéric Brégard, frère d’Aurélie, est libéré de prison où il purgeait une peine pour contrebande ; Frédéric qui est persuadé d’avoir été dénoncé par Urbain. Le conflit entre les deux familles ne peut que s’envenimer et la coupe est pleine lorsque Jeanne, sœur de la morte, décide de se mettre en ménage avec le veuf…

Un drame paysan comme on les aime chez Marcel Aymé. A partir d’un suicide, l’affaire va affecter tout le village avec des répercussions de multiples nature : religieuse, s’il y a suicide l’enterrement ne peut être que civil, d’où conflit entre les calotins et les Républicains du bled, tension générale exacerbée par les commérages et rumeurs non fondées mais qui agitent les langues du pays (« C’était un sujet de conversation assez délectable par l’importance de l’accusation, qu’on fût pour ou contre »). Et quand après quelques semaines à peine, Jeanne et Urbain se mettent en ménage, la fureur est à son comble, d’autant que la mignonne était pressentie par Rambarde. Frédéric et Rambarde s’allient fusil en main pour en finir avec Urbain, mais…

Une intrigue rondement menée, des personnages sympathiques ou non mais fort bien campés, outre ceux déjà cités, les commères et leur langue de vipère, le curé qui tente désespérément de rabibocher les clans tout en cherchant à augmenter sa clientèle à l’église, et ce malheureux Capucet, le garde-champêtre, naïf et porté sur la gnôle. La psychologie des acteurs est finement décrite, nous sommes à la campagne, la pendue est encore chaude mais on n’oublie pas qu’il faut s’occuper des animaux de la ferme, priorité aux vivants ; alliances et mésalliances se jouent aussi sur des intérêts financiers, des espoirs de rachats de terre etc.

Il va de soi que c’est très bien écrit avec ce qui fait, pour moi, le charme de ce type de romans de l’écrivain, les formules ou les expressions placées dans ses dialogues (« Coindet n’était pas habitué à une solitude désœuvrée et, comme il avait son complet des dimanches, sa pensée ne retrouvait pas ses plis familiers. »

Un très bon roman.

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Le passe-muraille

Un pauvre petit bureaucrate, se voit conférer le pouvoir de traverser les murs, et prend ainsi sur les hommes une supériorité qui le venge de son existence mesquine, mais finit toujours prisonnier d'un mur. Le regard acéré de Marcel Aymé envers les commerçants, la bureaucratie, sans oublier autres rentiers dans le contentement morne de leur existence, recherchant un peu plus de confort, et sa virulence légendaire l'égard des petits bourgeois, peut aussi s'accorder quelques nuances, une indulgence qui le garde de la férocité misanthrope.
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Le Nain

Un clown c'est quelqu'un qui a autant de bon sens que les autres mais qui ne le met pas au même endroit. Le ton est donné. Marcel Aymé nous régale. Un écrivain qui a autant de mots que les autres mais qui les met au service d'histoires et de personnages uniques. Et dans un ordre parfait. Jubilatoire.
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Les contes rouges du chat perché

"les contes bleus et les contes rouges du chat perché" de Marcel Aymé. Des merveilleuses histoires que ma fille adorait écouter. ...ah, ce chat qui passait sa patte derriére son oreille pendant 40 jours, pour faire pleuvoir et empécher Delphine et Marinette d'aller voir leur vieille tante revêche.

A enregistrer avec la voix de maman, pour occuper les petits durant les longs trajets.
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Les contes du chat perché

Je valide la catégorie 66 : Lire un de ces auteurs.

Les contes du chat perché.

Marcel Aymé.

377 P.

Parmi ces contes , il y en a un que je préfère : Le problème.

Avez- vous en souvenir ces fameux problèmes de CM2 ?

Vous savez ceux qui nous empêchaient d'aimer les mathématiques . Par exemple: deux trains , partant à la même heure , roulent à la même vitesse , quand vont -ils se rencontrer ?

Ce défi lecture fait ressurgir de sacrés souvenirs !
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Les contes rouges du chat perché

Tout adulte que je sois, enfin je pense être adulte... (bien que l'idée de devenir vieux sans être adulte m'effleure souvent, par rapport à une chanson de Jacques Brel), j'ai pris un réel plaisir à lire ces contes de Marcel Aymé. contes didactiques, ruraux et moraux à la fois. Ils m'ont rappelé l'atmosphère des aventures racontées par la Comtesse de Ségur.



De quoi parlent ces contes? Deux petites filles "sages" qui aiment la vie et les animaux de leur ferme. Ces animaux parlent et aiment philosopher visiblement. Tour à tour, elles vont sauver le chat de la noyade (car il fait pleuvoir en se passant la patte derrière l'oreille), elles vont peindre des animaux qui vont se conformer aux dessins (j'adore ce conte-là, qui va questionner profondément le sens des choses et leur représentation), elles vont éduquer un boeuf et le conduire derechef à l'abattoir (excellent conte également), etc. Dommage que le recueil se close sur le moins bon des contes, le Paon, qui aborde la vanité du paraître. Sur ce point, les choses ont tellement évolué qu'il est assez logique que la rhétorique de Marcel Aymé ait un peu vieilli.



La langue a également un peu vieilli, mais le tout se lit quand même tout à fait agréablement. C'est espiègle, facétieux, pince-sans-rire... Très frais.
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Travelingue

Bien qu'aimant beaucoup Marcel Aymé, je n'ai pas accroché à ce roman comme au reste de son oeuvre que j'avais déjà lu. Il y a pourtant quelques paragraphes fantastiques dans leur dénonciation de l'hypocrisie et de la bêtise humaine, voilà un écrivain qui avait le sens de la formule!

Cependant, malgré ce sens de la formule, j'ai manqué décrocher plusieurs fois à cette histoire d'une famille d'industriels et de ceux qui gravitent autour d'eux, sur fond de grogne sociale entre les deux guerres mondiales. Je pense qu'une part du problème vient de moi, pas de l'auteur: ce n'est pas une période de l'histoire qui m'intéresse particulièrement et j'en ignore trop pour saisir les nuances. Reste l'hypocrisie de classe, quelque chose d'intemporel, mais qui n'a pas suffit dans cette dénonciation à retenir mon attention.

J'ai un peu l'impression d'avoir raté mon rendez-vous avec ce roman et je le regrette.
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Les contes du chat perché

De la croyance à l'existence, de la parole à la réalité tangible, il n'y a qu'un tout petit pas, la vie est une évidence.

L'âne peint de profil perd 2 de ses pattes, le chat peut prendre la voix qu'il faut pour faire croire aux parents à un dialogue chat-vache, le chien de l'aveugle peut accepter de se charger de la cécité de son maitre (pour la refiler au chat, puis à la souris, puis retour au maître) .... la logique habituelle n'a plus cours dans cette existence quotidienne tout à fait banale (une petite famille dans une petite ferme telles qu'elles pullulaient autrefois), les filtres des adultes ont bien disparu pour laisser place à la liberté enfantine de donner la même dignité à tous les êtres vivants.

Moi j'adore cet univers de familiarité avec tous les animaux - que l'on vouvoie poliment lorsqu'on ne les connait pas !

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Le puits aux images

Une poignée de nouvelles comme autant de confetti : colorées, légères et divertissantes. Les univers s'entrechoquent puisque la farce moyenâgeuse côtoie le drame campagnard ; la fantaisie féérique, la pantalonnade scolaire ; la fable philosophique, l'étude sociale.



Un bien joli collier où perles et verroteries alternent pour le plus grand plaisir du lecteur conquis par le rire taquin de Marcel Aymé. L'auteur s'y entend pour brouiller les pistes et nous mener par le bout du nez puisque chacun de ces courts récits ne finissent jamais comme on pouvait l'imaginer : primauté d'un talentueux nouvelliste.



Avec "Pastorale", Aymé livre une vision tragi-comique du monde de demain. Cet hilarant récit d'anticipation (un chouïa longuet), brocarde un monde -finalement pas si éloigné du nôtre- où à force d'isolationnisme, le sang des Français s'appauvrit et la neurasthénie guette. Malgré la bonne volonté d'un expert en libido qui constate après être passé au bureau des songes que "Nous avons à peine douze rêves d'adultère, et, chose incroyable, peut-être jamais vue dans les annales (...), aucun homme n'a rêvé qu'il faisait subir les derniers outrages à sa belle-mère. (...) N'est-ce pas effroyable ?", ce monde bien peu idéal irait à sa perte sans le retour de la poésie qui permet "ce hérissement cosmique des sexes insurgés, et ce frémissement galvanique des vulves, infini, à perte de vue et de pensée (...)"



Un recueil de papillotes... irrésistiblement doré et contenant soit une devinette, soit un pétard!
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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La table-aux-crevés

"La cuisine était propre. Au milieu, l'Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou." Ainsi donc cette tragi-comédie agreste s'ouvre-t-elle sur un cadavre toupinant légèrement comme une dinde à son croc de boucher (quel incipit !). La femme à l'Urbain Coindet, bête de somme stérile, débarrasse le plancher des vaches et permet ainsi à son veuf de guigner la Jeanne Brégard, jouvencelle mamelue et peu farouche. Accusé d'uxoricide par sa belle-famille envieuse, Coindet se voit également menacé de mort par le frère de sa dulcinée. Brégard lui reproche non seulement d'être un vulgaire trousseur de jupons mais aussi d'avoir moucharder ses activités de contrebandier à la maréchaussée locale.



Pour ce Roméo et Juliette chez les culs-terreux, ce "Gunfight at the Table-aux-Crevés" (riant toponyme d'une des terres de Coindet), Marcel Aymé a trempé sa plume dans le fiel et, entre deux épisodes bucoliques, polit et blaireaute quelques portraits vachards. Ses dialogues dans leur jus sonnent plus vrais que nature ; ils permettent à l'écrivain de ne pas s'encombrer d'analyses psychologiques et trahissent égoïsmes minables, lâchetés ordinaires et rancœurs inavouables (Humain, trop humain!).



Une séduisante et drôlatique vadrouille dans la campagne franc-comtoise. Aymé et être aimé...



"Sa Table-aux-Crevés il en parlait avec une vénération qui l'agaçait. "De la terre, disait-il. C'est léger, ça te fond dans les mains, c'est pas de ces grosses terres rouges comme j'en connais, qui sont bonnes juste pour faire de la brique.""
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La Jument verte

Je suis déçue de cette lecture que je n'aurai peut être pas choisi de lire de moi-même.....



La naissance chez les Haudouin de cette jument vert est le prétexte à une "farce" rurale. Il faut reconnaître à Marcel Aymé une très bonne connaissance du monde rural, de sa façon de vivre (au début du 20ème siècle), de son parler et du travail agricole.



Mais peut être que c'est un peu vieillot même si certaines situations peuvent encore être d'actualité : affrontement entre républicains et cléricaux, la place du curé dans le village, politique avec l'élection du maire, le pouvoir de l'argent, la jalousie, la haine même, les rivalités entre familles. il y a également les interventions de personnages secondaires mais cruciaux (le facteur Dédot).

Ce qui est très présent également ce sont les scènes triviales, d'incestes, de marivaudages, assez crues parfois et cela donne une image de la vie à la campagne assez bestiale.



Je l'ai lu entièrement mais sans plaisir, ce n'est pas un humour que j'apprécie et même s'il a eu du succès je trouve qu'il a alors mal vieilli.
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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Les contes du chat perché

Delphine, Marinette, le chat Alphonse et la redoutable tante Melissa au menton qui pique…Tout un univers plein d’humour et de poésie ou le quotidien et le merveilleux s’entrecroisent pour notre plus grand plaisir. Chef d’œuvre intemporel, je me souviens avoir adoré dans mes lectures d’enfance !
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Oeuvres romanesques complètes, tome 1

2017: 50ème anniversaire de sa mort. Lisez, lisons, relisons Marcel Aymé !
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La Vouivre

Mythologie, conte, rêves et envies.



Désirs d'inconnues et crainte de l'ailleurs que l'on ne connaît...



Sirène, vipère, bible et démons de toujours apparaissent puis disparaissent de nouveau.



Eau de vie, eau nourricière qui serpente de par nos campagnes, abreuvant nos sols fertiles de ce liquide, qui, soudain, devient objet de convoitises et de craintes.



Peurs d'insoumis ou d'incompris, les silhouettes prennent forment, les angoisses se font frayeurs.



Elle est là, parmi nous et nul part en même temps.



Qui est elle ? Cette forme, Cassandre de nos espérances et de nos amours défendus.



Aphrodite de nos forêts ou Chimères de ces rus chantants qui s'insinuent dans nos champs, nos terres et nos croyances.



De pages en pages les actes se chapitre puis s’achèvent en couverture d'ouvrage à découvrir avec intérêts et curiosités.
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