Paru en 1943, ce recueil de nouvelles a une saveur particulière, dans une ambiance parfois à la Doisneau, avec ses gamins, son petit peuple, ses commerçants, parfois un rappel de ces années d'occupation. Des expressions semblant désuètes, des expressions amusantes, telle ce blaquaoute. Bref, le lecteur s'amuse en dépit d'un environnement difficile. L'impossible, voire le fantastique est accepté. Quelle imagination, quel art de mener au bout les histoires!
La nouvelle éponyme, sans doute la plus connue, est en fait aussi courte que les autres : "employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement" (j'aime!), Dutilleul réalise un jour qu'il peut passer à travers les murs. Il deviendra le plutôt sympathique Garou-Garou.
Les Sabines : "Il y avait à Montmartre, dans la rue de l'Abreuvoir, une jeune femmes prénommée Sabine, qui possédait le don d'ubiquité."
La carte : Certains auront droit à seulement quelques jours d'existence par mois, selon leur degré d'utilité (!). Avec une carte du temps et des trafics, tout peut arriver!
Puis vient Le décret, qui vieillit le monde d'un saut de 17 ans, histoire de sortir vite des années de guerre. Sauf qu'il y aura un bug.
Le proverbe voit M. Jacotin, un père de famille se mêlant d'écrire la rédaction de son fils.
La Légende Poldève se révèle un texte moins inventif et fin, dommage. Pareil pour L'huissier, qui d'ailleurs joue d'une ficelle similaire.
Le percepteur d'épouses est très fantaisiste, et j'avoue aimer particulièrement Les bottes de sept lieues, avec ces gamins de milieux différents, une sorte de conte bien sûr.
"Pendant la guerre de 1939-1972, il y avait à Montmartre, à la porte d'une épicerie de la rue Caulaincourt, une queue de quatorze personnes, lesquelles s'étant prises d'amitié, décidèrent de ne plus se quitter." Dans En attendant , elles prennent la parole, personnes simples, dont la vie est difficile.
En conclusion: un charmant recueil de nouvelles, qui mérite de sortir de l'oubli
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