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Critiques de Marcel Aymé (601)
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Clérambard

On connaît bien le Marcel Aymé romancier et nouvelliste, l’auteur entre autres de « La jument verte » et du « Passe-muraille ». On admire sa verve, son esprit sarcastique et moqueur, ainsi que son sens d’un merveilleux fantastique quotidien… On connaît moins (sinon par les adaptations cinématographiques qui en ont été tirées) les pièces de théâtre de cet auteur unique. Faute d’être reprises sur les planches, et de renouer avec le succès, elles pourraient faire l’objet de bons téléfilms (avis aux téléastes en mal d’inspiration). Ce sont des pièces intemporelles sur des sujets toujours aussi contemporains. « La tête des autres » est un réquisitoire grinçant contre la peine de mort (entre autres choses), « Lucienne et le boucher » montre que l’appel de la chair (au sens propre pour le boucher) dépasse les classes sociales, quant à « Clérambard » …

« Clérambard » est un chef d’œuvre. Pour situer cette pièce dans l’inspiration générale de Marcel Aymé, disons que c’est un exemple assez complet de ce que propose l’auteur : il y a de la critique sociale, du merveilleux à la fois poétique et quotidien, des personnages hauts en couleur (proches de la caricature, mais c’est voulu), et toujours une langue qui n’est pas moins belle lorsqu’elle est parlée que lorsqu’elle est écrite.

Hector de Clérambard est un ancien noble, qui végète dans son hôtel particulier en ruine, où, pour survivre, il oblige sa famille (femme, fils et belle-mère) à tricoter des chandails qu’il vend ensuite à des clients potentiels. Tyran domestique, il est aussi dur avec les gens qu’avec les animaux. Il s’apprête à marier son fils avec l’aînée des filles du notaire Galuchon (roturier, mais riche). Quand le curé vient pour négocier, Clérambard, par jeu, tue son chien. C’est alors que saint François d’Assise lui apparaît, lui ouvre les yeux, et en partant, ressuscite le chien. Saisi par cette apparition qu’il est seul à avoir vu, Clérambard s’amende et devient un modèle de vertu. Frappé par la grâce, il impose à sa famille la pauvreté, la mendicité et l’humilité, sources de bonheur inépuisables. Il veut marier son fils à une prostituée notoire, la Langouste, au détriment du mariage prévu auparavant. Converti à l’amour de son prochain (qui inclut maintenant les animaux et en particulier les araignées), Clérambard vend son hôtel et part sur les routes dans une roulotte aménagée. C’est alors que saint François fait une nouvelle apparition, et cette fois-ci tout le monde le voit, sauf le curé. Mais, pour ne pas perdre la face, il trouvera bien une explication…

Pour du farfelu, c’est du farfelu, on est proche de la farce grotesque, mais pas tout à fait, parce que les personnages de Marcel Aymé, tout caricaturaux qu’ils soient – ou qu’ils paraissent – ont toujours un fond d’humanité qui nous rapproche d’eux. Marcel Aymé, même quand il s’aventure dans le merveilleux, reste dans le quotidien. C’est ce contraste entre la réalité et le fantastique qui fait naître à la fois le comique de cette pièce, et sa profondeur. Non pas qu’il y ait un message, encore moins une morale, mais un clin d’œil au spectateur pour lui dire : tout ceci n’est qu’un conte. Pas moral (ici pas de chat perché, tous les chats sont zigouillés au premier acte), pas tout à fait immoral non plus si on y songe. C’est une fable sur le bien et le mal, sur la tolérance et l’intolérance, la foi et la crédulité, sur le bon sens et la folie, sur le conformisme et l’anticonformisme… Un monument de fantaisie irrévérencieuse et réjouissante.

A voir au théâtre si on en a l’occasion. Sinon, l’excellent film d’Yves Robert (1969) avec Philippe Noiret dans le rôle-titre, est incontournable.





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Le chemin des écoliers

"Il y avait, dans ces propos et ceux qui suivirent, beaucoup d'amertume, de tristesse, d'ironie ricanante."



Quel méchant grand petit roman ! Dans Paris occupé, Marcel Aymé, sardonique comme jamais, titille, d'une plume venimeuse, une clique de tristes individus : lâches, sadiques, corrompus, vénaux, calculateurs... ad nauseam. Médiocres frères humains qui, à s'y méprendre, nous ressemblent, toupinant de compromis tièdes en dégradantes compromissions.



Jugez-en : une garce multiplie les entreteneurs cependant que son soldat de mari moisit dans un stalag ; un tenancier de semi-clandé "champagnise" l'envahisseur ; un brave fonctionnaire viscéralement antisémite s'engage dans la LVF ; un bon papa transige abusivement avec sa conscience ; un rejeton pervers s'acoquine avec l'horreur... le petit monde de l'écrivain est sacrément rance.



On devine, sous les rictus de connivence, une marotte de revanchard. Aymé, accusé de complaisances vert-de-grisées à la Libération, s'en donne à cœur joie et torpille ses contemporains et, au-delà évidemment, ses futurs lecteurs. Nos bassesses, nos reculades, nos molles tergiversations dépassent les circonstances ; elles sont inhérentes à notre larvaire condition. La leçon est rude.



Le romancier soigne des dialogues dont la crudité ou la verbosité parachèvent la férocité des portraits. Enfonçant toujours le même clou rouillé, Aymé s'amuse en outre à ponctuer son récit de cruelles apostilles où en quelques lignes il révèle le "curriculum mortis" de protagonistes secondaires : un humour désespérément noir.*



Inconfortable mais jubilatoire.



Vachement Aymé !



"Homme ou femme, un être finit toujours par découvrir qu'il appartient à une catégorie, à un clan, à une espèce quelconque qui a ses simagrées, son protocole, ses contorsions."



*Exemple : "Les locataires de cet appartement, ruinés par la guerre et pressés par un besoin d'argent, dénoncèrent à la Gestapo, en 1943, un vieil oncle à héritage qu'ils aimaient d'ailleurs beaucoup. Par hasard, leur dénonciation s'égara dans les bureaux allemands et ils n'en eurent pas de regret, la fortune ayant heureusement tourné pour eux. A l'heure qu'il est, le vieil oncle vit encore et ses neveux l'aiment toujours beaucoup."
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La Vouivre

Ce conte pour adulte a gardé toute sa fraîcheur. Parfois tendre, souvent cruel, il réactive un vieux mythe franc-comtois, celui d'une femme tentatrice, porteuse d'une mirifique escarboucle et gardée par une cohorte ophidienne.



Quand la Vouivre hante à nouveau les sous-bois de Vaux-le-Dévers, le prurit du lucre démange les hommes du village : l'énorme rubis que la peu chaste créature abandonne sur les lieux de ses baignades apporterait fortune et gloire à qui s'en emparerait... Mais le peuple vipérin veille sur sa maîtresse.



La présence de la Vouivre révèle à eux-mêmes les hommes qui sont "de l'étoffe dont sont faits" leurs rêves. Chacun lorgne le flamboyant bijou et la fortune assurée pour son propriétaire. Ainsi le cocasse pochard Requiem -fossoyeur shakespearien- projette de reconquérir sa princesse décatie, l'ignoble Robidet ; le calculateur Beuillat ambitionne une vie de marlou ; même le brave curé du village ne peut s'empêcher de songer à une nouvelle bicyclette...



Mais au-delà de la rencontre du merveilleux et du prosaïque, Marcel Aymé noue avec ce délicieux roman une intrigue amoureuse complexe et subtile. Arsène Muselier, son héros trop humain (quelques qualités et beaucoup de défauts) est écartelé entre quatre femmes : Louise, sa mère dévouée, Juliette (comme Capulet, est-ce un hasard ?), son amourette d'enfance, La Belette émouvante petite domestique idolâtre et la fameuse créature fantastique qui en vient à regretter son immortalité. Le choix final d'Arsène résonnera comme une évidence.



Gorgé de paillardises roboratives et d'annotations drôlatiques, La Vouivre offre de pittoresques portraits : outre l'impayable Requiem, on ne peut qu'adorer la grande Mindeur, jument nymphomane ou se divertir des atermoiements de Voiturier, le maire pris entre République et calotte.



Aymé sans condition !
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Les contes du chat perché

Aymé à en perdre la raison.



Cela peut paraître bête et enfantin mais ces contes sont à enseigner d'urgence et en grande pompe.



Quelques contes résumés :



La patte du chat :

Une histoire bien dure à entendre : les parents veulent tuer le chat de la famille en le mettant dans un sac, le frappant et le jetant à la mer. Pourquoi ? Quand il met sa patte derrière l'oreille, il fait pleuvoir. Mais alors, il pleut ! Il pleut! Et d'abord, les adultes veulent du soleil.

Alors Delphine et Marinette vont devoir trouver un stratagème pour sauver le chat Alphonse.



Les vaches :

Des vaches disparaissent et les Bohémiens sont accusés. Attention, les apparences sont trompeuses.



Le chien :

Un pauvre chien errant est adopté par Delphine et Marinette mais, sous ses haillons, un terrible secret.

Belle histoire de transmission sur fond de jeu du chat et de la souris (et de chien donc!)

L'amour est aveugle ?



Les boîtes de peinture:

Delphine et Marinette dessinent les animaux de la ferme. Problème, la maladresse des unes entraîne des querelles de taille chez les animaux. Un bœuf disparaît, un coq bombe le torse, une âne pleure. Que faire?



Foncez!

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Le passe-muraille

À lire d'urgence.

D'utilité publique, ces nouvelles traversent les murs, nous apprennent à nous méfier encore plus des gorilles, à penser le temps court et le temps long, à savourer les plaisirs de la chair avant le Purgatoire, à escalader les lieux de Paris, à rire des impôts, à nous rappeler que nous n'avons pas 17 ans à perdre.



Alors que nous sommes en guerre, l'auteur invite à détourner le Travail Famille Patrie pour mieux consommer l'oisiveté, l'adultère et les parties fines le temps de l'automne des peuples.



Gare au gorille et gloire à Aymé.
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Le passe-muraille

J' ai écrit, par ailleurs, que c'est Marcel Aymé et son "Passe-muraille" qui m'a réconcilié avec la lecture de textes littéraires. En 6°, le français m'ennuyait: je n'arrivais pas à terminer les extraits des grands classiques du programme; et puis il fallait répondre aux questions 4, 7 ,8, 9 etc. du petit classique Larousse. Moi, je dévorais la série "Contes et légendes" et m'embarquais avec Blake et Mortimer dans " Le mystère de la grande pyramide"-

Un jour, un surveillant qui remplaçait le prof de français nous lut "le passe-muraille". Ce fut une révélation et ma mère emprunta, à ma demande, tous les contes de Marcel Aymé possédés par la bibliothèque. Certains étaient assez osés (chauffe, Marcel); ce fut donc également ma première approche des écrits érotiques.
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Les contes bleus du chat perché

"les contes bleus et les contes rouges du chat perché" de Marcel Aymé. Des merveilleuses histoires que ma fille adorait écouter. ...ah, ce chat qui passait sa patte derriére son oreille pendant 40 jours, pour faire pleuvoir et empécher Delphine et Marinette d'aller voir leur vieille tante revêche.

A enregistrer avec la voix de maman, pour occuper les petits durant les longs trajets.
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Les contes du chat perché

Deux adorables têtes à claques, les blondes Delphine et Marinette, et leur ménagerie d'animaux domestiques nous entraînent dans la ronde échevelée de leurs aventures fantastiques. Car il y a de la magie rose dans ces contes animaliers : anthropomorphisme rigolard, métamorphoses surprenantes, mondes parallèles, volaille transformiste...



Pour les bêtises, les flavescentes frangines s'en donnent à cœur joie. Qu'elles ouvrent leur porte au loup, soient faites prisonnières par des cygnes intraitables ou désobéissent sciemment à leurs parents, elles peuvent cependant compter sur la mansuétude de leurs amis à plumes et poils pour les sortir de ces mauvais pas. Le bœuf blanc est un peu thaumaturge, le chat et le canard ne manquent jamais d'idées, le chien et l'âne ont l'esprit de sacrifice et les vaches, tout comme le cochon grognon, s'émeuvent bien vite.



Point de méchants dans ces historiettes arc-en-ciel. Seuls les parents des sœurettes, avec leur voix d'ogre et leur persévérante cruauté, font figures de croquemitaines : râleurs, avaricieux et carnassiers ils tiennent le mauvais rôle.



Marcel Aymé, apprenti sorcier, nous fait donc la leçon mignonne. Il ne faut ni contrarier sa nature ("Les Bœufs" ou "Le Canard et la Panthère"), ni se soumettre aux beaux parleurs ("Le Petit Coq noir") ; on ne doit préjuger de rien ("Le Mauvais Jars" ou "Les Vaches") et l'amitié est un bien des plus précieux ("Les Boîtes de peinture"). Rien de très original mais la façon de le dire est si charmante que l'on se surprend à applaudir à ce bon sens commun.



"Une grand-mère aux confitures

Un bon goûter dans la besace

Piquantes ronces, douces mûres

L'enfance est un parfum tenace" que prolongent radieusement ces fabulettes !
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Les contes du chat perché

Livre lu à l'école primaire et dont j'avais gardé de très vagues souvenirs. C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Delphine et Marinette, deux fillettes vivant dans une ferme avec leurs parents, sévères et qui ont pour amis, alliés, ennemis les animaux de la ferme et des environs. Chaque nouvelle raconte les péripéties des deux filles avec les animaux, plus humains parfois que les humains. C'est parfois, drôle, facétieux, terrible et poétique que ces aventures imaginées par l'auteur qui par son écriture a su développer un imaginaire d'enfance tout en délivrant des messages intéressants et que l'on prend plaisir à découvrir.
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Gustalin

Chronique de la France rurale de la fin des années trente, Gustalin a gardé toute sa fraîcheur. Il évoque des greniers saturés de poussière de soleil, des litrons de rosé dont le cul s'est glacé dans les remous d'un ruisseau, l'ombre apaisante des vergers bruissant d'insectes, le cri-cri du foin où l'on sieste ... une chanson de Mireille...



Le fil narratif y est certes lâche qui passe d'un personnage à l'autre, entrecroisant anecdotes triviales et drames humains mais qu'il est plaisant à dévider. Dans son petit bout de terre, jurassienne, Marcel Aymé nous gringotte un refrain tantôt allègre et polisson, tantôt chagrin.



On y croise, au détour d'un couplet, de doux rêveurs : un cossard qui s'imagine garagiste, une souris des bois qui se voudrait souris des villes, un costaud chamboulé par des démangeaisons de jeunesse, une accorte Juive, prosélyte guillerette, une vieille toxico aux sucres d'orge... La tendresse révérencieuse de Marcel Aymé pour le monde paysan est désaltérante.



Mais le plus beau des personnages, à mes yeux, reste Museau, un corniaud fasciné à la fois par sa maîtresse et par une affriolante chienne de ferme. Les attitudes, les réflexes, les regards du gentil chien sont croqués avec un réalisme désarmant. L'auteur habite littéralement le cabot et lui prête -anthropomorphisme touchant- songes et pensées.



Un roman léger et grave. Un sourire embué de larmes...



Tout l'art d'Aymé.
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Le passe-muraille

J'ai eu globalement du plaisir à lire pour la 1ère fois cet auteur dont le nom est très connu, même si je n'ai pas goûté pareillement toutes les nouvelles : certaines - comme le Décret - sont un exercice intellectuel trop complexe pour que je perçoive toute la richesse de l'intention de l'auteur, mais globalement l'imagination, la créativité, la fantaisie de l'écrivain m'ont plu (le Proverbe, savoureuse et émouvante, les Bottes de 7 lieues, joli conte assez attendrissant, En attendant, sorte de liste à la Prévert..). M Aymé c'est vraiment "imaginons que.." et la liberté de son imagination et ses talents d'écriture - précise, les seules fioritures étant des fantaisies ludiques à la Queneau ou à la Vian- lui font dérouler avec aisance ses récits. Ce que l'on sait de son parcours biographique dans ces époques tourmentées prouve, je pense, que le mot "liberté" est un terme clef pour qualifier le bonhomme. Une phrase (p 96 de l'édition Folio) résume bien son approche ; " Mon aventure était si étrange que je me sentais en droit de compter un peu sur l'absurde". En outre, ces nouvelles, écrites et publiées sous l'Occupation, devaient répondre à un besoin impérieux d'évasion mentale et d'exploration par la fiction des bouleversements d'alors dans la vie des gens et du fonctionnement de la société. Ces fictions sont des moyens habiles et agréables de faire réfléchir à la nature humaine et à la société.

Un mot enfin autour de la justement populaire courte nouvelle qui a été choisie pour titrer l'ensemble du recueil : j'ai été étonné de voir combien l'avait enrichi et comment avait su l'actualiser Dante Desarthe au cinéma en 2016. Je vous conseille vraiment ce film avec l'unique Denis Podalydès dont la voix et la diction incarnent parfaitement l'ambiance créée par M. Aymé (je n'ai pas souvenir d'avoir vu la version avec Bourvil).
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La Jument verte

" O tempora, o mores ! " dégorgeront les pisse-froids et autres cagots. Il est vrai qu'à l'heure du #metoo, La Jument verte, avec ses incestes paisibles et ses viols agréés, peut encore choquer.



Dans cette fable rustique, qui fleure bon le fumier et la sueur, Aymé nous dépeint une ancestrale rivalité entre deux familles paysannes, les Haudouin et les Maloret. La gaillardise bon enfant de son récit, son humour vachard mais tendre et son art d'estamper de plaisants portraits à l'Opinel en rendent la lecture sacrément distractive.



Dans ce Clochemerle franc-comtois (Claquebue -tout un programme toponymique-), où Républicains et Calotins se tirent la bourre, chaque âme croisée se voit croquée avec malice. Moribond cupide, bigot tyrannique ou matrone débonnaire, tout le village écope des saillies subtiles du romancier. Avec Déodat, le facteur au cœur pur, Marcel Aymé pastellise un sublime jobard : qu'il pisse contre une haie ou qu'il écluse un canon de rouge, ce simplet nous offre un bouquet de poèmes.



Quant à notre jument smaragdine -miracle de la nature- c'est son effigie, immortalisée par le pinceau d'un barbouilleur (pionnier de la peinture foutrale), qui se fait l'échotier du village. Dans les "Propos de la Jument", monologues fripons, elle se transforme en Alfred Kinsey chevalin ou en Alain équin, c'est selon, et ausculte les mœurs sexuelles du tout Claquebue. Bien qu'un tantinet sentencieuse, la pouliche de sinople multiplie les formules frappantes et ses soliloques canailles épicent la poêlée comtoise du romancier.



Une lecture roborative (mais gare aux reflux acides !).
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Uranus

Uranus, « astre sombre roulant aux marches de l’infini », raconte, avec un humour aussi grinçant que désabusé, la pesanteur meurtrière de la Libération, entre règlements de comptes et arrangements douteux avec le passé des uns et des autres.

Conte édifiant sur la nature humaine qui s’accommodait de la Collaboration et ses exactions pour la condamner ensuite aujourd’hui…en s’accommodant d’autres exactions. On dirait la morale finale de Tintin et les Picaros, tandis qu’une dictature s’est substituée à une autre. Ce qui, à bien y réfléchir, semble s’être aussi produit dans la bonne ville de Blémont, croulant autant sous les ruines causées par un bombardement que les consciences plus ou moins limpides de ses habitants, dont nous accompagnons les pérégrinations à travers un échantillon choisi : Gaigneux, Jourdan, la famille Archambaud, Monglat père & fils, l’inénarrable Léopold – amateur de vin blanc et d’Andromaque, de Racine ; personnage magistralement interprété jadis par Gérard Depardieu dans l’adaptation de Claude Berri –, etc.

On est là dans entre le ridicule et le sordide des bas-fonds de l’espèce humaine où l’un pressent, par exemple, « l’agrément qu’il peut y avoir à disposer d’une armature et d’un venin efficace pour servir ses exécrations ». Surgit parfois la philosophie de la résignation enthousiaste, à travers le professeur Watrin qui, frappé du bon sens, semble parler pour tous : « Nous sommes des lâches et des hypocrites, je ne songe pas à nier l’évidence, mais c’est ce qu’il faut être en ce moment. »

Car les repères ont changé une seconde fois, après une première : la défaite de 1940. Il faut s’adapter à l’air du temps, fût-il aussi fétide que le précédent. Et le même Watrin de déplorer : « Il me semble toujours que les gens me soupçonnent de ne pas haïr ce qui doit être haï, de ne pas adorer ce qui doit être adoré. » Ici, il faut être binaire, sinon on devient suspect, première marche de la culpabilité.

Quant à l’adoration, elle doit être communiste à l’heure présente, Marcel Aymé profitant de son roman pour en dresser un tableau très éloigné de l’idéal romantique dont Mai 68 nous abreuvera jusqu’à l’écœurement.

Jourdan, le bourgeois repentant et rouge, en devient dès lors la caricature la plus criante, convaincu que « la délation, ignominieuse dans une société bourgeoise où elle fournit des victimes à l’oppression capitaliste, devient l’exercice de la plus élémentaire honnêteté lorsqu’elle est au service de la lutte prolétarienne. »

Inversement des valeurs et des méthodes, puisque l’on peut désormais crever les yeux d’un milicien en toute transparence, voire rosser un prisonnier de retour parce qu’il a trahi la cause. Mieux, « les cochons d’oiseaux qui gazouillent dans les branches du printemps sont les complices des bourgeois ». Jourdan encore d’affirmer : « Il nous faut un prolétariat en proie aux seuls sentiments de haine, de tristesse et d’ennui. »

Derrière ce théâtre tragi-comique, il y a pourtant une réalité : l’épuration fut, à bien des égards, la manifestation des pulsions les plus abjectes, dont la tonte des femmes ayant couché avec des Allemands ne fut pas la moindre des bassesses. Cela dit sans aucune nostalgie vichyste !

Un texte salutaire…



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La Vouivre

Mouais... je ne suis pas particulièrement convaincu par ce roman. Pour une part fantastique, puisque le personnage qui donne son titre à l'ouvrage est une femme sans âge, commandant aux serpents, gardiens d'un trésor très convoité... mais aussi plus "descriptif", dans le sens ou l'intrigue se déroule dans un Jura campagnard de l'entre-deux-guerres, rythmé par les travaux paysans, les mesquineries et grandeurs de l'être humain ainsi que la lutte contre la foi catholique.



Marcel Aymé croque avec simplicité les travers de l'humanité par le biais des émotions les plus simples. C'est là que réside la force de l'ouvrage, du moins pour moi. Malheureusement, je ne suis pas passé très loin de l'ennui et ce qui m'a fait y échapper est - je le crains - le fait que le roman soit assez court...



Pourtant, la galerie de personnages est admirablement travaillée, toute en finesse encore une fois. Malheureusement, c'est vraiment l'intrigue et la symbolique qui se dégage du texte que j'ai trouvé légèrement insipide. Dommage, donc. Néanmoins, cela reste un roman tout à fait correct, qui décevra peut-être celles et ceux qui en attendant un récit résolument tourné vers le fantastique.
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La Vouivre

Roman publié en 1943 par Marcel Aymé, "La vouivre" joue sur deux tableaux: le réalisme et le fantastique. Le réalisme, c’est la vie au village dans la campagne jurassienne (dont est originaire l’auteur). Le fantastique, c’est le personnage fabuleux de la vouivre, monstre féminin auquel sont attachées de vieilles légendes.

Dans l’histoire, le héros s’appelle Arsène Muselier. Il rencontre la vouivre et, au lieu d’être obnubilé par son diadème magique, il cherche à nouer une relation avec elle. Mais il devra aussi gérer ses relations avec des femmes de son entourage et avec d’autres villageois. Comme souvent chez Aymé, les portraits de personnages - bien replacés dans leur contexte social - sont hauts en couleurs et souvent caustiques. C’est un roman intéressant, quoique peu connu. Il se lit bien.

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Joyeux Noël !

Trois poèmes et huit histoires qui racontent la période de Noël. Si je ne m’attarde pas sur les poèmes, je tiens à vous parler de chaque nouvelle car elles sont toutes différentes… l’esprit, le style, l’époque, les lieux. Je les lis et je vous raconte en direct…



A la vue d’un arbre de Noël, Charles Dickens est fasciné par les décorations, des guirlandes d’objets scintillants, un vrai bric à broc. « Il y avait de tout, et même davantage. » Il sombre alors dans ses souvenirs et crée des délires fantastiques dignes des Contes des Mille et une nuits ou dignes d’une parade de cirque avec chanteurs, fanfare et acrobates. Les images s’enchaînent par association, toutes bizarres et hétéroclites. Nous sommes dans une réalité fantasmée, presque cauchemardesque. Il se rappelle les arbres de son enfance… et les redécore de tout ce passé qui s’y bouscule ; le culbuteur menaçant, la tabatière d’où jaillissait un diablotin, le pantin qui gesticulait quand on tirait la ficelle, tous des êtres inquiétants, effrayants…

Plus qu’une nouvelle sur Noël, c’est une sorte d’exorcisme !



Sylvain Tesson nous régale avec l’histoire d’un repas de Noël. Ils sont en Bretagne et ses mots sont beaux quand il la décrit tourmentée par le temps… « La Bretagne était un oursin mauve et blanc, hérissé de glace. La houle torturait l’océan. Le vent sifflait, coupé par les aiguilles des pins. Les rafales froissaient la lande, battaient au carreau. Le ciel ? En haillons. Des cavaleries de nuages chargeaient devant la lune… ». C’est un auteur que je lis et relis toujours avec beaucoup de bonheur, juste pour la musique de ses mots… « La ferme était bâtie au bord d’un talus surplombant la plage de Lostmac’h. Sur le côté du chemin, un menhir montait la garde depuis six mile ans. Le jour, la mer emplissait les fenêtres percées vers l’ouest. La nuit, il faisait bon écouter le ressac à l’abri des murs de granit. La satisfaction de contempler la tempête par la fenêtre, assis auprès d’un poêle, est le sentiment qui caractérise le mieux l’homme sédentaire, qui a renoncé à ses rêves. Au-dessus de la porte, l’aphorisme de Pétrarque gravé dans le linteau renseignait le visiteur sur notre idée du bonheur : Si quis tota die currens, pervenit ad vesperam, sais est. »

Autour de la table, ils sont dix, tous, sauf un, racontent des anecdotes sur le monde des fées. C’est un soir où la magie s’installe légitimement. Il y a l’histoire des ombres des fées, les histoires sur ces bateaux qui en pleine tempête sont guidés par des lumières qu’on appelle le « halo des fées », l’histoire de ce pauvre fou à Plouharnel qui le soir du réveillon va jouer du violon dans la lande pour elles, l’histoire du curé qui… une lampée d’armagnac, une deuxième… Et Pierre, l’ami, le voisin, qui crie pitié pour ne plus entendre ces idioties ! Le monde de Merlin c’est foutaises et contes pour enfants. Il n’y croit pas et ça l’énerve !…

La nouvelle de Sylvain Tesson continue sur le lendemain. Lorsqu’il se réveille chez lui, Pierre est très perturbé et téléphone à ses amis pour qu’ils viennent. Il sait maintenant qu’il y a des choses qu’on ne pourra jamais expliquer, il y a des choses qui remettent tout en question…

Une excellente nouvelle parfaite pour être lue le soir de Noël. J’ai beaucoup aimé.



Francis Scott Fitzgerald nous transporte à Hollywood, dans l’industrie cinématographique. Ce n’est pas vers le rêve qu’il nous mène, mais vers un océan peuplé de requins. Le soir de Noël, Pat Hobby reçoit l’ordre de réécrire un script. Il sait que ce travail est sa dernière chance pour être titularisé et que le siège sur lequel il est assis est du genre éjectable. Une secrétaire qu’il ne connait pas vient taper son texte… Bien qu’elle soit jeune, il apprend qu’elle travaille depuis dix-huit ans pour le studio. Et à bien la regarder, belle mais prématurément vieillie, il devine toute la rancœur qu’elle a accumulée. Ce soir là, les bureaux sont vides et leurs solitudes, leurs désillusions, se rencontrent. Sous le sceau de la confidence, elle lui raconte un secret terrible concernant un homme puissant, qui pourrait faire trembler les fondations du studio. Un secret qui pourrait aussi leur ouvrir les portes de leurs rêves.

Le rêve de Patt ? Devenir producteur. Alors, est-ce que le Père Noël, Harry Gooddorf en l’occurrence, va accomplir ce souhait ?

Monde cruel ! et quelle avarice ! cette nouvelle a une triste morale. Mr. Scrooge me semble plus sympathique que ces hommes…



Anton Tchekhov raconte l’histoire de Vassilissa, une petite mère qui n’a pas vu sa fille depuis des années. Les lettres se font rares. A Igor l’aubergiste qui rédige sa lettre sous sa dictée, elle raconte le pays, elle lui envoie sa bénédiction et ses prières au Seigneur roi des Cieux. Que devient Iéfimia ? Mariée, a-t-elle maintenant des enfants ? Est-elle toujours à la ville ?…

Malheureuse histoire ! Je me demande pourquoi Tchekhov l’a écrite pour un conte de Noël. Iéfimia n’a pas oublié ses parents, elle ne peut simplement pas les revoir. Mais en cachette de son mari, elle raconte à ses trois enfants, ses parents, sa terre, la neige… en priant la Reine des Cieux, Mère Protectrice, de les emmener un jour là-bas.



Marcel Aymé envoie l’ange de Noël dans une garnison d’infanterie pour qu’il laisse les bonnes pensées sur la couche des soldats. L’adjudant Constantin va l’aider le temps de sa ronde et lui confier un présent pour la douce amie d’un soldat qu’il a fait mettre en prison pour insubordination.

Une nouvelle teintée de mélancolie, de féérie et d’un peu de bonheur.

« L’enfant de Noël prit de la hauteur, mais avant de filer dans le grand huit, il plongea la main dans sa hotte et fit neiger des fleurs du paradis sur le képi de l’adjudant Constantin qui se mit à rire dans le mois de décembre. »



Guy de Maupassant fait parler le docteur Bonenfant pour un souvenir de Noël. Après réflexion, il a un souvenir à narrer, mais pas le genre de souvenir qu’on s’attendrait à écouter ! Médecin de campagne, il fuit tout ce qui est obscurantisme et superstition, pourtant, un jour, il a vu un miracle la nuit de Noël.

Sur la route enneigée, le père Vatinel découvre un œuf étrange. Il le ramène à sa femme qui décide de se le préparer pour le repas. A peine l’œuf englouti que la pauvre femme est prise de contractions et de vomissements. Et toute la nuit, elle se débat et hurle de douleur, sans que le médecin puisse la calmer. C’est alors que le curé du village fait son entrée avec ses prières d’exorcisme… Mais rien n’apaise ses souffrances.

Prêtre et médecin se posent la question… et si on amenait la mère Vatinel à la messe le soir de Noël ?

Une nouvelle qui se lirait bien le soir d’Halloween !



Truman Capote a écrit un joli conte pour ce souvenir de Noël. L’histoire d’un petit garçon de sept ans qui suit la fantaisie de son amie… Ils décident de faire une trentaine de cake aux raisins, imbibés au whisky, et de les offrir aux personnes qu’ils aiment. Même Mr Roosevelt aura son gâteau ! A travers le regard de ce petit garçon, les scènes les plus extravagantes paraissent normales.

C’est beau, c’est magique et heureux, lorsqu’on est ce petit garçon… Le bonheur et la beauté de notre monde, seulement pour les enfants et les faibles d’esprit ? J’espère que non !



Blaise Cendras fête Noël à Rio. C’est l’exotisme !

Je n’ai pas aimé cette nouvelle. Elle vient juste après celle de Truman Capote, et j’étais encore imprégnée de douceur et de tristesse. Rio, je me le destine pour une autre fois !



Je vous recommande ce petit livre pour décembre. Comme je vous le dis précédemment, j’ai beaucoup aimé l’écriture de Sylvain Tesson et celle de Truman Capote. Leurs histoires sont vraiment dans l’ambiance Noël !



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Le Minotaure

Un auteur que j’aime de plus en plus : tous les genres lui vont bien. Il passe de l’un à l’autre sans aucune difficulté, avec maestria. Il nous offre ici une comédie désopilante, farfelue, où se côtoient trois histoires en une et donc trois lectures différentes de cette pièce : d’un côté, la « réalité » : la dispute de Gérard avec sa femme, Irène, à propos du tracteur qu’elle refuse de voir dans son salon, dans un premier temps puis, lorsqu’il décide de l’enlever et après la visite de Rirette et Michou, ses amis, son combat pour qu’il garde sa place. Un couple mal assorti, qui n’ont pas grand-chose en commun : lui a renoncé à ses rêves par bienveillance et amour envers sa femme et souhaite aujourd’hui se retrouver. Elle est une citadine type, bourgeoise, aimant être à la pointe de la mode et des tendances du moment. Pour lui, le tracteur représente la campagne, le bon air et la simplicité. Pour elle, c’est un objet d’art, une nouvelle tendance qui fera le tour du tout Paris. A côté de ça, Gérard s’est inventé une comédie dans laquelle il est fermier, en compagnie de son ami Mourlon / Philibert et de Marguerite/ Léontine pendant que sa femme joue une tragédie, celle de Pasiphaé (Michou), du Minotaure (le tracteur) et de Minos (Rirette). C’est vraiment très drôle et cet enchevêtrement de pièces dans la pièce lui donne presque un petit côté absurde, qui accentue encore l’effet comique. Une parenthèse bien agréable dans ma lecture en cours, beaucoup moins réjouissante et passionnante ! Un moment de fraicheur et de légèreté bienvenu !
Lien : http://lecturesdalexielle.ov..
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Les jumeaux du diable

Le diable envoie sur la terre deux hommes "exactement pareils, corps, âme et les accessoires".

Et les jumeaux du diable vont chacun vers leur destin, le diable s'est effacé dès la page 3, mais une femme est mêlée à leur vie...

Ce roman, n'a jamais été réédité, sauf à la Pléiade, et ceci à la demande de Marcel Aymé qui l'estimait raté.

Ce roman, où il est question aussi de la ville de Cherbourg, n'est effectivement pas son meilleur mais il vaut d'être lu par tous les amateurs de l’œuvre de cet immense auteur.

Écrit, en pleine période de doutes sur sa carrière d'écrivain, cet ouvrage est intrigant et déroutant.
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Les Oiseaux de lune

Le jeune surveillant d'une boîte à bachot détient un étrange pouvoir, il peut transformer quiconque en oiseau à loisirs.

C'est ainsi que toute une petite partie de la population environnante perd son apparence humaine pour un tas de raisons toutes aussi valables les une que les autres.

Mais l'apprenti magicien verra peu à peu son pouvoir s'amenuiser...

Marcel Aymé introduit dans cette facétieuse pièce de théâtre un élément fantastique.

Avec "les oiseaux de lune" le dramaturge Aymé introduit, comme souvent le romancier du même nom, un élément fantastique dans son histoire, et si parfois le procédé tourne un peu à vide, la tendre ironie de Marcel Aymé fait de cette pièce un agréable moment de théâtre.
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Du côté de chez Marianne

Gaston et Raymond Gallimard, inquiets du succès grandissant des deux périodiques de droite Gringoire et de Candide, décident de créer en 1932 un journal de gauche et républicain. Le premier numéro, du 26 octobre, comportait déjà la signature de Marcel Aymé au bas d'une nouvelle "le mariage de César".

Au total ce dernier a publié cent huit chroniques dans Marianne qui parlent de la vie quotidienne des français de 1932 à 1937.

Les sujets abordés sont multiples et variés, graves ou ironiques, contemporains ou non. Ils sont tous traités avec l'immense talent de Marcel Aymé, avec son inégalable sens de la polémique et surtout avec humanité.

C'est un vrai plaisir que de lire ces chroniques d'un autre temps, pourtant restées très modernes.
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