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Critiques de Marcel Aymé (599)
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La Jument verte

Cela débute en force avec un premier chapitre énergique empreint d'une féroce ironie. Puis cette genèse inusitée de la seconde vie métaphysique de la jument verte sous forme de tableau, qui se lance dans une analyse exhaustive de la vie sexuelle des protagonistes. Il y a de quoi abasourdir le lecteur non-averti ! Il y a ensuite une baisse de régime alors que l'on poursuit la découverte de cette communauté et de ses rivalités dans une peinture réaliste (et j'espère très exagérée côté grivoiseries) de la vie rurale de cette deuxième moitié du XIXe siècle. J'ai suivi les trames de l'histoire avec intérêt, tout ce qui entoure cette fameuse lettre perdue par exemple, et j'ai apprécié la petite touche de réalisme magique. Ce roman ne m'a définitivement pas laissé indifférent.
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La Jument verte

Un livre drôle dans sa plus large partie. On a un aperçu de la France des années 1890 à partir des relations difficiles entre frères et familles rivales. Le goût du fric ou de la terre, l'influence de l'Eglise, les sordides traditions claniques d'un même bourg sont finement décrits. J'ai été un peu déçu de perdre le personnage de la jument verte au cours de l'intrigue. La fin, qui mêle merveilleux, drame familial et questions morales, est peut-être trop ambitieuse, en tout cas moins riante.
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La mouche bleue

Sur un paysage de gratte-ciel d'une ville américaine, le décor nous fait découvrir le bureau de la pensée où une sorte de bielle fonctionne d'un mouvement lent et continu, ponctué par des feux de couleur.

James Dee et sa secrétaire Barbara Hood travaillent ici, tandis que dans un autre bureau travaillent William Chishull et Josie Simons.

Marcel Aymé nous fait dans cette pièce surprenante le récit de la vie américaine telle que de France en 1957 on peut l'imaginer.

Il nous offre une fantaisie pleine d'ironie, d'un chassé croisé humain plein de "buziness", de tendresse, d'humour, de soucis et d'amour.

C'est un agréable moment de théâtre qu'il nous livre là.
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La Rue sans nom

"Il faut ouvrir. J'ai peur des portes quand elles ont quelqu'un derrière."



Que voici de la belle ouvrage ! Dans ce roman en noir et blanc, Marcel Aymé peaufine son écriture mêlant dialogues orduriers et fusées poétiques, voire surréalistes à la Prévert. Cette tragédie faubourienne, aussi triste qu'une goualante de Fréhel, relate les retrouvailles de deux anciens malfrats rangés des voitures et la déflagration causée par l'apparition, dans un quartier populaire, d'une fleur des îles, jeune femme que chaque mâle convoite. Entre Duvivier et Carné, on nage en plein réalisme poétique.



Les protagonistes travaillés au burin révèlent une matité, une opacité qui les rendent tout à la fois familiers et inaccessibles.



Peu magnanime, Aymé charge ses semblables : Minche, bistrotier bouffi de graisse et délateur patelin, Mânu, apprenti doulos et rejeton indigne, Johannieu, triste sinoque, obsédé jusqu'à la folie par sa voisine ou Méhoul, rongé par son passé de bagnard estampent intensément le récit.



Fatalistes, les matrones du roman acceptent les rossées de leurs légitimes aussi facilement que les pelotages de baratineurs d'occasion. La Méhoule, rombière décatie, regimbe par habitude mais finit toujours par endurer les injonctions de son homme quand La Jimbre, elle, écarte ses cuisses comme ses volets : dans l'espoir d'un jour meilleur. Au milieu du troupeau de ces femmes, bêtes de somme et de sommiers, la gracile Noa se détache comme une fleur sur du fumier : malgré six mois de boxon, elle resplendit d'une pureté quasi angélique, le vice ambiant glissant sur son plumage d'ange.



Et puis deux figures antagonistes dominent ce foyer d'infections : le terrible Finocle, reptile à sang froid, trempé dans l'acier dont la véritable identité résonne comme un sésame maudit (Ah, ce Serguemoine qui rejoint Moravagine ou Chéri-Bibi dans le panthéon des scélérats enténébrés) et le solaire Cruseo, rital inspiré, qui mord la vie et les femmes à belles dents.



Petit bijou pour happy few, La Rue sans nom est une pépite : elle brille d'un sombre éclat et son halo palpite durablement...
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La Rue sans nom

Dès cinq heures, la rue de ce quartier populaire résonne de l'écho des hommes qui partent au travail. Les portes des immeubles insalubres claquent, les semelles sont traînées dans la boue, des éclats de voix, de toux, et parfois des rires remontent le long des façades. Les premiers à partir sont les immigrés italiens. Ils sont maçons ou terrassiers et occupent les maisons les plus insalubres de la rue. Ils sont suivis par les ouvriers qui prennent le chemin de l'usine Té. Pour se réchauffer et vaincre le vague-à l'âme, ils s'arrêtent parfois au bistro de Minche boire un verre de liqueur et acheter un litre de rouge. Les journées de labeur se suivent et paraissent sans fin. le dimanche, les coeurs noyés dans le vin blanc se réchauffent au son des accordéons.



Méhoul partage la vie besogneuse du peuple de la « Rue sans nom » depuis plusieurs années quand son passé se rappelle brutalement à lui. Un soir d'hiver, il reçoit la visite d'un ancien complice, surnommé Finocle, qui lui demande de l'héberger. L'homme s'installe dans une des chambres du modeste appartement avec sa fille Noa dont il s'est très peu occupé jusqu'à présent. La beauté fatale de la jeune femme va déchainer les passions et bousculer la routine de la rue. Autre motif de trouble : les riverains apprennent que leurs immeubles vont être détruits pour permettre la construction de bureaux.



« La rue sans nom » est un roman populaire affranchi de toute idéologie ou mouvement littéraire. Marcel Aymé dépeint le prolétariat ouvrier qui trime durement et dont les conditions de vie sont miséreuses. Il décrit des hommes fatigués, résignés qui ne s'égaient que dans l'alcool ou dans la lubricité. Les femmes sont souvent battues et les enfants grandissent dans la rue où ils attrapent des typhoïdes qui leur sont fatales. L'auteur évoque la xénophobie latente contre les immigrés italiens accusés de faire baisser les salaires et de séduire le coeur des femmes. J'ai deviné quelques références à Germinal ; le patron du bistro, par exemple, m'a fait penser à l'épicier de la mine (Minche/Maigrat => Mince/Maigre, pour des hommes obèses). J'avais adoré la description burlesque du monde paysan dans la Vouivre. Ici le ton est plus grave pour parler du prolétariat mais c'est également l'apparition d'une femme enchanteresse qui va être à la source de nombreux événements. Ce n'est pas qu'un roman sur le monde ouvrier, il est question d'hommes qui fuient leur quotidien grâce à l'amour, la folie ou l'aventure. Un livre chaud d'humanité, moins connu dans la bibliographie de l'auteur, mais d'une très grande qualité.

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La Rue sans nom

Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Écrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Ce roman, La rue sans nom, date de 1930.

Comme son titre l’indique, le roman sa déroule dans une rue jamais nommée faite d’immeubles insalubres promis à la démolition pour y reconstruire du neuf, où vivent des ouvriers. A un bout de la rue des familles de maçons Italiens, à l’autre extrémité la maison de trois vieux libidineux, « un peu cochons de la fesse », sans oublier le café de Minche. La famille Méhoule - les parents et leur fils Mânu - vivait là tranquille, jusqu’à l’arrivée inopinée de Finocle, un vieil « ami » de Méhoule. Il demande/exige l’hospitalité pour lui et sa fille Noa. Pour les Méhoul comme pour toute la rue les ennuis vont débuter…

Je n’avais jamais entendu parler de ce roman avant de l’ouvrir mais je peux vous assurer que c’est un bon bouquin. Il est court mais il est plein de tout : mystère, passions, amour, émotions, social, drame…

Le mystère est immédiat car ce Finocle qui déboule sans crier gare, le lecteur comprend qu’il est lié à Méhoul par un lourd secret certainement répréhensible remontant à leur jeunesse mais ce n’est qu’à la fin qu’on le découvrira. Quant à sa fille Noa, elle électrise aussitôt l’ambiance, dix-huit ans, la chair ferme où il le faut, « une belle fille de soleil, un rêve de Sud », toute la population mâle en blêmit de désirs ; Manû, Cruseo l’Italien, tous tirent une langue d’envie. Les rivalités faites de fantasmes et de folie vont agiter le landernau masculin et les discussions passionnées et musclées vont égayer le café local, réveillant des pulsions plus nauséabondes comme le racisme ayant cours à cette époque envers les transalpins.

Un roman noir où tout s’écroule, au propre comme au figuré. Les immeubles vont être démolis et contre la grogne des habitants expulsés la police fera son œuvre ; les destins de Méhoul et Finocle liés par une amitié/haine seront dramatiquement scellés par des trahisons et des mouchardages auprès de la police lors d’un épilogue d’une grande beauté dramatique mais datée dans son expression.

Marcel Aymé livre un roman pessimiste et sombre dans le milieu des travailleurs manuels, partagés entre joies furtives le dimanche au café et la semaine de dur labeur, on s’engueule, on se bat mais on sait aussi se montrer solidaires. Avec aussi une très émouvante séquence quand une épidémie viendra frapper aux portes, emportant un gamin…

Une lecture chaudement recommandée.

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La table-aux-crevés

« La Table-aux-crevés » est le quatrième roman écrit par Marcel Aymé, mais il a déjà marqué de son style un genre qui, après lui, ne sera plus tout à fait le même. Le drame paysan, la tragédie rustique, le crime à la campagne, chez Marcel Aymé, c’est carrément une « comédie humaine », à la fois profondément véridique et pathétique, et en même temps d’une rare corrosivité, d’un esprit satirique implacable qui met à jour aussi bien les beautés que les noirceurs de l’âme humaine.

L’histoire se passe juste après la guerre de 14, à Cantagrel, petit village du Jura. Le personnage principal du roman s’appelle Urbain Coindet, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas de veine : il rentre du marché, qu’est-ce qu’il trouve ? Sa femme Aurélie pendue dans la cuisine. C’est déjà un choc. Choc doublé quand il se voit pointé du doigt comme assassin. Choc triplé quand son beau-frère, Frédéric Brégard, qui sort de prison pour contrebande, l’accuse de l’avoir dénoncé. Comme dans tous les villages, il y a de multiples dissensions entre les habitants : entre les cléricaux (les calotins) et les républicains (Urbain, élu au conseil municipal en fait partie), et surtout entre les gens de Cantagrel et ceux du village d’à-côté, Cessigney, entre ceux de la plaine, et ceux des bois (comme qui dirait les Longeverne et les Velrans, dans « La guerre des boutons »). Urbain doit ses débattre dans tout ça, d’autant plus qu’une fille de Cessigney, Jeanne Brégard, la sœur de Frédéric et d’Aurélie, s’est amourachée de lui, et le sachant veuf, veut profiter de l’occasion…

Depuis Balzac et Zola, jusqu’à Giono et Pagnol, on sait que la campagne n’a rien à envier à la ville en fait de mœurs inavouables, de crimes, de turpitudes et de situations plus ou moins sordides. Le Jura ne fait pas exception à la règle : la galerie de portraits que dresse Marcel Aymé est tout sauf monotone : vous y trouverez des villageois chafouins et rusés, un curé qui cherche à rameuter ses ouailles, un garde-champêtre ivrogne, un beau-père et un beau-frère à la gâchette facile, comme le soupirant éconduit de la Jeanne, des commères à chaque coin de rue… C’est avec une ironie mordante et une grande jubilation que Marcel Aymé met tous ces gens dans un chaudron et qu’il remue joyeusement avec une grande louche.

L’exercice n’est pas facile : à naviguer ainsi entre roman de mœurs et roman satirique, il est facile de tomber dans l’excès dans un sens ou dans l’autre. Tout l’art de Marcel Aymé consiste à maintenir un équilibre entre l’étude de mœurs sans complaisance, la description au scalpel des petites faiblesses humaines, et une verve à la bonne humeur communicative, même quand l’histoire n’est pas drôle.

Marcel Aymé n’a pas de mal à trouver cet équilibre, parce qu’il est un peintre de la vie : fin observateur de ses contemporains, il sait retenir les grandes lignes et aussi souligner les détails : les personnages qu’il décrit sont criants de vérité. Et comme ils nous sont montrés dans toute leur humanité, bonne ou mauvaise, ils nous touchent, nous émeuvent, deviennent à nos yeux aimables ou haïssables, parce que finalement, ils nous ressemblent.

« La Table-aux-crevés » a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1951 : le réalisateur Henri Verneuil et son co-scénariste André Tabet (qui signera les dialogues du « Corniaud » et de « La Grande vadrouille ») ont pris le parti de mettre ne place une distribution toute provençale (Fernandel, Andrex, Fernand Sardou, Henri Vilbert…) qui tire le film plutôt du côté de Pagnol, mais ça marche quand même.

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La table-aux-crevés

Je constate que, depuis un mois, trois des livres que j'ai lu portent sur la vie des gens simples, de ceux d'en bas, les silencieux, les modestes, qu'ils soient de la ville ou de la campagne.

Un hasard ? Dans un sens, oui, et dans l'autre, non. Comme on a subitement envie d'oranges parce que l'on a des carences en vitamine C, sans doute ai-je eu inconsciemment besoin de ces histoires-là pour combler mon désir de revenir à une réalité brute, sans fioritures ni délayages.

Parce qu'il fût un temps, pas si lointain, où les psychologues et autres sociologues, ne s'étaient pas encore abattus sur la vie des gens pour la décortiquer, l'analyser, et trouver des causes et des explications à tout et à rien. On retrouve, d'ailleurs, leur influence dans de nombreux romans actuels où, de mon point de vue, la pesante insistance sur la psychologie des personnages enlève à l'histoire, tout son charme, toute sa magie.



J'ai aimé ce roman et ses personnages - que d'aucuns, aujourd'hui, jugeraient "bruts de décoffrage" - parce qu'ils sonnent vrai. Même les plus vils d'entre eux ne trichent pas avec ce qu'ils sont. La vie était déjà assez compliquée pour ne pas y ajouter la culpabilité d'être ce que l'on était et de faire ce que l'on pouvait.

Marcel Aymé écrit, raconte, il "n'explique" pas. Il me laisse à lire, à voir, entendre, imaginer...
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La table-aux-crevés

Pour mieux faire une étude de comportements dans les campagne, voici un livre qui nous le sert aussi bien. Il a fallu que Coindet vienne trouver sa femme pendue dans la cuisine pour que des conflits fulminent de part et d'autre dans ce petit village. Déjà les avis se divisent sur la mort mystérieuse de la femme de Coindet, les uns croient à son suicide mais d'autres pensent que c'est un meurtre, que Coindet a assassiné sa femme surtout pour la belle famille, surtout quand Coindet voudra après épouser le jeune Jeanne dont le frère s'oppose farouchement à cette liaison...



Simplement une agréable lecture!



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La table-aux-crevés

Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Roman paru en 1929, La Tables-aux-Crevés a reçu le prix Renaudot.

Dans un petit village du Jura. A son retour du marché Urbain Coindet trouve sa femme Aurélie pendue. Très vite la belle famille laisse entendre que ce serait le mari qui l’aurait tuée. Le même jour, Frédéric Brégard, frère d’Aurélie, est libéré de prison où il purgeait une peine pour contrebande ; Frédéric qui est persuadé d’avoir été dénoncé par Urbain. Le conflit entre les deux familles ne peut que s’envenimer et la coupe est pleine lorsque Jeanne, sœur de la morte, décide de se mettre en ménage avec le veuf…

Un drame paysan comme on les aime chez Marcel Aymé. A partir d’un suicide, l’affaire va affecter tout le village avec des répercussions de multiples nature : religieuse, s’il y a suicide l’enterrement ne peut être que civil, d’où conflit entre les calotins et les Républicains du bled, tension générale exacerbée par les commérages et rumeurs non fondées mais qui agitent les langues du pays (« C’était un sujet de conversation assez délectable par l’importance de l’accusation, qu’on fût pour ou contre »). Et quand après quelques semaines à peine, Jeanne et Urbain se mettent en ménage, la fureur est à son comble, d’autant que la mignonne était pressentie par Rambarde. Frédéric et Rambarde s’allient fusil en main pour en finir avec Urbain, mais…

Une intrigue rondement menée, des personnages sympathiques ou non mais fort bien campés, outre ceux déjà cités, les commères et leur langue de vipère, le curé qui tente désespérément de rabibocher les clans tout en cherchant à augmenter sa clientèle à l’église, et ce malheureux Capucet, le garde-champêtre, naïf et porté sur la gnôle. La psychologie des acteurs est finement décrite, nous sommes à la campagne, la pendue est encore chaude mais on n’oublie pas qu’il faut s’occuper des animaux de la ferme, priorité aux vivants ; alliances et mésalliances se jouent aussi sur des intérêts financiers, des espoirs de rachats de terre etc.

Il va de soi que c’est très bien écrit avec ce qui fait, pour moi, le charme de ce type de romans de l’écrivain, les formules ou les expressions placées dans ses dialogues (« Coindet n’était pas habitué à une solitude désœuvrée et, comme il avait son complet des dimanches, sa pensée ne retrouvait pas ses plis familiers. »

Un très bon roman.

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La table-aux-crevés

Lire La Table-aux-Crevés ne m’a apporté que du bonheur. J’ai beaucoup aimé la plupart des œuvres de Marcel Aymé, mais j’ai une faiblesse particulière pour cet ouvrage. Même s’il a obtenu le prix Renaudot, j’imagine qu’il ne peut pas plaire à tout le monde. Pour l’apprécier, par-delà les considérations purement littéraires, il faut sans doute aimer les hommes qui sont de vrais hommes, avec leurs incertitudes, leurs sentiments non exprimés, leurs appréhensions, leur courage et leurs muscles, les femmes qui sont de vraies femmes avec leurs cas de conscience, leur détermination inébranlable, leur raison et leur irrésistible féminité. Et puis, pour goûter un livre comme celui-là, je pense qu’il faut connaître le monde rural, la solidarité, les haines de voisinage, les rivalités ancestrales, politiques, religieuses et les rapports de force, sans oublier le bistro et les campagnes qui changent perpétuellement selon l’heure et les saisons.

Quant à la qualité du français, elle est si parfaite qu’elle dépasse de très loin la force de l’image. Elle vous fait passer un moment riche dans le milieu rural et vous fait oublier que vous lisez. Chaque mot du récit de Marcel Aymé peut cacher un trait d’humour si lisse, si subtil qu’on l’effleure à peine. Mais cet humour apporte à l’ensemble du récit une saveur inimitable qui tourne si facilement le drame en comédie sans amoindrir le tragique de la situation et apporte détente et plaisir.
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La table-aux-crevés

J'ai trouvé ce roman de qualité inégale. Bonne peinture des mentalités ( les paysans et les villageois, leurs différences avec "ceux de la forêt"), les personnages secondaires sont bien réussis. Les personnages principaux sont assez peu crédibles et n'éveillent pas vraiment l'intérêt.
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La table-aux-crevés

A Cantagrel, un village de la campagne comtoise, on distingue les hommes des bois de ceux de la plaine. Les premiers vivent au hameau de Cessigney qui se situe au milieu de la forêt. Les hommes sont bucherons et se livrent au braconnage et à la contrebande. Les différends se règlent à la chevrotine. Les familles du hameau sont très croyantes. Leur foi mêle la doctrine catholique à des rites païens.

Quant au bourg, il s’étend au milieu des champs de blé. Les hommes de la plaine sont principalement des paysans cossus car la terre ici est riche. La politique a divisé le village deux groupes : les calotins attachés à l’Église et les Républicains, anticléricaux, qui gèrent la mairie.



Ces clivages vont être le moteur de deux intrigues qui tourneront autour d’un personnage : Urbain Coindet. C’est un paysan respecté pour sa vaillance, élu au conseil municipal sous l’étiquette républicaine. Un jour, en rentrant de la foire, il trouve son épouse Aurélie pendue à une corde. La défunte était très pieuse mais un suicide empêcherait une cérémonie religieuse. Sa famille cherche donc à convaincre les villageois qu’il s’agit plutôt d’un meurtre commis par son époux. Quelques semaines plus tard, le veuf envisage de se remarier avec Jeanne, une fille des bois. Mais son frère sorti depuis peu de prison le refuse. Il accuse Coindet de l’avoir dénoncé aux gendarmes et décide de se venger.



Le roman est remarquablement construit et écrit ; on ne peut que s’étonner de sa faible notoriété. La vie campagnarde est décrite avec une ironie mordante et un grand souci de réalisme. Il est question d’amour, d’amitié, de jalousie, de commérages et de vengeance. Tout débute avec une scène d’une grande force. L’histoire conserve ensuite une grande intensité et il faut attendre les dernières pages pour en connaitre le dénouement. « La Table-aux-crevés » est un véritable chef d’œuvre que je vous recommande vivement.

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La table-aux-crevés

Urbain Coindet, en rentrant de la foire de Dôle, trouve sa femme Aurélie, pendue dans la cuisine.

Le même jour, Frédéric Gari est arrêté pour contrebande de tabac et jure de se venger de son délateur.

Urbain, veuf, fait bientôt la cour à la belle Jeanne, qui se trouve être la soeur du contrebandier arrêté.

De son côté l'ex beau-père d'Urbain accuse son gendre d'avoir tué Aurélie et Capucet, le représentant de la loi du village, ouvre une enquête...

Marcel Aymé situe son intrigue dans un lieu qu'il connaît et qu'il aime, son pays, sa campagne. Il prend plaisir à imaginer ces rivalités de village sur fond de soupçon et d'affrontements entre républicains et cléricaux.

Ce roman est un de ceux qui ont fait de lui un écrivain qui compte dans la littérature, il lui a d'ailleurs valu le prix Renaudot en 1929.

Une adaptation cinématographique formidable a été tiré de cette superbe histoire avec un Fernandel réellement inspiré dans le rôle d'Urbain Coindet.
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La table-aux-crevés

"La cuisine était propre. Au milieu, l'Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou." Ainsi donc cette tragi-comédie agreste s'ouvre-t-elle sur un cadavre toupinant légèrement comme une dinde à son croc de boucher (quel incipit !). La femme à l'Urbain Coindet, bête de somme stérile, débarrasse le plancher des vaches et permet ainsi à son veuf de guigner la Jeanne Brégard, jouvencelle mamelue et peu farouche. Accusé d'uxoricide par sa belle-famille envieuse, Coindet se voit également menacé de mort par le frère de sa dulcinée. Brégard lui reproche non seulement d'être un vulgaire trousseur de jupons mais aussi d'avoir moucharder ses activités de contrebandier à la maréchaussée locale.



Pour ce Roméo et Juliette chez les culs-terreux, ce "Gunfight at the Table-aux-Crevés" (riant toponyme d'une des terres de Coindet), Marcel Aymé a trempé sa plume dans le fiel et, entre deux épisodes bucoliques, polit et blaireaute quelques portraits vachards. Ses dialogues dans leur jus sonnent plus vrais que nature ; ils permettent à l'écrivain de ne pas s'encombrer d'analyses psychologiques et trahissent égoïsmes minables, lâchetés ordinaires et rancœurs inavouables (Humain, trop humain!).



Une séduisante et drôlatique vadrouille dans la campagne franc-comtoise. Aymé et être aimé...



"Sa Table-aux-Crevés il en parlait avec une vénération qui l'agaçait. "De la terre, disait-il. C'est léger, ça te fond dans les mains, c'est pas de ces grosses terres rouges comme j'en connais, qui sont bonnes juste pour faire de la brique.""
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La table-aux-crevés

"La cuisine était propre. Au milieu, l'Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou." En ces quelques mots, Marcel Aymé pose l'intrigue de son récit et fait revivre pour nous Cantagrel, petite bourgade franc-comtoise dans les années 20. Autour de cette mort et de Coindet, époux de l'Aurélie, c'est tout le village qui va s'agiter, intriguer et s'affronter.



Paru en 1929, ce livre de Marcel Aymé est particulièrement savoureux et le style très oral de l'auteur y est pour beaucoup. Il nous offre une galerie de personnages simples mais attachants. Comme à son habitude, l'écrivain n'épargne personne et se fait souvent féroce face à la bêtise, les mesquineries et les querelles de clocher des habitants, néanmoins on sent en parallèle une grande tendresse à leur égard.



À défaut de l'intrigue ou de la psychologie des personnages, c'est l'ambiance qui fait le principal atout et le charme un brin vieillot du livre. Avec brio, Marcel Aymé nous fait entrer dans le Cantagrel pittoresque des années 1920 de la même manière que les films sur Don Camillo nous immergent dans le Brescello de l'après guerre.



C'est un roman plaisant mais sans doute pas le meilleur de Marcel Aymé. Concernant cet auteur, je vous conseille davantage Uranus (qui possède des personnages bien plus travaillés et intéressants) ou pour les amateurs de nouvelles le recueil Le vin de Paris (qui contient entre autres la célèbre Traversée de Paris).
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La table-aux-crevés

L'histoire commence par le suicide de "l'Aurélie" dans un petit village reculé du Jura au cours des années 20. Le reste du récit portera sur les fâcheuses conséquences de cet acte dramatique.

Avec "La table aux crevés", j'ai découvert un drame d'autant plus crédible qu'il est décrit dans un style rural. On sent une plume d'une autre époque car elle décrit des vies d'un autre temps.

J'ai été un peu déçu car je ne m'attendais pas à ce type d'histoire. Je pensais en effet que l'on apprendrait pourquoi cette pauvre Aurélie s'est suicidée. Mais non. Elle était fatiguée de sa vie, c'est tout et c'est juste le point de départ de l'histoire.

Le moins que l'on puisse dire c'est que cette femme que l'on devine bonne, attentive et besogneuse à la tache n'a pas été gâtée par la vie, ni en amour...et Marcel Aymé insiste bien sur ce point car il fait dire et agir son veuf d'une façon...comment dire ? ...pas très délicate!

Un roman régional assez dure qui -à mes yeux- a le seul mérite de nous rendre concrète la vie des petites gens de la campagne jurassienne de l'entre deux guerre.

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La Tête des autres

souvenir de lecture... suivant l'éphéméride...

29 mars 1902 naissance de Marcel Aymé, écrivain français de nouvelles, de contes, de pièces de théâtre et de romans



*



La Tête des autres est une pièce de théâtre de Marcel Aymé, créée à Paris au théâtre de l'Atelier le 15 février 1952, dans une mise en scène d' André Barsacq.



Elle déclencha un véritable scandale mais eut un succès immédiat dès les premières représentations.



Il s'agit d'un manifeste contre la peine de mort que Marcel Aymé traite avec son humour et son cynisme aérien. La justice et les magistrats sont particulièrement malmenés par un auteur qui n'a jamais accepté cette pratique barbare : la peine de mort.



Mais le public fut à la fois choqué et ravi par son audace.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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La Tête des autres

Une critique de la justice et de ceux supposés la rendre. Des imbroglios à n'en plus finir, quelques répliques savoureuses. Bon, je ne suis pas "fan" de ces pièces où de nombreux personnages se croisent et se retrouvent dans des situations peu probables ( ce qui revient à dire que je ne suis pas "fan" de comédies théâtrales).
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La Tête des autres

Oui, c'est intéressant, mais je n'ai pas été enthousiaste, j'ai lu, c'est tout parce que je ne connaissais ps, mais c'est un peu démodé maintenant.
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